Résister pour sauver (une civilisation, un régime, une patrie, une histoire…) renvoie, en référence à la Résistance au nazisme, à un engagement moral collectif. Résister pour récuser (une civilisation, un régime, une patrie, une histoire…) signifie, à l’âge postmoderne, l’affirmation de la singularité personnelle contre les contraintes collectives. Une fracture culturelle oppose ainsi deux générations et deux visions du pouvoir. De sorte que le mot « résistance » pourrait bien succomber aux récupérations rhétoriques des luttes partisanes si les deux camps ne se voyaient eux-mêmes contraints de résister à l’indifférence (à la civilisation, au régime, à la patrie, à l’histoire…) qui menace de conduire à un individualisme nihiliste.
- Résistance
- L’exemplarité de la Résistance
Pour un citoyen français, la Résistance des années 1939-1945 est tout à la fois une histoire, une mémoire et un imaginaire. Elle est une partie de l’histoire nationale, l’histoire d’un grand refus : refus de l’humiliation provoquée par la défaite, refus de l’occupation étrangère, refus de la collaboration avec l’ennemi. Tâche lourde et complexe qui consiste à rester dans la guerre, à continuer de se battre auprès des Alliés tout en menant une guerre civile à l’intérieur, alors même que les forces de lutte s’alimentent de ferveurs aussi puissantes que divergentes mais dont le but est pourtant le même : sauver la possibilité, pour la nation, d’écrire son histoire future, de créer et d’assumer elle-même les buts de son action, de faire partie des acteurs de la Grande Histoire. C’est en payant exemplairement le prix (celui de la torture, de la déportation, de la mort) que le Résistant porte témoignage de la dimension historique de son combat : il signifie que l’acceptation du risque suprême reste, pour un État souverain, la condition nécessaire pour voir sa liberté reconnue et respectée par les autres.
Cette puissance symbolique de la Résistance, engendrée par ceux qui ont témoigné, au prix de leur vie, de cette vérité, résiste aujourd’hui encore aux adeptes du chiffre et aux comptables de la mort en masse. Même s’ils n’ont pas été toute la nation en armes, et s’il faut, en toute justice, admettre que la peur est meilleure recruteuse que le courage, les Résistants ont été, chacun dans leur histoire individuelle, des créateurs du sens du mot « résister ». L’exemplarité est un dévoilement du sens, une manifestation singulière de l’objectivité d’une valeur, elle suscite l’approbation et l’adhésion, elle agit comme un appel, elle mobilise sans contraindre, elle se diffuse par une puissance symbolique communicative1.
En l’occurrence, l’exemplarité du Résistant est de l’ordre de l’action ; résister, dans le contexte de la défaite et de l’Occupation, c’est d’abord s’engager, ne pas rester à l’écart, ne pas être attentiste ni profiteur ; c’est écrire l’histoire en la faisant et dans l’urgence, en sachant que la privation et la souffrance en sont le prix. Dans les circonstances extrêmes, il peut vous venir une passion du dépassement de soi qui choisit à votre place, une passion que ne saurait susciter une visée purement intellectuelle ou abstraite, mais seulement l’incarnation vivante d’un idéal dans une réalité qui s’accomplit : une nation, un parti, une ville, un terroir, un monde… Résister revient alors à faire exister ce qui est « éternel », hors du temps et des circonstances, du fait de sa renaissance perpétuée ; résister maintient dans l’existence ce que la volonté de détruire veut annihiler ; accueillir des réfugiés, cacher des enfants, faire passer les frontières, unir par l’écriture et le témoignage, c’est faire exister en faisant résister.
- La résistance après la Résistance
La Résistance est entrée dans la légende, et ce qui est maintenant transmis par la mémoire est un imaginaire de l’unité, l’imaginaire d’un Peuple français accordé par la même épreuve comme si les divisions, les luttes pour le pouvoir, les idéologies et les passions pouvaient être magiquement abolies par une commune espérance soudée autour d’un même avenir. Imaginaire trompeur si on le voit comme une restitution du passé, mais imaginaire fidèle à la mémoire spécifiquement morale de l’action de résister.
Le souvenir de la Résistance est perpétué par la commémoration, par la volonté d’en transmettre l’esprit aux jeunes générations. Le travail de mémoire associe en effet les générations, celle de ceux qui ont survécu et celle de ceux qui n’ont pas connu de guerre, dans le respect et l’admiration commune de « ceux qui ont su dire non »2. Le mot « transmission » suppose une continuité de culture transmise dans la continuité des modes de vie et de croyance mais, comme il est avéré que les modes de vie et les convictions sont devenus, avec le temps et les mutations sociales, étrangers les uns aux autres, quelle mémoire peut réellement activer la commémoration ?
