« Que ma prière devant toi s’élève comme un encens,
et mes mains comme l’offrande du soir »
(Psaume 140)
Les traditions religieuses affirment toutes, chacune à leur manière, que la prière est élévation. L’orientation des lieux de culte peut varier (selon les points cardinaux), mais l’axialité de bas en haut, de la terre au ciel, du sol vers la voûte céleste, de l’en-bas vers le Très Haut est une constante. Le haut, ne serait-ce que par l’élévation du corps humain des pieds à la tête, s’identifie au spirituel, à la sagesse, au divin. Les hauteurs ou les cieux désignent ce à quoi la nature humaine aspire comme ultime demeure de son chemin « ici-bas ». Prier, c’est donc s’élever. Mais où s’inscrit cette élévation dans l’expérience humaine ? S’élever oui, mais par rapport à qui, à quoi, en vue de quoi ?
D’autres démarches, d’autres initiatives que la prière visent à s’élever. On s’élève dans l’effort, on parle d’ascension sociale, on s’élève intellectuellement par la connaissance ou spirituellement par la culture. Conquérir une montagne, atteindre des sommets dans la virtuosité d’un art, dominer l’horizon social commun, parvenir aux hautes sphères du pouvoir ou de la connaissance : tout cela est élévation. Qu’est-ce que cela a de commun avec la prière et en quoi ces formes de chemin vers l’en-haut s’en différencient-elles ?
La recherche incessante de plus qualitatif, de plus puissant ou de plus loin font partie de l’humain. La pratique assidue du dépassement de soi est récurrente dans les cultures qui visent à la noblesse de l’homme. Quelle place y tient la prière ? Quelle élévation porte-t-elle ou permet-elle ? La prière est une élévation, aussi la meilleure manière d’en entrevoir la nature est de commencer par découvrir les formes d’élévation qui en donnent le goût. Comment mieux comprendre une expérience qu’en identifiant ce qui y dispose ou y conduit ?
Ce que révèle assez rapidement la pratique de la prière, c’est que celle-ci ne consiste pas à décoller. Au contraire, elle conduit normalement à un réalisme plus dense, plus large, plus intense. Prier, comme l’avait compris Benoît de Nursie, c’est descendre, à la lumière du Très Haut, dans le réel de soi1. Il nous faudra donc préciser comment se conjuguent élévation et incarnation.
Enfin, contrairement à la représentation première que l’on s’en fait, la prière, et donc l’élévation qu’elle favorise ou engendre, n’est pas purement solitaire. Si prier, c’est respecter et élever l’homme dans sa nature, celle-ci est inséparablement individuelle et collective. Prier, c’est donc s’élever ensemble. Mais comment et avec quels fruits ?
Le chemin de la prière, qu’il soit voie royale ou chemin de traverse, est un chemin qui monte. Jean de la Croix aimait parler de sentier de montagne.
- L’élévation conduit à la prière
S’adresser à Dieu, aux esprits ou se tourner silencieusement vers un au-dedans de soi ; accomplir un rituel sacrificiel ou louer le créateur ; répéter une phrase qui intériorise et rend plus attentif au mystère qui habite l’homme : tout cela est prière selon des formes et des modalités infiniment déclinables. Comment toutefois parvient-on à de telles expressions ou à de telles attitudes ? Certainement en se tournant vers plus grand que soi. C’est une démarche qui traverse le large spectre des expériences humaines : quelque chose pousse l’humain à ne pas se contenter de gérer ses acquis et s’installer dans le déjà connu de ce qui reste à portée de main. L’homme va vers plus haut, plus loin, à travers certaines expériences récurrentes. Nous en avons identifié quatre.
La première expérience consciente de l’élévation de soi est sans doute celle du regard. Lorsque nous aventurons notre vue vers le large, le vaste, le grand, du sommet d’une tour ou d’une montagne, face à l’océan, à l’étendue du désert, à l’immensité de la nuit étoilée ou à l’étendue illimitée de la plaine, l’âme s’élargit et s’élève. Plus encore, lorsque le spectacle qui s’offre aux yeux contient une certaine harmonie, une forme de beauté originelle, nous nous sentons presque aériens, propulsés dans l’espace qui s’ouvre à nous. Cette expérience, à l’occasion de la nature quand elle est immense, de la cité ou de la mégapole quand elle donne à voir l’ampleur de l’œuvre humaine, se retrouve de manière plus intime, plus intérieure dans celle de la beauté.
