N°52 | S’élever

Sophie Nordmann

S’élever, se transcender

« Où atterrir ? » demande le philosophe et sociologue Bruno Latour dans un essai publié en 20171. « Revenir sur Terre plutôt que d’aller sur Mars » nous somment les philosophes Mathias Lefèvre et Jacques Luzi, qui poursuivent : « “Reviens sur Terre !” a donc ce premier sens : “Cesse de délirer2 !”» À l’heure du réchauffement climatique, des armes de destruction massive, des ogm et de l’épuisement des ressources naturelles, il semblerait que, pour la première fois dans son histoire, la véritable urgence et le principal défi pour l’Homme ne soient plus de s’élever mais de redescendre sur Terre et d’y retrouver sa place. À force de se dépasser pour aller toujours plus loin, toujours plus haut, aurait-il perdu pied ? Sa raison se serait-elle égarée dans les hauteurs ? Comment en est-on arrivé à ce que s’élever ne signifie plus cultiver sa raison mais l’avoir perdue, et à ce que l’infini désir de s’élever ne représente plus un idéal individuel et collectif mais une dangereuse menace ?

Un infini désir de s’élever : c’est ainsi que l’on pourrait saisir le cœur de la condition humaine. L’Homme est ce désir : il est cet être, le seul, dont la condition est précisément d’aspirer à dépasser sa condition. Cela s’entend au sens littéral du terme : l’Homme, rivé à terre, est cet être, le seul parmi les êtres terrestres, qui rêve de s’élever dans les airs. À part l’amour et la guerre, rares sont les thèmes qui ont autant inspiré l’imagination humaine que le vieux rêve de voler, de s’élever pour atteindre des espaces inaccessibles et mystérieux. Le mythe d’Icare, bien sûr, mais aussi les récits de voyage dans l’espace de Lucien de Samosate (vers 120-vers 180)3, l’épopée lunaire d’Astolphe dans le Roland furieux (1516) de l’Arioste4, le Voyage dans la Lune (1657) de Cyrano de Bergerac, De la Terre à la Lune (1865) de Jules Verne, les aventures de Tintin et du capitaine Haddock dans Objectif Lune (1953) et On a marché sur la Lune (1954) ne sont que quelques illustrations de l’incroyable et constante créativité que ce rêve a suscitée. Cette créativité n’est pas seulement celle de l’imagination, mais aussi celle de l’intelligence humaine qui, mise au service de ce rêve ancestral, l’a fait passer du songe à la réalité et qui, après avoir permis au ballon des frères Montgolfier de s’élever dans les airs, à Youri Gagarine de séjourner en orbite, à Neil Armstrong de poser le pied sur la Lune, est loin d’avoir dit aujourd’hui son dernier mot.

L’intelligence mise au service du désir de s’élever : là encore, cela remonte loin dans l’histoire et la mémoire de l’humanité. Le mythe de Prométhée et d’Épiméthée nous en raconte quelque chose : au moment de pourvoir les êtres vivants, Épiméthée, le frère de Prométhée, attribue aux uns la vitesse et aux autres la force, aux uns des ailes pour fuir et aux autres une épaisse fourrure pour se protéger du froid. Quand vient le tour de l’Homme, il ne lui reste rien, il a déjà tout distribué. Prométhée arrive alors et cherche à réparer la méprise de son frère. Voilà le récit qu’en livre Platon par la bouche de Protagoras dans le dialogue éponyme : « Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l’Homme nu, sans chaussures ni couverture ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l’amener du sein de la terre à la lumière. Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’Homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu [...] et il en fait présent à l’Homme5. » De ce récit, on peut retenir une première chose : au cœur du désir de s’élever, il y a un manque fondamental. L’Homme est l’être le plus nu, le plus démuni, le plus incomplet, et parce qu’il n’est rien il aspire à tout devenir. Le manque essentiel de la condition humaine est aussi la condition de sa transformation infinie. C’est à sa finitude-même, à son inachèvement, que le désir de s’élever à l’infini prend sa source.

Ce récit nous dit autre chose encore : à ce manque vient suppléer « la connaissance des arts avec le feu ». Autrement dit, la science et la technique. C’est par elles que l’Homme cherche à combler ce vide essentiel et à satisfaire son désir de s’élever à l’infini. Et de fait, cela fonctionne : la science et la technique sont au rendez-vous. Non seulement elles procurent à l’Homme ce qui lui manque (la force, la vitesse, l’épaisse fourrure et même les ailes), mais encore elles ne s’épuisent jamais, elles ne déclarent jamais forfait, elles continuent indéfiniment à inventer des réponses toujours plus extraordinaires au service de ce désir : la connaissance des arts et le feu – ce « lot divin », dit encore Protagoras – n’ont pas de limites et permettent à l’Homme de s’élever toujours plus haut. À tel point que d’obstacles franchis en difficultés surmontées s’ouvre désormais devant nous, et c’est radicalement nouveau, la perspective d’un dépassement de la condition humaine elle-même.