Le Résistant est un objet d’admiration, voilà qui est incontestable, mais il l’est bien souvent dans la distance. On respecte ce que, de lui, au fond, on ne comprend pas : mourir, se sacrifier, perdre sa jeunesse pour un moment d’héroïsme ou d’entraînement collectif. Pour bien des jeunes gens d’aujourd’hui, ces Résistants ont effectivement su mourir « pour eux », c’est-à-dire pour les générations suivantes, mais « pour eux » veut souvent dire « à leur place », comme pour leur éviter d’avoir un jour affaire aux mêmes choix, aux mêmes décisions ultimes, aux mêmes engagements héroïques. Pire encore : on entend parfois dénoncer un culte de la mort qui porte ombrage au sacrifice de soi dès lors qu’il suppose aussi le sacrifice des autres (les ennemis), ce qui fait bien du tort aux aspirations d’un pacifisme exclusivement entendu comme une quête de confort.
Pourtant, ces obstacles à la mémoire font précisément et paradoxalement ressortir ce qui est véritablement objet de mémoire, à savoir un esprit de résistance qui unit le moral et le social en réalisant le moral par le social. Dans le don de lui-même qu’il fait à la société, celui qui « sait dire non » accomplit sa vie non pas comme une vie biologique, mais comme une existence morale, une substance éthique du corps politique de la république, union vécue comme un bien commun supérieur aux intérêts individuels. La loi ne serait qu’une abstraction contraignante sans la puissance d’être un lien, de s’incarner dans les sentiments de solidarité familiale, sociale et patriotique, d’être un vécu collectif.
La dimension politiquement éthique de l’action de résister n’a rien perdu de son actualité ni de son exemplarité quand elle se dresse contre le conformisme, la lâcheté et la soumission aux dominations illégitimes ou insupportables. Luther King, Mandela ou Gandhi illustrent cette résistance synonyme d’un combat entièrement voué au salut d’une population et mobilisé par un projet civilisateur devant lequel le leader s’efface au point d’en perdre la liberté ou la vie. Ainsi la résistance-libération impose irrésistiblement sa légitimité quand elle refuse une perversion des valeurs qui s’exerce au nom de ces valeurs elles-mêmes, une perversion des institutions qui se fait au nom de ces mêmes institutions3. Le but constructif de la résistance salvatrice n’est pas tant l’annihilation d’un adversaire idéologique que la réalisation d’un projet politique hautement souhaité par tout un peuple.
- Résistances
Un autre sens s’attache, dans la seconde moitié du xxe siècle, à l’action de résister. Les désastres provoqués par les deux guerres mondiales sont alors attribués pour une grande part à la modernité occidentale, dénoncée comme technicienne, utilitariste, calculatrice, conquérante et dévastatrice. L’État-nation est accusé d’avoir « aggravé et perfectionné à l’extrême la cruauté, la haine et la négation de l’humanité par la violence »4 au point d’être regardé comme le vrai responsable de l’Holocauste. La morale républicaine est soupçonnée de servir de piège idéologique à un asservissement collectif à des valeurs réactionnaires. L’histoire de la raison européenne, du christianisme aux Lumières et des Lumières au marxisme, est synthétiquement résumée comme l’histoire d’une propédeutique au totalitarisme5.
- Résister, un acte culturel
Après la guerre, la capacité de critiquer s’est augmentée, dans les cercles intellectuels et les universités, de la déconstruction des idéologies, des interrogations et des inquiétudes que la psychanalyse interpose entre l’individu et lui-même, de l’éveil à la diversité culturelle du monde rapportée par les anthropologues. Résister, c’est utiliser ces nouveaux outils apportés par les sciences humaines pour désillusionner, décrypter, dévoiler et dénoncer.
On est ainsi frappé par la facture intellectuelle de la contestation qui s’adresse au pouvoir sous toutes ses formes : administrative, pédagogique, médicale, militaire et même (et surtout) culturelle. Résister, en effet, ce n’est plus tant combattre un adversaire politique que changer de regard, de raisonnement, de repère et de manière de comprendre. Il faut révéler ce que la clairvoyance de la raison, la compétence de la science et l’autorité de l’État n’ont pas su voir, aveuglés qu’ils sont par leur clairvoyance, leur compétence et leur autorité. Résister, c’est révéler que l’imposture, l’illusion et le mensonge sont les véritables maîtres du pouvoir ; c’est déniaiser, c’est faire savoir ce que le savoir ne sait pas : ce qui en lui est inconscient, impensé, anonyme, oublié et ignoré. Résister prend la figure étrange d’un clash intérieur à la civilisation occidentale, qui se présente comme une culture érigée en contre-culture vis-à-vis d’elle-même.
