Le credo du soldat américain, novembre 2003
Je suis un soldat américain.
Je suis un guerrier et membre d’une équipe.
Je sers le peuple des États-Unis et vis selon les valeurs de l’armée.
Je placerai toujours la mission en premier.
Je n’accepterai jamais la défaite.
Je ne renoncerai jamais.
Je n’abandonnerai jamais un camarade tombé1.
Je suis discipliné, physiquement et mentalement endurci, entraîné
et compétent dans mes tâches et exercices guerriers.
J’entretiens toujours mes armes, mon équipement et moi-même.
Je suis un expert et je suis un professionnel.
Je me tiens prêt à me déployer, à engager [l’adversaire]
et à détruire les ennemis des États-Unis en combat rapproché [au corps à corps].
Je suis un gardien de la liberté et de la manière de vivre (way of life) américaine.
Je suis un soldat américain.
Après la première phase victorieuse de l’invasion de l’irak, operation iraqi freedom, l’armée de terre américaine adopte en novembre 2003 un nouveau credo du soldat qui se distingue par sa martialité de l’ancien credo du soldat de 1961 et dont le noyau dur est un ethos du guerrier (warrior ethos). désormais les valeurs traditionnelles de l’armée : maîtrise de la force, devoir, respect, honneur et intégrité s’effacent derrière les valeurs du guerrier ; sens du sacrifice, ténacité et détermination de détruire l’ennemi en combat rapproché.
Je propose dans cet article d’explorer le fond religieux qui sous-tend ce nouveau credo.
L’adoption de ce credo du soldat est accompagnée par un programme ambitieux de « tradoc2 » (u.s. Army Training and Doctrine Command) qui a pour mission d’insuffler cet ethos du guerrier (Warrior Ethos) dans l’ensemble des forces terrestres3. Il vise à forger une nouvelle identité de l’u.s. Army en force capable de répondre à toutes les missions et d’assurer la doctrine du Full Spectrum Dominance, c’est-à-dire la domination sur tout le spectre des opérations militaires à l’échelle de la planète.
Pour les autorités des États-Unis, les menaces sont devenues protéiformes et la guerre menée à distance insuffisante. Le combat doit désormais être engagé chez l’ennemi par sa destruction en combat rapproché, car contre certains ennemis – réseaux terroristes, États voyous ou mouvements insurrectionnels – la dissuasion n’a plus prise. Le combat doit être désormais engagé chez l’ennemi car « La simple punition exercée à distance ne suffit pas. Avec ces adversaires, la seule façon d’assurer la victoire est de mettre des troupes au sol, et de s’imposer sur son territoire et de les détruire. »4
Qu’il soit membre des troupes de combats ou simple logisticien, le nouveau soldat américain doit être en premier lieu un guerrier, prêt au combat rapproché et au sacrifice dans une guerre sans répit et sans front. Comme dit le nouveau programme du tradoc : « Dans chaque soldat, un guerrier d’abord. »
Ce changement identitaire de l’armée américaine, ce nouveau credo d’une armée de soldats-citoyens transformés en guerriers « endurcis » voués « à détruire les ennemis des États-Unis en combat rapproché (corps à corps) » serait-il le symptôme d’un bouleversement politique interne, externe ? Ou au contraire la réaffirmation d’une identité pérenne américaine ?
- Pourquoi un credo ?
Le credo du soldat est un texte court qui tient sur une demi-page. Il se présente, comme un credo, avec une douzaine d’articles de foi.
Il est reproduit sous forme d’affiches, placardées dans les cantines, les bureaux, les casernes, récité pendant les inspections, les cérémonies de remise des diplômes, intégré dans les présentations PowerPoint et reproduit en encadré dans nombre de manuels et documents de l’armée. Dès le premier jour des classes, le credo est remis au nouvel engagé avec son manuel du soldat. Et pour parfaire les choses, tous les soldats américains dans le monde, doivent porter en permanence autour du cou, en plus de leur plaque d’identification (dog tag5) avec nom, grade et groupe sanguin, un deuxième dog tag sur lequel sera gravé l’ethos du guerrier du nouveau credo.
Ce choix d’appeler le texte un « credo du soldat » lui donne donc un air de catéchisme et de profession de foi, avec ses phrases courtes et sa douzaine d’articles pouvant être scandés comme un chant religieux. En effet, le sens du mot creed en anglais est identique à celui du mot credo en français. Il provient du mot latin credo qui signifie « je crois », premier mot des professions de foi du Symbole des Apôtres et du Credo de Nicée (325) qui contiennent les articles principaux de la foi chrétienne.
Mais pourquoi le choix d’un credo avec sa connotation religieuse plutôt qu’un code du soldat ? Après tout, des pays aux traditions guerrières aussi différentes que la France et la Grande-Bretagne6 ont choisi la forme juridique d’un code du soldat avec ses règles, valeurs et préceptes plutôt que la forme d’un credo.
Même Israël, État idéologique par excellence, avec un fond nationaliste et religieux, se contente d’un document doctrinal sur les valeurs laïques de l’Israel Defense Forces (idf) ; défense de la patrie, de la démocratie, des valeurs humanistes. Tout au plus, certaines unités d’élite à la fin de leurs classes vont en « pèlerinage » à Massada, pour y faire le serment bien peu religieux de Shaynit M’zada Lo Tipol, « Massada ne tombera pas une seconde fois ».
La clef du « pourquoi un credo ? » est peut-être à trouver dans l’article premier qui ouvre (et clôt) cette profession de foi. « Je suis un soldat américain » (I am an American Soldier).
Au premier abord, ce premier article du credo du soldat ne fait qu’affirmer une évidence pour un texte de l’u.s. Army. Mais il laisse soupçonner autre chose, car ce même article de foi est réemployé pour conclure le credo. En fait, cette scansion qui frise la lapalissade traduit une dimension idéologique propre aux États-Unis qu’un professeur de Harvard d’origine européenne, Carl Friedrich, a parfaitement capturé : « Être un Américain est un idéal, être un Français est un fait ». En d’autres termes, se proclamer Américain est déjà tout un programme.
C’est encore un auteur européen, l’anglais G.K. Chesterton (1874-1936) qui a peut-être saisi mieux encore ce qui constitue la singularité identitaire des États-Unis et qui traverse de part en part le credo du soldat : « L’Amérique est la seule nation au monde fondée sur un credo. » (America is the only nation in the world that is founded on a creed). Il précise ensuite, que ce credo est gravé avec une « lucidité théologique dans la déclaration d’indépendance » et que l’Amérique est une nation « avec l’âme d’une église ». Derrière ces formules littéraires non dépourvues d’esprit, se pose la question de l’identité américaine, et conjointement de son armée, comme une exception hors de l’histoire et de la tradition séculaire des nations.
En effet, les États-Unis sont une nation issue de la seule volonté de ses fondateurs. Leur identité nationale n’est pas fondée sur un passé, une tradition ou une entité historique mais par un acte fondateur volontaire et révolutionnaire contre l’Angleterre.
Comme l’a parfaitement exploré Élise Marienstras, « Nation a-historique, les États-Unis n’appartiennent pas à l’histoire des nations dont leurs ressortissants sont issus. Ils ne fondent pas non plus leur nation sur le passé des citoyens, trop hétérogène pour constituer un facteur national. La nation est une création dont les citoyens restent libres de faire ce qu’ils entendront. »7 Les États-Unis sont en somme une nation par volonté, une dénomination que l’on choisit, un credo avec sa liturgie formalisée par la déclaration d’Indépendance et la Constitution.
Nous retrouvons ce même volontarisme identitaire avec l’ambitieux programme du Pentagone qui accompagne le nouveau credo ; transformer toute son armée de soldats en une « nouvelle race de guerriers »8.
Le choix d’un credo plutôt qu’un code du soldat poursuit donc ce volontarisme fondateur du pays.
Et nous voyons ainsi comment une simple déclaration factuelle comme « Je suis un soldat américain » devient une déclaration idéologique identitaire. Elle rejoint par là, la belle formule de l’historien Richard Hofstadter sur la singularité américaine, « Ce fut le destin de notre nation de ne pas avoir d’idéologies, mais d’en être une. » (It has been our fate as a nation not to have ideologies but to be one).
Je m’avancerais à dire que ce qui distingue l’Amérique des autres démocraties occidentales n’est pas un attachement plus aigu aux valeurs démocratiques mais plutôt l’adhésion passionnée de ses citoyens à certaines valeurs et mythes que nombre d’historiens ont appelés the American creed (le credo américain).
On pourrait définir succinctement ce credo comme un nationalisme basé sur une foi dans les valeurs de la démocratie et de la Constitution américaines, dans l’individualisme social et économique comme synonyme de liberté. Mais c’est aussi un nationalisme zélé (Manifest Destiny) qui ne se contente pas de briller par l’exemple mais aussi par la force, convaincu que la bienveillance, l’innocence et la bonté de l’Amérique triompheront.
L’Amérique est convaincue d’être l’exemple suprême de la démocratie et de la modernité, d’avoir pour mission de sauver le monde contre le mal et de propager les valeurs américaines comme valeurs universelles, quels que soient les désirs ou besoins des autres. Et parce que l’Amérique est foncièrement bonne, elle mérite cette puissance, car par nature elle ne peut l’utiliser que pour le bien et non pour le mal. Pour paraphraser Spinoza dénonçant les illusions du finalisme, ce serait parce que les États-Unis, par essence bienveillants, désirent une chose qu’elle serait bonne9. Ce credo messianique est parfaitement ramassé en une seule phrase par Herman Melville : « Nous les Américains, sommes le peuple choisi – l’Israël de notre temps : nous portons l’arche des libertés du monde. »
Le conformisme passionnel et passionné que suscite ce credo américain est selon l’historien Hofstadter, essentiel pour garantir l’unité nationale et joue un rôle de religion civile dans l’identité nationale américaine, d’une façon sans équivalent dans l’identité anglaise, française ou allemande. Être américain, c’est croire à ce credo10.