La beauté du visage et de la « figure » humaine, du corps, du geste ou de la voix, mais aussi la beauté dans l’art, quand une œuvre est traversée par l’ampleur du propos, la grandeur de l’interprétation ou l’extrême de ce qu’ils tentent d’exprimer, élargit l’esprit, dilate et élève l’âme. Évoquant la profondeur de l’homme ou son mystère, l’universalité du tragique qui le traverse ou des multiples sentiments qui l’assiègent, elle dit quelque chose qui dépasse nos horizons individuels et nous fait gagner en profondeur de champ et en élévation. L’art tend vers une forme d’absolu entre illumination et effroi, entre l’extase et la mort, et peut ainsi bouleverser notre existence et notre rapport au monde. Cette élévation, parfois douloureuse et difficile, vers l’absolu à travers le beau, est ce que sublime la prière de louange : « Élevez-vous portes éternelles, qu’il entre le Roi de Gloire », dit le psaume 23.
D’une autre manière, l’expérience d’aimer nous tourne vers l’autre comme plus grand que nous. Aimer, c’est déjà prier puisque c’est ouvrir notre existence et notre regard au mystère de la personne, et laisser cet autre nous sortir de nous-même et nous propulser vers un inconnu qui nous agrandit. Aimer, c’est se laisser hisser au-delà de soi et de ses limites dans l’accueil d’autrui. Aimer, c’est aussi accepter que le désir de plénitude nous porte plus loin que la satisfaction, la sécurité, le plaisir ou même la reconnaissance. C’est à la plénitude d’un Amour sans limite qu’aspire la personne qui aime, et ce d’autant plus qu’elle consent à l’étroitesse du temps, de l’espace et du concret dans lesquels la relation à autrui s’exerce. Se laisser emporter par quelqu’un que l’on aime vers les hauteurs du cœur est comme un premier pas vers l’élévation de l’âme vers le Très Haut dans la prière contemplative : « Emportez-nous toujours plus loin et très haut dans les splendeurs des cieux2. »
Plus simplement, mais avec une exigence analogue, l’action courageuse nous porte aussi plus loin que nous-même. Entreprendre avec des risques, aussi bien dans le domaine du travail que dans le secourisme, l’affrontement militaire, la solidarité, le sport ou l’aventure, relève du saut dans l’inconnu. Il s’agit d’un pari vers un « plus être » en intensité, en partage, en service d’autrui et de la cause humaine, c’est-à-dire vers une dignité et une noblesse accrues, vers de l’humain agrandi, densifié, surélevé. Aller au-delà du connu et de ses limites, c’est à la fois favoriser la perception de notre finitude, de notre fragilité et nourrir le désir d’un dépassement salutaire pour soi et pour autrui. Agir avec courage, c’est hisser l’humain plus haut et apprendre à l’envisager à partir d’une certaine grandeur, d’une certaine ambition de soi qui côtoie l’humilité et la gratitude. C’est, souvent dans la pauvreté de son être, découvrir des ressources que l’on ignorait, voire envisager, comme l’a fait l’ancien lieutenant Charles de Foucauld, de se risquer à l’abandon au Plus Haut : « Père, je m’abandonne à toi… »
Rechercher la sagesse, tendre sans cesse vers une compréhension plus grande de notre existence, c’est encore s’élever du plus profond de soi vers une vie plus unifiée et plus haute puisque c’est choisir que le mystère de la personne humaine soit effectivement au cœur de l’attitude intérieure et de la modalité de notre agir. Pour tenter de vivre à hauteur du plus noble de soi et gravir sans cesse cette dénivellation, il faut à la fois du courage et un mouvement qui emporte ses semblables plus loin, plus haut. L’exemplarité du sage a ainsi les vertus d’un premier de cordée qui élève et emporte les autres dans le sillage de sa quête et l’humilité de sa démarche.
