« Seul l’esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’homme »
Saint-Exupéry (Pilote de guerre)
On s’engage pour la planète, pour les retraites, pour la solidarité, pour le commerce de proximité, pour le Tibet, contre les discriminations, le nucléaire, la construction d’un aéroport ; on dit facilement des artistes et des intellectuels qu’ils sont « engagés ». La notion traditionnelle d’engagement, en tant que démarche contractuelle impliquant un consentement à des risques et à des obligations s’est ainsi progressivement élargie et banalisée. Mais le récent retour en force du tragique dans l’actualité tend à lui redonner ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, la prise de conscience que l’engagement comporte un risque offre à nouveau une visibilité à celui qui s’engage. L’image saisissante du pompier luttant contre le brasier de Notre-Dame au sommet de son échelle en est devenue un des symboles récents. Tout comme celle du personnel soignant penché au chevet des contaminés de la covid-19. Depuis toujours associé à la notion d’engagement au point d’avoir pris le nom d’« engagé volontaire », le soldat est donc redevenu un héros moderne à mesure que, dans l’opinion et dans les médias, s’estompe le mirage du « zéro mort » devant l’image récurrente des cortèges funéraires passant sur le pont Alexandre-III entre une haie d’honneur.
Détaillant sa vision stratégique au printemps 2020, le chef d’état-major de l’armée de terre se fixe pour les années à venir l’ambition de disposer d’une armée « durcie et apte à faire face aux chocs les plus rudes ». À l’ère de la « mondialisation heureuse » où rien ne semble a priori encourager les jeunes Français à embrasser la carrière des armes, ce niveau d’exigence peut paraître au premier abord en décalage avec les préoccupations de notre société. Pourtant, l’armée de terre parvient à attirer près de seize mille jeunes par an dans un contexte très concurrentiel. Elle compte même parmi les seules armées en Europe à atteindre ses objectifs de recrutement. Pour ce faire, le recruteur doit d’abord « donner l’idée » avant de « donner envie » de s’engager. Il doit discerner dans la personnalité, les aspirations et le comportement des jeunes les points de convergence avec l’état militaire, afin de leur proposer des opportunités répondant à leurs attentes, dans le contexte d’une société où l’épanouissement personnel porté aux nues semble peu compatible avec l’accomplissement d’une vocation au service de la collectivité. On peut donc se demander ce qui conduit autant d’entre eux à rejoindre une institution potentiellement perçue comme décalée par rapport à la société. De la même manière, on peut aussi s’interroger sur la manière dont l’armée de terre parvient à fidéliser ces engagés – un enjeu majeur.
- S’engager, un choix singulier qui donne du sens à l’existence
Aujourd’hui comme hier, de nombreux motifs peuvent conduire un jeune à s’engager dans l’armée de terre : la recherche d’une situation stable au sein d’une institution solide et rassurante, le désir d’autonomie, voire de rupture, par rapport à son milieu d’origine, la quête d’une forme de reconnaissance sociale grâce à l’accès à un statut jugé prestigieux, la recherche d’un cadre normé, la volonté de se sentir utile ou de donner un sens à son engagement professionnel, le goût de la cohésion, l’adhésion à des valeurs humaines fortes telles que le respect de l’autre, l’attrait du risque et le goût de l’aventure, ou le pur idéal patriotique. Chez chaque jeune engagé, ces motivations se combinent tandis que le désir de s’épanouir au plan personnel en rejoignant une organisation qui place l’homme au cœur de ses préoccupations s’impose de manière souvent inconsciente. Il appartient au conseiller en recrutement qui accompagne le candidat dans son projet de bien discerner ces motivations qui peuvent évoluer et mûrir avec le temps, à tel point que l’on assiste à l’émergence d’une véritable vocation chez nombre de nos soldats venus à l’origine simplement chercher un emploi.
Besoin vital pour l’armée de terre qui demeure un véritable « système d’hommes »1, le recrutement s’est largement professionnalisé depuis la suspension du service national en 1997. La jeune armée professionnelle a su valoriser progressivement son image avec la multiplication des reportages en immersion, des récits d’opérations ou des portraits dans la presse. Ces actions de communication ciblées sont autant d’occasions d’associer la figure du soldat aux valeurs positives d’esprit d’équipe, de promotion sociale, d’engagement physique et sportif, et d’aventures lointaines. Portées par l’engagement opérationnel intense et l’image de modernité véhiculée par l’armée de terre professionnelle, les campagnes marketing vantant la « marque employeur » contribuent efficacement à valoriser l’institution militaire et à instiller, voire même à banaliser, l’idée de l’engagement dans l’esprit du public.
