Un bataillon d’élèves-officiers saint-cyriens est une Cocotte-minute en surpression permanente. D’un côté, la densité de la formation et l’exigence hors normes qui leur sont imposées, dans les domaines physique, militaire, académique et même humain ; de l’autre, une population d’un dynamisme extraordinaire, animée d’une motivation à renverser des montagnes, avide de prendre en main les affaires et extrêmement critique envers son encadrement. Cette dernière spécificité s’explique simplement : étant appelés à porter un jour le grade de leurs chefs à l’instruction, ils se projettent naturellement en chacun d’entre eux et jugent sévèrement ce qui ne leur paraît pas conforme à leurs attentes.
Cette sévérité est légitime et plutôt saine dans le développement des futurs officiers. Mais dans ce contexte très particulier, le commandement du bataillon que j’ai l’honneur d’assumer me paraît parfois plus proche de l’exercice d’équilibriste que de celui de chef opérationnel que j’ai déjà expérimenté. Il semble, en effet, qu’un seul mot inadapté ou une seule attitude incomprise peut rompre à la fois l’image d’officier dont on aimerait transmettre l’exemple et la confiance qui doit inévitablement lier, de manière réciproque, tout subordonné à son chef. La crédibilité ou l’image du « vorace »1 tiendrait donc à un mot mal perçu ou à une décision impopulaire plus qu’aux qualités intrinsèques des instructeurs ?
Pourtant, même face à ce collectif d’intelligences cultivant une certaine forme de mauvais esprit railleur, et portant l’espièglerie et l’esprit potache au rang d’art de vivre, il me semble que l’équilibre n’est pas si ténu que cela. On pardonne beaucoup, je crois, à un chef juste et constant, alors que l’on condamne à la moindre incartade un chef malhonnête ou à l’attitude surjouée. Mais comment, en ce cas, réussir à créer et à transmettre la confiance auprès d’élèves-officiers dont les attentes légitimes les rendent aussi exigeants que critiques ? La réponse varie selon le type de confiance.
- Confiance en l’institution
Le premier défi consiste à faire en sorte que les élèves-officiers aient confiance en l’institution militaire. Il serait en effet destructeur pour un jeune officier sortant d’école d’être lâché dans le bain des premières responsabilités en ayant une défiance envers sa propre maison. Dans un tel cas, il serait illusoire d’espérer une grande fidélité à l’heure des premières difficultés ou à celle des tentations pour les « douceurs de la vie que les pékins ont »2, c’est-à-dire pour le monde professionnel civil qui, pour celui qui, consciemment ou inconsciemment, n’est pas à l’aise dans le métier des armes, représentera toujours un chant des sirènes. Il est donc nécessaire que dès les premiers temps en uniforme, l’élève-officier saint-cyrien développe une confiance solide envers l’armée de terre en son ensemble. Pour cela, je ne vois pas d’autre moyen que de demeurer en permanence dans le vrai et de défendre le beau.
Le vrai, tout d’abord, est ce qui a du sens. Il faut donc expliquer toute chose, surtout dans les débuts de la formation et face à une population particulièrement avide de connaissances : enseigner la signification de chaque cérémonial militaire, détailler l’intérêt et l’origine des traditions de l’armée de terre, comme par exemple celle des saints patrons, faire comprendre que les nombreuses activités physiques et militaires sur le terrain ont pour but de développer les forces morales… Un jeune conscient de la raison pour laquelle il se lève le matin va plus loin que celui à qui on se contente de dire de se taire et d’avancer.
Le vrai est également l’honnêteté et la transparence. Pour des jeunes découvrant un nouveau monde et se préparant à y donner presque tout, il est essentiel de ne jamais se sentir trahis ou être déçus par une absence de vérité ou d’honnêteté. Cela oblige l’encadrement à une crédibilité constante à l’instruction. Hors de question de balayer un manquement par un mensonge salvateur, ou de « jouer » avec les élèves en leur faisant réaliser des tâches pénibles et dénuées de sens sous peine de rapidement les dégoûter de leurs chefs et de détruire l’image de l’instructeur à la fois exigeant et bienveillant. Je ne sais si cette crédibilité peut être maintenue intacte durant les trois années de la formation, mais elle est primordiale dans les premiers mois, alors que l’élève-officier se forge au fond de lui-même l’image de l’institution. Le vrai est donc essentiel dans la formation du futur officier, au quotidien.
