N°54 | Le temps

Jean-Luc Cotard

Opération extérieure : le temps des transitions

Les petits yeux bleus derrière de petites lunettes rondes, le visage tout tendre et gentiment joufflu entouré de cheveux coupés au carré qui vient s’écraser sur la vitre latérale arrière embuée de la voiture blanche, les larmes et les lèvres qui hurlent le désespoir de voir son père s’éloigner font exploser le cœur de C. Il vient de dire au revoir à sa femme et à ses deux petites filles. Une minute auparavant, l’aînée refusait de l’embrasser. La barrière du poste de police se lève à l’approche du véhicule qui s’éloigne. Il esquisse un geste de la main alors que deux larmes perlent dans ses yeux. « Mon capitaine », interpelle le sergent-chef A dans son dos. Le jeune officier se retourne lentement, essayant de reprendre contenance. Le sergent-chef qui le salue réglementairement fait une petite moue de compassion mais utilise son ton cérémoniel : « Mon capitaine, le détachement est prêt à être rassemblé. Nous avons une demi-heure d’avance. Je vous propose de dire aux gars un mot sur le retour. Je donnerai les consignes pratiques, avant de les laisser aller attendre au foyer où la collation prévue est prête. » Le temps de se retourner, le père est redevenu l’officier qui donne des ordres, son sac toujours à ses pieds. « Bonjour A. Oui, présentez-moi le détachement après avoir fait l’appel. » Les voilà bientôt prêts à repartir pour Kakanj, une petite ville de Bosnie située à trente kilomètres au nord-ouest de Sarajevo, après une semaine de permission au milieu d’un mandat de sept mois. Émotion, tension, organisation, attente, adaptation, action : voilà le rythme du soldat.

Tout militaire français contemporain, quel que soit son grade, a vécu un moment comparable, parfois même, pour quelques-uns, plusieurs fois dans une seule année. L’opération extérieure (opex) est un temps particulier, un temps de danger potentiel, un temps de révélation individuelle ou collective, en positif ou en négatif, un temps où paradoxalement les contraintes s’accumulent. D’une durée de quatre à six mois en moyenne aujourd’hui, elle se distingue des séjours lointains dans lesquels les unités ou les « personnels isolés » sont ou étaient engagés pour de longues périodes – les délais pour se rendre sur place ou pour en revenir justifiaient une durée de deux à trois ans. Durant ces périodes longues, les unités partaient en campagne, en opérations, à des intervalles plus ou moins rapprochés. Sans chercher à être ni exhaustif ni définitif, cet article s’appuie sur une expérience et sur le partage d’autres sans approche méthodologique ou sociologique aucune, avec des exemples délibérément datés. Il s’agit d’une simple réflexion qui aimerait combattre l’idée que lorsque l’on part en opération, tout est plus simple, parce que « tout d’exécution »1, simple parce que dans un temps à part.

  • Un temps de rupture

L’anecdote en accroche introductive de cet article montre que l’opex est d’abord une rupture. Il existe un moment de bascule, qu’il s’agisse de la fermeture de la porte derrière soi, au petit matin alors que la famille dort encore paisiblement, ou de l’« au revoir » que l’on n’espère pas se transformer en « à Dieu » sur le quai de la gare ou du port, au cours duquel le soldat ou le marin, quel que soit son grade, entre dans un autre monde.

  • L’éloignement de la famille

La rupture est identifiable dans cette séparation d’avec la famille, mais aussi dans l’abandon des habitudes de la vie de garnison rythmée par un emploi du temps régulier. Trop régulier estiment certains anciens se remémorant les années 1970 ou 1980. Il est intéressant de remarquer que pour l’armée de terre de non-emploi, qui a existé jusqu’au début des années 2000 en complément de la dissuasion nucléaire, avec des unités qui étaient absentes du quartier par séquences plus ou moins longues, parfois deux cents jours par an, la rupture du départ était presque plus normale que dans l’armée d’aujourd’hui qui bénéficie d’une longue préparation opérationnelle avant le déploiement lui-même. La différence entre ces deux armées ne porte pas sur la longueur du temps d’absence, mais bien sur le danger mortel qui plane plus fréquemment sur ceux qui partent aujourd’hui.

