La Première Guerre mondiale est un conflit moderne. Au cours de celui-ci et pendant la démobilisation, période tout aussi importante dans les transformations socioculturelles de la France, les progrès industriels, militaires, sociaux et technologiques ont été considérables. De la mise au point d’armes nouvelles, tels que les gaz ou les porte-avions, à l’utilisation des ondes pour les communications, en passant par le travail massif des femmes pour pallier l’absence des hommes, la période 1914-1919 est logiquement présentée dans l’historiographie comme un temps de rupture qui précipite les nations en guerre dans le xxe siècle.
Dans la continuité de la démonstration du processus de modernisation que connaît la France au cours de la Grande Guerre, cette présente étude du football à l’intérieur des villages en guerre se propose d’identifier les conditions du renouveau de la culture physique dans les zones rurales françaises. Dans un contexte d’hégémonie scolaire et militaire de la gymnastique, et de prédominance des jeux traditionnels en France avant le conflit, il s’agit d’étudier l’intégration des sports modernes, et plus particulièrement du football, au sein des villages de la zone des armées1.
À ce jour, peu d’études fournissent des indications susceptibles de rendre compte de l’essor rural du ballon rond avant la Première Guerre mondiale. Dans sa thèse consacrée au sport rural en Seine-et-Oise, Tony Froissart précise toutefois que, jusqu’en 1919, l’implantation du football est périurbaine2. Un exemple qui révèle que le développement de ce sport est corrélé à la proximité de la population avec le monde industriel moderne. Dans le Pas-de-Calais et dans le Var, l’étude de son enracinement réalisée par Olivier Chovaux et Jean-Claude Gaugain confirme le lien étroit qui semble exister entre le football et la modernité : seuls les villages qui accueillent une industrie et qui sont reliés au monde moderne par la voie de chemin de fer Toulon-Saint-Raphaël possèdent une équipe3. Constat identique dans le bassin minier, où les quelques exemples de football rural recensés avant-guerre concernent des villages qui jouxtent les grands centres industriels4. En 1914, dans une France encore majoritairement rurale5, la pratique du football est donc à considérer comme un phénomène industriel et urbain, qui s’est développé dans le triangle Nord-Normandie-Paris ainsi que dans le sud-est de la France.
Dans le département de la Somme, et plus particulièrement dans l’arrondissement d’Abbeville, lieu privilégié de notre étude et qui accueille pendant la Grande Guerre près d’une centaine de milliers de soldats alliés, la culture physique des populations rurales est identique à celle de l’ensemble du territoire national. Avant l’implantation en masse des camps militaires britanniques, les pratiques conscriptives6, en particulier le tir, du fait de l’importance alors accordée à la chasse, mais aussi les sports traditionnels, comme la balle au tamis, occupent l’espace alloué aux distractions physiques dans les villages. Aucune trace de football n’y est recensée, ce qui démontre une véritable conformité de la culture physique des territoires maritimes de la Somme avec la tradition dix-neuvièmiste française. La choule, qu’Eugen Weber décrit comme une empreinte des terroirs de la France rurale du xixe siècle, est d’ailleurs encore pratiquée jusqu’en 1914 « une fois l’an, le jour de mardi gras » à Ailly-le-haut-clocher7.
À partir d’août 1914, le départ des hommes aux armées ainsi que l’arrivée de millions de soldats alliés engendrent un changement brutal des habitudes et des modèles de pratiques physiques au sein des villages situés à l’arrière du front Ouest (majoritairement des territoires maritimes de la Somme et du Pas-de-Calais). La mise en sommeil forcée des sociétés conscriptives et de jeux traditionnels, consécutive à la mobilisation et à la disparition des hommes au champ d’honneur, se voit subitement compensée par l’introduction des pratiques sportives alliées. Dès l’enlisement du conflit dans une guerre de tranchées, à partir d’octobre 1914, le football est pratiqué par les soldats britanniques. De façon informelle et spontanée, des matches sont organisés dans les champs situés à l’arrière du front. À la suite des Tommies, les poilus, ainsi que les soldats allemands, s’adonnent à des parties de football au retour du front. Pendant toute la durée du conflit, et au-delà lors de la démobilisation, la pratique du football connaît ainsi, dans toutes les armées et à l’arrière de tous les fronts, une croissance vertigineuse.
