Mesdames et messieurs les élus, messieurs les officiers généraux, mesdames et messieurs les aumôniers, madame la présidente de l’École des hautes études en sciences sociales, mesdames, messieurs et chers amis. Le fait religieux dans nos armées est un phénomène très ancien, lié à la volonté du clergé de « christianiser la guerre ». Le concile de Ratisbonne, en 742, prévoit que les chefs militaires seront accompagnés d’évêques et de prêtres en nombre suffisant. De grands saints ont consacré une partie de leur vie à l’aumônerie militaire, tel saint Sulpice au vie siècle, dans les armées de Clotaire (fils de Clovis), ou saint Vincent de Paul, nommé en 1619 aumônier général des galères… La France décide par la loi du 8 juillet 1880 la création d’une aumônerie militaire au sein des armées. Mais la loi de séparation des Églises et de l’État interrompt le lien institutionnel entre l’ordre guerrier et l’ordre religieux en 1905.
L’armée de la France est aujourd’hui laïque et républicaine, mais la religion est profondément ancrée dans la vie militaire. Aux trois religions traditionnellement présentes depuis des années est venue s’ajouter, en 2005, la religion musulmane, ce qui ne paraît pas anormal dès lors que les armées se trouvent être un reflet fidèle de la diversité de notre pays.
Force est de constater que le principe de laïcité, tel qu’il est vécu et encadré dans les armées, ne pose pas aujourd’hui de problème apparent, n’engendre pas de crispation et semble respecter les convictions personnelles de chacun, croyant convaincu ou non-croyant.
Je suis quant à moi persuadé que l’exercice d’une laïcité apaisée, qui autorise la liberté religieuse, ne peut que permettre à nos hommes et nos femmes de mieux vivre leur métier pour peu que soient respectés nos statuts et les exigences du métier militaire.
Nous montrerons qu’en dépit du socle de textes qui fonde le caractère laïc de notre armée, le fait religieux est très présent dans la vie militaire puisque la pratique y est libre, sans que cela interfère sur son fonctionnement et, bien évidemment, sa capacité opérationnelle.
De quoi parle-t-on quand on évoque la laïcité dans nos armées ? Sur quoi s’appuient nos règles et nos comportements ?
Il convient de considérer d’abord la norme suprême, la Constitution, qui stipule dans son article 1er : « La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » De prime abord, les principes d’unité nationale (indivisibilité) et de laïcité priment sur les valeurs démocratiques, dont ils sont les garants. Pour le militaire, les choses sont claires : en tant que serviteur de l’État, et quelles que soient ses convictions personnelles, il sert une république laïque et les valeurs qui lui sont attachées.
Toutefois, il nous faut approfondir le principe de laïcité. Celui-ci a été institutionnalisé par la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État. Les articles 1 et 2 en fixent les grands principes – la liberté de conscience et de culte, la neutralité de l’État. Article 1er : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes, sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » Article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. […] Pourront toutefois être inscrites aux dits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics, tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. »
Certains aménagements permettent de concilier neutralité de l’État et pratique du fait religieux. L’existence d’aumôneries permet de répondre aux exigences de certaines administrations publiques (les armées, les écoles, les prisons, les hôpitaux) dont le fonctionnement peut entraîner le non-respect de la liberté religieuse. L’existence d’une aumônerie militaire est donc prévue et reconnue par la loi comme un système dérogatoire au principe général de laïcité.
Enfin, pour nous militaires, l’ensemble de ces principes est réaffirmé par la loi portant statut général des militaires (sgm) du 24 mars 2005 dans son article 4 : « Les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression. Elle ne fait pas obstacle au libre exercice des cultes dans les enceintes militaires et à bord des bâtiments de la flotte. » Cet article révèle toute la difficulté du sujet en associant des idées en apparence contradictoires, entre les exigences de l’état militaire qui imposent le « devoir de réserve » et la « liberté individuelle » ainsi que la « liberté de culte », dont les principes sont réaffirmés. Mais, en même temps, en juxtaposant ces principes, il leur donne une valeur similaire, considérant qu’ils sont complémentaires, que tous ont leur égale importance pour le bon fonctionnement de l’institution militaire.
