L’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (amscc) a pour mission de « forger les hommes et les femmes à la hauteur des chocs futurs ». D’emblée, cette « hauteur » fait écho au thème de ce numéro : « S’élever ». La dimension de verticalité est en effet intrinsèquement liée à la notion de hiérarchie militaire, car l’une des premières préoccupations d’un chef est de faire « grandir son subordonné ». En cela, il faut rendre hommage au capitaine Lyautey, alors commandant d’unité au 4e régiment de chasseurs à cheval, d’avoir fait paraître en 1891 son brillant article « Du rôle social de l’officier dans le service militaire universel » dans la Revue des Deux Mondes. Il y érige cette responsabilité en fondement de toute autorité militaire à une époque où l’instruction consistait à « dresser la troupe ». De nos jours, tout cadre de l’armée française associe spontanément les verbes instruire, former et éduquer au verbe commander. Or, cela reste singulier au sein de la société. En effet, beaucoup d’entreprises ou d’administrations civiles recrutent des compétences puis les consolident par l’entremise d’organismes de formation professionnelle. Au sein de l’armée, c’est au chef qu’échoit principalement cette responsabilité d’accroître les savoir-faire de son subordonné en lui transmettant son propre savoir. Tout cela est enseigné à l’amscc, grande école du commandement, qui forme ses élèves pour en faire les chefs militaires de demain.
L’amscc est le creuset unique de formation des officiers de l’armée de terre. Elle est constituée de trois écoles, l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (esm), l’École militaire interarmes (emia) et l’École militaire des aspirants de Coëtquidan (emac), qui répondent chacune à un type de recrutement particulier, respectivement des élèves issus des classes préparatoires aux grandes écoles, des élèves issus du recrutement interne et des élèves issus des universités ou de la vie active1. L’Académie militaire doit relever le défi de préparer des jeunes hommes et femmes à « commander demain au feu » et à prendre des décisions dans un « brouillard de la guerre » de plus en plus opaque.
Son histoire la prépare bien à cette importante mission puisqu’elle puise son origine dans la création par le Premier Consul Bonaparte de l’École spéciale militaire en 1802. Elle est ainsi héritière de deux siècles d’évolutions successives. À l’examen, ces réformes interviennent sur un pas quasi générationnel. Après l’ambitieux projet d’amalgame voulu par le général de Lattre en 1945, qui a consisté à placer dans un creuset unique de formation les Résistants, les Français libres, l’armée d’Afrique et les jeunes générations issues des concours, le début des années 1960 a réintroduit la distinction entre une école de recrutement direct, l’esm de Saint-Cyr, et une école de recrutement issue des corps de troupe, l’emia. Au début des années 1980, le souhait de mieux intégrer l’officier dans la société française s’est traduit par l’accès à un diplôme universitaire pour les élèves. Puis, au début des années 2000, dans un contexte d’opérations extérieures, ont été instaurées la semestrialisation des scolarités conformément au processus de Bologne et la généralisation de stages à l’étranger pour tous les élèves, avec la volonté d’ouvrir l’officier vers le monde pour y gagner la paix. En 2022, l’objectif n’est plus d’étendre la paix dans le monde, mais bien plutôt de gagner la guerre voire de « gagner la guerre avant la guerre », selon l’expression du chef d’état-major des armées Thierry Burkhard. Pour cela, l’Académie militaire, école avant tout centrée sur ses élèves, n’a de cesse de chercher à les faire grandir.
- Grandir
Faire grandir les élèves est au cœur de la mission de la Direction des formations d’élèves (dfe). Cette direction, placée au centre de l’organisation de l’amscc, s’affirme comme l’intégratrice des effets et l’incubatrice des talents. Sa mission est d’assurer un suivi personnalisé de chaque élève et de favoriser en parallèle l’éclosion d’un collectif au sein d’une promotion, lieu de développement de camaraderies très fortes, entretenues tout au long de la carrière, et donc structurantes pour le corps des officiers. Cette direction dispose d’au moins quatre outils pour « faire grandir ».
Le premier, le plus indispensable, est un encadrement de proximité de très grande qualité. Les élèves sont formés au sein de sections commandées par de jeunes capitaines secondés par des sous-officiers d’expérience. Ces sections sont regroupées au sein de compagnies placées sous les ordres de capitaines anciens ou de jeunes commandants, puis ces compagnies forment un bataillon commandé par un lieutenant-colonel. La qualité de cet encadrement est clé dans le processus de maturation de l’officier. L’armée de terre investit qualitativement et quantitativement pour affecter à cette tâche ses meilleurs cadres. Il n’y a pas d’autre grande école qui s’engage autant pour encadrer au plus près ses élèves et favoriser ainsi leur processus de maturation en éduquant avant tout par l’exemplarité de jeunes chefs qui doivent être des références. Le maréchal Lyautey écrivait au début du siècle dernier : « L’officier garde toute sa vie l’empreinte ineffaçable de ses premiers instructeurs d’école et on reconnaît à travers les grades les générations formées par tel ou tel. » Dans ce domaine rien n’a changé ; selon ce qu’il saura incarner, le cadre sera soit modèle, soit repoussoir.
