L’honneur, « poésie du devoir » selon Alfred de Vigny1, est une notion qui a quelque chose de poussiéreux, de démodé. Peu utile, il traîne même par-devers lui de dangereux relents d’orgueil déplacé. N’est-ce pas lui qui a poussé de romantiques saint-cyriens à charger en casoar et gants blancs en 1914 après avoir prêté serment autour des sous-lieutenants Allard Meus et de Fayolle, provoquant ce que certains historiens qualifient de quasi-suicide des élites2 ? N’est-ce pas lui qui caractérisait une civilisation meurtrière, le Japon impérial, dont, justement, la conception de l’honneur apparaît si outrancière3 ?
L’honneur, c’est l’« instinct de coq, un facteur de guerre », comme l’écrit Henri Hude4. L’éthique lui préfère la dignité et le respect. En substance, le respect est à la dignité ce que la dignité était à la noblesse. Honneur et noblesse seraient ainsi des valeurs faisant partie d’un passé révolu. Que de sang versé inutilement en vertu d’une conception exacerbée et erronée, au nom de valeurs issues d’un autre temps, celui de la chevalerie, comme le remarque Michel Goya quand il évoque les hécatombes de la Première Guerre mondiale5.
Et pourtant… Pourtant « honneur » est le seul mot qui figure sur tous nos étendards et drapeaux. Il est suivi selon les cas par « patrie » ou « fidélité ». Lorsque les jeunes recrues sont présentées à l’étendard et que leur colonel leur explique ce que ses plis recèlent, il est plus difficile de décrire ce qu’est l’honneur que la patrie ou la fidélité. L’honneur, c’est la vertu des temps difficiles, disait le chef de corps du 2e régiment de hussards. C’est sans doute vrai.
Les temps n’ayant pas été jusqu’à présent trop difficiles pour les militaires en termes de combats, nous avons plus de mal à concevoir ce que signifie vraiment l’honneur militaire. Lorsque le sang est versé, le sien et celui des autres, les mots changent en effet de sens. Alors, lorsque notre armée réapprend la couleur du sang, l’honneur peut-il retrouver un sens perdu ? En d’autres termes, en quoi l’honneur peut-il être utile au chef tactique, au chef militaire qui combine les moyens dont il dispose afin de remplir la mission que lui ont confiée stratèges et politiques ? Faut-il le remplacer sur les étendards par « respect et dignité », devise plus actuelle et plus moderne ? Le lecteur se doutera que ces quelques mots visent à remettre l’honneur à sa place, y compris dans le domaine de la tactique : la première car, au fond, lui seul oblige vraiment.
La tactique, à la fois art et technique qui vise à remplir la mission confiée, ne suffit pas. Elle est utilitaire. Elle cherche à atteindre l’objectif fixé, le plus souvent la victoire. Elle adapte les moyens à la fin recherchée. Mais elle est insuffisante, car l’application pure de la technique, sans référence extérieure à un système de valeurs, peut conduire à l’échec. En effet, on peut perdre une bataille gagnée sur le terrain par des outrances dans l’utilisation des moyens. On peut perdre par le fameux hubris, ce paroxysme de l’orgueil qui permet tous les excès. Et l’action militaire qui a permis le succès tactique peut conduire à la défaite par le discrédit causé tant dans les rangs de l’adversaire que chez les alliés. L’expérience israélienne de l’été 2008 en est une bonne illustration. Le cinéma américain inspiré par l’histoire militaire récente des États-Unis montre également bien les limites de l’utilitarisme tactique. Même si ces œuvres sont parfois peu militaristes, elles rendent bien compte d’un malaise réel dans la société américaine6.
Et c’est un paradoxe. Les guerres dites coloniales, en Asie et en Afrique du Nord, avaient laissé croire que le soldat serait désormais un être parfaitement civilisé, que de tels problèmes ne se poseraient plus, que l’efficacité militaire était scientifique et propre. Les conflits récents, en Afghanistan comme en Irak, rappellent une vérité simple : quand le sang a coulé, rien n’est plus pareil. Les démons sont réveillés et la tactique ne suffit plus. Les plus bas instincts auxquels les hommes font appel pour tuer, même « dans les règles », sont difficilement maîtrisables. Hélie de Saint Marc le décrivait bien7. On ne pensait pas que cela pouvait être si actuel. Il faut alors au chef beaucoup de force morale et de clairvoyance pour ne pas utiliser ces instincts mais les refréner et savoir limiter la violence à sa juste suffisance. Un certain nombre d’officiers de notre génération a pu le voir en Afrique ou en Afghanistan : quand le sang français est versé, l’instinct du guerrier resurgit au fond des hommes. Il faut que cela se paye, d’une manière ou d’une autre. Et tout le monde sait que ce n’est pas bien. Il faut donc des chefs conscients.