Au regard de la contradiction apparente entre les vertus attendues et cultivées par l’état militaire et celles mises en avant au quotidien au sein de la société, la perspective de l’engagement dans l’armée de terre ne va pourtant pas forcément de soi. Les aspirations de la jeunesse ont considérablement évolué ces deux dernières décennies. Les Européens issus des générations Z2 ou Millenium3 ont en commun le besoin de trouver un sens à leur existence, et éprouvent une forte aspiration à se réaliser et à s’épanouir au plan personnel. Cela se traduit par la nécessité de trouver un équilibre, une harmonie, entre vie personnelle et vie professionnelle. Comme l’explique Karine Maurer, « le travail n’est presque plus une valeur en soi, mais plutôt un outil pour se développer personnellement »4. La crise de l’engagement dans le travail est même devenue préoccupante5. L’adoption d’un métier, à distinguer de l’emploi temporaire, s’apparente ainsi à une symbiose entre l’activité professionnelle et les représentations que le jeune s’est faites de lui-même. Le recruteur ne doit donc plus chercher « par quoi le candidat est motivé, mais le convaincre que ce qu’il veut devenir, c’est militaire »6. Indubitablement, ce renversement du rapport au métier explique au moins pour partie la forte instabilité dans l’emploi des jeunes générations constatée par de nombreux employeurs. Dès lors, tout l’art du recruteur est de soutenir et de guider patiemment le candidat dans l’élaboration d’un projet professionnel correspondant à ses aspirations et à ses aptitudes, et en adéquation avec les besoins de l’institution, tout en l’aidant à prendre conscience des réalités, notamment les sujétions du métier militaire.
- Épanouissement ou accomplissement
En proposant à ses jeunes engagés de porter les armes de la France et de servir ainsi une cause qui les dépasse avant de les transcender, l’armée de terre est en phase avec l’une des principales aspirations de la nouvelle génération : trouver un sens à son activité. Mais aujourd’hui, plus encore qu’à l’époque de Vigny, choisir la grandeur du métier des armes ne peut aller sans une acceptation des servitudes qui vont de pair, c’est-à-dire développer une capacité d’abnégation qui implique de dépasser l’idéal d’épanouissement individuel. Plus concrètement, les impératifs militaires de discipline, de disponibilité ou de mobilité impliquent nécessairement des compromis dans le domaine de la vie personnelle et familiale.
Chez le jeune d’aujourd’hui, on assiste à une tension entre deux aspirations fondamentales et contradictoires : d’un côté l’épanouissement personnel et de l’autre un accomplissement au service d’une vocation ou d’une cause supérieure. Dans Le Soldat impossible, Robert Redeker décrit de manière imagée la tension entre ces deux idéaux antagonistes : « Voici les êtres humains devenus semblables aux fleurs : leur vie n’a de valeur que si elle est épanouissement. L’exigence de l’épanouissement a quelque chose de végétal ; d’un point de vue symbolique en effet, elle est un réductionnisme laissant apparaître l’homme-plante et l’homme-fleur. Lié au règne de la femme, le thème de l’épanouissement est exactement le contraire de celui de l’accomplissement. L’épanouissement tient dans le développement optimal des capacités. Une vie perdue, une vie gâchée, dira-t-on, sera une vie qui aura laissé en jachère les potentialités dont elle était porteuse. Bref, une vie qui aura négligé de s’occuper à faire fructifier son capital de dons reçus de la nature. L’accomplissement, lui, se connecte aux notions de vocation et de mission. Celles-ci peuvent exiger le renoncement à l’épanouissement. Le soldat s’accomplit aussi bien qu’il accomplit sa mission. […] Des temps comme les nôtres, portant aux nues l’épanouissement, ne peuvent être qu’hostiles au soldat. Ils sont les temps du soldat impossible7. »
Aujourd’hui comme hier, faire le choix conscient de l’engagement militaire implique d’avoir privilégié l’idéal d’accomplissement à l’idéal d’épanouissement. Seuls ceux chez qui la volonté, le plus souvent inconsciente, de servir une cause qui les dépasse parvient à s’enraciner trouveront les raisons de persévérer dans leur engagement. Parfois à regret, les autres trouveront eux aussi toutes sortes de bonnes raisons pour justifier et habiller leur renoncement.
- À l’épreuve du réel : le défi de la fidélisation
Plus de 30 % des jeunes engagés décident de mettre fin à leur engagement durant les six mois de leur période probatoire. Au sein de l’armée de terre, ce taux de dénonciation8 trop élevé ne manque pas de susciter réflexions et remises en cause. Si de nombreux motifs peuvent conduire des jeunes engagés à quitter, parfois au bout de quelques jours, l’unité qu’ils avaient pourtant choisi de rejoindre au terme d’un processus de recrutement long et progressif, on peut expliquer ces difficultés par la dissonance ressentie entre ce qu’ils espèrent devenir et ce qu’ils jugent, à tort ou à raison, que l’institution aurait pu leur offrir. Le sociologue Jean-François Léger note ainsi que l’« on peut […] craindre que certains militaires du rang ne remettent en cause leur engagement professionnel si l’institution militaire ne légitime pas, en particulier, l’identité qu’ils visent »9. De manière très concrète, le jeune engagé arrivé en régiment peut se trouver brutalement confronté au décalage entre la représentation mentale qu’il s’est construite de l’institution et la réalité, ce que le phénomène de mimétisme au sein du groupe peut venir aggraver. C’est ce que l’on appelle en interne le « choc de militarité ». Faute d’une adhésion immédiate au système, deux facteurs peuvent alors se combiner pour ébranler les certitudes du jeune evi10 : le poids des contraintes du quotidien (éloignement des proches, discipline, vie en collectivité, difficultés d’assimilation de l’instruction…) et le sentiment de se trouver en déphasage avec les attentes de l’encadrement (rapport au temps, codes de langage, comportements ou traditions trop vite mis en avant ou imposés…).
