Ce n’est sûrement pas faire injure aux jeunes soldats français que d’avouer que les raisons qui les ont poussés à s’engager sont à la fois très personnelles et souvent assez éloignées de ce que l’on peut imaginer être un engagement patriotique. Échec ou difficultés scolaires, envie de se réaliser à travers le sport et l’aventure sont, pour la plupart, les vrais moteurs de leur engagement.
Pourtant, ces motivations, que certains pourront trouver triviales ou manquant de hauteur, ne les ont pas empêchés de découvrir et d’accepter pleinement le sens des missions que l’armée et, avec elle, la nation leur confient. L’Afghanistan leur a donné une occasion particulière de le prouver. Loin de chez eux, dans des vallées dont ils ne connaissaient ni le nom ni l’existence, ces jeunes garçons et jeunes femmes, que nul ne remarquerait dans la rue tant ils s’habillent comme tous les jeunes de leur génération, mangent dans les mêmes restaurants ou fast-foods, fréquentent les mêmes boîtes de nuit ou cinémas, utilisent le même vocabulaire et jouent aux mêmes consoles de jeux, ont fait preuve de remarquables qualités de courage. Un courage ordinaire, le plus souvent sans coup d’éclat, mais déployé chaque jour au plus près de l’insurrection afghane.
- Courage ?
Mais qu’est-ce que le courage ? Ou être courageux ? Le courage fait sans aucun doute partie de ces qualités humaines qui recouvrent de multiples formes et dont nous nous faisons tous une idée plus ou moins personnelle en fonction des circonstances ou de notre propre expérience de vie. Peut-être, alors, est-il utile de revenir à la définition même de ce mot qui fascine, intrigue et dont chacun s’est demandé, au moins une fois dans sa vie, s’il saurait s’en montrer digne : « Courage : a) fermeté, force de caractère qui permet d’affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles ; b) force, énergie et envie de faire une action quelconque. » La lecture de ces quelques lignes m’a laissé perplexe autant qu’elle m’a fasciné. Certes, je ne doutais plus, après avoir côtoyé les soldats du 21e régiment d’infanterie de marine (rima) pendant tant de mois, qu’ils avaient fait preuve de courage. Mais je n’imaginais pas que la définition du courage collait à ce point à ce que j’avais pu découvrir auprès d’eux. Cette définition me rappelait avec évidence qu’ils ont écrit en Afghanistan, sans même peut-être s’en rendre compte, et en tout cas avec la modestie de ceux pour qui compte de faire plutôt que de dire, la chronique d’un courage ordinaire qui, à bien des égards, force le respect.
- Partir les yeux grands ouverts
J’entends souvent dire que les soldats ignorent les missions dans lesquelles ils sont engagés, les risques qu’ils auront à affronter, qu’ils sont, de toute évidence, trop jeunes pour comprendre et pour en prendre la mesure. Ce discours est faux. Pire, il met en cause la détermination et le courage dont ils font preuve. Car, et c’est important de le souligner, ils savent. Combien de vidéos ont-ils visionnées, de sites Internet ont-ils parcourus ? Venus s’ajouter aux retours d’expérience (retex), aux informations sur les bombes artisanales ou improvised explosive device (ied), sur les difficultés d’évoluer dans la « zone verte », sur la stratégie des insurgés. Oui, aucun doute n’est permis : ils savent où ils vont et ce à quoi ils s’exposent. Oui, ce sera dur, dangereux. Comme leurs chefs n’ont pas manqué de le leur rappeler jusqu’au soir du départ, cette fois, tous ne reviendront pas. Une clairvoyance parfois impressionnante ; je pense par exemple à cet officier qui me raconta avoir pris longtemps avant son départ la décision de conserver pour lui une dernière balle qu’il se disait bien déterminé à utiliser s’il venait à être capturé !
Non seulement ils savent, mais, mieux, tous, autant que j’ai pu en juger, espèrent et attendent cette mission qui sonne comme l’opération de leur vie. Et peu importent les risques d’y être tué ou d’y être gravement blessé. L’envie de mettre enfin en œuvre un savoir-faire acquis pendant des années et de savoir ce qu’ils valent comme soldats et, peut-être plus encore, comme hommes est la plus forte.