Cette religion civile américaine est une sorte de religion générique qui rassemble les citoyens par-delà leurs étiquettes confessionnelles et que le président Eisenhower a parfaitement saisi en déclarant en 1954 de façon faussement niaise : « Notre système de gouvernement n’a de sens que s’il est fondé sur une foi religieuse profonde, et peu m’importe laquelle. »
Cette notion de religion civile pour caractériser the American creed fut réintroduit dans le débat américain par le sociologue Robert N. Bellah pendant les turbulences des années 1960, en pleine guerre du Viêtnam et la crise identitaire qui s’ensuivit. Elle trouve son origine et son expression théorique chez J.J. Rousseau dans son Du Contrat social : « Il y a donc une profession de foi purement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas précisément comme dogme de religion, mais comme sentiments de sociabilité sans lesquels il est impossible d’être bon citoyen ni sujet fidèle ». Sans pouvoir obliger personne à les croire, il peut bannir de l’État quiconque ne les croit pas ; il peut le bannir, non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d’aimer sincèrement les lois, la justice, et d’immoler au besoin sa vie à son devoir. « Les dogmes de la religion civile doivent être simples, en petit nombre, énoncés avec précision, sans explications ni commentaires »11. (C’est nous qui soulignons.)
Nous ne sommes pas loin, ni dans la forme, ni dans le fond, du credo du soldat et de sa fonction de « liant » autour de la nation. Le passage d’un credo à l’autre est en effet facilement franchi par ce simili syllogisme : être un Américain c’est croire au American creed. Être un soldat américain, c’est croire au Soldier’s creed, au credo du soldat. Une homothétie idéologique en quelque sorte que l’on retrouve dans le Field Manual FM1 The Army 2005, clef de voûte des manuels qui codifient la doctrine de l’u.s. Army : « Le credo du soldat s’applique au-delà de l’engagement du soldat ; il inclut l’engagement en faveur de la famille et de la société. »
Cet aspect des choses n’a pas échappé à la droite religieuse et au mouvement conservateur. Suite à la défaite américaine au Viêtnam, certains évangélistes de cette droite se tournèrent vers les forces armées comme recours pour sauver l’Amérique d’un effondrement intérieur. Pendant les années 1960-1970, qu’ils vécurent comme une période de décadence morale et de confusion, ils virent le militaire comme un bastion des valeurs nécessaires pour sauver l’Amérique : respect de la tradition, appréciation de l’ordre et de la discipline, culte du sacrifice pour le bien commun. En somme, les évangélistes voyaient les soldats comme modèles que les citoyens devaient imiter pour retrouver les valeurs fondamentales et contrecarrer les désordres moraux et sociaux qu’incita le mouvement des années 1960. Pour les chrétiens conservateurs, après le Viêtnam, la pré-condition pour accomplir le mandat divin de l’Amérique était de reconstruire sa puissance militaire.
Pour leur part, les forces armées, se sentant elles-mêmes cibles de la contestation, estimèrent qu’elles avaient les mêmes ennemis et d’une certaine façon, le même projet de restaurer la puissance militaire américaine après leur défaite en Asie. L’état-major des armées commença à répondre aux gestes amicaux des évangélistes.
Pour l’historien Andrew Bacevich la ratification de cette entente entre les évangélistes et les officiers peut être datée avec précision : le 1er mai 1972 quand l’académie militaire de West Point conféra au révérend Billy Graham12 le prix Sylvanus Thayer13 pour service rendu par un citoyen américain aux valeurs de l’académie devoir, honneur, patrie (Duty, Honor, Country). La citation insista sur sa défense intransigeante « des valeurs traditionnelles » de la société. Dans le contexte des années de contestation des années 1960-1970, l’armée prenait officiellement parti pour les valeurs défendues par les conservateurs chrétiens. Tel que nous le relate Andrew Bacevich, Billy Graham prévint les cadets qu’ils débutaient leur carrière militaire à un moment où la survie même du mode vie américain était en jeu. Il souligna que le danger principal venait du cœur même de la société. Pour sauver le pays de l’autodestruction, il regarda vers ceux qui rejetaient les protestations et les piquets de grève, vers « les hommes et femmes qui croient au devoir, honneur, patrie – et ont une foi ardente en Dieu ». Pour Billy Graham, les valeurs de West Point fusionnées avec les valeurs traditionnelles de la religion « deviendraient le phare indispensable pour guider la nation en ces temps troublés14. »
Nous retrouvons là les prémices d’une alliance ou « sainte » trinité (religion, conservatisme et l’armée) qu’un Samuel Huntington, dans un texte passé inaperçu en 1999, appelait de ses vœux avant l’élection de G. W. Bush pour accoucher d’un « nationalisme robuste », afin de lutter contre les dérives de l’Amérique contemporaine menacée de désintégration intérieure.
« Dans l’Amérique contemporaine, l’engagement religieux et le conservatisme marchent main dans la main dans leur combat contre la laïcité, le relativisme et le libéralisme. Dans leur engagement envers Dieu et la patrie, les conservateurs ne font qu’un avec le peuple américain… Le patriotisme et la religion sont des éléments centraux à l’identité américaine. »15
Afin d’apprécier l’inquiétude, si ce n’est l’angoisse, qui nourrit ce conservatisme radical, il faut se remémorer ce qu’a été la crise de légitimité de l’État et du mode de vie américain pendant les années 1960-1970. Une contestation des institutions et des valeurs dominantes sans pareille depuis la guerre civile 1861-1865 ; émeutes, révoltes des noirs, défaite au Viêtnam, pacifisme, désertions, fragging16, mutineries, révoltes étudiantes, hédonisme, multiculturalisme…
Ce souhait partagé de Billy Graham et Samuel Huntington de voir forger une alliance entre la religion, le conservatisme et l’armée trouvera sa traduction dans le nouveau credo et son ethos du guerrier.
En effet, pour le général Schoomaker, chef d’état-major de l’armée de terre (2003-2007), l’ambition de l’ethos du guerrier ne doit pas se contenter d’être un simple slogan sur les affiches de recrutement mais devenir véritablement la matrice identitaire des soldats du Future Force17, une éthique qui englobe les multiples identités du soldat dans la société : « L’ethos du guerrier n’est pas seulement d’être un bon soldat, mais un bon époux, parent, ami, et citoyen. »18
- Défaite ou destruction de l’ennemi ?
Le credo prône la destruction de l’ennemi avec l’article, « Je me tiens prêt à me déployer, à engager [l’adversaire], et à détruire les ennemis des États-Unis en combat rapproché. »
Au premier abord, le credo du soldat semble être dans la continuité de la pensée de Clausewitz. Comme celui-ci le rappelle « Toute l’activité [guerrière] vise à la destruction de l’ennemi, ou plutôt de sa capacité de combat, car c’est en cela que se résume le concept même de l’engagement. Aussi la destruction des forces armées de l’ennemi est-elle toujours le moyen d’atteindre le but de l’engagement19 ».
Le but de tout engagement est en effet, dans les deux textes, la destruction de l’ennemi. Mais à y regarder de plus près, on remarque tout de suite que Clausewitz introduit une distinction importante entre la destruction physique de l’ennemi et la destruction de sa capacité de combat, enjeu véritable de l’engagement pour lui. Car même quand Clausewitz parle de destruction des forces armées comme « moyen d’atteindre le but de l’engagement », il signifie par là, défaite morale, et pas seulement, ou nécessairement, destruction physique de l’adversaire.
« Toutes les fois que l’anéantissement de l’ennemi n’est pas le seul moyen d’atteindre l’objectif politique, comme nous l’avons montré, toutes les fois que le but de guerre que l’on poursuit est représenté par autre chose, il va de soi que ces choses deviennent l’enjeu d’actions particulières, et par suite l’enjeu de l’engagement. […] Pour maintes raisons, il est donc possible qu’un engagement n’ait pas pour but de détruire les forces ennemies, c’est-à-dire les forces qui nous font face, et que cette destruction apparaisse seulement comme un moyen. Dans tous les cas la réalisation de cette destruction n’a d’ailleurs plus d’importance, car l’engagement n’est plus alors qu’une épreuve de force. Il n’a aucune valeur en lui-même, seul son dénouement compte »20. « Le but de la guerre devrait toujours être, d’après son concept, la défaite (Vernichtung21) de l’ennemi22 ».
À la différence du credo du soldat qui prône pour seul objectif la destruction de l’ennemi, Clausewitz subordonne très clairement la pertinence de la destruction de l’adversaire à la réalisation de l’objectif politique. Car au bout du compte, la victoire ne peut être que politique. Vaincre l’ennemi, c’est détruire sa volonté de combattre. Nous rejoignons par là sa fameuse définition de la guerre comme « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ». Le choix du credo de mettre en avant la destruction de l’ennemi plutôt que la défaite de l’ennemi renvoie à la dichotomie du American way of war entre la phase politique qui assigne les buts de guerre et la phase opérationnelle des combats qui se focalise sur la destruction de l’adversaire. Cette disjonction dans le temps entre la phase politique et la phase de destruction, autonomisant les moyens de violence aux dépens de la réalisation des fins, conduira plus d’un militaire américain à se désoler de leurs succès tactiques et défaites stratégiques.
« Les militaires font un sacré bon boulot pour tuer les gens et détruire les choses. Mais quel est le rôle des militaires au-delà ? Il y a une différence entre gagner les batailles, ou vaincre l’ennemi au combat, et gagner la guerre. Nous sommes formidables pour traiter de problèmes tactiques. Nous sommes nuls (lousy) pour résoudre les problèmes stratégiques23 », s’interroge déjà le général Antony Zinni, ancien commandant en chef de l’United States Central Command (centcom)24 (1997-2000) pendant la première phase « triomphale » de l’intervention américaine de 2003 en Irak.
