« Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. »
Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra, « Le dernier Homme »)
L’autorité est en crise : c’est connu. Mais, diable !, que cette crise est à la mode. On en parle aussi bien dans les cafés du commerce que dans les think tanks les plus en vue, dans les partis politiques que dans les universités populaires, dans les magazines que dans les revues savantes. Et partout on retrouve ce diagnostic commun : nous vivrions le crépuscule de l’autorité, prélude à sa disparition prochaine. Et aucun secteur de la vie contemporaine ne semble épargné, que ce soit la famille, avec l’avènement triomphal de l’enfant roi contre l’auctoritas paternelle, l’école, où l’admiration muette pour la culture et le maître ne sont plus que de pâles souvenirs, la cité même, qui a vu la capacité à gouverner, à ordonner et à punir se réduire comme peau de chagrin. Le père de famille, le maître d’école, le chef politique, le juge : aucune des figures traditionnelles de l’autorité ne paraît plus être à même de résister aux coups de boutoir d’une époque – la nôtre – dont l’anti-autoritarisme fut, est et sera le cheval de bataille. Bref, tout se passe comme si le fameux slogan de Mai-68 « Il est interdit d’interdire » était devenu la vérité de notre temps. L’idée même de chef semble être devenue suspecte.
Requiem in pace, donc ! Mais avant de refermer la pierre tombale et de se réunir accablés de chagrin (ou, pour certains, fous de joie) pour des obsèques en grandes pompes, il faut peut-être laisser une dernière chance à l’ultime souffle du moribond. Une seule raison à ce sursis : le soupçon que suscite cette belle et (trop) rare unanimité. Jamais la crise de l’autorité n’a été plus débattue qu’aujourd’hui ; jamais sa disparition promise n’a suscité autant d’effroi, de nostalgie et de désespoir. Le fait qu’il y ait tant de pessimistes, voilà peut-être enfin une bonne raison d’être optimiste ! Le sentiment du déclin étant la chose du monde la mieux partagée, cela signifie que des ressources existent pour envisager sinon une restauration (version réactionnaire), à tout le moins le maintien (version conservatrice) voire la réinvention (version progressiste) de l’autorité dans une époque qui semble la condamner. C’est loin d’être gagné, mais la piste mérite d’être explorée.
- Qu’est-ce que l’autorité ?
Il faut distinguer l’autorité du pouvoir, ne serait-ce que parce qu’il peut y avoir du pouvoir sans autorité – l’autoritarisme du petit chef – et de l’autorité sans pouvoir – la sérénité du vieux sage. L’autorité se distingue aussi de la contrainte par la force, qu’elle permet d’éviter, et de l’argumentation rationnelle, qu’elle dépasse. Elle n’a besoin ni d’imposer ni de justifier. L’étymologie du terme est connue : le mot vient du latin augere qui signifie augmenter. L’autorité est donc une opération un peu mystérieuse qui « augmente » un pouvoir, le petit chef devient alors un grand homme ; ou un argument puisque l’argument d’autorité est censé avoir plus de valeur que les autres. Il y a une forme de « dopage » dans le mécanisme de l’autorité, puisqu’il consiste en un accroissement artificiel de puissance. D’où peut provenir cette augmentation ?
On peut d’abord en rechercher la source – c’est la piste la plus évidente – dans une instance extérieure et supérieure au pouvoir lui-même, qui justifierait que l’on fasse confiance à ceux qui le détiennent, au point de leur obéir parfois aveuglément.
