Une polémique récente qui a éclaté début octobre 2014 à l’occasion des 17emes Rendez-vous de l’histoire de Blois, consacrés aux rebelles, et qui fait le charme de notre pays aux dires des étrangers les plus francophiles, est venue nous rappeler combien l’emphase des mots risquait de brouiller les esprits.
À une époque où l’indignation se porte en bandoulière avec ostentation, nul ne s’étonnera de voir les brevets de rebelles institutionnels et de résistants officiels décernés avec la plus grande générosité. Mais la fronde d’anarchistes vivant de la générosité du contribuable ne doit pas faire illusion : n’est pas résistant qui veut et il sera toujours moins risqué de se révolter en compagnie des « mutins de Panurge »1 que de défiler à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940.
Ne s’expose-t-on pas alors à tomber dans le même travers en insinuant que le soldat français constitue un héraut moderne de l’anticonformisme ? N’y aurait-il pas la même forme d’indécence à oser qualifier de résistance l’acte d’engagement dans l’armée ? Là aussi, tout ce qui est exagéré pourrait rapidement être perçu comme dérisoire.
Depuis les années 1980 et la large diffusion des ouvrages de sociologie militaire d’auteurs français et américains, la problématique de la banalisation du métier militaire a été longuement analysée. Et une grille de lecture faisant la part trop belle à la théorie de la disparition progressive de la spécificité de la société militaire pourrait naturellement amener à penser que l’acte d’engagement du soldat professionnel français ne se distingue plus fondamentalement de celui du professeur, de l’infirmière ou du journaliste dans leurs quêtes respectives d’épanouissement personnel au travers d’un métier.
Cette tentation de la banalisation est par ailleurs confortée par nombre de traits bien caractéristiques de notre époque dans laquelle le mot « valeurs » est omniprésent (dans les entreprises comme sur les terrains de rugby), où tout le monde s’affiche « patriote » (y compris le « citoyen du monde » qui estime que seules ses idées permettront à la France de survivre sur une planète globalisée), où le retour de l’« autorité » est annoncé partout comme une évidence, où le « goût de l’aventure » est partagé aussi bien par les membres d’une ong humanitaire que par un grand reporter, où le policier risque autant sa vie en intervenant de nuit dans un quartier sensible que le fantassin. Que reste-t-il désormais en propre à notre soldat qui puisse le faire assimiler à un résistant des temps modernes ?
Comme souvent quand on ne sait pas trop où l’on va, il convient de regarder d’où l’on vient. Et il faut alors se rendre à l’évidence : l’acte de résistance du soldat français au travers de son engagement ne saute pas aux yeux. En limitant notre réflexion à l’après-guerre, les militaires professionnels savent qu’ils jouissent aujourd’hui d’une considération et d’un traitement qui auraient fait pâlir de jalousie leurs aînés des guerres d’Indochine et d’Algérie. Nul besoin de rappeler qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons à la fois objectives (l’effondrement de l’armée française en quelques semaines au printemps 1940) et idéologiques (le soldat régulier avait failli là où le résistant dépenaillé des maquis avait sauvé l’honneur de la France), le prestige de l’armée française était tombé au plus bas.
Entrer à l’École de l’Air, à Saint-Cyr ou à Navale en 1950, au moment où la reconstruction du pays et le redémarrage de la croissance économique font entrevoir aux Français des lendemains meilleurs, demande une indéniable dose d’abnégation. Pour le combattant de l’Union française, il faut une foi chevillée au corps et un patriotisme ardent pour rejoindre une institution marginalisée et accepter, en toute connaissance de cause, d’être séparé des siens pendant de longues années pour mener, à dix-sept mille kilomètres de la métropole, des combats meurtriers et impopulaires, alors que les sirènes du consumérisme commencent à faire entendre leur douce mélodie hédoniste.