Le beau, quant à lui, permet de sublimer le vrai : en soignant le cérémonial en tout instant et en recherchant l’esthétique, on marque au fer rouge le sens qui a été donné aux choses. Donner le goût du beau à de jeunes élèves-officiers fixera leur attachement à leur armée et renforcera la confiance qu’ils peuvent avoir en elle. La beauté d’une cérémonie, même simple, passe par l’exactitude et la rigueur de sa tenue ; elle dépend d’un effort collectif qui, une fois compris par les élèves-officiers, cultive en eux l’envie et le plaisir d’« avoir de la gueule ». En apprenant à aimer le cérémonial par le biais de sa beauté, ils inscrivent en eux une affection pour cette beauté militaire qui nourrit l’attachement et donc la confiance en leur armée. Bien entendu, cette confiance sera d’abord celle pour leur unité, premier cercle de vie militaire, puis pour celle de leur corps, le bataillon pour l’instant. Mais ces petites confiances scelleront la grande, celle en le Léviathan qu’est l’institution militaire. Une confiance essentielle au métier des armes, car elle est le ciment de la loyauté que l’on exige de tout officier.
- Confiance en soi
Le deuxième enjeu est de pouvoir développer la confiance que les élèves-officiers vont avoir en eux-mêmes. Une confiance bien dosée, leur permettant d’oser affronter les difficultés, mais pas démesurée, au mépris d’une humilité qui demeure nécessaire pour ne pas présumer trop de soi. Bien entendu, la confiance en soi commence par la connaissance de soi, et donc par le dépassement de soi : se rendre compte que l’effort physique, moral ou intellectuel qui paraît insurmontable peut finalement être dominé permet de nourrir une confiance profonde en ses capacités. Éprouver leur courage physique, leur résistance morale et leur capacité intellectuelle permet donc directement de renforcer leur confiance en eux. Combien de fois ai-je déjà entendu : « Je ne pensais pas en être seulement capable ! »
Mais le développement des forces morales par l’effort, s’il est absolument nécessaire, ne fait pas tout. Pour que la confiance en soi se développe correctement et pleinement, il faut entourer les élèves-officiers de justice. Le juste doit être la règle de toutes leurs actions et de leur environnement quotidien. Cela signifie que, comme dans toute éducation, les bonnes actions sont récompensées et les mauvaises sont sanctionnées, afin de fournir à tous les repères d’un savoir-être suffisamment souple pour permettre l’expression des personnalités, mais correctement limité afin de donner une direction et des codes communs qui offrent l’assurance et la stabilité du bon droit. C’est en effet en ayant la pleine conscience d’être éduqué, de connaître les règles qui régissent le monde dans lequel on évolue, que la confiance en soi peut s’épanouir pleinement. Car alors la personne est consciente de son savoir, assurée d’agir dans le respect des règles et des coutumes, certaine d’être dans le juste.
Armés de cette confiance en eux, les futurs officiers affronteront sans doute les épreuves à venir avec moins de difficulté. Il leur faudra néanmoins réussir à inspirer confiance, tout au long de leur carrière, à des subordonnés de tout type et de tout grade. En ce domaine, il faut avant toute chose rayonner de compétences professionnelles. Le savoir cité plus haut, qui donne confiance en soi, permet également d’inspirer confiance car il génère une aisance rassurante. Mais c’est avant tout dans la rigueur de l’apprentissage, dans la sueur du drill incessant que l’encadrement impose aux élèves-officiers, que ces derniers vont aiguiser leurs compétences dans tous les domaines du métier militaire. L’exigence et l’humanité, qui viendront compléter leur aura, s’inscriront dans leur style de commandement par imitation de ce qu’ils auront connu.
- Confiance en ses hommes
Mais ce n’est pas tout d’avoir confiance en soi et en ses chefs, il faut aussi avoir confiance en ses hommes et le leur faire sentir, au-delà de paroles devenues incontournables lors d’un discours de prise de commandement. C’est le dernier défi de l’enseignement. Pour cela, je ne vois aucune autre solution que de donner l’exemple et de transmettre le goût du grand. Il faut chercher sans cesse à élever nos élèves, afin de leur montrer que l’on peut se permettre de viser grand, même avec de faibles moyens, puis leur donner une mission et les laisser faire avec une liberté totale. Le résultat est époustouflant. Il convient de faire confiance, toujours, et notamment aux plus jeunes. Ils répondent très mal à l’infantilisation mais, presque toujours, se montrent à la hauteur de la confiance que l’on place en eux : c’est cette confiance de leurs aînés qui les fait sortir d’eux-mêmes par le haut. Ils découvrent que rien n’est impossible lorsque la volonté est fixée et que la confiance est donnée. Ainsi, une fois qu’ils ont été marqués par le vrai et le beau, qu’ils ont le sentiment de vivre en permanence dans le juste, et qu’ils ont pris goût au grand, plus aucune barrière, de quelque nature qu’elle soit, ne peut stopper la puissance que constitue leur confiance en eux-mêmes, en leur collectif et en ce qu’ils représentent.