Le deuxième outil est un projet pédagogique fédérateur qui conduit à former le futur chef au travers de quatre défis incrémentaux. Le premier défi à relever pour les élèves est celui de l’humanité : il consiste à s’assurer que chacun accède au degré de maturité nécessaire pour s’assumer tel qu’il est, homme ou femme, au sein d’un groupe. L’élève doit connaître ses défauts et ses qualités, chercher à corriger les premiers, à développer les secondes, et disposer de l’équilibre personnel nécessaire pour s’affirmer comme un enrichissement au sein du groupe et non comme un élément qui fragilisera celui-ci. C’est lors de ce défi que les vertus fondamentales « éduquer », « enseigner », « transmettre » sont appréhendées. Le deuxième défi est celui de la combativité. À ce stade, l’élève passe de l’altérité individu/groupe à celle de l’individu face à un autre qui s’oppose à son action ou à sa volonté. L’homme devient combattant. Il s’agit donc de développer chez l’élève les vertus d’engagement, de courage, de résistance aux chocs. Plus précisément, ces jeunes s’exercent à « monter sur le ring » pour y prendre des coups, mais surtout pour y « décocher des uppercuts ». Une combativité physique, mais tout autant intellectuelle. L’élève apprend à exprimer son opinion avec mesure mais courage face à son encadrement, ses professeurs et ses pairs. Le troisième défi métamorphose le combattant pour en faire un chef, c’est le défi de l’autorité. Le chef est face à ses subordonnés. Il sort du groupe pour en prendre la tête. Fédérer, instruire et décider structurent celui qui sait tout à la fois construire un collectif, préparer sa troupe puis la conduire dans son engagement. Le quatrième et dernier défi est celui de la complexité. Il est propre à l’officier qui est, par essence, « celui qui donne du sens » et qui sait donc discerner, démasquer les mensonges de l’ennemi et parer ses manœuvres de déception.
Le troisième outil pour faire grandir est celui de la responsabilisation. Un élève-officier souhaite avant tout être mis à l’épreuve pour éprouver son aptitude au commandement. Toutes les occasions sont donc mises à profit pour le placer face à ses responsabilités. Ses performances en la matière sont appréciées par un « passeport autorité » qui le suit tout au long de sa scolarité afin de permettre à son encadrement de l’évaluer objectivement. Chef de chambre, responsable technique de la section, responsable de classe, chef de trinôme ou de groupe, sous-officier adjoint ou chef de section sur le terrain, responsable de projet promotion, élève de jour ou officier de semaine, toutes ces mises en situation le font grandir et lui permettent d’exercer ponctuellement son autorité sur ses pairs. L’élève est aussi placé dans des situations où il exerce son autorité sur des personnes qui lui sont plus étrangères. C’est le cas lors de son stage de deux mois en corps de troupe où il commande en tant que jeune sergent des engagés volontaires fraîchement incorporés. C’est aussi le cas quand il est « gradé aux jeunes » des élèves de la promotion suivante, quand il retourne présenter son école aux élèves des classes préparatoires ou quand il agit en tant qu’« ambassadeur digital » de la plateforme s’engager.fr. C’est enfin le cas quand il accompagne dans leurs études des collégiens des Cordées de la réussite ou des Classes de sécurité défense des établissements bretons de proximité.
Le dernier outil pour faire grandir est le développement d’un esprit de promotion. Cette jeunesse est avide de s’engager dans une aventure qui a du sens ; elle est aussi désireuse de collectif. Pour leur permettre d’accéder à ce rêve, les élèves élisent un bureau d’une petite dizaine de responsables lors de leur première année à l’école. Ils proposent le nom d’un parrain de promotion fédérateur auquel ils ont plaisir à s’identifier et sur les pas duquel ils organisent des activités mémorielles. Ils conçoivent et conduisent des projets de natures très diverses, qui convergent vers les notions communes de défi et de rayonnement. Ces projets ont toujours existé à Coëtquidan, mais ils sont aujourd’hui bien plus nombreux et éclectiques que d’antan. De la tribune médiatique de La France a un incroyable talent aux premières marches des podiums de challenges commandos internationaux en passant par des performances pédestres, équestres ou mécaniques dans les sables du désert ou encore des ouvertures de voies dans des lieux inhabités, rien n’effraie cette jeunesse ambitieuse et talentueuse. Les fruits de ces projets sont indéniables en termes de maturité, de cohésion et d’ouverture aux autres. Enfin, la promotion construit aussi sa cohésion lors des séquences très encadrées et assumées par l’autorité de transmission de traditions vers les jeunes de l’année suivante. Les thèmes de ces séances sont choisis en cohérence avec les quatre défis de la scolarité précédemment évoqués, et ces temps entre un ancien et un plus jeune s’avèrent particulièrement propices à la réflexion, à la consolidation d’une vocation et au tissage de liens très forts entre promotions.
- Gagner en profondeur pour prendre de la hauteur
La formation humaine dispensée à l’Académie militaire s’accompagne d’une formation académique qui vise une diplomation. Placée sous la tutelle du ministère des Armées, l’amscc est en effet habilitée à délivrer des diplômes d’enseignement supérieur. Les saint-cyriens recrutés par la filière scientifique quittent la scolarité avec un diplôme d’ingénieur, leurs camarades se voient délivrer le diplôme de Saint-Cyr valant grade de master. Les élèves de l’emia, bacheliers, doivent pour leur part obtenir une licence ; certains d’entre eux, déjà titulaires de ce diplôme, ont la possibilité depuis cette année de s’engager sur une scolarité de master. Enfin, les élèves de l’emac, pour la plupart déjà recrutés à un niveau bac5, peuvent s’inscrire en mastère spécialisé « Commandement et leadership » pour consolider leurs connaissances de futurs chefs. Cette diplomation est essentielle pour les chefs militaires de demain, mais surtout pour les cadres de haut niveau qu’ils sont appelés
à devenir.