La constitution d’un « foyer footballistique »8 dans la zone des armées engendre en effet une acculturation sportive de l’ensemble de la population française qui rompt avec l’hégémonie des pratiques conscriptives. Alors que l’analyse de la pratique quasi quotidienne des Tommies au sein des villes de garnison a montré toute l’influence de la présence britannique dans l’essor de ce sport au sein des populations urbaines9, en quoi le redéploiement des troupes britanniques, à la suite des offensives allemandes du printemps 1918, marque-t-il une accélération de la transformation de la culture physique traditionnelle au profit de l’introduction d’une culture sportive moderne au sein des populations rurales de la zone des armées ?
- Le tournant de 1918
L’existence d’une relation entre les combats et les conditions de développement du sport se vérifie tout au long de la guerre. En l’occurrence, si l’installation du conflit dans une « guerre de tranchées » fin octobre 1914 provoque le développement du football dans les armées10, la reprise de la « guerre de mouvement », au printemps 1918, engendre quant à elle une occupation nouvelle de l’espace à l’arrière du front et ouvre la dimension rurale du football en guerre.
En mars 1918, en effet, l’armée allemande profite de l’armistice signé avec la Russie pour concentrer ses forces sur le front Ouest. Dès lors, le rapport de force est modifié et l’Allemagne, forte de sa supériorité numérique temporaire, rompt les lignes franco-britanniques en Picardie (mars), dans les Flandres (avril) et en Champagne (mai). Cette percée oblige les Alliés à reculer et à se repositionner vers les territoires maritimes de la zone des armées. La brèche ouverte dans la région de Péronne-Montdidier le 21 mars 1918 entraîne, par exemple, l’arrivée de nombreuses troupes anglaises dans la vallée de la Somme. En l’espace de quelques jours, vingt-cinq mille soldats britanniques sont ainsi rassemblés dans l’arrondissement d’Abbeville, à l’intérieur duquel « tous les villages, même les plus perdus, les plus excentriques, sont bondés de troupes et de canons »11. Le 9 avril, l’attaque allemande dans les Flandres produit les mêmes effets et engendre un repositionnement des armées de l’Entente sur la Côte d’Opale. Berck et sa région accueillent alors des milliers de soldats alliés12. Devant la menace, et afin de stopper l’armée allemande, l’état-major britannique rapatrie dans la Somme des troupes situées plus à l’est. En juin, la 8th Division (10 000 soldats), en provenance de Reims, se disperse ainsi dans plusieurs villages de l’arrondissement d’Abbeville, comme à Friville-Escarbotin, Hangest, Huppy, Longpré-les-Corps-Saints et Pont-Rémy13.
D’un point de vue logistique, l’arrivée massive de ces contingents dans les zones rurales s’accompagne de l’implantation de nombreux cantonnements. Selon leur habitude, les Britanniques louent des terrains afin de s’installer confortablement. Leur présence ne passe pas inaperçue. Dans certains villages, les paysans sont même circonspects de voir se construire des camps militaires sur leurs terres. Mais en dépit de quelques réticences, les soldats sont accueillis chaleureusement, la curiosité de la jeunesse l’emportant souvent sur la méfiance des hommes présents, trop âgés pour être mobilisés.
Sur le même modèle que dans les villes qui accueillent des troupes britanniques depuis 1914, l’implantation de camps militaires alliés dans les zones rurales entraîne un contact immédiat des habitants de celles-ci avec le football, dont la pratique, en 1918, fait en effet partie du quotidien des Tommies à l’arrière du front14.
- Les terrains de football britanniques,
agents d’acculturation de la population rurale
Quand les troupes britanniques affluent au printemps 1918 dans les campagnes des territoires maritimes de la zone des armées, elles se trouvent confrontées à un problème : l’absence de terrain de football. En conséquence, pendant leur temps libre, et en application de l’ordonnance de l’été 1916 du général Gough qui préconise l’élaboration d’installations sportives dans chaque camp militaire, les soldats s’attèlent à l’aménagement de terrains de sport à proximité de leurs cantonnements15.
La multiplication des football areas dans les villages de l’arrière-front représente le premier élément de la diffusion de la culture sportive britannique dans les zones rurales. Agents d’acculturation à part entière, ces terrains permettent aux populations autochtones, dépourvues de références culturo-sportives, de se familiariser avec le sport made in England par l’observation, puis par la pratique suite à l’invitation des soldats alliés à venir shooter dans la balle.
