En ce début de l’année 1915, la guerre dure depuis presque six mois avec un front occidental figé de la mer du Nord à la Suisse. À la guerre de mouvement succède la guerre de tranchées. Dans chaque camp, les commandants en chef et leurs grands quartiers généraux (gqg) cherchent la manœuvre et le point d’application stratégique qui permettront la percée et la victoire, persuadés encore que la guerre peut finir rapidement.
Dès l’ouverture des hostilités, les interceptions de radiotélégrammes allemands avaient permis de déceler les intentions de l’ennemi et de fournir les renseignements déterminants qui ont conduit à la victoire de la Marne. Le 1er novembre 1914, la tentative d’élimination du Kaiser lors de l’une de ses visites sur le front, révélée par le décryptement des messages radio organisant les honneurs à lui rendre, s’était achevée par un double échec : non seulement le Kaiser ne fut pas inquiété, mais la presse, s’étant faite l’écho de l’opération, avait fourni les éléments de compréhension au grand quartier général de von Moltke sur la capacité des Alliés à décrypter ses messages. Les conséquences de cette « trahison » du secret furent immédiates : changement de système de chiffrement des messages radio et réduction drastique du trafic radio au profit des communications téléphoniques. La presse venait de « tuer » une source de renseignement qui s’était avérée capitale dans la guerre de mouvement.
Dans les tranchées de 1915, l’usage des téléphones de campagne s’étend donc chaque jour davantage. La technologie de l’époque, quel que soit le camp, repose sur une ligne téléphonique à un seul fil et le retour par la mise à la terre. Mais cette technologie a un inconvénient majeur, notamment lorsque plusieurs lignes téléphoniques sont proches les unes des autres : elle génère un phénomène de diaphonie (mélange de conversations).
- Le génie français à l’œuvre
Le 3 mars 1915, le sous-lieutenant Delavie est nommé chef de section des téléphonistes du 210e régiment d’infanterie (ri), engagé dans la région de Saint-Mihiel, dans le secteur du bois Brûlé en forêt d’Apremont. Dès sa prise de fonction, ses subordonnés lui rendent compte de la captation de mélanges de conversations comportant parfois des mots étrangers et concluent « qu’on n’y peut rien faire ». Cette affirmation n’est pas en adéquation avec l’esprit scientifique et cartésien de Delavie : il est professeur d’électricité dans le civil. Aussi recherche-t-il les raisons de ce phénomène. En premier lieu, il vérifie l’ensemble des montages et des connexions. Aucune anomalie n’est constatée. Il décide de construire une ligne téléphonique expérimentale à quelques mètres de celles opérationnelles. Le phénomène de diaphonie se répète. En éloignant la ligne, le phénomène perdure, mais avec une intensité moindre. Il a alors l’idée de doubler les fils afin d’éviter le retour par la terre. Le phénomène de diaphonie disparaît dans cette ligne et persiste toujours dans les autres. Il vient d’identifier la source du phénomène : le retour par la terre.
Afin d’améliorer la qualité des communications téléphoniques du régiment, il fait doubler toutes les lignes. Et en repensant aux mots étrangers qui se mélangeaient parfois aux communications françaises, il comprend l’intérêt que peut avoir cette possibilité d’écouter les communications téléphoniques ennemies. À la fin du mois de mars, il rend compte à ses supérieurs hiérarchiques et techniques, dont le représentant de la télégraphie militaire du corps d’armée. Ce dernier, devant la démonstration, s’exclame : « Eh bien, vous m’avez foutu sur le cul ! » Fort de cet « encouragement », Delavie s’attelle à rassembler le matériel nécessaire pour mettre sur pied le premier poste d’écoute téléphonique et rédige un rapport sur cette capacité de renseignement.