  • Le changement d’équilibre social

Avant la séparation, il existe plus ou moins un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ; après, cette dernière prime totalement. Avant la séparation, la promiscuité entre soldats existe par périodes ; après, elle est permanente. Avant, l’individu peut s’évader au sein de sa famille ou de la société en général ; après, il est confiné avec son groupe, dans son unité, avec de rares échappées possibles. Parmi celles-ci, en première place, la conversation avec ses proches, régulière, mais encadrée par des canaux type Internet. Hier, c’était les lettres reçues à intervalles irréguliers et conservées précieusement dans la poche du treillis pour être lues et relues lors de moments d’isolement, parfois partagées partiellement avec un camarade pour telle ou telle anecdote. Leur importance était si grande que les chefs de groupe et de section surveillaient la fréquence du courrier ainsi que ses conséquences sur le moral de leurs subordonnés. Quoi de plus agréable que d’ouvrir la lettre de sa bien-aimée pour laisser surgir les effluves de son parfum ? Quoi de plus triste que d’attendre des nouvelles et de voir ses camarades se mettre à l’écart et se réjouir de leur lecture ? Plus l’unité est petite et isolée, plus la dépendance mutuelle et la promiscuité fait croître la différence avec la vie de garnison. Une autre vie sociale se met en place dont le ressenti peut varier en fonction des formations, des chefs, des missions et des milieux d’évolution2.

  • Le changement d’environnement culturel et politique

Avant le départ, c’est un truisme de dire que chacun connaît la société dans laquelle il vit. Après, en revanche, ce sont des mondes nouveaux avec des cultures différentes que le soldat va rencontrer. Avant il connaît les codes ; après, il doit être vigilant, en dehors de son unité, de son campement, à ne pas susciter de réaction de rejet, surtout s’il agit dans le cadre d’un premier mandat3. En 1993, par exemple, un impair a été commis par le bataillon français du génie en Bosnie-Herzégovine. Les Occidentaux, donc les Français qui y arrivaient dans le cadre de la forpronu4, étaient considérés comme des impies par les populations locales. Pour essayer de créer un contact informel en dehors de ceux liés à la mission, le chef de bataillon commandant le bataillon a décidé de montrer que lui-même et certains de ses sapeurs étaient non seulement croyants mais aussi pratiquants. Pour éviter d’être accusé de partialité, il a demandé s’il se trouvait des musulmans parmi ses hommes. Il a donc décidé d’autoriser le seul sapeur ouvertement de cette confession à aller assister à la prière du vendredi. Mais visiblement, les musulmans locaux n’ont pas beaucoup apprécié voir venir prier avec eux un soldat d’origine sénégalaise !

À compter du départ, il faut être prêt à réaliser ce pour quoi on a été formé, à assumer et à organiser l’action ou la réaction, quel que soit le niveau hiérarchique détenu. Il faut aiguiser sa vigilance dans la durée, se concentrer sur l’environnement, sur les ordres, et paradoxalement laisser remonter à la surface, en fonction des besoins de l’instant, tous les actes acquis par de longues répétitions jusqu’à devenir réflexes, qu’il s’agisse du combat classique ou de l’action très technique de l’analyste « image » face à une ombre sur une photographie.

Il est ainsi possible de bien comprendre l’état d’esprit de celui qui tourne sa clé dans la serrure au petit matin d’un départ. On apprécie mieux le paradoxe mis en exergue par le général Renard, commandant les écoles de Coëtquidan, devant ses cadres réunis dans l’amphithéâtre Guibert au moment du déclenchement de la guerre du Golfe en 1991 : « Le soldat est partagé entre la joie de pouvoir mettre en pratique ce pourquoi il s’est formé longuement, et la crainte de ne pas réussir la mission qui lui est confiée. » Une opex, c’est le temps du doute avant l’action.

  • Un temps de révélation

Capable ou pas ? Opérationnel ? Efficace ? L’opex est aussi une forme de révélation individuelle et collective, un saut dans l’inconnu, un inconnu que le commandement essaye de diminuer au maximum. C’est un temps de vérité.

En 1992, le premier mandat du bataillon du génie en Bosnie-
Herzégovine (bgbh), composé d’environ trois cent vingt militaires, dont la majorité était des appelés volontaires service long et quelques engagés provenant de vingt-sept régiments, a été mis sur pied en un mois et demi en percevant du matériel des quatre coins de la France. Aujourd’hui, les unités se préparent pendant six mois. Cette longue préparation, qui se veut une assurance, devient progressivement un poids. Se préparer aussi longtemps pour échouer devient impossible, militairement et politiquement.

