La commémoration est à la mode dans notre pays. Les raisons sont probablement nombreuses pour expliquer ce besoin grandissant de célébrer le passé afin de mieux sentir ses racines et conforter ses fondements. Beaucoup estiment qu’il s’agit du syndrome naturel d’une société qui doute d’elle-même, de son avenir, et qui, regardant avec angoisse un horizon qui se dérobe, cherche dans son histoire quelques certitudes et quelques motifs de sérénité. D’autres, moins angoissés, estiment que l’accélération des techniques et des comportements sociétaux justifie, comme un contrepoids naturel, une référence au passé pour mieux se projeter dans l’avenir. Comme la quille d’un bateau, la mémoire célébrée permettrait d’équilibrer la vitesse croissante du vent de la modernité. Dans tous les cas, la commémoration exprime un présent insatisfait ou incomplet.
En France, nos commémorations renvoient bien souvent à des moments clés et douloureux de notre histoire, pour la plupart liés à la geste militaire. Puisque la France s’est construite par l’épée et par le glaive, il n’est pas étonnant de retrouver dans ce champ des commémorations une dimension importante de notre histoire militaire. Dès lors, commémorations nationales et commémorations militaires se confondent souvent, le centenaire de la Première Guerre mondiale offrant d’ailleurs aujourd’hui une bonne illustration de cette assimilation.
Si pour la plupart de nos concitoyens le militaire reste, par essence, le plus actif des « commémorants », il me semble cependant que derrière ce phénomène de société, civils et militaires ne se recueillent pas nécessairement aux mêmes autels. Derrière le décor solennel et la mise en valeur des plus grandes vertus, la commémoration militaire comprend une importante dimension utilitaire là où les commémorations nationales relèvent probablement davantage d’un processus cathartique. En d’autres termes, mêmes si elles s’abreuvent aux mêmes sources, les finalités de ces rendez-vous avec l’histoire ne visent pas nécessairement les mêmes points.
Je voudrais en quelques lignes tenter d’illustrer cette intuition en m’appuyant sur mon expérience de ce sujet, vécue au sein de la Légion étrangère à travers la commémoration du combat de Camerone.
- Camerone : le choix utilitaire du général Rollet
À la Légion, Camerone est plus qu’un anniversaire. C’est le cœur battant d’un système. Ce combat, insignifiant aux yeux des historiens militaires, n’a changé ni le cours de la campagne du Mexique ni celui de l’histoire de France. Épiphénomène opérationnel, oublié au sein même de la Légion pendant plus de cinquante ans, il ne constitue pas à l’évidence un événement « historique ». L’origine de cette commémoration remonte à 1906, lorsque la Légion d’honneur fut attribuée au drapeau du 1er régiment étranger. Épisodiquement célébrée jusqu’à la Grande Guerre, elle devint véritablement rituelle avec le centenaire de la Légion étrangère en 1931, sous l’impulsion du général Rollet, premier commandant de la Légion étrangère.
La Légion aurait eu bien d’autres batailles plus prestigieuses à faire valoir, tant son histoire militaire au cours du xixe siècle était riche. Elle aurait pu mettre à l’honneur la rupture de la ligne Hindenburg par le régiment de marche de la Légion étrangère en 1918, la bataille de Magenta ou celle de Sébastopol. Ces choix n’ont pas été faits. L’anonymat d’un combat sans importance a été retenu pour des raisons qui renvoient moins à des considérations éthiques qu’à des circonstances précises et à des besoins pragmatiques. À un moment où la Légion étrangère voit ses effectifs et ses unités croître fortement, au point que le besoin se fait sentir de créer un commandement spécifique, l’institution éprouve la nécessité de définir rapidement des repères, des symboles et des traditions communes à même de justifier cette nouvelle organisation plus intégrée. C’est toute l’œuvre du général Rollet, « père de la Légion », que de poser les fondements déontologiques de celle-ci. Comme si elle craignait de perdre dans son élargissement une partie de son âme.