Au final, c’est bien le principe de laïcité qui s’applique au sein des armées, mais une laïcité que je qualifierai d’« aménagée » pour répondre aux spécificités du métier militaire.
Le fait religieux est comme naturel au monde militaire et déborde presque naturellement du cadre des principes fixés par la loi. De fait, notre institution exerce depuis toujours cette laïcité qualifiée récemment de « positive », qui tire ses fondements des racines chrétiennes de la France.
D’abord, les valeurs essentielles que prône l’institution, et dont certaines sont évoquées dans l’article 1er du sgm, ne vont pas sans rappeler les vertus centrales des religions du Livre : « L’esprit de sacrifice pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême », le principe d’obéissance, les notions de service, de disponibilité. De même, l’exigence déontologique imposée à tout militaire s’inspire très fortement des valeurs judéo-chrétiennes.
En outre, comme le souligne le général Bachelet, « le cérémonial militaire est une liturgie, liturgie laïque, mais liturgie ». À travers celui-ci s’exprime une dimension sacrée du métier des armes héritée de la tradition religieuse qui imprègne nos cérémonies.
Les traditions de nos armes ou de nos régiments font également appel à des références religieuses : la plupart des armes ont des saints patrons tirés du sanctoral catholique qui sont fêtés chaque année de façon très officielle. Enfin, il est aussi nécessaire de rappeler que le droit international auquel doit se plier tout soldat en opérations a pour objectif la réalisation de deux valeurs chrétiennes fondamentales : la dignité humaine et la paix entre les peuples. Le droit international de la guerre (jus ad bellum) et le droit international humanitaire (jus in bello) qui ont pour but de faire respecter ces deux principes ont été directement influencés par les réflexions des grands penseurs chrétiens saint Augustin et saint Thomas d’Aquin.
Le militaire, sans nécessairement s’en apercevoir, évolue en permanence dans un contexte marqué par la religion et le sacré. Notre armée ne réfute pas la longue tradition qui l’a unie à l’ordre religieux, bien plus, elle l’assume et l’intègre dans tout ce qui la structure. L’ordre surnaturel (la transcendance) a été converti en un ordre supérieur naturel et républicain, qu’exaltent nos valeurs, nos traditions, notre cérémonial.
L’existence même d’une aumônerie militaire est indispensable pour faciliter une bonne pratique religieuse qu’interdisent souvent les sujétions liées à l’état de militaire. Pour ma part, je considère que l’aumônier répond également à un besoin opérationnel d’assistant psychologique, d’accompagnateur spirituel dans les périodes de doutes parfois existentiels que peut connaître tout soldat, tout combattant. Il peut donner aussi du sens à nos vies et à l’engagement opérationnel et, lorsqu’il l’estime, avec autant de doigté que d’intelligence des situations, faire sentir au chef militaire les attentes, les angoisses de ses subordonnés, voire l’alerter sur ce qui constitue des atteintes graves à leur dignité. Je sais que ce rôle d’auxiliaire du commandement ne fait pas l’unanimité. Mais combien de drames ont été évités d’un mot, d’une allusion, d’un conseil amical et d’incommensurables douleurs atténuées par une sincère compassion dans l’épreuve.
Le soutien spirituel donné par les aumôniers à ceux qui lui sont ouverts constitue un complément irremplaçable à la formation éthique et morale. Je crois également aux vertus modératrices des aumôneries pour guider les militaires croyants de toute confession à pratiquer leur foi dans le respect des principes du statut général et dans le sens de l’intérêt militaire. Dans une armée de terre dont la composition reflète la diversité de la société française, toutes les aumôneries ont leur place pour contribuer au respect des identités et de la cohésion des forces, dans l’observance des valeurs de la République et des impératifs de préparation opérationnelle.
Au final, cette laïcité positive, décomplexée et complètement assumée, qui accueille toutes les religions, confère une efficacité supplémentaire à notre outil militaire.
Après ce constat, il convient de montrer que la pratique de la religion est avant tout une expérience personnelle et privée, qui peut parfaitement coexister en toute harmonie avec le service des armes.
