De la mise en place d’un service militaire de masse à la fin de la conscription, la notion de « dressage » du corps humain en vue de la guerre a été érigée en dogme au sein de l’institution militaire. Ce n’est qu’aux lendemains des hécatombes de la Grande Guerre que l’emploi du terme, alors accepté sans ambages par la société parce qu’il prolonge le « dressage » ouvrier, commence à poser problème.
L’éducation physique du soldat, vue comme un élément de sa capacité de survie sur le champ de bataille, est alors totalement transformée par la lecture sociale empreinte des tendances pacifistes, voire « démilitarisantes », des sociétés occidentales. Ce processus s’accélère avec la guerre d’Algérie, à partir de laquelle s’opère, incontestablement, une rupture entre la jeunesse française et le devoir de défense. D’éléments d’adaptation au feu du combat, le « dressage physique » devient, dans certaines lectures militantes, un facteur d’aliénation du soldat. Cela signifie que la pratique des exercices physiques et du sport par l’armée s’appuie sur des pratiques sociales successives et historiquement datées, et sur des représentations d’un utilitarisme fluctuant.
Nous voudrions envisager ici la question des relations entre gestes du sport et gestes de la guerre selon plusieurs perspectives emboîtées. Comment l’armée voit-elle la formation physique du soldat, dont la pratique du sport est un élément depuis le xixe siècle ? Comment procède-t-elle à un réinvestissement productif des gestes de l’éducation physique pour les adapter à la pratique militaire – ce qui ne signifie pas forcément pratique guerrière ? Comment peuvent être analysés les gestes de la guerre par rapport à ceux des exercices physiques et du sport intériorisés par la formation militaire ?
- Les références utilisées par l’armée
Le corps, fort en vogue aujourd’hui dans la société, apparaît non seulement comme une entité physiologique, mais plus encore comme une notion anthropologique. Pour un militaire, il doit être « technicisé », c’est-à-dire rendu compatible avec la pratique de la guerre, ou du moins de sa préparation. Mais à partir de quelles techniques l’armée prétend-elle former les futurs combattants ?
Pour un historien du phénomène guerrier, il convient surtout, dans un premier temps, de clarifier un certain nombre de termes qui révèlent des approches différentes, bien que complémentaires, de l’expression des corps par l’institution militaire. Quels choix l’armée opère-t-elle ? « Sport », « gymnastique », « éducation physique » ne sont pas des termes équivalents. La gymnastique est « l’art d’exercer, de fortifier et de développer le corps humain par un certain nombre d’exercices physiques » (Larousse). L’éducation physique, un ensemble qui englobe un champ d’action qui n’est pas propre au militaire. Les sociétés d’éducation physique, l’éducation physique scolaire en sont aussi des composantes. Elle dispose de moyens propres, tels que la culture physique, les « jeux sportifs » (football) et les sports proprement dits : marche, course, lancer athlétiques, escrime, lutte, natation…
La gymnastique militaire apparaît précocement en France grâce au colonel Francisco Amoros (1770-1848). Après avoir servi dans l’armée espagnole, il est fait ministre de l’Intérieur par Joseph Bonaparte. À la fin du Premier Empire, installé en France, il introduit dans l’armée française, en accord avec Napoléon, la notion d’exercices de gymnastique. Sa méthode, assez simple au demeurant, qu’il résume de la formule lapidaire « ma méthode s’arrête où l’utilité cesse », devient hégémonique dans un premier temps, avec la création, en 1852, de l’école de Joinville, chargée de former les moniteurs et les maîtres de gymnastique. À sa mort, ses méthodes perdurent. Le premier directeur de l’école, le commandant Louis d’Argy, et son assistant civil, Napoléon Laisné, sont, en effet, d’anciens collaborateurs. Les exercices sont parfois assez violents, mais ils font surtout le lien entre l’éducation physique et l’éducation morale, notamment dans le sens du sacrifice de soi par le biais des exercices physiques. Amoros s’inspire des théories de Pestalozzi, qui lui-même regarde du côté de Jean-Jacques Rousseau, pour affirmer que « la bienfaisance et l’utilité commune sont le but principal de la gymnastique ».
Les Joinvillais, qui ne pensent que par l’utilitarisme, demeurent donc réticents au « sport » au sens anglais, marqué par l’amateurisme. Pourtant les catégories ne sont pas figées ad vitam aeternam. En 1906, la boxe, la natation et le cyclisme sont introduits à Joinville par des officiers rebutés par la gymnastique militaire traditionnelle. Et bientôt des Joinvillais s’illustrent en compétition1. Cinq d’entre eux seront distingués au concours de l’athlète complet de 1913, alors que le titre n’est décerné qu’à six concurrents. Après l’instruction du 1er septembre 1912, qui la réorganise, l’école verra son rayonnement s’accroître fortement. Mais en août 1914, elle doit fermer ses portes pour les raisons que l’on sait.
Le plus inclassable de tous les théoriciens des exercices de la formation physique au service de la formation des champions sportifs est sans conteste Georges Hébert (1875-1957), venu du monde militaire. Élève de Navale en 1893, il met au point la « méthode naturelle », qui s’inspire en partie de celle de Georges Demenÿ. Il s’agit de façonner les caractères autant que les corps. Des méthodes et des pratiques qu’il expérimente d’abord au sein de la Royale avant de les développer à terre, à Reims, à partir de 19122. Chargé d’encadrer une unité de fusiliers marins dans leur préparation physique à sa sortie de Navale, il se révèle totalement dans cette mission. Le 20 décembre 1905, il envoie un projet de manuel de gymnastique spécial à la Marine, qui est approuvé en janvier 1906. Son idée : imposer la gymnastique comme base de la préparation des fusiliers marins. Le président de la République, Armand Fallières, modifie le décret du 30 avril 1897 sur l’organisation de la flotte en ce qui concerne l’enseignement de la gymnastique et de l’escrime au bataillon des apprentis fusiliers de Lorient. La renommée d’Hébert au sein de la Royale devient alors très importante. En 1910, il est nommé directeur technique des exercices physiques de la Marine, titre qui n’existait pas jusqu’alors. Son premier ouvrage théorique, Guide pratique d’éducation physique, est publié en 1909. Suit, en 1911, Le Code de la force puis, en 1913, la Culture virile par l’activité physique et, en 1925, Le Sport contre l’éducation physique. Au total neuf volumes parus en trente ans décrivent la « méthode naturelle ». Une méthode beaucoup plus attrayante que les précédentes, qui révolutionne les usages de l’éducation physique. Touchant à l’universalité, elle ne peut qu’intéresser les militaires.
Mais l’intransigeance d’Hébert et sa recherche d’hégémonisme ruinent les perspectives de reconnaissance de ses travaux, par l’Université notamment. D’autant que les théoriciens-praticiens de la formation physique et sportive, tel Hébert, entrent en concurrence avec une autre catégorie d’experts : les médecins. Le docteur Nimier, médecin inspecteur général de l’armée, donne, par exemple, en 1914, une leçon de tir : « Se tenir en équilibre, maintenir l’arme après l’avoir chargée, voir le but et agir sur la détente, ce sont là autant d’opérations qui, dans ce tout si mobile jusque dans son intimité la plus profonde qu’est le corps humain, relèvent d’incitations nerveuses fort complexes et d’actions musculaires fort variées. Et avant d’être dressé, le tireur doit répéter nombre de fois, isolément d’abord et même en en décomposant les divers temps, chacune des opérations précédentes, qu’il s’efforcera ensuite de reproduire en succession de plus en plus rapide. […] Il doit par la suite tout d’abord vouloir agir et ce n’est que progressivement, par habitude, que ces actions nerveuses et musculaires, tombant dans le domaine du subconscient, deviennent, comme le disent les physiologistes, des actes réflexes. Chez le tireur dressé, les divers actes de tir méritent d’être taxés d’automatiques. […] Comme conclusion, avec le capitaine Leblois3, nous dirons : former un bon tireur, c’est développer l’intelligence et les qualités physiques de l’homme ; c’est donner au soldat du coup d’œil, de l’amour-propre, du sang-froid, c’est créer en un mot une valeur individuelle. »
Georges Hébert renvoie sans ménagement les médecins à leurs chères études. « Des médecins ont cru un instant qu’ils étaient plus qualifiés que tous autres, grâce à leurs connaissances professionnelles, pour connaître les meilleurs procédés de développement humain. […] Une méthode de travail, en effet, ne peut pas être déduite de simples connaissances anatomiques ou physiologiques. […] Le médecin […] est loin de par sa propre formation d’être un athlète ou un modèle de perfectionnement physique4. »
Quels que puissent être les débats sur les rapports de la formation physique et sportive à la guerre, à plusieurs reprises dans l’histoire contemporaine française des défaites ont été attribuées à l’absence d’entraînement physique.