Par la suite, la fidélisation se joue au moment du renouvellement du premier contrat. Un moment charnière où de nombreux jeunes evat11, pourtant sincèrement attachés à leur unité et à leur métier, décident de mettre un terme à leur engagement. Alors que seuls 15 % des soldats de l’armée de terre expriment nettement que leurs attentes n’ont pas été satisfaites, une large majorité déclarent qu’ils pourraient envisager de quitter l’institution12.
On peut identifier deux motifs principaux à cela. Sans surprise, le premier est l’accumulation des contraintes de la vie militaire : la récurrence et le manque de sens apparent de certaines missions, l’usure physique ou mentale, parfois l’épreuve de l’opération extérieure, et surtout la distorsion croissante entre le niveau de disponibilité requis et la vie personnelle ou de famille13. À cet égard, le cumul des absences et l’éloignement géographique, mais aussi l’échéance de la paternité peuvent conduire le conjoint à exercer une forme de chantage affectif visant à rappeler le militaire à son devoir familial. Les attentes déçues constituent le second motif majeur de départ. Un certain nombre d’evat déplorent en effet ce qu’ils considèrent comme une erreur d’orientation : s’ils apprécient la camaraderie ambiante et le cadre professionnel dans lesquels ils évoluent, ils estiment avoir été trompés ou mal orientés par l’institution dans leur choix initial de spécialité. Certains ont demandé, souvent en vain, une mutation pour convenance personnelle. La difficulté à obtenir une réorientation ou une mutation suscite alors une véritable frustration14, qui conduit au choix souvent non désiré de quitter une institution qui ne leur permet plus de se réaliser.
Dès lors, comment l’armée de terre répond-elle au défi de la fidélisation de ses soldats dont la motivation à servir apparaît de plus en plus volatile ? La réponse est bien entendu complexe et multiple, à l’image des motifs très divers de l’engagement.
Conscients de leur responsabilité dans la représentation que se construit le jeune candidat de son futur métier, les recruteurs sont attentifs à conserver un discours sans fard, qui lui fasse progressivement appréhender les réalités, notamment les contraintes, de la vie militaire. Si cet effort d’appropriation et de personnalisation du projet conduit durant la phase d’orientation du recrutement peut permettre de prévenir ou de limiter certaines désillusions ultérieures, l’épreuve de la réalité réserve toujours des surprises, que même le meilleur des conseillers en recrutement ne pourra anticiper et que le candidat le mieux préparé ne peut toujours surmonter.
D’autant que les évolutions sociétales et les attentes nouvelles des jeunes générations rendent l’exercice du commandement plus complexe. On constate un décalage générationnel entre certains cadres et les jeunes recrues, qui ne se comprennent plus et ne se reconnaissent pas dans les valeurs portées par l’autre. Un jeune s’étant identifié à son chef peut subir une brutale désillusion si celui-ci adopte un comportement trop différent de ses attentes. Diffusé en 2016, « L’exercice du commandement dans l’armée de terre »15 insiste beaucoup sur la valeur d’humanité, une notion plus que jamais d’actualité chez les moins de vingt-cinq ans : « À l’image de la jeunesse dont il est issu, le soldat lui aussi veut être entendu. […] Il veut agir utilement. […] Il attend, outre le fait d’être reconnu, une juste rétribution, une juste compensation aux exigences de son métier. »
Les attentes fortes des jeunes soldats en matière de promotion individuelle, de considération, de maîtrise de leur parcours et d’opportunités en termes de mobilité doivent désormais être prises en considération par une gestion humaine plus agile. L’armée de terre s’efforce d’y apporter des réponses appropriées. Capitalisant sur la grande variété de ses métiers, elle propose à ses recrues des carrières plus adaptables, individualisées et valorisantes, ainsi qu’une plus grande souplesse en matière de durée et de type de contrats. Elle doit aussi répondre au désir d’immédiateté de sa jeunesse, souvent contradictoire avec le temps de l’institution (délais de formation, critères d’avancement, durée de contrat). Pour prendre en compte l’aspiration à plus d’épanouissement individuel, le commandement s’efforce désormais de proposer davantage d’opportunités de réorientation et de mobilité à ses evat. Dans le même esprit, le recruteur valorise de son côté la cohérence et l’attractivité du continuum rh de l’armée de terre (instruction initiale, formation militaire, qualification professionnelle, promotion interne, aide à la reconversion).