Pour aggraver le tout, la République n’est alors pas très économe du sang de ses soldats, comme l’illustre notamment la manière de conduire la bataille de Dien Bien Phu. Qui plus est, les familles endeuillées n’ont même pas le réconfort de voir leur sacrifice honoré par la nation puisqu’il arrive fréquemment que les cercueils des morts soient débarqués de nuit dans le port de Marseille pour éviter les manifestations contre la « sale guerre ».
Dans ces conditions, l’engagement peut, sans exagération, être vécu comme une réelle forme de résistance et c’est assurément dans l’œuvre cinématographique et littéraire de Pierre Schoendoerffer que l’on trouve la meilleure représentation de ce romantisme militaire mâtiné de soif d’aventure et de sens du sacrifice. Un Crabe-Tambour, un adjudant Willsdorff, un capitaine Caron sont assurément des anticonformistes2.
De la fin de la guerre d’Algérie au milieu des années 1970, c’est à un autre genre de résistance que va se livrer le militaire français. Nous sommes alors à l’apogée des Trente Glorieuses. Le pays vit de mieux en mieux, contrairement à son armée qui éprouve un fort sentiment de déclassement. Pour ne rien arranger, la guerre froide et l’avènement de la dissuasion ont rendu la philosophie du métier singulièrement déroutante : s’entraîner pour ne jamais être dans la nécessité de passer à l’action.
Le fameux « désert des Tartares », lot quotidien de l’immense majorité des unités, attire alors un type particulier de militaires à la recherche d’un environnement plutôt coupé du monde civil. Alors que le service national devrait favoriser une totale symbiose entre la nation et son armée, on assiste au contraire à un désintérêt de la société pour ses défenseurs naturels qui ne se reconnaissent plus en retour dans la quête éperdue de confort de leurs concitoyens. Les cicatrices de la guerre d’Algérie ne sont pas totalement refermées et l’on cultive un entre soi où l’amertume se laisse parfois percevoir. Étudiants et milieux intellectuels boudent l’armée et l’on ne se bouscule pas pour préparer les concours des grandes écoles militaires. Aussi, cette génération de militaires va-t-elle s’efforcer, dans le bouleversement général que traverse la société, de transmettre à ses successeurs les principes intangibles faisant la force d’une armée : rigueur, désintéressement, abnégation. Admettons là aussi que mettre son point d’honneur à conserver, dans un climat de remise en cause intégrale, des valeurs traditionnelles s’apparente bien à une forme de résistance.
La période qui débute en 1975 marque un incontestable renouveau pour l’institution militaire. En quelques années, toute une série d’événements contribue à faire sortir l’armée de ce ghetto insidieux dans lequel elle s’était retrouvée confinée au cours des trois décennies précédentes.
La revalorisation de la condition militaire décidée par le président Valéry Giscard d’Estaing permet de relancer l’attractivité des carrières. Les études sont renforcées dans les écoles militaires afin de permettre à celles-ci de délivrer des diplômes reconnus. Sous l’impulsion notamment du général Lagarde, chef d’état-major de l’armée de terre de 1975 à 1980, la pédagogie et la progressivité deviennent la base de la formation.
Grâce au succès de l’opération déclenchée en mai 1978 pour sauver les ressortissants occidentaux de Kolwezi, les Français redécouvrent subitement l’intérêt d’une armée conventionnelle pour leur sécurité et le maintien du rang de leur pays dans le monde. La même année, l’intervention militaire dans le sud du Liban dans le cadre de l’onu pour s’interposer entre l’armée israélienne et les milices palestiniennes vient inaugurer le cycle des opérations de maintien de la paix qui deviendront l’une des spécialités de l’armée française. Très valorisées par l’opinion publique, ces opérations permettront indéniablement à l’institution militaire de retrouver une vraie aura auprès de la population.
Cette phase de transition débutée au milieu des années 1970 va durer une vingtaine d’années, jusqu’à la décision de la professionnalisation. C’est durant cette période que l’armée française connaît deux engagements majeurs, la guerre du Golfe et l’intervention en ex-Yougoslavie, qui se font avec le total soutien de nos compatriotes. Sans juger de leur bien-fondé sur le plan géopolitique, les militaires ont indéniablement le sentiment que leurs actions suscitent l’adhésion de la collectivité et que leur métier n’est plus considéré comme une occupation de marginaux et d’aventuriers.