Jusqu’à la fin du conflit, l’implantation des camps militaires britanniques et la construction d’infrastructures sportives représentent le facteur principal de l’introduction du football dans les villages de la zone des armées. La preuve de l’aménagement de ces terrains a été trouvée grâce à la consultation des déclarations de demandes d’indemnisation effectuées par les agriculteurs pour l’occupation de leurs terres. Le cas de Lisbourg est représentatif. Arrivé début juin 1918 dans cette petite commune située au sud de Saint-Omer, le 1er régiment de la 1ère armée loue, entre le 19 juin et le 1er octobre, quatre hectares quatre-vingts de terres à Louis Dupont, cultivateur, pour y établir ses quartiers et y aménager un terrain de football16. Pendant quatre mois, les populations autochtones ont alors tout le loisir d’observer les soldats britanniques s’adonner à leur sport favori. Après leur départ, le chanoine Achille Le Sueur indique que ces terrains de sport, parfois situés en pleine campagne, sont utilisés par les ruraux pour se défouler. Un phénomène qui s’amplifie au-delà de la guerre, puisqu’en 1919, on recense cinq villages dans l’arrondissement d’Abbeville17 et cinq dans celui de Montreuil-sur-Mer18 équipés de terrains de football.
Dans les camps qui accueillent un dépôt de munitions, une gare et/ou un hôpital, l’aménagement d’installations sportives est plus développé. On recense ainsi un terrain de football, un ring de boxe et, dans certains cas, comme à Auxi-le-Château, Érondelles et Les Attaques, un « foyer du soldat » de la Young Men’s Christian Association (ymca). À l’arrière du front, les foyers du soldat se fixent pour objectif d’améliorer la vie des combattants en leur proposant la vente de nourriture, une tente pour la lecture et la possibilité de faire du sport19. Installées dans la zone des armées, ces associations de jeunes gens, prônant la diffusion du modèle du Muscular Christian, offrent aux populations rurales une occasion supplémentaire de découvrir et d’apprendre les sports. Dans les faits, et sur la base de celui d’Érondelle, le foyer du soldat comporte deux tentes, « l’une, servant de cantine, de restaurant, de concert, […] [et l’autre] servant d’appartement, de réfectoire au directeur et aussi de salle de prêche. […] Entre ces deux tentes, un vaste terrain sert aux exercices en plein air qui sont un des buts de l’association »20.
Selon la description faite par le chanoine Achille Le Sueur, on y trouve aussi un grand terrain de football, un court de tennis et un de badminton, un ring de boxe, un terrain de volley-ball, un de basket-ball et un de cricket. Plus intéressant encore, il semble que la vocation religieuse de la ymca soit relayée au second plan par le directeur du camp qui consacre la plupart de son temps à l’organisation de manifestations sportives. Situé sur la ligne de chemin de fer Étampes-Amiens, à mi-chemin entre les dépôts de formation et le front, le foyer du soldat d’Érondelle accueille des compagnies de soldats alliés venues de tous horizons et attire, au sein de la population locale, les « curieux »21.
L’installation des ymca dans les villages français est une véritable révolution culturelle. Dans une société rurale héritée du xixe siècle où « l’effort gratuit du sport s’opposait à l’effort utile des travaux des champs »22, les activités sportives des soldats alliés sont en rupture avec la culture locale. Restées fidèles aux pratiques conscriptives et aux jeux traditionnels, les populations rurales des territoires maritimes de la Somme et du Pas-de-Calais sont alors soumises à une véritable prise de conscience de l’existence de modèles modernes de pratiques sportives. La présence d’un terrain de football et, a fortiori, d’une ymca, se révèle être un agent d’acculturation à l’origine de la modernisation de la culture sportive rurale française.
- La démobilisation ou l’influence britannique
sur l’essor du football rural
Au sortir de l’été 1918, les victoires alliées et le recul allemand font espérer aux populations de la zone des armées un retour à la vie du temps de paix. Dans un contexte de détente, les matches de football se multiplient. Preuve de l’introduction de ce sport dans la culture rurale, ces rencontres sont organisées en clôture des concours de gymnastique. C’est le cas le 22 septembre 1918, à l’occasion du concours subdivisionnaire d’instruction publique de Longpré-les-Corps-Saints23. Ce phénomène n’est pas isolé. Il se répand notamment sur l’ensemble du littoral de la Somme et de la Côte d’Opale (Abbeville, Boulogne-sur-Mer, Calais) pour aboutir, lors de la démobilisation, à la création de « onze » au sein des sociétés de gymnastique ou de préparation militaire. Sous l’impulsion de la présence britannique, les sociétés conscriptives s’imposent donc comme le support du développement du football en zone rurale.