Le haut niveau technologique est également devenu un enjeu majeur. Selon une enquête internationale effectuée pour Dell Technologies, 84 % des élèves sondés font de la technologie le premier critère d’attrait pour une organisation. Par ailleurs, 80 % des jeunes Français interrogés souhaitent travailler dans un environnement intégrant des technologies de pointe. En combinant innovation et modernité avec les traditions et la rusticité du soldat, le concept d’« esprit guerrier » actuellement développé par l’armée de terre a de quoi séduire et convaincre cette jeunesse au fort tropisme technologique.
- La vocation : une maturation de l’engagement
Contrairement à une idée reçue, l’idée d’être au service de la France et utile à la défense de leur pays constitue une forte incitation à l’engagement pour 95 % des soldats de l’armée de terre16. En outre, une large majorité d’entre eux se disent très attachés aux rapports humains et à l’esprit de cohésion, et apprécient la discipline et la rigueur qui règnent au sein de l’institution. Au final, l’adhésion aux vertus cardinales de l’armée de terre reste très forte chez une large majorité de soldats.
On ne naît pas soldat, on le devient. En se consolidant avec le temps, la démarche initiale d’engagement peut se transformer en une authentique vocation, souvent par osmose progressive de l’individu avec son unité, ses traditions et ses valeurs. Reposant avant tout sur l’expérience intime du soldat, ce processus vertueux de maturation et d’identification prend des voies très diverses. Ainsi, la vocation peut se forger ou surgir dans l’épreuve, la blessure au combat venant en particulier approfondir le sens donné à l’engagement autour de la vertu de l’esprit de sacrifice. À l’inverse, une blessure peut aussi ébranler la vocation. La signature d’un deuxième contrat peut être vécue comme un véritable renouvellement de la parole donnée, cette fois en pleine connaissance de cause. Les rendez-vous initiatiques (marche au képi, remise d’insignes, présentation au drapeau, remise de la fourragère qui rappelle l’action des anciens…) qui jalonnent la formation initiale du jeune soldat sont autant d’occasions de transmettre les traditions et d’éveiller en lui le sentiment valorisant d’être le récipiendaire d’une filiation prestigieuse.
Par la suite, une fois effectuée l’affectation en unité, la forte cohésion entre soldats peut aussi s’assimiler à une forme de destin commun et de vocation partagée. La jeune recrue s’identifie alors à une communauté humaine à laquelle elle est fière d’appartenir, adhérant progressivement à ses codes et aux idéaux supérieurs de service, de mission ou encore de patrie, plutôt abstraits et en retrait avant son engagement. En ce sens, les traditions n’ont qu’un seul but : transmettre aux jeunes générations ce que l’âme militaire porte en elle de meilleur depuis des générations. Avec ses rites, sa solennité, ses emblèmes, le cérémonial joue un rôle essentiel pour raviver à intervalles réguliers le sentiment affectif qui lie chaque soldat à son métier, à son unité et à son pays. Le drapeau de l’unité incarne au plus haut point la force de ce lien invisible, comme l’a si bien évoqué Jules Clarétie : « Le drapeau, mes amis, sachez-le bien, c’est, contenu dans un seul mot, rendu palpable dans un seul objet, tout ce qui fut, tout ce qui est la vie de chacun de nous : le foyer où l’on naquit, le coin de terre où l’on grandit, le premier sourire de l’enfant, la mère qui vous berce, le père qui vous gronde, la première larme, les espoirs, les rêves, les chimères, les souvenirs ; c’est toutes ces joies à la fois, toutes enfermées dans un mot, dans un nom, le plus beau de tous, la Patrie17. »
In fine, la mise à mal des solidarités traditionnelles et le sentiment d’isolement de l’individu qui en a résulté n’ont sans doute fait que susciter une aspiration plus fondamentale de la jeunesse à retrouver la solidarité du groupe et à communier à des valeurs transcendantes. Mais la tension entre cet idéal d’accomplissement et l’aspiration plus individuelle à s’épanouir qui caractérise notre époque ne peut être occultée. Choix exigeant, mais toujours aussi attractif, l’engagement dans l’armée de terre constitue donc sans aucun doute une réponse convaincante à la quête de sens consciente ou inconsciente de la jeunesse contemporaine. Et il n’est sans doute pas anodin de noter que chez le militaire, le sentiment de répondre à une vocation correspond souvent à l’équilibre trouvé entre épanouissement et accomplissement.
1 « Le combat est le but principal des armées et l’homme est l’instrument premier du combat », écrit Charles Ardant du Picq dans Études sur le combat (1880).