La professionnalisation des armées vient, paradoxalement, mettre fin au repli sur soi du soldat français. Reconnues pour la qualité de la formation qui y est dispensée, les plus prestigieuses de nos grandes écoles civiles, tels hec, l’essec ou l’iep de Paris, cherchent à établir des partenariats avec Saint-Cyr afin d’initier leurs élèves aux techniques du leadership.
Alors que l’armée est considérée depuis une dizaine d’années comme l’institution préférée des Français, que certaines valeurs largement prônées dans la société, telle la recherche de la cohésion, sont désormais parfaitement en phase avec celles entretenues au quotidien dans les unités, que les concours militaires n’ont jamais été aussi sélectifs, que les forums étudiants ne se conçoivent plus sans une présence massive des armées, que l’École de guerre a retrouvé son nom traditionnel sans déclencher la moindre polémique et que l’enseignement de l’éthique est devenu dans les académies militaires un pôle d’excellence unanimement reconnu, en quoi s’engager serait-il la quintessence de la résistance ?
Partageant avec l’humanitaire la soif d’altruisme et le goût de l’exotisme, aspirant à mener une vie de famille normale sans sacrifier les siens sur l’autel de la disponibilité, reconnaissant la nécessité de l’autorité non discutée mais désireux d’être commandé par la recherche de l’adhésion, aimant l’aventure mais souhaitant s’engager dans une unité pas trop éloignée de sa région d’origine, la singularité du soldat français n’apparaît plus avec évidence.
Pour reprendre l’aphorisme de Gustave Thibon, et en nous méfiant une fois de plus des grands mots vidés de leur sens, se comporter en résistant, en 2015, pour un soldat, c’est « ne pas être dans le vent, l’ambition de toute feuille morte ». C’est ne pas forcément faire ce que la pression sociale exercée par son entourage incite tout naturellement à accomplir, en un mot, c’est l’état d’esprit qui consiste à ne pas se laisser porter par la vague.
Cette propension à la résistance se manifeste en premier lieu par le refus de la tentation du corporatisme, bien que le soldat ait parfaitement compris que ses préoccupations ne seraient jamais aussi bien prises en compte que dans le reste de la fonction publique. Elle conduit à accepter que le bien commun prime sur l’intérêt personnel, à lutter contre le développement de la culture individualiste, à conserver le souci de l’autre et à rechercher l’exemplarité dans son rôle d’ambassadeur de son pays à l’étranger.
Elle se traduit également par la conservation d’un certain formalisme, considéré comme un ensemble de règles facilitant les échanges plutôt qu’un carcan qui sépare, ainsi que par l’entretien du goût du risque et un usage réfléchi du principe de précaution.
Elle se matérialise enfin par l’acceptation des choses telles qu’elles sont, et notamment que l’Histoire est tragique, que le monde ne sera jamais pacifié, que seuls les peuples forts survivent et que si la guerre change d’aspect, elle demeure avant tout une affaire de volonté et de courage.
Résister à l’air du temps, c’est en définitive pour le soldat accepter que la mort puisse être donnée en dehors de toute considération de légitime défense et être reçue sans jamais être assimilée à un accident du travail.
A recent controversy that erupted at the beginning of October 2014 during the 17th “Rendez-vous de l’histoire” history festival in Blois, on the theme “Rebels” — and which, according to foreigners with the greatest fondness for France, is what makes the country’s charm — came as a reminder of how bombastic oratory may lead to confusion.
At a time when indignation is something to be displayed ostentatiously, the munificent recognition of institutional rebels and official resistance fighters will come as no surprise. However, we should not be fooled by the insurrection of anarchists who live off the taxpayers’ money: not everyone is cut out to be a resistance fighter, and it will always be less hazardous to string along with the rest of Panurge’s flock of rebels1 than march past the Arc de Triomphe on 11 November 1940.
