- Le rouge et le noir : une étrange parenté
- Le sacrifice à un idéal
Il est des métiers qui sont bien plus que des métiers – ainsi que le souligne fort justement l’armée de terre dans ses campagnes de recrutement –, des emplois dont le niveau d’exigence et les contraintes sont tels qu’ils requièrent, chez ceux qui s’y soumettent, une véritable vocation. Parmi ces professions, au sens premier et fort du terme (du latin professio, faire profession de foi), figurent notamment les charges afférentes aux institutions militaires et religieuses. Dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber définit la spécificité des dignités ecclésiastiques et du protestantisme à l’aide du concept allemand beruf, notion bicéphale que l’on pourrait traduire par « métier-et-vocation ».
Or ce concept semble parfaitement s’appliquer au métier des armes. À l’instar du prêtre, le soldat suit une réglementation particulière, qui brouille la frontière généralement admise entre domaine professionnel et domaine privé, nécessité alimentaire et motivations passionnelles. Si l’on se réfère à la pyramide élaborée par Abraham Maslow, on constate que ces deux figures exercent des activités qui ne privilégient pas la satisfaction des « besoins physiologiques » ou du « besoin de sécurité », ce qui est souvent l’objectif recherché dans le travail, mais remplissent des tâches dont l’exécution répond principalement à un « besoin d’appartenance », un « besoin d’estime », et surtout un « besoin d’accomplissement »1. Stade ultime de la classification du psychologue américain, ce dernier constitue précisément le critère distinctif des pratiques entrant dans la catégorie beruf, par opposition aux simples gagne-pains, qui sont des moyens de subsistance plutôt que des fins en soi.
François Kuntz décrit parfaitement cet état d’esprit dans un ouvrage consacré au corps des officiers : « Ainsi que de l’honneur, l’officier ne se conçoit pas sans un certain « désintéressement » qui l’apparente au savant dans sa recherche, au prêtre dans son sacerdoce, au missionnaire dans son apostolat. Que l’on songe, à ceux qui, au moment du choix qui engage leur vie, renoncent d’avance aux carrières lucratives, à la sécurité des lendemains, à la fondation prochaine d’un foyer, aux joies de la famille auxquelles ils sacrifient leur goût de servir pour se consacrer simplement, mais dangereusement, fervents ou stoïques tel un La Tour d’Auvergne ou un capitaine Renaud, à la grande famille qu’est pour eux l’armée »2. Le militaire, en effet, possède une éthique à nulle autre pareille, des us et coutumes qui le distinguent du commun des mortels. Ainsi que le souligne Pascal Boniface, s’appuyant sur les propos de Hubert Jean-Pierre Thomas « chez les officiers, la vocation est souvent présentée au sens religieux du terme, comme une force supérieure et non rationalisée qui conduit au choix de servir (dans les ordres ?). Elle s’accompagne de forts relents de mysticisme […] Souvent d’ailleurs, les militaires parlent aussi de leur foi »3.
Le lien entre le sacerdoce et l’art de la guerre puise d’abord ses racines dans la croyance en une cause qui dépasserait l’individu, et il importe peu, à vrai dire, que celle-ci fût appelée « Dieu » ou « Patrie », que sa nature relevât de la sphère métaphysique ou du champ politique. Sous quelque forme qu’elle se manifeste, elle implique la suprématie d’un absolu posé comme clef de voûte d’un système d’organisation, et, à l’égard de cette transcendance, un égal sentiment de sacrifice : sacrifice de nature physique, lorsque l’on combat au péril de sa vie ; ou existentielle et morale, quand on consacre son séjour ici-bas à honorer le Créateur, renonçant à la plupart des nourritures terrestres dont le monde civil jouit quotidiennement, par le truchement de vœux de chasteté et de pauvreté.
Précisons que les militaires ont connu eux-mêmes une forme de renoncement assez semblable à celle des hommes de foi, à travers un célibat forcé, par exemple. Durant trois siècles, l’institution militaire s’est efforcée de limiter les unions afin de préserver le caractère opérationnel de ses unités, car on relevait un manque de disponibilité et des inclinations sédentaires chez ceux qui liaient leur sort à un autre individu. L’armée priva donc les militaires français du droit de contracter librement un mariage, notamment à travers une disposition datant de 1685-1686 qui obligeait ceux-ci à demander une autorisation préalable à leurs supérieurs hiérarchiques. De nombreuses demandes furent refusées durant les deux siècles derniers. La conséquence, c’est qu’aux environs de 1900, malgré une sensible évolution des mœurs qui accentue la propension au mariage, « le taux du célibat définitif reste, dans le corps des officiers, deux fois plus important que dans l’ensemble de la nation », note l’historien William Serman4. Quant aux sous-officiers, ils ne pouvaient se marier au début du siècle dernier. Mais le célibat pouvait également émaner de la volonté des militaires eux-mêmes. À propos d’un soldat qu’il connut, Claude Barrois, ancien médecin du service de santé des armées, déclare que « le mariage et la famille lui apparaissaient aussi comme un risque de le soustraire au service exclusif des hommes dans l’action guerrière. Nous retrouvons ici ce thème classique qui, mené à ses extrêmes, rapproche le guerrier du religieux voué au célibat pour se consacrer totalement à son ministère »5.