Car il ne faut pas oublier l’objectif d’une telle éducation. Un seul but doit guider toutes nos actions d’instruction : la confiance au combat, envers le haut, envers le bas, envers soi, envers le corps. Nous avons la charge de faire naître des officiers sûrs d’eux, décomplexés face aux difficultés, à l’aise dans leur environnement comme dans l’adversité, confiants en leurs capacités et en celles de leur armée. « La confiance constitue la clé de voûte des relations de commandement, elle en est aussi la quintessence », écrit le général Pierre Gillet dans Qui est comme Dieu ?. Les confiances dont nous avons parlé sont donc intimement liées au commandement qui entoure les élèves-officiers et dans lequel ils puisent de quoi forger leur propre caractère. Le style de commandement est sans doute le secret de la solidité de ces confiances que l’on crée lors des trois années de formation à Saint-Cyr.
Même si le terme est rarement employé dans notre armée, sans doute parce qu’il ne renvoie pas une image virile et guerrière, j’ai demandé à mes cadres d’appliquer un commandement empli d’amour ; un amour paternel, puisqu’il s’agit d’éducation, marqué par les sceaux de l’autorité et de l’exigence, mais toujours guidé par la bienveillance, par le souci de faire grandir et de transmettre. Ainsi, si l’on peut parler de « recette » pour transmettre la confiance (ou plutôt les confiances : en soi, en ses chefs, en ses subordonnés, en son régiment, en l’armée), il faut si l’on résume huit ingrédients savamment dosés en deux étapes au quotidien. Agir pour donner confiance, d’abord, en employant l’exemplarité, la justice et l’amour. Puis faire confiance et encourager, en donnant de la liberté d’action et en poussant à rechercher les transcendantaux que sont le vrai, le beau, le juste et le grand dans toute entreprise.
La recette est alléchante sur le papier. Il est autre chose de la réussir dans la Cocotte-minute évoquée au début de ce texte. Mais l’avantage de la population des saint-cyriens, c’est qu’elle est d’une franchise privée de toute gêne. Je saurai donc, au bout des trois ans de scolarité, si l’objectif est atteint ou si j’ai échoué dans ce projet, car les officiers sortant d’école savent juger leur encadrement et le faire savoir ! Pour autant, c’est dans leurs premiers engagements que nous jaugerons leur confiance en eux et en leur armée, par l’efficacité de leur action. Leur formation dans leur ensemble, et donc cette transmission de confiances, n’a d’autre but que de leur donner tout ce dont ils ont besoin pour vaincre.
1 À l’origine, le vorace est l’officier de permanence à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, chargé de la discipline en dehors des heures de service. « Se faire voracer » veut dire se faire punir. Dans les années qui suivent 1945, tous les officiers qui peuvent assurer cette fonction deviennent des voraces, en particulier l’encadrement au contact des élèves.
2 Dernier vers du Pékin de bahut, chant traditionnel principal (avec La Galette) de Saint-Cyr. Ce chant raconte la fugue d’élèves qui rêvent de la douceur de la vie civile, mais aussi la vie à l’école (le bahut). Le « pékin » est le civil en général. La formation intellectuelle, appelée « pompe », et la formation militaire ou « bataillon » y sont considérées comme abrutissantes. De façon ironique, ils souhaitent à leurs successeurs potentiels encore en classes préparatoires, de ne pas réussir le concours d’entrée : « Si vous connaissiez les horreurs de la pompe et du bataillon, vous préféreriez les douceurs de la vie que les pékins ont. » Lorsque ce chant est entonné par les saint-cyriens, la seule hiérarchie qui compte devient celle de l’ancienneté de la promotion d’appartenance.
A battalion of Saint-Cyr cadets is like a pressure cooker that is constantly on the verge of imploding. On the one hand, we have the sheer intensity of their training and the extraordinary expectations weighing over them, in a physical, military, academic and even human sense; on the other hand, we have an extraordinarily dynamic group of individuals, driven by the kind of motivation that can move mountains, eager to take matters into their own hands, and extremely critical of their leaders. This last aspect has a simple explanation: cadets naturally project themselves onto each of their teachers, whose ranks they will one day be called to take on. Thus, cadets will meet anything that falls below their expectations with harsh judgement.