Telle est aujourd’hui l’aspiration du mouvement transhumaniste, qui prétend « [étendre] l’humanisme en mettant en question les limites humaines par les moyens de la science et de la technologie combinés avec la pensée critique et créative »6, écrit le philosophe suédois Nick Bostrom, figure centrale de ce mouvement : « Nous défendons l’usage de la science pour accélérer notre passage d’une condition humaine à une condition transhumaine ou posthumaine »7, ajoute-t-il.

L’enthousiasme extatique qu’une telle perspective éveille chez les uns n’a d’égal que l’effroi presque sacré qu’elle suscite chez les autres, tant on pressent les dangers potentiels qu’il y a, pour l’Homme au bras puissamment armé de la science et de la technique, à jouer en apprenti sorcier avec les limites. Dans cette promesse du meilleur, on entrevoit la possibilité du pire. Déjà au temps de l’humanisme classique, Rousseau mettait au jour l’ambivalence d’un désir de s’élever qui ne connaît aucune limite. Dans la « faculté de se perfectionner », il voyait la marque distinctive de l’humanité, « au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans »8. Mais il y voyait aussi « la source de tous les malheurs de l’Homme » : « C’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents ; [...] c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue tyran de lui-même et de la nature9. »

Deux siècles et demi plus tard, ces lignes sont d’une force d’autant plus étonnante que, pour la première fois, cette « faculté de se perfectionner » atteint aujourd’hui le cadre jusqu’alors immuable dans lequel elle s’était toujours exercée. Le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources naturelles témoignent du fait que la nature n’est plus le cadre intangible qu’elle a toujours représenté pour l’Homme.

Autre exemple : si les avancées de la science et de la technique ont permis d’élever considérablement l’espérance de vie humaine – autrement dit, si nous sommes plus nombreux à vivre plus longtemps –, le cadre lui-même n’avait, jusqu’à présent, jamais bougé d’un pouce : la limite de l’espérance de vie humaine est toujours, immuablement, ce qu’elle a toujours été (environ cent-vingt ans) et jusqu’à présent aucun être humain ne s’est jamais élevé au-delà de cette limite.

Or, aujourd’hui, c’est ce cadre-là, cette limite-là que l’intelligence humaine défie. Voilà qui est absolument nouveau : il ne s’agit plus de s’élever à l’intérieur du cadre intangible du donné (donné de la naissance, donné de la mort, donné de la vie, donné de la nature), mais de chercher à en sortir : « Nous n’acceptons pas les aspects indésirables de notre condition humaine, nous mettons en question les limitations naturelles et traditionnelles de nos possibilités. Nous affirmons l’absurdité qu’il y a à se contenter d’accepter humblement les limites dites naturelles de nos vies dans le temps »10, écrit encore Nick Bostrom. En cela, le « trans » du transhumanisme n’est pas la continuation de l’humanisme, comme le prétendent ses représentants. Son « trans » n’est pas un « trans » de transition – transition du mouvement continu par lequel l’Homme cherche à s’élever toujours plus haut –, mais un « trans » de transgression. Et comment pourrait-il en être autrement ? À force de s’élever, on finit inévitablement par toucher les bords du cadre et par s’y sentir à l’étroit : qu’on l’appelle de ses vœux ou qu’on s’en effraye, on sent bien que cette perspective est inexorablement à l’horizon des avancées de la science et de la technique. Nous y sommes, c’est la nouveauté radicale de notre temps. Le désir de s’élever aurait-il ainsi réellement fini par faire de l’Homme, comme le pressentait Rousseau, le « tyran de lui-même et de la nature » ?

Car il s’agit bien d’un désir tyrannique : un désir illimité qui ne sera, par principe, jamais satisfait. L’ogre en voudra toujours plus. Le tonneau des Danaïdes se videra toujours à mesure qu’on le remplit. Il y aura toujours un nouveau barreau de l’échelle à gravir, une nouvelle limite à dépasser. La science et la technique peuvent y répondre de manière toujours plus prodigieuse et extraordinaire, elles ne le satisferont jamais. Par principe. Parce que l’infini auquel ce désir de s’élever toujours plus haut renvoie est l’infini mathématique, cette « accumulation illimitée des nombres dans la série numérique » que Hegel désigne sous le nom de « mauvais infini » : « À chaque nombre nous pouvons encore ajouter une unité sans jamais épuiser la possibilité de continuer à compter11. » La science et la technique, qui s’inscrivent dans un champ soumis nécessairement et structurellement à cet infini numérique, seront toujours en retard d’un infini. Elles sont illimitées : chaque nouvelle découverte est un champ nouveau qui s’ouvre pour progresser toujours plus loin. Mais elles sont néanmoins fondamentalement limitées : leur limite, c’est elles-mêmes, c’est la limite de leur ordre. La science et la technique ne peuvent répondre qu’à des demandes d’ordre scientifique et technique. Or, le désir de s’élever n’est pas de cet ordre. Il trouve son origine ailleurs : il est constitutif, avons-nous dit, de la condition humaine. Dès lors, aussi loin que le mènent la science et la technique, l’Homme y retrouvera toujours ce désir et ce manque. L’échelle de l’illimité se dressera toujours au-dessus de lui, toujours à perte de vue. Où qu’il aille, il y transportera avec lui son manque et son désir de s’élever encore plus haut, comme un homme qui courrait éperdument pour fuir son ombre et qui, dans sa course effrénée, s’étonnerait et s’effrayerait de la trouver toujours là, intacte, aussi loin que cette course le conduise.