Suggérant brièvement cette parenté entre les statuts et les comportements, Raoul Girardet affirme que le « soldat est l’expression la plus complète, la plus noble, la plus pure de la civilisation créée par le christianisme, car il met en pratique la pensée chrétienne : le sacrifice… »6. Alfred de Vigny opérait déjà une comparaison similaire dans Servitude et Grandeur militaires, constatant qu’un destin fatal était souvent réservé aux êtres que guide un idéal. Associant poètes, soldats et croyants, il concluait que la noblesse des hommes qui choisissent ces difficiles métiers naît de l’abnégation dont ils font preuve, de cette capacité à renoncer à ce que d’aucuns appellent une vie « normale ». Dans son sillage, Charles Baudelaire découvrait quelque analogie entre ces domaines d’activité et n’hésitait pas à affirmer, dans Mon cœur mis à nu, qu’il n’existe que trois catégories professionnelles dignes de respect, à savoir celles des poètes, des prêtres et des guerriers, admirables par leur dévouement et les privations endurées au nom d’un rêve de perfection. Et Napoléon Bonaparte de soutenir, quant à lui : « il n’y pas d’hommes qui s’entendent mieux que les soldats et les prêtres »7.
Les ressemblances sont si nombreuses que l’on peut recenser une terminologie commune à ces professions, à travers des vocables tels que « engagement » et « mission ». On s’engage dans les ordres comme on s’engage dans l’armée, on est investi d’une mission divine et l’on part en mission sur un théâtre d’opérations… Toujours priment la fidélité, la loyauté, l’honneur et le souci du devoir accompli. Que l’on veuille bien se rappeler, en outre, que le terme « vocation », issu du latin vocare, signifie « être appelé vers », ce qui évoque l’idée d’une attirance irrésistible, d’une exhortation amenant l’être à s’extirper de lui-même, à se livrer dans un total don de soi… Aussi l’église et l’armée ont-elles chacune leurs martyrs8. L’hagiographie célèbre les saints tandis que les monuments commémoratifs glorifient les héros, ces êtres d’exception qui sont en quelque sorte les versions temporelles des élus que la grâce divine a touchés.
- Communautarisme et primat de l’autorité
L’appartenance à une communauté ayant une forte conscience identitaire, baptisée « esprit de corps », constitue également un dénominateur commun essentiel. Cette conscience se trouve renforcée par le port d’une tenue spécifique. D’évidence, la robe et l’uniforme se justifient par un double objectif : comme tout code, ils visent à assurer tant l’unité et la cohésion infra-groupale, que la différenciation – et donc la distanciation – vis-à-vis de la société civile. Le ciment interne est tel qu’on parle de confrérie ou de confraternité à propos de ces collectivités, et qu’aux vocables « frères d’armes » (soulignant l’aspect familial et solidaire, mais aussi la solidité des liens de camaraderie que l’on assimile à des liens de sang), font écho, dans les milieux ecclésiastiques, les appellations « frères » et « sœurs ».
Parmi les éléments de congruence, on peut aussi relever une structure extrêmement hiérarchisée, traduite par divers grades. Garante d’ordre et de stabilité, la configuration verticale est aussi un continuum profane de cette transcendance du sacré9 à laquelle il était fait précédemment allusion. De ce choix structurel découle nécessairement un primat de l’autorité et une subordination totale des sujets à ceux qui détiennent les rênes du pouvoir. Ainsi le principe dit de « l’obéissance passive », longtemps demeuré inhérent aux armées, trouve-t-il son pendant dans cette foi qui porte les croyants à accepter résolument le dogme, sans exiger ni preuves ni explications des faits relatés par les saintes écritures. Jadis, le soldat obéissait aussi aveuglément aux ordres de son chef que le prêtre à la voix de son Dieu, raison pour laquelle, au regard de l’opposition traditionnellement établie par la philosophie entre le savoir et la foi, entre le libre exercice d’une raison émancipatrice et la soumission inconditionnelle à une entité supposée supérieure, il n’était pas rare que les hommes en armes et en soutane fussent accusés de fanatisme.