Le mouvement d’élévation par la prière est donc préparé par ces expériences où l’homme « passe l’homme »3.
- S’élever, c’est descendre
L’expérience de l’humilité, et même d’une certaine dose d’humiliation, les temps d’enracinement et de latence, de récupération et d’approfondissement avant de s’élever par l’effort, la conquête, le dépassement de soi ou l’héroïcité sont des constantes de la vie humaine. Il faut descendre, prendre le temps des fondations avant de monter, s’élancer, aller vers la hauteur. La prière n’échappe pas à ce séquençage du corps, de la psyché et de l’esprit. On ne prie qu’en apprenant à redescendre, à se poser, à s’intérioriser, à se tenir à sa juste place : au sol. Les pieds sur la terre pour avoir mieux la tête dans le ciel, voire dans les étoiles. Nul n’échappe à sa condition de pesanteur et d’incarnation.
La prière cependant donne lieu à un approfondissement de cette expérience : on ne s’y élève que dans la mesure où l’on accepte qu’elle nous fasse descendre plus bas. Prier ne se pratique au long cours qu’au sein d’une certaine tension entre l’azur et la glèbe, entre l’universel et l’anecdotique, le nécessaire et le contingent, l’essentiel et le circonstanciel. S’abstraire un temps du continuum historique du chaos humain est possible, mais dans la durée il faut bien intégrer et réintégrer sans cesse le tohu-bohu de l’humain dans lequel notre existence corporelle nous insère. S’élever n’est plus alors possible qu’au prix de l’élargissement de l’esprit, en apprenant à accueillir le réel et tout le réel avec plus de densité, d’humilité, de hauteur et de légèreté. Ainsi, l’élévation de la prière déplie la richesse cabossée et confuse de la vie humaine pour en faire mieux apparaître les différentes strates : le silence cosmique de la matière de nos corps, le grouillement organique de la vie en nous, le spectacle tragico-dramatique de nos affects et le dégradé arc-en-ciel de la vie profonde de notre esprit, de l’éveil à la connaissance à l’oubli de soi dans l’adoration. La prière ne nous fait jamais autant percevoir la hauteur, la profondeur, la largeur de notre vie que parce qu’elle nous ramène au présent, à l’ici et maintenant de notre vie limitée pour l’ouvrir à l’infini. Vivre et prier progressivement se chevauchent, et le quotidien s’en trouve aéré de l’intérieur.
Prier est aussi originellement une tension intérieure vers plus grand que soi : notre être tente de se hisser hors de notre ego dans le désir de tutoyer les hauteurs. Lentement cependant, le volontarisme d’une telle posture s’atténue pour laisser la place à un accueil du Très Haut jusque dans le très bas de soi. La prière alors inexorablement dissout l’ego, ou tout du moins l’érode et laisse apparaître un « Je » fondamental, presque originel, celui de notre émerveillement devant le monde. Plus encore : l’homme souffrant, l’enfant perdu, la part errante de notre âme sont convoqués dans l’ouverture que la prière crée en nous à ne pas se résigner ou désespérer, à entrer dans l’espérance d’un salut, d’une issue, d’une résilience, d’une élévation entraperçue du fond de nos âmes. La prière est une promesse des hauteurs faite aux abîmes et aux gouffres de nos âmes blessées. L’humilité de la prière apprend ainsi à tenir chaque jour sa juste place de mendiant et de souverain. La souveraineté du priant n’est-elle pas d’ailleurs celle d’un mendiant exaucé, d’une argile transfigurée ? La prière nous incarne à la mesure qu’elle nous élève et nous élève à la mesure qu’elle nous incarne4.
Apparemment rien de plus solitaire que la prière, surtout quand elle est contemplative et qu’elle semble s’apparenter à l’ascension d’un huit mille mètres en solitaire et sans oxygène. Prier pourtant c’est, dans la lumière des moments qui nous traversent et nous dépassent (inspiration, héroïcité, don de soi, infini du désir), c’est-à-dire nous transcendent, consentir à être humain avec les humains, semblable parmi ses semblables, simple créature au sein de l’immensité du créé. L’élévation de la prière favorise paradoxalement la découverte de la richesse de « l’horizontalité ». Le priant vit au large au milieu de ses frères et sœurs humains, il ne se prend pas pour quelqu’un de différent, mais met sa différence au service du bien commun, du bien de tous en devenant témoin de la grandeur humaine. Rendre présent au ras du sol, au plus proche du parcours de chaque histoire personnelle, l’azur, jusque dans la boue des combats5, c’est ce à quoi nous voue la prière humaine.
