Alors même que le mot a désormais envahi les commentaires de tous les observateurs d’une activité humaine qui semble se caractériser par les confrontations extrêmes et les grandes catastrophes à venir, il est délicat de supposer que la disparition de l’« objet guerre » entraîne la fin de l’institution militaire.
Et pourtant, si en matière d’économie, d’énergie, d’environnement, d’information ou même de civilisation le recours au vocabulaire guerrier paraît le plus approprié pour commenter l’actualité, le paradigme d’une certaine « guerre militaire », qui servait d’outil de référence à la réflexion polémologique autant qu’aux analyses géopolitiques, semble avoir définitivement perdu sa validité. Ou, du moins, n’est-il plus envisagé que comme un cas de figure parfaitement improbable, un artéfact pour film de science-fiction à partir duquel il serait aussi vain que dangereux de fonder une quelconque vision prospective d’un instrument militaire que l’on chercherait ensuite à bâtir avec patience et constance à travers la mise en œuvre de lois de programmation successives.
Une telle évaporation de l’échéance guerrière qui, pendant deux siècles, a rythmé la vie de la société française n’est évidemment pas sans effets sur les armées. Elle se traduit, depuis une vingtaine d’années, par une transformation aussi radicale que passée inaperçue, car comprise comme une simple série de modernisations et d’adaptations techniques destinées à prendre en compte à la fois les contraintes budgétaires croissantes et l’évolution technologique des équipements. Il faut donc rétablir la relation de causalité entre l’emploi et l’outil, entre le besoin et l’organe pour bien mesurer l’étendue des mutations vécues en deux décennies de révolution dans les affaires militaires avant de prétendre éventuellement juger de leur pertinence.
- Une armée pour faire la guerre
Jusqu’à la fin de la guerre froide, l’engagement des armées est envisagé comme inévitable et légitime dès lors qu’il se fait contre un envahisseur qui veut asservir la nation. Cet engagement est également placé sous le signe de l’immédiateté, dans l’espace comme dans le temps, puisque l’ennemi est à la frontière et que le combat se déroulera sans préavis, sur le territoire de l’un ou l’autre des belligérants. Dès lors qu’il s’agira de la survie de la collectivité, le combat mobilisera toutes les ressources de la nation, conduisant à engager de grandes masses d’hommes et d’équipements dans des combinaisons d’effets très complexes sur un champ de bataille où les armées devront compter sur leurs seules ressources pour vivre et fonctionner. Enfin, la guerre étant une situation d’exception, ceux qui y sont engagés bénéficieront d’un statut à part et y agiront en se conformant à un droit spécifique qui autorise le recours à la mise en œuvre délibérée de la force, jusqu’à tuer au risque de sa vie propre.
Pour conduire cette guerre, l’armée est organisée comme un ensemble fortement hiérarchisé, selon un mode pyramidal par lequel chaque degré de commandement constitue un niveau de synthèse des attributions, des pouvoirs et des moyens, qui garantissent la possibilité d’être autonome dans l’action et de prendre des initiatives que requiert la confrontation à l’ennemi. Ainsi, tout en étant dirigée avec une stricte discipline rendue indispensable par la grande complexité que représente la coordination de tous ses éléments constitutifs, l’armée demeure souple d’emploi et aisément manœuvrable malgré les aléas que réserve toujours le combat. Et si l’action de chaque régiment est rigoureusement coordonnée au sein de la zone d’engagement de la division, elle-même parfaitement encadrée par les orientations du corps d’armée, chacun de ces niveaux demeure constamment capable de s’adapter à des configurations imprévues. De l’existence, à chaque échelon de commandement, d’une logistique dédiée, de stocks et de réserves indispensables à l’engagement, et de la capacité à gérer et à administrer en propre le fonctionnement courant de l’unité considérée, découle une redondance administrative et logistique coûteuse en termes d’efficience, mais qui garantit la robustesse de l’ensemble.
La guerre doit pouvoir être menée sans délai puisque l’ennemi est là, tout près, et peut être demain infiltré sur le territoire national, alors même qu’il faudra combattre sur le front. L’organisation du temps de guerre est donc adoptée dès le temps de paix, et des exercices d’alerte fréquents permettent de vérifier la réactivité effective du dispositif ainsi que l’aptitude à une augmentation rapide du format par le recours à la réserve. Coexistent alors, au sein de la société et du pays, deux appareils administratifs distincts, l’un, civil, pour la gestion de la vie ordinaire, l’autre, militaire, pour faire face à l’imprévisible (mais très probable) guerre, y compris à l’intérieur de nos frontières.