C’est sans doute aussi à cause de cela qu’une grande partie du corps enseignant s’engagea, dès la fin du xixe siècle, dans un antimilitarisme virulent, qui se fondit au militantisme anticlérical des partisans de l’école laïque, gratuite et obligatoire instituée par Jules Ferry. Estimant que l’armée était un système inégalitaire et conséquemment non-démocratique, un lieu d’asservissement des esprits et des corps (aux antipodes de ce que les milieux universitaires et intellectuels, globalement héritiers des Lumières, tentaient de promouvoir), on vit se propager, sous la bannière d’une propagande pacifiste et humaniste, une dénonciation quasi systématique des prétendus méfaits de la conscription. Toutefois, il ne faut pas oublier que la soumission à l’autorité – toutes proportions gardées – est une condition sine qua non de l’intégrité de la communauté. Le sens critique et les actes de rébellion, apanages de l’individualisme en ce qu’ils sont par essence séparatistes, sont en effet susceptibles de nuire à l’harmonie du groupe et à l’accomplissement des missions.
L’importance du principe de subordination se manifeste d’ailleurs très clairement par l’omniprésence symbolique de la figure paternelle, de nature tutélaire. Sigmund Freud a longuement analysé ce phénomène de dépendance infantile qu’entretiennent à l’identique les institutions religieuses et militaires, qu’il considère comme des foules artificielles, détentrices de caractéristiques et de comportements singuliers par rapport aux foules dites naturelles ou non organisées. S’appuyant sur les études du psychanalyste viennois, Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin mettent eux aussi en avant, dans La Dynamique des groupes restreints, ce processus d’« identification au chef en tant que père bon et tout-puissant », fonction cumulant tout à la fois des aspects de domination et de protection. Les éléments de langage en vigueur sont éloquents, puisque l’on peut aisément juxtaposer les Pater noster et les « Père la victoire » ; le Dieu des croyants, censé avoir créé les hommes, accordant le pardon, réservant le paradis ou l’enfer, et le chef des militaires, qui commande, punit et récompense ses troupes ainsi qu’un père de famille le ferait avec sa progéniture.
Si cette verticalité fondatrice semble, au premier abord, entrer en contradiction avec les aspirations fraternelles des organisations militaires et religieuses, qui supposent une égalité interpersonnelle et par conséquent une approche horizontale des rapports humains, il faudrait plutôt considérer les deux dimensions comme complémentaires l’une de l’autre. Car ainsi que le font remarquer Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin, si tous les membres de la communauté se considèrent comme frères et sœurs, alors ils reconnaissent dans chacune des figures de l’autorité un même père, et vice-versa10. Dans L’Âge des foules, Serge Moscovici déclare quant à lui que « chaque individu est rattaché par des liens libidinaux au chef, Christ, chef suprême, d’un côté, et à tous les membres de la foule, de l’autre côté ».
Or le respect de l’autorité, de l’ordre hiérarchique, des dogmes et règlements, nécessite l’acquisition d’une rigueur sans faille ainsi que de constantes références à la tradition, conçue comme élément stabilisateur et source signifiante du présent via un enracinement dans une histoire commune et fondatrice. Aussi n’est-il guère surprenant que l’armée française, après avoir un instant flirté avec la gauche libérale et révolutionnaire vers la fin du xviiie siècle, ait finalement rejoint dans sa majorité l’idéologie de la droite conservatrice et nationaliste, aux côtés du catholicisme. « Le soldat se voit ainsi rapproché du prêtre, cet autre garant de l’ordre social, la vie militaire assimilée à la vie religieuse », note à ce sujet Raoul Girardet11. La place prépondérante accordée aux symboles (icônes, croix, insignes, drapeaux, médailles…) s’inscrit dans cette logique, témoignant d’un passé qui continue de sourdre au-delà de lui-même, d’une mémoire fédératrice qui oriente les actions à-venir.
Quant à la discipline des casernes, elle est étonnamment proche de celle des couvents. L’on ignore trop souvent que le terme même de discipline, pilier de l’institution militaire ainsi que le proclame une ordonnance datée du 13 mai 1818, et qui évoque pour nos contemporains une instruction, des règles de conduite destinées à faire régner l’ordre, désignait initialement une sorte de fouet fait de cordelettes ou de petites chaînes utilisées pour se flageller, objet de mortification qui n’est pas sans rappeler le silice et le fouet des pécheurs repentants. Inversement, la vie monastique a quelque chose de militaire, de spartiate, dans son aspect rudimentaire, son détachement à l’égard du superflu et de l’accessoire. Exception faite des tenues d’apparat, des lieux de culte et de mémoire, un franc dépouillement caractérise les styles vestimentaires, les logements, l’ameublement. On constate une égale sobriété, une même rudesse qui contribue au dressage de la volonté et prépare aux renoncements ultimes. Il n’est pas jusqu’à la tonte du crâne, pratiquée à des fins de pureté spirituelle dans un cas, et d’hygiène corporelle dans l’autre, qui ne les font communier.
