« Nous venons de subir une incroyable défaite. À qui la faute ? Au régime parlementaire, à la troupe, aux Anglais, à la cinquième colonne, répondent nos généraux. À tout le monde, en somme, sauf à eux. […] Quoi que l’on pense des causes profondes du désastre, la cause directe – qui demandera elle-même à être expliquée – fut l’incapacité du commandement »
Marc Bloch (L’Étrange Défaite)
L’histoire est toujours riche de surprises et de paradoxes générant, par extension, une profonde interrogation sur les sources de la victoire ou de la défaite. En ce sens, 1940 constitue un traumatisme majeur dans l’esprit des contemporains de Marc Bloch, vainqueurs indiscutables en 1918 au terme d’une guerre d’une violence absolue, vaincus en cinq semaines par une armée jadis battue et démembrée. Plus encore, cette même armée française, quatre années plus tard, remporte une magnifique victoire en perçant la ligne Gustav au sud de Monte Cassino et ouvre les portes de Rome aux Alliés qui jusque-là étaient bloqués, tandis que la 2e db se prépare à poursuivre son épopée victorieuse qui la mène de Koufra à Strasbourg puis Berchtesgaden. Comment cette armée de vaincus est-elle redevenue une armée de vainqueurs, et sur l’espace le plus disputé qu’il soit, le champ de bataille ?
La guerre est un phénomène social et politique qui se décline, évidemment, sous de multiples facettes. Pour le décideur militaire, elle s’exprime en particulier autour d’un moment clef qui est celui du combat. Ce temps de violence physique, lieu d’affrontement des volontés et des moyens, occupe une place fondamentale dans l’histoire des relations humaines au cours des siècles, et marque les empires et les civilisations. Et que la bataille se déroule dans un cadre temporel et géographique circonscrit ou sur un temps long et de larges espaces ne change rien fondamentalement1 : la vie et la mort des nations et des civilisations se jouent bien plus souvent, hélas, dans le champ de la violence physique que dans celui des échanges formalisés entre diplomates.
Le caractère vital de ce moment extrême pour les hommes comme pour les peuples impose aux dirigeants en charge du destin de la cité et aux chefs placés à la tête des armées de chercher à contenir, à défaut de parfaitement maîtriser, la complexité de la campagne militaire et à obtenir la victoire de manière certaine. Plongé au cœur des contingences de l’art militaire, le soldat est chargé de penser et d’élaborer une manœuvre, avant de la conduire au cœur de l’action. Sa responsabilité est immense, car si une défaite ne scelle pas forcément les armes d’une nation, elle pèse néanmoins lourdement sur son destin.
Pour faire face à la complexité du champ de bataille, l’homme de guerre se forme continuellement au cours de sa vie professionnelle, en école, lors de stages, dans l’apprentissage et la restitution de la doctrine et des techniques opérationnelles, voire au fur et à mesure de ses propres expériences guerrières. Fort de ce constat, l’échec dans la prise de décision ne pourrait donc n’être que le fruit d’une faille dans cette formation, voire le résultat d’un dysfonctionnement des capacités individuelles ou collectives. Difficile donc de considérer que la défaite puisse être un objet d’enseignement en soi, puisqu’elle illustre une forme majeure de déficience du professionnalisme de l’outil militaire ! Et pourtant…
- Peut-on tirer des leçons actuelles
des échecs militaires passés ?
La formation d’un officier repose sur un certain nombre de bases. Certaines sont d’ordre intellectuel ou moral, d’autres d’ordre technique. La seule discipline qui, de tout temps, ait contribué à transmettre ces deux aspects est l’histoire militaire. Source inépuisable d’exemples, elle permet, par l’étude, d’apprendre à penser en tant que chef à partir de situations réelles dont les effets et les conséquences sont d’ores et déjà connus. L’occasion est trop bonne de se plonger dans la lecture des campagnes pour tenter de discerner failles, erreurs et fautes ! Or, l’objet historique reste fragile à de multiples titres.
En effet, si tant est que nous disposions de tous les éléments pour étudier et juger, peu de situations sont, de facto, reproductibles et transposables : les équipements, les techniques et procédés tactiques, le style de commandement, mais aussi l’environnement sociologique ou économique sont spécifiques à chaque période historique. Il peut ainsi s’avérer complexe de tirer des enseignements directement utiles pour les forces info valorisées du xxie siècle à partir des batailles d’Alésia, de Crécy ou de Waterloo ; de même, le niveau de résilience aux pertes des armées occidentales au cours du premier conflit mondial est inconcevable pour nos sociétés modernes.