Jusqu’au début des années 1920, la proximité entre les soldats-sportifs alliés, davantage disponibles, et la jeunesse masculine rurale, continue de soutenir le développement du football rural. Dans une période de reprise de la vie associative, on observe ainsi la création de plusieurs équipes. En janvier 1919, par exemple, naît le Sporting Club de Pont-Rémy. Son premier match officiel a lieu le 24 du mois à Abbeville contre la deuxième équipe du Sporting Club abbevillois. Pour le match retour, l’équipe pont-rémoise accueille son adversaire sur le terrain de la ymca d’Érondelle24. Le long de la Somme, d’autres communes profitent également des installations sportives britanniques et de la dynamique créée autour du football pour constituer des équipes. C’est le cas d’Airaines en janvier 1919 (Étoile sportive airainoise) ou d’Érondelle en septembre 1920 (Union sportive érondelloise)25. En dehors de l’arrondissement d’Abbeville, le football rural se développe dans la banlieue boulonnaise comme à Alprecht, à Ningles ou encore à Hesdigneul-lès-Boulogne. Alors que ce sport est absent des communes rurales de la zone maritime de la Somme et du Pas-de-Calais avant-guerre, la présence d’au moins une équipe dans quinze villages en 1920 démontre l’influence de la Grande Guerre, et de la présence britannique, dans l’initiation de la population rurale en guerre.
Il convient également de noter le rôle des soldats britanniques dans le soutien à la pratique. Les équipes rurales nouvellement créées disputent ainsi souvent leur premier match avec l’aide des Britanniques qui leur procurent un ballon, le terrain, mais aussi un arbitre. Ainsi, le dimanche 12 janvier 1919, le match qui oppose l’Étoile sportive airainoise à l’Association sportive de l’école moderne d’Oisemont est arbitré par un soldat anglais26. Les soldats britanniques sont également des adversaires idéaux, toujours prêts à taper la balle. Dans ce « moment sportif » exceptionnel que connaît la France pendant la démobilisation, les matches se multiplient entre les équipes civiles françaises et des équipes britanniques ou australiennes. C’est le cas par exemple pour l’Union sportive de Rue qui rencontre par deux fois, fin avril 1919, une équipe australienne27.
Enfin, outre leur implication dans le bon déroulement des matches, les militaires britanniques interviennent aussi dans la création de clubs de football. Cette action directe en faveur de la structuration du sport rural n’a lieu que dans quelques villages privilégiés. À Saigneville, par exemple, la présence d’un dépôt de munitions britannique, dont l’activité se poursuit jusqu’en 1921, donne le temps aux soldats de s’intégrer à la vie sportive locale et de déclarer officiellement un club de football à la préfecture de la Somme : le Saigneville Football Club28 ; un moyen pour eux d’être reconnus par les autorités sportives françaises et de participer au championnat de football local. Le 3 septembre 1921, au moment de leur départ, ils effectuent une passation de direction avec les joueurs du village afin d’assurer la pérennité du club. Au-delà de l’acculturation, c’est véritablement une leçon particulière de sport moderne que donnent les Tommies à la population rurale française de la zone des armées.
- Conclusion
La fin de la démobilisation des troupes britanniques au début des années 1920 laisse des traces indélébiles dans la culture sportive rurale du nord de la France. Après 1918, l’organisation de fêtes sportives, mais surtout la création de terrains et de clubs de football par les Tommies résonnent en effet comme une interpénétration de la modernité sportive britannique avec la tradition gymnique française qui place la population rurale des villages de la zone des armées dans une situation d’acculturation sportive.
Alors qu’avant la guerre, la gymnastique et les jeux traditionnels étaient les seules activités physiques des villages de l’arrière-front, le football, pratiqué en 1920 par une partie de la jeunesse masculine rurale, témoigne d’une véritable rupture culturelle entre les deux époques. La pratique du football dans les villages de l’arrière-front symbolise notamment le passage de la tradition à la modernité. Un glissement opéré grâce à l’introduction d’un nouveau modèle de masculinité : le soldat-sportif allié29.
Dans l’arrondissement d’Abbeville, dans l’immédiat après-guerre, ce glissement se renforce sous l’effet de l’hécatombe humaine du conflit, qui provoque une diminution importante du nombre de sociétés conscriptives et de jeux traditionnels. Au moment de la reconstruction, la disparition des hommes au champ d’honneur donne un élan supplémentaire pour créer des équipes et des clubs à la jeunesse rurale, éduquée au football par les Tommies et sans doute soutenue par la « génération du feu »30 ayant pratiqué celui-ci dans les cantonnements. Même si la question de leur pérennité mérite d’être posée, une réalité semble aujourd’hui acquise : la Première Guerre mondiale marque une inflexion de la culture sportive française.