Enfin, la conjointe présence d’un rituel rappelle, au travers des cérémonies militaires ou religieuses qui émaillent le quotidien de ceux qui ont fait le choix de servir, l’importance que prend, au sein desdites institutions, la transmission des valeurs morales architectoniques, mais aussi leur appropriation corporelle, la répétition infinie des mêmes gestes et paroles étant imposée dans un but de conditionnement psychologique. Comme tout rituel, il revêt en outre un caractère fortement initiatique. La récurrence de l’image baptismale n’est pas anodine. Baptême religieux et baptême militaire représentent tous deux une transformation radicale, une renaissance symbolique de l’individu, qui passe d’un état à un autre : de l’état d’orphelin à l’état d’enfant de Dieu, ou de l’état de civil à celui de militaire.
- Croisements historiques et divergences idéologiques
- Au temps des moines-soldats…
Ces liens remontent à une époque fort lointaine. Il n’est pas fortuit de noter qu’oratores et bellatores constituent deux des piliers principaux du modèle tripartite fondateur des sociétés indo-européennes, selon Georges Dumézil, et que viennent compléter les laboratores, soit les forces productrices de la nation. La croix et l’épée représentent, avec le sceptre et la balance, les formes les plus anciennes de l’autorité sociale. Dans son ouvrage consacré à Isis et Osiris, Plutarque rapportait déjà que dans l’Égypte ancienne « les rois étaient choisis parmi les prêtres ou parmi les guerriers, parce que ces deux classes, l’une en raison de son courage, l’autre en vertu de sa sagesse, jouissaient d’une estime et d’une considération particulières ». Mais n’est-ce pas plutôt en raison de leur aptitude à renoncer à des intérêts personnels que le peuple égyptien appelait ces hommes à régner sur le commun des mortels ? Il arriva que l’Histoire réunît d’ailleurs, pour un temps, ces frères de cœur. Ainsi la période médiévale opéra-t-elle la synthèse du clergé et de la noblesse d’épée au travers de l’ordre des Templiers, par exemple, ou encore des Hospitaliers, hommes de Dieu qui combattirent pour défendre la chrétienté et délivrer la sainte Jérusalem. La chevalerie, de manière plus générale, était animée par des principes guerriers qui reposaient sur un ethos proche de celui auquel souscrivaient les congrégations religieuses, pratiquant la charité et défendant les plus faibles. Ainsi que le note Edward Mead Earle, « en faisant la guerre, le chevalier servait Dieu », parce que « la guerre représentait l’accomplissement d’un devoir moral et religieux »12…
Avec la fin du Moyen Âge, les liens entre l’église et l’armée parurent se distendre quelque peu, et ce jusqu’au xixe siècle, qui raviva subitement les anciennes accointances chez de nombreux membres des deux communautés, tandis qu’une autre partie d’entre eux évoluait dans des directions diamétralement opposées, exprimant parfois de virulentes critiques. Parmi les points de convergence, outre un ralliement commun vers les idéologies morales et politiques de la droite conservatrice, on observe en effet, durant cette période, un transfert des valeurs et objectifs généralement assignés à l’institution religieuse vers l’institution militaire, dans une bonne partie de l’opinion publique. Sous le Second Empire et surtout au début de la troisième République, après la défaite de Sedan, d’aucuns virent dans l’armée une religion laïque13 (oxymore s’il en est, mais qui ne montre que trop bien la parenté insoupçonnée de ces choix de vie), vouant un culte à la nation et développant une mystique patriotique.
Ce n’est sans doute pas un hasard si le recrutement d’élèves issus de l’enseignement religieux dans les rangs de l’armée, via les grandes écoles militaires, ne cessa de croître durant cette période, allant jusqu’à atteindre des proportions extrêmement importantes. En 1847, on ne compte que deux de ces représentants à Saint-Cyr, pour une promotion de 306 élèves. En 1869, on en recense 90 pour une promotion de 269, et ce chiffre passe à 140 en 1886, pour un total de 410 élèves, ce qui représente plus du tiers ! Enfin, en 1898, sur 40 officiers de l’état-major général, 10 sont d’anciens élèves des Jésuites, ce qui fait dire à des opposants de la gauche qu’il s’agit là d’un « complot clérical »14… Certains, à l’instar de Julien Sorel, le héros de Stendhal, rêvent en effet de troquer le noir contre le rouge. À l’inverse, nombreux sont ceux qui abandonnent l’uniforme pour porter la robe, comme l’officier et écrivain Ernest Psichari, petit-fils de Renan, qui se convertit soudainement au catholicisme.