Sans aller aussi loin que l’échec, qu’il convient toujours cependant d’envisager, l’opex est un temps de révélation de la solidité de l’individu face à lui-même d’abord, face au collectif au sein duquel il évolue ensuite, face à l’adversité et face à l’adversaire voire l’ennemi enfin. Tout le monde ne peut avoir, à chaque opération, l’occasion de se révéler autant qu’a pu le faire le sergent Blasco5, commando du 7e bca ; rares sont ceux qui, comme lui, se font remarquer au point d’être cités en exemple six fois en neuf ans. Il faut remonter à des périodes de guerre pour rencontrer de tels personnages. Le commandant de Monsabert l’était lui aussi à sa manière lorsqu’il est rentré à Alger à la tête de son bataillon de zouaves en 1919 : lieutenant en 1914, il avait passé toute la guerre au front et avait mérité sept citations sans aucune blessure.

Se révéler ne demande pas de sauver un équipage d’hélicoptère malgré ses blessures, n’exige pas de jouer au matamore en montant à l’assaut de la Malmaison en 1917 en tête de son bataillon, képi sur la tête, avec derrière lui un violon pour entraîner les cœurs. Non, se révéler peut être plus prosaïque que maîtriser sa peur, comme, par exemple, trouver des astuces permettant au groupe de mieux vivre dans le désert. Se révéler, c’est devenir quelqu’un d’autre aux yeux du collectif, peut-être à ses propres yeux. Même si la démarche était inutile, voire malvenue, ayons en tête ce sapeur qui signe un contrat de service long pour venir aider les populations en Bosnie, qui refuse de rester dans sa fonction de cuisinier et réussit à aller distribuer des composants de rations non consommées sur le marché local sur lequel ne pesait aucune pénurie.

Se révéler peut autant provenir d’un besoin personnel6, qu’il convient de canaliser, parfois d’empêcher, qu’être le résultat d’un concours de circonstances. Dans le premier cas, l’auteur se souvient d’un militaire qui, voulant absolument intégrer le service qui est devenu aujourd’hui la Direction de la sécurité de défense (drsd), a organisé de toutes pièces des événements, au risque de compromission, afin de montrer qu’il était capable d’enquêter et de créer rapidement un réseau local de relations. Ici, il y a bien eu révélation, voire confirmation malheureusement, que l’intéressé ne devait pas intégrer le service qu’il convoitait. Chaque militaire pourrait décrire des expériences comparables dans de nombreux domaines. Leur gestion devient facilement chronophage par le commandement.

Pour le second cas, il serait possible de citer ce colonel, fraîchement promu et inséré dans un état-major de l’onu, qui, une nuit entière, avec ses officiers, s’est démené à coups de pelles, de pioches, de sacs de terre et de lances à incendie pour que l’enceinte qui protégeait l’état-major ne cède pas sous les coups d’émeutiers bien organisés. Si l’enceinte avait cédé, il aurait vraisemblablement fallu faire usage des armes, ce qui aurait compliqué la situation militaire, sécuritaire, politique et diplomatique. On savait ce colonel très bon, il venait de faire la démonstration de son sang-froid, de sa solidité et de sa fiabilité. On pourrait également se souvenir de ce lieutenant de cavalerie, aujourd’hui général, qui, en mai 1995, a dit non aux miliciens serbes qui voulaient obtenir la reddition de son poste. « Il m’était tout bonnement impossible d’envisager d’accepter d’emblée de céder. Je me suis senti redevable de la confiance que l’institution avait placée en moi »7, dira-t-il. Cet état d’esprit est valable pour le soldat comme pour le chef, le petit comme le grand.

L’opex est par excellence le temps de l’incertitude, de la réaction, de l’adaptation de chacun face aux événements, de l’échec ou de la réussite. Ce qui est valable pour les individus l’est aussi pour le collectif, pour le groupe humain. C’est la raison pour laquelle la fourragère a été créée durant la Première Guerre mondiale, afin de rendre visible l’exemplarité d’un régiment combattant au complet, comme le 9e zouaves, le régiment de marche de la Légion étrangère ou le régiment d’infanterie coloniale du Maroc8 ; sa couleur dépend du nombre de citations9.