C’est le cas après la guerre de 1870. Un certain nombre d’officiers supérieurs et généraux, davantage de courtisans ou exécutants – dans la tradition napoléonienne –, n’ont pas été à la hauteur. On connaît le cas d’un divisionnaire refusant de se déplacer sans sa baignoire ! C’est ainsi que le sentiment de la défaite entre en concordance de phase avec des ambitions d’évolutions sociales venues des catégories privilégiées et des élites politiques, qui s’expriment de deux manières : ancrer les idées républicaines par le biais de l’école et du service militaire, et généraliser le sport dans l’ensemble de la société. Un ensemble cohérent militaro-civil à travers les deux pôles de la vie du citoyen, l’école et le service militaire, se dessine ainsi, ce qu’a décrit Pierre Arnaud5. Odile Roynette a également écrit de belles pages sur « Le service militaire, source de régénération nationale »6.
La Prusse devient le modèle à copier afin de mieux la vaincre à nouveau. Le 14 janvier 1883, Jules Galland, président de la société de gymnastique La Cambrésienne, fait un long discours7 dans lequel il s’inspire du mouvement du Turnen allemand, créé au début du xixe siècle par le professeur Jahn, pour exalter le rôle des sociétés de gymnastique : « Quelle différence, si nous envoyons à l’armée des contingents entiers d’hommes rompus à la fatigue, faits à la marche, trouvant le fusil léger en comparaison des haltères avec lesquels ils auront eu l’habitude de jongler, audacieux de cette noble audace qui entraîne dans les moments décisifs les hommes vigoureux. » De la même manière que la création de l’École supérieure de guerre prend modèle sur l’Académie militaire prussienne, les partisans de la formation physique du soldat français s’appuient sur la gymnastique allemande.
Je n’ai pas à revenir ici en détail sur les débats sans fin qui précédèrent l’instauration d’un service militaire généralisé8. Retenons cependant quelques éléments récurrents. Au plan idéologique, l’idéal hérité de la période révolutionnaire est souvent mis en avant. Il faut créer le peuple en armes, mythe assez spécifiquement français qui débouche sur quelques contradictions. Les soldats sont censés mettre en œuvre sur le champ de bataille les mêmes vertus que celles dont ils font preuve dans la cité. L’idéal civil est ainsi exprimé dans le concept démocratique du débat, profondément antinomique de l’idéal militaire de l’intériorisation de la discipline qui débouche sur l’obéissance absolue.
Le « marronnier » le plus célèbre d’une lecture simpliste des idées de revanche et d’une expression idéalisée du couple armée/école tient dans la présentation des trop fameux « bataillons scolaires ». Ce n’est d’ailleurs pas l’armée qui est demandeuse de ces pratiques. Un décret de 1882 prévoit l’accueil des enfants à partir de treize ans – c’est-à-dire l’âge qui voit disparaître l’obligation scolaire – dans ces bataillons. Chaque établissement doit avoir son drapeau ainsi que des instructeurs militaires qui initient les élèves à la discipline de base, à la gymnastique et au tir réduit, à raison de trente cartouches par an. Mais cela reste tout à fait théorique. L’armée répugne en effet à détourner des sous-officiers de leurs tâches pour venir encadrer les enfants. Et les instituteurs, bien que très patriotes à l’époque, ne voient pas forcément d’un bon œil quelqu’un venir les remplacer dans l’exercice de leur autorité, alors incontestée. Alain Corbin, travaillant sur le Limousin, a montré que, dans cette région, seul un instituteur rural a mis en place une telle formation. Les lycées et collèges participent relativement peu au mouvement, comme si ces manifestations d’un patriotisme venu d’en haut étaient nécessaires au bon peuple mais pas aux enfants de la bourgeoisie. Les « bataillons scolaires » se résument en fait à un beau coup « médiatique » des milieux républicains parisiens. Preuve qu’ils ont réussi, l’expérience fait encore aujourd’hui l’objet d’une sur-représentation mémorielle impressionnante. En revanche, lors de la dissolution de ces bataillons, en 1892, l’armée encourage la création de sociétés de préparation militaire. À partir de 1903, celles-ci décernent des brevets de préparation militaire dotés de certains avantages matériels comme des jours de permission ou l’accès aux pelotons d’élèves caporaux. Dès lors qu’il y a avantage matériel, il y a intérêt individuel, et ces sociétés se multiplient. Elles sont deux mille en 1905 et six mille en 1913.
On retrouve un système d’explication de la défaite par l’absence de pratique physique avec le régime de Vichy, qui met en cause les enseignements pernicieux des instituteurs laïcs, mais également le fait que les soldats français n’auraient retrouvé la condition physique que pour mieux courir vers la Loire. Dans un ouvrage consacré à la drôle de guerre9, j’ai montré que les images d’Épinal avaient la peau dure. Il suffit de regarder la silhouette de quelques généraux en chefs de 1940 pour constater que les formes l’emportent largement sur la forme tout autant au sein du commandement que de la troupe.
Encore en 1946, les projets de réforme du service militaire de Jean de Lattre de Tassigny visaient à combattre l’avachissement des militaires en consacrant l’essentiel de l’instruction à des exercices physiques dans des camps de toile en pleine nature.
- Le sport en mode utilitariste : l’instruction du combattant
Le propre du corps guerrier est de « devoir s’adapter aux contraintes extrêmes et aux sollicitations poussées auxquelles le métier des armes l’expose »10. Il est lié à un état de développement social. Dès la mise en place de la conscription, différentes modalités ont été mises en œuvre afin de mesurer la capacité physique des futurs combattants. Les conseils de révision, présidés par les préfets, en apportent la preuve, lors de la création d’un service militaire universel en 1889. Aujourd’hui, le sigycop11 demeure le principal critère d’appréciation des aptitudes physiques du soldat. Il le suit tout au long de sa carrière et détermine ses capacités à servir.
Dresser le corps du soldat en vue de la guerre, c’est d’abord, et avant tout, travailler son endurance. Pour cela l’armée a toujours cru à la vertu de la répétition des gestes. Car la confiance s’acquiert par la répétition, et seule la confiance permet de survivre et de vaincre.
À titre d’exemple, j’ai voulu aller fouiller du côté des manuels des gradés afin de vérifier quelles images de la préparation physique des hommes ces derniers donnaient aux cadres. J’en ai retenu deux, publiés la même année – 1929 – chez le même éditeur – Lavauzelle – : Manuel du gradé d’infanterie et Manuel du gradé de l’artillerie. Le choix de l’édition de 1929 est méthodologiquement significatif, puisqu’il intègre les enseignements de la Grande Guerre.
Il est d’abord intéressant de constater que le Manuel du gradé de l’artillerie consacre trois pages seulement aux exercices d’ordre serré et aux assouplissements, quand celui de l’infanterie y consacre quinze pages. C’est le reflet d’une tautologie, bien sûr : c’est le biffin qui a le plus besoin d’un corps au mieux de sa forme, l’artilleur mettant à contribution le cheval-animal puis le cheval-vapeur.
Dans le Manuel du gradé d’infanterie, les « considérations générales » précisent le rôle et la place de l’éducation physique : « L’éducation physique militaire vise à développer le soldat en tant qu’homme. L’instruction physique militaire vise à le développer en tant que combattant. La première a un caractère nettement individuel ; la seconde doit être considérée comme instruction de groupe. » Et les moyens : « Les leçons de culture physique, les jeux sportifs (tels le football), les sports proprement dits (tels la marche, la course, les lancers athlétiques, l’escrime, la boxe, la lutte, la natation) et concurremment, l’observation des règles de l’hygiène12. »
L’instruction physique militaire, pour sa part, « exploite dans un sens plus spécialement militaire les qualités d’agilité et d’endurance qu’une éducation physique bien conduite a fait acquérir au soldat. Elle comporte : pour tous, la pratique des sports individuels et collectifs développant la valeur morale et collective de la troupe, et, pour chacun, les applications militaires et les entraînements pour remplir son rôle personnel au combat. Tels sont pour le fantassin le combat à la baïonnette et le corps à corps ; le lancement de la grenade ; l’entraînement du fusilier-mitrailleur, du mitrailleur, du servant d’engins d’accompagnement ; les assouplissements spéciaux du tireur au fusil ; les entraînements divers avec l’équipement, l’armement et le chargement de combat : marcher, courir, se dissimuler, sauter, escalader ; les exercices d’attaque en terrains semés d’obstacles de toute nature »13. Il y a loin parfois de la coupe aux lèvres. Il est rappelé en gras que « tous les hommes de troupe de la compagnie, y compris les gradés, les employés et les hommes du service auxiliaire, exécutent journellement une séance d’entraînement physique »14. Qu’en est-il dans la pratique quotidienne des unités ? À suivre les témoignages de combattants, cette obligation de pratique est loin d’être avérée.
L’application des principes d’éducation et d’instruction physiques doit permettre de classer les soldats en trois catégories : les sujets normaux, les sujets à ménager et les sujets à rééduquer. Pour parvenir à ce classement, les épreuves-types comprennent : une course de cent mètres (en ligne droite !), une course de mille mètres, les sauts en hauteur et en longueur avec élan, le lancer du poids de sept kilos deux cent cinquante-sept (du bras gauche et du bras droit), le grimper, le lever de la barre à sphères à deux mains et la natation. Il est précisé que la nage libre de cinquante mètres doit s’effectuer « pendant la saison chaude » si « le corps ne dispose pas de piscine »15. Les séances doivent comprendre trois parties : la mise en train avec marches, des assouplissements des bras, des jambes, du tronc, puis des assouplissements de la cage thoracique et combinés. Après la leçon, le retour au calme comprend une marche lente avec exercices respiratoires, une marche avec chant ou sifflet et une marche au pas cadencé.