La prière contribue donc à élever l’humanité un peu plus haut, elle est ce supplément d’âme que Bergson appelait de ses vœux pour ouvrir l’espace social, la culture et l’esprit humain pour la sortir de l’enfermement qui la sécurise. S’élever en montagne comme s’éloigner de la terre dans l’espace intersidéral, c’est prendre des risques et surtout celui de la liberté. En altitude, la moindre erreur peut être fatale : le juste et bon usage de la liberté de chacun détermine souvent la survie de tous. On peut s’égarer dans de fausses élévations qui ne sont que des fuites, on peut égarer les autres à rêver des hauteurs fictives et des espoirs sans consistance. Aussi la liberté de l’esprit que fait goûter la prière ne peut lui devenir fidèle que conjuguée au réalisme des humbles, des habitants de l’humus. Le priant indique le ciel et invite à s’y risquer, mais il est jusqu’à son dernier souffle frère de chair et de sang de ceux dont il partage la destinée.
- S’élever ensemble : grandeur et dignité
L’ascension en altitude en donne le goût : on s’élève souvent plus vite et mieux en le faisant ensemble. Le principe même de la croissance de la personne et de son élévation spirituelle inclut la coopération avec ceux qui nous ont devancés sur le chemin comme avec les compagnons d’épreuve. La solidarité dans l’ascension réclame cependant d’être choisie, car partager le risque de se hisser plus haut les uns grâce aux autres permet d’aller plus loin, parfois plus vite, mais comporte aussi la possibilité de la déficience, de la désertion ou de la discorde qui met en danger l’ascension.
Il en est de même dans la prière. Prier ensemble, encordés en même temps que soutenus les uns par les autres, permet que les compétences de concentration, d’intériorisation ou d’élan du cœur se complètent et s’encouragent les unes les autres. C’est pourquoi la prière liturgique, comme la prière silencieuse en commun, si elle comporte les inconvénients du groupe, favorise aussi l’encouragement et la mutualisation du zèle. À la manière d’un peloton cycliste, on parvient dans les hauteurs du cœur et les profondeurs de l’esprit avec une humilité, une concorde et un élargissement de soi plus vifs quand la fraternité est mise en œuvre dans la prière. Prier ensemble engendre ainsi une solidarité spécifique en ce qu’elle assume une certaine connaissance réciproque.
La souffrance partagée6, dans l’épreuve accueillie et vécue ensemble, agrandit et élève. Elle scelle une fraternité qui ouvre de manière unique le chemin de la prière de gratitude, de remerciement, de reconnaissance. Si l’épreuve est toujours une traversée de l’En-bas7, la compassion, quand elle peut s’y déployer, y fait descendre l’En-haut et peut même ouvrir les blessures causées par la violence du combat à l’espérance d’une paix, d’un repos, d’une résilience au-delà de l’horizon du conflit. La compassion en effet restaure le blessé, le souffrant, dans l’expérience de sa dignité fondamentale. Dans le regard du compatissant s’entrevoit que l’on n’est pas réductible aux séquelles, aux blessures que grave en nous l’épreuve. La compassion du priant engendre l’espérance et comme la certitude que d’avoir été abaissé, voire terrassé dans l’épreuve peut frayer un chemin d’élévation pour celui qui trouve refuge dans le Très Haut.