2 Désigne les enfants nés entre 1995 et 2000.
3 Désigne les enfants nés dans les années 2000.
4 « Génération Z : donner du sens au travail », site Internet wethetalent.co, 23 octobre 2017.
5 Selon une étude de l’Institut Gallup de novembre 2017, seuls 6 % des salariés en France se disent engagés dans leur travail.
6 J. -F. Léger, « Pourquoi des jeunes s’engagent-ils aujourd’hui dans les armées ? », Revue française de sociologie, vol. 44, 2003/4, pp. 713-734.
7 R. Redeker, Le Soldat impossible, Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2014, p. 184.
8 Proportion des recrues d’une promotion ayant choisi de dénoncer leur contrat d’engagement pendant les six mois de la période probatoire.
9 J.-F. Léger, op. cit..
10 Engagé volontaire initial.
11 Engagés volontaires de l’armée de terre.
12 « La fonction militaire dans la société », 11e rapport du hcecm, 2017. À noter que les perceptions des evat recueillies dans le cadre de ce genre d’enquêtes sociologiques sont à relativiser.
13 En particulier quand le conjoint n’a pas rejoint la garnison, ce qui est le cas pour la plupart des jeunes evat servant en régiment.
14 Le refus de l’institution est alors interprété comme un manque d’écoute et de considération, qui tranche avec les valeurs affichées et vient altérer la représentation positive que le militaire s’était forgée d’elle.
15 Paru en mai 2016, « L’exercice du commandement dans l’armée de terre » est une réédition augmentée du Livre Bleu sur l’exercice du commandement de 2003, qui, peu après la suspension du service national, s’adressait aux jeunes cadres de la nouvelle armée de terre professionnelle.
16 « La fonction militaire dans la société », op.cit..
17 J. Clarétie, Le Drapeau, Éditions Georges Decaux et Maurice Dreyfous, 1879.
“Only the Spirit, if it breathe upon the clay, can create Man”
Saint-Exupéry (Wind, Sand and Stars (French title: Pilote de guerre)
People sign up to fight for the planet, pension rights, solidarity, local shops, Tibet, against discrimination, nuclear power, the construction of an airport etc. In French, the word “engagés” in connection with artists and intellectuals who fight for various social and political causes has the original meaning of military enlistment.. This linguistic evolution reflects how the traditional notions of “enlistment” and “commitment”, as contractual undertakings involving full consent to risks and obligations, has been progressively extended and thereby weakened. However, the recent resurgence of tragic events in the news has put the nobility back into the notion of enlistment and commitment to service. Today, the renewed awareness that enlistment involves risk has shone the spotlight back on those who enlist. The captivating image of the fireman fighting the blaze at Notre-Dame Cathedral from the top of his ladder has become one of the symbols of modern times. The same applies to healthcare personnel at the bedsides of patients infected by covid-19. By the same process, military personnel, who have always been associated with the notion of enlistment, and have even sometimes been dubbed [“enlisted volunteers”], are once again seen in the public eye as heroes, since the mirage of “zero deaths” is giving way to the recurring real image of funeral processions and guard of honour over the Pont Alexandre III bridge in Paris.
Detailing his strategic vision in the spring of 2020, the Chief of Staff of the French Army expressed the ambition that in the years to come France would have a “hardened army, ready to withstand the most brutal blows”. In the era of “care-free globalization”, where, at first sight, there is nothing to encourage French youth to embrace a career in the armed forces, this level of rigour can seem to be out of step with the preoccupations of our society. However, the French Army still manages to attract almost sixteen thousand young people per year, in a highly competitive context. It is even one of the only armies in Europe to attain its recruitment goals. To do so, recruitment officers must first “give the idea” before “arousing the desire” to enlist. The recruiter has to discern the points of convergence with the military mentality in the personality, aspirations and conduct of young people, in order to offer them opportunities that meet their expectations, in a social context where personal development is seen as the ultimate virtue and can seem incompatible with a vocation in the service of the broader community. So, we can legitimately ask what drives so many young people to join an institution that is potentially perceived as out of step with society. Similarly, we can ask how the army can retain the loyalty of those who enlist—this remains a challenge of major importance.
- Enlisting—a unique choice that gives meaning to existence
Today, as in the past, a variety of motivations can impel a young person to enlist in the army: these include the search for secure employment in a stable and reassuring institution, the desire for independence—or even liberation—from the young person’s home environment, the quest for a form of social recognition through access to a status perceived as having prestige, the need for a regulated framework, the desire to feel useful or to give meaning to personal professional commitment, a taste for team spirit, adherence to strong human values, such as respect for others, the attraction of risk, taste for adventure or, quite simply, the patriotic ideal. These motivations combine in different proportions in every young person who enlists in the military, and the desire for personal development, by joining an organization that places Man at the heart of its preoccupations, is often a subconscious factor. The role of the recruitment officer is to assist each candidate to clearly discern his or her motivations, which can evolve and mature over time, to the point that in many cases a genuine sense of vocation may be seen to emerge in soldiers who originally joined up simply looking for a job.