Ce divorce entre le savoir-faire tactique et l’impuissance stratégique qui aboutit à gagner les batailles et perdre les guerres semble bien trouver son origine dans ce rapport d’extériorité entre la fin et les moyens. Mais cette rupture que dénonce le général Zinni entre le combat (destruction physique de l’adversaire) et la politique (soumettre l’adversaire à sa volonté) ne rend pas entièrement compte de ce parti-pris dominant dans l’histoire américaine pour les guerres d’annihilation. Bien qu’on puisse dire que l’effacement de la politique pendant les opérations de combat favorise cette montée aux extrêmes, la vision de l’engagement comme destruction de l’adversaire, découle peut-être plus fondamentalement, d’une conception américaine de la guerre comme enjeu moral à tendance absolutiste.
- La guerre juste et la montée aux extrêmes
Comme le résume succinctement Pierre Hassner « La tradition militaire américaine est celle du tout ou rien. La question de la justice se pose pour la finalité de la guerre elle-même, le jus ad bellum, non pour la manière de la livrer, le jus in bello. Il s’agit d’appliquer le plus tôt possible une force décisive de préférence écrasante (overwhelming) pour obtenir la destruction de l’adversaire sans trop faire de détail. Plus qu’à la guerre comme instrument de la politique et plus, surtout, qu’à la guerre comme étape d’un ensemble comprenant le maintien de la paix et l’administration des territoires conquis, c’est soit à la croisade, soit à l’élimination des Indiens, soit à la guerre civile (donc à trois types d’affrontements dans lesquels la réciprocité et la légitimité de l’adversaire ne sont pas reconnues) que cette tradition peut se référer. »25
Cette identification américaine avec le jus ad bellum favorise ce choix opéré par le credo du soldat en faveur d’une destruction de l’ennemi (destroy the ennemy), car la vision religieuse qui le sous-tend présente invariablement la guerre comme un conflit entre le bien absolu et le mal absolu. La victoire ne peut n’être que totale, car toute compromission ne serait que déchéance morale et victoire du mal.
Comme le remarquera Richard Hofstadter dans son essai, The Paranoid Style in American Politics, « puisque l’ennemi est perçu comme totalement maléfique et toute conciliation impossible, il doit être radicalement éliminé ». Et bien que l’étude de Hofstadter soit sur la droite extrémiste américaine, elle saisit, dans le fond, la vision américaine de la guerre comme combat moral dont la seule issue acceptable est la destruction de l’ennemi (ou de ses forces) et sa capitulation sans condition (unconditional surrender26).
Mais comme le soulignera Carl Schmitt dans Le Nomos de la terre, cette moralisation de la guerre par les démocraties libérales, et plus particulièrement par les États-Unis, comprendrait un risque d’ouvrir la voie à l’anéantissement complet de l’ennemi. Car toute guerre qui se proclame « guerre juste » considère son ennemi comme moralement inférieur et le disqualifie d’emblée comme un criminel. En opposant la justice à l’injustice, le bien au mal, elle transforme la guerre en acte punitif d’un ennemi qu’il s’agit d’abattre, et d’éliminer.
« La justice de la guerre, lorsqu’elle est rapportée à la justa causa, comporte toujours à l’état latent une amorce de discrimination de l’adversaire injuste, et donc d’élimination de la guerre comme institution juridique. La guerre devient alors bien vite une simple action pénale, elle prend un caractère punitif, tous les graves dubia de la doctrine du bellum justum sont vite oubliés ; l’ennemi devient simple criminel, et le reste, à savoir la privation des droits de l’adversaire et le pillage de ses biens, c’est-à-dire la destruction du concept d’ennemi qui formellement présuppose toujours un justis hostis, s’ensuit pratiquement tout seul. »27
En refusant de reconnaître l’adversaire comme un interlocuteur valable, y compris dans la défaite, la « guerre juste », a pour effet pervers une montée aux extrêmes qui va jusqu’à l’anéantissement total de l’État ennemi, et la punition de sa population considérée comme inférieure. L’exemple des forces américaines en Irak illustre parfaitement cette disqualification de l’adversaire comme « sous-homme » qui ne mérite rien d’autre qu’humiliation et violence. Le témoignage d’un officier anglais en Irak est sans ambiguïté : « Ils ne voient pas les Irakiens comme nous les voyons. Ils les voient comme des untermenschen28. Ils ne sont pas concernés par les pertes en vies humaines des Irakiens comme le sont les anglais. Leur attitude envers les Irakiens est tragique, c’est horrible. »29
The American way of war est peut-être l’exemple le plus redoutable aujourd’hui de cette tradition de la « guerre juste » dénoncée par Carl Schmitt, car elle combine la bonne conscience d’une société libérale et individualiste qui s’épargne tout sacrifice à l’abri d’une puissance de feu écrasante, avec la brutalité raciste d’un nationalisme belliqueux héritée de la société esclavagiste du Sud30. Un autre officier anglais, le général anglais Nigel Aylwin-Foster qui servit en Irak comme Deputy Commander of the Office of Security Transition, souligna, avec l’euphémisme de rigueur d’un allié, ce mélange de bonne conscience et de racisme institutionnel des Américains (de l’armée u.s.) dans un article de Military Review dont les ondes de choc dans l’institution militaire américaine n’ont pas fini de se faire ressentir.
« Mon impression dominante était celle d’une armée imprégnée d’un sens sans égal de patriotisme, devoir, passion, engagement, et détermination, avec plein de talents, et non dépourvue d’humanité ou compassion. […] Qui plus est, bien qu’ils aient été constamment courtois et attentionnés, il fut des fois où leur insensibilité culturelle, certainement involontaire, revenait sans aucun doute à du racisme institutionnel. »31
Le général ajoute que, jamais très loin de cette bonne conscience morale, une émotivité sous-jacente se tapit, brouillant les jugements collectifs, à tout moment prête à exploser dans des actions exacerbées contre les insurgés : « Le personnel de l’armée u.s., comme leurs collègues dans les autres armes u.s., avait un sens moral affirmé. Ils croyaient avec ferveur dans le but de la mission. […] Mais cela encourageait également l’idée erronée, que vue la justesse de la cause, des actions entreprises en son nom seraient comprises et acceptées par la population, même si des erreurs et des morts civils s’ensuivaient. Ce sens moral vertueux et affirmé, associé à une émotivité à fleur de peau, se manifeste de façon extrême dans une grande indignation et outrage qui déforme le jugement militaire collectif. […] cela appelait des réactions à l’activité des insurgés qui en fin de compte exacerbait la situation. »32
Ainsi, d’Hiroshima aux tortures de Guantanamo, du génocide des Indiens aux bombardements incendiaires des populations civiles allemandes et japonaises, le jus in bello (la justice dans la guerre) a pu être écarté au nom du jus ad bellum (la justice de la guerre), en toute innocence, car l’Amérique est bonne et ses intentions sont pures (voir The American creed).
Rien, bien sûr, ne rend inévitable dans la théorie de la guerre juste, l’abandon du jus in bello, mais le nouveau credo avec son article « Je me tiens prêt […] à engager (l’adversaire), et détruire les ennemis des États-Unis. » favorise ce glissement de la punition à l’anéantissement sans discrimination de l’adversaire. La différence, sur cette question, avec l’ancien credo du soldat américain de 1961, est significative : « Quelle que soit la situation dans laquelle je me trouve, je ne ferai jamais quelque chose, pour le plaisir, le profit, ou ma sécurité personnelle, qui déshonorerait mon uniforme, mon unité, ou mon pays. J’utiliserai tout en mon pouvoir, même au-delà de mon devoir, pour empêcher mes camarades (de l’armée) de commettre des actes honteux pour eux-mêmes et leur uniforme. »33
L’abandon, dans le nouveau credo du soldat, de cet article, qui préconise discrimination et retenue dans l’exercice de la violence, en faveur, purement et simplement, de la destruction de l’ennemi, souligne ce choix des autorités américaines d’accepter le risque de rompre le lien ténu entre le jus in bello (la justice dans la guerre) et le jus ad bellum (la justice de la guerre). Le choix du credo d’opter pour la formulation « destruction de l’ennemi » plutôt que « défaite de l’ennemi », transforme aisément l’acte de guerre en violence punitive unilatérale, sans garde-fou, jusqu’à l’annihilation physique de l’adversaire, confirmant ainsi la thèse de Schmitt sur la « guerre juste » devenant inéluctablement « guerre d’anéantissement ».
Mais il y a aussi, derrière ce « glissement » vers la destruction de l’ennemi, le fond religieux toujours rémanent du Dieu vengeur et autoritaire de l’Ancien Testament, hérité de ces puritains dissidents de la révolution anglaise, venu fonder une nouvelle Jérusalem sur les côtes américaines pour s’extirper des pêchés du vieux monde.
Cette culture anglo-protestante demeure le fondement de l’identité américaine. Elle privilégie un Dieu qui punit sur un Dieu qui pardonne, pour qui la destruction du mal passe par la mort du coupable ; Sodome et Gomorrhe et loi du talion. La persistance de la peine de mort aux États-Unis aujourd’hui est un signe patent de cette exception américaine dans le monde occidental.
Dans le fond, la vision américaine de la guerre est celui d’un combat moral dont la seule issue acceptable est la destruction de l’ennemi ou sa capitulation sans condition dans une bataille décisive, tel le jugement dernier.
En langage profane, cette approche militaire américaine est de type policier et non militaro-politique. On arrête et on punit le criminel, il n’y a pas d’exception à l’application de la loi. Tout compromis avec les contrevenants, qu’ils soient insurgés, états voyous, terroristes, serait une défaite. L’approche américaine est de l’ordre de l’expédition punitive et destructrice, alors que la guerre est de l’ordre de la négociation politique.
- Conclusion : République ou Empire ?