Dans le domaine de la formation académique, il convient d’abord de poser des bases solides avant de chercher à s’élever. En effet, les oraux de fin de scolarité démontrent que cette jeunesse est une virtuose de la synthèse Google. Elle est capable d’embrasser un champ particulièrement vaste de connaissances, de créer des connexions très rapides entre plusieurs sujets et de donner une fallacieuse impression de maîtrise. La synthèse apparaît souvent belle, mais l’analyse s’avère plus fragile. Il est donc nécessaire de constituer un terreau solide de connaissances avant d’y bâtir les piliers très structurés du savoir sur lesquels l’élève développera sa réflexion.
À Coëtquidan, le substrat de connaissances à acquérir s’appelle l’enseignement fondamental de l’officier (efo). Il est pluridisciplinaire, constitué de très nombreuses matières comme l’histoire militaire, le droit, la philosophie, la sociologie, la psychologie, les principes de commandement et de tactique générale, les techniques d’expression… Elles constituent le « fond de sac » de l’officier. Cet enseignement, sciemment tourné vers les traditionnelles « humanités », a vocation à s’enrichir cette année de cours sur les sciences et la technologie nécessaires à tout officier qui sert des équipements de dernière génération. Cet élargissement du tronc commun rappelle par ailleurs que si la guerre est un art, elle est aussi sciences, comme l’a superbement démontré Napoléon qui, avant d’être l’artiste du champ de bataille que l’on connaît, fut un officier d’artillerie des plus talentueux.
Au-dessus de ce substrat solide, les élèves suivent les enseignements dans deux filières distinctes selon leur origine de recrutement : sciences sociales et politiques ou sciences de l’ingénieur. L’efo et les enseignements de filière constituent ainsi la culture générale que le général de Gaulle vantait pour être la meilleure école du commandement, car « par elle la pensée est mise à même de s’exercer avec ordre, de discerner dans les choses l’essentiel de l’accessoire, d’apercevoir les prolongements et les interférences, bref de s’élever à ce degré où les ensembles apparaissent sans préjudice de nuances. Au fond des victoires d’Alexandre on retrouve toujours Aristote ».
Pour être parfaitement assimilés, ces enseignements font l’objet d’une pédagogie adaptée. Nos élèves appartiennent à une génération accoutumée au numérique, et dès lors très réceptive à ce genre d’outil et à ses produits nouveaux (podcasts, serious games, cartes mentales…). Ils présentent aussi des profils différenciés. On n’enseigne pas à l’identique à un saint-cyrien de vingt ans qui en a assez du travail solitaire de classe préparatoire et qui privilégie un escape game académique, à un élève de l’emia qui a passé son bac il y a dix ans et qui souhaite, pour sa part, recapitaliser ses connaissances ou à un officier sous contrat qui possède un bac5 et a déjà eu des expériences professionnelles. La pédagogie doit être adaptée, ciselée. Trois attentes principales méritent d’être honorées : valoriser le concret (sciences appliquées, pédagogie de projets, études de cas), favoriser le travail de groupe et responsabiliser l’élève. « Un pied sur le terrain, un autre en salle de cours » est une forte attente exprimée par la majorité des élèves.
Le socle de connaissances bien en place, les colonnes du savoir solidement établies, l’élève peut enfin s’élever. Mais il faut qu’on lui allège sa « nacelle », car la scolarité actuelle souffre d’une alarmante « obésité programmatique ». Ce n’est pas nouveau. En 1982, la commission de la défense de l’Assemblée nationale écrivait déjà au sujet de la formation des officiers à Saint-Cyr : « En réalité le programme est très chargé et l’organisation de la scolarité fait que les élèves sont rapidement surmenés, saturés et dispersent trop leur attention. Il convient d’alléger le programme, d’introduire des priorités et de laisser aux élèves les temps nécessaires au repos et à la réflexion. » L’Académie militaire est engagée dans cet allégement du volume d’heures de cours en espérant obtenir de meilleurs succès que lors de ces dernières quarante années !
Pour s’élever, l’élève peut compter sur toute la compétence des enseignants chercheurs du Centre de recherche de Coëtquidan (crec saint-cyr), qui éclairent le temps long et proposent des clés de compréhension dans de très nombreux domaines : sciences et technologies de défense, éthique et environnement juridique, défense et sécurité européenne, mutation des conflits, faits religieux. L’élève s’élèvera d’autant plus haut qu’il saura user de l’intelligence de l’Autre. C’est ce que prévoit un projet en cours de réflexion, qui consistera à faire travailler scientifiques et littéraires sur des projets communs afin que chacun puisse apprécier une manière différente de raisonner et un fond de culture propre.
- Reconquérir l’ascendant
Dispensée à côté de la formation humaine et de l’enseignement académique, l’instruction militaire apporte à l’élève toutes les connaissances nécessaires au métier qu’il s’est choisi. Parmi les nombreux sujets d’intérêt qui doivent mobiliser son attention dans ce domaine, deux méritent un examen particulier : la connaissance de sa mission et l’appréhension de son ennemi. La mission est traditionnellement enseignée en école. L’élève apprend par cœur les définitions de chaque terme de mission pour ne pas faire de contresens sur ce qui lui est ordonné par son chef. Les composantes de la mission sont, elles aussi, parfaitement connues. Tout cela est nécessaire car la mission est sacrée et doit être exécutée avec la plus grande précision. Cependant, tout n’est pas toujours si livresque, et c’est là que doit intervenir la deuxième préoccupation de l’élève : son ennemi. Par nature, celui-ci ne peut être appris par cœur ; ses contours sont indéfinis, ses intentions non percées, sa localisation supposée et ses capacités réelles relèvent de conjectures. C’est pour cela que l’élève doit apprendre très tôt à le placer au cœur de son raisonnement, à ne pas l’évacuer pour se réfugier uniquement dans la maîtrise d’une mission exécutée nominalement. Penser l’ennemi, l’identifier comme la raison première du combat n’est pas une évidence, car raisonner l’incertain est plus inconfortable qu’exécuter la « recette tactique ». Mais le connaître est indispensable pour prendre l’ascendant sur lui2.