La mort elle-même pourrait-elle aboutir à un relèvement, à une résurrection, à une élévation ? C’est là un des chemins particuliers de la prière judéo-chrétienne. Par la prière, l’humain laisse Dieu le soigner. Ce qui est perdu en nous est mis en relation vitale avec la lumière, ce qui souffre avec le repos, ce qui se sent incapable de s’élever avec un relèvement intérieur qui vient de plus haut. C’est le thème biblique de l’élévation des petits et des humbles appelés à « régner » dans les hauteurs : « Du fumier il retire le pauvre… pour l’asseoir en compagnie des princes de son peuple8. »
Il est cependant un pas plus avant et comme une ultime élévation dans la prière : celle de la miséricorde et du pardon. L’abandon et l’ouverture à plus grand que soi aboutissent en effet à laisser le ciel descendre jusqu’au fond des blessures humaines. C’est le sens de la demande de guérison, d’exaucement dans les situations de maladie, de souffrance ou simplement d’humiliation. Être relevé de l’intérieur ne peut se faire que dans l’accueil de la miséricorde ou du pardon, ne serait-ce qu’à la mesure de ce que les hommes sont capables d’en exercer les uns envers les autres. Devenir signe de ce pardon qui vient de plus loin que soi et qui permet au divin de venir visiter les blessures causées ou reçues, n’est-ce pas ce à quoi aspire celui qui prie pour le salut d’autrui ? Participer au relèvement du frère en humanité et se laisser porter par la prière des autres à l’endroit de son impuissance, n’est-ce pas une forme dernière, eschatologique, de l’élévation ? La miséricorde nous rend salutaires les uns pour les autres. Le souffle de l’Éternel traverse nos relations pour faire de nous des frères de Ciel comme il y a des frères d’armes et des frères de sang.
On peut donc considérer comme une prière toute attitude intérieure qui tente d’accueillir la présence de la Transcendance dans l’agir de la personne. La prière est une orientation du cœur, de l’esprit et de l’intelligence vers ce qui nous dépasse et une mobilisation de la volonté pour tenter sans cesse d’accorder nos actes à ce qui « passe l’homme ». Toute tentative d’élévation est comme naturellement configurée pour y accueillir la prière et si la vie authentiquement humaine recherche l’élévation personnelle et collective, alors la prière peut lui devenir coextensive. C’est une amplification, mais aussi une purification de l’élévation : elle rend l’homme plus humble, plus vaste, plus léger parce que plus relatif à ce qui le dépasse dans ce qui habite son âme.
Mais la prière est aussi, dans son exercice le plus intense, une élévation qui transforme progressivement le sens de l’existence. De purement terrestres nous devenons plus funambules, et les moments où le priant se retrouve le nez dans la poussière sont aussi l’occasion pour lui d’inviter ceux qui ont tendance à s’y installer à lever le regard vers la hauteur et à tenter avec lui la marche aérienne.
Enfin, quand vient le moment du dernier envol, de la « naissance au ciel », la prière est à la fois ce qui porte le mourant, par l’intercession de ceux qui l’entourent, et ce qui creuse en lui l’espace où le souffle céleste va pouvoir s’engouffrer pour envoler son âme par-delà le moment de la mort. La prière de recommandation des mourants, comme les hommages rendus à ceux qui sont partis, ressemble ainsi à un accompagnement par des compagnons encore ici-bas, ultime élévation partagée entre celui qui s’en va et celui qui reste : « Venez à sa rencontre, anges du Seigneur ; recevez son âme, portez-la en présence du Très Haut. »
1 Comme le résume sa devise Ora et labora, et le développe son chapitre sur l’humilité : « La divine Écriture nous proclame, frères, en disant : ” Quiconque s’exalte sera humilié et qui s’humilie sera exalté” » (Règle de vie, chapitre 7).
2 Prière de Marthe Robin.
3 Pascal, Les Pensées, Lafuma 131.
4 Voir ce que Charles Péguy dit de Marie dans Le Porche du mystère de la deuxième vertu (1911-1912) : « À celle qui est infiniment céleste, parce qu’aussi elle est infiniment terrestre. […] À celle qui est la plus près de Dieu, parce qu’elle est la plus près des hommes. »
5 Comme le met en scène Terrence Malick dans The Thin Red Line (la Ligne rouge) en 1998.
6 À l’exception de celle qui détruit et anéantit, et dont la valeur et le fruit restent inaccessibles à la perception humaine.
7 Voir M. Bellet, La Traversée de l’en-bas, Paris, Bayard, 2005.
8 Psaume 113.