Et plus haut il s’élèvera, emporté par la cadence infernale de son désir illimité, plus forts se feront entendre les rappels à l’ordre. Nous sommes à l’ère d’une radicalité de ces deux modalités : plus l’Homme va loin dans la transgression des limites, plus impérieuses sont les injonctions à le faire redescendre. Les unes et les autres se renforcent mutuellement, se radicalisent l’une par l’autre, constituant ainsi les deux revers d’une même médaille. Alimenter l’un des termes de cette dialectique revient, par contrecoup, à alimenter l’autre. Plus l’Homme cherche à s’élever, plus il est rappelé violemment – on le voit aujourd’hui – à sa place. Oscillant d’un revers à l’autre de cette médaille, nous sommes pris dans ce double bind dont on ne voit pas comment sortir et qui constitue aussi un terrible carcan. Notre seul choix serait-il celui-là ? Poursuivre la course effrénée pour s’élever toujours plus haut, ou redescendre sur Terre en renonçant au désir qui fait le cœur de notre humanité ? Notre seul horizon serait-il d’avoir à choisir entre le transhumain et l’animal humain ?

De cette dialectique, nous ne pouvons pas sortir : ce serait sortir de l’humanité elle-même. Il est illusoire de vouloir enfermer l’Homme dans sa condition terrestre et naturelle en le sommant de renoncer à son désir de s’élever ; il est tout aussi illusoire de penser que la science et la technique parviendront à le satisfaire. Être pris dans ce double bind, c’est justement cela, la condition humaine : si l’Homme était tout entier d’un côté ou de l’autre, s’il était intégralement un animal humain sans autre aspiration, ou s’il était intégralement un transhumain ayant dépassé sa condition naturelle, il ne serait plus tout à fait un Homme.

Mais la véritable menace n’est peut-être pas tant d’être inexorablement pris dans la double injonction contradictoire à s’élever et à ne pas s’élever, que de s’y laisser enfermer. Le vrai danger, c’est d’y être tout entier pris, au point d’oublier ce que cette dialectique occulte : à savoir qu’il y a une autre manière de s’élever, fragile et précieuse, qui est elle aussi au cœur de la condition humaine. Elle consiste à se transcender, c’est-à-dire non pas à se dépasser vers un achèvement jamais atteint mais, au contraire, à s’inachever.

Cette autre manière de s’élever renvoie à un autre infini que l’illimité mathématique. L’infini peut, en effet, s’entendre en plusieurs sens, car le fini lui-même s’entend en plusieurs sens : être « fini » peut signifier être limité. L’in-fini de ce fini-là, c’est l’il-limité auquel on peut toujours ajouter un degré supplémentaire. Mais être « fini » peut aussi signifier être achevé, terminé. Et alors, l’in-fini s’entend comme un in-achèvement. La possibilité d’une rupture au cœur du fini : voilà une autre manière de s’élever à l’in-fini. S’élever n’a plus alors le sens d’une ascension, barreau après barreau, de l’échelle du désir illimité vers un toujours-plus d’être et de puissance, mais celui d’une rupture dans le fini, d’une fracture dans l’achevé et, en ce sens, d’un in-fini.