Encaisser les chocs consiste à structurer la pensée, mais aussi à endurcir les corps et la volonté. En effet, donner à l’élève la capacité de reconquérir l’ascendant sur son ennemi quand il sera à la tête de ses hommes nécessite de l’éprouver dans toutes les dimensions de sa force, d’exiger de lui le meilleur et de lui faire apprendre de ses erreurs.
À l’Académie militaire, les occasions d’éprouver les corps et les âmes ne manquent pas. Les nombreuses séances de sport, les « journées terrain » sous une météorologie toute bretonne, les quelques heures révélatrices d’équitation, le brevet d’alpiniste militaire, le brevet de parachutiste, le stage de moniteur commando au Centre national d’entraînement commando (cnec), le stage au Centre d’entraînement en forêt équatoriale (cefe) en Guyane offrent à l’élève la possibilité de découvrir des ressources mentales et physiques qu’il ne soupçonnait pas, et lui donnent la confiance dont il aura besoin pour surmonter les difficultés prochaines du combat.
Ces activités, il les accomplit sous l’œil vigilant de son encadrement et de ses instructeurs spécialisés, qui ont pour mission de contrôler l’atteinte des objectifs fixés et d’exiger de refaire ce qui aura été mal fait dans le souci vertueux de faire progresser l’aspirant officier, créant ainsi un lien de respect mutuel. Cet effort de contrôle est clé en formation initiale, car si l’élève n’est pas repris par son encadrement, il n’apprend pas cette exigence qui consiste à dire « en vérité » que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes du chef. Contrôler pour féliciter est plutôt aisé voire agréable pour les deux parties. Contrôler pour dire que « le compte n’y est pas » est plus difficile et exige plus de force d’âme de la part du chef. Mais c’est bien dans cet acte de commandement que celui-ci éprouve son autorité et l’assied. Une manière très militaire de rallier l’objectif fixé s’appelle le drill : il s’agit de refaire encore et encore l’exercice jusqu’à l’atteinte escomptée. En dépit du temps qu’il nécessite dans une formation déjà très dense, ce drill est recherché, les élèves devant en découvrir l’efficacité, mais aussi en mesurer l’aridité.
En complément des stages éprouvants physiquement et du contrôle exigeant auquel ils s’astreignent, les instructeurs disposent du processus de retour d’expérience pour armer leurs élèves. Il s’agit d’un debriefing amélioré de toute séance de formation. Parfois appelé 3a pour « analyse après action », il consiste à analyser chaque module ou séquence d’instruction en offrant successivement la parole à l’élève évalué, à ses camarades puis à l’autorité qui contrôle. Il s’agit d’apprécier la mission telle qu’elle avait été donnée, telle qu’elle a été voulue par l’élève et telle qu’elle a été exécutée avant de conclure sur les points à retenir. Cette capacité de porter un regard objectif à 360° sur l’exécution d’une mission est très efficace pour tous les acteurs. L’élève s’auto-évalue, ses camarades portent un regard critique, et donc s’intéressent à la manœuvre, et l’instructeur, qui n’intervient qu’à la fin, synthétise pour focaliser sur l’essentiel. Si ce processus est bien appliqué pour l’apprentissage tactique, il a vocation à s’étendre aux modules d’enseignement académique pour permettre aux élèves de dialoguer sereinement en face à face avec leur enseignant afin de déterminer ce qui a été appris. Les élèves développent ainsi leur courage intellectuel, leur esprit critique et apprennent à pondérer une critique souvent trop facile. Dans une école de formation d’officier, il est plus opportun de recourir à ce genre de processus qualité que d’interroger les élèves par le biais de sondages anonymes imparfaitement remplis ou mal calibrés dans leur justesse.
Ainsi, prendre ou conserver l’ascendant sur son adversaire nécessite de durcir la formation de nos élèves. À Coëtquidan, ce durcissement passe par une « colonne vertébrale » qui vise à doter l’officier d’une solide culture générale, à le conduire à mener des « raisonnements exacts », à favoriser sa décision avant qu’il commande ses subordonnés dans les conditions les plus exigeantes. Dans cette grande école du commandement, le durcissement n’est sûrement pas l’édification de certitudes et le corsetage de schémas de pensée rassurants, ce sont plutôt l’agilité intellectuelle et l’ouverture à la connaissance du grand large, l’interrogation permanente et la curiosité de l’inconnu qui sont privilégiées. Le durcissement se conçoit face aux événements violents et face à ceux-ci, c’est la souplesse et l’agilité qui l’emportent comme nous le rappelle le grand Jean de la Fontaine dans « Le chêne et le roseau » : « L’arbre tient bon, le roseau plie / Le vent redouble ses efforts / Et fait si bien qu’il déracine / Celui de qui la tête au ciel était voisine / Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts. »
Enfin, l’ascendant sur l’adversaire ne peut être envisagé sans l’apport inestimable du « collectif ». Au sein de l’armée de terre, où est magnifié l’esprit de corps, d’équipage, de cordée, chacun sait que si la performance est individuelle la victoire reste collective. Cette profonde conscience du Vae soli !3 conduit à développer un réseau très puissant de partenariats qui permet à l’élève de se confronter à d’autres cultures, d’apprendre des autres, de mesurer qu’il ne pourra agir seul et qu’il doit intégrer systématiquement dans son raisonnement tactique d’autres approches tout aussi légitimes que les siennes. Ainsi est-il mis au contact de beaucoup d’autres. Ce sont les élèves des deux autres écoles présentes à Coëtquidan, différents par leur recrutement, les élèves étrangers4, ceux des grandes écoles ou universités partenaires5 qui vivent un à deux semestres avec eux, ce sont les industriels présents pour des cours ou dans l’accompagnement de projets tutorés, ce sont les jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale (ihedn), des plus jeunes aussi des collèges environnants ou des lycées militaires… Toute cette richesse de contacts divers dilate la pensée des élèves, leur permet de confronter leurs opinions et de gagner en assurance pour défendre le moment venu ce qui devra l’être.