Le dévoilement de cette vérité nouvelle n’exprime pas le courage d’un sujet qui se libère de préjugés et de convictions aliénantes, mais le désillusionnement d’un sujet qui n’est plus le maître de ses pensées ni de sa volonté, qui accepte l’immaîtrise, la faiblesse, la fragilité et la finitude, et qui se condamne à une thérapie intellectuelle permanente contre ses propres rêves de lucidité… Mais, comme il est facile de le constater, ce savoir du non-savoir est encore un savoir, et cette inscience souveraine s’octroie une position de surplomb de la vie sociale tout entière ainsi que la légitimité de dénoncer, contester, réfuter l’hypocrisie de ceux qui persistent dans l’illusion de croire que la clairvoyance, la compétence et l’autorité sont et demeureront les assises véritables de la culture.
- Les résistances
Parce que le pouvoir est perçu non plus comme une force unifiée de domination mais comme un système, un système invisible de coordination entre les savoirs, les pratiques et les mœurs, il faut opérer des résistances multiples aux pouvoirs ainsi imbriqués. Puisque les savoirs servent à normaliser les comportements et non à instruire les esprits, puisque la médecine, l’école et l’armée produisent des sujets dociles et formatés, dépossédés de leur capacité critique, c’est la marginalité, la délinquance ou l’anormalité qui serviront de révélateurs aux processus qui assujettissent les individus au cœur même de leur illusion d’émancipation6. On résistera alors à l’illusion d’unité, de moralité, de solidarité et de normalité par l’affichage de la transgression, de l’écart, de la différence, de la discontinuité. « Anciens peuples colonisés, peuplades reculées, femmes et enfants, homosexuels, minorités régionales, ethniques, voyous et bandits bénéficient alors d’un a priori favorable au sein de la mouvance post-soixante-huitarde : ils sont tous considérés comme également opprimés et parés des habits de l’innocence et du bon sauvage7. »
Il y a ainsi des résistances, au pluriel, au lieu d’un vouloir commun de l’action de résister, car le but est d’imposer des discontinuités, de l’événementiel, de l’inclassable. On ne magnifie pas le courage qui sait dire non, on désarçonne les langages et les modalités de l’autorité partout où elle s’exerce : à l’école, à l’hôpital, dans les tribunaux… L’essentiel est de mettre en échec les certitudes, savoir-faire et compétences institués, de dénoncer partout les manipulations qui règlent les relations de pouvoir. Les figures du migrant, du fou, de l’homosexuel, du délinquant… sont l’écriture d’une contre-histoire de la liberté, celle des victimes produites par les jeux de pouvoir, dont le caractère intolérable peut alors ressortir.
Les résistances sont donc possibles partout où est le pouvoir, c’est-à-dire partout et notamment dans les mots. La dénonciation du pouvoir symbolique (celui de dire, de nommer, de définir, de classer, de répertorier et donc d’imposer des jugements par le truchement des mots) fait l’objet d’une déconstruction soigneuse qui jouit d’un succès et d’un pouvoir de séduction particuliers. Aussi, par exemple, les représentations associées aux mots « femmes », « féminité » et « féminisme » (aujourd’hui au mot « genre ») deviennent-elles des lieux de résistance très prisés. Il suffit de « déconstruire » les montages de sens sédimentés et inconscients sur lesquels ils sont érigés pour condamner et soumettre à la censure les traditionalismes odieux et infamants de ceux qui croient naïvement que de tels mots sont banals et innocents. « De même que le binarisme homme-femme est une production sexiste, le binarisme hétérosexuel-homosexuel est une production homophobe »8 : imposer une autre classification change ainsi le pouvoir des mots dans un espace public entièrement occupé par une guerre médiatique entre les symboles. Le pouvoir symbolique peut alors changer de bénéficiaire et passer du côté de ceux qui savent user, soit de manière pacifique soit de manière belliciste, des langages et ressources du victimisme.
- Résister
L’individualisme a donc pu être regardé comme une source spécifiquement démocratique de résistance aux tentations totalitaires, autoritaristes, conformistes ou populistes. Beaucoup aimeraient qu’il le soit encore, certains croient qu’il l’est toujours. Pourtant les lieux symboliques et les formes nouvelles de ce mal politique engagent plutôt à résister, désormais, à un hyper-individualisme identitaire qui, privé ou collectif, se mue en conduites et revendications contre-démocratiques.
- Résister à l’indifférence
L’individualité, la singularité, l’originalité, parce qu’elles sont inimitables, passent pour être des affirmations de soi capables de contrarier la massification caractéristique de l’émergence des mentalités totalitaires. L’esprit d’indépendance étant la revendication propre à la modernité9, il semble naturel de supposer que l’individualisme postmoderne, parce qu’il est en révolte contre tout ce qui opprime la vie du désir, y compris la volonté d’auto-responsabilité, en prolonge l’histoire. « Obéir à la loi qu’on s’est prescrite est liberté », cette formule de Jean-Jacques Rousseau est ainsi rejetée par le singularisme postmoderne quand un résumé simplificateur n’associe Rousseau qu’à Robespierre, et Kant à Marx et Staline, réduisant ainsi magiquement et sommairement les Lumières et l’idéal républicain à des vecteurs d’absolutisme terroriste10. Contre cette caricature de la liberté, le culte de soi peut aisément passer pour le moteur d’une libération sans limites qui ne rencontrera plus de résistance à ses fantasmes.