Il est recommandé à l’instructeur d’être attentif aux signes de fatigue des soldats et d’en connaître parfaitement les symptômes. « La nervosité, la mauvaise humeur, l’acrimonie vis-à-vis de ses camarades, la sueur profuse, la pâleur caractéristique du visage, la contraction des muscles de la face (traits tirés), l’air abattu sont des symptômes auxquels l’instructeur ne peut se méprendre. […] La fatigue se répare surtout par l’alimentation et le sommeil16. » Les termes du Règlement général d’éducation physique. Méthode française se retrouvent, mot pour mot, dans les règlements militaires.
À côté de ces exercices proprement dits, il est recommandé de pratiquer les jeux et les sports individuels ou collectifs « au cours de séances spéciales, deux ou trois fois par semaine ». Sont cités le lancer du javelot, le basket, le football et le water-polo, dont on peut douter de la pratique très répandue.
Ainsi doit-on réfléchir à la manière dont l’armée envisage, au moins à la fin des années 1920, ses rapports au sport. Les sports utilitaires sont, bien entendus, recherchés, car le sport n’est pas une fin en soi aux yeux de l’armée. Outre le « travail foncier », pour reprendre une expression de Georges Hébert, les pratiques athlétiques directement liées à celle du combat sont utilisées. Les sports collectifs ne sont pensés qu’en termes de cohésion du « groupe primaire ».
À titre de transition avec la partie suivante, souvenons-nous d’une anecdote. Dans sa remarquable thèse sur le métier de gendarme national au xixe siècle17, Arnaud-Dominique Houte calcule qu’en 1883, les gendarmes dont on connaît le gabarit pèsent quatre-vingt-cinq kilos en moyenne pour un mètre soixante-huit. De véritables athlètes rompus aux exercices physiques ! On me rétorquera que le corpus est fort limité (une quarantaine sur l’étude en question) et que ces personnels, souvent en provenance de l’armée de terre, sont passés dans la gendarmerie pour ne pas avoir à combattre.
- L’intériorisation de l’éducation physique
et du réflexe sportif en mode dégradé
Que reste-t-il du sport lorsque la guerre est là ?
Parfois il s’invite en tant que tel dans la guerre. Jean-Julien Weber, officier et prêtre, évoque une scène qui se passe en 1917, dans un village de l’arrière-front : « Les grandes distractions furent le cheval et le bain. Le colonel organisa quelques concours sportifs entre les quelques restants18. » Maurice Pensuet, simple caporal au 169e régiment d’infanterie, évoque quant à lui un match de football qui s’est déroulé le 25 mars 1917 entre des éléments du 1er bataillon de son régiment et la section anglaise de la Croix-Rouge19.
Mais le passage, tel quel, de l’instruction des soldats à la pratique de la guerre ne va pas de soi. On sait que les distributions de ballons de football à partir de novembre 1939 n’ont guère permis de redresser le niveau physique de certaines troupes des divisions de série B, plus enclines à la troisième mi-temps qu’aux deux premières.
Pour le reste, il est finalement plus difficile qu’il n’y paraît d’indiquer les rapports qui existent entre pratique corporelle et gestes de la guerre, car il n’en subsiste plus que des formes reliquaires ou des modes dégradés. En revanche, les liens avec l’entraînement physique sont intenses et évidents. Ainsi, on revient aux notions de qualités physiques essentielles.
D’un point de vue théorique, Georges Hébert signale l’une d’entre elles, tout à fait évidente. Il insiste sur l’importance de la vitesse dans la quatrième édition (1943) de son ouvrage sur la méthode naturelle : « La vitesse est non seulement un élément de force, mais une forme de la force. […] Il est inutile d’insister sur l’importance de la vitesse dans la vie pratique. Elle apparaît à tous moments. Il suffit de rappeler son utilité la plus essentielle : le sauvetage de soi ou des autres. Porter secours ou se tirer soi-même d’affaire réclame de la vitesse sous toutes ses formes : vitesse de décision, d’exécution… Une insuffisance de rapidité peut coûter la vie20. » Ces remarques de bon sens se retrouvent pleinement au combat, bien sûr.
L’aptitude à la marche constitue incontestablement une de ces formes. Toute l’éducation physique pratiquée au long de la formation militaire a d’ailleurs comme finalité première d’aguerrir les hommes à celle-ci.
Durant la Grande Guerre, à la suite de la crise des effectifs, les territoriaux, hommes de troupes âgés de trente-neuf à quarante-neuf ans, sont progressivement intégrés à l’armée d’active. Comment les capacités physiques de ces hommes mûrs, surtout en regard de l’espérance de vie du début du xxe siècle, sont-elles perçues par leurs officiers ? Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, les jugements sont sévères. « Âgés en moyenne de quarante ans, ils manquent de souplesse et d’endurance dans l’effort, plutôt que de bonne volonté. Ils sont presque tous malingres21. » Le lien entre débilité physique et méfiance à l’égard de leurs capacités guerrières est vite établi par certains : « Les hommes de renfort ne possèdent pas au point de vue moral, entraînement physique et instruction militaire les qualités nécessaires et indispensables pour affronter vaillamment la lutte et ils n’inspirent qu’une confiance limitée22. »
Au sein des troupes d’active, l’exercice de la marche, au sens militaire, ne se fait pas sans douleur. Maurice Genevoix témoigne d’une marche d’approche en septembre 1914 dans les parages de la Vaux-Marie, où se livrent de terribles combats : « Marche à travers champs, marche de somnanbules, machinale, jambes en coton et tête lourde. Cela dure longtemps, des heures il me semble23. » La marche est rendue plus pénible encore par les éléments climatiques. Le même Genevoix souffre d’une « longue étape, hésitante. Ce n’est pas à vrai dire une étape, mais la marche errante de gens qui ont perdu leur chemin. […] La route est une rivière de boue. Chaque pas soulève une gerbe d’eau. Petit à petit, la capote devient lourde. On a beau s’enfoncer le cou dans les épaules, la pluie arrive à s’insinuer et des gouttes froides coulent le long de la peau. Le sac plaque contre les reins. Je reste debout, à chaque halte, n’osant pas même soulever un bras, par crainte d’amorcer de nouvelles gouttières »24.
Durant la phase de la guerre installée, la marche d’approche aux tranchées prend un tour à chaque fois dramatique par la charge individuelle que chaque soldat doit porter sur son dos pour assurer sa présence durant quatre ou cinq jours en première ligne. Daniel Mornet a parlé des conditions de ces marches d’approche rendues très dangereuses par le fait que les Allemands bombardent les points de passage obligés. « Et l’on marche, s’il pleut ou simplement si c’est l’hiver, dans un tortueux lac de fange qui monte au-dessus des chevilles. […] Se coucher est un judicieux conseil pour flâneur du dimanche qui promène sa canne. Le conseil est moins sage pour un meunier qui porte sur son dos un sac de grains. Nous sommes plus empêtrés que le meunier. Et celui qui s’écroule à terre, sur le ventre, se relève moins aisément qu’un hanneton tombé sur le dos. Aussi, de temps à autre, on croise un groupe sombre. C’est un camarade, ou plusieurs couchés dans quelque coin moins boueux et qui geignent ; ou qui ne disent rien, parce qu’ils sont morts25. »
Le 17 avril 1917, Maurice Pensuet écrit à ses parents : « En trente heures, nous avons fait quarante-cinq kilomètres avec des munitions et des vivres pour cinq jours. » Il parcourt à nouveau quarante kilomètres le 2 juillet. Il en refait quinze et constate « avoir tiré quinze kilomètres avec azor26 sur les reins, j’en avais plein les omoplates ». Le 15 août, il parcourt vingt kilomètres, puis vingt-deux le 1627… Le poilu aura d’abord et avant tout été un fantastique manieur de terre et un marcheur.
La course constitue la forme exacerbée de la marche, mais relève aussi des formes intériorisées lors de l’instruction militaire, comme nous l’avons vu en reprenant les propos de Georges Hébert de 1943. C’est la course en avant, la charge, ou celle en arrière, la fuite, qui peuvent causer les plus graves atteintes aux corps des combattants. Les pertes les plus lourdes n’étant d’ailleurs pas forcément imputables aux premières.
Hormis la marche et la course, d’autres gestes ont directement des relations avec le sport appris. Le lancer de grenade fait partie de l’instruction des troupes à partir de la Grande Guerre ; les liens avec le lancer du javelot, bien plus encore qu’avec celui du poids, sont évidents. L’adjudant Marc Bloch, engagé dans les rudes combats d’Argonne au début de 1915, évoque ces gestes dérivés de la pratique du sport : « Notre arme demeura les pétards à la mélinite que l’on jette à la main après en avoir allumé l’amorce. J’avais un lanceur merveilleux, T., un ouvrier mineur doué d’un bras robuste et d’une imperturbable bravoure28. » Le capitaine Delvert, agrégé d’histoire, merveilleux symbole de la méritocratie républicaine de la IIIe République, officier de complément et héros de R1 dans les tranchées de Vaux, fait de même : « Nous laissons nos morts comme souvenirs dans la tranchée. Ils sont là, raidis dans leur toile de tente ensanglantée. Je les reconnais. Voici Cosset [...] et Delahaye, l’ardent “Bamboula”, qui allonge sa main cireuse, cette main si merveilleusement adroite à lancer la grenade29. » « Il fait un temps magnifique. Les grenades claquent de toutes parts. Très beau, le combat à la grenade. Le bombardier, solidement campé derrière le parapet, lance sa grenade avec le beau geste du joueur de balle30. »
Bien d’autres formes reliquaires du sport, mais directement issues de l’éducation physique, se retrouvent à la guerre. Les alternances de debouts-couchés pour se protéger des tirs adverses sont, par exemple, en lien évident avec les tractions pratiquées lors de l’instruction.