Les mœurs, la foi et le rapport à la mort : trois éléments majeurs de divergence
Le caractère extraordinaire de ces alliances qui jalonnèrent l’Histoire mérite d’être mis en exergue, car quelque parenté que puissent recouvrir les deux voies, elles n’en demeurent pas moins différentes par certains aspects. Si le guerrier se bat avec son arme, l’homme en soutane œuvre avec son âme. Le premier relève du pouvoir temporel, tandis que le second lui préfère le pouvoir spirituel de cette cité céleste si chère à Saint Augustin. Il en découle logiquement que leur rapport à la chair et au plaisir diffère notablement. Le militaire, que guette le danger et donc le risque permanent de la mort, cultive une philosophie proche de l’épicurisme cependant que l’ecclésiaste, orientant sa conduite dans l’attente d’une salvatrice éternité qui requiert une volition constante vers la perfection morale, pratique l’abstinence. Mû par l’impératif Carpe diem, le militaire apparaît volontiers comme un débauché, notamment à partir du seizième siècle. La réputation des soldats, des sous-officiers mais aussi des officiers en matière de luxure était légendaire. Passée l’époque des preux chevaliers, pour lesquels l’amour courtois était la forme la plus accomplie des sentiments, et que Don Quichotte, le personnage anachronique et nostalgique de Cervantès, regrette amèrement dès 1605, les militaires s’avèrent, pour la plupart d’entre eux, d’impénitents pécheurs. Comme en attestent de multiples témoignages, ils noient le désœuvrement inhérent à la vie de garnison dans l’ivresse des beuveries et la volupté des conquêtes amoureuses. S’ensuit une pléthore d’ouvrages destinés à redresser leurs travers, comme celui que publie Pierre de La Vergne de Tressan, Sieur de Saint-Germain, en 1670, portant sur L’Examen général de tous les états et conditions et des péchez que l’on y peut commettre, et dont l’exemple fut suivi par l’abbé de Maugré, qui rédige un manuel intitulé Le Militaire chrétien en 1779, puis par l’abbé Pierre Louis Bossu, dès 1796.
À ces mœurs dépravées s’ajoute une incroyance largement répandue, surtout dans le corps des officiers. Beaucoup sont d’« assez mauvais chrétiens », ainsi que le soulignent l’abbé Fleury dans Le Soldat chrétien et Vauban dans Oisivetés, dénonçant d’inadmissibles conduites. Les hommes en armes expriment souvent une profonde « impiété », et les nombreux « athées » qui forment les rangs allient ainsi le « libertinage moral » à la « liberté sexuelle »15. Ils comparent d’ailleurs, pour mieux les opposer, l’activité du soldat à celle du moine, jugée inutile. Là encore, on mesure la distance qui sépare de tels agissements de ceux que décrivent les récits d’un Chrétien de Troyes ou encore la Chanson de Roland, où les guerriers faisaient cause commune avec les représentants de l’Église. Le même constat s’impose concernant des figures emblématiques telles que Jeanne d’Arc, dont l’héroïsme patriotique, qui l’amena à lutter contre l’oppresseur anglais, se confond avec l’accomplissement de la volonté divine.
À partir du xviie siècle, on devient largement « hostile au culte », à tout ce qui a trait à la « prêtaille ». Le mouvement de déchristianisation se poursuit jusqu’au xixe siècle, où il atteint son apogée dans une partie du personnel militaire, donnant naissance à des pics d’anticléricalisme16. La Révolution française, qui décima une bonne partie de la noblesse militaire attachée au pouvoir royal issu du droit divin, et qui institua une armée nationale, participa probablement de ce schisme accusant le développement d’une aile séculière grandissante, et l’obsolescence de devises telles que « Pour Dieu, pour la patrie, pour le roi ». Le même phénomène scissionnel se produisit au sein de l’Église, la chute de l’Ancien Régime instituant une distinction entre prêtres réfractaires et prêtres constitutionnels.
La contradiction est donc la suivante : malgré les nombreuses similitudes que révèlent les conditions du prêtre et du soldat, et les liens étroits qui les unissaient jadis, malgré des recrutements massifs de jésuites au sein des grandes écoles militaires sous le second Empire et le début de la iiie République, l’armée se trouve progressivement coupée en deux. Une partie conserve des affinités électives avec les hommes en noir et continue de leur témoigner sa sympathie, tandis que l’autre évolue depuis trois siècles vers l’irréligion la plus radicale. Il en va de même en ce qui concerne les mœurs un temps dépravées des militaires, l’armée ayant tour à tour oscillé entre la débauche et la rigorisme. Les troupes, indociles et débauchées jusqu’à la fin du premier Empire, cèdent la place à des hommes disciplinés. Peu à peu ces derniers, notamment les officiers, reconquièrent leur superbe en donnant l’image d’un corps prestigieux et fier, affichant un purisme presque puritain et se voulant les défenseurs de l’ordre moral. Jean Boulègue nous livre la vision que les Français avaient de l’armée quelques années après la défaite de Sedan : « le discours qui se tenait sur elle, de façon habituelle au point d’en devenir banal, la paraît d’une qualité morale, d’une dignité qui la plaçait très au-dessus des autres corps de l’État et que seul le clergé, pour les catholiques, parvenait à égaler »17.