Le 5 avril, les combats reprennent en intensité. Les préoccupations de Delavie sont toutes tournées vers le maintien des communications téléphoniques du régiment. Il lui faut attendre le début du mois de mai pour poursuivre ses recherches. Reprenant la base de son expérimentation, il installe le 4 mai une ligne posée le long du parapet de la première ligne de tranchées, qui est éloignée d’à peine cinquante mètres de la tranchée allemande. À un bout de la ligne, un piquet de terre de fortune réalisé avec une baïonnette, à l’autre, un écouteur de téléphone. Le résultat va au-delà de ce qu’il avait imaginé : il entend les Allemands se moquer du 75, donner des éléments de réglage pour les tirs d’une batterie d’artillerie, rire, chanter…
Le 9 mai, au cours d’une réunion des officiers téléphonistes du corps d’armée, Delavie expose les procédés à mettre en œuvre pour installer des postes d’écoute. Le 12, des tirages avec la mention « secret » préparés par le corps d’armée sont distribués. Plusieurs lignes de captage sont installées dans le secteur tenu par le 210e ri. Les résultats obtenus sont à la hauteur des espérances. Le 13 mai, une conversation annonce la préparation d’une attaque impliquant un régiment et un bataillon. Le lieu de rassemblement et l’heure sont précisés. L’artillerie divisionnaire est alertée. À l’heure prévue, elle ouvre le feu. Grâce au poste d’écoute, une attaque importante est mise en échec. Le commandant du bataillon du 210e ri devant recevoir le choc de l’attaque se dit émerveillé. D’autres manœuvres ennemies sont sinon déjouées au moins contrariées. Le 21 mai, un poste d’écoute intercepte la réaction du commandement allemand local : « C’est un peu raide quand même. Voilà trois fois que les Français nous font ça. […] On ne peut plus remuer une compagnie sans recevoir un ouragan de mitraille. » D’autres interceptions vont contribuer à sauver des vies en prévenant de l’imminence d’un bombardement ou en révélant l’ordre de bataille des unités ennemies ou leur moral. Le 9 juin, le système inventé par Delavie est définitivement adopté par sa division. Il devient réglementaire non seulement dans son corps d’armée, mais dans toute la 1re armée française. Sa généralisation dans l’ensemble des armées est lancée.
- À l’écoute de Verdun
Même si la généralisation de son invention ne se répand pas aussi rapidement qu’il l’espérerait, il n’en est pas moins vrai que Delavie est envoyé avec son équipe pour installer de nouveaux postes ou pour aider à leur installation ou à leur réparation. En juillet 1915, il part en mission au 6e ca pour appuyer de ses conseils techniques les officiers téléphonistes, qui ont installé des postes d’écoute dont la plupart rencontrent des problèmes de fonctionnement. Ce corps d’armée occupe, sur la rive droite, les Hauts de Meuse dominant la plaine de la Woëvre. Dans le secteur sud des Éparges, quatre postes d’écoute sont installés : bois des Chevaliers, bois Bouchot, Mouilly et Éparges. Il suffit de quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre. Delavie est également missionné à la 4e armée en vue de l’attaque de fin septembre 1915 dans le secteur situé entre l’Argonne et la Suippe. Début septembre, sur le retour, il passe à la 3e armée et à la Région fortifiée de Verdun (rfv). Deux postes d’écoute sont installés dans le secteur nord de Verdun tenu par le 30e ca, au bois de Consenvoye et au bois des Caures occupé par les chasseurs du lieutenant-colonel Driant. Sur la rive gauche, où sont stationnés le détachement spécial et la 29e di, deux postes d’écoute sont également déployés à Forges, près de la Meuse, et au bois de Malancourt, près de Montfaucon-Argonne.
Pour les armer en interprètes-écouteurs, le général Herr, commandant la rfv, ne peut compter que sur une ressource locale. Ainsi, suite à une requête du 9 septembre 1915, il fait savoir au général commandant la 72e division et le secteur nord qu’il n’est pas envisageable d’adresser une demande d’interprètes au gqg. Il l’oriente sur un recrutement dans les unités combattantes et dans les formations territoriales, en particulier parmi les nombreux soldats alsaciens-lorrains mobilisés dans les deux régiments d’infanterie territoriaux engagés à Verdun (31e et 44e rit), dont la compétence linguistique est précieuse pour les postes d’écoute au vu de l’urgence – afin de les rendre moins suspects auprès de leurs camarades et de leur assurer une certaine protection en cas de captivité, un nom d’alias leur est donné sur décision ministérielle secrète, après une enquête de sécurité (les Allemands fusillent tous les Alsaciens-Mosellans combattant aux côtés des Français, car ils les considèrent comme des traîtres).
