N°33 | L'Europe contre la guerre

Daniel Hermant  François Lagrange

La ligne du sang

« Il y a toujours l’odeur du sang… »

Shakespeare (Macbeth, Acte V, scène 1, vers 1606)

« Qu’un sang impur abreuve nos sillons »

Rouget de Lisle (La Marseillaise, avril 1792)

« Il est impossible de ne pas reconnaître que la force a souillé le berceau
de tous les pouvoirs du monde, quelles qu’aient été leur nature et leur forme »

Guizot (Cours d’histoire moderne. Histoire générale de la civilisation en Europe,
depuis la chute de l’Empire romain jusqu’à la Révolution française
, 1843)

« Ils tracèrent sur le chemin des signes de sang, et leur folie enseignait que la vérité
se prouve avec du sang. Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité ;
le sang est un poison qui change la doctrine la plus pure en délire, en haine des cœurs »

Nietzsche (L’Antéchrist -53 –, 1888)

« Violence et violence, peur et peur, sang et sang, chacun y perd, chacun s’y perd »

François Mitterrand (10 mai 1978)

L’actualité le rappelle, la violence occupe le devant de la scène : guerres, terrorisme, émeutes, insécurité... Hommes politiques et éditorialistes en font leur pâture, hésitant entre analyses géostratégiques sur les fractures qui se multiplient, le chaos qui menace, la guerre qui réapparaît, et analyses psychosociologiques qui, à travers le retour de l’émotion et des passions, esquissent la guerre sociétale tissée de fanatisme religieux, voire la guerre civile mondialisée qui nous attend.

En amont de la crainte qu’entraînent cette avalanche d’informations et les rhétoriques connexes, le cadre général dans lequel s’inscrit la violence doit être explicité afin d’éviter les jugements sommaires. Cet essai se propose de montrer comment la violence physique, comprise comme pouvoir concret de tuer, est susceptible d’éclairer, dans l’ordre interne et international, des évolutions récentes de l’ethos sociétal européen.

  • Avant la ligne du sang : régimes de violence et de légitimité
  • La violence « qui va de soi »

Pendant fort longtemps, en Europe comme dans le reste du monde, la notion de légitimité et celle de force ne pouvaient être dissociées. Dans ce système spontané, par nature, le pouvoir comportait une certaine dose de coercition et celle-ci, consubstantielle au pouvoir même, ne pouvait en être pensée séparément. De ce point de vue, il n’y a pas d’autre justification au pouvoir que son existence, il possède une sorte de légitimité sui generis, qui s’applique à tous ses attributs et d’abord au plus important d’entre eux : la contrainte. Pascal a formulé cette conception : « La justice est ce qui est établi et ainsi toutes nos lois établies sont nécessairement tenues pour justes sans être examinées puisqu’elles sont établies1. » Dans l’ordre international, la violence est l’ultima ratio regum. Le pouvoir est un bloc où légitimité et contrainte sont indissociables.

Très progressivement, en tirant les leçons de l’histoire, celle des guerres, des révolutions, de la paix civile, ce schéma a été précisé. Les buts politiques (conquérir le pouvoir, s’y maintenir, mettre fin à une guerre civile, résister à un ennemi extérieur...) exigent la mise en œuvre d’une gamme de moyens très divers allant du consensus à la violence. Avec le pacte hobbesien ou le contrat social rousseauiste, puis l’épisode révolutionnaire et les philosophies historiques du xixe siècle, nombre de modèles ont été proposés. Retenons-en deux.