La guerre justifie fondamentalement que certains militaires fassent preuve de fortes convictions religieuses et cultivent la référence à Dieu. La mort est intrinsèquement liée à l’état de soldat : il peut la donner, il peut la recevoir, il peut en être spectateur. Par leur dimension transcendante, les religions apportent une partie des réponses indispensables pour éclairer l’action personnelle, le sens de la vie et de la mort, et écarter le désespoir pouvant surgir à la vue de la réalité des combats et des souffrances qu’elle engendre.
Indissociable du fait militaire à travers le rapport à l’Au-delà que tout soldat peut ressentir lorsqu’il est dans son « trou de combat » ou pris sous le feu, l’acceptation du fait religieux est donc légitime dans nos armées et compatible avec le service des armes. « Si vous ôtez aux troupes et aux hommes de guerre la croyance à une autre vie, vous n’avez plus le droit d’exiger d’eux le sacrifice de leur vie », se plaisait à rappeler le général du Barail, alors ministre de la Guerre en 1873.
Entre convictions et indifférence, c’est avant tout les principes de tolérance et de neutralité qui doivent guider les comportements de chacun. La tolérance permet d’accepter et de respecter les différences de l’autre en garantissant sa liberté de pratiquer, quelle que soit sa religion, quand cela ne s’oppose pas aux contraintes du service. Elle exclut toute forme de prosélytisme ou de comportement ostentatoire, qui vont à l’encontre du principe de neutralité et de cohésion de l’institution. Car la force de notre armée réside dans sa capacité à dépasser ses différences dans le respect des convictions de chacun.
Dès lors, la clé de la réussite d’une laïcité que je souhaite apaisée et sereine au sein de l’armée de terre, est que la religion, qui appartient à la sphère des convictions personnelles et privées, doit savoir rester à sa place et coexister avec une conviction collective supérieure et laïque, incarnée par l’esprit de corps et le service toujours exigeant de la France. Chaque militaire croyant doit pouvoir concilier ce service et la fidélité à des valeurs religieuses. Et si cette conciliation lui semble hors d’atteinte, il doit faire le choix, en son âme ou conscience, de rester ou de quitter l’institution. Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique qui nous permet d’opérer ce choix.
Au final, je pense qu’il n’est pas interdit de rayonner sa foi dans l’application de principes simples et humains qui doivent animer tout militaire au quotidien : la rigueur, l’enthousiasme, la volonté et la camaraderie, mais sans ostentation ni attitude caricaturale.
Gageons qu’à l’instar du concile chrétien, dont l’objectif est d’édicter des règles de foi, de comportement et de discipline communes au sein des Églises dans l’intérêt de tous, le principe de conciliation entre exigences du métier militaire et convictions personnelles puisse, lui aussi, devenir, plus qu’un vœu pieu, une règle sur laquelle s’appuie la laïcité dans nos armées.
Je finirai mon intervention par cette citation du général de La Presle en 2001, elle-même reprise d’une devise de Blaise de Montluc écrite en 1550, qui peut caractériser le comportement de tout soldat quelles que soient ses convictions religieuses : « Mon âme est à Dieu, ma vie est à l’État, ma conscience est à moi. »
Ladies and Gentlemen, elected representatives, Gentlemen, general officers, Ladies and Gentlemen, chaplains, Mrs President of the Institute for Higher Studies in Social Sciences, Ladies, Gentlemen and dear friends. The religious phenomenon in our armies is a very old one, linked with the wish of our clergy to “christianize war”. The Council of Ratisbonne, in 742, provides for the military chiefs to have with them bishops and priests in sufficient numbers. Great saints devoted a part of their life to chaplaincy, such as Saint-Sulpice in the 6th century, in the armies of Clotaire (son of Clovis), or Saint-Vincent de Paul, named general chaplain of the galleys in 1619… By the law of 8 July, 1880, France decided on the creation of a military chaplaincy within the armies. But the separation of the Church and the State broke off the institutional link between the order of war and the religious order in 1905.
Today, the French Army is secular and republican, but religion is deeply rooted in military life. In addition to the three religions traditionally present for several years, came the Muslim religion in 2005, which does not seem unusual since the armies happen to be a faithful reflection of the diversity of our country.