- De l’impatience au drame
À leur arrivée en Afghanistan, les soldats expriment une folle envie d’en découdre. Les premières semaines, trop calmes, ne provoquent que déception dans les rangs et, à chaque retour de mission sans contact, je les entends la partager sans aucune retenue. Ils restent pourtant conscients de l’absurdité de leur impatience. Car, comme le rappelle toujours l’un d’entre eux : « On fera moins les malins quand on aura perdu un gars ! » Il y a, me semble-t-il, dans ces moments et ces premières semaines, une forme d’inconscience…
Ce jour tant espéré finit par arriver. Et ils sont heureux, car dorénavant ils savent. Ces premiers combats constituent aussi pour eux le premier choc frontal avec la réalité de la guerre : les balles qui sifflent trop près, ce muret protecteur dont on ne sait trop comment se sortir et ce sentiment si fort, si révoltant et si nouveau que là, à quelques mètres seulement, au point souvent de les entendre, des hommes veulent leur peau. Aucun entraînement au monde ne prépare à cela… Puis le premier accident arrive. Trop vite. Mais il est trop tard pour regretter le temps où on rêvait de se battre sans en payer le prix. C’est la seconde bascule ! Au danger devenu matière concrète et tangible s’ajoutent la couleur et l’odeur du sang, le regard du camarade blessé gisant à terre que médecins et infirmiers tentent de sauver.
Ces deux séquences, que tous ont connues plus ou moins rapidement, dans des circonstances plus ou moins similaires et avec plus ou moins d’intensité ou de gravité, changent tout ! Maintenant qu’ils ont vu, il va leur falloir tenir, ressortir jour après jour avec ces images et ces odeurs en tête, cette expérience tapie au fond d’eux. Et commencer à écrire ce que j’ai vu comme une chronique d’un courage ordinaire.
- Courage ordinaire
Parce que les opérations se déroulent dans un véritable réduit – je parle ici de la région de Tagab, entre les vallées de Tagab, Alasay et Bedraou, qui représente un secteur de moins de dix kilomètres carrés ; le camp, ou forward operating base (fob), par exemple, n’est situé qu’à huit cents mètres des lisières de la zone verte d’où les insurgés peuvent tirer à couvert –, les soldats se trouvent placés continuellement sous la menace des tirs de roquettes de type chicom ou de mortier, qu’ils soient à la base ou en opérations.
Le nombre de missions menées pendant un mandat est assez considérable. Cinquante-quatre dans le cas de la 2e compagnie à laquelle j’ai été « intégré ». Nul répit pour les soldats, sur le terrain en moyenne tous les trois jours ! Avec, quelle que soit la mission, toujours le même niveau de risque. De fait, il n’y a pas de « petites missions » ou de missions banales. La moindre sortie comporte des risques importants. Ainsi, une « simple » patrouille au marché de Tagab, à seulement dix minutes à pied du camp, les oblige déjà à évoluer au sein d’un territoire et d’une population hostiles. Dans le bazar, du fond des ruelles ou du haut des toits, les insurgés n’hésitent pas à tirer malgré la présence d’une foule toujours nombreuse. Pour celle-ci, la menace des suicide bombers est permanente. Dans ce marché aux allures banales, les soldats appliquent systématiquement cette consigne de base : ne jamais revenir sur ses pas afin d’éviter d’être pris dans une embuscade.
Chaque jour ou presque, il leur faut monter dans leur véhicule de l’avant blindé (vab), cet engin qu’ils aiment autant qu’ils le détestent. Un geste moins banal qu’il n’y paraît, tant ils sont nombreux à y avoir perdu la vie ou à y avoir été grièvement blessés. Tirs de roquettes, ied, accidents sur des routes souvent défoncées et où les pilotes roulent à tombeau ouvert afin d’éviter les tirs de roquettes ou de kalachnikovs et de « glisser » le plus rapidement possible au-dessus du souffle en cas d’explosion d’un ied. Parler de cercueil, comme je l’entends parfois dire, est sans doute excessif, mais ils connaissent les risques auxquels ils s’exposent en montant à bord. Des risques qu’ils supportent d’autant plus mal que l’idée de mourir sans se battre, piégés dans leur vab, leur est insupportable. Et pourtant, à chaque nouvelle sortie ils y montent, sans l’ombre d’une hésitation et sans partager leurs peurs éventuelles.