Il n’y a donc dans cette démarche aucune volonté de se ressourcer face à l’adversité en retrouvant ses valeurs originelles. Aucune nécessité non plus de purger un passif par une mise en scène de ses vertus. Il y eut plutôt un besoin impératif de poser les fondations d’un nouveau projet. Sur ses fonts baptismaux, la commémoration de la bataille de Camerone parle donc plus de l’avenir que du passé.
N’étant pas historien, je ne peux qu’imaginer les critères qui prévalurent au choix final du général Rollet. En premier lieu, il fallait un fait d’armes fédérateur. Le choix de la campagne du Mexique permettait de remonter aux origines en faisant référence à une période où la Légion n’était composée que d’un seul régiment. Par filiation, chaque unité qui sera ensuite créée pourra légitimement s’en inspirer. Aujourd’hui encore, chaque légionnaire se sent naturellement dépositaire de ce patrimoine commun. Pour mieux souligner cette continuité, il fut également institué que chaque nouvelle unité porterait sur son drapeau l’inscription « Camerone 1863 » en guise de cadeau de baptême.
Il fallait également un combat spécifique, autonome, dans lequel la Légion puisse se retrouver face à elle-même. Comme un élément pur, le combat solitaire du capitaine Danjou et de ses hommes permettait d’isoler les vertus légionnaires dans un creuset étanche au sein duquel l’institution viendra chaque année se ressourcer. Cette démarche ne visait en aucune manière de se placer au-dessus des autres « chapelles » dans une échelle des valeurs de la bravoure militaire. Il s’agissait plutôt de se démarquer volontairement des grandes batailles collectives pour conserver la pleine propriété du sujet et son usage exclusif.
Victoire rayonnante ou défaite glorieuse ? La question s’est probablement posée. Une victoire aurait permis de célébrer un résultat, un bilan, en se rassurant sur la solidité de ses bases. Mais dans l’armée comme dans la vie on apprend plus d’un échec que d’un succès, car c’est toujours dans l’adversité que l’essentiel transparaît le plus clairement. Pour formaliser les repères déontologiques dont l’institution avait besoin à ce moment-là, le général Rollet fit donc le choix d’une défaite anonyme qui embrassait dans une même légende les points clés qu’il souhaitait mettre en valeur : une force combattante, une nouvelle patrie, une fidélité à la parole donnée.
Force combattante, car l’histoire souligne que ceux qui prennent part à la mission du 30 avril 1863 n’étaient pas tous destinés à combattre ce jour-là. Les trois officiers qui encadrent la 3e compagnie sont respectivement le porte-drapeau du régiment, le payeur et l’adjudant-major, bref des officiers dont les fonctions ne les prédestinent pas à mourir en héros. Le récit adresse donc à chaque légionnaire la consigne de se tenir prêt à combattre, quelles que soient sa fonction ou son ancienneté, car personne ne peut connaître le lieu et l’heure de son rendez-vous avec le destin.
Nouvelle patrie, car le général Rollet, héros de la Grande Guerre, sait que, pour un étranger, le sacrifice suprême ne peut se concevoir qu’en utilisant le relais d’une institution forte qui seule peut générer autant de force d’âme que la référence au pays natal. C’est pour cette patrie d’emprunt, sur laquelle se transfèrent et se cumulent les fiertés nationales, que les légionnaires iront jusqu’au bout de leur mission. C’est ce qu’ils firent à Camerone en ne se sacrifiant ni pour le Mexique ni même pour l’empereur Napoléon III mais pour la Légion, entité hors sol qui transporte avec elle sa propre patrie. Pour construire cette notion, la Légion a besoin de règles propres, d’un encadrement adapté et d’une relative autonomie que le nouveau commandant de la Légion veut construire et préserver.
Un serment de fidélité envers la parole donnée, enfin. Ce que le capitaine Danjou exige de ses hommes, c’est le simple rappel du serment de fidélité que prononce chaque légionnaire au moment de son engagement. Cette parole donnée sur laquelle repose toute l’allégeance d’un étranger au service de la France ne souffre aucune exception. La main en bois du capitaine Danjou, que la Légion exhume chaque 30 avril, relie la légende au présent. Cet argument a également dû peser dans le choix du général Rollet, car il savait que la Légion se renouvelle au gré des crises géopolitiques, modifiant sans cesse le profil de l’étranger au service de la France. Il savait donc bien que ce récit un peu désuet ne pouvait, sans une certaine incarnation, résister au temps. Cette main en bois constitue donc le lien entre les légionnaires et entre les époques, symbole matériel qui justifie toutes les contraintes, y compris celles de la vie courante.