Beaucoup est ainsi fait à Coëtquidan pour permettre à nos élèves de « s’élever ». Mais à la réflexion, il apparaît fallacieux d’affirmer qu’ils s’élèvent. Il est bien plus juste d’affirmer qu’ils sont élevés par des maîtres. Ces derniers, cadres, instructeurs, professeurs, enseignants chercheurs ont tous à cœur de donner le meilleur d’eux-mêmes pour les faire grandir, leur faire prendre de la hauteur, et leur permettre de conquérir et de conserver l’ascendant sur leur ennemi, adversaire compétiteur qu’ils affronteront un jour à la tête de leur unité militaire. Cette tâche est exaltante, car la transmission du savoir relève des plus nobles aventures de l’humanité. À l’humilité de l’élève qui écoute et apprend du plus ancien, de celui qui a vécu, qui a réfléchi, qui a travaillé et qui a exercé, répond la bienveillance du maître, de celui qui veut faire grandir, et qui pour cela use patiemment de toute son intelligence humaine et de sa pédagogie pour faire de l’ébauche une future œuvre d’art.
1 « Ils s’instruisent pour vaincre » est la devise de l’École spéciale militaire, « Le travail pour loi l’honneur comme guide » celle de l’École militaire interarmes et « L’audace de servir » celle de l’École militaire des aspirants de Coëtquidan.
2 Voir le n° 28 d’Inflexions consacré à « L’ennemi », publié en 2015.
3 « Malheur à l’homme seul ! », locution latine tirée de l’Ecclésiaste, chapitre iv, verset 10.
4 Plus d’une centaine provenant d’une trentaine de pays.
5 Sciences Po Paris, essec, escp, Centrale Supélec, hec, Polytechnique, ensta Bretagne, université Paris-II-Panthéon-Assas, université Rennes-I, université Bretagne-Sud.
The Saint-Cyr Coëtquidan Military Academy (amscc) forges its students’ ability to ‘rise up and face future conflicts’. This form of ‘elevation’ echoes the theme of the present issue. The concept of verticality is indeed intrinsically linked to the notion of hierarchy; ‘helping one’s subordinate to grow’ counts among every leader’s main concerns. In this respect, we must pay tribute to Captain Lyautey – then unit commander of the 4th Regiment of France’s Mounted Chasseurs – for his brilliant article On the social role of the officer in universal military service published in Revue des deux mondes magazine in 1891: he established the notion of responsibility as the basis of all military authority, at a time when training still consisted in ‘whipping the troops into shape’. Nowadays, every French army officer spontaneously associates the verbs ‘instruct’, ‘train’ and ‘educate’ with the verb ‘command’. However, this is not the case in society at large. Today, many companies and civilian administrations recruit individuals for their skills, then have said skills consolidated by external professional training organisations. In the military, leaders are primarily responsible for developing their subordinates’ skills by passing down their own knowledge. As a major institute for military command, the amscc teaches its students these values and trains them to become the military leaders of tomorrow.
The amscc is a unique training institution for army officers. It is composed of three schools: the École spéciale militaire de Saint-Cyr (Saint-Cyr Special Military School, or esm), the École militaire interarmes (Combined Arms School, or emia) and the École militaire des aspirants de Coëtquidan (Coëtquidan Officer Candidate Military School, or emac). Each school recruits specific profiles, respectively prep-course students, internally recruited students and students with a university or professional background1. The Military Academy is tasked with preparing young men and women to ‘command on tomorrow’s fronts’ and to make decisions amid an increasingly opaque ‘fog of war’.
Throughout history, Saint-Cyr Coëtquidan has received stellar preparation for this important mission, as the Special Military School was originally founded by First Consul Bonaparte in 1802. Thus, the Academy stands atop no less than two centuries of successive reforms. Upon closer scrutiny, nearly all of the Academy’s evolutions took place during a generational changing of the guard. Following the ambitious amalgamation project designed by General de Lattre in 1945 – which consisted uniting the Resistance, the Free French Forces, France’s African Army and a new generation of highly-competitive graduates under a single roof – the early 1960s ushered in the reintroduction of a clear-cut distinction between schools: one for direct recruitment, the esm in Saint-Cyr, and another for recruits from existing troops, the emia. At the start of the 1980s, a drive to better integrate army officers into French society gave students the opportunity to obtain a university-level degree. Then, in a context of external operations in the early 2000s, schooling took on a semi-annual structure – in accordance with the Bologna Process – and internships abroad became mandatory for all students, so as to open officers up to the outside world and thereby secure peace. In 2022, the objective is no longer to spread peace in the world, but rather to win the war, perhaps even to “win the war before the war”, according to Thierry Burkhard, Chief of Staff of France’s Armed Forces. To this end, the Military Academy is focused on its students above all and is constantly seeking to help them grow.