Aujourd’hui, les circonstances révèlent toujours des unités qui réussissent leur mission au-delà de ce qui était attendu. On peut penser à ce groupe qui tient un carrefour face à une foule déchaînée en Côte d’Ivoire, à cette compagnie du 35e régiment d’infanterie qui, venue pour contrôler une foule prévue agressive mais sans plus lors de la reprise de contrôle du tribunal au nord de Mitrovica en mars 2008, fait très rapidement face à une guérilla armée et qui, malgré les blessés, les mollets sectionnés par les éclats des grenades tombées derrière leur rempart humain, tient la position et repousse les agresseurs – parmi ces « gaillards »10 se trouvaient des engagés qui avaient moins d’un an de contrat11.

Il est intéressant que le président Chirac ait accepté de créer une fourragère aux couleurs de l’ordre de la Libération afin de faire perdurer la vitalité de l’ordre malgré la disparition prévisible des compagnons. Dans un mouvement identique, les régiments cités plusieurs fois en opex se sont vu conférer une fourragère, alors qu’ils sont aujourd’hui rarement engagés au complet. Le temps fuit, les réussites ont besoin de symboles tangibles pour rester dans la mémoire.

Ce n’est pas parce que l’on n’est pas décoré, individuellement ou collectivement, que l’on ne s’est pas révélé, mais il est intéressant de souligner que l’institution, dans un renouveau instructif, insiste pour mettre en valeur à la fois les individus et les groupes. Un individu qui a participé à toutes les actions qui ont donné lieu à la récompense peut en garder les attributs à vie. Aujourd’hui, il existe peu d’exemples de ce type, contrairement à la période de l’entre-deux-guerres, à l’exemple du général de Monsabert qui à la tête de son régiment ou sa division de tirailleurs portait la fourragère rouge méritée par les anciens du 9e zouaves.

  • Un temps de cumul

L’opex, « c’est découvrir quelque chose [sans ses proches], c’est prendre des risques réels, parfois mortels, parfois psychiques. Partir, c’est rêver, risquer, s’arracher à son confort et aux siens, c’est créer, s’accomplir, c’est refuser la routine et accepter l’inconnu, c’est souffrir, c’est fuir et espérer, c’est mourir et vivre »12, c’est faire face à l’imprévu. Mais, qu’on le veuille ou non, le militaire ne peut se contenter de « vivre » son opération, c’est-à-dire de se laisser guider par la mission, voire par les événements. Il serait même possible d’affirmer que le temps de l’opex est celui des contraintes cumulées, et ce dans différentes temporalités.

  • Dans l’immédiateté

Aujourd’hui, en opération extérieure, le militaire reste relié à sa famille et vice versa. Ainsi, un jour de janvier 2005, les familles des soldats d’une unité en mission ont appris via rfi et Internet qu’il y avait des échauffourées dans une caserne au nord d’Abidjan à peu près en même temps que le commandement de la force Licorne. Très rapidement, certaines se sont inquiétées et ont demandé des explications. À l’inverse, le soldat partage en temps réel les joies et les peines de ses proches, les difficultés rencontrées alors qu’il est au loin (soucis financiers, gestion d’un déménagement, inscription des enfants dans de nouvelles écoles…). Impossible donc désormais pour le commandement comme pour chaque militaire de faire comme si les unités vivaient dans une bulle.

En opex, il faut coûte que coûte accomplir la mission confiée, parfois de la façon la plus étrange qui soit13, en tenant compte de l’évolution de la situation tant localement qu’internationalement. C’est être prêt, après un long apprentissage, à user de la force au nom de la nation, c’est-à-dire de tuer ou de donner l’ordre de tuer au nom des concitoyens. Cela ne va pas sans certaines tensions, en particulier en matière d’ouverture du feu alors que la vie des soldats est en jeu. Un chef militaire en opération, à plus forte raison au combat, à toujours en tête, sans que cela l’empêche d’agir, les cercueils qui, « à l’arrière », attendent ses hommes ou peut-être lui-même. L’intrusion des échelons supérieurs du commandement voire du politique peut être mal vécue par les acteurs sur le terrain.

  • Dans le temps long

L’application des seules règles tactiques ne suffit pas à accomplir la mission. Partir en opération extérieure, c’est s’inscrire dans un temps plus long que celui de son propre mandat, c’est accepter les erreurs voire les fautes des prédécesseurs autant que leurs réussites, et ce dans tous les domaines, tactiques, logistiques ou autres. C’est aussi travailler pour ses successeurs, afin de faciliter leur adaptation ne serait-ce que pour des raisons opérationnelles. C’est comme le disent si bien les marins « prendre la suite », prendre les responsabilités dans leur entièreté.