Camerone n’est donc pas un héritage ancien que la Légion de 1931 met en scène. C’est un choix raisonné et utilitaire qui permet à une institution en pleine croissance de poser les bases déontologiques et statutaires qui doivent assurer son avenir. Sous l’hacienda de Camerone se trouvent en réalité les fondations d’un système qui s’est prolongé jusqu’à aujourd’hui.
- Camerone aujourd’hui : le fondement de la vie courante
Quatre-vingts ans plus tard, Camerone constitue toujours le point central de la Légion étrangère. La commémoration du combat chaque 30 avril reproduit un rituel immuable, chargé de symboles qui dessinent précisément les contours de l’institution : à Aubagne, la main du capitaine Danjou, portée par un officier, un sous-officier et un légionnaire émérites, sort de la crypte et remonte la voie sacrée vers le monument aux morts, un globe rappelant l’ensemble des théâtres où la Légion a combattu. En quelques minutes, dans une chorégraphie hors du temps, la Légion se raconte à elle-même plus qu’elle ne s’adresse au monde.
Au même moment, partout où les légionnaires sont engagés ou déployés, la lecture du combat résume les fondamentaux. Le mythe et la légende parlent en fait d’une histoire concrète, pratique, pragmatique, qui touche la vie de chaque légionnaire. De manière assez étrange, Camerone ne se commémore pas une fois l’an ; il se vit au jour le jour.
« Faire Camerone » est devenu une expression banale que le légionnaire d’aujourd’hui utilise sans restriction. Elle signifie bien moins que le sacrifice de sa vie qui reste un aléa librement consenti. Seulement une référence au caractère impératif de la mission confiée, même la plus humble. D’ailleurs, les jeunes légionnaires qui vivent leur premier Camerone ne voient généralement dans cet événement qu’une lourde corvée marquée par des répétitions, des travaux de nettoyage et toute une série de tâches supplémentaires qui viennent s’ajouter à un quotidien déjà rude. À défaut de percevoir un fond qui ne se révélera à eux que progressivement, ils entrent dans cette légende par la petite porte, en apprenant surtout que la grandeur de la mission se mesure à l’aune du travail bien fait.
« Faire Camerone », pour un légionnaire aujourd’hui, c’est accepter sans réserve l’ordre donné, sans états d’âme et sans interprétation, dans la pleine confiance du supérieur. « Faire Camerone », c’est aussi endurer un entraînement sévère, entretenir sa forme physique sans jamais tomber dans la facilité. « Faire Camerone », c’est clairement distinguer ce qui relève de la « famille » et ce qui en creux appartient à la « régulière », c’est-à-dire tout le reste. « Faire Camerone », c’est sans cesse se référer au contrat signé lors de son engagement, contrat juridique mais surtout contrat moral qui repose sur le simple principe de la parole donnée. Cet engagement est une affaire personnelle et intime, un code qui existe dans toutes les cultures et dans toutes les civilisations. Quelle que soit son origine, le légionnaire en a la même perception. « Faire Camerone », c’est en somme donner au quotidien de la consistance à un serment prêté en toute liberté à une « patrie de substitution ». Le cadre historique, les enjeux géopolitiques ou les convictions politiques comptent assez peu dans cet engagement.
Pour donner un peu d’actualité à cette référence lointaine, la Légion a d’ailleurs éprouvé le besoin, dans les années 1980, de décliner le récit mythique dans un document plus intelligible pour le légionnaire d’aujourd’hui. À travers ses sept articles, le Code d’honneur du légionnaire traduit de manière pratique les principaux messages du combat de Camerone. Simple mise à jour d’un message constant élaboré en 1931.