- Grow
Helping students grow constitutes the essence of the Student Training Directorate’s (dfe) mission. The directorate is part of the amscc’s core structure: it is tasked with integrating new recruits and acts as a true talent incubator. Its mission is to provide each student with a personalised follow-up, whilst encouraging a real collective to form within each class. This helps instil a solid feeling of camaraderie that will last throughout the students’ careers, one that creates structure in France’s future officer corps. The dfe has at least four tools at its disposal to help students ‘grow’.
The dfe’s first and most essential tool is high-quality on-site supervision. During training, students are divided into sections and commanded by young captains assisted by experienced ncos. Sections are then grouped into companies, commanded by senior captains or young commanders, and these companies then form a battalion commanded by a lieutenant-colonel. High-quality supervision is key for helping officers mature. Thus, the army assigns its finest elements to this task, without compromise in terms of the quality or quantity of said supervision. No other major military school supervises its students as closely and with as much commitment: students are thereby encouraged to mature through education and, above all, to become young leaders that can set an example. At the start of the last century, Marshal Lyautey wrote: “All throughout their life, officers will keep an ineffaceable imprint of their first school instructors and one can thereby recognise, amid the ranks and generations, who was trained by whom.” In this respect, nothing has really changed; depending on the example they set, officers will either act as a model or a deterrent.
The second tool is the Academy’s unifying pedagogical approach, one that trains future leaders by confronting them with a series of four incremental challenges. The first challenge revolves around the notion of humanity: it consists in ensuring that all students reach the level of maturity required to fully assume their role as an integral part of the group. Each pupil must know his or her strengths and weaknesses, seek to correct the former and develop the latter, and achieve a level of personal balance that will enable them to assert themselves as an uplifting element within the group, rather than one that weakens it. This challenge broaches the fundamental virtues of ‘educating’, ‘teaching’ and ‘transmitting’. The second challenge regards combativeness. At this stage, pupils move from ‘individual vs. group’ dynamics to a context in which the individual faces another, one who opposes their action or their will. Thus, the student becomes a warrior. This entails developing, within each pupil, the virtues of commitment, courage and resilience in the face of conflict. More specifically, the up-and-comers practise ‘getting into the ring’ and how to take blows. But above all, they learn to ‘throw uppercuts’. This form of combativeness is not only physical, but also intellectual. The student learns how to express his or her opinions in a measured yet courageous way, be it towards their supervisors, teachers or peers. The third challenge turns the warrior into a leader: it is a challenge of authority. The leader is brought to face their subordinates. They emerge from the group to take the lead. ‘Federating’, ‘instructing’ and ‘deciding’ will help teach students how to build a collective, prepare their troop and, ultimately, lead it into battle. The fourth and final challenge pertains to complexity: an officer is, in essence, ‘the one who gives meaning’ and, therefore, who knows how to discern and unmask the enemy’s lies, thereby countering their deceptive manoeuvres.
The third tool for growth is accountability. Above all, aspiring officers wish to be put to the test in order to evaluate their aptitude for command. The Academy therefore takes every opportunity to place them in a position of responsibility. Their ability in this regard is assessed through an ‘authority passport’, which they keep throughout their training, enabling supervisors to evaluate students objectively. Students are titled Head of the dorm room, Technical head of the section, Head of class, Head of the group (or of the three-person team), Assistant nco, Head of the section in the field, Head of the class project, Day student or Weekday officer. All of these denominations help students grow and enable them to exert authority over their peers. Students are also put into situations in which they exert authority over people with whom they are less familiar. This is namely the case during their two-month internship as part of a troop, during which they command newly recruited volunteers as a young sergeant. It is also the case when they play their part as a ‘senior’ student vis-à-vis younger classes, when they go out to present the Academy to prep-course students or when they assume the role of ‘digital ambassador’ on the s’engager.fr website. Finally, students are called to practice authority when they chaperone students from local Breton schools during their studies, in the context of the Cordées de la réussite and Classes de sécurité défense educational support programmes.
The last tool for growth consists in seeding a class-wide bond. These young people are eager to engage in a meaningful life adventure; they are also eager to do so together. To help them achieve this dream, students are called to elect a board of about ten leaders during their first school year. They put forward a unifying class representative with whom they identify, tasked with leading the way when planning memorial activities. The board designs and carries out projects of various natures, yet which converge on the notion of creating a challenge and an impact. This type of project has always existed at Coëtquidan, but today’s undertakings are much more frequent and varied: participating in France has got talent, topping international commando challenge podiums, pedestrian, equestrian or mechanical manoeuvres in the desert, building roads in uninhabited places, etc. These ambitious and talented youths truly have no fear. The fruits of these projects are undeniable in terms of maturity, cohesion and openness to others. Finally, the class also builds cohesion during closely-supervised sessions in which elder students are tasked with transmitting traditions to the year beneath them. The themes of these sessions are picked in accordance with the four training challenges we have just discussed. Exchanges between an elder and a member of a younger class are particularly conducive to thought, vocational inspiration and weave very strong bonds between the different classes.
- Gaining in depth to rise up higher
This human component of the Military Academy’s teaching is complemented by academic training, aimed at securing a diploma. France’s Ministry of Armed Forces has accredited the amscc to deliver higher education diplomas. Saint-Cyr’s science students leave school with an engineering diploma, while their fellow students are awarded the Saint-Cyr diploma, equivalent to a Master’s degree. emia students who have passed their baccalaureate must first obtain a Bachelor’s degree. Starting this year, certain Bachelor’s degree holders can sign up for a Master’s degree. Finally, emac students, most of whom hold a Bachelor’s degree when recruited, can enrol in a specialised Master’s degree in “Command and Leadership” to consolidate their skills as future leaders. This diploma is essential for the military leaders of tomorrow and, above all, for the high-level executives these students are destined to become.