  • La violence révolutionnaire

Certaines périodes de crise, de guerre civile, ont conféré un statut exceptionnel à la violence politique. Elle apparaît comme condition nécessaire du changement social, réponse immédiate et fondée à l’injustice. Ainsi Stendhal écrit-il : « Une révolution n’est sanglante qu’en proportion exacte de l’atrocité des abus qu’elle est appelée à dénoncer2. » Avec les philosophies historiques du xixe siècle (Hegel, Marx), la violence passe du rang de symptôme des inégalités de la société en place au rôle de moteur de l’histoire. Désormais autonome par rapport aux deux grands pôles politiques – l’État, qu’elle conteste et attaque sous la bannière de la lutte révolutionnaire, et la population, qui ne coïncide jamais exactement avec le peuple fantasmé que doit engendrer la révolution –, la violence surplombe la société et reste à tout moment mobilisable. Ce travail du négatif, pour reprendre la terminologie hégélienne, autorise un large usage de l’arbitraire et de la violence sur le plan intérieur comme dans les relations internationales où, selon la formule de Clausewitz, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens.

  • La violence contenue

Parallèlement à ce modèle révolutionnaire, un usage ordinaire, conservatoire, de la violence, motivé par la défense de l’État, rempart de la légitimité instituée, s’est aussi dégagé. Dans ce cas, on précise que l’État seul a le droit de l’employer, ce dont rend compte la formule wébérienne du monopole légitime de la violence. Cet usage est réglé, limité et renvoie à une éthique procédurale. Il est susceptible d’être réexaminé à travers la notion de disproportion3, mais, fondamentalement, il signifie que ceux qui s’en prennent à l’État sont illégitimes dès qu’ils recourent à la violence. Celle-ci n’est pas un moyen acceptable. Plus globalement, sur le plan international, ce modèle a présidé à la mise sur pied de la Société des nations (sdn) puis de l’Organisation des Nations Unies (onu), structures de paix dont l’objectif était de prévenir la désunion des nations.

  • La violence refusée : la ligne du sang, nouvelle règle du jeu

Cette posture de la violence contenue, déontologique et procédurale, fortement associée en Europe aux droits de l’homme, évolue. Bien des sinuosités seraient à décrire, mais ici le point d’arrivée, après 1945, nous intéresse plus que le processus. Il pourrait s’énoncer ainsi : la fin ne justifie plus les moyens4, en tout cas pas celui de la violence politique. La guerre, génératrice de malheur, devient pour une large part illégitime. Un adversaire libéral de l’historicisme, Karl Popper, en arrive à vivement contester l’idée longtemps reçue du sacrifice nécessaire d’une génération au profit des suivantes : « Toutes les générations sont éphémères, toutes ont le même droit à être prises en considération, mais c’est envers incontestablement la génération présente et celle qui suit que nous avons les obligations les plus pressantes5. » La ligne du sang ne doit plus être franchie6.

  • La dévitalisation en Europe après 1945 de l’ethos violent

Le second conflit mondial, expression à ce jour la plus terrible de la guerre totale, a ravagé l’Europe. Paradoxalement, la guerre froide, qui divise celle-ci en deux blocs hostiles, aboutit à écarter dans cette zone tout affrontement direct pendant plus de quarante ans. Certes, la violence suprême, l’emploi de l’arme nucléaire, reste l’horizon ultime des relations internationales, mais pour les stratèges, la « destruction mutuelle assurée » (mad selon l’acronyme anglais) n’est pas une option acceptable. Pour les opinions, cette violence jupitérienne, concentrée à l’extrême, n’exigeant pas de gros bataillons, demeure quasi abstraite, en quelque sorte métaphysique. Elle n’empêche pas l’Europe, par palier, de se déshabituer de la violence, interne et externe.

  • La rétraction de la violence à l’Ouest

La zone non soviétisée ne connaît pas de conflit interétatique d’importance. Une seule guerre civile s’y déroule, en Grèce, entre 1946 et 1949.