« Je suis le gardien de la liberté et de la manière de vivre (way of life) américaine ». Ces mots, chargés de valeurs idéologiques fortes, nous conduisent à la finalité vers laquelle doivent tendre tous les articles du credo du soldat et de son ethos du guerrier.
Pour les uns, l’Amérique est une terre promise qu’il faut protéger, isoler des souillures et querelles du vieux monde, car il y va de la préservation de son identité. Son message doit être propagé dans le monde, non par les armes (à l’exception de sa colonisation continentale), mais par l’exemple, formulé par le fameux sermon de Winthrop sur le Mayflower en 1630 :
« Nous serons une cité sur la colline, les regards de tous les peuples sont tournés vers nous ». (We shall be as a city upon a hill, the eyes of all people are upon us.)34
Mais il y a aussi cet autre point de vue, devenu dominant dès la fin de la conquête du continent nord américain. L’Amérique est non seulement un pays élu de Dieu, mais a une mission salvatrice, une « destinée manifeste », une responsabilité morale et politique qui nécessite son intervention dans les affaires du monde, par les armes s’il le faut, que ce soit par l’impérialisme progressiste d’un Theodore Roosevelt ou la politique internationaliste d’un Woodrow Wilson.
Se superposant à cela, et qui brouille la lisibilité des choses, apparaissent deux grandes traditions politiques antagoniques, qui vont nourrir, ou contredire, cette mission américaine, dès les origines de l’Union ; une tradition autoritaire et impériale, issue largement du sud esclavagiste, et une tradition démocratique et égalitaire, venue principalement de la Nouvelle-Angleterre. Ces deux traditions, impériale et démocratique, se chevauchent, se mêlent, se confondent souvent.
À la fois héritier et continuateur de l’Empire britannique, l’Amérique est un pays qui s’est forgé dès sa naissance, avec sa guerre d’Indépendance, une identité comme pionnier de la lutte anticoloniale et anti-impérialiste. À la différence des Anglais, les Américains n’ont jamais été férus d’administration coloniale dans leur histoire, avec quelques exceptions près comme les Philippines35. Il ne faut pas oublier cependant, que l’expansionnisme américain initial, fut une colonisation continentale de territoires contigus, interne en quelque sorte, et qui a abouti à une incorporation des nouveaux territoires.
Les mythes de la frontière et de la conquête de l’ouest ne sont pas perçus par les Américains comme de l’impérialisme, mais comme l’expression d’une liberté chèrement acquise contre les forces de la nature, les Indiens et l’ancienne puissance coloniale anglaise. Et même s’il n’est pas perçu comme tel par les intéressés, cet impérialisme continental des Américains, béni par la Providence, est, à beaucoup d’égards, le creuset de leur rapport de domination au monde.
Le soldat-guerrier célébré par le nouveau credo, projetable à l’échelle du monde à la défense du American way of life, semble bien faire un choix entre ces deux traditions, impériale et démocratique.
En effet, défendre the American way of life comme le prône le credo, c’est défendre l’économie politique qui la sous-tend, à l’échelle planétaire : « Étant donné la nature globale de nos intérêts et obligations, les États-Unis doivent maintenir leur présence extérieure et leur capacité rapide de projection de leurs forces dans le monde entier pour assurer leur domination (leur full spectrum dominance). »36
L’ambition de transformer le soldat-citoyen en guerrier, avec son orgueil démesuré (hubris) et son credo accroché autour du cou, tel un croisé avec sa croix, voué à la guerre permanente et la défense de l’empire traduit bien un choix de politique impériale aux dépens de la tradition démocratique américaine.
Le nouveau credo du soldat américain peut être interprété comme le simple aboutissement idéologique d’une alliance circonstancielle qui s’est nouée entre l’armée et la droite religieuse américaine à partir des années 1970, et dans le contexte plus large de la révolution conservatrice marquée par les présidences de Reagan et de Bush aujourd’hui.
Et que par un mouvement de balancier coutumier dans l’histoire américaine, on pourrait voir lors de la prochaine élection présidentielle en novembre 2008, la réémergence de la tradition démocratique.
Mais tant que le choix entre république ou empire, fut-il béni par la Providence, ne sera fait, cet espoir me semble bien vain. Il n’y a pas de république impériale possible. Tôt ou tard, pour s’exercer dans la durée, le maintien de l’empire doit s’appuyer sur la répression – si ce n’est la tyrannie – à l’intérieur de la puissance impériale. Le président James Madison (1809-1817) avait déjà averti du danger : « Les moyens de défense contre les dangers extérieurs deviennent historiquement les instruments de la tyrannie intérieure. »
- Post-scriptum : question pour l’Europe
L’idée que les sociétés libérales occidentales forment une communauté homogène de valeurs a besoin d’être affinée. Tocqueville après tout, a émis l’hypothèse légitime que la société américaine n’était pas laïque comme l’était l’Europe moderne, mais religieuse. « C’est la religion qui a donné naissance aux sociétés anglo-américaines : il ne faut jamais l’oublier ; aux États-Unis, la religion se confond donc avec toutes les habitudes nationales et tous les sentiments que la patrie fait naître ; cela lui donne une force particulière37 ». « La religion […] doit donc être considérée comme la première de leurs institutions politiques »38.
Le fond religieux qu’entretient l’Amérique dans ses rapports vertueux à la violence ne pourrait être plus parlant sur les valeurs divergentes des États-Unis et de l’Europe face à la guerre. Il suffit de comparer le code du soldat français avec le credo américain pour le constater :
« Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations. Il obéit aux ordres, dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales. […] Attentif aux autres et déterminé à surmonter les difficultés, il œuvre pour la cohésion et le dynamisme de son unité. Il est ouvert sur le monde et la société, et en respecte les différences »39.
Deux cultures stratégiques s’affrontent donc, deux perceptions de la menace informées par la géographie et l’histoire. La France, nation européenne qui est plus terrestre que maritime et procède d’une logique de bon voisinage (un vouloir vivre ensemble avec un usage de la force maîtrisé), et les États-Unis, héritière de l’empire britannique, plus maritime que terrestre et se pensant comme une nation indépendante qui doit rester comme un acteur autonome au centre d’un système mondial qu’elle doit dominer, en vertu de sa « destinée manifeste » octroyée par la Providence.
La France aujourd’hui, fort de son héritage dans la pacification coloniale et la nation-building (construction d’état), prône au contraire des États-Unis, une politique de bon voisinage et récuse cette figure du guerrier dédié à la destruction de l’ennemi et des États aux dépens d’une politique de stabilisation et sortie de crise qui préserve les sociétés et les identités politiques locales.
Cette vision française, et par extension européenne, peut sembler bien idéalisée. Elle présuppose en effet un choix qui reste encore à faire et affermir ; être une force de stabilisation et pacification dédié à la reconstruction des États dans le respect des droits souverains des peuples ou être une force de projection de puissance néocoloniale, en son nom propre ou comme simple force supplétive des États-Unis, dans sa fuite en avant dans la guerre permanente, à la défense de son empire.
1 Ce paragraphe est identifié et souvent cité par les autorités militaires sous le nom d’ethos du guerrier (Warrior Ethos).
2 Centre de commandement pour l’entraînement et la doctrine de l’u.s. Army.
3 Ce programme est reconduit depuis 2003 jusqu’à ce jour, voir Army Posture Statement 2007, u.s. Army, Presented to The Committees and Subcommittees of the United States Senate and the House of Representatives, D.C. 2007.
4 United States Army White Paper, Concepts for the Objective Force, u.s. Army, novembre 2002.
5 Dog tag, terme familier pour désigner la plaque d’identification militaire portée autour du cou du soldat américain. Il désigne également la plaque d’identification que l’on fixe sur le collier d’un chien.
6 Et ceux, bien que l’armée britannique n’ait pas stricto sensu un code du soldat, elle a un Queen’s Regulation et des traditions régimentaires fortes relayées par un Manual of Military Law et un texte officiel « Values and Standards of the British Army » http://www.army.mod.uk/servingsoldier/usefulinfo/values_and_standards/index. htm.
7 Élise Marienstras, Les Mythes fondateurs de la nation américaine, Éditions Complexe 1992, p. 87.
8 Quadrennial Defense Review Report, Department of Defense, février 6, 2006, p. 42.
9 « Il est donc établi par tout cela que nous ne nous efforçons à rien, ne voulons, n’appétons ni ne désirons aucune chose, parce que nous la jugeons bonne ; mais, au contraire, nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, la voulons, appétons et désirons. » Spinoza, Éthique, partie iii, proposition ix, scolie, Traduction Charles Appuhn, Garnier Flammarion, 1965.
10 Il est unique à la nation américaine que l’insulte suprême en politique, c’est d’être dénoncé comme un-American (non-américain).
11 J. J. Rousseau, Du Contrat social, Classiques Garnier 1962, chapitre 8 livre iv, p. 335.
12 Proche du président Nixon, cet évangéliste influent a été également le conseiller « spirituel » de plusieurs présidents comme Dwight Eisenhower et Lyndon Baines Johnson.
13 Un prix décerné chaque année par l’académie militaire de West Point à un citoyen qui honore les valeurs de l’académie.
14 Cité par Andrew Bacevich, in The New American Militarism, Oxford University Press 2005, p. 63.
15 Samuel Huntington, « Robust Nationalism », The National Interest, 20 janvier 1999.
16 Argot militaire américain pour évoquer l’assassinat d’officiers par la troupe. Selon Richard Holmes, historien militaire de Sandhurst, 20 % des officiers américains morts au Viêtnam furent tués par leurs propres hommes.
17 Future Force est définie comme une force capable de couvrir tout le spectre des opérations militaires, de la guerre majeure au contre-terrorisme et la sécurité intérieure (Homeland Security).