L’éthique donne-t-elle cette conscience, apporte-t-elle ce qu’il manque à la tactique pure ? Un « référentiel éthique » approprié, développé par des lectures et des enseignements adaptés ? Prépare-t-elle le chef à ces heures fatales ?
Certes, cette science de l’agir humain, du bien-agir, déjà décrite par Aristote, est indispensable. Il faut des règles de comportement, des principes, des repères pour éclairer le jugement et faire que l’action ne soit pas sourde et aveugle mais, au contraire, éclairée par le juste jugement des hommes qui l’initient et qui la conduisent. Il faut donc étudier l’éthique, comme la morale8, notamment par le moyen de cas concrets.
Mais l’éthique et la morale sont par nature angéliques. Elles ne veulent pas mettre les mains dans la boue. Leurs principes sont idéaux et propres. La guerre est sale. Ils sont la perfection vers laquelle on tendra. Mais ils sont prudes et difficilement concrets9. Comme le remarque Guy Sager, comment peut-on raisonner froidement la guerre, bien confortablement assis dans un fauteuil sans nulle idée des fantastiques défis auxquels est confronté le soldat dans son trou, dans le froid, face à l’ennemi, la fatigue et le sang10 ? Comment peut-il savoir où est la ligne à ne pas franchir ? Est-ce le droit qui la donne ?
En effet, posant des interdits pénaux, le droit donne des indices. Tout comportement abusif ou déviant est reconnaissable au fait qu’il est redevable de la justice et qu’il peut envoyer son auteur en prison. Certes.
Non omne quod licet honestum est (« Tout ce qui est autorisé n’est pas juste ») dit le proverbe romain. Des choses peuvent être légales et mauvaises, et par extension illégales et bonnes. Comment décrire le travail du juriste qui doit éditer des règles d’engagement pour autoriser un pilote de chasse à larguer une bombe en lui donnant le visa légal d’un certain degré de dommage collatéral. Est-ce suffisant sans la conscience de l’homme qui largue la bombe ?
De plus, la justice est aveugle. Les juges civils appliquent une réglementation civile, de temps de paix, dans des situations où nos camarades sont confrontés à ce qui se rapproche de la guerre et qui n’a véritablement rien de comparable avec le contexte normal de la loi11. Pour autant, force doit rester à la loi. C’est une question d’ordre public. Mais la guerre et la crise, contextes naturels de l’action des militaires, sont par excellence le domaine des exceptions.
Alors le droit, bien mal adapté aux situations exceptionnelles de telle ampleur, pourtant souverain et indispensable, ne suffit pas. Il prescrit, il répare. Il condamne a posteriori. Mais il ne remplace pas la conscience.
C’est le sens de l’honneur qui vient apporter la clé, la solution. L’honneur peut être théoriquement difficile à définir mais son contenu est clair pour chacun. Il est une valeur morale, non une science morale comme l’éthique. Et il suffit de songer aux différents moyens de le perdre, aux voies qui mènent au déshonneur, pour éclairer clairement sa conduite. Car l’honneur, toujours selon Vigny, c’est la « conscience exacerbée »12. C’est donc le sens de l’honneur qui permet d’agir proprement et qui fait que l’on gardera sa propre estime, celle de ses hommes, de ses chefs, celle de son unité, de son étendard et de la France – et même parfois celle de l’ennemi. Mais ce n’est pas si simple.
Car l’honneur est d’abord subjectif. Boule de Suif en est une illustration parfaite13. Cette sympathique prostituée voulait mettre un point d’honneur à ne pas coucher avec un soldat allemand. Ses compagnons de voyage, bloqués dans une auberge par le désir germanique, l’ont convaincue que son honneur devait au contraire la mener vers le sacrifice. Une fois la chose faite et les compagnons libérés, la pauvre héroïne a été bien mal payée de son acte. Maupassant nous offre là, par anticipation, une belle parabole des tiraillements de l’honneur durant le xxe siècle, dans les années 1940 et dans les années 1960. Quelles méditations ne nourrissent pas dans nos esprits les tristes expériences de nos anciens d’Algérie. Le film de Pierre Schoendoerffer, L’Honneur d’un capitaine (1982), l’illustre magnifiquement.