L’autre point de divergence majeur réside dans le rapport que les deux communautés entretiennent avec la violence et son corollaire, la mort. Réalité familière au soldat, celle-ci apparaît tabou chez l’homme d’Église, qui condamne le suicide et refuse l’idée que l’âme puisse définitivement disparaître avec le corps. L’impérieux commandement « tu ne tueras point » du Décalogue les divise encore parfois, en Occident. Certes, la position adoptée par l’Église à l’égard de la guerre a longtemps été ambiguë, ainsi que le prouve le dilemme posé par Saint Ambroise de Milan quant à sa licéité, dilemme que Saint Augustin ne dépassera pas totalement malgré ses réflexions théologiques sur la notion de guerre juste, précisée ultérieurement par le Décret de Gratien et l’œuvre de Saint Thomas d’Aquin, qui ouvrent les premières réflexions sur le jus ad bellum et le jus in bello18. Les saintes écritures elles-mêmes n’étaient pas exemptes de contradiction. Mais s’il est vrai que le judaïsme connut par le passé de multiples dérives, encouragées par la belliqueuse loi du talion et le dieu vengeur des Hébreux, les violences sont aujourd’hui condamnées par le Vatican, et les massacres de l’Inquisition ont cédé la place à une approche résolument pacifique.
Est-ce une coïncidence si une partie de la communauté musulmane paraît aujourd’hui plus encline à partir en croisade dans le cadre de ce qui est considéré comme un djihad, une guerre sainte ? Dès les origines, comme le fait remarquer Gérard Chaliand19, l’Islam se définit simultanément comme doctrine religieuse et politique, dont les deux pans sont inséparables. La preuve en est que Mahomet ajouta au djihad majeur, fixant les objectifs spirituels des croyants, un djihad mineur, définissant les modes opératoires et les moyens guerriers visant à incarner les premiers. Un constat similaire peut être établi au sujet des États-Unis, dont le socle de valeurs protestantes fait coïncider réussite matérielle et perfectionnement moral, fondements religieux et impératifs étatiques, ainsi que le soulignent Alexis de Tocqueville et Max Weber. On comprend ainsi que la guerre menée en Irak par George W. Bush puisse mêler enjeux économiques et prétentions messianiques, confondre tout naturellement buts sotériologiques (extermination du mal), intérêts pétroliers et profits financiers du complexe militaro-industriel, enrichi par les ventes d’avions, de chars et de missiles.
Le lent divorce idéologique des institutions religieuse et militaire concernant le rapport à la mort est somme toute assez récent, en ce qui concerne la France et quelques pays occidentaux tels que la Grande-Bretagne. On peut en faire remonter les prémices à la première moitié du xixe siècle, qui vit fleurir nombre d’associations pacifistes d’inspiration ecclésiastique. À cet égard, le quaker britannique Thomas Clarkson est représentatif. Avec son Essai sur la doctrine et la pratique des premiers chrétiens en ce qui concerne la guerre, publié en 1824, il fut l’un des premiers à soutenir le caractère incompatible de la force armée et des exigences évangéliques. Pour autant, les hostilités déclarées de ce genre n’en demeurent pas moins très marginales à cette époque. Il faudra attendre le xxe siècle pour qu’un véritable mur s’élève entre les deux camps. En France, la séparation de l’Église et de l’État n’est pas étrangère à l’abîme qui se creusa entre les partisans du salut de l’âme et ceux qui font de la défense nationale le centre de leurs préoccupations. Le scandale des fichiers du général André, qui constitua une rupture notable en ce qu’il se présenta comme le déni subit des affinités catholiques que de nombreux officiers affichaient, est d’ailleurs contemporain de la loi 1905.
Il convient cependant de s’interroger sur la réalité de cette scission nouvelle. D’évidence, l’écart repose sur une conception dualiste de l’esprit et du corps, qui engendre des choix instrumentaux et des priorités d’action différents. Mais ce clivage résiste difficilement à une analyse plus minutieuse des prérogatives des uns et des autres et n’est peut-être qu’apparent. Tout d’abord, parce que s’il est vrai que les moyens utilisés par ces deux communautés divergent, la finalité les rassemble. Ce qui anime le militaire comme l’homme d’église, en effet, c’est la foi en un idéal : celui d’un monde meilleur, sur la terre comme aux cieux. En outre, tout soldat sait qu’une guerre ne se gagne pas seulement grâce à la supériorité numérique et à la force physique, puisque le moral entretient avec celles-ci un « rapport de trois à un », selon les mots de Napoléon Bonaparte, dont l’analyse corrobore celles de polémologues tels Ardant du Picq et Clausewitz. Inversement, celui qui tente de s’élever vers Dieu par la prière ne peut y parvenir sans respecter une rigoureuse hygiène du corps, raison pour laquelle l’ascèse sous toutes ses formes a tenu une place si importante dans de nombreuses traditions religieuses, depuis la nuit des temps.
L’importance de l’aumônerie militaire et l’essor du droit international humanitaire : vers un nouveau rapprochement ?