Au début de l’année 1916, les postes d’écoute des bois de Consenvoye et des Caures, sur la rive droite de la Meuse, et de Forges, sur la rive gauche, signalent dans leurs secteurs respectifs l’arrivée de nouvelles troupes, l’installation de nombreuses batteries d’artillerie de tous les calibres, de postes d’observation d’artillerie et la construction de multiples abris d’infanterie. Les éléments retranscrits dans les procès-verbaux d’écoute sont confirmés par les autres sources de renseignement dont dispose le 2e bureau de la rfv. Fin janvier, le poste du bois des Caures alerte sur un afflux de moyens qui s’accentue encore. Cet afflux est la conséquence de la décision, le 27 janvier, de l’état-major de la Ve armée allemande, commandée par le Kronprinz, qui arrête les modalités de l’attaque sur Verdun : « Le 12 février au matin commencera la préparation d’artillerie et de Minenwerfer. Pendant cette préparation, les troupes seront tenues à l’abri. À 17 h, elles prendront le contact avec l’ennemi sur la première ligne au moyen d’éléments légers. Quand ces éléments auront pris pied sur la première ligne, ils reconnaîtront la deuxième pour procurer des données précises à l’artillerie, qui reprendra la préparation sur cette deuxième ligne le lendemain. »
La mise en œuvre de cette manœuvre sera éventée par le poste d’écoute du bois des Caures. Les conversations saisies les 10 et 11 février ne laissent aucun doute sur les événements à venir. Le 12 dans la matinée, le détail des ordres pour l’attaque est intercepté : « La première attaque sera composée de mille deux cents hommes sans les réserves et sans le 4e bataillon. […] L’attaque aura lieu à 6 h 30 [de l’après-midi], le bombardement devrait probablement commencer à 3 h [de l’après-midi]. » Durant la matinée, cinq notes de renseignement partent du poste vers le commandant de secteur et vers les échelons supérieurs, notamment vers le lieutenant-colonel Driant et le général commandant la 72e division d’infanterie. Les mesures prises ayant contré leur attaque, les Allemands sont contraints d’annuler l’offensive du 13 février. La conjugaison de l’échec de l’attaque et des mauvaises conditions météorologiques donne huit jours de sursis aux défenseurs de Verdun pour se renforcer. On connaît la suite.
Durant toute la bataille de Verdun, plus d’une vingtaine de postes d’écoute téléphonique vont renseigner le 2e bureau de la 2e armée, en particulier sur l’ordre de bataille, les intentions, les difficultés logistiques et le moral de l’ennemi. Même les généraux les plus circonspects conviendront de l’abondance, de l’exactitude et de l’importance des renseignements du service spécial, appellation donnée aux postes d’écoute téléphonique pour conserver cette source secrète. D’autres moyens d’écoute et de localisation des émetteurs radio ennemis viennent compléter cette première capacité d’écoute au niveau tactique à partir d’avril 1916. Tout ce qui a trait à ces moyens est couvert par le secret le plus absolu, car il y va de la « survie » de ces différentes sources de renseignement.
Les unités de guerre électronique actuelles trouvent leurs racines dans ces services. Aujourd’hui comme hier, leurs actions et leurs résultats sont également couverts par le secret pour les mêmes motifs. Tout comme leurs grands anciens, leurs « victoires » sont les filles de l’ingratitude, secret oblige.
In early 1915, almost six months after the start of the war, troops were dug in along the Western Front from the North Sea to Switzerland. The war of movement gave way to trench warfare. On both sides, the commanders in chief and their headquarters staff were looking for the manoeuvre and the strategic pressure point that would achieve a breakthrough and victory. They were still convinced that the war could end quickly.