As a vital need for the army, which remains a “system consisting of the people in it”1, recruitment has been largely professionalized since the suspension of mandatory national service in 1997. The newly professionalized army was able to progressively enhance its standing with the increase of embedded reports, accounts of operations or portraits in the press. These targeted communication campaigns provided opportunities to associate the image of the soldier with the positive values of team spirit, social promotion, physical and sporting commitment and adventure in distant lands. On the basis of the intense operational engagements and the image of modernity transmitted by the professional army, these marketing campaigns vaunting the “employer’s brand” have made an effective contribution to improving public perception of the military institution and instilling, or even normalizing, the idea of enlistment..
However, given the apparent contradiction between the virtues expected and cultivated by the military and those promoted on a daily basis in civilian society, the prospect of enlisting in the army is not necessarily self-evident. The aspirations of young people have evolved considerably over the last few decades. In Europe, young people of generation Z2 and millennials 3 have in common a need to find a meaning to their existence, and they feel a strong aspiration for personal development and realizing their individual potential. This is reflected by the need to find balance and harmony between private and professional life. As Karine Maurer explains, “Work nowadays is seldom seen as an end in itself, but more as a tool for self-development”.4. The crisis of commitment in the world of employment has even become worrying5. The adoption of a profession, as opposed to a temporary job, has become a kind of symbiosis between the professional activity and the images that young person create of themselves. So, the recruitment officer no longer has to search for “what motivates a particular candidate but has to convince him or her that what he or she really wants to be is a soldier”.6. Undoubtedly, this revolution in the relationship to professional life explains, at least in part, the considerable employment instability that many employers have observed in the younger generations. Consequently, the art of the military recruitment officer is to support and patiently guide each candidate in the elaboration of a professional project that corresponds to their aspirations and aptitudes, while also meeting the needs of the institution and helping the candidate to become aware of realities, in particular the constraints of the military profession.
- Fulfilment or self-development
By offering its young recruits the opportunity to bear the arms of France and thereby serve a cause that is greater than them and transcends them, the French Army is in step with one of the main aspirations of the new generation, i.e. to find meaning at work. However, today, even more than at the time of Vigny, choosing the nobility of the military profession cannot be separated from the servitudes that go with it, in other words the development of a capability for self-abnegation that implies going beyond the ideal of individual self-development. In more concrete terms, ,the military imperatives of discipline, availability and mobility necessarily imply compromises in the domain of personal and family life.
In the young people of today, we are witnessing a tension between two fundamental and contradictory aspirations—personal development on the one hand and human fulfilment in the service of a vocation or a superior cause on the other. In Le Soldat Impossible (The Impossible Soldier), Robert Redeker uses a striking image to describe the tension between these two antagonistic ideals “Here, human beings are like flowers: their life only has value if they bloom. The demand to bloom, the aspiration for self-development, has something plant-like about it; symbolically, it is a reductionism that reveals the plant-man, the flower-man. When applied to woman, the theme of blooming as self-development, runs exactly contrary to fulfilment. Blooming refers to the optimal development of individual capabilities. A wasted life, in this view, is a life in which much of the individual’s potential has lain fallow. In short, it is a life in which the capital of gifts received from nature has not been brought to fruition. Fulfilment, on the other hand, connects to the notions of vocation and mission. These notions may require the renouncement of personal development. The soldier attains fulfilment by fulfilling his or her mission. […] Times like ours, where self-development is praised to the skies, can only be hostile to the soldier. These are the times of the impossible soldier7.”
Today, as in the past, taking the conscious decision to enlist in the armed forces implies placing the ideal of fulfilment above the ideal of personal development. Only those in whom the—more often than not subconscious—desire to serve a cause bigger than themselves succeeds in taking root will find the reasons to persevere in their enlistment. Others, sometimes regretfully, will find all sorts of good reasons to justify and paint over their decision to give up.
- The test of reality and the challenge of retention
More than 30% of young recruits decide to terminate their enlistment during their six-month trial period. In the army, this excessively high drop-out rate8 has given cause for reflection and self-examination. Although many reasons can impel young recruits to quit, sometimes after only a few days, even though they had chosen the unit they wanted to join after a long and progressive recruitment process, the main cause of these difficulties can be identified as the dissonance that the young recruits experience between what they hope to become and what, rightly or wrongly, they judge that the institution would have been able to offer them. For example, sociologist Jean-François Léger notes that “there is a legitimate apprehension […] that certain non-commissioned members might have second thoughts about their professional enrolment if the military institution fails to validate the identity that they are aiming for”9. To put it bluntly, on arriving in the regiment, the young recruit can be abruptly confronted by the difference between the mental image that he or she had constructed of the institution and the actual reality, and this shock can be aggravated by the effect of peer group emulation. French recruiters have dubbed this phenomenon the “shock of militarity”. In the absence of an immediate sense of belonging in the system, two factors can combine to shake the certainties of the newly enlisted recruit (“evi”)10—first, the burden imposed by the constraints of daily life (distance from friends and family, discipline, life in a group, difficulties assimilating the training etc.) and second, the sense of being out of sync with the demands of the officers (punctuality, language codes, behaviour or traditions emphasized or imposed too early, etc.).