Pourtant, l’obligation d’être toujours unique (toujours unique comme tout le monde) ne semble plus vraiment faire obstacle aux conformismes, aux récupérations idéologiques et aux asservissements de toutes sortes. Le devoir de bonheur et d’originalité à tout prix en vient à œuvrer comme un facteur de désintégration et d’atomisation, l’individualité finissant par détruire la subjectivité et les droits de l’individu par délégitimer les droits de l’homme. Dans les années 1960, les citoyens étaient assez cultivés et assez républicains pour s’offrir le luxe de s’en plaindre et susciter une contre-culture du mariage, de la famille, de l’unité nationale, de l’érudition et du consensus. Mais aujourd’hui, la déculturation, la déliaison, le « démariage »11, la dépolitisation de la vie sociale… suscitent l’indifférence plutôt que la révolte, l’apathie plus que la réflexion et l’attentisme plus que l’engagement.
- Résister à la contre-démocratie
C’est donc à l’atrophie d’une certaine capacité de résistance qu’il faut aujourd’hui résister. « Foncièrement allergique à tous les projets totalitaires, le sujet postmoderne n’est pas non plus disposé à les combattre. La défense de la démocratie ne le mobilise pas davantage que la subversion de ses valeurs. […] L’indifférence désinvolte aux grandes causes a pour contrepartie l’abdication devant la force, et le fanatisme qui disparaît des sociétés occidentales risque bien de céder la place à une autre maladie de la volonté, guère moins inquiétante : l’esprit de collaboration12. » Cette réflexion, formulée en 1987, trouve aujourd’hui un sens nouveau, l’indifférence prenant la forme paradoxale d’un culte de la différence (par indifférence) et devenant la complice muette ou inconsciente de fanatismes auxquels elle croyait faire obstacle.
La démocratie devient « impolitique »13 quand le social absorbe le politique (la demande de bénéfices l’emportant sur la sauvegarde des libertés), quand la vie publique succombe à une infantilisation croissante des pratiques culturelles, quand la surveillance des politiques (dénonciation, ridiculisation, harcèlement médiatique) remplace la participation à une vie politique commune, quand l’expression de la protestation (voter « contre » plutôt que voter « pour ») délégitime l’exercice du pouvoir et quand la judiciarisation soumet en permanence l’État à la menace d’un procès. La citoyenneté ne se réduit plus alors qu’à une seule pratique : être contre le pouvoir, quel qu’il soit et quoi qu’il fasse.
Résister à cette dépolitisation, c’est retrouver la plénitude politique de la démocratie et revivre la vie commune en tant que vie spécifiquement politique, c’est-à-dire en tant que lieu de sens pour l’action. Les divergences y ont leur place quand elles ne visent pas à détruire mais à construire un espace public de réflexion et de confiance mutuelle, quand les jugements composent un ensemble par leur opposition même, quand le monde commun, qui n’est pas un résidu inerte, est sans cesse recréé par les regards, les avis, les débats et les initiatives qui définissent le rôle et la place de chacun, formant un contexte de pensée et d’action où autrui attend, comprend et discute nos interventions, un lieu qui rend collectivement significatives les polarités de la vie, de la naissance à la mort.
Résister à l’indifférence contre-démocratique, c’est alors retrouver la force de pouvoir au sens politique, « aptitude de l’homme à agir et à agir de façon concertée. Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue à lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé »14. Ainsi, résister à la violence n’est pas un signe de faiblesse mais une preuve de force quand le pouvoir est vécu comme l’expérience d’une unité qui n’est pas subie mais engendrée en commun.
1 Le cas de Lucien Vidal-Naquet (père de Pierre Vidal-Naquet) illustre l’exemplarité de l’action de résister. Dans les moments où le courage fait défaut à la plupart, l’action solitaire de manifester publiquement du courage donne une visibilité inégalable aux principes défendus. « Il témoigna pendant l’Occupation d’un courage presque excessif tant il se désigna lui-même à ses bourreaux. Quand les lois de Vichy lui interdirent l’exercice de sa profession, il protesta publiquement, m’a-t-on raconté, au palais de justice, défiant ceux de ses confrères qui appliquaient passivement les ordonnances de Vichy. À Marseille, où habitait la famille de sa femme, il habita une maison occupée par des officiers allemands. Il ne dissimulait ni ses origines ni ses opinions » (Raymond Aron, Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 162).