Hors d’Europe, le Royaume-Uni et les Pays-Bas se retirent relativement rapidement de leurs anciennes colonies, presque sans conflits. La France mène deux guerres de décolonisation, en Indochine de 1946 à 1954 et en Algérie de 1954 à 1962. Ensuite, seul le Portugal poursuit, en Afrique, un combat d’arrière-garde jusqu’en 1975. La dernière intervention impériale du Royaume-Uni et de la France, sans accord des États-Unis, se produit en 1956, à Suez : c’est un fiasco, qui signe la fin du cycle impérial européen. Les interventions extérieures ultérieures, par exemple de la France en Afrique, essentiellement réactives et ponctuelles, ne contreviennent pas à l’atmosphère de paix en métropole.

Le recul de la violence politique n’est pas moins net dans chacun des pays occidentaux. Là probablement réside le changement le plus profond. Partout, on assiste à une pacification des mœurs. Quelques exemples, là aussi. Après plusieurs décennies de dictature, le Portugal, en 1974, puis l’Espagne, en 1975, connaissent des transitions démocratiques sans violences majeures7. La nécrose terroriste de l’idéologie révolutionnaire, qui engendre dans les années 1970-1980 la « bande à Baader » en rfa, les « Brigades rouges » en Italie8 et « Action directe » en France, échoue, notamment devant la réprobation de l’opinion publique face à la violence, alors même que l’idéal révolutionnaire, si présent au xixe siècle et pendant la première moitié du xxe, semble se dissiper.

Parmi les démocraties, prenons le cas français : les grèves quasi insurrectionnelles de 1947-1948 font des dizaines de morts9 ; la répression des manifestations de musulmans de France pro-fln, du 17 au 20 octobre 1961, une centaine de victimes10 ; celle des manifestations syndicales du 8 février 1962 (Charonne), huit morts11. Ensuite les choses changent très vite : les événements de Mai-68 ne font quasiment pas couler le sang. Georges Pompidou, alors Premier ministre, insiste dans ses Mémoires sur sa ligne de conduite : « Gagner du temps, donc éviter le drame avec les étudiants (la France n’admet pas que l’on tue des jeunes et moi-même ne pouvais en supporter l’idée)12. » Symétriquement, Michel Rocard, alors responsable du parti socialiste unifié (psu), observe : « Le large soutien de l’opinion au mouvement tient à sa non-violence13. » Vingt ans plus tard, le 4 décembre 1986, la mort du jeune Malik Oussekine, lors d’une bavure en marge de protestations étudiantes, provoque l’abandon d’un projet de loi controversé. Dans une interview publiée le 8 décembre, le ministre de l’Industrie Alain Madelin déclare : « Le projet Devaquet et le mouvement qui l’entourent ne valent pas la mort d’un homme14. » Les violences en Nouvelle-Calédonie d’avril-mai 1988, quant à elles, relèvent d’un contexte postcolonial et extra-européen : elles s’apaisent après les accords de Matignon en juin 1988 et leur ratification par référendum en novembre 198815.

  • La rétraction de la violence à l’Est

Les pays européens de la zone d’influence soviétique, malgré le coût humain massif de leur mise au pas pendant les premières années de la guerre froide16, n’échappent pas, avec un temps de retard, à ce retrait progressif de la violence politique.

Les interventions de l’Union soviétique pour rétablir sa prépondérance dans des pays satellites divergents suivent la pente d’une violence descendante17. La répression des manifestations en République démocratique allemande (rda), le 17 juin 1953, fait au moins une cinquantaine de morts ; l’écrasement de l’insurrection en Hongrie, à partir du 24 octobre 1956, environ trois mille (et en 1958, Imre Nagy, le principal dirigeant du soulèvement hongrois, est exécuté avec deux de ses alliés). Ensuite, la violence mise en œuvre diminue : l’invasion de la Tchécoslovaquie, à compter des 20-21 août 1968, fait encore quatre-vingt-dix morts, mais le dirigeant du printemps de Prague, Alexandre Dubcek, n’est pas physiquement éliminé. En 1981, les Soviétiques, alors même qu’ils ont pénétré brutalement en Afghanistan le 27 décembre 1979, renoncent à envahir la Pologne et sous-traitent la répression de Solidarnosc au coup d’État interne du général Jaruzelski (six morts). Enfin, dans les années 1989-1990, sauf en Roumanie, la chute des régimes communistes s’accomplit globalement de façon pacifique : on peut généraliser l’expression de « révolution de velours »18, désignant la transition démocratique apaisée en Tchécoslovaquie.