Certains tentèrent pourtant de réconcilier tant bien que mal, au xxe siècle, les devoirs thanatogènes du militaire et les exigences morales de l’homme d’église, lesquels étaient devenus tellement irréductibles que nombre de croyants refusèrent l’appel sous les drapeaux en invoquant l’objection de conscience. Dans cette veine s’inscrit l’aumônerie militaire, héritière de la tradition des chapelains, et dont il convient de noter le statut pour le moins paradoxal, ainsi que le relève l’incontournable thèse de Xavier Boniface20. Celle-ci met en exergue le caractère singulier de ces hommes de Dieu que rien ne semblait prédisposer à affronter les massacres du front et la réalité quotidienne des soldats, mais que la loi de 1889, familièrement appelée « les curés sac au dos » puisqu’elle obligeait les prêtres à effectuer leur service national, commença à « militariser » de manière plus officielle, renforçant en même temps la présence des aumôniers. L’auteur de cette étude perçoit une évolution significative de l’institution religieuse vers l’enseignement de saint Martin, lequel préconisait la compassion et le partage des souffrances du pauvre, ce qui aurait progressivement éloigné les prêtres de l’approche agressive qui prévalait jadis à travers saint Bernard, prédicateur des croisades. La mission des aumôniers durant les grands conflits du siècle dernier ne poursuit donc pas celle des moines-soldats aux temps médiévaux, mais redéfinit le rôle de l’Église en l’orientant vers un rôle de soutien plutôt que de combat, complémentaire du métier des armes.
Ainsi en fut-il du père Henri Péninou, qui œuvra durant la guerre d’Algérie. Cet aumônier parachutiste admit tout à la fois les impératifs du combat inhérents au militaire et les élans pacificateurs propres à l’ecclésiaste, le nécessaire usage de la force et le soutien spirituel que requiert une situation d’extrême tension : « il faut arriver à concilier, dans notre cœur, les sentiments requis par une lutte sanglante avec l’amour que Christ attend de nous pour ceux-là mêmes que nous combattons et que notre main devra tuer ». Les difficultés liées à cette conciliation, il ne les méconnaît pas, loin s’en faut : « Il est difficile, dans la guerre, de vivre sans mépris, de tuer sans haine, d’être un combattant efficace sans ouvrir son cœur à la violence. » Ou encore : « La guerre dans laquelle nous sommes engagés pose bien des questions, soulève bien des problèmes, provoque bien des cas de conscience, crée un conflit entre la conscience et le devoir. » Pour autant, cet homme admirable conserve l’espoir, humaniste, de pouvoir mener à bien sa mission de pacification et d’éveil des consciences, sans contrevenir aux réalités de la lutte armée : « je suis convaincu qu’il est possible d’être un chrétien authentique, ici, en Algérie. D’être aussi un militaire efficace. De rester un homme »21.
Quand chrétiens et musulmans s’affrontent, quand Français et Algériens s’entre-tuent, le père Péninou prêche la fraternité universelle et appelle la paix de ses vœux. Il n’essaie pas de dissuader les soldats qui l’entourent de donner la mort, conscient que là se trouve le cœur de leur métier, mais lutte avec ferveur contre la torture et le viol, les humiliations et la barbarie. « Pendant quarante mois, j’ai dit « non » à la torture ; j’ai essayé de tenir les consciences en éveil », avoue-t-il. Puis, s’adressant aux combattants : « Tant que cette guerre vous est imposée, il faut la faire, sans esprit de démission ou d’abandon plus ou moins camouflés, mais aussi sans haine et sans volonté d’humiliation, sans mépris, sans énervement22. » En cela, il rejoint d’illustres officiers tels le général Paris de Bollardière ou le lieutenant Jean-Jacques Servan-Schreiber, dont l’uniforme n’empêchait pas la critique des pratiques inhumaines.
La position de cet aumônier est également proche de celle qui inspira les fondateurs du droit international humanitaire. Les écrits du père Péninou trouvent un certain écho dans Un Souvenir de Solférino de Henry Dunant, instigateur de la création du Comité international de la Croix-Rouge qui imposa des limites aux conflits armés sans pour autant condamner leur existence ou nier leur nécessité. « Dans les relations des hommes entre eux, la guerre marque un moyen et un moment désespérés. Elle n’est ni un objectif ni une fin en soi. Elle n’échappe jamais, qu’elle soit classique, atomique ou révolutionnaire, au contrôle du droit, de la conscience, de la morale », déclare l’aumônier parachutiste. Puis d’enchaîner : « Il va sans dire qu’aucune circonstance ne justifie jamais les exactions, les pillages, les viols, les représailles », « Il y a des lois de la guerre, même révolutionnaire23. »
Enfin, il est à parier que les changements géopolitiques et les bouleversements socioculturels que connaissent nos armées depuis la chute du mur de Berlin, la dissolution du pacte de Varsovie et les déclarations de Petersberg, ne manqueront pas de ressusciter les traditionnelles correspondances entre le rouge et le noir. Dans la mesure où elles s’engagent principalement dans des missions humanitaires et des opérations de maintien ou de rétablissement de la paix ; dans la mesure où elle veille scrupuleusement au respect du droit de Genève et de La Haye, et rejette tous les jours plus violemment les « dommages collatéraux » au profit des concepts de « frappes chirurgicales » et de « guerres propres »24, l’institution militaire – qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse ! – s’inscrit dans une logique qui n’est pas loin d’emprunter au rêve d’amour universel exprimé par l’Église. Nous en voulons pour preuve cette affirmation du général Jean Cot, selon lequel « le soldat est l’avenir de la paix »…