Si le chef doit s’assurer que sa troupe est apte à remplir sa mission, en particulier s’assurer de son repos, c’est-à-dire de sa fraîcheur opérationnelle, gage de son efficacité et de sa réactivité, il doit aussi poursuivre la gestion des carrières de ses subordonnés, avec l’inscription aux stages de formation technique qui auront lieu au retour, l’évaluation écrite particulièrement chronophage de chacun d’entre eux, la réalisation du plan annuel de mutation, sans oublier la rédaction des textes des récompenses méritées. La vie administrative quotidienne poursuit inexorablement son cours en métropole. De façon symétrique, d’aucuns se souviennent avec un sourire amer de leur accueil dans une nouvelle affectation par un chef qui ne savait pas, ou ne voulait pas savoir, qu’ils venaient de vivre quelques longs mois difficiles en opération.

En opex, le chef militaire retrouve l’ensemble des responsabilités opérationnelles, administratives et financières relatives à son commandement, ce qui n’est pas le cas quand il est en régiment ou en état-major central. Cela veut dire qu’il ne travaille pas de la même façon. L’augmentation du stress est compréhensible.

Comment conclure ? En soulignant que l’opex correspond à une accélération du temps, parce que les plages horaires son comblées et qu’il n’est pas question de ne pas réagir quand un problème survient, parce que le repos est compté, qu’il s’agisse du soldat qui monte la garde ou de l’officier de veille. Certains diront une accélération du temps comme pour l’ensemble de la société. Et pourtant non. Ici, il s’agit d’une accélération de la succession des événements, mais aussi d’un accroissement des responsabilités qui, qui plus est, s’inscrivent dans la nécessité d’agir dans l’immédiateté. Un condensé étrange, donnant l’impression d’être hors du temps, alors que l’instant est intense, l’expérience vécue génère une autre perception du temps.


1« L’art militaire est tout d’exécution », aurait dit Napoléon.

2Voir J. Michelin, Jonquille, Paris, Gallimard, 2017.

3Il y a ici une différence fondamentale entre le terrien et le marin pour lequel, si l’on excepte les recomplètements dans un port, le lieu de combat est strictement le même que celui de l’entraînement.

4Force de protection des Nations unies, mise en place dans le cadre des résolutions 770 et 776 pour aider à acheminer l’aide humanitaire.

5Le sergent Blasco s’est fait connaître en juin 2019 après avoir sauvé, au Mali, alors qu’il était lui-même blessé, l’équipage de l’hélicoptère à bord duquel il était. Cet appareil avait été touché par un tir ennemi. Il a attaché à l’extérieur d’un hélicoptère de secours le pilote et son co-pilote. Le sergent Blasco est mort au combat au Mali le 24 septembre 2021.

6Voir l’article « Ton père est toujours à côté de toi » publié dans le n° 37 d’Inflexions, où le lieutenant Pousset, alors en Indochine, pense pouvoir annoncer une bonne nouvelle à sa femme dans une lettre : prendre le commandement d’un poste pour y « être le patron ».

7Voir X. Pineau, « Sarajevo 1995. De l’importance des forces morales dans l’action militaire », Inflexions n° 6, 2007, p. 91.

8Certaines compagnies, qui travaillent de façon isolée, à l’exemple de celles du génie, peuvent elles aussi recevoir le droit au port de la fourragère.

9Deux ou trois citations donnent droit à la fourragère couleur de la croix de guerre du conflit ; quatre ou cinq à celle aux couleurs de la Médaille militaire (jaune et vert) avec si besoin une olive au-dessus du ferret indiquant la couleur de la croix de guerre initiale ; six à huit les couleurs de la Légion d’honneur. Au-delà de ce nombre, la fourragère rouge se double d’une autre plus petite aux couleurs de celle correspondant au nombre de citations complémentaires obtenues.

10Surnom donné aux fantassins du 35e régiment d’infanterie stationné à Belfort.

11https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2018/03/16/pris-au-piege-au-kosovo-il-y-a-10-ans

12Voir l’éditorial du n° 18 d'Inflexions, « Partir ».

13En 1992, un général du 1er ca venait expliquer au petit état-major du bgbh, après la présentation de la mission « appui à l’ouverture d’itinéraires au profit des convois humanitaires » qui venait de lui être faite, que sa mission réelle était de revenir sans aucun mort.

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