Right from the outset of hostilities, interceptions of German radiotelegrams had made it possible to discover the enemy’s intentions and provide the decisive intelligence that led to the victory of the Marne. On 1st November 1914, the attempt to assassinate the Kaiser during one of his visits to the front—revealed by deciphering radio messages organising the honours to be paid to him—had resulted in a twofold failure: not only did the Kaiser complete his visit unscathed, but the press, having reported on the operation, had provided von Moltke’s high command with elements revealing the Allies’ ability to decipher their messages. This “betrayal” of secrecy had immediate consequences: a change in the encryption system for radio messages and a drastic reduction in radio traffic in favour of telephone communications. The press had just “killed off” a source of intelligence that had proved vital in the war of movement.
In the trenches of 1915, the use of field telephones was adopted more widely each day. The technology of the time, on both sides, was based on a single-wire telephone line with an earth return. But this technology had a major drawback, especially when several telephone lines were close to each other: it generated crosstalk effects (mixing of conversations).
- French genius at work
On 3rd March 1915, Second Lieutenant Delavie was appointed head of the telephone operators section of the 210th Infantry Regiment (ri), engaged in the Saint-Mihiel area, in the Bois Brûlé sector of the Apremont forest. On taking up his post, his subordinates reported to him on crosstalk during conversations, sometimes involving foreign words, with the conclusion that “there was nothing we can do about it”. Such a statement did not satisfy Delavie’s scientific and Cartesian spirit: he taught courses on electricity in civilian life. He therefore explored the reasons for this phenomenon. First of all, he checked all the layouts and connections. No anomalies were found. He decided to set up an experimental telephone line a few metres away from the operational ones. There was still crosstalk. When the line was moved away, the phenomenon persisted, but with reduced intensity. He then had the idea of doubling the wires to avoid the earth return. Crosstalk disappeared in this line while persisting in the others. He had just identified the source of the phenomenon: the earth return.
In order to improve the quality of the regiment’s telephone communications, he had all the lines doubled. And, thinking back to the foreign words that were sometimes mixed in with French communications, he saw how this could be used to listen to enemy telephone communications. At the end of March, he reported to his hierarchical and technical superiors, including the Corps’ military telegraph representative. The latter, having seen the demonstration, exclaimed: “Well, you’ve knocked me onto my backside!” With this “encouragement”, Delavie set about gathering the equipment needed to set up the first telephone listening post and wrote a report on this intelligence capability.
On 5th April, fighting intensified again. Delavie was totally focused on maintaining the regiment’s telephone communications. He had to wait until the beginning of May to continue his research. Pursuing his experimentation further, on 4th May he installed a line along the parapet of the front line of trenches, which was barely 50 metres away from the German trench. At one end of the line, a bayonet serving as a makeshift earthing rod, at the other, a telephone earpiece. The result was better than he had imagined: he heard the Germans making fun of the 75, giving firing adjustments for an artillery battery, laughing, singing…
On 9th May, during a meeting of the Corps telephone officers, Delavie explained the procedures for the installation of listening posts. On the 12th, prints marked “secret” prepared by the Corps were distributed. Several listening lines were installed in the sector held by the 210th ri. The results obtained lived up to expectations. On 13th May, a conversation announced the preparation of an attack involving a regiment and a battalion. The place of assembly and the time were specified. The divisional artillery was alerted. At the appointed time, it opened fire. Thanks to the listening post, a major attack was foiled. The commander of the battalion of the 210th ri, who would have borne the brunt of the attack, said he was amazed. Other enemy manoeuvres were either thwarted or disrupted. On 21st May, a listening post intercepted the reaction of the local German command: “It’s a bit much all the same. The French have done this to us three times now. […] We can no longer move a company without receiving a hail of machine-gun fire.” Other interceptions would help save lives by warning of imminent bombardment or by revealing the order of battle of enemy units or their morale. On 9th June, the system invented by Delavie was definitively adopted by his division. It became standard practice not only in his Corps, but in the entire 1st French Army. It was decided that the system would be used by all French forces.
