Leur histoire ne fait généralement l’objet que de quelques lignes dans les ouvrages consacrés au début de la Seconde Guerre mondiale et à la campagne de France. Pourtant, après l’écrasement de la Pologne en septembre 1939, le gouvernement en exil parvient à reconstituer en France une armée non négligeable (environ quatre-vingts mille hommes) qui s’est battue de la ligne Maginot à Narvik avant d’accompagner les troupes françaises dans leur retraite vers le sud. Tout en constatant les regrets de nombreux Polonais et leur sentiment de trahison (non-intervention occidentale dès septembre 1939), l’auteur précise que « ce livre entend faire la part des choses en dépassant l’amertume, le désenchantement et les récriminations pour dresser un bilan objectif. À l’écart de toute hagiographie, il essaye de montrer que les incompréhensions accumulées entre la France et la Pologne à l’orée de la guerre n’ont pas permis de tirer le meilleur parti des alliances conclues ». Jacques Wiacek organise son livre en trois grandes parties chronologiques : « L’élan », des aléas de l’alliance à la reconstitution de l’armée polonaise en France ; « La lutte », présentant les différentes unités et leurs engagements successifs ; et « La chute », rappelant les malheurs de la retraite et les difficultés de l’évacuation hors de l’Hexagone. On apprend beaucoup au fil des pages, aussi bien sur la composante terrestre, dont on ne parle généralement que pour évoquer la participation des Polonais à l’expédition de Narvik, que sur la composante aérienne bien moins connue, avec notamment ses groupes de chasse. Les combats de la 1re division de grenadiers en Lorraine, ceux de la 2e division de chasseurs à pied en Franche-Comté et ceux de la 10e brigade de cavalerie en Champagne sont replacés dans leur contexte local et parfaitement décrits. La question du « réduit breton », qui agite en juin les élites françaises, les aléas connus par les compagnies antichars et l’errance du 2e bataillon de chars sont heureusement rappelés. L’auteur pointe les « efforts titanesques mis en œuvre par le major-général », le général Doumenc, sans toutefois revenir, hélas, sur son rôle à la mi-juin – il va déployer pendant plusieurs jours des trésors d’énergie pour faire évacuer les Polonais vers l’Afrique du Nord afin qu’ils échappent à l’armée allemande. Un livre solide, qui apportera indiscutablement beaucoup à tous les amateurs intéressés par l’histoire de la France dans la Seconde Guerre mondiale et qui redonne une visibilité à des soldats injustement oubliés.