Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, aristocrate russe d’origine polonaise, a tenté de s’engager dans la Légion étrangère avant d’être affecté comme canonnier-conducteur au 38e régiment d’artillerie de campagne de Nîmes. Envoyé en 1915 sur le front de Champagne, il nous a légué les vers suivants :
« Ah Dieu ! que la guerre est jolie,
Avec ses chants ses longs loisirs,
Cette bague je l’ai polie,
Le vent se mêle à vos soupirs.
Adieu ! voici le boute-selle,
Il disparut dans un tournant,
Et mourut là-bas tandis qu’elle,
Riait au destin surprenant1. »
Ces rimes du poète-soldat sont aussi célèbres qu’incomprises. Le ton n’y est pas ironique : pour Apollinaire, la guerre constitue un tableau fascinant, ébranlant les sens, provoquant les émotions les plus intenses.
De son côté, Henri Barbusse affirme que « ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait »2. Cette opposition entre deux présentations possibles du fait guerrier montre à elle seule toute la complexité existante à vouloir conjuguer guerre et esthétique : est-il possible de trouver une forme de beauté dans la guerre ? N’est-ce pas honteux ? En exposant une vision positive de la guerre, le risque n’est-il pas de justifier toutes les horreurs ? Les romanciers ou les poètes ne devraient-ils pas se contenter de rappeler uniquement la laideur du phénomène guerre ?
Ces derniers ne sont pas les seuls à se poser ces questions : le vétéran qui a connu les théâtres d’opérations, le théoricien, le stratégiste, tous croient apercevoir dans la guerre une forme de grandeur au milieu de sa difformité. Mais, face à la sensibilité contemporaine, il leur semble difficile, voire inconcevable de l’exprimer. Pourtant, n’y a-t-il pas danger à ne laisser ces sentiments contradictoires qu’aux bellicistes ou autres extrémistes ?
- L’esthétique de la guerre
« Il y a de la beauté dans le sentiment de conquête » affirme Antoine de Saint-Exupéry3, que l’on ne peut accuser d’être un va-t-en-guerre. Quelle pourrait être la source de cette sensation contradictoire ? Il semble que la beauté de la guerre vient du fait que l’acte guerrier est un art, aux œuvres grandioses, au sein desquelles les soldats sont magnifiés.
Dans la dialectique art/science de la guerre, un argument est accepté par tous : le phénomène guerrier engendre des œuvres uniques. Si des principes semblent se dégager4, il n’y a pas de « recettes » que le chef militaire peut suivre sans réflexion préalable, quel que soit le niveau considéré, stratégique, opératif ou tactique. Chaque confrontation diffère de la précédente suivant le contexte, les protagonistes ou l’emplacement géographique de l’affrontement. La dimension esthétique jaillit de l’inspiration des commandants, de leur « génie » d’adaptation. Clausewitz parle de « cette faculté mentale que l’on nomme imagination »5 rendue possible car « la guerre n’est pas une activité de la volonté appliquée à une matière inerte, comme les arts mécaniques, ou à un sujet vivant mais passif et qui s’abandonne, comme l’esprit humain et la sensibilité humaine dans les beaux-arts ; elle s’applique à un objet vivant qui réagit ». Les chefs-d’œuvre de stratégie militaire sont pléthoriques dans l’histoire, riche de siècles d’affrontements : les batailles de Cannes (216 av. J.-C.), de Marathon (90 av. J.-C.), de Poitiers (732), de Crécy (1346), d’Austerlitz (1805) ne sont que quelques exemples dans la longue litanie des hauts faits d’armes qui suscitent l’admiration de tous.
Au milieu de ces déchaînements de violence l’homme semble comme absorbé, envoûté. Le grandiose des champs de bataille possède son esthétique propre. Comme le note le philosophe Jesse Glenn Gray : « Certaines scènes de bataille, tout comme une tempête sur l’océan, ou un coucher de soleil dans le désert, ou encore le ciel nocturne vu à travers un télescope, peuvent frapper de stupeur un individu isolé et le tenir sous leur charme6. » La littérature a souvent tenté de saisir la puissance esthétique de ces violences guerrières. Dans son roman Normance, moins connu que Voyage au bout de la nuit, Céline réussit ainsi à décrire, sur plus de cinq cents pages, le spectacle du bombardement des usines Renault observé depuis la butte Montmartre.
Confronté à la beauté paradoxale du fait guerrier, l’homme ressent « un sentiment de plénitude et de surhumain »7. Il se voit magnifié, peut-être parce que la guerre est « ce qui convient le plus à l’esprit humain »8. En partie parce que les conflits offrent la possibilité d’un dépassement de soi, d’une lutte pour une cause plus grande que sa propre personne. Hélie de Saint Marc disait simplement que « la guerre débarrasse du souci de soi ». « Le “je” se change insensiblement en “nous”. […] L’apogée de la fraternité se gagne au combat », conclut Glenn Gray9.
Mais cette esthétique de la guerre semble également conduire aux pires dérives. Dans Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Joseph de Maistre affirme ainsi que « la guerre est d’essence divine. Elle est la saignée qui rétablit la santé du monde congestionné de mauvais désirs. Elle est encore l’exutoire par quoi se rétablit l’équilibre de la surproduction de l’espèce chez les races saines et bien portantes ». En magnifiant la guerre, le risque semble donc grand de justifier ses horreurs et ses excès.