- Un outil militaire pour gérer des crises
À la fin des années 1980, le délitement du Pacte de Varsovie vient bouleverser le référentiel militaire. Le haut commandement n’est cependant pas totalement pris au dépourvu, les engagements « autres que la guerre » ayant contraint les armées, depuis une trentaine d’années déjà, à imaginer des modes d’intervention différents et à penser à ce que pourrait être une organisation militaire adaptée à ces opérations nouvelles.
Que sont ces crises dans lesquelles sont engagés un nombre croissant de régiments professionnalisés au gré de l’augmentation des sollicitations internationales ? Tout d’abord, n’étant pas des guerres auxquelles la nation serait partie, elles semblent moins naturellement légitimes parce que moins évidemment en lien avec la survie de la collectivité. En outre, elles requièrent systématiquement un mandat international, et placent le plus souvent les contingents engagés dans la situation de tiers intervenant sur un mode arbitral pour rétablir l’ordre et le droit. Elles ne constituent donc pas des situations d’exception qui justifieraient qu’un statut dérogatoire soit accordé au soldat auquel on sera de plus en plus fréquemment tenté d’appliquer les règles du droit commun.
Ces engagements se passent à distance, laissant ainsi le temps d’une montée en puissance et même de la constitution d’un outil de combat à chaque fois particulier, répondant le plus précisément et le plus économiquement possible aux contraintes de situations conflictuelles toujours différentes. Par ailleurs, ils sont généralement conduits au sein de coalitions, ce qui, outre le fait de pouvoir signifier la dimension internationale dont procède la légitimité de l’engagement, permet d’en partager la charge. Aucun des partenaires de la coalition n’ayant à supporter seul la responsabilité de l’opération, chacun se trouve libre de définir son degré de cotisation à la force mise sur pied, non seulement en fonction des intérêts qui le lient à la zone considérée, mais aussi au gré des contraintes budgétaires du moment.
Ce nouveau cadre d’emploi de l’outil militaire entraîne tout d’abord la fin de l’impératif de vaste format des armées et, autorisant leur diminution drastique1, rend moins indispensable l’organisation très pyramidale qui prévalait jusqu’alors. Cette organisation figée comportait, outre la coûteuse redondance évoquée plus haut, l’inconvénient d’une moindre adaptabilité aux différentes morphologies des crises. Elle est donc remplacée par la constitution d’un vaste réservoir de briques capacitaires, compagnies, escadrons, batteries, ou bien, en fonction des spécialités, de composants encore plus réduits (groupes, sections) qui, comme autant de morceaux d’un grand jeu de Lego militaire, servent d’éléments d’assemblage pour de mini armées de circonstance, toujours différentes, et placées sous les ordres d’états-majors eux-mêmes préservés en temps ordinaire des contraintes de la gestion et du commandement d’unités subordonnées qui ne leur sont rattachées qu’au moment de l’engagement opérationnel.
Particulièrement audacieux et novateur, ce concept de modularité n’est, dans un premier temps, pas appliqué à tous les niveaux tant il paraît de nature à destructurer totalement une communauté humaine dont la cohésion est un facteur d’efficacité essentiel au combat. La prudence incite ainsi à consolider l’ensemble en conservant à chacune de ses extrémités deux niveaux de synthèse qui garantiront la mise en cohérence des objectifs et des moyens : le niveau régimentaire et le niveau d’armée deviennent alors, pour l’armée de terre, les deux points d’ancrage de l’édifice. Entre ces deux niveaux, sont créées des chaînes spécialisées dans les divers domaines de l’administration et du soutien, tandis que, symétriquement, s’élabore par abandons successifs d’attributions une chaîne « métier » dont la compétence est progressivement concentrée sur la technique combattante. Un pas conceptuel a cependant été franchi et plus rien ne s’oppose à la poursuite d’une évolution que la recherche d’efficience accrue du système va accélérer. Les derniers niveaux de synthèse du régiment et de l’armée sont donc supprimés, seul le niveau interarmées2 demeurant encore aujourd’hui, tout au sommet de l’institution militaire, le lieu d’arbitrage et de mise en cohérence des efforts.
Parallèlement, les contraintes budgétaires croissantes imposent une série d’adaptations aux canons de fonctionnement du domaine civil et de l’économie privée : suppressions des stocks, fonctionnements en flux tendus, mutualisations, externalisations… Ces concepts, jusqu’ici fondamentalement contradictoires d’un modèle militaire pensé comme instance de recours et d’assurance collective de la nation, vont désormais être considérés comme autant d’axes majeurs de la modernisation de l’institution.
