N° 57

La norme

Éditorial

Joséphine Staron

Dossier

Jacques Tournier

Glissements progressifs de la norme

Pour l’animal humain, la norme est inhérente à la perspective d’accéder à son humanité et de s’y déployer. Longtemps imputée à un ordre d’origine surnaturelle qui en sacralisait les préceptes, elle a connu maintes évolutions au cours de l’Histoire.
Romain Leroy-Castillo

L’acceptabilité des normes, un défi de notre temps

Les normes n’ont pas bonne presse aujourd’hui. L’image qu’en retient le public est celle d’une accumulation toujours plus complexe et distante, dont résulte une autorité décroissante auprès des citoyens. Alors, sur quoi adosser leur acceptabilité après l’effondrement des autorités traditionnelles qui ont fondé leur légitimité pendant plusieurs siècles ?
Jean-Michel Meunier

Lois, règles, codes, normes, standards…

La codification des conflits est ancienne. Mais ce mouvement vertueux a connu ces trente dernières années un dérèglement lié à une inflation normative dans les sociétés occidentales. À l’heure où le monde bascule dans une ère stratégique nouvelle dont les contours sont loin d’être stabilisés, il est urgent d’ajuster les référentiels qui encadrent le fait guerrier.
Béatrice Heuser

Culture et normes dans la guerre

Quelle est l’influence de notre culture sur les normes que nous avons élaborées dans la manière de faire la guerre ? Des normes, au sens de règles de conduite, qui sont le résultat d’un long processus, loin d’être linéaire, tiraillé sans cesse entre une tradition de brutalité et de cruauté, et une tradition prônant la retenue humanitaire.
Christophe Gué

Normes et armements d’une guerre mondiale à l’autre

Les normes jouent un rôle majeur en matière de choix et de production d’armements, et leur définition, qui doit tenir compte d’exigences souvent contradictoires, est d’une importance décisive. Elle conditionne en grande partie le déroulement des opérations et l’issue des guerres, comme en témoignent notamment les deux derniers conflits mondiaux.
Didier Sapaut

1944. Quand 100 000 FFI intégraient l’armée de libération

À l’été 1944, la décision est prise d’intégrer à l’armée de Libération les quelque cent mille combattants des Forces françaises de l’intérieur. Mais comment faire ? Nombre de ces hommes n’ont en effet aucune formation militaire et ignorent tout du fonctionnement d’une armée régulière.
Jean-Luc Cotard

La libération de marseille, une « folie » ?

La libération de Marseille, en août 1944, possède toutes les caractéristiques d’une anomalie militaire, d’une « folie » du général de Monsabert, son acteur principal. Pourtant, au-delà de ses péripéties, cette bataille souligne l’existence de normes fondamentales sous-jacentes à l’exercice du commandement et à la formation au combat.
Yann Andruétan

P4ton

Le P du sigycop est une norme construite sur des critères objectifs de classification des maladies mentales et sur des critères administratifs dans le but d’écarter « débiles » et « aliénés » du monde militaire. Il fait face aujourd’hui à de nouveaux enjeux, qui résultent de l’évolution des armées, mais aussi de la place de certains troubles mentaux dans la société.
Laurent Hélaine

Illustrer la norme

Les textes réglementant les uniformes ont de tout temps été accompagnés d’illustrations. Pourtant, leurs finalités sont différentes : les uns décrivent, prescrivent, proscrivent ; les autres figent une représentation à un instant précis, vulgarisent, deviennent un outil de promotion et de rayonnement de l’institution.
Matthieu Thomas

Servir les intérêts français dans le processus de normalisation de l’OTAN

Dans notre culture d’armée combattante, le terme de norme symbolise un esprit technocratique et une technostructure potentiellement contraires à l’esprit guerrier. Pourtant, le travail de normalisation à l’otan fonde la capacité des forces alliées à manœuvrer en coordination. Un processus qui doit être influencé au profit de nos intérêts militaires et économiques nationaux.
Joséphine Staron

L’Europe, une machine à fabriquer des normes

Ce n’est pas un mythe : l’Union européenne est productrice de normes. En édicte-t-elle trop ? Sont-elles toujours dans l’intérêt des Européens ? Constituent-elles un frein à la compétitivité des entreprises ou à l’essor de géants économiques ? L’« Europe des normes » ne s’est-elle pas éloignée de l’ambition des pères fondateurs ?
Gaël Lacroix

Risquer la norme : la force de l’audit

L’audit interne offre une approche de l’activité des organisations qui peut être une aide efficace pour le commandement dans sa gestion des risques. Bien loin de se limiter à mesurer l’écart par rapport à la norme qui encadre les activités de l’organisation, l’auditeur doit en effet juger de l’adaptation de ladite norme au construit social du système qu’il examine et auquel il appartient.
Jérémy Bellot

Jouer avec les règles de l’honneur

L’honneur, prétendument valeur sacrée, se jouerait de la norme, pourrait l’outrepasser. C’est en réalité une valeur marchande, comptable et par essence contingente, apte à la codification en entretenant un rapport étroit avec son époque. Alors, est-il possible de vivre avec honneur aujourd’hui, et à quel prix ?
Mathias Wargon

Vivre la norme au sein d’un service d’urgences

La médecine n’est pas régie par des normes au sens juridique du terme, mais plutôt un « état de l’art ». C’est un domaine où les pratiques, les techniques, les processus et les connaissances changent en permanence. Dans leur travail, les médecins doivent donc s’adapter au quotidien, mais pas n’importe comment.
Marc Vigié

Du nom de baptême au prénom

Un prénom n’est pas seulement donné, il est aussi destiné à être porté. Son attribution est un geste universel, le premier qui introduit une personne dans la communauté, la désigne à l’altérité et lui confère une identité sociale distincte. C’est aussi un acte culturel, qui engage les pratiques familiales et sociales, qui obéit à des normes.
Claude Viallat

L’artiste, le hasard et la liberté

L’art serait l’absence de norme. Pourtant, le concept de tableau, par exemple, reste celui d’une toile recouverte de dessins ou de couleurs assemblées, encadrée pour être accrochée sur un mur. Une norme donc, qui enferme le regard dans une relation convenue d’avance. Depuis soixante ans, le peintre Claude Viallat rompt avec cette dialectique.
Romain Poite

La lettre et l’esprit des règles

Au rugby, l’arbitre doit assurer la sécurité de tous les participants et garantir l’équité sportive. Il n’est pas là pour chercher le consensus, mais pour rappeler les règles. C’est la lettre de sa mission. Mais il doit aussi avoir une capacité à lire un événement et à s’y inscrire afin de permettre au meilleur spectacle de se développer. C’est l’esprit de sa mission. Un rôle éminemment humain.

Pour nourrir le débat

Stéphane Faudais

Les cent gardes étaient-ils des « potiches chinoises » ?

On a reproché aux Cent Gardes, escadron de cavalerie créé par Napoléon III en 1854 afin d’assurer sa sécurité et de fournir le service d’honneur à l’intérieur des palais, de n’être que des potiches richement parées. Or, lorsque le clairon les a appelés au combat, ils ont été de valeureux soldats.
Lucie Serrier

L’idéal du soldat-citoyen au siècle des lumières

Le Siècle des Lumières a été un temps de grande effervescence intellectuelle sur les questions militaires, les penseurs, à l’image des encyclopédistes, s’emparant des notions et des idéaux d’armée de métier, de soldat-citoyen et d’homme armé utile à la nation.

Comptes rendus de lecture