Dans l’histoire humaine, trois sources principales, sous réserve d’inventaire, peuvent être repérées. Il y a d’abord l’autorité qui vient du passé. Cela ne signifie pas seulement qu’un pouvoir ou un discours se trouve accrédité lorsqu’il a fait ses preuves et peut s’appuyer sur l’expérience ; cela veut dire plus profondément qu’un pouvoir ou un discours ne vaut que s’il est hérité et qu’il peut justifier une généalogie qui le relie, sans solution de continuité, à un passé fondateur et glorieux. La meilleure illustration est donnée par les institutions de la Rome antique. C’est là d’ailleurs que naît le mot. Pour les Romains, la fondation de leur cité avait un caractère sacré. C’est d’elle que les dirigeants tiraient leur légitimité. « Les hommes d’autorité, écrit Hannah Arendt, étaient les anciens, le Sénat ou les patres, qui l’avaient obtenue par héritage et par transmission de ceux qui avaient posé les fondations pour toutes choses à venir, les ancêtres, que les Romains appelaient pour cette raison les majores1. » Du même coup, ainsi que Cicéron le disait, « tandis que le pouvoir réside dans le peuple, l’autorité appartient au Sénat » (De Legibus, sections 3, 12, 38), car c’est lui qui, relié au passé, a la capacité d’augmenter les décisions en les soustrayant aux querelles de la plèbe. À cette époque, l’âge et le train des sénateurs étaient perçus comme une inestimable qualité !
Le pouvoir, ou le discours, peut être augmenté à partir d’une deuxième source : la contemplation d’un ordre du monde ou, comme le disent les philosophes grecs, du cosmos. Quand on parle aujourd’hui du microcosme politique, c’est pour en souligner l’étroitesse et la mesquinerie. Chez les penseurs de la Grèce antique, si la cité est un microcosme, c’est qu’elle doit reproduire en petit ce que l’univers est en grand. La connaissance du monde permet donc de trouver les règles nécessaires pour mettre de l’ordre dans la coexistence troublée et querelleuse des hommes. La philosophie politique est la quête de ce qui permet d’augmenter le pouvoir, c’est-à-dire d’en justifier la légitimité. Qui doit gouverner la cité ? Telle est sa question directrice. Aristote répondait que, à travers l’observation de la nature, on pouvait voir que « certains sont faits pour commander et d’autres pour obéir ». C’était ainsi l’« autorité de la nature », et non pas seulement celle du passé, qui justifiait les inégalités dans les sociétés d’ancien régime ou dans les systèmes de castes. La hiérarchie y était perçue comme « naturelle », distinguant des genres d’humanité distincts.
Il existe enfin, à côté du passé et du cosmos, une troisième source d’augmentation du pouvoir : c’est celle du sacré ou du theos (« divin »). Saint Paul en est le meilleur interprète quand il énonce cette célèbre formule : « Il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu » (Épître aux Corinthiens, 13, 1-7). Cette fois-ci, ce n’est plus seulement le lien avec le passé fondateur ou l’identification avec l’ordre naturel qui garantit au pouvoir son autorité, c’est la proximité d’avec Dieu.
À vrai dire, le christianisme proposa une forme de synthèse des trois modèles, puisqu’il associait l’autorité traditionnelle, par la référence à une Révélation primordiale, l’autorité cosmologique, par l’idée d’un ordre et d’une bonté de la Création, et l’autorité théologique, par l’idée d’un Dieu omnipotent, source, donc, de tout pouvoir. Une synthèse impressionnante d’une autorité « absolue » qui est aussi fragile, car il n’est pas certain que ces trois sources soient compatibles entre elles. C’est d’ailleurs l’ébranlement du dispositif chrétien qui est à l’origine de la crise contemporaine de l’autorité. Que s’est-il passé ?
- Déconstruction ou reconstruction ?