- Pour conclure
Il est très difficile de porter aujourd’hui un jugement définitif sur le bien-fondé d’un changement de paradigme militaire aussi radical que celui qu’a vécu l’armée de terre en deux décennies. Tout au plus peut-on constater qu’il a procédé d’un effort constant, courageux et particulièrement créatif d’adaptation aux bouleversements géostratégiques et aux contraintes financières qu’a fait peser sur l’institution militaire l’ère des dividendes de la paix. Et reconnaître qu’il a permis à la France de faire face à ses obligations de puissance de manière bien plus qu’honorable au cours de cette même période.
Il serait cependant bien présomptueux de s’avancer sur le fait que ce qui n’est plus qu’un outil militaire pourrait redevenir une armée dans des délais de montée en puissance compatibles avec la résurgence d’une menace majeure pourtant évoquée dans le Livre blanc de 2008. Pour les Européens, la guerre totale incluant les populations comme acteurs et otages, et représentant un choc intégral de sociétés et non plus seulement l’affrontement d’armées délégataires de souverainetés, a disqualifié la guerre comme objet politique. On peut cependant douter qu’une telle conversion à la paix soit universellement partagée, et il est pour le moins risqué de se résoudre, sous la pression de contraintes économiques, à ne calibrer un outil militaire qu’en fonction d’un emploi courant que l’on peut librement revoir à la baisse ou à la hausse au gré des ambitions et du rang que l’on se sent prêt à assumer.
On doit également relever trois paradoxes auxquels aboutissent aujourd’hui les considérables évolutions qui viennent d’être rapidement évoquées.
Tout d’abord, dans des opérations de rétablissement de l’ordre international qui exigent une approche systématiquement globale incluant des opérations de reconstruction des États et d’aide au développement économique, les nations occidentales se condamnent à l’inefficacité ou à l’impuissance dès lors qu’elles concentrent de plus en plus étroitement leurs armées sur la compétence technique combattante sans être capables, par ailleurs, de développer des instruments complémentaires d’intervention dans les champs civils.
Ensuite, alors que jamais on n’a autant utilisé le terme de résilience, et mesuré la vulnérabilité de la société aux crises et aux catastrophes naturelles qui semblent devoir se multiplier du fait de la dégradation environnementale, jamais on ne s’est privé avec autant de constance de toute forme de réserve, à commencer par la première d’entre elles, l’armée, dont les stocks, l’autonomie, l’organisation, mais aussi la culture et la totale disponibilité que lui confère le statut militaire faisaient la principale assurance de la nation.
Enfin, si la collectivité nationale a définitivement renoncé à la guerre, elle continue tout de même, en engageant ses soldats dans des opérations de plus en plus dures, à les confronter à des situations de combat extrêmes au cours desquelles ils devront donner la mort et risquer leur vie en surmontant la même peur, en assumant la même responsabilité morale que leurs devanciers de Verdun ou de Bir Hakeim. La tension de légitimité qui résulte d’une telle confrontation entre les exigences psychologiques et éthiques du combat et les motivations politiques variables de la gestion de crise internationale peut-elle être supportée par un soldat si la nation ne lui manifeste pas très clairement la reconnaissance que son engagement extra ordinaire doit lui valoir ?
1 Diminution dont on ne voit pas, au demeurant, quelle pourrait être la limite, les contrats opérationnels fixés aux armées par les différentes lois de programmation ou livres blancs successifs n’engageant contractuellement personne et n’étant définis que pour donner une justification aux formats que les budgets alloués permettent encore de préserver.
2 Encore ce niveau interarmées est-il en concurrence avec un niveau ministériel d’administration générale qui tend à accroître ses prérogatives au nom même des principes qui ont présidé jusqu’ici à l’évolution des armées, en attendant qu’un niveau interministériel s’impose selon une logique d’administration et de soutien territorial unique.
Now that the idea is included in comments by all observers of the human activity that seems characterised by extreme forms of confrontation and the great disasters to come, it is a tricky matter to imagine that the disappearance of war as an objective signals the end of military organisation.
And yet, while the vocabulary of waging war seems the most appropriate to comment on news items in matters of business, energy, the environment, information or even civilisation, the “military war” paradigm that served as a benchmark for thinking about war, as well as for geopolitical analyses, seems once and for all to have lost its validity. Or at least it is now seen only as a wholly improbable hypothetical case and an artificial situation on which science fiction films can be based but which it would be both pointless and dangerous to use as a basis for any view of a military instrument that one might then wish to construct patiently and persistently by bringing in a succession of laws forming a programme.