By implying that the French soldier is a modern-day herald of nonconformism, aren’t we at risk of making the same mistake? Wouldn’t it be just as improper to dare qualify enlisting in the army as an act of resistance? Here too, any exaggeration could rapidly be perceived as contemptible.
Since the 1980s and the widespread dissemination of works on military sociology by French and American authors, the trivialisation of the military profession has been analysed at length. Any interpretation that lends undue credence to the theory that military society is gradually losing its distinctive features could naturally suggest that in enlisting, the French professional soldier is now behaving in much the same way as a teacher, nurse or journalist in their respective quests for personal fulfilment through their professions.
Moreover, this temptation to trivialise is backed up by numerous aspects that typify our era, where the word “values” is omnipresent (both within businesses and on rugby fields) and everybody flaunts their “patriotism” (including the “world citizen” who believes that only his ideas will ensure France’s survival on a globalised planet). An era where the return of “authority” is announced as an obvious fact, where the member of a humanitarian ngo shares an equal “taste for adventure” with the foreign correspondent, where the police officer called out at night to a rough neighbourhood risks his life just as much as an infantryman. What unique qualities does our soldier still possess for him to be likened to a modern-day resistance fighter?
As is often the case when we are unsure of what lies ahead, it is advisable to look to the past. And we must face the facts: the French soldier’s act of resistance via his enlistment is not immediately evident. If we focus on the post-war period only, professional soldiers today are aware that they enjoy a respect and treatment that would have made their predecessors from the Indochina and Algerian wars green with envy. It is clear that, immediately following the Second World War — for reasons that are both objective (the collapse of the French army in the space of only a few weeks in spring 1940) and ideological (regular soldiers had failed where the ragged maquis resistance fighter had saved France’s honour)—the prestige of the French army was at an all-time low.
In 1950, when the country’s reconstruction and economic upturn were giving the French a glimpse of a brighter future, joining the École de l’Air, Saint-Cyr or Navale (the French air force, military and naval academies) clearly required a certain amount of self-denial. As the lure of consumerism was beginning to sound its sweet, hedonistic melody, the French Union combatant required unshakeable faith and fervent patriotism to join a marginalised institution and knowingly accept being separated from his family for many years to fight bloody and unpopular battles 17,000 kilometres from the homeland.
To make matters worse, the Republic at that time showed little concern for sparing its soldiers’ blood; the way in which the battle of Dien Bien Phu was conducted is a notable illustration of this. Furthermore, bereaved families could not even take comfort from seeing the nation honour their sacrifice, as the coffins of those killed were often unloaded in the port of Marseille at night to avoid any demonstrations against the “dirty war”.
In these conditions enlistment can, without any exaggeration, be perceived as a true form of resistance — and the best portrayal of this military romanticism combined with a thirst for adventure and a sense of sacrifice is most certainly to be found in Pierre Schoendoerffer’s literary and film work. Drummer Crab, Warrant Officer Willsdorff and Captain Caron are most definitely nonconformists2.
From the end of the Algerian war to the mid-1970s, the French soldier was to be involved in a different type of resistance. This period was at the height of the “Trente Glorieuses” (the economic boom of the three post-war decades), and the country was going from strength to strength — unlike its army, whose status had greatly declined. To make matters worse, the Cold War and the advent of the nuclear deterrent meant that the profession’s philosophy became strangely disconcerting: the aim of training was to avoid ever needing to take action.
The famous “Desert of the Tartars” — the everyday reality for the vast majority of units — attracted a certain type of soldier, seeking an environment that was relatively cut off from the civilian world. Although national service should have encouraged a complete symbiosis between the nation and its army, society began instead to lose interest in its natural defenders who, in turn, could no longer identify with their fellow citizens’ frantic quest for creature comforts. The scars of the Algerian war had still not completely healed and a form of self-segregation — with the occasional hint of bitterness — was being cultivated. Students and intellectual circles cold-shouldered the army, and there was no rush to prepare the entrance examinations of the elite military academies. And so, amid the general social upheaval, this generation of soldiers strove to pass on to their successors the intangible principles that are an army’s strength: discipline, impartiality and self-denial. Once again, it must be said that making it a point of honour to preserve traditional values, at a time when almost everything is being challenged, can be seen as a genuine form of resistance.