18 Discours du général Schoomaker, Washington Convention Center, 25 octobre, 2004.
19 Carl von Clausewitz, De la guerre, traduction Denise Naville, Éditions de Minuit 1955, p. 77.
20 Ibid, p. 78-80, traduction modifiée.
21 Il n’est pas fortuit de voir Laurent Murawiec, futur néoconservateur français passé rejoindre ses collègues américains à la Rand Corporation et Hudson Institute, traduire « défaite » par « destruction » dans l’édition française de De la guerre (Éd. Perrin).
22 Ibid, p. 691.
23 Discours du général Anthony Zinni, u.s. Marine Corps (Retired), Naval Institute Forum 2003, 4 septembre 2003, Gateway Marriott, Arlington, va.
24 centcom, est un des six « Commandement Interarmées de Combat » et couvre le Moyen-Orient, l’Afrique de l’Est et l’Asie centrale.
25 Pierre Hassner, La Terreur et l’Empire, Éditions du Seuil 2003, p. 184.
26 Cette formule fut utilisée la première fois pendant la guerre civile américaine, puis reprise par Franklin Roosevelt, pendant la guerre contre les puissances de l’axe.
27 Carl Schmitt, Le Nomos de la terre, trad. L. Deroche-Gurcel, puf 2001, p. 123.
28 Terme nazi pour désigner les sous-hommes.
29 Sean Rayment, « u.s. tactics condemned by British officers », Daily Telegraph, 10 avril 2004.
30 Cette tradition chauvine, populiste et autoritaire du sud, est souvent appelée « Jacksonisme ».
31 Brigadier Nigel Aylwin-Foster, « Changing the Army for Counterinsurgency Operations » Military Review, novembre-décembre 2005.
32 Ibid.
33 FM 21-23 The Soldier’s Guide, Headquarters, Department of the Army, août 1961.
34 John Winthrop, « A model of Christian Charity » in An American Primer, edited by Daniel Boorstin, A Meridian Book, 1995.
35 Cette expédition coloniale à la fin du xixe est vite cataloguée comme une aberration de l’histoire américaine par ces historiens les plus officiels.
36 Joint vision 2020, Joint Chief of Staffs, Office of Primary Responsibility : Director for Strategic Plans and Policy, J5 ; Strategy Division, Published by : u.s. Government Printing Office, Washington dc, June 2000.
37 De la Démocratie en Amérique II, Bouquins Laffont, 1986, première partie, chapitre I, p. 431.
38 De la Démocratie en Amérique II, ibid., deuxième partie, chapitre IX, p. 277.
39 Code du soldat français, http://www.defense.gouv.fr/portal_repository/17033692320001/fichier/getData.
The soldier’s creed
(u.s. Army, Nov 2003)
I am an American Soldier.
I am a Warrior and a member of a team.
I serve the people of the United States and live the Army Values.
I will always place the mission first.
I will never accept defeat.
I will never quit.
I will never leave a fallen comrade1.
I am disciplined, physically and mentally tough, trained and proficient in my warrior tasks and drills.
I always maintain my arms, my equipment and myself.
I am an expert and I am a professional.
I stand ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States of America in close combat.
I am a guardian of freedom and the American way of life.
I am an American Soldier.
After the first victorious phase of the invasion of iraq, operation iraqi freedom, the american army adopted a new soldier’s creed in november 2003 that differs significantly from the old soldier’s creed of 1961 in its martial character. this creed’s hard core is a warrior ethos. henceforth, the traditional army values that stressed duty, respect, honour and integrity are supplanted by warrior values of tenacity, self-sacrifice and fierce determination to destroy the enemy in close combat.
I propose to explore in this article the religious roots that underlie the new Creed.
The adoption of this Soldier’s Creed is allied to an ambitious programme run by tradoc (u.s. Army Training and Doctrine Command) whose goal is to instil a Warrior Ethos throughout army ground forces. It aims at forging a new identity for the u.s. Army, turning it into a force that is « dominant across the full spectrum of military operations on the scale of the planet », in the air, on land, at sea or under water and in space.
For American authorities, threats have become protean and war fought from afar is ineffective. Fighting has to be engaged in the enemy’s territory where he must be destroyed in close combat because against certain enemies – terrorist networks, rogue states, insurgents – deterrence has no effect. The battle from now on has to be engaged up close because « mere punishment from afar is not enough. With these adversaries, the only way to guarantee victory is to put our boots on his ground, impose ourselves on his territory, and destroy him in his sanctuaries2. »
Whether he be a member of combat troops or part of simple logistical support, the new u.s. soldier must be foremost a Warrior, ready for close combat and sacrifice in a war with no frontline and no respite. As the new tradoc programme declares : « Every soldier, a Warrior first ».
Is this identity change of the American army, this new Creed of an army of citizen-soldiers turned into hardened warriors dedicated to « destroy the enemies of the United States of America in close combat. » the symptom of a political break due to internal or external upheavals ? Or on the contrary is it the reassertion of a perennial American identity ?
- Why a Creed ?
The Soldier’s Creed is a short half-page text. It presents itself as a creed, with a dozen articles of faith.
It is reproduced on posters, hung up in mess halls, offices, bases, recited during inspections, graduation ceremonies, integrated in PowerPoint presentations and reproduced in Field Manuals and army documents and brochures. On the first day of induction, the Creed is handed out with the soldier’s handbook. And to round off the event with a finishing touch, every American soldier must wear round his neck at all times, not only the standard dog tag with rank, serial number and blood type, but a second dog tag with the Warrior Ethos of the new Creed engraved on it.
The decision to call this text a Soldier’s Creed gives it the air of a catechism and profession of faith, with short sentences and a dozen articles that can be chanted like a Psalm. Indeed, the etymology of Creed derives from the Latin word credo which means « I believe », the first words of the Apostles’ and the Nicene Creeds, formulated in ad 325, that set down the fundamental articles of Christian beliefs.
But why the choice of a Creed with its religious connotation rather than a soldier’s code of conduct ? After all, two countries with warrior traditions as different as those of France and Great Britain3 chose the juridical form of a soldier’s code with its rules and regulations, values and precepts rather than the religious Creed form.
Even Israel, an archetypal ideological state, with its nationalist and religious background, is content to have a doctrinal document with the secular values of the idf (Israel Defense Forces) – defence of the State, its citizens and residents, of democracy and other humanist values. At most, some elite forces at the end of their training take a pilgrimage to Massada for their graduation, and make the scarcely religious pledge « Massada will not fall a second time. »
The key to « why a Creed ? » is perhaps to be found in the first article that opens (and closes) this profession of faith : « I am an American Soldier »
At first, this opening article of the Soldier’s Creed asserts the obvious for a soldier of the u.s. Army. But considering that this same article of faith is used again to conclude the Creed, something else filters throughout. In fact, this scansion bordering on a truism expresses an ideological dimension that is peculiar to the United Sates. A Harvard professor of European origin, Carl Friedrich, perfectly summed up : « To be an American is an ideal, while to be a Frenchman is a fact. »
Another European, English author G.K. Chesterton (1874-1936) perhaps best captured that peculiar identity of the United States and which gleams through the Soldier’s Creed : « America is the only nation in the world that is founded on a Creed ». Chesterton also added that America was « a nation with the soul of a church. » Beyond the witticism, the question of America’s peculiar identity and of its army as well, marks a country that considers itself outside the usual flow of history and the secular tradition of nations.
The United States is a nation born of the sole will of its founders. Its national identity is based not on a past, a tradition or a historical entity but on a voluntary founding and revolutionary act against England. As historian Elise Marienstras perceptively noted, « The United States is an ahistorical nation, because its citizens’national origins were too heterogeneous to constitute a binding national factor. The nation is a creation that its citizens have free will to dispose of as they please4. » In other words, the Unites States was founded upon the voluntary will of its citizens, with a Creed freely embraced by a liturgy formalised by the Declaration of Independence and the Constitution.
We find this same identity-based-voluntarism re-enacted in the Pentagon’s ambitious programme that accompanies the present Creed to transform u.s. soldiers into « a new breed of warriors5. » The choice of a Soldier’s Creed rather than a soldier’s code pursues the voluntarism that founded the faith-based country.
A simple factual statement like « I am an American soldier » becomes an ideological identity-driven statement. It corresponds to historian Richard Hofstadter’s apt phrase « It has been our fate as a nation not to have ideologies but to be one. »
I venture to say that what sets America apart from other Western democracies is not its keener attachment to democratic values but rather its passionate jingoistic adherence to certain values and myths which some historians have labelled the American Creed.
America is convinced it is the supreme example of democracy and modernity. Its mission is to save the world from evil through the spread of American values as if these were universal values, regardless of the desires or needs of others. And because America is fundamentally good, she deserves such power. By nature she cannot use it for any other purpose than to do good and not to do evil. To paraphrase Spinoza denouncing the illusions of teleological thinking, because the United States is by essence benevolent, whatever it wants or does is by nature good6. Herman Melville summarised this messianic Creed in a single sentence : « And we Americans are the peculiar, chosen people – the Israel of our time ; we bear the ark of the liberties of the world. »
The impassioned conformism which the American Creed demands is essential to guaranteeing national concord. It serves as a civil religion for the American national identity, in a manner with no equivalent in English, French or German identity. To be American is to believe the Creed. It is peculiar to America that the supreme political insult is to denounce one as « un-American »
This American civil religion is a sort of generic religion that unites all citizens beyond their particular religious denominations. President Eisenhower captured this when he declared in 1954 with seeming ingenuity, « Our government makes no sense unless it is founded on a deeply felt religious faith--and I don’t care what it is. »
This notion of civil religion to characterize the American Creed was reintroduced in American public debate by sociologist Robert Bellah during the turbulent sixties, in the midst of the Vietnam War and the identity crisis that ensued. Its origin and concept can be found in J.J. Rousseau’s The Social Contract :
« There is therefore a purely civil profession of faith of which the Sovereign should fix the articles, not exactly as religious dogmas, but as social sentiments without which a man cannot be a good citizen or a faithful subject. While it can compel no one to believe them, it can banish from the State whoever does not believe them — it can banish him, not for impiety, but as an anti-social being, incapable of truly loving the laws and justice, and of sacrificing, at need, his life to his duty. […] The dogmas of civil religion ought to be few, simple, and exactly worded, without explanation or commentary ».