Their harshness is a legitimate and relatively healthy part of a future officer’s development. However, in this very particular context, taking command of a battalion of cadets—a position which I currently have the honour of assuming—can sometimes seem more like a balancing act than like the role of an actual operational leader, which I have also experienced. It seems like a single word out of line, a single misinterpreted attitude, can undermine both the image of the exemplary officer that we are trying to pass on and the reciprocal trust that should invariably bind all subordinates to their leader. Could a mere misunderstanding or unpopular decision really be enough to foil the credibility or image of a “vorace”1, in spite of the instructor’s intrinsic qualities?
Yet, the balance is not so tenuous after all, even when dealing with a group of minds that nurtures a somewhat mocking spirit, in which pettiness and childishness become an art form. I feel that a fair and consistent leader will generally be forgiven, whereas a dishonest or over-the-top leader will be condemned for their slightest fault. How, then, are we to succeed in fostering and passing on the notion of trust to cadets, whose legitimate expectations make them as demanding as they are critical? The answer varies according to the type of trust in question.
- Trusting the institution
Our first challenge consists in ensuring that cadets trust the military establishment. How counterproductive it would be to pile real-life responsibilities onto fresh academy graduates, especially when they do not trust their military family! When comes the time for them to face their first challenges, or the many temptations of “civy life”2, it would be delusional to expect strong loyalty from untrusting officers. For anyone who is, consciously or unconsciously, uneasy about their military profession, civilian life will always have the tantalising effect of a siren’s call. It is therefore essential that Saint-Cyr cadets develop solid trust in the army as a whole—starting the very second they put on their uniform. To achieve this, I see no other way than to remain permanently in the realm of truth and to defend beauty itself.
The truth must, first and foremost, make sense. Every step of the process requires a proper explanation, especially when dealing with a particularly knowledge-hungry group in its early stages of training: we must teach the importance of each military ceremony, explore the meaning and roots of the army’s traditions—such as those linked to our patron saints—and help the group understand that the purpose of practicing physical and military drills in the field is to build moral resilience. A young person who is aware of why they get up in the morning will go further than one who is merely told to silently forge ahead.
The truth is also synonymous with honesty and transparency. For young people who are discovering a new world and preparing to dedicate most of their lives to it, it is essential that they never feel betrayed or disappointed due to a lack of truth or honesty. This forces our teaching body to maintain a constant level of credibility. It is out of the question for us to sweep our failures under the carpet with a convenient lie, or to “play” with the students by making them carry out tedious or meaningless tasks: we would rapidly risk stirring up a form of resentment for leadership, destroying the notion that an instructor can be both demanding and benevolent. I do not know if this level of credibility can be maintained throughout the cadets’ three years of training, yet it is certainly essential during their first few months, whilst cadets are still deciding how they feel about the institution. Truth is therefore an essential factor when training future officers on a daily basis.
Beauty, on the other hand, allows us to raise the truth even higher: by seeking aesthetic and ceremonial perfection at all times, the meaning of each element becomes deeply engraved in the mind. Instilling a taste for beauty in young cadets helps them establish a bond with the army and reinforces their trust in our institution. The beauty of a ceremony, even a simple one, depends on the accuracy and rigour with which it is carried out; it depends on a collective effort which, once it is grasped by the cadets, fills them with a heartfelt desire to “look sharp”. By learning to love all things ceremonial through their beauty, cadets gain a taste for military aesthetics, which then fosters a bond with, and therefore trust in, the army. Of course, their trust will first of all go to their unit, i.e. their closest military circle. It will then extend to their army corps, i.e. the training battalion for the time being. Yet these smaller forms of trust give rise to the most important of all: trust in the true Leviathan that is the military. This trust is essential for all military professionals, as it cements the kind of loyalty that is required of all officers.
- Self-confidence
Our second challenge consists in developing cadets’ self-confidence. Well-balanced self-confidence allows them to face adversity, whereas excessive self-confidence is conducive to neither humility nor healthy self-consciousness. Self-confidence undoubtedly begins with self-knowledge and, therefore, with the ability to surpass oneself: the realisation that a seemingly insurmountable physical, moral or intellectual task can indeed be overcome allows one to develop deep confidence in one’s own abilities. Testing cadets’ physical toughness, their moral resilience and their intellectual aptitude directly strengthens their self-confidence. The number of times I’ve heard the words “I never thought I could do it”!
Whilst fostering moral resilience through effort is absolutely essential, it is not everything. Cadets must be surrounded by true justice for self-confidence to flourish. In each of their day-to-day actions, fairness must be king. Therefore, as with all types of education, good deeds are rewarded and bad deeds are punished. This provides pointers on how far one can take the expression of one’s own individuality, whilst establishing a framework that serves a common cause—guided by a set of rules to ensure that the truth will prevail. Only by being fully aware of the breadth of one’s education and of the rules that govern one’s environment can self-confidence fully blossom. Only then can individuals become aware of their current level of knowledge, with full confidence in the fact that they are acting in accordance with protocol, the rules and ultimately, the truth.