Such a disappearance of the prospect of war—which, for two centuries, marked the passing of the years in France—obviously affects the armed forces. Over the past couple of decades it has produced a transformation that is all the more radical for having gone unnoticed. This is because it was understood as simply a set of technical changes to modernise and adapt, so as to accommodate both growing financial constraints and technological progress in the equipment. We therefore have to re-establish the cause-and-effect relationship between the tool and the use that is made of it; between the need and the instrument; in order to get a clear picture of the extent of changes experienced during these two decades of revolution in military affairs. Only then may we be able to judge their relevance.
- An army to wage war
Until the end of the Cold War, committing armed forces was seen as inevitable and legitimate whenever it was done to oppose an invader who wanted to enslave the nation. This commitment of forces was also seen as an immediate phenomenon, occurring at a specific time and place, as the enemy was at the border and fighting would begin without notice, on the territory of one or other of the belligerents. As soon as it involved survival of the community, war would mobilise all of the nation’s resources, leading to large amounts of troops and equipment being committed in very complex combinations on a battlefield where the armies would have to rely on their own resources to live and operate. Lastly, as war was an exceptional situation, those who were engaged in it would have a separate status and would act in accordance with a specific law that authorised deliberate recourse to force, to the point of killing while putting one’s own life at risk.
To conduct the war, an armed force is organised as a strongly hierarchical whole, with a pyramidal pattern where, at each level of command attributions of powers and means are brought together, ensuring the possibility of autonomous action and an ability to take initiatives required by confrontation with the enemy. Thus, while being directed with a strict discipline that is made essential by the great complexity required by co-ordination of all the constituents, an army retains flexibility in use and remains easily manoeuvrable despite the vagaries always found in combat. While the action of each regiment is rigorously co-ordinated within the division’s commitment zone, which is itself perfectly circumscribed by the way the army corps is organised, each level constantly remains able to adjust to unforeseen circumstances. From the existence, at each level of command, of dedicated stocks of resources and reserves that are essential to the engagement, and from a unit’s ability to manage and administer for itself its current mode of operation, comes an administrative and logistical redundancy that is costly in terms of efficiency, but ensures robust functioning for the whole.
It should be possible to wage war without delay, as the enemy is there, very close, and tomorrow will perhaps have crossed into the home country’s territory, so it will be necessary to fight at the front. Wartime organising is therefore adopted in peacetime, and frequent exercises involving alerts make it possible to check that the resources really are capable of responding. They also make it possible to ensure that the forces committed can quickly be increased, by drawing on the reserves. Then, within society and the country, there is a coexistence between two distinct administrative organisations: one civil, to manage ordinary life, and the other military, to deal with the unpredictable (but all too probable) war, including one on the home territory.
- A military machine to manage crises
At the end of the 1980s, disintegration of the Warsaw Pact turned the military textbooks upside down. However, the high command was not completely caught off guard, engagements “other than war” having already forced armed forces, for 30 years or so, to think of different means of intervention and to consider what a military organisation suited to these new operations could be like.
So what are these crises to which a growing number of professionalised regiments are committed as the international requirement for them increases? First of all, as they are not wars on which the nation has embarked, they seem intrinsically less legitimate, because less obviously bound up with survival of the society. In addition, they always require an international mandate, and in most cases put the contingents that have been committed in the position of outsiders intervening arbitrarily to re-establish law and order. They are therefore not exceptional situations that would justify a special dispensation being granted to the soldiers; increasingly frequently we will be tempted to apply the ordinary rules of law to them.
The engagements occur at a distance, thus leaving time for an increase in power, and even constitution of a fighting machine on each occasion, responding in the most precise and economical way possible to the demands of the conflict situation, which are always different. Also, they are generally conducted as part of coalitions. Apart from the fact that this can indicate the international dimension providing a basis for the engagement’s legitimacy, it enables the burden to be shared. As none of the partners in the coalition has to bear responsibility for the operation alone, each of them is free to decide what contribution it will make to the force committed; that contribution will depend not only on the interests associated with the relevant area, but also on the country’s current financial constraints.
This new framework within which the military machine is employed brings, first of all, an end to the necessity for enormous armies. By making possible a dramatic reduction1 in their size, it makes the highly pyramidal organisational structure less important than previously. Apart from the costly redundancy already mentioned, that static structure had the disadvantage of being less flexible and less able to adapt to crises of different natures. It is therefore being replaced by construction of an enormous stock of building blocks with different capabilities: companies, squadrons, batteries or—depending on specialisms—even smaller components (groups and platoons). Like the pieces in a large set of military Lego, they are components that can be built up into mini-armies, as demanded by the circumstances, which are always different, and made answerable to staff headquarters, that are themselves ordinarily protected from the constraints of managing and commanding subordinate units, those units being attached to them only when they are committed to an operation.