Au-delà de l’ouverture vers le monde rural du football, la Grande Guerre explique le passage de la culture physique traditionnelle française « dix-neuvièmiste », fondée sur les pratiques conscriptives et les jeux régionaux, à la naissance d’une culture sportive nationale « vingtièmiste », fondée sur les sports modernes. Car au-delà des différences sportives qui subsistent entre les territoires industriels et urbains d’une part et ruraux d’autre part, ce conflit provoque une harmonisation nationale des pratiques reconnues au titre de construit de la culture sportive française. Au sortir de la guerre, l’exemple le plus probant est bien entendu celui du football. En plus de connaître une phase de développement dans l’armée française et dans les villages de la zone des armées au cours du conflit, le nombre de ses pratiquants explose après la guerre, lui conférant le statut, qu’il n’a jamais quitté depuis, de « sport roi »31. En reprenant la théorie des espaces gelés d’Andrei Markovits32, il semble ainsi possible d’écrire qu’avec la Première Guerre mondiale, le football se positionne comme le sport national, ne permettant plus à aucune pratique de lui contester son hégémonie au sein de la culture sportive française.
1 « Initialement fixée dès le 2 août [1914], la zone des armées du Nord-Est connaît de nombreuses évolutions au long du conflit. Elle est séparée en deux parties : la zone de l’avant et la zone de l’arrière ou zone des étapes. La zone de l’avant est définie comme celle où se meuvent les troupes d’opérations. […] Le commandement y dispose des pouvoirs militaires et de police, mais également de nombreuses prérogatives liées à la vie quotidienne des populations. La zone de l’arrière-front, quant à elle, correspond à la zone de responsabilité des Directions des étapes et des services (armées, corps d’armée) ou de la direction de l’arrière (grand quartier général) : logistique, soutien, ateliers, dépôts. ». Par distinction, on appellera « zone de l’intérieur » la partie de la France « constituée des départements ou arrondissements du territoire national qui ne sont pas inclus dans la zone des armées et qui restent sous l’autorité du ministre » et non de l’armée. In François Cochet, Rémy Porte (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Robert Laffont, 2008, p. 1 089.
2 Tony Froissart, L’Impasse du sport rural. La Seine-et-Oise de 1881 à 1939, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2006, p. 96.
3 Jean-Claude Gaugain, Jeux, gymnastique et sport dans le Var (1860-1940), Paris, L’Harmattan, 2000, p. 185.
4 Olivier Chovaux, 50 ans de football dans le Pas-de-Calais. Le temps de l’enracinement (fin xixe-1940), Arras, Presses universitaires d’Artois, 2001.
5 En 1911, 56 % de la population française est rurale. Voir J.-C. Gegot, La Population française aux xixe et xxe siècles, Paris, 1989, p. 25.
6 Les pratiques dites conscriptives représentent l’ensemble des gymnastiques patriotiques et scolaires, le tir et la préparation militaire. Pour l’argumentation, se référer à Arnaud Pierre, Le Militaire, l’Écolier, le Gymnaste : naissance de l’éducation physique en France (1869-1889), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1991.
7 M. Sauty, « La choule à Ailly-le-haut-clocher », Bulletin de la société d’émulation historique et littéraire d’Abbeville, 1971. Et Eugen Weber, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, p. 549.
8 Arnaud Waquet, « La France en guerre, un creuset interculturel et sportif : l’exemple du football des soldats alliés sur le front Ouest (1914-1919) », Sciences sociales et sport n° 4, juillet 2011, pp. 141-164.
9 Arnaud Waquet et Thierry Terret, « Ballons ronds, Tommies et tranchées : l’impact de la présence britannique dans la diffusion du football au sein des villes de garnison de la Somme et du Pas-de-Calais (1915-1918) », Modern & Contemporary France, vol. XIV, n° 4, 2006, pp. 449-464.
10 Se référer à Tony Mason, Eliza Riedi, Sport and the Military. The British Armed Forces (1880-1960), Cambridge University Press, 2010 ; Arnaud Waquet, « Football aux armées pendant la Grande Guerre », in Les Sportifs français dans la Grande Guerre, (préface d’Antoine Prost), éd. Le Fantascope, collection du Mémorial de Verdun, 2010.