Ainsi, considérant que l’échec n’est que le fruit de l’absence de maîtrise de principes et de procédés pourtant communément appris et admis, la défaite passée n’a rien à nous apprendre d’autre qu’à mettre en œuvre avec méthode des savoir-faire connus et enseignés aujourd’hui.
Pour autant, sans doute convient-il de rester prudents dans nos assertions. Au-delà des seuls brouillard et friction de nature à perturber et à désynchroniser les plus belles manœuvres, l’analyse en profondeur des situations tactiques passées permet d’identifier et de souligner des phénomènes qui, s’ils ne s’appliquent pas à chaque situation d’échec, n’en sont pas moins des constantes historiques. Les défaites s’articulent souvent autour de certaines réalités, peu ou mal identifiées avant et pendant l’action, mais dont les effets sont destructeurs : la tendance naturelle à la reproduction de systèmes ayant donné satisfaction dans le passé sans prendre le soin de les ajuster à de nouveaux environnements, la création d’outils militaires autocentrés, qui perdent de vue la centralité du rapport à l’ennemi et au combat, la perte d’appétence pour la réflexion et l’entraînement comme le manque d’exigence dans la préparation opérationnelle quotidienne, le recours à l’expérience opérationnelle vécue comme seule référence… sont autant de biais connus et historiquement reproductibles. L’incapacité à comprendre une situation2, la paresse intellectuelle3 ou le refus de prendre le soin d’entrer dans les considérations « laborieuses » de planification4, l’assurance de disposer d’un génie et d’une vision permettant de faire l’économie des conseils d’un état-major, les accommodements de nature à éviter de soulever des débats…, autant de faiblesses morales, professionnelles et psychologiques susceptibles d’être observées chez certaines autorités.
La défaite ne serait-elle donc que le fruit d’erreurs d’appréciation, voire une perversion des intelligences et des perceptions ? Du moins, en creux, l’identification de dysfonctionnements ou la non-application de certains principes ou procédés validerait le fait que l’art de la guerre, qu’il s’agisse de sa préparation ou de sa conduite, obéirait à des lois ou à des mécanismes intemporels : en ce sens, l’analyse de l’échec pourrait constituer une approche pédagogique « par défaut » extrêmement judicieuse. Moins que les modalités de la défaite, il nous revient plutôt d’en étudier les racines.
- Comment enseigner l’échec ?
En France, chacun s’accordera à reconnaître, dans le domaine militaire entre autres, que l’enseignement demeure hermétique à la notion d’échec : la réussite étant, sans surprise, valorisée, les comptes rendus et rapports font la part belle aux succès et oublient souvent les erreurs, de crainte qu’elles ne couvrent, par les critiques suscitées, la qualité de l’engagement global. L’histoire militaire offre donc, avec la distanciation autorisée par le temps, cette opportunité d’observer les faits en vérité. Pour autant, l’enseignement des échecs doit obéir à plusieurs règles cardinales. En premier lieu, le sujet doit être suffisamment documenté, par le biais de sources historiques mais aussi de travaux d’analyse, pour ne pas tirer les mauvaises leçons ou, du moins, ne pas cacher l’essentiel. En deuxième lieu, ces travaux doivent être contextualisés et traduits en termes actualisés afin de rendre les enseignements tirés compréhensibles et pérennes. En dernier lieu, seule une lecture de militaire praticien permet de dégager des éléments de correspondance avec la réalité des engagements d’aujourd’hui et de demain : tout métier spécialisé procédant d’une connaissance théorique complétée, impérativement, d’une mise en œuvre pratique, celui des armes se nourrit utilement de réflexions conceptuelles, mais qui ne peuvent, évidemment, suffire par elles-mêmes. Il est une chose de constater la faiblesse initiale du dispositif médical français au regard des pertes subies au commencement de l’offensive du Chemin des Dames les 16 et 17 avril 1917. Il en est une autre de réfléchir, au travers de son expertise, sur le dispositif, les moyens, les modalités de coordination de l’époque pour comprendre comment le commandement français en est arrivé à cette erreur et, surtout, identifier les modalités à mettre en œuvre aujourd’hui pour éviter de la reproduire.