Chaque jour ou presque ils doivent s’enfoncer dans la zone verte, ce « bocage normand » impénétrable en été tant la végétation y est dense. À un point tel qu’il y fait frais et sombre quand, à l’extérieur, le soleil brûle tout. La visibilité n’y dépasse jamais quelques dizaines de mètres, souvent moins ! Les hommes évoluent dans des vergers luxuriants ou dans des ruelles étroites presque aveugles, se sachant épiés et observés par les insurgés comme par la population qui, volontairement ou sous la menace, rapporte leur moindre mouvement. Des hauteurs où ils se sont installés dans la nuit, tireurs d’élite (te) et tireurs Milan observent les insurgés passer d’une ruelle à l’autre, se regrouper au sein d’un Coumpound, se rapprocher au plus près d’une section ou, au contraire, aller se positionner plus loin, là où, probablement, aura lieu leur désengagement. À force d’observer les soldats français depuis des années, ils ont appris à anticiper nombre de leurs mouvements ! Ces informations qui courent dans les réseaux radio s’ajoutent à l’impression d’oppression qui se dégage de la zone verte. Dans les groupes, chacun sait que la « foudre » peut s’abattre sur eux à chaque instant, en une fraction de seconde. Comme peut-être au bout de cette ruelle étroite où émerge une zone baignée de lumière. C’est une placette, quelques dizaines de mètres carrés seulement. Une zone nue au milieu de laquelle les hommes se retrouvent sans plus aucune protection si ce n’est leur vitesse, leur combat integrated releasable armor system (ciras) et l’appui des copains. Pourtant, il faudra qu’ils franchissent et s’exposent dans cette zone idéale pour un tireur embusqué. Dix mètres. Cinq mètres. Encore trois pas. Deux. Un. S’approcher doucement, passer la tête, jeter un regard à droite puis à gauche. Rien. C’est calme. Attendre quelques secondes l’appui du gars qui suit et s’engager en petites foulées rapides sans penser que c’est là, ou dans une zone exactement similaire, que d’autres soldats ont été touchés il y a une semaine, un mois. Depuis des années…
Le plus souvent, heureusement, le franchissement de telles zones se passe sans encombre. Mais pas ce 28 juin 2010. Quelques mètres après les murs protecteurs qui forment la ruelle d’où il vient de sortir, premier de la colonne, le caporal P. est fauché par des tirs. Touché à l’abdomen, il s’écroule au milieu de la placette. Les autres soldats de son groupe ont juste le temps de se mettre à couvert. Refuge bien provisoire d’où il faut ressortir pour aller chercher le copain touché. Acte à la fois effroyablement banal et courageux. Banal, car c’est le soldat le plus proche qui se porte au secours de son camarade. Immensément courageux, car, en sortant de la ruelle, il sait qu’un tireur déterminé à les abattre attend à seulement quelques dizaines de mètres.
Certains ont perdu la vie dans de telles actions. Ou, devrais-je plutôt dire, l’ont donnée. Ce 24 août 2010, les soldats de la 4e compagnie ont franchi un long découvert dans la vallée de Bedraou. Face à ces longues étendues ouvertes, les soldats font une pause, mesurent l’obstacle à franchir et prennent leur souffle avant de s’élancer un par un, conscient, que le lieu de leur mort se trouve peut-être devant eux. Mais pas un seul n’hésite, car ils sont fiers d’accomplir leur mission et savent que si un seul flanche, toute la compagnie risque de trembler. La peur, comme le courage, est un sentiment qui se répand comme une traînée de poudre.