We are not far, in form or substance, from the Soldier’s Creed and its purpose as « glue » that binds together army members around the nation. The passage from one Creed to the other is easy to make : To be an American is to believe in the American Creed. To be an American soldier is to believe in the Soldier’s Creed. This ideological homothetic transition of sorts can be found in FM1 The Army 2005, the principal field manual that codifies u.s. Army doctrine : « The Soldier’s Creed extends beyond service as a Soldier ; it includes commitment to family and society7. »
This dimension was not overlooked by the Religious Right and the u.s. conservative movement. Following the American defeat in Vietnam, some evangelists from this Right turned to the armed forces as a recourse to save America from internal collapse. During the sixties and seventies, years they saw as a period of moral decadence and confusion, such evangelists viewed the military as a stronghold for those values necessary to save America : respect for tradition, law and order, valorisation of sacrifice for the common good. In other words, the evangelists saw soldiers as role models that citizens should admire to regain their traditional values and thwart the moral and social disorder triggered by sixties activism. For conservative Christians, after the Vietnam debacle, the pre-condition to accomplish America’s divine mandate was to rebuild its military power.
The armed forces, also felt that they were the target of dissent and protest and had the same enemies as the evangelists. Indeed high ranking officers shared the evangelists’ambition to restore American military might after its defeat in South-East Asia. This is why the army’s leadership responded to the friendly overtures of the evangelists.
Historian Andrew Bacevich dated the formal alliance between the army and the religious Right on May 1st, 1972. On that day the West Point Military Academy presented Reverend Billy Graham8 the Sylvanus Thayer Award for services rendered by a citizen who best exemplified the academy’s ideals of duty, honour, and country. The award cited Graham’s uncompromising defence of « traditional values ». In the context of the turbulent time of dissent and protest of the seventies, the Army was officially taking sides with conservative Christians. As Bacevich recounts the event, Billy Graham warned West Point cadets that « the demonstrations, pickets, marches, protests and bombings » of recent years had imperiled the « delicate balance between freedom and order. » To save the country from self-destruction, Graham looked to those who foreswore picketing and protest, to « the men and women who believe in duty, honor, and country – and have a strong faith in God. » Graham believed that West Point values fused with those of religious traditionalism might « become the beacon lights to guide our nation through this perilous period9».
The premises of this alliance or « holy » trinity (religion, conservatism, and the army) were boldly expressed by Samuel Huntington in a little-noticed article that appeared in 1999, one year before the election of George W. Bush. Huntington exhorted in print the need of a « robust nationalism » to combat his recurrent nightmare of contemporary America drifting towards internal disintegration.
« In contemporary America, religious commitment and conservatism march arm in arm in battle against secularism, relativism and liberalism. In their commitment to God and country, conservatives are […] at one with the American people […] Patriotism and religion are central elements of American identity10. »
To appreciate the concern, if not anguish, which feeds such radical conservatism, one should remember the serious legitimacy crisis of the State and the American Way of Life during the sixties and seventies. Riots, black ghetto uprisings, Vietnam debacle, pacifism, desertions, fragging11, mutinies, student revolts, hedonism, multiculturalism… Such acute challenge to American institutions and dominant values had no equivalent since the Civil War years of 1861-1865.
This shared wish of Billy Graham and Samuel Huntington to see an alliance forged between religion, conservatism and the army found its expression in the new Creed and its Warrior Ethos.
General Schoomaker, the Army’s Chief of Staff (2003-2007), wanted the Warrior Ethos to be more than a simple slogan on recruitment posters. The Warrior Ethos was to be the identity matrix for soldiers of the Future Force12, an ethos applying to a soldier’s multiple identities in society : « The Warrior Ethos is not only about being a good soldier, but a good spouse, parent, friend, and citizen13. »
- Defeat or destruction of the enemy ?
The Creed extols destruction of the enemy with the article « I stand ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States of America in close combat. »
At first, the Soldier’s Creed seems in perfect accord with Clausewitz’s thinking. As the Prussian general reminds us, « In the engagement everything is concentrated on the destruction of the enemy, or rather of his armed forces, […] it follows that the destruction of the enemy’s forces is always the means by which the purpose of the engagement is achieved14. »
In these two previous quotes, the goal of any engagement is indeed the destruction of the enemy. But to read more closely, one notices immediately that Clausewitz introduces an important distinction between physical destruction of the enemy and destruction of his capacity to fight. This is the true stake of engagement for Clausewitz. Because even when Clausewitz speaks about the destruction of the armed forces as the « the means by which the purpose of the engagement is achieved », he also means the moral defeat, and not only, or necessarily, the physical destruction of the enemy.
« As we have shown, the destruction of the enemy is not the only means of attaining the political object, when there are other objectives for which war is waged. It follows that those other objectives can also become the purpose of particular military operations, and thus also the purpose of engagements15. » « Thus there are many reasons why the purpose of an engagement may not be the destruction of the enemy’s forces, the forces immediately confronting us. Destruction may be merely a means to some other end. In such as case, total destruction has ceased to be the point ; the engagement is nothing but a trial of strength. In itself it is of no value ; its significance lies in the outcome of the trial16. » « The aim of war should be what its very concept implies – to defeat (Vernichtung) the enemy17. »
Unlike the Soldier’s Creed that preaches destruction of the enemy, Clausewitz clearly subordinates the relevance of the adversary’s destruction to the achievement of the political objective. Because at the end of the day, victory can be only political. To overcome the enemy is to destroy his will to fight. Here, we reach a similar meaning to Clausewitz’s definition of war as « an act of force to compel our enemy to do our will. »
The American Creed’s preference for « destruction of the enemy » rather than for « defeat of the enemy » leads us to the American way of war’s dichotomy between the political phase which assigns the goals of war and the operational phase, or combat, focused on destruction of the adversary. This disjunction in time between the political phase and the destructive phase, setting loose the means of violence to the detriment of achieving political ends, led more than one American general to deplore tactical success and strategic defeat.
General Anthony Zinni, former commander of centcom (1997-2000)18 already questioned such disjunction during the first ‘triumphal’phase of the American invasion of Iraq in 2003, « The military does a damn good job of killing people and breaking things. But what is the role of the military beyond that point ? There’s a difference between winning battles, or defeating the enemy in battle, and winning the war. […] We are great at dealing with the tactical problems. We are lousy at solving the strategic problems19. »
This divorce between tactical know-how and strategic impotence leading to battles won and wars lost may be explained by this dichotomy between ends and means in the American way of war. But this dichotomy which General Zinni denounces, between combat (the physical destruction of the adversary) and policy (the subjection of the adversary to our will), does not entirely account for this dominant preference in American history for wars of annihilation.
Although one could say the eclipse of politics during combat operations favours the escalation of violence to new peaks, the point of view that an engagement’s final goal is the destruction of the enemy, probably flows more fundamentally from an American conception of warfare as a moral challenge with absolutist tendencies.
- Just war and the escalation to extremes
Pierre Hassner summarizes American military tradition « as that of all or nothing. The question of justice arises for the finality war itself, jus ad bellum [justice of war], not for the manner of conducting it, jus in bello [justice in war]. It is a question of applying decisive force, preferably crushing (overwhelming), to achieve as soon as possible the destruction of the adversary without going into too much detail. Rather than seeing war as an instrument of policy and above all as a simple stage in a overall strategy of peace keeping and administration of conquered territories, the American tradition refers to, either the crusade, the elimination of the Indians, or the Civil War, thus three types of confrontations in which reciprocity and legitimacy of the enemy are not recognized20. »
This American identification with the jus ad bellum favours the preference in the Soldier’s Creed for the destruction of the enemy, because the religious vision which underlies it invariably presents war as a conflict between absolute good and absolute evil. Victory can only be total, because any compromise would be a moral failure and a victory for evil.
As Richard Hofstadter points out in his essay, The paranoid style in American politics, « Since the enemy is thought of as being totally evil and totally unappeasable, he must be totally eliminated. » And although Hofstadter’s study is American right-wing extremism, it captures, in essence, America’s vision of war as a moral struggle whose only acceptable conclusion is the destruction of the enemy (or of his forces) and his unconditional surrender21.
But as Carl Schmitt warns us in The Nomos of the Earth, this moralization of war by liberal democracies, and more particularly by the United States, risks opening the way to complete destruction of the enemy. Because any war which proclaims itself a « just war » regards the enemy as morally inferior and disqualifies him from the start as a criminal. By opposing justice and injustice, good against evil, such an attitude transforms war into a punitive act against an enemy to be cut down and eliminated.
« The justice of a war, when it is determined according to justa causa, always has a latent tendency to discriminate against the unjust opponent and, thus, to eliminate war as a legal institution. War then quickly becomes a mere punitive action ; it acquires a punitive character. The many serious dubia of the doctrine of bellum justum are forgotten quickly. The enemy becomes a criminal, and the rest – the deprivation of rights and the plundering of the adversary/opponent, i.e., destruction of the concept of the enemy (still formally presupposing a justus hostis) – follows as a matter of course22. »
By refusing to recognize the adversary as a valid negotiating partner, even in his defeat, « just war » practice has the perverse effect of encouraging an escalation of violence until total destruction of the enemy State, and punishment of its population regarded as inferior. The example of American armed forces in Iraq illustrates this downgrading of the adversary as « subhuman » who only deserves humiliation and brutality. This testimony of an English officer in Iraq is without ambiguity :
« They don’t see the Iraqi people the way we see them. They view them as Untermenschen23. They are not concerned about the Iraqi loss of life in the way the British are. Their attitude towards the Iraqis is tragic, it’s awful24. »
The American Way of War is perhaps the most fearsome example today of this tradition of « just war » theory denounced by Carl Schmitt, because it combines the self-righteousness of an individualistic liberal society that spares itself from any sacrifice behind devastating fire power, and the racist brutality of a bellicose nationalism, often called Jacksonian, inherited from the South’s slave society. Another English officer, General Nigel Aylwin-Foster who served in Iraq as Deputy Commander of the Office of Security Transition, underlined, with the euphemism of an ally, this mixture of self-righteousness and institutional racism of the u.s. army in an article of Military Review whose shock waves are still felt throughout the American military institution.