Armed with newfound self-confidence, future officers are likely to face challenges with greater ease. All throughout their careers, they will also be required to inspire trust in various subordinates of all ranks. Professional competence is therefore paramount. The cadets’ increased knowledge fills them with self-confidence—as we have seen—and self-assurance, thus inspiring other people’s trust in turn. Yet, it is first and foremost through the rigour of their training, through the sweat of incessant drills ordered by their superiors, that cadets will sharpen their skills in all military fields. As they replicate what they have experienced, high standards and a great level of humanity will assuredly complement each future officer’s aura as a leader.
- Trusting one’s men
Nevertheless, trusting oneself and one’s leaders is still not enough: leaders must also trust their men and make them aware of it, far beyond the words that we utter when issuing commands. For a teacher, this form of trust constitutes the ultimate challenge, one for which the only viable solution is to set an example and to pass on a taste for true greatness. We must constantly work to pull our cadets upwards and show them that we can afford to aim high, even with limited means. We can then entrust them with a mission and let them complete it on their own terms, which yields truly breath-taking results. Trust is an absolute must, especially for younger cadets. They respond very badly to being infantilised, yet are almost always able to live up to the trust placed in them: their elders’ trust helps them surpass themselves. They learn that with enough will and trust, nothing is impossible. Once cadets have been enlightened by truth and beauty, once they have the feeling of living in a permanent state of justice, once they have acquired a taste for true greatness, no hurdles—no matter how great—can stop the sheer power of their trust in themselves, in the collective and in the values they uphold.
Let us not forget the central goal of this form of education. A single objective must guide all of our teachings: to inspire trust during combat, be it in one’s superiors, in one’s subordinates, in oneself or in one’s own physical abilities. We are responsible for creating self-confident officers who are serene in the face of adversity, masters of their environment who are able to face all types of difficulties, with great trust in their own capabilities and those of the army at large. « Trust is the keystone and the quintessence of all chains of command, » writes General Pierre Gillet in Qui est comme Dieu ? (Who is like God?). The forms of trust that we have addressed here are, therefore, essential to any leader in charge of cadets, as the latter will inevitably base their own behaviour on that of the former. The key to cementing these forms of trust, fostered throughout our cadets’ three years of training at Saint-Cyr, undeniably lies in the leader’s style of command.
Though the term is rarely used in military contexts—probably because it does not conjure up a virile and warlike image—I ask my officers to command with a great deal of love; this particular kind of education calls for fatherly love, defined by authority and high standards, yet always guided by benevolence, by a drive to help people grow and to pass on knowledge. Thus, the recipe for inspiring trust (in oneself, in one’s leaders, in one’s subordinates, in one’s regiment and in the army at large) requires eight ingredients, skilfully measured out in two stages and on a daily basis. First, we act to inspire trust, through exemplarity, justice and love. We must then encourage and trust in turn, by granting cadets freedom of action and by encouraging them to search for the transcendental meanings of truth, beauty, justice and greatness in all undertakings.
As appealing as the recipe may seem on paper, to actually manage the pressure cooker mentioned at the beginning of this text is a different matter altogether. Yet Saint-Cyr cadets offer one major advantage: they are unabashedly frank. At the end of their three years of schooling, I will therefore be certain of whether or not my goal has been reached; graduating officers certainly know how to judge their leaders—and do so loud and clear! Yet, it is only by observing the effectiveness of their actions during their first mission that we will be able to gauge their true self-confidence and their trust in the army. Our cadets’ training as a whole, and thereby the entire process of passing on trust, has no other aim than to give them everything they need to emerge victorious.
1 Vorace: The French term for “voracious” originally designated duty officers at Saint-Cyr Military Academy. The latter were responsible for maintaining discipline outside of duty hours. “Se faire voracer” means to be punished. After 1945, all of the academy’s officers became known as “voraces”, especially supervisors who were in direct contact with the cadets.
2 Life as a civilian. In fact, a traditional Saint-Cyr song, called Pékin de Bahut, tells the story of Academy cadets who dream of a comfortable civilian life. A pékin designates a “civy”, or civilian, and bahut is the French slang word for school. The song portrays the academy’s intellectual and military training as debilitating and ironically wishes the students’ potential successors, who are still undergoing preparatory training, to fail the entrance exam: “If you knew the horrors of lessons and training, you would choose the comfortable life that the pékins have”. When Saint-Cyr cadets sing this song, it instils the notion that the only true form of hierarchy is the seniority of their class.