This modular concept is particularly bold and innovative but it is not, initially, applied at all levels because of its apparent potential to completely disrupt a well-structured human community whose cohesion is a factor fundamental to effectiveness in combat. Caution thus provides an incentive to consolidate the whole, while preserving two levels at which components can be combined: one at each extremity. The two levels will ensure the objectives are consistent with the means. The regimental level and the army level accordingly become, for land-based forces, two points to which the structure is secured. Between the two levels, specialist “chains” are created in a variety of administrative and support areas, while at the same time an “occupation” or “profession” chain forms through successive divestment of attributions. The competence of this “professional chain” progressively becomes concentrated on fighting technique. However, this involves crossing a conceptual boundary, and there is no longer anything to oppose the pursuit of developments that will be speeded up by a search for increased efficiency. The remaining levels at which components are combined—regiments and armies—are therefore abolished, with only the inter-army level2 now remaining, at the pinnacle of the military institution; this is where decisions between conflicting possibilities are made and where consistency of efforts is ensured.
At the same time, the growing budgetary constraints necessitate modifications to the principles, with things now operating according to those applicable in the civil field and in private-sector business: reductions in stocks, just-in-time operating procedures, jointly-owned resources, outsourcing, etc. These principles, which up to now have seemed fundamentally opposed to the conception of armed forces as an institution to which the nation can resort and a source of collective assurance, are now considered major routes for modernisation of the military.
- Concluding points
It is currently very difficult to make a final judgement about how well-founded is the radical change in the military paradigm experienced by France’s land-based forces over the past two decades. We can, at most, note that it resulted from a constant, brave and particularly creative effort to adjust to the geostrategic upheavals and financial constraints imposed by the era of “peace dividends” on the armed forces. We can also recognise that it enabled France to fulfil its power obligations more than honourably during that period.
It would, however, be presumptuous to suggest that what is no more than a military tool could become an army during the period in which rising power could be recognised as emergence of a major threat, and yet that idea was expressed in a 2008 white paper. For Europeans, total war, including the general population as parties involved in the action and as hostages, with a shock suffered by the whole society—rather than just confrontation between armies sent on behalf of sovereign entities—has made war seem ineligible as a political objective. We may, however, doubt whether such a conversion to peace is universally shared. It is, at the least, under the pressure of financial constraints, risky to see a military machine, and to measure its worth only in terms of its current employment, with revisions down or up easily achievable depending on people’s aims and the status that society feels ready to accord it.
We can also highlight three paradoxes now produced by the substantial developments that have been briefly described.
First of all, in operations to re-establish international order—which always require a comprehensive approach, including activities to rebuild States and assist economic development—Western nations are condemned to being ineffective or impotent when they concentrate ever more narrowly on their armies’ technical fighting ability without, separately, being able to develop complementary instruments for intervention in the civil field.
Secondly, although the term “resilience” has never been used so much, and we have never been so aware of society’s vulnerability to crises and to natural disasters—which seem certain to increase in frequency because of environmental damage—we have never been so single-minded in depriving ourselves of any back-up resources, beginning with the first of them: the armed forces. Nevertheless, it is their reserves, autonomy, organisation, and also the culture and complete availability conferred by the military status, that constitute the nation’s main assurance.
Lastly, while French society has given up war once and for all, society nevertheless continues, by ensuring its soldiers’ involvement in increasingly tough operations, to get them to confront extreme combat situations in the course of which they have to take lives and risk their own, while overcoming the same fear, and assuming the same moral responsibility, as their predecessors at Verdun or Bir-Hakeim. Can soldiers bear the pressure of legitimacy resulting from such a confrontation between the psychological and ethical demands of combat on the one hand and the variable political factors involved in managing an international crisis on the other, if the nation does not very clearly show the recognition deserved for their extraordinary commitment?
1 The reduction has, incidentally, no obvious limit, as the operational “contracts” set by the various programming laws or successive white papers for armed forces do not put anyone under a contractual obligation, and they are specified only as a justification for the organisational structures that budget allocations still make it possible to retain.
2 This inter-army level also competes with a ministerial level of general government, which is tending to increase its prerogatives in the very name of principles which, up to now, have governed developments in the armed forces, while awaiting the emergence of an interministerial level in accordance with the logic of a single government and single means of territorial support.