11 Chanoine Achille Le Sueur, Abbeville et son arrondissement pendant la guerre (août 1914-novembre 1918), F. Paillard, 1927, p. 42.
12 En réaction au recul des troupes britanniques, on constate une augmentation de leur présence dans la région de Berck à partir de 1918. P. Billaudaz, Berck à travers les siècles, tome II, Berck, 1978, p. 41.
13 J.H Boraston (Lt-colonel), E.O Bax (Captain), The Eighth division in War 1914-1918, London, Medici Society Limited, 1926, pp. 241-242.
14 Tony Mason, « Le football dans l’armée britannique pendant la Première Guerre mondiale », Histoire et société n° 18-19, 2006, pp. 62-75.
15 Par application de l’ordonnance du général Gough, commandant de la 5e armée de la British Expeditionary Force, qui ordonne en 1916 l’obligation de la présence d’un terrain de sport dans chaque camp militaire britannique. J.G Fuller, Troop Morale and Popular Culture in the British and Dominion Armies, 1914-1918, Oxford, Clarendon Press, 1990, p. 88.
16 Informations récoltées dans un courrier de réclamation du maire de Lisbourg adressé, le 22 avril 1922, au contrôleur départemental du service de reconstitution des régions libérées afin d’obtenir une indemnisation pour l’occupation des terres de Louis Dupont, cultivateur, par des troupes britanniques. Archives départementales, 10 R1/38.
17 Il s’agit des villages d’Airaines, de Friville-Escarbotin, de Gamaches, de Longpré-les-Corps-Saints et de Regnière-Écluse. Sources : La Somme, 7 décembre 1918 ; Le Télégramme du Pas-de-Calais, 15 août 1918 ; Le Pilote de la Somme, 27 septembre 1918 ; J.H Boraston, E.O Bax, 1926, op. cit, p. 242 ; Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R1/38.
18 Il s’agit des communes de Campagne-les-Hesdin, Fressin, Gouy-saint-André, Hucqueliers et Marconnelle. Sources : Le Télégramme du Pas-de-Calais, 19 août 1918, 28 août 1918 ; Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R1/38.
19 Sur le rôle des ymca pendant la Première Guerre mondiale, voir Thierry Terret, « Le rôle des ymca dans la diffusion du sport en France pendant la Première Guerre mondiale », in Pierre-Alban Lebecq, Sports, éducation physique et mouvements affinitaires au xxe siècle. T. I, Les Pratiques affinitaires, Paris, L’Harmattan, 2004, pp. 26-54.
20 Chanoine Achille Le Sueur, 1927, op. cit., pp. 194-195.
21 Ibidem, p. 195.
22 Ronald Hubscher (dir.), L’Histoire en mouvement. Le sport dans la société française (xixe-xxe siècle), Paris, Armand Colin, 1992, p. 39.
23 Le Pilote de la Somme, 27 septembre 1918.
24 Le terrain du Sporting club de Pont-Rémy (scpr) est en effet celui élaboré par la ymca dans la commune voisine d’Érondelle.
25 Cf. Le Télégramme du Pas-de-Calais, 16 janvier 1919, et Le Progrès de la Somme, 28 septembre 1920.
26 Le Télégramme du Pas-de-Calais, 16 janvier 1919.
27 Marquenterre et Ponthieu et l’avenir du Vimeu, 26 avril 1919.
28 Archives départementales de la Somme, KZ 2342.
29. Arnaud Waquet, « Sport in the Trenches: The New Deal for Masculinity in France », The International Journal of the History of Sport, vol. 28, n° 3, 2011, pp. 331-350.
30 Jean-François Sirinelli, « La génération du feu », 14-18 : Mourir pour la patrie, Paris, Le Seuil, 1992, pp. 298-311
(1ère parution L’Histoire n° 107, janvier 1988).
31 Expression empruntée à Alfred Wahl, Les Archives du football, sport et société en France 1880-1980, Paris, Gallimard/Juillard, 1989, p. 175.
32 Andrei S. Markovits, « Pourquoi n’y a-t-il pas de football aux États-Unis ? L’autre “exceptionnalisme” américain », Vingtième Siècle. Revue d’histoire n° 26, avril-juin 1990, pp. 19-36. Et Andrei S. Markovits, Steven L. Hellerman, Offside: Soccer and American Exceptionalism, Princeton University Press, 2001, pp. 19-20.