S’il est vrai que les gestes du sport ne sont, bien évidemment, pas transposables immédiatement et totalement dans ceux de la guerre, hormis quelques exceptions comme le lancer de grenades, les passerelles, bien qu’imparfaites, passent souvent par l’aptitude physique et surtout la résistance à l’effort. Il s’agit, dans tous les cas de figure, d’aller au bout de ses limites. Il est intéressant de constater que l’on retrouve les approches de Pierre de Coubertin, alors qu’il n’est jamais cité dans les manuels d’instruction de l’infanterie.
À la guerre, la performance physique devient vitale. Dans les engagements actuels, elle est de plus en plus imposée par les modes d’actions opérationnelles, calquées souvent sur celles de forces spéciales, faites de pénétrations en profondeur dans les dispositifs ennemis – surtout qu’aujourd’hui la notion de front s’est totalement diluée – et d’exfiltrations. La charge portée par chaque Warrior est aujourd’hui fréquemment de quarante kilos pour les Operational Mentoring Liaison Teams (omlt) en Afghanistan. C’est déjà le genre de charge que les soldats britanniques durent porter aux Malouines, en 1982, après que les hélicoptères Chinook qui devaient les transporter ont coulé avec le navire de transport Atlantic Conveyor. Les parachutistes et les Royal Marines durent entamer un périple à pied jusqu’à Port Stanley, en portant sur leur dos des missiles Milan, des mortiers de 81 et des mitrailleuses fn.
Dans ces conditions, il faut oser un autre parallélisme, quelque peu iconoclaste, avec les gestes du sport, notamment le sport professionnel tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. L’utilisation de substances dopantes, interdites dans la société civile, n’est pas plus improbable dans le milieu militaire que dans le sport de haut niveau. Comme le signale Patrick Godart : « Comme le sportif, le soldat d’aujourd’hui recherche l’amélioration de la performance31. » Si les fortes consommations de drogues dans l’armée américaine au Vietnam, surtout après 1968, n’avaient sûrement pas pour vocation d’améliorer les performances physiques, bien au contraire, compte tenu des substances consommées, il est aujourd’hui des produits qui permettent de maintenir l’effort physique à son plus haut niveau durant de nombreuses heures. En septembre 1939, la presse britannique s’était émue de l’existence d’une « pilule miracle » qui annulerait les effets de la fatigue. Effectivement, une métamphétamine, la pervitine, mise au point à Berlin, a été expérimentée durant la campagne de Pologne. L’usage d’amphétamines ou d’autres produits plus sophistiqués est entrée dans les pratiques du combattant depuis fort longtemps. Évoquer ces dimensions au pays d’Astérix et de sa potion magique ne relève pas de la violation du secret-défense.
D’autres pistes existent aujourd’hui pour développer les capacités de résistance du combattant. Les travaux qui sont menés sur l’« exosquelette » par exemple. Il s’agit de dupliquer la puissance de la masse musculaire en fournissant au squelette humain des aides mues par des micromoteurs ou par des piles à combustion. La numérisation du combattant est à l’ordre du jour, notamment en France, au département de robotique du Commissariat à l’égnergie atomique, qui a développé une prothèse de bras articulé. Le programme Felin (fantassin à équipements et liaisons intégrés) dessine le visage du nouveau guerrier32. Un risque existe, à l’évidence : que l’hyper technologie censée robotiser le combattant et le dispenser d’efforts physiques ne se retourne contre lui, et que la carapace technologique, consommatrice en poids et en énergie, ne vienne au contraire en faire une bête de somme.
Pourtant, aujourd’hui, certains avancent qu’un grand nombre de militaires français ne sont pas prêts à faire face aux réalités physiques de la guerre. Dans un article de « libre opinion », certes polémique, un chef de bataillon breveté écrivait en septembre 2008 que « le soldat français est, d’une part, mal équipé, et, d’autre part, peu préparé. Ainsi, à de très rares exceptions, le soldat français ne s’entraîne plus, ne manœuvre plus et ne s’aguerrit plus. Cette insuffisance de préparation et d’équipement témoigne de notre absence de réalisme sur la dureté des conflits à venir et sur la réelle capacité opérationnelle du soldat français. Ce constat est déjà déchirant pour les unités de mêlées, il est consternant lorsque l’on observe l’armée de terre dans son ensemble. Combien de nos personnels sont inaptes au port, voire au tir (le comble pour un soldat ?) »33. Un autre enfonçait le clou en termes plus engageants encore : « La troupe ne se prépare pas à la contre-guérilla, combat exigeant tant sur le plan physique que moral. De fait, la priorité demeure avant tout le faible taux d’attrition : au lieu d’amener les recrues à se métamorphoser en guerriers, on verse trop souvent dans la démagogie en ménageant à l’excès nos jeunes engagés. Tandis que la formation des jeunes sous-officiers fait la part belle à l’apprentissage de l’anglais et de l’informatique… Cette pédagogie ne semble guère modeler des combattants rustiques et des chefs décidés34. »
À titre de conclusion, il faut bien évidemment élargir nos questionnements sur les liens qui relient des gestes du sport à ceux de la guerre. En France, depuis le début des années 2000, le commandement déplore une baisse de la qualité physique des jeunes volontaires. Ces derniers, issus d’une société de luxe qui ignore l’effort physique, ont peu de points communs avec les solides paysans qui constituaient majoritairement le « peuple des tranchées » durant la Grande Guerre. Il faut bien replacer, comme nous l’indiquions d’entrée de jeu, le rapport au corps dans la guerre dans des rapports bien plus larges que la seule relation au sport. Le corps façonné par la société actuelle n’a plus rien à voir avec celui que la société de 1914 fabriquait.
Le mâle adulte français de vingt ans a certes gagné une quinzaine de centimètres en taille moyenne depuis 1914, mais il a perdu en masse musculaire, en rusticité et en résistance. Pourtant, par-delà les conditions sociales extraordinairement différentes, par-delà les normes de confort qui n’ont plus rien à voir et le passage d’une armée de conscription à une armée professionnelle, les actuelles conditions d’engagement en Afghanistan attestent que l’entraînement physique est toujours la condition sine qua non de la survie d’une troupe au combat. C’est bien sur ces constats qu’il me faut clore mes propos.
L’auteur tient à remercier Nathalie Sevilla, maître de conférences staps à l’université Paul-Verlaine-Metz, d’avoir bien voulu nourrir ce texte de ses remarques.
1 Colonel Aumoine (éd.), Une histoire culturelle du sport. De Joinville à l’olympisme. Rôle des armées dans le mouvement sportif français, ministère de la Défense, commissariat aux sports militaires, Éditions revue eps, 1996. On lira notamment avec profit la communication de Gilbert Andrieu, « Du “débourrage” du futur fantassin à la morale de l’effort » (pp. 35-47), dans laquelle l’auteur rappelle qu’au début du xxe siècle, sport et éducation physique appartiennent à des sphères bien différentes, et celle de Jean-François Loudcher et Christian Vivier, « Gymnastique, éducation physique et sports dans les manuels militaires, xixe-xxe siècle » (pp. 21-33).
2 Jean-Philippe Dumas, « Aux origines de la “méthode naturelle” : Georges Hébert et l’enseignement de l’éducation physique dans la Marine française », Revue internationale d’histoire militaire n° 76.
3 Capitaine Leblois, « Le dressage individuel du tireur de champ de bataille », Revue de l’infanterie, avril 1912, cité par le docteur Nimier dans « Carnet du docteur », Le Tir, Paris, Éditions Pierre Lafitte, 1914, p. 373.
4 Georges Hébert, L’Éducation physique, virile et morale par la méthode naturelle. Tome I, Exposé doctrinal et principes directeurs du travail, Paris, rééd. Librairie Vuibert, 1936 et 1942, avant-propos, p. 10. On parle alors plus de gymnastique que de sport.
5 Pierre Arnaud, Le Militaire, l’Écolier, le Gymnaste. Naissance de l’éducation physique en France (1869-1889), Presses universitaires de Lyon, 1991.
6 « Bons pour le service ». L’expérience de la caserne en France à la fin du xixe siècle, Paris, Belin, 2000.
7 www2.ac-lille.fr/patrimoine-caac. Rubrique : « Les premiers élans, l’échappée sportive ».
8 Annie Crépin, La Conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté, de la République (1798-1889), Arras, Artois presses université,1998.