In the field of academic training, a solid foundation must be laid before seeking to rise any higher. Indeed, the Academy’s final oral tests show that these young people are virtuosos in Google-based overviews. They are capable of embracing a particularly vast range of knowledge, creating very rapid connections between several subjects, which results in a false impression of mastery. Their overviews often appear solid, but their ability to analyse more in depth is somewhat lacking. It is therefore essential that a solid foundation of knowledge be laid, before erecting the highly-structured pillars of understanding around which the student will then develop his or her rationale.
At Coëtquidan, said foundation of knowledge is called the officer’s basic education (efo). It is multi-disciplinary, including a variety of subjects such as military history, law, philosophy, sociology, psychology, principles of command, general tactics, communication strategies, etc. The officer’s ‘groundwork’ is voluntarily turned towards the traditional humanities. Starting this year, the programme will be complemented with courses on science and technology, a requirement for any officer using cutting-edge equipment. This expansion of the core curriculum also reminds us that war, in addition to being an art, is a science – as Napoleon superbly demonstrated. Before becoming the battlefield artist we all know, the latter was once a talented artillery officer.
Once this solid foundation has been laid, students follow courses in one of two disciplines, depending on the field from which they were recruited: social and political science or engineering science. The efo and the ensuing course thereby constitute a basis of general culture, one that General de Gaulle praised as being the greatest school of command: “through it, thoughts can be processed in an orderly manner, allowing one to discern the essential from the superfluous in all things, to envision developments and interferences; in short, to rise up to a level from which the whole can be seen without prejudice to nuance. At the root of Alexander’s victories, one will always find Aristotle.”
The Academy’s teachings are provided through an adapted pedagogical approach, thus ensuring that they are perfectly assimilated. Our students belong to a generation that is accustomed to digital technology and is therefore very receptive to this type of tool and its various forms (podcasts, serious games, mind maps, etc.). As individuals, students also have different profiles: we don’t teach the same things to a twenty-year-old Saint-Cyr cadet who is tired of solitary prep-class work and would rather participate in an academic escape game; to an emia student who passed their baccalaureate ten years ago and wants to re-evaluate their knowledge; or to an officer under contract who boasts a five-year degree and professional experience. Our teachings have to be adapted, chiselled to the student’s image by meeting the three following expectations: valuing concreteness (applied sciences, project-based teaching and case studies), favouring group work and increasing our students’ level of responsibility. ‘One foot in the field, another in the classroom’ is another main expectation expressed by the majority of students.
Thanks to their solid foundation of knowledge and deeply rooted columns of understanding, students can finally elevate themselves. Yet, their ‘load of lessons’ must now be lightened, due to the alarming ‘learning obesity’ from which the schooling system currently suffers. This phenomenon is nothing new. In 1982, the Defence Committee of France’s National Assembly wrote about officer training at Saint-Cyr: “In reality, the programme is very intensive and the learning structure leads students to be rapidly overworked, saturating them with facts and spreading their attention too thinly. The programme should be lightened, priorities introduced and students given the time required to rest and reflect.” The Military Academy is therefore committed to reducing its teaching hours and intends to achieve even greater success than over the last forty years.
In order to elevate themselves, students can count on the sheer competence of the teacher-researchers at Coëtquidan Research Centre (crec Saint-Cyr). The latter hold the keys of understanding and are able to shed light on issues in a variety of fields: defence sciences and technologies, ethics and the legal environment, defence and European security, the evolution of conflicts and the phenomenology of religion. The more a student knows how to utilise the intelligence of the ‘other’, the higher he or she will rise. This is precisely what is envisioned for the Academy’s new project, which is currently under consideration: it consists in having scientists and literary scholars work on joint projects, each bringing their own school of thought and concrete cultural background to the table.
- Taking the upper hand
In addition to providing human and academic education, military training gives each student all of the knowledge required to pursue their professional goals. Among the many topics that require their attention in this regard, two deserve a particular level of scrutiny: knowing their own mission and understanding their enemy. The nature of their mission is traditionally taught in school: students learn the definition of each type of mission off by heart, so there can be no mistake when their leader issues an order. The contents of their mission should also be well understood. All of this is essential, for their mission is sacred and must be carried out with utmost precision. However, not every aspect of war is so bookish, which is precisely where the second concern comes into play: understanding the enemy. By nature, the enemy cannot be learned off by heart; their boundaries are undefined, their intentions undisclosed and their supposed location and actual capabilities are but pure conjecture. This is why, very early on in their education, students must learn to place the enemy at the heart of their reasoning and avoid taking refuge in the mere mechanical mastery of their tasks. Thinking about the enemy – and identifying them as the primary reason for combat – is not self-evident, because reasoning about the uncertain is more uncomfortable than completing a ‘tactical recipe’. Yet knowing the enemy is essential for gaining the upper hand2.
To withstand an attack, one must structure one’s thoughts, in addition to hardening one’s body and will. If a student is to master the ability of leading their men to regain the upper hand over the enemy, their strength must first be tested in every possible way. Thus, they must be pushed to give it their all and to learn from their mistakes.
At the Academy, there is no shortage of options when it comes to testing one’s body and spirit: sports galore, ‘field days’ in the infamous Breton weather, a few – truly revelatory – hours of horse riding, passing the military mountaineering or parachute certificate, taking the commando instructor course at the National Commando Training Centre (cnec) or the course at the Equatorial Forest Training Centre (cefe) in French Guiana, etc. All of these feats enable students to uncover mental and physical resources that they did not know they had, giving them all the confidence they need to overcome future challenges in combat.