Ensuite, l’honneur est relatif. Il ne se décline pas de la même manière suivant la personne qui l’exerce. L’honneur du soldat14 est dans l’exécution de sa mission, au péril de sa vie. Même si la situation est désespérée, mal conçue, stupide, il lui faut se battre. Si la cause était mauvaise, et s’il y reste, il tombe tout de même au champ d’honneur. L’honneur du chef politique et stratégique est tout autre. Nous ne l’aborderons pas ici. C’est celui du chef tactique qui nous intéresse.
Son honneur est de remplir la mission qui lui a été donnée par son chef stratégique, et de le faire aux moindres frais : en préservant autant que possible la vie de ses hommes, mais aussi leur intégrité juridique, psychologique et morale. Y compris leur propre honneur d’homme. Il est du devoir du chef d’être compétent. C’est-à-dire de ne pas engager de si grands biens avec légèreté. Mais il doit pouvoir refuser s’il engage cette intégrité de manière manifestement outrancière15.
Dans le feu de l’action, seul l’honneur peut permettre de surmonter l’immense difficulté d’apprécier l’illégalité manifeste et la proportionnalité de la violence de la riposte. Dans ce contexte, lui seul oblige, car il est la conscience exacerbée. Et l’honneur possède cette caractéristique d’être à la fois la fin et le moyen. Il est la conscience, et il est le bien qui peut se perdre et même se gagner.
Ainsi, pour le chef tactique, l’honneur est ce qui permet de mettre l’ensemble de son action en cohérence : la tactique seule, l’éthique et la morale, le droit sont indispensables mais ne suffisent pas. L’honneur est bien à sa place sur les étendards, car c’est lui qui doit donner le ton et le sens. Et finalement, si le chef tactique arbore la Légion d’honneur, ce doit bien en être la raison. L’honneur, poésie du devoir et conscience exacerbé est bien à sa place : la première !
1 Alfred de Vigny, Journal d’un poète, 1867.
2 François Lagrange, « Les combattants de la “mort certaine”. Les sens du sacrifice à l’horizon de la Grande Guerre », Cultures & Conflits n° 63, automne 2006, url : http://www.conflits.org/index2113.html.
3 Parfaitement illustré par le film de Clint Eastwood, Lettres d’Iwo Jima (2006).
4 Henri Hude, L’Éthique des décideurs, Paris, Presses de la renaissance, 2004.
5 Michel Goya, La Chair et l’Acier. L’invention de la guerre moderne (1914-1918), Paris, Tallandier, 2004.
6 Par exemple le film de Paul Haggis, Dans la vallée d’Elah (2007).
7 Hélie de Saint Marc, Mémoires. Les Champs de braise, Paris, Perrin, 1995.
8 Sans entrer doctrinalement dans la différence entre éthique et morale, l’éthique est étudiée dans les écoles militaires tandis que la morale, parfois jugée réactionnaire, est laissée à l’appréciation de chacun, en référence à ses propres valeurs, notamment religieuses.
9 La subtile distinction entre la force, qui serait bonne, et la violence, qui serait mauvaise, en est un exemple. Selon le Petit Robert, la violence est l’acte par lequel s’exerce la force, au besoin contre la volonté de celui qui la subit.
10 Guy Sager, Le Soldat oublié, Paris, Robert Laffont, 1967.
11 Bon nombre d’entre nous l’a déjà expérimenté, et l’institution militaire est bien mal à l’aise face au droit et au juge.
12 Alfred de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, 1835.
13 Guy de Maupassant, Boule de Suif et autres nouvelles, 1880.
14 L’honneur figure d’ailleurs dans le « Code du soldat ».
15 L’obligation de dire non à un ordre manifestement illégal figure dans le règlement de discipline générale.
Honour, described as the “poetry of duty” by Alfred de Vigny1, is a somewhat outdated, old-fashioned concept. Redundant, it also carries a dangerous whiff of misplaced pride. Was it not honour that drove romantic students at Saint Cyr to charge in cassowary and white gloves in 1914 after taking an oath to second lieutenants Allard Meus and De Fayolle, resulting in what some historians have described as the quasi-suicide of the elites2? Was it not honour that characterised a murderous civilisation, imperial Japan, with its extreme interpretation of the concept3?