9 François Cochet, Les Soldats de la « drôle de guerre », Paris, Hachette, « La Vie quotidienne », 2004.
10 Patrick Godart, « Le guerrier et la danseuse étoile », in « Le corps guerrier », Inflexions n° 12, Paris, la Documentation française, 2009.
11 Résumé des données recueillies au cours d’un examen de « profil médical ». Le profil tient compte de la ceinture scapulaire et des membres supérieurs (S), de la ceinture pelvienne et des membres inférieurs (I), de l’état général (G), des yeux (Y), du sens chromatique (C), du système auditif (O) et le psychisme (P).
12 Idem, désormais MGI/29, p. 54.
13 MGI/29, p. 55.
14 MGI/29, p. 56.
15 MGI/29, p. 59.
16 MGI/29, p. 70.
17 Arnaud-Dominique Houte, Le Métier de gendarme national au xixe siècle. Pratiques professionnelles, esprit de corps et insertion sociale de la monarchie de Juillet à la Grande Guerre, université de Paris-IV-Sorbonne, 9 décembre 2006, p. 569.
18 Jean-Julien Weber, Sur les pentes du Golgotha. Un prêtre dans les tranchées, Strasbourg, La Nuée bleue, 2001, p. 184.
19 Écrit du front. Lettres de Maurice Pensuet, 1915-1917, Paris, Tallandier, 2010, p. 302.
20 Georges Hébert, L’Éducation physique virile et morale par la méthode naturelle. Tome I, Exposé doctrinal et principes directeurs de travail, 4e édition, Paris, Vuibert, 1943, p. 277.
21 Cité par Élie Pelaquier, « L’image des soldats territoriaux chez les officiers des régiments au début de la Grande Guerre », Combats. Hommage à Jules Maurin, Paris, Michel Houdiard éditeur, 2010, p. 157.
22 Idem, p. 160.
23 Maurice Genevoix, Ceux de 14, rééd. Paris, Le Seuil, 1984, p. 38.
24 Idem, p. 16.
25 Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Presses universitaires de Nancy, 1990, pp. 14-15.
26 Surnom donné par les poilus à leur sac à dos, parce que, tel un bon chien, il suit fidèlement son maître.
27 Maurice Pensuet, op. cit., pp. 313, 350, 351, 360.
28 Marc Bloch, Écrits de guerre, Paris, Armand Colin, 1997, p. 14.
29 Capitaine Charles Delvert, Carnets d’un fantassin. Massiges, 1916, Verdun, Verdun, Éditions du Mémorial, Témoignages et mémoires. Comité national du souvenir de Verdun, 1981, p. 177.
30 Idem, p. 167.
31 Patrick Godart, op. cit., p. 35.
32 Marc Chassillan, Charles-Antoine Schwanhard, Éric Micheletti (s. d.), « Les super fantassins », Raids, « Les armes du futur » hors-série n° 16, 2005, pp. 22-23.
33 Chef de bataillon Frédéric Bos, 121e promotion du cesat/csem, « Quelle réalité pour le soldat en 2008 », Les Cahiers du cesat n° 13, septembre 2008, p. 71-72.
34 Chef d’escadron Hubert Beaudoin, 121e promotion du cesat/csem, « L’armée de terre ne s’instruit plus pour vaincre… », Les Cahiers du cesat n° 13, septembre 2008, p. 84.
From the time when mass military service was introduced to when conscription ended, the concept of knocking the human body into shape, with an eye to war, was established dogma in the military. It was only following the carnage of the Great War that this view – at the time accepted without quibble by society, as it was just a continuation of the knocking into shape of the working class – began to appear as a problem.
A soldier’s physical education, seen as an aspect of his ability to survive on the battlefield, was then completely transformed by the pacifism-imbued or even “demilitarising” interpretation then prevalent in Western societies. This process accelerated with the war in Algeria. From that time, there was indisputably a separation between French youth and the duty to defend their country. The physical “knocking into shape” changed from a factor to ensure suitability for combat under fire to being, in some militant interpretations, one in alienating recruits. This means that the armed forces’ practice in terms of physical exercises and sporting activity relied on practices relating to specific societies and historical periods, with changing views of its utility.
We would like, here, to consider the question of the relationships between elements of sporting activity and elements of war, examining them from a number of overlapping perspectives. How does the military regard a soldier’s physical training, given that practising sport has been a component since the 19th century? How do the armed forces productively invest in aspects of physical education while adapting them to military practice – which does not necessarily mean fighting wars? How can we compare and contrast action inherent in war with action involved in physical exercises and sporting activity as inculcated by military training?
- Reference works used by the armed forces
Present-day society gives a lot of attention to the body, which has come to be seen not only as a living entity but even more as an anthropological idea. A soldier must be made more “technical”, that is made suitable for the practice of war, or at least preparing for war. But what technical aspects do the armed forces claim to use as a basis when training potential fighters?
For a historian of waging war, it is desirable initially to clarify certain terms; these reveal different – though complementary – approaches by the military to bodily expression. What choices do the armed forces make? The terms “sport”, “gymnastics” and “physical education” are not synonymous. Gymnastics can be defined as “the art of exercising, strengthening and developing the human body through certain physical exercises”, while physical education is a collection of activities that are not specific to the military field. In France, the field includes physical education clubs and school physical education. This area has its own means, such as “physical culture”, game-type sports (notably football) and sporting or athletic activities such as walking, running, discus-throwing and shot-putting, fencing, wrestling and swimming.
Military gymnastics appeared early in France, thanks to Colonel Francisco Amoros (1770-1848). After serving in the Spanish army, Amoros was made Minister of the Interior (by Joseph Bonaparte). He moved to France at the end of the First Empire and, in agreement with Napoleon, introduced the idea of gymnastic training into the French army. He summed up his approach – fairly simple, it may be said – in the concise formula: “My method ends where it ceases to be of use.” The approach was initially applied universally, and the École de Joinville, established in 1852, was given responsibility for training gymnastics instructors. When Amoros died, his methods were continued. The school’s first Director, Major Louis d’Argy, and his civilian assistant, Napoléon Laisné, had previously worked together. The exercises were sometimes fairly violent, but they stressed the link between physical education and mental training, particularly in the sense of subjugating oneself through physical exercises. Amoros took inspiration from the theories of Pestalozzi, who himself followed the ideas of Jean-Jacques Rousseau, and affirmed that “doing good works and serving the common good are the main aim of gymnastics.”
Those at the Joinville school, who thought only in terms of utilitarianism, accordingly remained sceptical about “sport”, as an activity marked by amateurism. We must, however, acknowledge that such categories are not fixed for eternity. In 1906, officers who were sceptical about traditional military gymnastics introduced boxing, swimming and cycling at Joinville – and those they trained distinguished themselves in competitions1. Five of them won awards in the complete athletics competition of 1913, awards being made to only six competitors in total! After the directive of 1 September 1912, reorganising the school, its influence indisputably grew. In August 1914, however, it had to close its doors, for reasons we can imagine.
The most unclassifiable theoretician on physical exercises to train sporting champions is indisputably Georges Hébert (1875-1957), who came from the military world. As a naval trainee in 1893, he developed the “natural method”, inspired in part by the methods of Georges Demenÿ. It involved moulding the trainees’ characters as much as their bodies. He experimented with methods and practices, first within the French Navy, later developing them further for the (terrestrial) army, in Reims, from 1912 onwards.2 He was given responsibility for training a unit of marines undergoing physical preparation before leaving for a naval posting. In that task, he showed all he could do. On 20 December 1905, Hébert sent a draft manual on special gymnastics to the Navy, and it was approved in January 1906. His idea was to impose gymnastics as the basis for training prospective marines. Armand Fallières, President of France, amended the Order of 30 April 1897 on organisation of the fleet, prescribing instruction in gymnastics and fencing for the battalion of trainee marines at Lorient. Hébert’s reputation in the Navy then grew enormously, and in 1910 he was appointed Technical Director for the Navy’s physical-exercise programmes, a newly created post. His first theoretical work, Practical Guide to Physical Education, was published in 1909, followed by The Code of Strength (1911), Manly Culture through Physical Activity (1913) and Sport versus Physical Education (1925). A total of nine books describing the “natural method” appeared in 30 years. It was a much more attractive method than its predecessors, revolutionising what was the norm in physical education. Being of virtually universal application, it could not help but be of interest to the military.
However, Hebert’s uncompromising attitude, and his seeking for his approach to dominate ruined the prospects for his pioneering work to be recognised, notably by the academic world. This was all the more the case as those who worked in the theory and practice of physical training and sport, such as Hébert, were coming into conflict with another category of experts: doctors. Dr Nimier, the armed forces’ Medical Inspector General, for example, gave a shooting lesson in 1914: “Hold yourself in balance, load the weapon and then hold it, look at the target and pull the trigger. Those are all operations that, in all their movements – to the most intimate depths of the human body – involve extremely complex nerve impulses and muscle actions of highly varied natures. And, before being knocked into shape, the prospective marksman must repeat each of the abovementioned operations numerous times, separately at first and even by breaking them down into substeps, subsequently trying to reproduce them ever more quickly... The trainee must then, first of all, want to act – and it is only progressively, through habit, that these nerve impulses and muscle actions gradually become subconscious and ultimately, as a physiologist might say, reflex actions. To a trained marksman, it should be possible to call the various shooting actions automatic… To conclude, we agree with Captain Leblois3, who said that training someone to be a good marksman means developing the person’s understanding and physical qualities. It means giving the soldier the ability to size up the situation, together with self-esteem, and the ability to keep cool. In a word, it means creating individual worth.”