2 Expression empruntée à l’allocution du général Jean-René Bachelet, président de l’Association des Glières, prononcée lors du soixante-dixième anniversaire de la libération de la Haute-Savoie. Deux cent cinquante-quatre classes, six mille deux cents enfants y ont participé, autour du thème « Mémoire et citoyenneté », le but étant d’assurer la transmission de la mémoire de la Résistance et de ses valeurs.
3 Des enseignants mettent en pratique cette signification de l’acte de résister, en risquant leur carrière, quand ils refusent un type de déculturation scolaire qui prétend s’imposer au nom de la démocratisation de l’école.
4 Ulrich Beck, Pouvoir et contre-pouvoir à l’heure de la mondialisation, trad. A. Duthoo, Paris, Champs Flammarion, 2003, p. 191.
5 Jean-François Lyotard, Moralités postmodernes, Paris, Galilée, 1993, p. 91.
6 Michel Foucault, Surveiller et punir (Paris, Gallimard, 1975) et La Volonté de savoir (Paris, Gallimard, 1976).
7 Jean-Pierre Le Goff, La Gauche à l’épreuve. 1968-2011, Paris, Perrin, 2011, p. 192.
8 David Halpérin, Saint Foucault, trad. Didier Eribon, Paris, Epel, « Les grands classiques de l’érotologie moderne », 2000, p. 59.
9 Benjamin Constant, La Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes.
10 « La liberté autodéterminée […] a été l’une des origines intellectuelles du totalitarisme moderne dont on pourrait soutenir qu’il a commencé avec les jacobins. Même si Kant a réinterprété ce concept en termes purement moraux, en tant qu’autonomie, il a ressurgi pour de bon dans le domaine politique avec Hegel et Marx » (Charles Taylor, Le Malaise de la modernité, Paris, Le Cerf, 1999, p. 36).
11 Irène Théry, présidente du groupe de travail « Filiation, origine, parentalité, le droit face aux nouvelles valeurs générationnelles », 2014.
12 Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée, Paris, Gallimard, « Folio Essais », 1989, p. 168.
13 Pierre Rosanvallon, La Contre-Démocratie. La politique à l’âge de la défiance, chapitre IV, Paris, Le Seuil, « Points Essais », 2006.
14 Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Pocket, 1972, p. 144.
Resisting in order to save (a civilisation, a regime, a motherland, a history…) takes us back, by reference to the Resistance to Nazi occupation, to a collective moral commitment. Resisting in order to challenge (a civilisation, a regime, a motherland, a history…) means, in the postmodern age, to assert personal singularity over the collective constraints. A cultural divide thus opposes two generations and two visions of power and authority. So that the word “resistance” could well be hijacked by partisan rhetoric on both sides, unless they are themselves forced to resist indifference (to the civilisation, to the regime, to the motherland, to history, etc.) that is threatening to take us into nihilistic individualism.
- Resistance
- The exemplarity of the Resistance
For a French citizen, the Resistance of 1939-1945 is history, memory, and imagination all rolled up in one. It is part of national history, the history of a great refusal: refusal to be humiliated by defeat, refusal to accept foreign occupation, refusal to collaborate with the enemy. A heavy and complex task consisting in staying in the war, in continuing to fight with the Allies while also conducting a civil war internally. The forces of the struggle fed on fervours that were as powerful as they were divergent but that shared the same purpose: to safeguard the possibility, for the nation, of writing its future history, of creating and assuming the aims for its actions, of being among the players in “la Grande Histoire”, the Great Story of France under the occupation. It was by paying the price in exemplary fashion (the price of torture, deportation, and death) that the Resistance Fighter bore witness to the historical dimension of his or her fight: showing that acceptance of the supreme risk is, for a sovereign State, the necessary precondition for seeing its freedom recognised and respected by others.
This symbolic power of the Resistance, generated by those who bore witness to this truth, by paying the price with their lives, continues today to resist followers of figures and counters of mass death tolls. Although the whole nation did not take up arms, and although it must, in all fairness, be admitted that fear is a much better recruiter than courage, the men and women of the Resistance were, each in their own individual story, creators of the meaning of the word “resisting”. Exemplarity is an unveiling of meaning, a singular manifestation of the objectivity of a value, it arouses approval and adherence, it acts as a call, it mobilises without obliging, and it is disseminated through a communicative symbolic power1.
In this case, the exemplarity of the Resistance Fighter is of the order of action; resisting in the context of defeat and of the Occupation is firstly to engage and to commit oneself, not to stay back, not to wait and see or to be a free-rider or an opportunist; it is to write history by making it, in an emergency situation, knowing that privation and suffering are the price to be paid for it. Under extreme circumstances, a passion for surpassing yourself can come to you, and choose for you, a passion that cannot arouse a vision that is purely intellectual or abstract, but rather only the living incarnation of an ideal in a reality that is happening: a nation, a party, a city, a local area, a world… Resisting then comes down to making exist what is “eternal”, timeless and circumstance-less, due to its continued rebirth; resisting now in existence what the will to destroy wants to annihilate; taking in refugees, hiding children, helping people across borders, uniting by writing and by testifying, is to make exist by making resist.