Au-delà de ce lien direct entre l’institution et chaque légionnaire, Camerone sert toujours également de référentiel à une organisation spécifique précisément décrite dans un statut. Au départ simple ordonnance du roi Louis Philippe, celui-ci a traversé les âges et existe toujours aujourd’hui comme une déclinaison particulière du statut général des militaires1. On y trouve, sur un plan juridique et administratif, les règles fondamentales qui organisent la gestion spécifique de cette troupe : une force combattante, une gestion autonome, un service exclusivement sous contrat, un engagement sous identité déclarée. Ces points clés nous renvoient très directement à la légende du combat.
Au bilan, Camerone reste donc toujours aujourd’hui un repère pour le présent et pour le fonctionnement courant d’une institution qui se recompose à chaque instant. Slaves des années 1990, Asiatiques et Sud-Américains des années 2000, peut-être demain volontaires du Proche et du Moyen-Orient en pleine ébullition, chaque époque s’alimente aux soubresauts de la planète. La recherche d’un dénominateur commun reste donc la clé de voûte du système. Cette clé de voûte si méticuleusement entretenue n’est autre que le combat de Camerone que l’on célèbre plus comme une base déontologique que comme une référence éthique.
Il ne s’agit pas ici de dresser un panégyrique de la Légion étrangère. D’autres que moi auraient pu écrire les mêmes lignes autour du combat de Bazeilles, de Sidi-Brahim ou de la Bérézina. On y retrouve les mêmes ferments, les mêmes ressorts. Commémorer pour la communauté militaire revient donc moins à célébrer le passé qu’à conforter le présent dans une dimension plus utilitaire que morale. Commémorer pour le soldat, c’est d’abord se sentir ensemble, ici et maintenant, pour donner du sens au présent et de la force morale au collectif. En d’autres termes, il ne s’agit que de se préparer au combat à venir et en premier lieu celui du quotidien. Tout le reste n’est peut-être que littérature.
1 Le 16 septembre 2008 a été publié au Journal officiel de la République française le décret relatif aux militaires servant à titre étranger. Il abroge les deux décrets de 1977 qui auront régi ce statut pendant les trente dernières années.
Remembrance is in fashion in France. There are probably numerous reasons to explain this growing need to celebrate the past to get in better touch with one’s roots and reaffirm one’s foundations. Many believe it concerns a natural process for a society questioning itself and its future, and, anxiously contemplating a horizon that is slipping away, seeks some certainty and grounds for serenity in its history. Others, less anxious, believe that increasing technology and social change justifies, as a natural counterbalance, a reference to the past to better envision the future. Like the keel of a boat, celebrating memory seems to balance the increasing speed of the winds of modernity. In all cases, remembrance points to a present which is unsatisfying and incomplete.
In France, our occasions for remembrance often refer to key painful moments in our history, usually linked to military action. Since France was created by the sword, it is not surprising to find an important dimension of our military history in such commemorations. National and military commemorations are thus often merged, with the centenary of World War I providing a good illustration of this assimilation.
If the military remains the most active source of commemorative moments for most of our fellow citizens, it nevertheless seems that despite this social phenomenon, civilians and soldiers do not necessarily pay homage to the same shrines. Behind the solemn decoration and honouring of the highest virtues, military commemoration includes an important utilitarian dimension while national commemorations probably derive more from a cathartic process. In other words, even if they are fed by the same sources, the aims of these encounters with history are not necessarily the same.
In just a few lines, I would like to try to illustrate this intuition using my experience in this subject taken from my first-hand knowledge of the French Foreign Legion and the commemoration of the battle of Camerone.
- Camerone: General Rollet’s utilitarian choice
In the Legion, Camerone is more than an anniversary. It is the beating heart of a system. The battle, insignificant for military historians, did not change the course of the Mexican campaign or the history of France. A secondary operation, forgotten even within the Legion for more than fifty years, it does not overtly constitute a “historic” event. The origin of the commemoration begins in 1906, when the flag of the first foreign regiment was awarded the Légion d’Honneur. Celebrated occasionally before the outbreak of World War I, it became a ritual with the centenary of the Foreign Legion in 1931 under the efforts of General Rollet, first commander of the Foreign Legion.