With scant ceremony, Hébert sent the doctors back to their precious studies. “Some doctors believed for a moment that they were better qualified than anyone else, as a result of their professional knowledge, to understand the best processes of human development… A working method cannot, in fact, be inferred from a simple knowledge of anatomy and physiology… Their training is far from making doctors athletes or models of physical perfection.”4
Whatever discussions there may be on the relationships between physical and sporting training on the one hand and war on the other, contemporary French history has repeatedly attributed defeats to a lack of physical training.
That was the case following the Franco-Prussian war of 1870. A number of superior officers and generals, who were more in the nature of sycophants or order-takers – as had been the case since Napoleon – were not up to the mark. There is the story of the major-general who refused to get out of his bath! The feeling of defeat thus coincided with a period when ambitions for social progress came from the privileged social classes and political élites, expressing themselves in two ways: firmly instilling republican ideas through the schools and military service, and generalising sporting activities throughout society. As Pierre Armand5 described it, a coherent military-civil partnership was thus being sketched out, through those two foci of citizen life: schools and military service. Odile Roynette also write eloquently about “military service, a source of national regeneration”6.
Prussia became the model to copy in order to improve the chances of again defeating that country. On 14 January 1883, Jules Galland, President of the La Cambrésienne gymnastics society, made a long speech7 in which he drew inspiration from the German Turnen movement, established by Professor Jahn, early in the 19th century. Galland extolled the role played by gymnastics societies, saying: “How different it would be if we sent to the army whole contingents of men accustomed to fatigue, drilled in marching, finding a rifle light compared to the weights with which they were used to juggling, and bold in the noble way that guides strong men in decisive moments.” In the same way as France’s military Staff College was modelled on the Prussian Military Academy, the advocates of physical training for French soldiers based their approach on German gymnastics.
I don’t have to go back in detail here to the endless discussions that preceded the introduction of general military service8. We should, however, bear in mind a number of recurring elements. From an ideological perspective, the idea, inherited from the time of the 1789 revolution, that an armed populace had to be created was often put forward. It is more or less specifically a French notion, and it led to a number of contradictions. The soldiers were, for instance, supposed to bring to bear the same virtues on the battlefield as they displayed in their urban existence. The civilian ideal is thus expressed in the democratic concept of debate, which is diametrically opposed to the military ideal of internalising discipline, resulting in perfect obedience.
The most famous interpretation resulting from a simplistic reading of the post-1870 revanchist ideas, and an idealised expression of the armed forces/school duality, was the introduction of all too well-known school “battalions”. It was not the military establishment that demanded the institution of those cadets and similar practices, but a governmental Order of 1882 that provided for children from the age of 13 – that is the age when compulsory schooling ended – to be entered in the “battalions”. Each establishment was to have its own flag and military instructors who would introduce the pupils to basic discipline, gymnastics and limited shooting, with just 30 cartridges a year. That remained completely theoretical, however. The army was reluctant to spare NCOs from their normal tasks so that they could instruct children. Also, the teachers, despite being very patriotic at the time, did not necessarily look favourably on the prospect of someone else replacing them as authority figures, where they had hitherto been unchallenged. Alain Corbin, investigating the situation in Limousin, has shown that only one rural teacher in that region established such a battalion. There was relatively little participation in the movement by the high schools and junior secondary schools, and it looked as if these prescriptions of patriotism from “on high” were needed for the “good people” but not for middle-class children. The “school battalions” could, in fact, be summed up as a marvellous public-relations exercise by the Paris centres of republicanism. Proof of the venture’s success can be seen in the fact that the initiative is still today the subject of impressively overblown memories. On the other hand, when the “battalions” were disbanded, in 1892, the army encouraged the creation of military-preparation societies. Starting in 1903, these awarded military-preparation certificates giving certain material advantages such as days’ leave and access to the corporal-pupil platoons. As soon as there are material advantages, individuals are interested, and the societies grew. There were 2,000 of them in 1905 and 6,000 in 1913.
With the Vichy regime, from 1940, we can again see a systematic invocation of the lack of physical training as an explanation for France’s defeat, blame being laid on secular teachers and on the fact that the French soldiers would have had the stamina only to run for the protection of the Loire valley. In a work devoted to the Phoney War9, I have shown that it was difficult to get beyond the idealised images. You need only look at the pictures of some of the 1940 generals-in-chief to see that their shapes were often more impressive than their being in shape, in both the high command and the troops.
Likewise in 1946, there were Jean de Lattre de Tassigny’s plans to reform military service, aiming to combat the soldiers’ flabbiness by devoting most of their instruction to physical exercises in camps where they would be under canvas in the open countryside.
- Sport as a utilitarian tool: instruction for fighters
The distinctive feature of the military is that it “must be able to adapt to the extreme constraints and demands made on professional soldiers”10, and this is associated with a state of social development. From the time that conscription was introduced, various methods have been implemented to measure the physical capabilities of potential fighters. This is evidenced by the revision councils, chaired by the regional Préfets, when universal military service was established in 1889. These days, the sigycop11 is the main instrument used to assess soldiers’ physical capabilities. It accompanies the soldier throughout his career and influences the roles in which he is asked to serve.
Knocking a soldier’s body into shape with a view to war involves, first and foremost, working to enhance his stamina. For that, the army has always believed in the value of repeating actions. Repetition gradually increases confidence, and only confidence enables survival and winning.
As an example, I wanted to search the officers’ manuals in order to check what images they gave the officers of the physical preparation of men. I selected two, published in the same year (1929), by the same publisher (Lavauzelle): the manual for infantry officers and the manual for artillery officers. My choice of the 1929 edition was deliberate, because it included lessons learned from the Great War.
First of all, it is interesting to note that the artillery officers’ manual devoted only three pages to exercises in close formation and to limbering-up exercises, whereas that for the infantry devoted 15 pages to them. This, of course, reflects a matter of definition: it is the foot soldiers who most need a body in ideal shape, those in the artillery making use of horse-power, first literally and then in mechanical form.
In the infantry officers’ manual, the “general considerations” specified the use of and role to be played by physical education: “Military physical education is aimed at developing soldiers as men, while military physical instruction is aimed at developing them as fighters. The former clearly relates to the individual, while the latter must be considered as instructing the group.” There is also the means to be used; for physical education it was: “lessons in physical culture, game-type sports (e.g. football), and athletic activities (such as walking, running, throwing the javelin and putting the shot, fencing, boxing, wrestling and swimming); backed up by observing health and hygiene rules.”12
Military physical instruction, in contrast, “makes use in a more specifically military sense of the qualities of agility and stamina that well-ordered physical education has inculcated in the soldier.” It comprises, for everyone, the practice of individual and collective sporting activities, developing the troop’s morale and collective values; with, for individual development, the military applications and training to fulfil the sub-group’s own role in combat. For infantrymen, this includes bayonet practice and hand-to-hand fighting, grenade-throwing and training for machine-gunner units (both for the machine gunners themselves and those who keep the weapons operating smoothly). There are special limbering-up exercises for riflemen, diverse training with equipment, arming and loading in combat (including marching, running, hiding, jumping and scaling walls). There are exercises in attacking in tightly restricted terrain with all sorts of obstacles.13 Sometimes practice was a long way from theory. There is a reminder in bold that “all men in the company, including officers, employees and those from the auxiliary service, carry out, each day, a session of physical training.”14 How were things in the daily practice of those units? To judge by the evidence of the fighters, the obligation to practise was far from evident.
Applying the principles for physical education and instruction should make it possible to put the soldiers into three categories: normal subjects, those to be managed and controlled, and those to go for retraining. To achieve that classification, typical tests involve a 100-metre race (in a straight line!), a thousand-metre race, high jumps, long jumps with a run-up, putting the shot (of 16 lb, using both the left and right arms), climbing, two-hand weightlifting and swimming. The manual specified that 50-metres free-style swimming must be done “in the warm season” if the unit does not have a swimming pool15. The sessions must include three parts: warming up with walking, limbering-up exercises for the arms, legs, trunk, and then chest and combined. After the lesson, returning to calm includes slow walking with breathing exercises, marching with singing or whistling, and marching in quick time.
The instructor is recommended to be alert to signs of fatigue in the soldiers and to have a perfect knowledge of the manifestations. “Jumpiness, bad mood, aggressiveness towards comrades, profuse sweating, characteristic facial pallor, contraction of the face muscles (looking drawn), looking exhausted are all unmistakable signs for the instructor. … The best cure for fatigue is eating and sleep.”16 The terms used in Règlement général d’éducation physique. Méthode française [General regulation of physical education – French Method] can be found reproduced, word for word, in the military regulations.
Alongside the true exercises, there is a recommendation to practise individual and collective games and sporting activities “in special sessions, two or three times a week”. Examples given are javelin-throwing, basketball, football and water-polo, though we may doubt whether this was widespread.