- Resistance after the Resistance
The Resistance is now part of legend, and what is now passed down by memory is an imagined unity, imagined by a French people brought into tune by the same ordeal as if divisions, power struggles, ideologies, and passions could be magically abolished by a common hope bonded together around a shared future. This imagined vision is misleading if it is seen as a reconstruction of the past, but it is faithful to the specifically moral memory of the action of resisting.
The memory of the Resistance is perpetuated through commemoration, through the will to pass on its spirit to the younger generations. The memory work brings together the generations, the generation of those who survived and the generation of those who have not experienced war, in the common admiration and respect for “those who stood firm and said no”2. “Passing on” or “handing down” presupposes a continuity of culture passed on in a continuity of life styles and of beliefs but, since it is has transpired that the life styles and the convictions have, with time and social transformations, become strangers to one another, what memory can really activate the commemoration?
The Resistance Fighter is a subject of admiration, and that is indisputable, but he or she is often admired at arm’s length. We respect what, in him or her, ultimately, we do not understand: dying, sacrificing oneself, losing one’s youth for a moment of heroism or of collective momentum. For many young people today, those Resistance Fighters were indeed capable of dying “for them”, i.e. for the generations that followed, but “for them” often means “in place of them”, as if to avoid them ever having to deal with the same choices, with the same ultimate decisions, and with the same heroic commitments. Worse still: we sometimes hear voices raised against a death cult that takes away from self-sacrifice whenever it also presupposes sacrifice of others (the enemies), which considerably undermines aspirations of pacifism exclusively understood as a quest for comfort.
And yet these obstacles to memory paradoxically and precisely bring out what is truly the subject of memory, namely a spirit of resistance that unites the moral and the social by realising the moral through the social. In giving themselves to society, those who “say no” accomplish their lives not as biological lives, but as moral existences, ethical substances of the body politic of the French Republic, a union experienced as a common good that is superior to individual interests. Law would be merely a binding abstraction without the power of being a bond, of embodying the feelings of family, social, and patriotic solidarity, and of being a collective experience.
The politically ethical dimension of the action of resisting loses nothing of its topicality or of its exemplarity when it stands up against conformism, cowardice, and submission to illegitimate or unbearable dominations. Luther King, Mandela, or Gandhi illustrate this resistance synonymous with a fight entirely devoted to saving a population and mobilised though a civilising project before which the leader effaces himself to the extent of losing his freedom or his life. Thus, liberation resistance imposes its legitimacy irresistibly when it refuses a perversion of values that is conducted in the name of those values themselves, a perversion of institutions that is carried out in the name of those very institutions3. The constructive aim of saving resistance is not so much the annihilation of an ideological opponent as the realisation of a political project that is highly desired by an entire people.
- Resistances
Another meaning became attached to the action of resisting during the second half of the XXth Century. The disasters caused by the two world wars were then attributed to a large extent to Western modernity, decried as being technological, utilitarian, calculating, conquering, and devastating. The Nation State was accused of having “worsened, and perfected in the extreme, cruelty, hatred and negation of humanity through violence”4 to the extent of being seen as where the true blame for the Holocaust should lie. Republican morals are suspected as having served as an ideological trap for collective enslavement to reactionary values. The history of European reason, from Christianity to the Enlightenment and from the Enlightenment to Marxism, is summarised as the history of a foundation course for totalitarianism5.
- Resisting, a cultural act
After the War, the capacity to criticise increased, in intellectual circles and universities, with deconstruction of ideologies, questioning and concerns that psychoanalysis interposed between individuals and themselves, awakening to the cultural diversity of the world as told by anthropologists. Resisting is to use these new tools provided by human sciences to disillusion, to decrypt, to uncover, and to denounce.
We are thus struck by the intellectual construction of the contestation of power or authority in all of its forms: administrative, academic, medical, military and even (and above all) cultural. Resisting is no longer so much fighting a political opponent as changing vision, reasoning, references, and way of understanding. It is necessary to reveal what the clear-sightedness of reason, the competence of science and the authority of the State have been incapable of seeing, blinded as they are by their clear-sightedness, their competence, and their authority. Resisting is to reveal that imposture, illusion, and lies are the genuine masters of power, it is to take away innocence, and to make known what knowledge does not know: what, in it, is unconscious, unthought, anonymous, forgotten, and ignored. Resisting takes on the strange figure of a clash internal to Western civilisation, which is presented as a culture that is set up as a counter-culture relative to itself.