We have to admit that, today, the principle of secularism, as it is experienced and managed in the armies, does not present any apparent problem, does not generate tension and seems to respect the personal convictions of each one, firm believer or non-believer.
For my part, I am convinced that the practice of an allayed secularism, which authorizes religious freedom, can only allow our men and women to better live their career if our statuses and the demands of the military career are respected.
We will show that despite the core texts on which is based the secular nature of our army, the religious phenomenon is very present in the military life since the practice is free in it, without it interfering with its function and, of course, its operational capacity.
What are talking about when we evoke secularism in our armies? What supports our rules and our behaviours?
It is advisable to first consider the supreme standard, the Constitution, which states in article I that: “France is an indivisible, secular, democratic and social republic. It ensures the equality before the law of all citizens, without distinction of origin, race or religion. It respects all beliefs.” At first glance, the principles of national unity (indivisibility) and of secularism prevail over the democratic values, of which they are the guarantors. For the soldier, things are clear: as servant of the State, and whatever may be his personal convictions, he serves a secular republic and the values attached to it.
However, we must go deeper into the principle of secularism. The latter was institutionalized by the law of 9 December, 1905 relative to the separation of the Church and the State. Articles 1 and 2 fixed its main principles – the freedom of conscience and of worship, the neutrality of the State. Article 1: The Republic ensures freedom of conscience. It guarantees the free exercise of worships, under the only restrictions provided below, in the interest of public order.” Article 2: “The Republic does not recognize, pay the salaries of, nor subsidies any worship. […] Chaplaincy expenses for public establishments such as schools, retirement homes, mental institutions and prisons may be included in such budgets.”
Certain adjustments make it possible to conciliate neutrality of the State and practice of the religious phenomenon. The existence of chaplaincies makes it possible to meet the requirements of certain public administrations (armies, schools, prisons and hospitals) whose function can lead to the non-respect of religious freedom. The existence of a military chaplaincy is thus provided for and recognized by the law as an exceptional arrangement in respect of the general principle of secularism.
Finally, for us soldiers, the whole of these principles was reasserted by the law supporting general status of the servicemen (sgm) dated 24 March, 2005, in its article 4: “The opinions or beliefs, notably philosophical, religious or political, are free. They can however only be expressed outside the service and with the reserve demanded by the military state. This rule applies to all forms of expression. It does not hinder the free exercise of worships within the military areas and aboard the ships of the fleet.” This article reveals the whole difficulty of the subject by associating seemingly contradictory ideas, between the requirements of the military state, which imposes the “duty of reserve” and the “individual freedom” as well as the “freedom of worship”, whose principles were reasserted. But at the same time, by juxtaposing these principles, it gives them a similar value, considering them to be complementary, to all have an equal importance for the proper function of the military institution.
In the end, it is certainly the principle of secularism that is applied within the armies, but a secularism that I would qualify as “adjusted” in order to meet the military specificities of the military career.
The religious phenomenon seems natural to the military world and almost naturally goes beyond the framework of the principles set by the law. In fact, our institution has always practiced this secularism, recently qualified as “positive”, and which draws its foundations from France’s Christian roots.
First, the essential values that the institution advocates, and of which certain are mentioned in article 1 of the sgm, do not go without evoking the central virtues of the religions of the Book: “the spirit of sacrifice that can go up to the supreme sacrifice”, the principle of obedience, the notions of service, of availability. In the same way, the ethical demand imposed on all servicemen is strongly inspired by Judeo-Christian values.
Moreover, as General Bachelet underlines it, ‘the military ceremonial is a liturgy, secular liturgy, but liturgy”. Through it is expressed a sacred dimension of the military career inherited from the religious tradition that fills our ceremonies.
The traditions of our services or of our regiments also call upon religious references: most of the services have patron saints drawn from the Catholic sanctoral and celebrated every year in a very official manner. Finally, it is also necessary to mention that the international law which any soldier in operation must submit to has for objective the realization of two fundamental Christian values: human dignity and peace between the peoples. The international law on war (jus ad bellum) and the humanitarian international law (jus in bello), whose aim is to make sure these two principles are respected, were directly influenced by the reflections of the great Christian thinkers Saint Augustine and Saint Thomas Aquinas.