De fait, le processus d’enseignement de l’échec peut se décliner, pour former les chefs militaires, sous trois formes principales, en combinant les apports de l’historien militaire et du praticien de l’art tactico-opératif : des cours de portée générale, s’inscrivant sur des exemples étudiés avec précision et parfois croisés, sont de nature à souligner certaines faiblesses ou dysfonctionnements structurels ou humains ; pour ce qui est des combats ou des campagnes, des études tactiques sur les lieux de l’action, déclinées sous forme de cas concrets de mise en situation, permettent de confronter le futur chef à la réalité du terrain et de mieux appréhender les éléments de friction ou les zones de brouillard de l’information ; enfin, les « analyses après action » des exercices d’entraînement peuvent utilement relever des erreurs, sous réserve qu’une proposition alternative soit formulée par les experts incontestables dans leur domaine de compétence. Les phases d’analyse des unités évaluées dans les centres d’entraînement de l’armée de terre, avec un moment dédié à l’« autocritique » constructive (« si c’était à refaire ? »), sont, à ce titre, des exemples de pédagogie par l’échec extrêmement positifs et efficaces.
- Comment apprendre à prédire et à éviter l’échec ?
La maîtrise de la science et de l’art tactique suppose un apprentissage long, progressif, qui s’inscrit dans une logique de maturation et en lien avec les fonctions, croissantes, détenues au sein de l’institution militaire5. En étudiant une campagne, il est aisé de s’apercevoir que, comme dans tous les faits sociaux, il existe des lois. Certains rapports entre les actes et leurs effets restent souvent constants. L’objectif est de discerner deux types de lois : le premier représente les règles permanentes de toute action de guerre, règles intemporelles qu’il convient en permanence d’avoir à l’esprit ; le second regroupe les contingences ou les circonstances particulières propres à chacune des opérations. La connaissance théorique et pratique de ces lois et leur déclinaison autour d’une doctrine d’emploi sont donc fondamentales, et leur non-respect doit constituer une première alerte en matière de prise de risque. Or, si celle-ci est consentie afin d’atteindre un résultat plus efficace, le risque entre dans une forme audacieuse d’utilisation maximale des capacités et possibilités offertes. Mais si le risque n’est pas maîtrisé et est le fruit d’une forme de comportement non pleinement réfléchi, l’audace devient inconscience et aboutit inéluctablement à la perte de sa liberté d’action et donc à un échec. La loi de Murphy, ou celle de Finagle6, son corollaire, n’ont aucun sens dans la décision tactique. En revanche, l’intégration de la friction dans la manœuvre peut et doit être prise en compte par le biais d’autant de cas de conduite (et si cela ne se passe pas comme nous l’avons prévu ?)7.
La frontière entre succès et échec est donc ténue. L’assurance de bien maîtriser les conséquences, pour soi comme pour l’ensemble auquel on appartient, de ses décisions constitue manifestement une forme aboutie de discernement tactique.
- L’échec, une clé en matière de créativité tactique ?
La préparation au combat doit donc s’appuyer sur des principes et des procédés, mais aussi sur une doctrine d’emploi des forces comprise non comme un carcan bridant les intelligences, mais comme un cadre dans lequel les aptitudes et l’initiative peuvent pleinement s’exprimer. En quelque sorte, elle est à comprendre comme une grammaire dont chacun, à son niveau de responsabilité, doit maîtriser et appliquer les règles pour obtenir le meilleur emploi possible des capacités disponibles.
Mais cela est-il suffisant ? Évidemment non, car nos capacités, aussi bien pensées soient-elles, ont besoin d’être confrontées à la réalité. Face à une conflictualité présente et future que nous pouvons observer ou anticiper, nous serions coupables de ne pas imaginer puis adapter l’outil militaire aux menaces, car l’ennemi n’est pas moins intelligent et manœuvrier que nous. Or, à défaut de situations opérationnelles réelles permettant de nous confronter à tous les types d’occurrences, deux modes d’action s’offrent aux futurs chefs militaires pour se confronter aux cas tactiques les plus difficiles, et donc au risque d’échec : la préparation opérationnelle dans les centres d’entraînement et le recours à la simulation instrumentée. En effet, ces deux objets permettent de vérifier le niveau obtenu par les unités et les états-majors dans le contrôle de savoir-faire tactiques et techniques. Ils peuvent et doivent être aussi l’occasion de tester des procédés originaux, en limite de capacités.