The period from 1975 onwards marked the start of an indisputable revival for the military. Over the course of several years, a whole series of events helped the army to climb out of the insidious ghetto to which it had been confined for the previous three decades.
President Valéry Giscard d’Estaing’s decision to restore the prestige of military life revived the appeal of a career in the military. Studies were reinforced in the military academies to enable them to grant recognised qualifications. Spurred on by General Lagarde in particular (the army’s Chief of Staff from 1975 to 1980), education and progressiveness became the basis of training.
Thanks to the success of the military operation launched in May 1978 to rescue Western nationals in Kolwesi, the French suddenly rediscovered the importance of having a conventional army for their security and for maintaining their country’s position in the world. In the same year, military intervention in southern Lebanon as part of a un operation to interpose between the Israeli army and the Palestinian militia signalled the start of a series of peacekeeping operations that were to become one of the French army’s specialities. These operations, much appreciated by public opinion, undoubtedly enabled the military to once more be held in high regard by the population.
This transitional phase that began in the mid-1970s was to last around twenty years, when the decision was taken to professionalise the military. During this time, the French army took part in two major campaigns — the Gulf War and the intervention in former Yugoslavia — with the full support of French public opinion. Leaving aside the issue of their legitimacy on a geopolitical level, the soldiers indisputably felt that the general public approved of their actions and that their profession was no longer considered an occupation for nonconformists and adventurers.
Paradoxically, the professionalisation of the armed forces brought an end to the self-imposed isolation of the French soldier. Now recognised for the quality of training it offers, the most prestigious of our elite civilian business schools, such as hec, essec and iep, seek to establish partnerships with the Saint-Cyr military academy in order to introduce their students to leadership techniques.
Now that the French consider the army as their favourite institution, and have done so for the last ten years; that certain values — such as the quest for cohesion — are widely extolled within French society and are now completely in line with those cultivated daily within the units; that military entrance examinations have never been so selective; that student forums are no longer conceivable without a massive army presence; that the École de guerre (War School) has taken back its traditional name without the slightest outcry; and that the teaching of ethics has become a unanimously recognised centre of excellence in the military academies; how can enlistment be considered the quintessence of resistance?
The French soldier today shares a thirst for altruism and a taste for exoticism with the humanitarian sector, aspires to lead a normal family life without sacrificing his family on the altar of professional availability, recognises the need for authority not to be challenged but also wants commanders to win over the men serving under them, loves adventure but wants to enlist in a unit not too far from home. He no longer seems so different from the rest of us.
To borrow Gustave Thibon’s aphorism — and once again being wary of using big words emptied of their meaning—for a soldier in 2015, acting like a resistance fighter means not “being blown by the wind, the ambition of every dead leaf”. It means not necessarily doing what pressure from his social circle naturally incites him to do. Put simply, it means having a state of mind that resists being swept away by the groundswell of opinion.
This propensity for resistance first manifests itself through a refusal to be tempted by corporatism, even though the soldier is perfectly aware that his concerns would never be given as much consideration as in the rest of the civil service. It leads him to accept that the common good takes precedence over personal interest, to fight against the growth of an individualistic culture, to go on thinking of others and to try and set a good example in his ambassadorial role for his country abroad.
It can be also be seen in the preservation of a certain formalism, considered as a set of rules for facilitating exchange rather than as a divisive constraint, and in a constant appetite for danger and a well-considered application of the principle of precaution.
Finally it materialises in an acceptance of things as they are, and in particular that History is tragic, that the world will never be at peace, that only the strong nations survive and that even if war changes in appearance, it remains, above all, a question of will and courage.
When all is said and done, if a soldier is to resist the spirit of the times, he must accept that killing is possible outside the boundaries of legitimate defence, and his own death in the line of duty will never be likened to an accident in the workplace.