Given its rich military history in the nineteenth century, the Legion could have chosen to mark many other more prestigious battles. It could have chosen to honour the success of the Foreign Legion’s March Battalion in breaching the Hindenburg line in 1918 or the Battles of Magenta and Sebastopol. This was not the choice that was made. An anonymous, unimportant battle was selected less for ethical considerations than for specific circumstances and pragmatic needs. At a time when the numbers and units of the Foreign Legion were growing rapidly so that there was a need to create a specific command, the institution found it necessary to quickly define references, symbols and shared traditions in order to justify the new, more highly integrated organisation. The true work of General Rollet, “father of the Legion”, was to lay the ethical groundwork for the organisation, as if the Legion feared losing part of its soul in the expansion process.
This approach is not at all about seeking strength in the face of adversity by returning to original values. It was also not necessary to rid itself of liabilities by highlighting virtues. Instead, there was an imperative to lay the foundations for a new project. In its essence, the commemoration of the battle of Camerone speaks more to the future than the past.
Since I am not a historian, I can only imagine the criteria that led to General Rollet’s final choice. First, it had to be a unifying military action. Selecting the Mexican campaign recalls the beginnings by referring to a period when the Legion was composed of a single regiment. As direct descendants, each unit created thereafter has a right to be inspired by Camerone. Today, each legionnaire still naturally feels a part of this common heritage. To further underline this continuity, each new unit was required to have the inscription “Camerone 1863” inscribed on its flag as a gift in honour of its founding.
It also had to be a battle that was specific and autonomous in which the Legion came face-to-face with itself. Like a point of reference, the isolated battle of Captain Danjou and his men provided the opportunity to single out the virtues of the Legion in a sealed crucible in which the institution would come each year to renew itself. In no way did this approach attempt to place itself over other “altars” in a scale of values of military bravery. It was rather an intentional effort to distinguish it from the great collective battles to preserve the full suitability of its subject and its exclusive use.
Shining victory or glorious defeat? The question has probably been asked. A victory would have led to celebrating a result, in being reassured of the solidity of its foundations. In the army, as in life, however, more is learned from failure than success, because the essentials always appear most clearly during adversity. To formalise the ethical references the Legion needed at the time, General Rollet chose an anonymous defeat that embraced the key points he sought to highlight in the same account: a combat force, a new country and fidelity to one’s word.
A combat force, because history stresses that those who took part in the mission of 30 April 1863 were not all intended to fight that day. The three officers in charge of the third company were respectively the regiment flag-bearer, the paymaster and the chief warrant officer, i.e., officers with functions that did not foreshadow that they would die as heroes. The narrative thus instructs each legionnaire to be ready for battle, whatever his function or rank, because none can know the place and the hour of his rendezvous with destiny.
A new country was required because General Rollet, a hero of World War I, knew that for a foreigner, the ultimate sacrifice cannot be imagined without reliance on a strong institution which alone can generate as much allegiance as reference to the land of one’s birth. It is for this adopted land, to which national pride is transferred and accrued, that the legionnaires will do all to accomplish their mission. This is what they achieved at Camerone by sacrificing themselves neither for Mexico nor even for Emperor Napoleon III but for the Legion, a non-territorial entity that takes its country with it. To construct this concept, the Legion needed clear rules, appropriate leadership and relative autonomy that the new commander of the Legion sought to construct and preserve.
Lastly, it concerns an oath of fidelity to one’s word. Captain Danjou required that his men recall the oath of fidelity that each legionnaire pronounces when joining the force. There are no exceptions to this oath, on which rests the entire allegiance of a foreigner serving France. The wooden hand of Captain Danjou, which the Legion exhumes every 30th of April, ties the legend to the present. This point must also have influenced the choice of General Rollet, because he knew that the Legion would evolve with geopolitical crises, thus constantly changing the profile of the foreigner serving France. He thus knew well that this somewhat out-dated narrative, without a certain physical presence, could not withstand time. This wooden hand thus constitutes the link between legionnaires and epochs, a material symbol that symbolises all constraints, including those of everyday life.
Camerone is thus not an old heritage that the Legion chose to stage in 1931. It is a reasoned, utilitarian choice that enabled a growing institution to lay ethical and legal foundations to ensure its future. The hacienda of Camerone provided the basis for a system that has survived to the present.