The military, without necessarily noticing it, is constantly evolving in a context marked by religion and the sacred. Our army does not refute the long tradition that united it with the religious order, more than that, it accepts it and integrates it all that structures it. The supernatural order (transcendence) was converted into a natural and republican superior order, praised by our values, our traditions and our ceremonial.
The very existence of a military chaplaincy is essential in order to facilitate a good religious practice that is often forbidden by the constraints linked with the state of servicemen. For my part, I consider that the chaplain also answers an operational need for a psychological assistant, a spiritual guide in the periods of doubt, sometimes existential, that any soldier, any combatant can experience. He can also give meaning to our lives and to the operational engaging and when he deems it necessary, with as much tact as intelligence of the situations, to make the military chief aware of the expectations and of the fears of his subordinates, indeed to inform him of what constitutes serious attacks on their dignity. I know that this role of auxiliary of the commander is not approved unanimously. But how many tragedies have been avoided with a word, an allusion or friendly advice, and incommensurable pains alleviated by sincere compassion in hardship.
The spiritual support given by the chaplains to those who are open to it constitutes an irreplaceable complement to the ethical and moral training. I also believe in the moderating virtues of the chaplaincies to guide the servicemen believers of any denomination to practice their faith in the respect of the principles of the general status and in the direction of the military interest. In an Army whose composition reflects the diversity of French society, all the chaplaincies have their place in order to contribute to the respect of the identities and of the cohesion of the forces, in the observance of the values of the Republic and of the imperatives of operational preparation.
In the end, this positive secularism, rid of all complexes and completely accepted, and which welcomes all religions, confers an additional effectiveness to our military tool.
After this observation, it is advisable to show that the practice of religion is above all a personal and private experience, which can perfectly co-exist in harmony with the military service.
War fundamentally justifies that certain servicemen show strong religious convictions and cultivate the reference to God. Death is inextricably linked with the state of soldier: he can give it, he can receive it and he can be witness to it. By their transcendent dimensions, religions bring part of the answers essential to shedding light on personal action, the meaning of life and death, and push back the despair than can emerge upon seeing the reality of the battles and the suffering that it causes.
Indissociable from the military act through the relationship with the Beyond that any soldier can feel when he is in his “combat hole” or caught under fire, the acceptance of the religious phenomenon is thus legitimate in our armies and compatible with the military service. “If you take away from the troops and from the men of war the belief in another life, you can no longer demand from them the sacrifice of their life” liked to mention General du Barail, then Minister of War in 1873.
Between convictions and indifference, it is first of all the principles of tolerance and neutrality, which must guide the behaviours of each one. Tolerance makes it possible to accept and respect the other’s differences by guaranteeing his freedom to practice, whatever his religion may be, when this does not oppose the constraints of the service. It excludes any form of proselytism or of ostentatious behaviour, which go against the principle of neutrality and of cohesion of the institution. For the force of our army resides in its capacity to go past its differences with respect towards the convictions of each.
Consequently, the key to the success of a secularism that I wish is allayed and serene within the Army, is that religion, which belongs to the sphere of personal and private convictions, must remain in its place and co-exist with a superior and secular collective conviction, embodied by the esprit de corps and the always demanding service of France. Each serviceman believer must be able to conciliate this service and the faithfulness to religious values. And if this conciliation seems to him to be out of reach, he must make the choice, in all honesty, to stay or to leave the institution. We are lucky to live in a democratic country, which allows us to operate this choice.
In the end, I think that it is not forbidden to shine one’s faith in the application of simple and human principles, which must stimulate any serviceman on a military basis: rigour, enthusiasm, will and camaraderie, but without ostentation or caricatured attitude.
I bet that, like the Christian council, whose objective is to enact common rules of faith, of behaviour and of discipline within the Churches in the interest of all, the principle of conciliation between the demands of military service and personal convictions can also become, more than a pious wish, a rule which the secularism of our armies lean upon.
I shall finish my intervention with this quotation of General de La Presle in 2001, itself taken from a motto by Blaise de Montluc written in 1550, which can characterize the behaviour of any soldier whatever his religious convictions may be: “My soul belongs to God, my life belongs to the State, my conscience is mine.”