Une fois lancé, un seul objectif : atteindre l’autre rive et se mettre enfin à couvert. Et au milieu de cet océan de terre retournée, courir, courir et courir encore, malgré cette brûlure dans les poumons qui semblent prêts à exploser. Ce jour-là, P. est fauché en pleine course sous le regard impuissant de ses camarades. Et malgré les risques inouïs, le lieutenant M. n’hésite pas à s’élancer à son tour pour tenter de le sauver. Comme une évidence, comme tous l’auraient fait, unis comme des frères. Ce jour-là, les tirs fournis de sa section en direction de la zone des tirs − la « boule de feu » comme les soldats nomment cet appui intense − ne sauvent pas le lieutenant qui, jusqu’au bout, a tout tenté pour se sauver.
Les blessés et les morts récupérés et évacués, ils doivent continuer la mission. Plus loin dans la vallée, ailleurs dans la zone verte, d’autres soldats comptent sur la compagnie qui vient de perdre un gars. Malgré le choc d’un camarade à terre, malgré la peur qui prend au ventre, malgré les insurgés toujours dans les parages et qui, tous les soldats le savent, attendront encore une fois le désengagement pour frapper à nouveau. Malgré tout cela, ils y retournent, se ressaisissent, prennent sur eux et surmontent l’abattement. Un geste qui leur demande une volonté et une détermination absolues. Faire abstraction du drame qui vient de se jouer sous leurs yeux, remiser leur douleur et leur souffrance, les doutes qui les assaillent et repartir en avant. Faire preuve de courage tout simplement.
Pour leurs chefs aussi, ces instants sont des moments de courage. Car eux aussi doivent y retourner avec, sur les épaules, la pression inouïe que constitue le fait de donner l’ordre de poursuivre la mission. À eux aussi de donner l’exemple de la maîtrise et de la détermination. Aujourd’hui comme avant, dans cette guerre comme dans toutes les autres, les hommes puisent leur courage dans les yeux de ceux qui les entourent et obéissent à des hommes plus qu’à des ordres.
- Tenir sur la durée
Poursuivre la mission constitue déjà en soi un formidable acte de courage. Mais repartir, parfois dès le lendemain, me semble être un acte plus courageux encore. Passé le moment de l’action et de retour au camp, les soldats ont tout le temps pour se mettre à « gamberger », pour faire tourner sans cesse les mêmes images dans leur esprit, pour imaginer la suite des événements. Tous le disent : après une telle journée, le sommeil met des heures à venir. Dans la nuit, le calme revenu, les images, les sons et les odeurs s’entrechoquent sans cesse dans leurs têtes. Autant de souvenirs qu’ils doivent effacer de leur esprit, ou plutôt mettre de côté, quand le matin arrive. Parce qu’il va falloir continuer à assurer les missions. Aujourd’hui, demain, après-demain et jusqu’au dernier jour de leur mandat. Mais, dorénavant, sortir sur le terrain n’a plus le même goût.
Opérer dans une zone aussi exiguë implique de revenir sans cesse dans les mêmes secteurs. De passer de nouveau là où, quelques semaines plus tôt, la section a été prise à parti ; de prendre position dans un secteur connu par les insurgés ; de revenir sur des terrains où des ied ont déjà été trouvés, à pied comme en vab ; de retourner dans la vallée de Bedraou où pas une seule opération ne s’est déroulée sans que les insurgés ne se déchaînent…
Cette confrontation quotidienne avec le danger, la répétition des actions de combat, la proximité permanente avec les insurgés, cette absence de répit et la manière dont tous ont géré cela sont tout à fait impressionnantes. Et pas seulement pour l’observateur que je fus. Leurs chefs, ceux que j’ai rencontrés du moins, des mois et des années après, continuent de témoigner à quel point leurs soldats les ont impressionnés, ne les ont jamais déçus : malgré les ordres difficiles, les missions risquées, ils n’ont jamais hésité.