Subsequently, the question of retention arises again when the moment comes to renew the initial contract. This is a key moment, when many young people (“evat”)11, although sincerely attached to their unit and their profession, decide to terminate their enlistment. Although only 15% of soldiers in the French Army clearly express the view that their expectations were not satisfied, a large majority declare that they could seriously envisage quitting the institution12. Two main reasons for this can be identified: Unsurprisingly, the first is the accumulation of constraints of military life, such as the recurrence of certain missions, compounded by their lack of apparent meaning, physical and mental fatigue, occasionally the ordeal of an external mission, and, above all, the growing distortion between the level of availability demanded and the individual’s personal or family life13. In this respect, the cumulative effect of absence and geographical distance, together with the eventuality of parenthood, can lead a spouse to exert a form of emotional blackmail to remind the soldier of his/her family duty. The second major reason for quitting the military is disappointed expectation. A certain number of evat regret what they consider to be a mistaken career choice: although they appreciate the atmosphere of comradeship and the professional framework in which they work, they consider that they were deceived or misled by the institution in their initial choice of specialism. Some of them have frequently put in unsuccessful requests for a transfer for personal convenience. In these cases, the difficulty of obtaining career reguidance or a transfer generates genuine frustration14, which leads to an often reluctant decision to quit an institution that no longer allows them to develop their full potential.
So, how can the French Army meet the challenge of retaining the loyalty of soldiers at a time when the motivation to serve seems to be increasingly volatile. The answer, of course, is complex and multi-faceted, reflecting the variety of motives for enlisting.
Recruiting officers, conscious of their responsibility for how young candidates picture their future profession, must take care to speak plainly, so that the candidates gradually understand the realities—and especially the constraints—of military life. Although this effort of familiarization and personalization of each candidate’s projected career can help to prevent or limit certain subsequent disillusions, the test of reality always reserves some surprises that even the best recruitment advisor cannot anticipate and even the best prepared of candidates cannot always overcome.
This is all the truer now, at a time when societal changes and the new expectations of the younger generations complicate the task of command. A generation gap can also be observed between certain officers and young recruits, with a mutual lack of understanding and failure to appreciate the values prized by the other generation. For example, a young man who has identified with his commander can feel a crushing sense of disillusion if the commander adopts a course of conduct that is too different to the younger man’s expectations. Published in 2016, “L’Exercice du Commandement dans l’Armée de Terre” (The Exercise of Command in the French Army)15 emphasizes that one of the core values is humanity, and this applies especially when dealing with young people under the age of twenty-five: “Like the young generation from which they have come, soldiers too want their voice to be heard.. […] They want their action to be useful. [] Besides recognition, they expect a just reward for the exigencies of their profession”.
The strong expectations of young people with regard to individual promotion, consideration, control of their career and opportunities in terms of mobility must now be taken into account by more agile human management. The French Army is making every effort to provide the appropriate responses. Capitalizing on its wide variety of professions, the Army now offers its recruits more adaptable, individualized and personally rewarding careers and greater flexibility in contractual periods of service and types of contract. The Army must also meet the desire of young people for immediate results, even if this is often in conflict with the timescale of the institution (training periods, promotion criteria, contract duration etc.). To integrate the aspiration of recruits for greater self-development, army high command. is now seeking to provide its evat. recruits with increased opportunities for career changes and mobility In the same spirit, the recruitment officer will also emphasize the coherence and attraction of the hr continuum proposed by the Army (initial training, military training, professional qualification, internal promotion and reskilling assistance).
The high technological level has also become a major factor. According to an international survey carried out by Dell Technologies, 84% of pupils surveyed stated that technology was the main criterion of attractiveness of an organisation. Moreover, 80% of the French young people surveyed wished to work in an environment that integrates cutting-edge technologies. By combining innovation and modernity with the traditions and toughness of the soldier, the concept of the “warrior spirit” that is currently being developed by the French Army has every chance of attracting and convincing these younger generations, with their strong taste for technology.
- Vocation: the ripening of enlistment
The idea of serving France and being of use in the defence of their country is by no means an empty platitude, devoid of real meaning, but a strong incentive for enlisting in the case of 95% of the soldiers in the French Army16. Moreover, a large majority of them say that they are deeply attached to the army’s human relations and spirit of togetherness, and they appreciate the discipline and rigour that reign in the institution. Ultimately, adherence to the cardinal virtues of the French Army remains very strong for a large majority of soldiers..