  • Vers un espace européen unitaire pacifié

L’apparition d’un espace original européen récusant la violence politique sous ses formes internes (violence politique) et externes (guerre) se marque aussi sur le front diplomatique, avec l’acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (csce), dit aussi accords d’Helsinki, du 1er août 1975. Quoique consacrant les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale et entérinant un statu quo territorial favorable à l’Union soviétique, il les mine en fait par l’adjonction de deux clauses : l’une admettant la modification des frontières « conformément au droit international, par des moyens pacifiques et par voie d’accord », en laquelle Henry Kissinger voit la source de la réunification de l’Allemagne19, l’autre établissant la liberté de circulation de l’information et les droits de l’homme comme référence des deux côtés du mur20. Aussi l’acte final devient, de l’aveu même d’un ancien dirigeant soviétique, « un manifeste du mouvement dissident et libéral »21. À la fin de la guerre froide, la csce de novembre 1990, héritière directe d’Helsinki, reprend, dans sa Charte pour une Europe nouvelle, l’énumération de « tous les droits individuels »22. C’est la victoire des droits de l’homme et la consécration de la ligne du sang : on ne se tue plus, en Europe, entre Européens, ni entre les États ni dans les États.

  • Aujourd’hui : lez zigzags de la ligne du sang

Après la fin de la guerre froide se pose la question de l’irréversibilité, en Europe, de cette proscription généralisée de la violence politique. La réponse n’est pas simple.

  • La renonciation à la violence terroriste au sein de l’Union

La délégitimation de la violence politique périme progressivement, non sans sinuosités, l’action terroriste basée en Europe : les principales branches de l’ira irlandaise renoncent à l’action armée entre 1997 et 2005, l’eta basque en 2011 et le fnlc corse en 2014.

  • Le retour, par l’extérieur, de la violence terroriste dans l’Union

L’actualité immédiate oblige à tenir compte des attaques terroristes islamistes particulièrement sanglantes qui ont frappé la France en janvier, novembre et juillet 2015, et la Belgique en mars 201623. Comment les situer ? Faut-il n’y voir qu’une violence importée ou, au contraire, un symptôme signalant l’émergence, ou le retour, au cœur des sociétés européennes, de fractures internes24 ?

  • Le cas yougoslave

Les guerres de l’ancienne Yougoslavie et des États successeurs, entre 1990 et 1995, puis en 1998-199925, constituent une spectaculaire et terrible résurgence de la violence en Europe. Pour autant, l’Union européenne et les États-Unis, s’appuyant tantôt sur l’onu tantôt sur l’otan, imposent un retour à la norme non violente26, qui paraît prévaloir au début du xxie siècle. N’y aurait-il eu que retard, et non inversion, de la ligne du sang ?

  • La violence des marches

Ni la Russie, impliquée dans les conflits frontaliers avec la Géorgie en 2008 et avec l’Ukraine depuis 2014, ni la Turquie, engagée dans une longue lutte armée contre le pkk kurde, ne rentrent dans le schéma d’un espace européen pacifié. Elles ne sont certes pas non plus, sur un plan géopolitique, pleinement européennes.

  • Ligne du sang et dualité des lectures

On le constate, on hésite entre rétraction et retour de la violence, interne et externe. Mais un point reste acquis : pour les Européens, la violence politique est jugée intolérable au sein de l’aire européenne. Franchir la ligne du sang délégitime et disqualifie. En revanche, lorsqu’ils s’intéressent au reste du monde, ils acceptent, jusqu’à un certain point, une lecture à l’ancienne. Celle-ci fait place à la Realpolitik, notamment à la notion de Balance of Power (présente dans la première guerre du Golfe). Elle retient aussi le principe de légitime défense, jusqu’à son actualisation hyperbolique en guerre préventive lors de la War against Terror américaine après le 11 septembre 2001.