- Camerone today: the foundation of everyday life
Eighty years later, Camerone today constitutes the central focus of the French Foreign Legion. The commemoration of the battle on 30 April each year reproduces an unchanging ritual, loaded with symbols that carefully outline the contours of the institution: in Aubagne, the hand of Captain Danjou, carried by an exemplary officer, non-commissioned officer and legionnaire, is taken out of the crypt and up the sacred path to the monument to the dead, a globe indicating all the theatres where the Legion has fought. In several minutes, in a timeless choreography, the Legion recalls its own history more than it addresses the outside world.
At the same time, everywhere legionnaires are committed or deployed, the reading of the battle sums up the foundations. The myth and the legend speak of a concrete, practical and pragmatic history that touches the life of each legionnaire. In odd fashion, Camerone is not remembered once a year, but is lived on a daily basis.
“Faire Camerone” (re-living Camerone) has become a regular expression for today’s legionnaires, who use it without restriction. It signifies much less than the sacrifice of one’s life, which remains a freely accepted contingency. It is merely a reference to the imperative nature of the assigned mission, even the most humble. Young legionnaires experiencing their first Camerone find in this event only a hard, repetitious task, cleaning chores and a long series of additional tasks on top of an already tough daily routine. Unable to perceive the end which is only known gradually over time, they enter into the legend by the back door, learning foremost that the greatness of the mission is measured by work done correctly.
“Faire Camerone” for a legionnaire today is to accept an order without reservation, without emotion or interpretation and with full confidence in the senior officer. “Faire Camerone” is also to endure hard, physical training that is never easy. “Faire Camerone” is also to clearly distinguish what concerns the “family” and that which is “ordinary”, i.e. everything else. “Faire Camerone” is to constantly refer to the contract signed when joining the Legion, which is not only a legal contract but a moral contract that relies on the simple principle of giving one’s word. This commitment is a personal, intimate matter, a social code that exists in all cultures and all civilisations. Whatever their origins, all legionnaires have the same perception of it. In short, “faire Camerone” is to give substance to a freely taken oath to a “substitute country”. Historical framework, geopolitical issues and political convictions count for little in this commitment.
To make this distant reference more immediate, the Legion found it necessary in the 1980s to recount the mythic narrative in a document that is more intelligible to today’s legionnaire. Through its seven articles, the Legionnaire’s honour code provides a practical application of the main messages of the battle of Camerone. It is a simple update of the message of 1931.
Beyond this direct link between the institution and each legionnaire, Camerone also serves as a reference point for a specific organisation precisely designated in law. Initially a simple order of King Louis Philippe, it has traversed the centuries and today exists as a specific application of the general statute of soldiers1. From legal and administrative points of view, it contains the basic rules for organising the specific supervision of the troops: a battle force, autonomous supervision, service based solely on contract and signing up under a declared identity. These key points refer directly to the legend of the battle.
In summary, Camerone today remains a reference for the current operation of an institution in constant renewal. Slavs in the 1990s, Asians and South Americans in the 2000s, perhaps volunteers from the turmoil of the Near and Middle East in the near future, each period is fuelled by the planet’s convulsions. The search for a common denominator thus remains the cornerstone of the system. The cornerstone that is so carefully tended is none other than the battle of Camerone, which is celebrated more as foundation for a professional code of conduct than an ethical reference.
The goal here is not to offer an ode to the French Foreign Legion. Others can write the same lines about the battles of Bazeilles, Sidi Brahim and Berezina, where the same ferment and driving forces are found. Commemoration for the military community is thus less about celebrating the past than affirming the present in a manner that is more utilitarian than ethical. Commemoration for the soldier is first and foremost feeling part of a team in the here and now in order to give meaning to the present and imbue the group with moral strength. In other words, it concerns only preparing for the upcoming battle, beginning with that of daily life. Everything else is perhaps only literature.
1 On 16 September 2008, the decree regarding foreign citizens serving in the French armed forces was published in the Journal officiel de la République française. It abrogated the two decrees of 1977 which had governed them for the previous thirty years.