« My overriding impression was of an Army imbued with an unparalleled sense of patriotism, duty, passion, commitment, and determination, with plenty of talent, and in no way lacking in humanity or compassion. […] Moreover, whilst they were almost unfailingly courteous and considerate, at times their cultural insensitivity, almost certainly inadvertent, arguably amounted to institutional racism25. »
The General adds that, never far from this self-satisfied moral conscience, underneath, runs a charge of high emotions constantly ready to explode in indiscriminate violence against insurgents and the general population :
« u.s. Army personnel, like their colleagues in the other u.s. Services, had a strong sense of moral authority. They fervently believed in the mission’s underlying purpose […] But it also encouraged the erroneous assumption that given the justness of the cause, actions that occurred in its name would be understood and accepted by the population, even if mistakes and civilian fatalities occurred in the implementation. This sense of moral righteousness combined with an emotivity that was rarely far from the surface, and in extremis manifested as deep indignation or outrage that could serve to distort collective military judgement. […] (It) invoked responses to insurgent activity that ultimately exacerbated the situation26. »
Thus, from Hiroshima to Guantanamo, from the genocide of native Americans to the firebombing of German and Japanese civilians, the jus in bello (justice in war) can be brushed aside in the name of « jus ad bellum » (the justice of war), in all innocence, because America is good and its intentions are pure.
Nothing, of course, in just war theory makes the abandonment of the jus in bello inevitable, but the new Creed with its article extolling warrior hubris « I stand ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States » encourages this slide from punishing to destroying the adversary without discrimination. The contrast on this issue with the previous American Soldier’s Creed of 1961, is a world apart :
« No matter what the situation I am in, I will never do anything, for pleasure, profit, or personal safety, which will disgrace my uniform, my unit, or my country. I will use every means I have, even beyond the line of duty, to restrain my Army comrades from actions disgraceful to themselves and to the uniform27. »
The abandonment, in the new Soldier’s Creed of the 1961 article which recommends discrimination and restraint in the exercise of violence, in favour, purely and simply, of the destruction of the enemy, underlines the risk American authorities are willing to take, breaking the fragile link between jus in bello (justice in war) and jus ad bellum (justice of the war). The present Creed’s wording « destruction of the enemy » rather than « defeat of the enemy », transforms the act of war into unilateral punitive violence, without any restraining safeguard, until the physical destruction of the adversary, thus confirming Carl Schmitt’s thesis on Just war policy ineluctably becoming war of annihilation.
But there is also, behind this `slide’towards the destruction of the enemy, the always persistent avenging and authoritarian God of the Old Testament, inherited from the dissident Puritans of the English revolution, who came to establish a new Jerusalem on American shores to extirpate themselves from the sins of the old world.
This Anglo-Protestant culture remains the basis of the American identity. It privileges a God who punishes over a God who forgives, a God who demands the destruction of evil by death of the culprit. Sodom and Gomorrah are redeemed by an eye for an eye. The continuing exercise of the death penalty in the United States today is an obvious marker of American exceptionalism in the Western world.
Basically, the American vision of war is that of a moral struggle whose only acceptable conclusion is the destruction of the enemy or his unconditional surrender in a decisive battle… The Last Judgement.
In secular language, this American military style is a police approach and not a political-military approach. One arrests and punishes a criminal. The rule of law allows no exceptions. Any compromise with offenders, be they insurgents, rogue states, terrorists, would be considered unacceptable defeat. The American approach is that of a raid to punish and destroy. War, on the contrary, is about political negotiation, that is, politics by other means.
- Conclusion : Republic or Empire ?
« I am a guardian of freedom and the American Way of Life. » These words have strong ideological connotations. They are the key to the final purpose which all the articles of the Soldier’s Creed and Warrior Ethos strive to achieve.
For some, America is a promised land that needs to protect herself, isolating herself from the corrupting quarrels of the old world. Safeguarding her identity is at stake. Her message must be propagated throughout the world, not by force of arms (except for continental expansion), but by example, best formulated by the famous sermon of Winthrop on the Mayflower in 1630 : « We shall be as a City upon a Hill, the eyes of all people are upon us. »
But there is also this other point of view that became dominant at the end of the conquest of the North American continent. Not only is America the nation elected by God, but a messianic nation whose « manifest destiny » and moral responsibility is intervention in world affairs, by force of arms if necessary, be it the progressive imperialism of Theodore Roosevelt or the internationalist policy of Woodrow Wilson.
Superimposing itself on that are two great antagonistic political traditions which nourish, or contradict, this American mission since the origins of the Union ; an authoritarian and imperial tradition, largely resulting from the slave south, and a democratic and egalitarian tradition coming mainly from New England. These two traditions, the imperial and the democratic, intertwine, often overlap and merge as one.
Both as heirs and continuators of the British Empire, Americans with their war of independence, forged for themselves, from the very beginning, the self-image of anti-colonial and anti-imperialist pioneers. Unlike the English, Americans were never set on direct colonial rule in their history, although there were some exceptions like the Philippines28. It should not be forgotten, however, that America’s initial expansion was a continental colonization of contiguous territories, internal in other words, which led to an incorporation of the new territories.
The myth of the open frontier and the conquest of the West were not perceived by Americans as imperialism, but as the expression of a freedom dearly acquired against the forces of Nature, the Indians and English colonial tyranny. And even if not perceived as such by most Americans, this same continental imperialism, blessed by Providence, is, in many regards, the template of their power relationship to the world.
The soldier-warrior celebrated by the new Creed, deployable on a world scale for the defence of the American Way of Life, chooses between these two traditions, the imperial and the democratic. Indeed, to defend the American Way of Life as the Creed extols, is to defend the political economy which underwrites it, on a world scale :
« Given the global nature of our interests and obligations, the United States must maintain its overseas presence forces and the ability to rapidly project power worldwide in order to achieve full spectrum dominance29. »
The ambition to transform the citizen-soldier into a warrior, with all his hubris, his Creed hanging around his neck, like the cross of a crusader, ready to embrace a life dedicated to permanent war and the defence of the empire clearly opts for an imperial policy over that of the American democratic tradition.
The new American Soldier’s Creed may be interpreted as the simple ideological outcome of a circumstantial alliance in the seventies between the Army and the Religious Right, and in the broader context of the conservative revolution marked by the presidencies of Reagan and George W. Bush today. One can hope, at the time of the next presidential election in November 2008, that a pendulum movement often noticed in American history, will bring the re-emergence of the democratic tradition.
This hope seems to me quite in vain as long as the choice between Republic or Empire, be it an Empire blessed by Providence, is not clearly made. An imperial republic is meaningless. Republic and Empire are antithetical. Sooner or later, for it to be sustainable over time, the upholding of an empire must be based on repression — if not tyranny – within the imperial power itself. President James Madison (1809-1817) already informed us of the danger : « The means of defense against foreign danger historically have become the instruments of tyranny at home. »
- Postscript : question for Europe
The idea that Western liberal societies form a homogeneous community of values needs to be refined. Tocqueville put forth the legitimate hypothesis that American society was not secular like modern Europe, but religious.
« It was religion that gave birth to the English colonies in America. One must never forget that in the United States religion is mingled with all the national customs and all those feelings of patriotism. For that reason it has peculiar power30. […] Religion should therefore be considered as the first of their political institutions31. »
The religious basis of America’s virtuous relationship to the exercise of violence could not be more telling on the divergent values the United States and Europe have towards war. It is enough to compare the French soldier’s code with the American Soldier’s Creed :
« Master of his force » according to the French soldier’s code, « he respects the adversary and takes care to spare civilian populations. He obeys orders, abides by the rule of law, customs of war and International Conventions. […] Attentive to others and determined to overcome obstacles, he strives for the cohesion and the dynamism of his unit. He is open to the world and society, and respects its plurality32. »
Thus we have here the clash of two strategic cultures, two perceptions of threats and challenges shaped by geography and history. France, a European nation, more terrestrial than maritime, proceeds with a policy of good neighbourly relations (striving for peaceful coexistence with others and a circumspect use of force). The United States, heir to the British Empire, more maritime than terrestrial, sees itself as an independent nation which must remain autonomous in the centre of a world system that it must dominate, according to its « manifest destiny » granted by Providence.
France today, with her heritage in colonial pacification and nation-building, advocates, contrary to the United States, the pursuit of a good neighbour policy that challenges the warrior figure dedicated to destruction of the enemy and his State, to the detriment of a stabilization policy and crisis resolution, preserving both local societies and their political identities.
This French vision, and by extension the European, may seem overly idealized. It indeed presupposes a choice which still remains to be made and confirmed ; to be a force for stabilization and pacification dedicated to the rebuilding of States, respecting the sovereign rights of the people… or to be a neo-colonial expeditionary force, either in its own name or as an auxiliary force for the United States, in its endless forward escape into permanent war, in defence of its empire.
1 This paragraph is often quoted and identified as The Warrior Ethos by u.s. military authorities « Embedded in the Soldier’s Creed is the Warrior Ethos — the very essence of what it means to be a Soldier. » Field Manual FM1 The Army, June 2005.
2 United States Army White Paper, Concepts for the Objective Force, u.s. Army, novembre 2002.
3 Strictly, the British Army does not have a soldier’s code, but it soes have strong regimental traditions, a Queen’s Regulation, a Manual of Military Law, and an official document : « Values and Standards of the British Army ».