Cette crise ne date pas d’hier. C’est à la Renaissance que, presque simultanément, les trois formes primordiales de l’autorité se sont trouvées ébranlées et contestées. L’autorité traditionnelle, qui avait déjà subi plusieurs coups de boutoir chez les Grecs comme chez les chrétiens, est fragilisée du fait de la coexistence critique de plusieurs « traditions » : le dogme chrétien et la culture païenne redécouverte. Plusieurs traditions, cela signifie la fin de « la » tradition. L’antériorité n’est ainsi plus à même de constituer un « augmentateur » plausible. L’autorité cosmologique, elle, est mise en question par les découvertes astronomiques qui interdisent désormais de voir le monde comme un ordre harmonieux, beau, juste et bon. Avec Copernic et Kepler, on est passé « du monde clos à l’univers infini » (A. Koyré), impossible, donc, d’y « observer la loi ». Enfin, l’autorité théologique est minée par les profonds désaccords qui la traversent à l’occasion de la Réforme : comment espérer fonder un ordre politique stable sur ce qui est devenu le principal fauteur de troubles, à savoir l’interprétation du texte sacré ? Bref, des trois fondements (antérieur, extérieur ou supérieur) de l’autorité, il ne reste rien ou en tout cas rien d’évident ou d’incontestable.
Mais cette déconstruction par la modernité de l’autorité ancienne s’accompagne aussi d’une tentative de reconstruction. Le projet paraît fou et voué à l’échec, puisqu’il s’agit de chercher l’augmentation d’un pouvoir non à partir d’une extériorité supérieure (le passé, le cosmos ou le divin), mais à l’intérieur de l’humanité elle-même. Nietzsche a une belle image pour décrire cette folie : il la compare au geste du baron de Münchhausen qui, pour se sortir d’un marais où il est tombé, décide de se tirer lui-même par les cheveux.
Quelle forme peut prendre une autorité purement humaine ? La réponse est claire : c’est parce qu’il bénéficie de l’accord des hommes concernés qu’un pouvoir ou un argument se trouve augmenté ou, comme on dit aussi, légitime. En politique, cette reconstruction a pris, à partir du xviie siècle, la forme de la théorie du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau). C’est la volonté d’un peuple de vivre sous une loi commune qui justifie le pouvoir de l’État. Ce qui suppose trois conditions pour les contractants : l’égalité, nécessaire à l’établissement d’un contrat, la liberté, requise pour la validité de la décision, et la fraternité, c’est-à-dire une volonté minimale de vivre ensemble. Le même schéma vaudrait pour la science : la vérité n’est plus à rechercher dans un ailleurs ou un avant qui la garantiraient, mais dans un certain accord, fût-il temporaire, des esprits.
Il ne faut pourtant pas se cacher les difficultés et les faiblesses d’une telle solution purement humaine. Elle repose sur le principe de la liberté des individus – telle est sa force –, mais la liberté individuelle peut à tout moment se retourner contre elle – telle est sa fragilité. Déconstruction ou reconstruction ? L’autorité de l’âge démocratique est vouée à cette ambivalence. La crise n’est donc pas circonstancielle, mais bel et bien structurelle. Ce qui explique aussi qu’à son égard deux attitudes soient possibles. Les pessimistes parient sur les forces de déconstruction tandis que les optimistes tablent sur les ressources de la reconstruction. C’est toute la difficulté de notre époque, qui nous oblige constamment à penser que tout va à la fois de mieux en mieux et de pire en pire.
- Qu’est-ce qui fait autorité aujourd’hui ?
Pour tenter ce bilan, il faut affronter cette question : qu’est-ce qui fait (encore) autorité aujourd’hui ? J’en identifierai trois formes, qui ne sont pas d’ailleurs sans rapport avec les formes primordiales2.
- L’autorité du savoir : l’expertise
Notre époque est d’abord très réceptive à l’autorité du savoir et de la science. Nous croyons en celle-ci. Devant elle on s’incline ; elle ferme les bouches et éteint les discussions. Le pouvoir en place doit s’entourer d’experts, voire confier les affaires de la cité « au meilleur économiste de France » (Valéry Giscard d’Estaing à propos de Raymond Barre). Comme s’il allait de soi que celui-ci fût aussi le meilleur politique. Platon disait, lui, en son temps, que c’était au philosophe qu’il revenait d’être roi ! Sans aller jusque-là, nous exigeons au moins du politique qu’il « connaisse ses dossiers ».