Cette dichotomie ne va pas sans tensions, comme l’observe l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair : « Séparer politiques intérieure et extérieure m’a toujours semblé artificiel. […] Tout d’abord, le monde est beaucoup plus intégré, si bien que le national et l’international tendent à fusionner ; ensuite, avec le développement des médias planétaires, les crises étrangères se déroulent souvent en temps réel, sous nos yeux, à la télévision. Elles prennent rapidement une dimension nationale27. » Même problématique, cette dualité n’en colore pas moins les réactions des États, opinions publiques, médias, groupes de pression européens. Elle sert à redistribuer la légitimité des causes, non sans un certain désordre, qu’expliquent le brouillage général des catégories, le renouvellement des acteurs, la porosité des scènes intérieure et extérieure, la fluidité du dosage entre intérêts et passions, moralité et calculs. D’âpres débats s’engagent sur la qualification des actes, multipliant chevauchements, mélanges, inversions de registre. Le bannissement de la violence politique en Europe offre lui-même des lectures contradictoires. Juge-t-on sa valeur continentale sans pertinence mondiale ? Le voici taxé de particularisme, de culturalisme implicite. Estime-t-on nécessaire son extension à l’échelle mondiale ? Le voilà dénoncé comme un impérialisme quasi néocolonial…

On conclura par deux enseignements provisoires, d’ampleur inégale. La ligne du sang, si elle relève de la sensibilité européenne contemporaine et la façonne fortement, n’aboutit pas à une ligne de conduite évidente en termes de politique étrangère28. Ne faut-il pas, en outre, questionner cette relation d’interdiction si marquée de la violence ? N’est-elle pas l’indice d’un nouveau mode de légitimité ? Par la dénonciation aigre de l’usage de la violence, les acteurs politiques ont pour objectif de cristalliser un maximum d’illégitimité sur l’adversaire. Cette démarche parie sur l’affaiblissement ou l’effritement du pouvoir en ne renvoyant qu’à une légitimation en creux, celle du dénonciateur. Ce postmodernisme de la délégitimation s’inscrit dans une dévaluation assez générale du politique et un rétrécissement du périmètre ou des fonctions d’un État réduit à n’être qu’utilitaire, dispensateur de services, devant se limiter à répondre aux sollicitations de la société civile. État toujours en butte au soupçon, aux accusations d’être violent, liberticide… Symétriquement, les mouvements contestataires ne peuvent plus, comme auparavant, proclamer impunément leur recours à la violence. Certes, ils reprennent l’antienne selon laquelle la violence n’est en réalité qu’une contre-violence, une réponse à la violence du pouvoir ou du système, mais cela ne suffit plus : il n’est plus acceptable de prôner soi-même la violence ; il faut désormais, en Europe, la déguiser.

1 Pascal, Les Provinciales. Pensées, Lausanne, Éditions Rencontre, 1967, pensée 312, p. 383.

2 Stendhal, projet d’article, 1832, in Paul Lombard, « La Marseillaise », Dictionnaire amoureux de Marseille, Paris, Plon, 2008, p. 320.

3 La question essentielle de la guerre juste renvoie à une série de théories dans lesquelles nous n’avons pas la possibilité de nous engager ici.

4 Christian Jambet, La Logique des Orientaux, Paris, Le Seuil, 1983, p. 14 : « Adopter une attitude morale, cela exige, sans doute, que l’histoire ne soit pas déterminée par des fins. »

5 Karl Popper, Conjoncture et réfutations, la croissance du savoir scientifique, trad. fr. Payot, 1986, p. 330. Voir aussi Jean Baudoin, Karl Popper, Paris, puf, 1989.