C’est la démarche engagée par l’armée de terre, en particulier dans l’élaboration d’une doctrine exploratoire Scorpion, l’échec n’étant plus synonyme d’erreur ou de faute, mais un objet permettant de définir le point à partir duquel l’audace devient prise de risque, puis dysfonctionnement et échec : il devient ainsi possible d’évaluer des limites à ne pas franchir comme chef manœuvrant des capacités, mais aussi d’ouvrir de nouveaux horizons de réflexion et d’expérimentation, sous réserve, bien évidemment, que le succès comme l’échec ne soient pas qu’une occurrence anormale (d’où la nécessité d’évaluer le même point sous des formes multiples !), face à un ennemi lui-même réaliste, mais peu prédictible et non complaisant. En résumé, ces potentialités nous offrent la possibilité d’expérimenter sans autre limite que celle du bon sens, et sans aucune inhibition liée aux effets humains et matériels induits !
D’évidence, l’analyse des échecs, passés ou présents, ne doit plus être limitée à une approche négative autorisée par une forme de confort permis par la distance temporelle, géographique ou structurelle. Elle semble devoir plutôt être abordée comme l’opportunité d’une meilleure compréhension du large spectre des effets concrets générés par la prise d’une décision : à cet effet, il nous revient donc d’utiliser tous les recours offerts, en matière pédagogique, par l’histoire militaire et les moyens modernes d’entraînement pour faire l’économie d’un jugement de valeur, ou d’un évitement d’une analyse honnête des erreurs commises, au profit d’une évaluation de nature positive et constructive8. Qu’il s’agisse de problématiques d’organisation, d’équipements ou d’opérations, l’échec peut, paradoxalement et sous réserve d’en tirer les bons enseignements, permettre d’obtenir le succès et la victoire. De sorte que le cœur de la formation du chef militaire, l’art et la science de la prise de décision, toujours extrêmement complexe de par la masse d’informations à traiter et la difficulté à en prioriser les objets, s’en trouvera utilement renforcé…
1 La zone des combats s’est étendue pour passer, à titre d’exemple, de 1,5 km2 à Issos, en 333 av. J.-C., à une soixantaine de km2 à Austerlitz en 1805, pour atteindre plus d’un millier à Stalingrad en 1942. Le style de commandement du chef « héroïque » et autonome s’est donc profondément transformé en termes techniques et humains (avec de forts besoins en matière de coordination des actions et des effets), sans pour autant remettre en cause les processus fondamentaux de prise de décision.
2 « Les principes de l’art de la guerre sont à la portée de l’intelligence la plus ordinaire, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit en état de les appliquer » (Général Dragomiroff, Principes essentiels pour la conduite de la guerre, Paris, 1889).
3 « Je sens, chez nos officiers, une incuriosité foncière et paralysante. […] Avec deux mille ans d’exemples derrière nous, nous n’avons pas d’excuse, quand nous nous battons, si nous nous battons mal » (T. E. Lawrence, correspondance avec B. H. Liddell Hart).
4 « À la guerre, rien ne s’obtient que par calcul. Tout ce qui n’est pas profondément médité dans ses détails ne produit aucun résultat… On obtient par le travail autant que par le génie » (Napoléon).
5 « La connaissance de la guerre ne s’acquiert que par l’étude de l’histoire des guerres et des batailles des grands capitaines et par l’expérience », explique Napoléon qui, alors Premier Consul, n’hésite pas à faire réimprimer à ses frais l’Essai général de tactique de 1770 du comte de Guibert.
6 « Tout ce qui peut aller mal le fera au pire moment. » Cette assertion est attribuée à John W. Campbell, écrivain d’ouvrages de science-fiction.
7 « L’ennemi est un adversaire qui s’oppose à vous, sûrement pas une cible fixe. Un plan d’attaque doit comporter des plans de riposte et des “variantements” qui sont aussi importants que la partie principale » (Général Rupert Smith, L’Utilité de la force, 2006).
8 « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends » (Nelson Mandela).
“We have just suffered such a defeat as no-one would have believed possible.