- Verdun listening posts
Though the widespread adoption of his invention did not proceed as quickly as he had hoped, it is true nonetheless that Delavie was sent with his team to set up new posts or to help with their installation or repair. In July 1915, he departed on a mission to the 6th Army Corps (ca) to provide technical advice to telephone officers, who had installed listening posts, most of which were experiencing operating problems. This Corps occupied the Hauts de Meuse, on the right bank of the river, overlooking the Woëvre plain. In the southern sector of Les Éparges, four listening posts were set up: Bois des Chevaliers, Bois Bouchot, Mouilly and Éparges. It only took a few days for everything to get back to normal. Delavie was also sent to the 4th Army for the attack in the sector between the Argonne and the Suippe at the end of September 1915. At the beginning of September, on his return, he made a visit to the 3rd Army and the Verdun Fortified Region (rfv). Two listening posts were set up in the northern sector of Verdun held by the 30th ca, at Bois de Consenvoye and Bois de Caures held by Lieutenant-Colonel Driant’s chasseurs. On the left bank, where the special detachment and the 29th Infantry Division (di) were stationed, two listening posts were also deployed at Forges, near the Meuse, and at Bois de Malancourt, near Montfaucon-en-Argonne.
To find listeners-interpreters to staff these posts, General Herr, commanding the rfv, could only count on local recruits. Thus, following a request dated 9th September 1915, he informed the general commanding the 72nd division and the northern sector that it was not possible to send a request for interpreters to general headquarters. He advised him to recruit from fighting units and territorial formations, particularly among the many Alsace-Lorraine soldiers mobilised in the two territorial infantry regiments engaged at Verdun (31st and 44th rit), whose language skills were invaluable for listening posts in view of the urgency of the situation—in order to make them less suspicious of their comrades and to provide them with some protection if they were taken captive, they were given aliases by secret ministerial decision, after a security check (the Germans shot all Alsace-Moselle citizens fighting alongside the French, because they considered them traitors).
At the beginning of 1916, the listening posts in Bois de Consenvoye and Bois de Caures, on the right bank of the Meuse, and Forges, on the left bank, reported the arrival of new troops in their respective sectors, the installation of numerous artillery batteries of all calibres, artillery observation posts and the construction of numerous infantry shelters. The elements contained in the listening reports were confirmed by other sources of intelligence available to the rfv’s 2nd bureau. At the end of January, the Bois des Caures post warned of an increasing influx of resources. This influx was the consequence of the decision, on 27th January, of the 5th German Army General Staff, commanded by the Kronprinz, which finalised conditions for the attack on Verdun: “On the morning of 12th February, the preparation of artillery and Minenwerfer will begin. During this preparation, the troops will be kept under cover. At 5 pm, they will make contact with the enemy on the first line using light equipment. Once these elements have established a foothold on the first line, they will reconnoitre the second line in order to provide accurate data to the artillery, which will resume preparations on this second line the next day.”
Plans for this manoeuvre would be revealed by the Bois des Caures listening post. The conversations recorded on 10th and 11th February left no doubt as to the events to come. On the 12th in the morning, the details of the orders for the attack were intercepted: “The first attack will consist of one thousand two hundred men, not including reserves and without the 4th battalion. […] The attack will take place at 6:30 [in the afternoon], the bombardment should probably begin at 3 [in the afternoon].” During the morning, the post dispatched five intelligence notes to the sector commander and to the higher echelons, including Lieutenant-Colonel Driant and the general commanding the 72nd Infantry Division (di). Measures were taken to counter the attack, and the Germans were forced to cancel the offensive of 13th February. The combination of the failed attack and inclement weather conditions gave the Verdun defenders eight days’ reprieve to reinforce themselves. We all know what happened next.
Throughout the Battle of Verdun, more than 20 telephone listening posts would pass on information to the 2nd Army’s 2nd bureau, in particular about the enemy’s order of battle, intentions, logistical difficulties and morale. Even the most circumspect generals would agree on the abundance, accuracy and importance of the intelligence provided by the special service, the name given to the telephone listening posts to maintain secrecy. Other means of listening and locating enemy radio transmitters complemented this initial tactical listening capability from April 1916 onwards. Everything relating to these systems was classified top secret, to ensure the “survival” of these different intelligence sources.
Today’s electronic warfare units have their roots in these services. Today, as in the past, their actions and results are also covered by secrecy for the same reasons. Just like their great predecessors, their “victories” are the daughters of ingratitude, because secrecy is paramount.