Mais cela, hélas, ne suffit pas. Certes, nous croyons très fort en la science, mais la science elle-même, hormis quelques scientistes incorrigibles, n’a que très peu confiance en elle. Elle n’a même jamais eu aussi peu de certitudes. Bref, si le savoir peut accompagner le pouvoir, il ne le remplace pas. Le savant et le politique, comme disait Weber, sont deux vocations très différentes, même si on peut souhaiter que le savant pense davantage « comme s’il devait agir » et que le politique agisse davantage « comme s’il devait penser ». Il n’en reste pas moins que, comme l’écrivait Hobbes dans le Léviathan : « Auctoritas, non veritas facit legem : c’est l’autorité, non la vérité, qui fait la loi. » Et nous nous méfions du gouvernement des experts.
- L’autorité charismatique : le leadership
Déçus par l’expertise, on se tournera alors vers une autre forme d’autorité : celle que confère le charisme. Notion confuse en vérité qu’on aurait bien du mal à définir. Elle s’attache à un individu supposé exceptionnel, souvent en raison de sa personnalité, mais aussi des circonstances dans lesquelles il a pu l’affirmer. C’est ce qu’on demande au professeur, quand l’autorité du savoir ne suffit plus. C’est ce qu’on attend du dirigeant d’entreprise en plus de sa compétence. C’est ce qu’on exige de l’homme politique lorsque le « sacre » de l’élection semble insuffisant. Avec toutefois cette réserve cruciale : la traduction allemande de leader est führer ! Staline se faisait appeler « Guide génial » et Mao « Grand Timonier »… Le maître charismatique risque à tout moment de se transformer en despote, voire en gourou. « Il n’est point de pire tyran que celui qui sait se faire aimer », disait Spinoza. Bref, le leadership peut toujours être suspecté de manipulation, de calcul ou d’oppression. La raison de cette méfiance est que l’origine de son exceptionnalité n’est pas identifiable : ni la tradition ni le cosmos ni le divin ne viennent plus l’assurer contre les risques de dérive. Elle ne peut donc résider qu’en lui-même, dans sa grandeur d’âme ou dans sa vile bassesse.
Comme le savoir de l’expertise, le leadership du charisme est un des éléments de l’autorité contemporaine, sans doute nécessaire, mais non suffisant. L’autorité contemporaine demande une garantie supplémentaire. Où la trouver ?
- L’autorité compassionnelle : la sollicitude
Prenons un exemple qui peut illustrer cette nouvelle autorité moins simple et moins évidente de nos temps hypermodernes. Mettons face à face un chef d’entreprise et un de ses salariés qu’il vient de licencier pour raisons économiques. Le premier aura beau expliquer, avec toute sa compétence et son charisme, l’absolue nécessité de sa décision, il aura l’air d’un salaud face au spectacle vivant de la détresse humaine. Or la souffrance fait la victime, et la victime, de nos jours, fait autorité, pour le meilleur ou pour le pire. Le meilleur, c’est la solidarité mondiale dans les catastrophes naturelles ou humaines, quand la sympathie universelle semble primer un temps sur les égoïsmes étroits. Le pire, c’est l’illusion que la souffrance confère mécaniquement des droits, voire des privilèges. Il faut donc user avec prudence de cette autorité de la souffrance humaine. Elle est un formidable levier pour l’action et la mobilisation des individus. Mais elle peut aussi donner lieu à la plus lamentable des démagogies, car la raison du plus souffrant n’est pas toujours la meilleure.