4 Elise Marienstras, Les mythes fondateurs de la nation américaine, Éditions Complexe 1992, page 87.
5 Quadrennial Defense Review Report, Department of Defense, February 6, 2006, p. 42.
6 « It is thus plain from what has been said, that in no case do we strive for, wish for, long for, or desire anything, because we deem it to be good, but on the other hand we deem a thing to be good, because we strive for it, wish for it, long for it, or desire it. » Spinoza, Ethics, part iii, proposition ix, note.
7 FM1 The Army June 2005.
8 An influential evangelist close to president Nixon, was also « spiritual » advisor to other presidents like Dwight Eisenhower and Lyndon Johnson.
9 Quoted in Andrew Bacevich, The New American Militarism, Oxford University Press 2005, p. 63.
10 Samuel Huntington, « Robust Nationalism », The National Interest, 20 janvier 1999.
11 American military slang for killing an unpopular officer with a hand grenade. According to Richard Holmes, a Sandhurst military historian, 20 % of American officers who died in Vietnam were killed by their own men.
12 Future Force is the official u.s. military term for their force capable of full spectrum dominance, from major war operations to counter-insurgency and Homeland Security.
13 General Schoomaker, Washington Convention Center speech, 25 octobre, 2004.
14 Clausewitz, On War, Princeton University Press, p. 95.
15 Ibid, p. 95
16 Ibid, p. 96.
17 Ibid, p. 595
18. centcom is one of the six Unified Combatant Commands. Its area of responsibility is in the Middle East, East Africa and Central Asia.
19 Speech of General Anthony Zinni, u.s. Marine Corps (Retired), Naval Institute Forum 2003, 4 Sept 2003.
20 Pierre Hassner, La terreur et l’empire, Éditions du Seuil 2003, p. 184.
21 This expression was first used during the American Civil War, then revived (again) by Franklin Roosevelt during WWII.
22 Carl Schmitt, Le nomos de la terre, trad. L. Deroche-Gurcel, puf 2001, p. 123.
23 Nazi term for subhumans.
24 Sean Rayment, « u.s. tactics condemned by British officers », Daily Telegraph, 10 April 2004.
25 Brigadier Nigel Aylwin-Foster, « Changing the Army for Counterinsurgency Operations » Military Review, novembre-décembre 2005.
26 Ibid.
27 FM 21-23 The Soldier’s Guide, Headquarters, Department of the Army, August 1961.
28. This colonial expedition at the end of the 19th century is quickly dismissed as an aberration by mainstream liberal historians.
29 Joint vision 2020, Joint Chief of Staffs, Office of Primary Responsibility ; Strategy Division, Washington DC, June 2000.
30. De la Démocratie en Amérique ii, Bouquins Laffont, 1986, première partie, chapitre i, p. 431.
31. De la Démocratie en Amérique i, ibid., deuxième partie, chapitre ix, p. 277.
32 Code du soldat français, http://www.defense.gouv.fr/portal_repository/17033692320001/fichier/getData.
1 This paragraph is often quoted and identified as The Warrior Ethos by u.s. military authorities « Embedded in the Soldier’s Creed is the Warrior Ethos — the very essence of what it means to be a Soldier. » Field Manual FM1 The Army, June 2005.
2 United States Army White Paper, Concepts for the Objective Force, u.s. Army, novembre 2002.
3 Strictly, the British Army does not have a soldier’s code, but it soes have strong regimental traditions, a Queen’s Regulation, a Manual of Military Law, and an official document : « Values and Standards of the British Army ».
4 Elise Marienstras, Les mythes fondateurs de la nation américaine, Éditions Complexe 1992, page 87.
5 Quadrennial Defense Review Report, Department of Defense, February 6, 2006, p. 42.
6 « It is thus plain from what has been said, that in no case do we strive for, wish for, long for, or desire anything, because we deem it to be good, but on the other hand we deem a thing to be good, because we strive for it, wish for it, long for it, or desire it. » Spinoza, Ethics, part iii, proposition ix, note.
7 FM1 The Army June 2005.
8 An influential evangelist close to president Nixon, was also « spiritual » advisor to other presidents like Dwight Eisenhower and Lyndon Johnson.
9 Quoted in Andrew Bacevich, The New American Militarism, Oxford University Press 2005, p. 63.
10 Samuel Huntington, « Robust Nationalism », The National Interest, 20 janvier 1999.
11 American military slang for killing an unpopular officer with a hand grenade. According to Richard Holmes, a Sandhurst military historian, 20 % of American officers who died in Vietnam were killed by their own men.
12 Future Force is the official u.s. military term for their force capable of full spectrum dominance, from major war operations to counter-insurgency and Homeland Security.
13 General Schoomaker, Washington Convention Center speech, 25 octobre, 2004.
14 Clausewitz, On War, Princeton University Press, p. 95.
15 Ibid, p. 95
16 Ibid, p. 96.
17 Ibid, p. 595
18. centcom is one of the six Unified Combatant Commands. Its area of responsibility is in the Middle East, East Africa and Central Asia.
19 Speech of General Anthony Zinni, u.s. Marine Corps (Retired), Naval Institute Forum 2003, 4 Sept 2003.
20 Pierre Hassner, La terreur et l’empire, Éditions du Seuil 2003, p. 184.
21 This expression was first used during the American Civil War, then revived (again) by Franklin Roosevelt during WWII.
22 Carl Schmitt, Le nomos de la terre, trad. L. Deroche-Gurcel, puf 2001, p. 123.
23 Nazi term for subhumans.
24 Sean Rayment, « u.s. tactics condemned by British officers », Daily Telegraph, 10 April 2004.
25 Brigadier Nigel Aylwin-Foster, « Changing the Army for Counterinsurgency Operations » Military Review, novembre-décembre 2005.
26 Ibid.
27 FM 21-23 The Soldier’s Guide, Headquarters, Department of the Army, August 1961.
28. This colonial expedition at the end of the 19th century is quickly dismissed as an aberration by mainstream liberal historians.
29 Joint vision 2020, Joint Chief of Staffs, Office of Primary Responsibility ; Strategy Division, Washington DC, June 2000.
30. De la Démocratie en Amérique ii, Bouquins Laffont, 1986, première partie, chapitre i, p. 431.
31. De la Démocratie en Amérique i, ibid., deuxième partie, chapitre ix, p. 277.
32 Code du soldat français, http://www.defense.gouv.fr/portal_repository/17033692320001/fichier/getData.
1 This paragraph is often quoted and identified as The Warrior Ethos by u.s. military authorities « Embedded in the Soldier’s Creed is the Warrior Ethos — the very essence of what it means to be a Soldier. » Field Manual FM1 The Army, June 2005.
2 United States Army White Paper, Concepts for the Objective Force, u.s. Army, novembre 2002.
3 Strictly, the British Army does not have a soldier’s code, but it soes have strong regimental traditions, a Queen’s Regulation, a Manual of Military Law, and an official document : « Values and Standards of the British Army ».
4 Elise Marienstras, Les mythes fondateurs de la nation américaine, Éditions Complexe 1992, page 87.
5 Quadrennial Defense Review Report, Department of Defense, February 6, 2006, p. 42.
6 « It is thus plain from what has been said, that in no case do we strive for, wish for, long for, or desire anything, because we deem it to be good, but on the other hand we deem a thing to be good, because we strive for it, wish for it, long for it, or desire it. » Spinoza, Ethics, part iii, proposition ix, note.
7 FM1 The Army June 2005.
8 An influential evangelist close to president Nixon, was also « spiritual » advisor to other presidents like Dwight Eisenhower and Lyndon Johnson.
9 Quoted in Andrew Bacevich, The New American Militarism, Oxford University Press 2005, p. 63.
10 Samuel Huntington, « Robust Nationalism », The National Interest, 20 janvier 1999.
11 American military slang for killing an unpopular officer with a hand grenade. According to Richard Holmes, a Sandhurst military historian, 20 % of American officers who died in Vietnam were killed by their own men.
12 Future Force is the official u.s. military term for their force capable of full spectrum dominance, from major war operations to counter-insurgency and Homeland Security.
13 General Schoomaker, Washington Convention Center speech, 25 octobre, 2004.
14 Clausewitz, On War, Princeton University Press, p. 95.
15 Ibid, p. 95
16 Ibid, p. 96.
17 Ibid, p. 595
18. centcom is one of the six Unified Combatant Commands. Its area of responsibility is in the Middle East, East Africa and Central Asia.
19 Speech of General Anthony Zinni, u.s. Marine Corps (Retired), Naval Institute Forum 2003, 4 Sept 2003.
20 Pierre Hassner, La terreur et l’empire, Éditions du Seuil 2003, p. 184.
21 This expression was first used during the American Civil War, then revived (again) by Franklin Roosevelt during WWII.
22 Carl Schmitt, Le nomos de la terre, trad. L. Deroche-Gurcel, puf 2001, p. 123.
23 Nazi term for subhumans.
24 Sean Rayment, « u.s. tactics condemned by British officers », Daily Telegraph, 10 April 2004.
25 Brigadier Nigel Aylwin-Foster, « Changing the Army for Counterinsurgency Operations » Military Review, novembre-décembre 2005.
26 Ibid.
27 FM 21-23 The Soldier’s Guide, Headquarters, Department of the Army, August 1961.
28. This colonial expedition at the end of the 19th century is quickly dismissed as an aberration by mainstream liberal historians.
29 Joint vision 2020, Joint Chief of Staffs, Office of Primary Responsibility ; Strategy Division, Washington DC, June 2000.
30. De la Démocratie en Amérique ii, Bouquins Laffont, 1986, première partie, chapitre i, p. 431.
31. De la Démocratie en Amérique i, ibid., deuxième partie, chapitre ix, p. 277.
32 Code du soldat français, http://www.defense.gouv.fr/portal_repository/17033692320001/fichier/getData.