We should, for instance, reflect on how the army, at least in the late 1920s, saw its relationships with sporting activities. Useful sports were of course sought, as, from the military’s perspective, the activities are not a desirable end in themselves. Apart from the “fundamental work”, to use Hébert’s expression, athletic practices directly associated with engaging in combat were used. Collective sporting activities were thought of only in terms of encouraging cohesion in the “primary group”.
To lead into my next part, it is worth recalling an anecdote. In his remarkable thesis on the profession of 19th century gendarmes17, Arnaud-Dominique Houte calculated that in 1883 the gendarmes whose size we know averaged 85 kilos and were 1.68 metres tall: real athletes, used to physical exercise! I’ve been upbraided for ignoring the fact that the sample was very small (about 40 in the study in question), and that those members had often come from the army, going into the gendarmerie so that they didn’t have to fight.
- Internalising physical education,
and pale reflections of sporting instincts
What remains of sporting activity when war comes? Sometimes, it comes along automatically as part of the war! Jean-Julien Weber, an officer and priest, refers to a situation that occurred in 1917, in a village just behind the front. “The great distractions were horses and bathing, and the colonel organised some competitions between the few soldiers who remained.”18 Then there is Maurice Pensuet, who was just a lance corporal in the 169th infantry regiment, and spoke about a football match that took place on 25 March 1917 between some soldiers from the regiment’s 1st battalion and an English Red-Cross platoon19.
But moving from the instruction of soldiers to practice in war is not a straightforward matter. We know that distributing footballs, from November 1939 onwards, made very little impact on the poor physical shape of some of the soldiers in second-rate divisions, who tended to show more interest in the post-match celebrations than the game itself.
Otherwise, it is surprisingly difficult to pin down what relationships exist between keeping the body in shape and action in war, as all that remains are pale shadows of the original intentions. In contrast, the associations with physical training are profound and obvious. We thus come back to the ideas of fundamental physical qualities.
From a theoretical perspective, Hébert had pointed out one of the obvious qualities, stressing the importance of speed in the fourth edition (1943) of his book on the “natural method”. He said: “Speed is not just a component of strength, but actually a form of strength… It is pointless to emphasise the importance of speed in the practicalities of life; it can appear at any moment. You need only remember the most fundamental aspect of its usefulness: saving your own life or that of others. Providing emergency assistance or getting yourself out of danger demands speed of all types: quick thinking and speed of execution, etc. Inadequate speed can cost lives.”20 The truth of these common-sense observations in battle is obvious, of course.
Ability to march is indisputably one form of this. The ultimate purpose of all physical instruction imposed throughout military training is to produce troops hardened to walking.
During the Great War, following the manpower crisis, men in the Territorial Army, who were 39 to 49 years old, were progressively moved into the active units. How were the physical capabilities of these mature men – especially in relation to life expectancy in the early 20th century – perceived by their officers? Without claiming to be exhaustive, many judgements were severe. “Aged 40 on average, they lack flexibility and stamina when called upon to exert themselves, rather than lacking goodwill. Nearly all of them are puny” was one observation21. Some people quickly made a link between the Territorials’ physical weakness and distrust of their fighting capacities. It was said: “the reinforcements do not have the essential qualities – from a mental, physical training or military instruction standpoint – to engage courageously in battle, and they do not inspire much confidence.”22
Among the active troops, marching exercise was not painless. Maurice Genevoix gives an account of a September 1914 approach march in the vicinity of the Vaux-Marie farm, which was to give its name to a terrible battle. He describes: “Marching across fields, a march of sleepwalkers, mechanical, with legs feeling like jelly and a fuzzy head. It lasted a long time, hours it seemed.”23 Walking was made still more arduous by the weather. Genevoix suffered a “long and hesitating stage. It wasn’t really a stage, but a wondering walk of those who had strayed off their path… The road was just a river of mud. Each step raised a shower of water. Bit by bit, your greatcoat got heavier. You’d try to bury your neck in your shoulders, but the rain managed to get in and cold rivulets would run down your skin. Your pack stuck to your back. At each stop I stayed standing, not even daring to raise an arm, for fear of starting new rivulets.”24
Once war had become an established fact, the approach marches to the trenches took on a dramatic appearance each time, because of the load that each soldier had to carry on his back to sustain him through four or five days in the front line. Daniel Mornet spoke about the conditions during those approach marches, which were made highly dangerous by the German bombardment of points through which they had to pass. “And we marched, whether it was raining or simply the wintry conditions, through a winding lake of mud that rose over your ankles… Lying down is sound advice for a Sunday idler strolling around with his cane, but it is less sound for a miller carrying a sack of grain on his back. We were more burdened than a miller, and anyone who collapsed on the ground, on his stomach, would have more difficulty getting up again than a beetle on its back. Also, from time to time we would come across a dismal group. There would be one or more comrades lying in some muddy corner, groaning. Or maybe they were silent, because they were dead.”25
On 17 April 1917, Pensuet wrote to his parents: “It took us 30 hours to cover 45 kilometres with ammunition and food for five days.” He covered another 40 kilometres on 2 July. He did another 15, and noted “having dragged myself another 15 kilometres with azor26 on my back; my shoulder blades couldn’t take any more.” On 15 August he covered 20 kilometres, and then 22 on the 16th27… First and foremost, the poilu was to be fantastic in handling the ground and walking.
Running is a more intense version of walking or marching, but also involves forms that are internalised during military instruction, as we saw when quoting Hébert’s words from 1943. It is running forwards – charging – or running back – a rushed retreat – that is liable to cause the most damage to fighting units. Furthermore, it is not always the former that result in the heaviest losses.
Apart from walking and running, there are other forms of action directly related to sporting and athletic activities that may be included in the instruction. Grenade-throwing formed part of solders’ instruction from the time of the Great War, and the connections with javelin-throwing, and even more with shot-putting, are obvious. Warrant Officer Marc Bloch, an enlisted man caught up in the rough fighting of the Argonne forest early in 1915, referred to these actions derived from athletic activities. As he said: “Our weapon was to be melinite-based petards that we threw by hand, after lighting the primer. I had a marvellous thrower, T., a miner endowed with strong arms and imperturbable bravery.”28 Captain Delvert, a history teacher and wonderful example of the Third Republic’s meritocratic values, a reserve officer and hero at the R1 redoubt of the trenches defending Vaux fort, said much the same: “We left our dead as memories in the trenches. There they were, stiff in their bloody tent canvas. I recognised them. Here’s Cosset ... and Delahaye; fiery “Wild Time”, stretching out his waxy hand, a hand so brilliantly skilful at throwing grenades...29 It was magnificent weather. There were the cracks of grenades all over the place. It’s very beautiful, grenade warfare. The grenade-thrower, firmly installed behind a parapet, launches the missile with all the grace of a tennis player.”30
Many other relics of sporting or athletic activities directly resulting from physical education can be found in war. The alternation between standing up and lying down for protection from opposing fire, for example, clearly follow the pattern of pull-ups done during instruction.
While it is obviously true that – with a few exceptions such as grenade-throwing – sporting and athletic activities cannot simply be transposed wholesale to practices in war, there are often parallels, albeit imperfect, involving physical abilities and, in particular, stamina. There is always a need to push oneself to the limit, and it is interesting to note that Pierre de Coubertin’s approaches can be seen in the infantry manuals, though his name is never mentioned.
In war situations, physical performance is vital. In present-day battles, performance is increasingly demanded by modes of operation, based on action by special forces, consisting of penetrating deeply into enemy arrangements – especially given that the idea of “the front” has become almost meaningless – or extricating personnel from hostile territory. The burden carried by each fighting man in the Afghanistan Operational Mentoring and Liaison Teams is often 40 kilos. That is the type of load that the British soldiers already had to carry in the Falkland Islands in 1982, when the Chinook helicopters, which were supposed to carry them, had sunk with the transport ship Atlantic Conveyor. The paratroopers and Royal Marines had to undertake a slog on foot to Port Stanley, carrying on their backs Milan missiles, 81 mm mortars and FN machine guns.
Under these conditions, we need to be daring and draw another parallel, somewhat iconoclastic this time, with activities in sport, and in particular as now happens in professional sport. The use of illicit drugs may be prohibited in civil society, but it is no more improbable in military environments than in high-level sport. As Patrick Godart has indicated: “Just like sportsmen, present-day soldiers seek to improve their performance.”31 While the heavy use of drugs in the American forces in Vietnam, especially after 1968, was certainly not intended to boost physical performance – quite the opposite, when you consider the substances consumed – the emphasis is now on substances that enable physical effort to be maintained at its peak for many hours. In September 1939, the British press got worried about the existence of a “miracle pill” that apparently abolished the effects of fatigue. A version of methamphetamine known as Pervitin had been developed in Berlin and was experimented on during the Polish campaign. The use of amphetamines and of more-sophisticated substances has for a great many years featured among fighters’ practices. Discussion of this widespread use is hardly a breach of military secrecy in the land of Astérix and his magic potion.