Who is to blame? ‘The parliamentary regime, the troops, the English, the fifth column,’
reply our generals. Everyone, in other words, except themselves. […] Whatever may have been
the deep-rooted cause of the disaster, the immediate cause—which should be thoroughly
investigated—was the utter incompetence of High Command”.
Marc Bloch, L’Étrange Défaite (Strange Defeat).
History is always rich in surprises and paradoxes that generate, by extension, a profound questioning of the sources of victory or defeat. In this sense, 1940 constitutes a major trauma in the minds of Marc Bloch’s contemporaries, who were the indisputable victors in 1918, at the end of a war of absolute violence, but had now been defeated in only five weeks by an army that had formerly been beaten and dismembered. Moreover, this same French army, four years later, won a magnificent victory by piercing the Gustav line south of Monte Cassino, opening the way to Rome for the Allies, who had until then remained blocked, while the 2nd Armoured Division was preparing to continue its victorious campaign that was to bring it to the Koufra in Strasbourg and then to Berchtesgaden. How had this army of the defeated become once again an army of victors in the most hotly contested area of all—the battlefield?
Obviously, war is a social and political phenomenon that has many different facets. For the military decision-maker, war is focused in particular around a key moment, that of combat. This period of physical violence, the confrontation of wills and resources, has a fundamental place in the history of human relations through the centuries and has marked empires and civilizations. Regardless whether the battle takes place in a limited temporal and geographical framework or over a long period and extended areas, nothing fundamental is changed1: unfortunately, the life and death of nations and civilizations is in general decided more often in the field of physical violence than in the spheres of formalized exchanges between diplomats.
The vital character of this extreme moment for the individuals concerned and for entire peoples requires that the political leaders responsible for the fate of the nation and the military commanders leading the armies at least attempt to contain—even if they cannot fully control—the complexity of the military campaign in order to make certain of victory. Immersed in the contingencies of the military art, the warrior is tasked with conceiving and planning a manoeuvre before carrying it out in the thick of action. The responsibility of the military is immense, because, although a defeat does not necessarily seal the final outcome of a nation’s armed forces, it nevertheless weighs heavily on the nation\s destiny.
To confront the complexity of the battlefield, our military personnel undergo continuous training throughout their professional life, at military school, during special courses, in learning and practising the doctrine of war and operational techniques and through the personal experience of warfare. In the light of this observation, failure in decision-making can only be the result of a deficiency in this training or the outcome of a dysfunction of individual or collective abilities. So, it is difficult to consider that defeat could itself be an object of study because it illustrates a major form of a lack of professionalism of the military forces. And yet…
- an we learn any lessons from past military defeats?
Officer training is based on various foundation pillars. Certain of these pillars are intellectual or moral, while others are technical. The only discipline that, in every age, has contributed to transmitting both of these aspects is military history. As an inexhaustible source of examples, it enables the student to learn to think as a commander on the basis of real situations having effects and consequences that are already known. The opportunity seems perfect to delve into the examination of campaigns to attempt to discern the flaws, errors and blame. However, the study of history remains fragile in many respects.
For example, although we may have all the information necessary to study and evaluate, very few situations are de facto reproducible and transposable. Equipment, tactical technologies and processes, style of command and the sociological or economic environment are specific to each historic period. It can be a very complex task to derive any direct lessons for the highly valued information forces of the 21st century from the battles of Alésia, Crécy or Waterloo; similarly, the level of resilience of the Western forces during the First World War would be inconceivable for our modern societies.
Therefore, on the assumption that failure is no more than the fruit of insufficient mastery of principles and procedures that were generally studied and accepted at the time, defeat has nothing to teach us other than to methodically implement the skills and knowledge that are known and taught today.
Nevertheless, we should remain prudent in our assertions. Beyond the fog and friction that can disrupt and desynchronize even the best-conceived manoeuvres, an in-depth study of past tactical situations enables us to identify and highlight phenomena that, even if they do not apply to every situation of failure, are nevertheless historic constants. Defeats often revolve around certain realities that were poorly or wrongly identified both before and during action but that had very destructive effects: the natural tendency to reproduce systems that had given satisfaction in the past, without bothering to adapt them to new environments, the creation of self-regarding military machines that lose sight of their central relationship to the enemy and to the battlefront, the loss of appetite for reflection and training, the lack of rigour in daily operational preparation, the recourse to past operational experience as the only reference etc. are all well-known and historically reproducible biases. The inability to understand a situation2, intellectual laziness3 or the refusal to bother going into the “laborious” considerations of planning4, the assurance of being endowed with sufficient genius and vision to dispense with the advice of a military staff, the compromises aimed at avoiding any cause for debate etc. are among the many moral, professional and psychological weaknesses that can be observed in certain authorities.