Henri Hude described honour as “the nesting instinct, a factor of war”4. Ethics prefer dignity and respect to honour. In terms of substance, respect is to dignity what dignity was to nobility. Thus, honour and nobility are values of the past. That blood spilt in vain in pursuit of an exaggerated and erroneous notion, in the name of values from another time, that of chivalry, as noted by Michel Goya in his reminiscence of the massacres of World War I.5
Yet “honour” is the only word that appears on all of our standards and flags, followed by the word “homeland” or “loyalty” as appropriate. When young recruits are presented to the standard and their colonel explains to them what their pleats contain, it is more difficult to describe honour than it is to describe the homeland or loyalty. Honour is the virtue of difficult times, said the commanding officer of the 2nd hussar regiment. No doubt this is true.
Given that the military has not been stretched in combat until now, we find it even more difficult to conceive of what military honour actually means. When blood is spilt, whether it be one’s own or that of others, the meaning of words can change. When our army again sees blood spilt in war, can honour rediscover a lost meaning? In other words, of what use is honour to the tactical officer or military officer who brings together the means at his disposal in order to complete the mission entrusted to them by strategists and politicians? Should the term be replaced on standards by “respect and dignity”, a more current and contemporary motto? The reader will doubt whether the intention of these words is to fact restore honour to its place, including in the area of tactics: the former since, in reality, it is the only one that places an obligation on them.
Tactics, a combination of art and technique intended to fulfil the mission, are not sufficient. They are utilitarian and set out to achieve the stated objective, which most often is victory. They adapt resources to the objective in question. However, they are insufficient, since the pure application of technique without an external reference to a system of values can result in failure. Indeed, it is possible to lose the battle won on the battlefield through the excessive use of resources. It can also be lost as a result of hubris, this climax of pride that allows all excesses, and the military action that facilitated tactical success can lead to defeat as a result of discredit both within the ranks of the adversary and those of its allies. The Israeli experience of the summer of 2008 is a clear demonstration of this. US cinema, inspired by the recent military history of the United States, also clearly shows the limits of tactical utilitarianism. While these films are at times militaristic, they do provide an account of a real malaise in American society6.
This is a paradox. The colonial wars in Asia and North Africa led to a belief that the soldier will now be a perfectly civilised individual, that such problems would no longer be raised, that military effectiveness was scientific and clean. Recent conflicts in Afghanistan and Iraq recall a simple truth: when blood has been spilt, there is nothing more similar. Demons have been awoken, and tactics no longer suffice. The most base instincts to which men resort to kill, even “under the rules”, are difficult to master. Hélie de Saint Marc describes it well7. It was not thought that this could be so current. The officer must have great moral strength and be very perceptive in order not to use these instincts, but rather to curb and be able to limit violence to what is absolutely necessary. A number of officers of our generation have seen this in Africa and Afghanistan: when French blood is spilt on the battlefield, the warrior instinct reappears within men. This must be paid for in one way or another. Everyone knows that this is not positive. Officers must therefore be aware.
Do ethics provide this awareness, provide what is missing to pure tactics? A suitable “ethical reference point” developed out of adapted readings and teachings? Does it prepare the officer for these fatal hours?
Admittedly, this science of human behaviour, of correct action, already described by Aristotle is indispensable. There must be rules of conduct, principles and criteria to clarify judgment and ensure that action taken is neither deaf nor blind, but rather enlightened by the judgment of those who initiate and conduct said action. Therefore, ethics, like morals, should be studied8, in particular using specific cases.
However, ethics and morals are angelic in nature; they do not wish to put their hands in the mud. Their principles are ideal are clean. War is dirty. They are the perfection towards which one strives. However, they are prudish and difficult to express in concrete terms9. To quote Guy Sager, how can one reason in favour of war, sit back comfortably in an armchair blissfully unaware of the fantastic challenges faced by soldiers in a hole in the cold, facing the enemy, fatigue and blood10? How can one tell where the line is that should not be crossed? Does the law state where this line lies?
Indeed, with its penal prohibitions, the law does provide clues. All abuses and deviant behaviour can be recognised due to the fact that they are subject to justice and can see their authors sent to prison.
According to the Roman proverb, non omne quod licet honestum est (“What is permissible is not always honorable”). Things can be legal yet bad, and by extension illegal yet good. How to describe the work of a lawyer who must publish rules of engagement to authorise a fighter pilot to drop a bomb, by giving them legal authorisation for a degree of collateral damage? Is this sufficient without the awareness of the man who drops the bomb?
Moreover, justice is blind. Civil judges apply civilian peacetime regulations in situations in which our comrades face what resembles war and which cannot be compared with the normal context of the law11. For all that, the use of force must remain within the law. It is a question of public order. But war and crisis, natural contexts for action by the military, are the area of exceptions par excellence.