The unveiling of this new truth does not express the courage of a subject that is releasing itself from preconceived ideas and alienating convictions, but rather the disillusionment of a subject who is no longer in command of his or her thoughts or of his or her will, who accepts not being in command, weakness, fragility, and finiteness, and who is condemning himself or herself to continuous intellectual therapy against his or her own dreams of lucidity… But, as it is easy to observe, this knowledge of non-knowledge is still knowledge, and this sovereign inscience grants itself a position overlooking the life of society as a whole, and the legitimacy to denounce, to contest, and to rebut the hypocrisy of those who persist in the illusion of thinking that clear-sightedness, competence, and authority are and will remain the genuine bedrock of culture.
- Resistances
Since power is no longer seen as a unified force of domination but rather as a system, an invisible system of coordination between knowledge, practices, and morals, multiple resistances need to be put up against such interwoven powers. Since knowledge serves to normalise behaviour and not to instruct minds, since medicine, schooling, and the army produce docile and formatted subjects dispossessed of their critical capacity, it is marginality, delinquency or abnormality that serve as revealers to the processes that subjugate individuals at the very core of their illusion of emancipation6. We then resist the illusion of unity, of morality, of solidarity, and of normality by displaying transgression, deviation, difference, and discontinuity. “Former colonised peoples, isolated peoples, women and children, homosexuals, regional and ethnic minorities, thugs and bandits then enjoy favourable preconceptions in the post-sixties movements: they are all considered as being equally oppressed and clothed in the apparel of innocence and of the noble savage7.”
There are thus resistances, in the plural, instead of a common will for the action of resisting, because the aim is to impose discontinuities, happenings and events, and things that cannot be categorised. The courage to say no is not magnified, rather the language and the modalities of authority are thrown off balance wherever it is exerted: at school, in hospitals, in courts... The important thing is to thwart instigated certitudes, know-how, and competences, and to speak out everywhere against the manipulations that govern the relations of power. The figures of the migrant, of the madman, of the homosexual, and of the delinquent… are the writing of a counter-history of freedom, that of the victims produced by power games, whose intolerable nature can then come out.
Resistances are thus possible everywhere where there is power, i.e. everywhere and in particular in words. Speaking out against symbolic power (the power to say, to appoint, to define, to classify, to list, and thus to impose judgements with the help of words) is the subject of careful deconstruction that is enjoying particular success and seductive power. Thus, for example, the representations associated with the words “women”, “femininity” and “feminism” (and today with the word “gender”) are becoming very fashionable places of resistance. It suffices to “deconstruct” the mountains of sedimentary and unconscious meanings on which they have been built in order to condemn and to censor the odious and derogatory traditionalisms of those who thought naively that such words were banal and innocent. “The heterosexual/homosexual binarism is itself a homophobic production, just as the man/woman binarism is a sexist production”8: imposing another classification also changes the power of the words in a public space entirely occupied by a media war between symbols. The symbolic power can then change beneficiary and go over to the side of those who know how to use the languages and resources of victimism either peaceably or bellicosely.
- Resisting
Individualism has thus been seen as a specifically democratic source of resistance to totalitarian, authoritarian, conformist, or populist temptations. Many would like it still to be, and some think that it still is. And yet the symbolic places and the new forms of this political scourge are more of an encouragement now to resist an identity-based hyper-individualism that, whether private or collective, is transforming into counter-democratic behaviour and claims.
- Resisting indifference
Individuality, singularity, and originality, because they are inimitable, look like self-assertion capable of countering the massification that is characteristic of the emergence of totalitarian mentalities. Since the spirit of independence is a claim specific to modernity9, it seems natural to suppose that post-modern individualism, because it is in revolt against everything that oppresses the life of desire, including the will to be individually responsible, extends the history of that spirit. Jean-Jacques Rousseau’s statement that “obedience to the law one has prescribed for oneself is freedom” is thus rejected by post-modern singularism, or indeed an oversimplification might associate Rousseau only with Robespierre, and Kant only with Marx and Stalin, thereby magically and superficially reducing the Enlightenment and the Republican ideal to vectors of terrorist absolutism10. Against this caricature of freedom, the cult of self-worship can easily seem like a driving force for boundless liberation that no longer comes up against any resistances to one’s fantasies.
And yet, the obligation to always be unique (always unique like everyone) no longer really seems to be an obstacle to conformisms, to ideological hijacking, and to enslavements of all kinds. The duty to be happy and original at any price ends up working as a factor of disintegration and of atomisation, individuality ultimately destroying subjectivity and the rights of the individual by delegitimizing human rights. In the 1960s, citizens were cultured enough and republican enough to offer themselves the luxury of complaining and of arousing a counter culture to marriage, to the family, to national, unity, to erudition, and to consensus. But today, deculturation, unbonding, “demarriage”11, depoliticisation of life in society… are arousing indifference rather than revolt, apathy rather than thinking, and a wait-and-see attitude rather than commitment.