So, is defeat nothing more than the fruit of errors of appreciation, or even a perversion of thinking and perceptions? At least, implicitly, the identification of dysfunctions or of non-application of certain principles or procedures would confirm the fact that the art of war, whether in terms of its preparation or conduct, obeys certain timeless laws or mechanisms: in this sense, the analysis of failure can provide an extremely judicious pedagogical approach “by default”. The task is less to describe the processes of defeat but to study its roots.
- How do you teach failure?
In France, everybody, whether in the military or in other fields, will agree to admit that teaching remains hermetic to the notion of failure: since success, unsurprisingly, is highly valued, reports and accounts focus on successes and often forget the errors made, for fear that the criticisms aroused will cloud the quality of the overall undertaking. So, military history,, with the distance authorized by time, offers the opportunity to observe the facts in their true light. This said, the teaching of failures must obey certain cardinal rules. First, the subject must be sufficiently well documented, via historical sources and analytical studies, to avoid drawing the wrong lessons or, at least, to avoid concealing the essential truths. Second, these works must be contextualized and translated into modern terms in order to ensure that the lessons remain easily understandable and permanent. Finally, only the interpretation of a military practitioner will be able to reveal the elements corresponding to the reality of the engagements of today and tomorrow: since every specialist profession proceeds from theoretical knowledge, which must imperatively be complemented by practical application, the military profession can usefully draw on conceptual considerations, but these cannot be considered sufficient in themselves. It is one thing to point out the initial weakness of French medical support and logistics in the light of the casualties incurred at the start of the offensive of the Chemin des Dames on 16 and 17 April 1917. It is quite another thing to take a closer look at the logistics, resources and means of coordination available at the time, based on your own expertise, in order to understand how French High Command came to make this mistake and, above all, to identify the methods and procedures that should be implemented today to prevent its recurrence.
In practice, the process of teaching failure as a means of training military commanders can take three main forms, which each combine the contributions of military historians with those of practitioners of the tactical and operational art: first, general courses, based on precisely examined and sometimes cross-disciplinary examples, can highlight certain structural or human weaknesses or dysfunctions; second, with regard to battles and campaigns, tactical studies of the sites of action, in the form of practical simulations, can confront the future commander with the reality of the terrain and provide a better understanding of the elements of friction or the zones of information fog; finally, “post-action analyses” of training exercises can usefully identify any errors, on the condition that an alternative is proposed by indisputable experts in their own field of competence. In this respect, the analysis phases of the units evaluated in the training centres of the French Army, with a period reserved for constructive “self-criticism” (“what would I change if I had to do it again...?”), are extremely positive and effective examples of teaching and learning through failure.
- How can we learn to predict and avoid failure?
Expertise in the science and art of tactics requires a long and progressive learning process that conforms to a logic of maturing and is coordinated with the growing responsibilities held within the military institution5. By studying a campaign, it is easy to perceive that, as in all other social phenomena, certain laws exist. Certain relationships between actions and their effects often remain constant. The aim is to discern two types of law: the first type represents the permanent rules of every act of war, timeless laws that must be kept permanently in mind; the second type concerns all the particular contingencies or circumstances specific to each operation. Theoretical and practical knowledge of these laws and their effects in a doctrine of practical application are therefore fundamental, and their infringement should constitute a first warning signal alerting the commander that a risk is being taken. If this risk is consciously accepted in order to obtain a more effective result, the risk becomes a bold form of making maximum use of the available capacity and possibilities. However, if the risk is not controlled and is the fruit of a form of behaviour that has not been fully thought through, the vaunted boldness becomes recklessness and will inevitably lead to the loss of freedom of action and therefore to a failure. Murphy’s law, or Finagle’s6 corollary to Murphy’s law, have no meaning in tactical decision-making. By contrast, the integration of friction into the manoeuvre can and must be taken into account via practical cases and responses (“and what happens if things don’t go to plan?)7.
So, the separating line between success and failure is thin. The assurance of fully controlling the consequences of your decisions, both for yourself and for the group to which you belong, manifestly constitutes an ultimate form of tactical discernment.