- L’aurore de l’autorité
Compétence, charisme, compassion : on a là, sous réserve d’un inventaire plus complet, les trois éléments d’un portrait plausible de l’autorité contemporaine. Tout le problème est qu’il est devenu très difficile de l’incarner, car chacun de ces traits permet aussi bien de dénoncer que de fonder cette prétention. Ainsi, à l’image rêvée du politique « visionnaire-charismatique-humaniste », on pourra toujours opposer celle, honnie, du « technocrate-gourou-dégoulinant-de-bons-sentiments ». Mais si l’idéal fonctionne le plus souvent pour déboulonner les prétendants, cela permet à tout le moins de conclure que ce n’est pas tant le règne de la médiocrité « démocratique » qui interdit de cultiver le panache et le grandiose en politique, c’est tout à la fois le développement de la critique et le renforcement des exigences. L’autorité contemporaine serait donc la stabilisation temporaire dans une figure singulière du double mouvement moderne de déconstruction et de reconstruction. L’autorité est donc devenue un cdd portant toujours en lui sa propre limite ; mais est-ce vraiment un défaut pour qui aspire à l’âge adulte ?
Il convient de faire un pas de plus pour évaluer la situation contemporaine. Ce qui s’efface sous nos yeux, c’est une autorité dogmatique qui avait, pour elle, l’évidence et la stabilité, mais, contre elle, le risque constant de la domination et de l’oppression. Ce qui émerge, c’est une autorité critique qui a, contre elle, la menace sceptique et contestataire, mais, pour elle, la réflexivité et l’autolimitation. Notre époque serait donc post-autoritaire, en ce sens (hégélien) qu’elle devient apte à réfléchir sur l’autorité en en comprenant les formes historiques possibles. On peut certes regretter la fragilisation qu’une telle réflexion fait subir aux rapports humains loin des certitudes d’antan, mais on peut aussi se réjouir de l’émergence d’une « augmentation » qui intègre en elle désormais sa critique, ses limites et son propre dépassement. Car l’autorité est moins un état qu’un processus qui a sa fin ailleurs qu’en elle-même.
C’est au fond ce que remarquait saint Augustin (Cité de Dieu, XIX, 14) quand il parlait d’une autorité de « service » : « L’autorité est à qui pourvoit à l’intérêt d’autrui : elle appartient au mari sur la femme, aux parents sur les enfants, aux maîtres sur les serviteurs. L’obéissance est le devoir de ceux pour qui l’on veille : la femme obéit au mari, les enfants aux parents, les serviteurs aux maîtres. Mais dans la maison du juste vivant de la foi et voyageant encore loin de la céleste cité, ceux même qui commandent sont les serviteurs de ceux à qui ils paraissent commander. Ce n’est point par la passion de dominer qu’ils commandent, mais par la loi du dévouement, non par l’orgueil d’être le maître, mais par le devoir de la providence. » C’est en ce sens que, pour lui, l’autorité est sacrée : elle consiste à imiter l’amour de Dieu pour les hommes ; un amour tellement puissant (Agapè) qu’il sait aussi se faire discret, voire absent, afin de laisser être et agir ceux sur qui il se porte.
Le défi contemporain est de parvenir à concevoir un tel processus sans la garantie divine qui le fondait : une autorité vraiment humaniste et laïque, si l’on veut. Par où l’on voit qu’à titre d’exigence, au moins, l’autorité d’après l’autoritarisme n’est pas évanescente. Elle se distingue de celui-ci par un critère sûr : l’autorité fait grandir à la fois celui qui l’exerce et celui qui s’y soumet. En ce sens sa crise relève plutôt d’une croissance d’ambition que du déclin de son efficace. Ce qui me conduit à cette ultime hypothèse : et si, loin d’assister à son crépuscule, nous vivions au contraire son aurore authentique ? Incipit auctoritas.
1 Hannah Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ? », La Crise de la culture, Paris, Gallimard, « Idées », 1972.
2 Je ne puis développer ce point, mais, de manière très esquissée, on peut remarquer que l’expertise fait écho avec la cosmologie, le charisme, comme le disait déjà Max Weber, avec la théologie, tandis que l’autorité compassionnelle élargit à tous les hommes le souci interne à la communauté traditionnelle.