6 Dans La Société ouverte et ses ennemis, 1962-1966, (T. I, L’Ascendant de Platon, Paris, trad. fr. 1979, Le Seuil, pp. 106-107), Karl Popper distingue deux sortes de régimes politiques : « Ceux dont on peut se débarrasser sans effusion de sang » et les autres.

7 De même pour le « régime des colonels » en Grèce, qui dure de 1967 à 1974.

8 Où existe aussi une violence politique d’extrême droite.

9 Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République. T. I, L’Ardeur et la Nécessité, 1944-1952, Paris, Le Seuil, 1980, pp. 182-183

10 Serge Berstein, La France de l’expansion. T. I, La République gaullienne. 1958-1969, Paris, Le Seuil, 1989, p. 80.

11 Ibid.

12 Georges Pompidou, Pour rétablir une vérité, Paris, Flammarion, 1982, p. 186. Le général de Gaulle semble n’en avoir pas été complètement convaincu : « À la fin des fins, l’État a une prérogative, celle d’abattre ceux qui veulent l’abattre » (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Gallimard, « Quarto », 2002, p. 1 693). Il n’en a pas moins laissé agir son Premier ministre.

13 Michel Rocard, « Si ça vous amuse ». Chroniques de mes faits et méfaits (2010), « J’ai lu », 2014, p. 95.

14 Pierre Favier et Michel Martin-Roland, La Décennie Mitterrand. T. II, Les Épreuves (1984-1988), Paris, Le Seuil, 1990, p. 752. Rétrospectivement, le chef du gouvernement d’alors, Jacques Chirac, exprime un avis identique : « Aucune réforme ne vaut la mort d’un homme. » (Mémoires. T. I, Chaque pas doit être un but, Paris, Nil, 2009).

15 Ibid, pp. 920-927 et des mêmes, La Décennie Mitterrand. T. III, Les Défis (1988-1991), Paris, Le Seuil, 1998, pp. 57-65.

16 Voir Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Andrezej Paczkowski, Karel Bartosek, et alii, Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Paris, Laffont, 1997, pp. 527-536 et pp. 551-611.

17 Pour le chiffrage des morts (tradition polémologique, voir Daniel Hermant et Didier Bigo [dir.], Approches polémologiques, ifp/fedn, 1991), nous suivons le Livre noir…, op. cit., pp. 537-549 et pp. 611-639, qui ne pèche pas par indulgence.

18 Voir Georges-Henri Soutou, La Guerre de Cinquante Ans, Paris, Fayard, 2001, p. 702

19 Voir Henry Kissinger, Les Années de renouveau (1999), trad. fr. Fayard, 2000, p. 567.

20 Voir Georges-Henri Soutou, op. cit., pp. 559-566.

21 Ibid, p. 564.

22 Georges-Henri Soutou, L’Europe de 1815 à nos jours, Paris, puf, « Nouvelle Clio », 2007, p. 318.

23 Après l’Espagne en 2004 et la Grande-Bretagne en 2005.

24 Questionnement déjà posé en France à la suite des attentats islamistes de 1995-1996.

25 Georges-Henri Soutou, L’Europe…, op. cit., p. 464.

26 Ibid, pp. 465-466 : pas d’adhésion d’un pays à l’Union européenne sans règlement préalable pacifique des litiges territoriaux (« pacte de stabilité », 1994).

27 Tony Blair, Mémoires (2010), trad. fr. Albin Michel, 2010, p. 257. Voir aussi Gerhard Schröder, Ma vie et la politique (2006), trad. Fr. Odile Jacob, 2006, pp. 61-62 et 99.

28 Même si Raymond Aron notait dans Paix et Guerre entre les nations (8e édition, Calmann-Lévy, 1984, pp. 716-717) : « Ma conviction, à mes yeux évidente mais tant de fois méconnue, c’est qu’on ne saurait imaginer une diplomatie non violente tant que l’on n’a pas éliminé la violence de la politique intraétatique. »

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