- Resisting counter-democracy
It is thus the atrophy of a certain capacity to resist that must be resisted today. “Fundamentally allergic to all totalitarian projects, the postmodern subject is not prepared to fight them either. Defending democracy does not mobilise him or her any more than subversion of its values. […] The offhand indifference to grand causes has as its counterpart abdication in the face of force, and the fanaticism that is disappearing from Western societies might well give way to another disease of will that is hardly less worrying: the spirit of collaboration12.” That thought, expressed in 1987, finds a new meaning today, with indifference taking the paradoxical form of a cult of difference (by indifference) and becoming the silent or unconscious accomplice of fanaticisms that it believed it was stopping.
Democracy becomes “impolitic”13 when the social absorbs the political (demand for benefits prevails over safeguarding freedoms), when public life succumbs to cultural practices being rendered increasingly infantile, when surveillance of politicians (whistle-blowing, ridiculing, hounding by the media) replaces participation in a political life together, when the expression of protest (voting “against” rather than voting “for”) delegitimizes the exercise of being in power and when judicialization continuously subjects the State to the threat of a lawsuit. Citizenship is then reduced merely to a single practice: being against authority, whatever it is and whatever it does.
Resisting this depoliticisation is to find the political fullness of democracy again, and to return to living our life together as a specifically political life, i.e. as a place where action has meaning. Divergences have their place there when, instead of aiming to destroy, they aim to construct a public space for thinking and for mutual trust, when the judgments make up a whole by their very opposition, when the common world, which is not an inert residue, is unceasingly recreated by the views, opinions, debates, and initiatives that define the roles and the places of everyone, forming a context for thought and for action where others await, understand, and discuss our interventions, a place that make the polarities of life collectively significant, from birth to death.
Resisting counter-democratic indifference is then to find, once again, the force of power or authority in the political sense, “capacity of humans to act and to act concertedly. Power is not an individual property; it belongs to a group and continues to belong to it so long as the group is not divided”14. Thus, resisting violence is not a sign of weakness but a proof of strength when power and authority are seen as an experience of a unity that we are not subjected to, but rather that we generate together.
1 The case of Lucien Vidal-Naquet (father of Pierre Vidal-Naquet) illustrates the exemplarity of the action of resisting. In times when courage deserts most people, the solitary action of publicly manifesting courage gives unparalleled visibility to the principles being defended. “During the Occupation, he showed courage that was almost excessive in that he designated himself to his executioners. When the laws of Vichy forbade him to carry on his profession, he protested publically, so I am told, at the Law Courts, defying those of his fellow lawyers who passively applied the orders and decrees of Vichy. In Marseille, where his wife’s family lived, he lived in a house occupied by German officers. He hid neither his origins nor his opinions” (Raymond Aron, Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 162).
2 Expression borrowed from the speech by General Jean-René Bachelet, President of the Les Glières Association, given at the seventieth anniversary of the liberation of the Haute-Savoie. Two hundred and fifty-four classes, six thousand two hundred children, took part, on the theme of “Memory and Citizenship”, the aim being to ensure that the memory of the Resistance and of its values was passed on.
3 Teachers put into practice this meaning of the act of resisting, by risking their careers, when they refuse a type of academic deculturation that is trying to impose itself in the name of democratisation of schooling.
4 Ulrich Beck, Pouvoir et contre-pouvoir à l’heure de la mondialisation (“Power in the Global Age”) translation into French from the German by A. Duthoo, Paris, Champs Flammarion, 2003, p. 191, the English translation here being from the French.
5 Jean-François Lyotard, Moralités postmodernes (Postmodern Moralities), Paris, Galilée, 1993, p. 91.
6 Michel Foucault, Surveiller et punir (Discipline and Punish), Paris, Gallimard, 1975, and La Volonté de savoir (The Will to Know), Paris, Gallimard, 1976.
7 Jean-Pierre Le Goff, La Gauche à l’épreuve (The Left Put to the Test). 1968-2011, Paris, Perrin, 2011, p. 192.
8 David Halperin, Saint Foucault.
9 Benjamin Constant, La Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (The Freedom of the Ancients compared with the Freedom of the Moderns).
10 “Self-determining freedom […] has been one of the intellectual sources of modern totalitarianism, starting, one might argue, with the Jacobins. And although Kant reinterpreted this notion of freedom in purely moral terms, as autonomy, it returns to the political sphere with a vengeance with Hegel and Marx.” (Charles Taylor, The Malaise of Modernity).
11 Irène Théry, President of the Working Group “Filiation origine, parentalité, le droit face aux nouvelles valeurs générationnelles” (Original filiation, parenthood, law faced with new generational values), 2014.
12 Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée (The Defeat of Thought), Paris, Gallimard, “Folio Essais”, 1989, p. 168.
13 Pierre Rosanvallon, La Contre-Démocratie. La politique à l’âge de la défiance (Counter-Democracy. Politics in the Age of Defiance), Chapter IV, Paris, Le Seuil, “Points Essais”, 2006.
14 Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (From lies to violence), Pocket, 1972, p. 144.