You are not born a soldier. You become one. Consolidated over time, the initial step of enlistment can be transformed into an authentic vocation, often by progressive osmosis between the individual and the unit and its traditions and values. This virtuous process of ripening and identification, founded above all on the intimate experience of the soldier, can take very different forms. For example, the sense of vocation can be forged or arise through ordeal, and injury in combat can bring a particularly deep meaning to enlistment and to the soldier’s commitment to the virtue of the spirit of sacrifice. Conversely, injury can also seriously shake a person’s sense of vocation. The signature of the second contract can be experienced as a veritable renewal of the individual’s given word, this time in full awareness of the consequences. The ceremonies that mark the milestones in the induction of a young soldier (the marche au képi or “long march”, the présentation au drapeau or presentation to the flag, the award of the fourragère, a regimental distinction recalling those who have gone before, etc.) represent occasions to transmit traditions and confer a sense of pride as the recipient of a prestigious heritage.
Subsequently, once stationed with a unit, the strong cohesion between soldiers can also be experienced as a form of collective destiny and shared vocation. In this case, the young recruits identify themselves with a human community that they are proud to belong to, progressively adopting its codes and the higher ideals of service, mission or country, which previously, prior to enlistment, seemed to be more abstract and distant concepts. In this sense, traditions have the single goal of transmitting to younger generations the best that the military soul has represented down the ages. With its rites, solemnity and emblems, ceremony plays an essential role in regularly reviving the emotional sense that bonds each solder to their profession, their unit and their country. The unit’s flag is the highest representation of this invisible bond, as was so well described by Jules Clarétie: “The flag, my friends, be it known, is—contained in a single word and made palpable by a single object—the entire life of each of us: the home where we are born, the corner of earth where we grew up, the first smile of the child, the mother who cradles you, the father who scolds you, the first tear, the hopes, dreams, illusions, memories; the flag is every joy at once, all condensed into one word, a name, the most beautiful of them all, the Motherland17”.
Finally, the rejection of traditional solidarities and the individual’s resulting sense of isolation can undoubtedly arouse a more fundamental aspiration in young people to rediscover the solidarity of the group and to share in a communion of transcendent values. However, the tension between this ideal of fulfilment and the more individualistic aspiration for self-development characterizing our present age cannot be denied So, as a demanding but still attractive choice, enlistment in the French Army constitutes without doubt a convincing answer to the conscious or subconscious quest for meaning of the youth of today. Also, it is probably by no means insignificant that, for the soldier, the sense of answering the call to a vocation often corresponds to finding a balance between self-development and a broader sense of accomplishment and fulfilment.
1 This article was written in collaboration with Colonels Cyril Leprêtre, Luc Rosier, Hugues Perot, Jean Falissard and Xavier Thiebaud. “Battle is the final objective of armies and man is the fundamental instrument in battle,” wrote Charles Ardant du Picq in “Battle Studies” (Études sur le Combat) in 1880/
2 Designates children born between 1995 and 2000.
3 Designates children born in the 2000s.
4 “Generation Z—Finding Meaning at Work, on the website wethetalent.co, 23 October 2017.
5 According to a survey by the Gallup Institute in November 2017, only 6% of employees in France say that they are committed to their work.
6 J.-F. Léger, « Pourquoi des jeunes s’engagent-ils aujourd’hui dans les armées » (Why Are Youths Enrolling in the Army Today), Revue française de sociologie, vol. 44, 2003/4, pp. 713-734.
7 R. Redeker, Le Soldat Impossible, Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2014, p. 184.
8 Proportion of recruits in a promotion who have chosen to terminate their enlistment contract during the initial trial period of six months.
9 J.-F. Léger, “Pourquoi des jeunes s’engagent-ils aujourd’hui dans les armées ?” (Why Are Youths Enrolling in the Army Today?), Revue Française de Sociologie, 2003/4.
10 EVI: Engagé Volontaire Initial. Person voluntarily enlisted in the armed forces on an initial short-term contract.
11 EVAT: Engagé Volontaire de l’Armée de Terre (Person who has voluntarily enlisted in the French Army).
12 « La Fonction Militaire dans la Société » (The Function of the Military in Society), 11e rapport du hcecm, 2017. We should note that the perceptions of evat collected in this type of sociological survey are not entirely reliable..
13 This is particularly common if the spouse has not come to live at the garrison, which is the case for most young evat serving in a regiment.
14 The refusal of the institution is in this case interpreted as a lack of concern, understanding and consideration, which contrasts sharply with the declared values and can damage the positive image that the soldier had previously had of the Army.
15 Published in 2016, “L’Exercice du Commandement dans l’Armée de Terre” (The Exercise of Command in the French Army) is a re-edition of the “Livre Bleu” (Blue Book) on the Exercise of Command dating back to 2003, published shortly after the suspension of national service in France and addressed to young officers in the newly professionalized French Army.
16 “La fonction militaire dans la société”, op.cit.
17 J. Clarétie, Le Drapeau (The Flag), Éditions Georges Decaux et Maurice Dreyfous, 1879.