1 L’Accomplissement de soi : de la motivation à la plénitude, Paris, Organisation éditions, 2003.
2 François Kuntz, L’Officier français dans la Nation, Paris, Charles-Lavauzelle & Cie, 1960, « Epilogue » (p. 143).
3 L’Armée enquête sur 300 000 soldats méconnus, Paris, éditions n° 1, 1990 (p. 15-16).
4 Aubier Montaigne, Les Officiers français dans la nation : 1848-1914, Paris, 1982 (chapitre 9, « Le Mariage des officiers », p. 145).
5 Claude Barrois, Psychanalyse du guerrier, Paris, Hachette littérature, collection Pluriel, 1993 (p. 177-178).
6 La Société militaire de 1815 à nos jours, Raoul Girardet, Paris, Perrin, 1998 (p. 31).
7 Maximes et Pensées de Napoléon, choisies et présentées par Honoré de Balzac, éditions de Fallois, 1999 (maxime n° 120, p. 37)
8 Dans Le Drapeau, publié en 1883, Paul Déroulède déclare : « Le patriotisme, qui est aussi une religion, a ses symboles et ses rites, comme il a ses apôtres et ses martyrs » (cité par La Société française 1840-1914, Pierre Sorlin, Paris, Arthaud, 1969, p. 252).
9 Il est important de remarquer que les termes « sacré » et « sacrifice », évoquant l’idée d’une séparation par rapport au monde profane, possèdent une racine commune, ce qui en dit long sur les liens qu’entretiennent les métiers du sacré (sacralité de la religion, sacralité de la patrie), avec l’idée de sacrifice.
10 « L’identification des membres entre eux est symbolique, tous se sentant frères en tant que fils du même père » (p. 108).
11 Raoul Girardet, La Société militaire de 1815 à nos jours, Paris, Perrin, 1998 (p. 31).
12 Berger-Levrault, Les Maîtres de la stratégie, tome 1, Paris, 1980 (p. 15).
13 Claude Rivière parle pour sa part de « religion civile » ou encore de « religion séculière » (Les Liturgies politiques, Paris, Presses Universitaires de France, 1988.
14 Raoul Girardet, La Société militaire de 1815 à nos jours, Paris, Perrin, 1998 (p. 147).
15 Histoire de l’officier français des origines à nos jours, sous la direction de Claude Croubois, éditions Bordessoules, 1987 (p. 20-21 et p. 62, chapitre « Religion et mœurs des officiers »).
16 Histoire de l’officier français des origines à nos jours, sous la direction de Claude Croubois, éditions Bordessoules, 1987 (p. 75 et p. 162, chapitre « Déchristianisation et irréligion des officiers »).
17 « L’officier dans la société française : l’héritage de la iiie République », in Revue française de sociologie, 4-44, novembre-décembre 2003 (p. 697).
18 Joseph Joblin, L’Église et la Guerre : conscience, violence, pouvoir, Paris, Desclée de Brouwer, 1988 ; Armelle Le Bras-Chopard, La Guerre, théories et idéologies, Paris, Montchrestien, 1994 ; Georges Minois, L’Église et la Guerre : de la Bible à l’ère atomique, Paris, Fayard, 1994 ; R. Bosc, Évangile, violence et paix, Paris, Centurion, 1974.
19 Arnaud Blin et Gérard Chaliand, Histoire du terrorisme, Payot.
20 L’Aumônerie militaire française (1914-1962), Paris, les éditions du Cerf, 2001.
21 Réflexions sur les devoirs du soldat : notre vie chrétienne en Algérie (1959), père Henri Péninou, aumônier parachutiste, présenté par Jean-Charles Jauffret, umr 5609 du cnrs – esid, université Paul Valéry, Montpellier iii, collection « Documents », 1998 (p. 37-38, p. 64).
22 Ibid, p. 52 et p. 79.
23 Ibid, p. 51, p. 53, p. 58.
24 Mutations et invariants : soldats de la paix, soldats en guerre, La Documentation française, Inflexions, 2006. On pourra également consulter avec profit l’étude d’Emmanuelle Prevot-Forni, L’Identité militaire à l’épreuve des opérations extérieures à finalité pacificatrice, c2sd, août 2001.