Cette brèche ouverte au cœur de l’être fini, le philosophe Emmanuel Levinas lui donne le nom d’éthique et il la découvre dans la rencontre du visage d’autrui : « Transcendance de l’autre Homme dans son visage » écrit-il dans Altérité et Transcendance. Rencontrer un visage, c’est être saisi, transporté, dans une autre dimension que celle de l’être : « La signifiance du visage [...] est, au sens littéral du terme, extraordinaire, extérieure à tout ordre, à tout monde12. » Une telle rencontre, parce qu’elle nous fait sortir à la fois de nous-mêmes et du tout compact de l’être, ouvre la brèche de l’in-fini : « Le visage signifie l’Infini »13, au sens de cette rupture dans l’ordre de l’être, au sens de cet in-achèvement. La brèche ouverte par la rencontre du visage – et qui peut s’ouvrir, peut-être, dans d’autres rencontres : celle d’une œuvre d’art, par exemple – nous élève, non parce qu’elle nous fait gravir un barreau supplémentaire sur l’échelle de la puissance d’être, mais parce qu’elle ouvre en nous une faille par laquelle on se trouve infiniment débordé. Le « trans » de cette autre manière de s’élever, de cette transcendance, n’a rien à voir avec le « trans » du transhumanisme. Il n’est pas le « trans » de la transgression des limites de la condition humaine, il est le « trans » de l’ouverture d’une brèche qui nous conduit absolument ailleurs que dans le champ de l’être et de la puissance d’être. Il est un « trans » qui trans-porte non pas très haut, très loin, mais ailleurs.

« L’humanité de l’Homme [...] est une rupture de l’être » écrit encore Levinas14. Cette faille de transcendance nous conduit en effet au cœur de la condition humaine. Par cette brèche ouverte au plus profond de son être, par cette faille qui l’in-achève, qui l’in-finit, l’homme est autre chose qu’un animal humain, autre chose aussi qu’un transhumain. Car finalement, l’animal humain et le transhumain ont cela en commun : ils sont des êtres achevés, l’un par la nature, l’autre par la technique. Ce qui leur manque, c’est justement le manque : cette faille, cette brèche, cette vulnérabilité, cette possibilité de se transcender, cet autre désir d’infini qui est aussi un appel d’air, une sortie de l’enfermement dans la dialectique infernale de l’être.

« Qu’est-ce qui est pire que d’être achevé ? » demande le poète Henri Michaux15. Veiller sur l’inachèvement au lieu de faire de notre existence une « tentative exaspérée d’achever l’être »16 ; se maintenir « quelque part dans l’inachevé »17, suivant l’admirable expression de Rilke reprise par Vladimir Jankélévitch – telle est cette autre manière de s’élever. Maurice Blanchot la décrit magnifiquement dans L’Entretien infini : elle consiste à ouvrir « dans l’être achevé un infime interstice par où tout ce qui est se laisse soudainement déborder et dépasser par un surcroît qui échappe et excède »18. À l’heure où nous nous trouvons coincés entre le triomphe de la technoscience et les injonctions à redevenir les animaux humains que nous avons toujours été, du plus profond du carcan dans lequel nous enferme cette dialectique sans issue, veillons à ne pas oublier cette autre manière de s’élever, veillons à nous faire les gardiens de l’inachevé.


1 B. Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017.

2 M. Lefèvre et J. Luzi, « Revenir sur Terre », Écologie et politique, vol. 57, n° 2, 2018, p. 13.

3 Dans ce récit intitulé Histoires vraies, Lucien de Samosate se met lui-même en scène et raconte les péripéties de son voyage imaginaire au-delà du monde connu, jusque sur la Lune.

4 Il s’agit des chants 34 et 35 de ce poème épique qui en compte quarante-six au total.

5 Platon, Protagoras, 320c-322a, Paris, GF-Flammarion, pp. 52-53.

6 N. Bostrom, Human Enhancement [2009], traduit et cité par Luc Ferry dans La Révolution transhumaniste, Paris, Plon, 2016.

7 Ibid.

8 J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes [1755], 1re partie, §16, Paris, GF-Flammarion, pp. 171-172.

9 Ibid.

10 Ibid.

11 Hegel, Encyclopédie, §93.

12 E. Levinas, Humanisme de l’autre homme [1972], Paris, Le Livre de Poche, p. 50.

13 E. Levinas, Éthique et Infini [1982], Paris, Le Livre de Poche, p. 110.

14 Ibid., p. 79.

15 H. Michaux, Passages [1950], Paris, Gallimard, 1998 : « À huit ans, il a l’âge de l’humanité, il a au moins deux cent cinquante mille ans. Quelques années après il les a perdus, il n’a plus que trente et un ans, il est devenu un individu. [...] Qu’est-ce qui est pire que d’être achevé ? »

16 G. Bataille, L’Expérience intérieure [1943], Paris, Gallimard, 1978, p. 105.

17 B. Berlowitz et V. Jankélévitch, Quelque part dans l’inachevé, Paris, Gallimard, 1978. C’est dans son roman Les Cahiers de Malte Laurids Brigge que Rilke écrit à propos de la musique : « j’avais remarqué qu’elle ne me déposait plus où elle m’avait trouvé, mais plus bas, quelque part dans l’inachevé. »

18 M. Blanchot, L’Entretien infini, « L’expérience-limite », Paris, Gallimard, 1969, p. 307.

J. Tournier | L’élévation de l’homme, chemin...