Thus, the law, which is not well suited to exceptional situations on such a scale and which is nevertheless sovereign and indispensable, is not sufficient. It prescribes, it makes amends, it punishes a posterior, but it is not a substitute for awareness.
It is the sense of honour that provides the key, the solution. While honour can be difficult to define in theoretical terms, what it entails is clear to everyone. It is a moral value, not a moral science such as ethics. Suffice to ponder the various ways to lose it, the roads to dishonour, to make it clear how to behave according to this value. Honour, to cite Vigny once more, is “exaggerated awareness”12. Thus, it is the sense of honour that allows people to act in a proper manner and retain their own self-esteem, the esteem of their men, their officers; that is, of their unit, their standard and of France—and on occasions, the esteem of the enemy. However, it is not that simple.
First of all, honour is subjective; Boule de Suif is a perfect illustration of this13. This pleasant prostitute wanted to make it a point of honour not to sleep with a German soldier. Her travel companions, imprisoned in a hostel by the Germans, convinced her that her honour should instead lead her to make sacrifices. Once the deed was done and her companions set free, the poor heroine was poorly rewarded for her actions. Here, Maupassant provides us with a beautiful parable of the pangs of honour during the 20th century, in the 1940s and 1960s. Such thoughts do not feed in our minds the sad experiences of our veterans in Algeria. This is illustrated magnificently in the Pierre Schoendoerffer film, L’honneur d’un capitaine (1982).
Finally, honour is relative; the way it is seen differs depending on the person who exercises it. The honour of a soldier14 lies in the execution of their mission, at the risk of their life. Even if the situation is desperate, ill-conceived and stupid, it must be overcome. If the cause is a bad one and remains so, it nevertheless falls upon honour. The honour of the political and strategic leader is something altogether different, but we will not address it here. It is the honour of the tactical officer that is of interest to us here.
The honour of the tactical officer is to fulfil the mission entrusted to them by their strategic officer, and to do so at the lowest cost: by preserving the lives of as many of his men as possible, as well as their legal, psychological and moral integrity, including their own personal honour. It is the duty of the officer to be competent, i.e. not to take such commitments light-heartedly. But they must be able to refuse if it clearly represents an excessive engagement for this integrity15.
In the heat of battle, only honour can allow us to overcome the immense difficulty in appreciating clear illegality and the proportionality of the violence of the response. In this context, it is only an obligation on them, since it is exaggerated awareness. Honour is both the means and the ends. It is awareness, and can be lost as well as found.
Thus, for the tactical officer, honour is what brings together his actions as a whole: while indispensable, tactics, ethics and morals and the law on their own are not sufficient. Honour is in its rightful place on standards; it is what sets the tone and provides its meaning. Finally, if the tactical officer is a holder of the Legion of Honour, thus must be the reason. Honour, the poetry of duty and heightened awareness, is in its right place: at the forefront.
1 Alfred de Vigny, Journal d’un poète, 1867.
2 François Lagrange, “Les combattants de la “mort certaine”. Les sens du sacrifice à l’horizon de la Grande Guerre”, Cultures & Conflits n° 63, autumn 2006. http://www.conflits.org/index2113.html.
3 Clearly illustrated in the Clint Eastwood film Letters from Iwo Jima (2006).
4 Henri Hude, L’Éthique des décideurs, Paris, Presses de la Renaissance, 2004.
5 Michel Goya, La Chair et l’Acier. L’invention de la guerre moderne (1914-1918), Paris, Tallandier, 2004.
6 Such as the Paul Haggis film In the Valley of Elah (2007).
7 Hélie de Saint Marc, Mémoires. Les Champs de braise, Paris, Perrin, 1995.
8 Without exploring in doctrine terms the difference between ethics and morals, ethics is studied in military schools while morals, which are sometimes considered reactionary, are left to the appreciation of each person with reference to their own values, in particular religious values.
9 The subtle distinction between force, which is positive, and violence, which is not, is one example of this. According to the Petit Robert, violence is the act whereby force is exercised as required against the will of the person who suffers from it.
10 Guy Sager, Le Soldat oublié, Paris, Robert Laffont, 1967.
11 A large number of us have already experienced this, and the military institution found it difficult to face the law and the court.
12 Alfred de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, 1835.
13 Guy de Maupassant, Boule de Suif et autres nouvelles, 1880.
14 Honour also appears in the Soldier’s Code.
15 The obligation to refuse to obey an order that is clearly illegal is contained in the Regulations on General Discipline.