- Failure as a key to tactical creativity?
Preparation for combat must therefore be based not only on principles and procedures but also on a doctrine of utilization of the armed forces, understood not as a constraint that limits individual intelligence but as a framework in which skills and initiatives can be fully expressed. It can be seen as a kind of grammar containing rules that everybody must know and apply at their own level of responsibility in order to arrive at the best possible utilization of the available capacity.
But is that enough? Obviously not, because our capabilities, regardless how well thought out they may be, need to be confronted with reality. Faced with a present and future conflict that we can observe or anticipate, we would be at fault if we fail to imagine and then adapt the military machine to the identified threats, because the enemy is no less intelligent and agile than us. In the absence of real operational situations that can confront us with all types of occurrence, two methods of action are available to future military commanders in order to tackle the most difficult tactical cases and therefore the risk of failure. These two methods are operational preparation in military training centres and instrumented simulation. Both of these approaches provide means of verifying the level obtained by the units and military command in the control of tactical and technical expertise. They can and must also be used as an opportunity to test original methods and processes at the limits of available capabilities.
This is the approach adopted by the French Army, in particular in drawing up a “Scorpion exploratory doctrine”, whereby failure is not a synonym of error or fault but a subject of study that can help to define the point at which boldness becomes reckless risk-taking, followed by dysfunction and finally failure: in this way, it is possible to evaluate the limits that must not be exceeded by the commander marshalling military capabilities and also to open up new fields of reflection and experiment, on the condition, of course, that success and failure are only an abnormal occurrence (meaning that the same point has to be analyzed in many different ways), against an enemy that is itself both realistic and unpredictable and non-cooperative. In summary, these potentialities enable us to experiment with no other limit than good sense and with no inhibitions regarding the human and material effects.
Obviously, the analysis of past or present failures must not be confined to a negative approach authorized by a kind of comfort generated by temporal, geographical or structural distance. Failure should instead be considered as an opportunity to gain a better understanding of the practical effects generated by a particular decision: for this purpose, we use all the pedagogical resources available to us, via military history and modern training systems, in order to avoid the pitfalls of simple value judgement or the shirking of honest analysis of the errors committed, and instead to focus on positive and constructive evaluation8. Whether examining problems of organization, equipment or operation, failure can paradoxically help to obtain success and victory, provided that the right lessons are learned. So, the core of military leadership training, the art and science of decision-taking, which is always extremely complex due to the mass of information to be handled and the difficulty of prioritizing the defined goals, will be effectively reinforced.
1 The size of the combat zone has expanded, increasing for example, from 1.5 km2 at the Battle of Issus in 333 BC to about 60 km2 for the Battle of Austerlitz in 1805 to over a thousand for the Battle of Stalingrad in 1942. So, the leadership style of the “heroic” and autonomous commander has been profoundly transformed in technical and human terms (with the key needs for coordination of actions and effects), albeit without calling into question the fundamental decision-making processes.
2 “The principles of the art of war are within reach of the most ordinary intelligence, but this is not the same thing be being capable pf actually applying them,” (Général Dragomirov, Principes Essentiels Pour La Conduite De La Guerre [Essential Principles For the Conduct of War:», Paris, 1889].
3 « I feel a fundamental, crippling incuriousness about our officers.. […] With 2,000 years of examples behind us we have no excuse, when fighting, for not fighting well. » (T. E. Lawrence, correspondence with B. H. Liddell Hart).
4 “In war, nothing is obtained except by calculation. Anything that is not profoundly thought through in its details does not yield any result (Napoleon).
5 “Knowledge of war is acquired only by studying the history of the wars and battles of the great commanders and through experience,” explains Napoleon” who, as First Consul, did not hesitate to republish at his own cost the Essai Général de Tactique (General Essay on Tactics) by Jacques-Antoine-Hippolyte, Comte de Guibert, first published in 1770.
6 “Everything that can go wrong, will—at the worst possible moment”. This assertion is attributed to the science fiction writer John W. Campbell.
7 “The enemy is an adversary, an opponent, not a sitting target. Response and adjustment are as much a part of a plan of attack unfolding as the original blueprint”. (Général Ruppert Smith, The Utility of Force, 2005).
8 “I never lose. I either win or learn (Nelson Mandela).