- Le moteur du courage
Je me suis souvent demandé comment ces jeunes garçons et ces jeunes femmes − ces dernières sont trop souvent oubliées ; or les représentantes féminines des services de santé effectuent en Afghanistan un travail absolument remarquable, y compris sur le terrain pendant les opérations de combat −, ordinaires à de nombreux points de vue, peuvent faire preuve de telles qualités de courage. Bien sûr, ces jeunes ont été formés, ont subi des années d’entraînement et de préparation, physique, psychique ou culturelle. Mais, plus que cela, deux points essentiels ont fait et font la différence.
En premier lieu, ces jeunes gens acceptent et comprennent pleinement l’idée que la mission prime sur tout, y compris sur leur propre vie. Ce contrat passé entre eux et l’armée est parfaitement clair dans l’esprit de tous les soldats que j’ai côtoyés. Un contrat que le Code du soldat rappelle par ces mots : « Il [le soldat] accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre et si nécessaire au péril de sa vie. » Les esprits chagrins argueront qu’en temps de paix, cela ne les engage qu’à peu. Certes, cela n’est pas faux, encore que1… Le conflit afghan a en tout cas démontré le contraire.
En second lieu, l’importance que prennent le groupe et les liens de fraternité extrêmement forts que les hommes tissent entre eux là-bas constitue également un moteur très puissant. Peut-être même le plus important. Le groupe, c’est certain, est une véritable « usine à courage ». Là-bas, comme dans toute guerre, les hommes se rapprochent, se soudent, faisant ensemble la même expérience du danger, vivant ensemble des expériences indicibles, partageant les mêmes souffrances et découvrant que la vie de chacun dépend de tous et celle de tous de chacun. Comme tant d’autres avant eux, sur les hauteurs afghanes, ils sont devenus frères d’armes. Cette expression entendue cent fois qui résonnait curieusement à leurs oreilles, voire les faisait sourire. Peut-être un peu trop solennelle… Ils n’y croyaient pas vraiment, pour tout dire. Et, pourtant, ils le sont devenus. Égaux devant la mort prêts à donner leur vie pour leurs camarades, dissolvant sans même s’en rendre compte leur moi dans le nous du groupe. Un sentiment si fort qu’un soldat me confia un jour qu’il ne saurait plus, à cet instant T, choisir entre les gars de son groupe et ses enfants. Un sentiment qui le troublait lui-même, ayant l’impression plus ou moins confuse de trahir sa famille. Et pourtant, il n’en démordait pas. Dans les deux situations, me disait-il, c’est une histoire de sang donné : « Je suis prêt à donner mon sang pour les gars et eux le leur pour moi, tandis que c’est le mien qui coule dans les veines de mes enfants. »
Nul doute que les soldats puisent dans ces deux moteurs pour alimenter leur courage. Comme tant d’autres soldats avant eux, de tous les continents et de toutes les époques. Cela voudrait-il dire que chacun d’entre nous serait capable des mêmes qualités de courage ? Eux le pensent, persuadés que ce qu’ils ont fait n’a rien d’extraordinaire, qu’ils n’ont fait que leur boulot, c’est-à-dire accomplir les missions qui leur étaient demandées. Persuadés aussi que tout le monde suivrait le même chemin.
Qu’en penser ? Serions-nous tous capables d’un tel courage dès lors que les circonstances l’exigeraient ? Ou ces comportements sont-ils le fait d’une culture militaire acquise et d’un engagement qu’ils ont découvert et auquel ils ont adhéré ? Je crois pour ma part que le groupe et la cohésion, quelles que soient les époques et les circonstances, sont le vrai ciment de ce courage. Que chaque soldat puise dans le regard et la présence de ceux qui l’entourent, le courage nécessaire au dépassement de soi, à la maîtrise de la peur et, parfois, à la conduite d’actions réellement héroïques. En cela les jeunes soldats engagés en Afghanistan ont partagé certains des sentiments que leurs aînés, bien avant eux, ont expérimentés sur d’autres fronts.
1 « Encore que », car les soldats ont régulièrement prouvé dans d’autres opérations, comme en Guyane en juin 2012, qu’ils savent, dès lors que les circonstances l’exigent, être à la hauteur de ce contrat.