There are other avenues these days to develop fighters’ stamina, such as the research being carried out on the “exoskeleton”. This involves increasing the power of the muscles by supplying the human skeleton with forms of assistance boosted by the use of micro-motors or fuel cells. Digitisation of fighters is the current buzzword, particularly in France, where the Atomic Energy Commission’s robotics department has developed a prosthetic jointed arm. The Felin programme sketches out a picture of the new warrior32. It is clear that there is a danger: that the extreme technology that is supposed to robotise fighters and avoid the need for physical effort will actually undermine them, with the technological shell being weighty and energy-consuming, just making the soldier a beast of burden.
And yet, nowadays some people suggest that a great many in France’s armed forces are not ready to face the physical realities of war. In a September 2008 “free opinion” that was certainly contentious, a major with a commission in the infantry wrote: “The French soldier is both poorly equipped and ill prepared. For instance, with very rare exceptions, the soldiers no longer undergo training, no longer engage in manoeuvres and no longer toughen up. This insufficient preparation and inadequate equipment testify to our lack of realism about the hardness of future conflicts and the real operational capabilities of French soldiers. This observation is devastating enough when it relates to the combat units, but it is distressing when you see it applies throughout the French army. How many of the soldiers are unsuited to carrying, or even to shooting (which would be the last straw for a soldier)?”33 Another writer hammered the nail in still more damagingly: “The army is not being prepared to fight guerrilla activity, a form of combat that is demanding both physically and mentally. The priority in fact remains above all to deal with the low proportion who receive specialist training. Instead of converting our young recruits into fighters, too often the effort is put into courting popularity by being too gentle with them. Meanwhile, the training of our young NCOs gives excessive attention to teaching English and IT skills. This instruction hardly seems designed to create tough fighters and determined leaders.”34
To conclude, we must obviously enlarge the questions about the links between sporting and athletic activities on the one hand, and those of war on the other. Since the beginning of the new millennium in France, the high command has expressed concern about the decline in physical condition of young volunteers. They come from a society used to luxury, and unfamiliar with physical effort; they have little in common with the sturdy peasants who formed the majority of “the people” who manned the trenches in the Great War. Certainly, as we said at the outset, we need to look at the relationship of people’s bodies in war with much more than just sporting and athletic activities. The bodies produced by present-day society are nothing like those produced by the society that existed in 1914.
Twenty-year-old Frenchmen are certainly some 15 centimetres taller, on average, than those of 1914, but they are less muscular and less hardy, and have less stamina. However, looking beyond the extraordinary changes in social conditions, the totally different standards of comfort and the change from an army of conscripts to a professional army, current conditions of engagement in Afghanistan show that physical training is still the condition sine qua non for survival of troops in battle. This must be my final word here on the subject.
The author wishes to thank Nathalie Sevilla, Senior Lecturer in Sciences & Technology of Physical and Sporting Activities at Paul-Verlaine-Metz university, for her willingness to contribute ideas to this article.
1 Colonel Aumoine (ed.), Une histoire culturelle du sport. De Joinville à l’olympisme. Rôle des armées dans le mouvement sportif français [A Cultural History of Sport. From Joinville to the Olympics. The armed forces’ role in the French sporting movement], Ministère de la Défense, Commissariat aux Sports Militaires, Éditions Revue eps, 1996. In particular, reading the contributions of Gilbert Andrieu – Du “débourrage” du futur fantassin à la morale de l’effort [From “breaking in” a prospective infantryman to the mental approach to effort] (pp. 35-47), where the author recalls that at the beginning of the 20th century sport and physical education were kept well separate – and of Jean-François Loudcher & Christian Vivier – Gymnastique, éducation physique et sports dans les manuels militaires, xixe-xxe siècle [Gymnastics, physical education and sporting activities in 19th & 20th century military manuals] (pp. 21-33) – can prove instructive.
2 Jean-Philippe Dumas, Aux origines de la “méthode naturelle” : Georges Hébert et l’enseignement de l’éducation physique dans la Marine française [Origins of the “natural method”: Georges Hébert and physical-education instruction in the French navy], Revue Internationale d’Histoire Militaire, No. 76.
3 Capitaine Leblois, Le dressage individuel du tireur de champ de bataille [Knocking individual battlefield marksmen into shape], Revue de l’Infanterie, April 1912, quoted by Dr Nimier in Carnet du docteur [Doctor’s Notebook], Le Tir, Paris, Éditions Pierre Lafitte, 1914, p. 373.
4 Georges Hébert, L’Éducation physique, virile et morale par la méthode naturelle [Physical, manly and mental education by the natural method]. Volume I, Exposé doctrinal et principes directeurs du travail [Exposition of theory and guiding principles], Paris, republished by Librairie Vuibert, 1936 and 1942, Foreword, p. 10. They spoke more of gymnastics than of sporting activities at that time.
5 Pierre Arnaud, Le Militaire, l’Écolier, le Gymnaste. Naissance de l’éducation physique en France (1869-1889) [Soldiers, scholars and gymnasts: the birth of physical education in France, 1869-89], Presses Universitaires de Lyon, 1991.
6 Bons pour le service. L’expérience de la caserne en France à la fin du xixe siècle [Good for service life. Barrack experience in France at the end of the 19th century], Paris, Belin, 2000.
7 www2.ac-lille.fr/patrimoine-caac. Heading: Les premiers élans, l’échappée sportive [Building up momentum and the sporting break-away].
8 Annie Crépin, La Conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté, de la République (1798-1889) [Debate on Conscription, or the triple training: for the nation, citizenship and republicanism], Artois Presses Universités, Arras.1998.
9 François Cochet, Les Soldats de la « drôle de guerre » [The Soldiers of the Phoney War], Paris, Hachette, La Vie quotidienne [Daily Life], 2004.
10 Patrick Godart, Le guerrier et la danseuse étoile [The fighter and the prima ballerina], in Le corps guerrier, Inflexions No. 12, Paris, La Documentation Française, 2009.
11 A summary of data collected in the course of a medical-profile examination. The profile considers the pectoral girdle and upper limbs (S), the pelvic girdle and lower limbs (I), general state of health (G), eyes (Y), auditory system (O) and psychological state (P).
12 Idem, now MGI/29, p. 54.
13 MGI/29, p. 55.
14 MGI/29, p. 56.
15 MGI/29, p. 59.
16 MGI/29, p. 70.
17 Arnaud-Dominique Houte, Le Métier de gendarme national au xixe siècle. Pratiques professionnelles, esprit de corps et insertion sociale de la monarchie de juillet à la Grande Guerre [The occupation of national gendarme in the 19th century. Occupational practices, esprit de corps and involvement of the July Monarchy in the Great War], Université de Paris-IV-Sorbonne, 9 December 2006, p. 569.
18 Jean-Julien Weber, Sur les pentes du Golgotha. Un prêtre dans les tranchées [On the Golgotha slopes. A priest in the trenches], Strasbourg, La Nuée Bleue, 2001, p. 184.
19 Écrit du front. Lettres de Maurice Pensuet, 1915-1917 [War writings. Letters from Maurice Pensuet, 1915-17], Paris, Tallandier, 2010, p. 302.
20 Georges Hébert, L’Éducation physique, virile et morale par la méthode naturelle [Physical manly and mental education by the natural method]. Volume I, Exposé doctrinal et principes directeurs de travail [Exposition of theory and guiding principles], 4th edition, Paris, Vuibert, 1943, p. 277.
21 Quoted by Élie Pelaquier, L’image des soldats territoriaux chez les officiers des régiments au début de la Grande Guerre [Image of Territorial soldiers among the regiments’ officers at the beginning of the Great War], Combats. Hommage à Jules Maurin [Fighting. Homage to Jules Maurin], Paris, Michel Houdiard publisher, 2010, p. 157.
22 Idem, p. 160.
23 Maurice Genevoix, Ceux de 14 [Those of 1914], republished. Paris, Le Seuil, 1984, p. 38.
24 Idem, p. 16.
25 Daniel Mornet, Tranchées de Verdun [Verdun trenches], Presses Universitaires de Nancy, 1990, pp. 14-15.
26 Nickname given by the poilus to their backpack because, like a good dog, it faithfully followed its master.
27 Maurice Pensuet, op. cit., pp. 313, 350, 351, 360.
28 Marc Bloch, Écrits de guerre [War writings], Paris, Armand Colin, 1997, p. 14.
29 Capitaine Charles Delvert, Carnets d’un fantassin. Massiges, 1916, Verdun [An infantryman’s notebooks from Massiges and Verdun in 1916], Verdun, Éditions du Mémorial, Témoignages et Mémoires. Comité National du Souvenir de Verdun, 1981, p. 177.
30 Idem, p. 167.
31 Patrick Godart, op. cit., p. 35.
32 Marc Chassillan, Charles-Antoine Schwanhard & Éric Micheletti (defence secrecy), Les super-fantassins [Super-infantrymen], Raids magazine, Les armes du futur [“Weapons of the Future” special issue No. 16], 2005, pp. 22-23.
33 Major Frédéric Bos, 121st promotion of cesat/csem, Quelle réalité pour le soldat en 2008 [What are the realities for soldiers in 2008?], Les Cahiers du cesat, No. 13, September 2008, p. 71-72.
34 Major Hubert Beaudoin, 121st promotion of cesat/csem, L’armée de terre ne s’instruit plus pour vaincre… [The army no longer trains for victory], Les Cahiers du cesat, No. 13, September 2008, p. 84.