These activities unfold under the watchful eye of supervisors and specialised instructors, whose mission it is to monitor whether set objectives are achieved and to demand that failed tasks be redone. Their aim is virtuous in nature: to help the aspiring officer to progress, thereby creating a bond of mutual respect. These monitoring efforts are key during initial training, for students that are not called out by their supervisor cannot learn the basic value of stating – ‘in all truth’ – that a given result does not meet the leader’s expectations. Checking in to give congratulations is quite easy and even pleasant for both parties. Checking in to state that ‘the result is lacking’ is not, and requires more fortitude on the leader’s part. Yet, this part of command is the very thing that tests one’s authority and secures it. A typically military way of achieving a given objective is called drilling: it consists in repeating an exercise over and over again until the desired result is achieved. In spite of the time they require, on top of the students’ intensive training, drills are truly indispensable; students must discover the undeniable efficiency – and measure the difficulty – of these exercises.
In addition to their physically demanding assignments and the high level of control to which they are subjected, students benefit from feedback sessions with their instructors. These enhanced debriefs – carried out after all training sessions – are sometimes called 3A for ‘analysis after action’. They consist in going over each module or sequence by giving the floor to the student under evaluation, to his or her fellow students, followed by their commanding officer. The aim here is to assess the mission at hand, the student’s intentions and actions, before concluding on important takeaways. Learning how to take an objective 360° look at the execution of an assignment is highly effective for all those involved: the student assesses themselves; their fellow students take a critical look at the manoeuvre; and their instructor, who only intervenes at the end, offers a summary that focuses on essential points. When correctly applied to tactical learning, this process can also be extended to academic teaching modules in which students are given the opportunity to have a calm, face-to-face dialogue with their teacher and summarise what they have learned. This way, students develop intellectual courage and critical thinking skills whilst learning to assess external criticism, which is generally all-too-easy to give out. During officer training, this form of quality assurance is more appropriate than interviewing students via anonymous surveys, which risk being clumsily filled out or too poorly calibrated to be accurate.
Thus, gaining or maintaining the upper hand over one’s adversary requires the training we provide to be ironclad. At Coëtquidan, the ‘core’ of this hardening process aims to provide officers with a solid general culture, to give them the power of ‘exact reasoning’ and to bolster their decision-making skills before they are tasked with commanding subordinates in the most demanding of conditions. At our great school of command, ‘hardening’ students certainly doesn’t mean forming certainties or entrenching them in reassuring thought patterns. Instead, it refers to an intellectual agility and openness to all knowledge, in which permanent questioning and curiosity about the unknown are honoured. ‘Hardening’ takes on its full meaning in the face of violent events, ones against which flexibility and agility prevail. In The Oak and the Reed, great French poet Jean de la Fontaine reminds us that: “The Tree stands firm, the Bulrush yields. The wind with fury takes fresh head, and casts the monarch’s roots on high, whose lofty brow was neighbour to the sky and whose feet touched the empire of the dead.”
Finally, taking upper hand over one’s adversary is inconceivable without the invaluable contribution of the ‘collective’. The army is a place where esprit de corps, camaraderie and loyalty to the group are revered; thought our actions may be individual, we are all aware that our victory remains collective. This deep awareness of the concept of “Vae soli!”3 gives rise to a powerful network of partnerships, allowing students to interact with different cultures, to learn from others, to measure that they cannot act alone and must systematically factor in other approaches – which are just as legitimate as their own – to their tactical reasoning. Thus, they will interact with many of their peers: students from the two other schools in Coëtquidan, recruited from different backgrounds; outside students4 from partnering major academies or universities5, who live with them for one or two semesters; entrepreneurs who attend classes or participate in tutored projects; students from the Institut des hautes études de défense nationale (Institute for Higher Studies in National Defence, ihedn); as well as younger peers from nearby middle schools or military high schools. This great variety of interactions bolsters the students’ rationale, allows them to nuance their own opinions and, finally, fills them with confidence to defend that which needs defending when the time comes.
Coëtquidan does everything in its power to help students ‘gain elevation’. But on second thought, it seems wrong to say that they are merely elevated. It would be much more accurate to say that they are raised up by true masters. The latter – managers, instructors, professors and teacher-researchers – are all hell-bent on helping students grow, by allowing them to elevate themselves, to conquer and to keep the upper hand over their enemy; a competitive adversary they will one day face from the helm of their unit. Teaching is an exciting task; passing down knowledge is one of humanity’s most noble undertakings. The humility of a student who listens to, and learns from, their elder – who has already lived, thought, worked and practised – will be matched by their teacher’s benevolence. The latter’s ultimate goal is to help the student grow, patiently drawing upon all of their human intelligence and pedagogical skill in order to turn a draft into a future work of art.
1 Their mottos are: “Learning to win” for the École spéciale militaire; “Work with law and honour as your guide” for the École militaire interarmes; and “The courage to serve” for the École militaire des aspirants de Coëtquidan.
2 Refer to Inflexions no. 28 on “The Enemy”, published in 2015.
3 The Latin translation of “Woe to him that is alone”, a phrase taken from Ecclesiastes, Chapter IV, Verse 10.
4 Over one hundred students from some thirty countries.
5 SciencesPo Paris, essec, escp, Centrale Supélec, hec, Polytechnique, ensta Bretagne, Université Paris-II-Panthéon-Assas, Université Rennes-I and Université Bretagne-Sud.