- La récupération maléfique de la beauté guerrière
L’esthétique de la guerre paraît donc conduire à des voies dangereuses. En effet, en proposant des représentations classiques esthétisantes de la guerre, une vision positive du fait guerrier peut être alimentée sans cesse, conduisant aux pires dérives.
L’histoire montre que l’écriture possède une part de responsabilité dans le déclenchement des conflits, notamment par l’imaginaire belliciste et les représentations positives de la guerre qu’elle contribue à perpétuer. Maurice Barrès compte sur cet héritage : « L’esprit surtout sera élargi, ennobli, soulevé. Nous aurons des livres issus des plus graves expériences humaines et des poèmes chargés des vertus des batailles. J’entrevois une haute culture virile, savante et limpide pour tous10. » Littérature et poésie travaillent donc à rappeler la beauté de la guerre, la seule à même de magnifier un peuple, et de lui rendre vitalité et unité.
La recherche de la beauté dans la guerre peut également conduire à la surenchère des sentiments guerriers et destructeurs. La bataille de Berlin à la mi-avril 1945 en témoigne, comme le souligne Jean-François Muracciole11 : face à trois cent cinquante mille hommes de l’Armée rouge, quatre-vingt-dix mille Allemands ont défendu leur capitale dans un combat « inutile militairement, mais politiquement et symboliquement décisif » pour Moscou. Les généraux du Reich voulaient déclarer Berlin ville ouverte, mais Hitler, recherchant une « fin apocalyptique et esthétique » le posant en « héros wagnérien », a imposé une dernière bataille titanesque et meurtrière. La recherche de cette fin grandiose a prolongé les malheurs du peuple allemand dans un objectif purement esthétique.
Cette recherche du beau dans le fait guerrier pourrait finalement être le principal moteur de la guerre. Le philosophe Alain, dans le troisième chapitre de Mars ou la guerre jugée, simplement intitulé « Du beau », met en évidence qu’à l’instar du Führer personne n’est protégé face à l’esthétisme guerrier : « Nul n’est à l’abri de cet enthousiasme prodigieux qui fait que l’on veut marcher sans savoir jusqu’où, à la suite d’une troupe bien disciplinée et résolue. » Cet enthousiasme ne pourrait être freiné, car « proprement esthétique », « ni fortifié ni même modifié par les pâles idées qui l’accompagnent, concernant le devoir et le sacrifice ». Il insiste : « Par ces caractères, je dis que la chose militaire est proprement esthétique. Et je remarque qu’il n’y a point d’autre art populaire en ce temps-ci, ni même d’art qui soit comparable à celui-là par la puissance et la perfection. Chacun y est pris. Chacun y sera pris. Oui les morts seront oubliés ; et les erreurs aussi ; et les mensonges ; et les froides et tristes réflexions nées de solitude. »
Il semble donc que promouvoir une esthétique de la guerre mène aux pires atrocités, aboutissant ainsi à une situation paradoxale : soit il faut nier la réalité, à savoir qu’il existe indubitablement une forme de beauté dans la guerre, pour ne pas contribuer à sa promotion, soit il faut se l’avouer et risquer ainsi d’en banaliser les horreurs. Dès lors, comment répondre au devoir de vérité qui s’impose ?
- Quelle esthétique de la guerre aujourd’hui ?
Les dangers de la récupération maléfique de la beauté guerrière forcent soit à ne pas admettre une esthétique de la guerre, soit à justifier cette dernière. Cependant, pour dépasser cette impasse, il semble qu’il ne faille pas reconnaître une beauté de la guerre, mais une beauté dans la guerre, à la fois source d’efficacité, d’éthique et de limitation des horreurs engendrées par les conflits.
Au sein des armées, l’esthétique est gage d’efficacité, car la beauté participe à la transformation du citoyen en soldat, en permettant notamment la prise de conscience du sens profond de l’engagement. Le cérémonial militaire, avec son esthétisme propre, permet en partie cette compréhension. L’ancien chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, soutient ainsi que la prise d’armes, « manifestation de cohésion, d’esthétique, de rigueur, est un moment fort, essentiel pour les militaires, où se construisent au travers d’un cérémonial millimétré, la fraternité, le sentiment d’appartenance commune. […] Quand l’étendard défile devant les troupes ou quand La Marseillaise retentit dans la nuit, ce sont des moments indispensables pour la vraie efficacité de nos armées »12. L’efficacité découle ainsi directement de l’esthétique du fait guerrier.
De plus, la conformité au droit des conflits armés amène à l’idée d’une certaine esthétique de la guerre. « Il est […] des moments dans la vie où l’esthétique rejoint l’éthique »13, rappelle le général de Villiers. La guerre conduite dans le respect de ce droit a quelque chose d’admirable, où le soldat est transcendé et dépasse son statut de simple guerrier : « On peut discuter, autant que l’on voudra, en comparant l’homme d’État et le chef de guerre, pour savoir lequel des deux mérite, plus que l’autre, le respect ; le jugement esthétique décide en faveur du dernier. La guerre elle-même, lorsqu’elle est conduite avec ordre et respect sacré des droits civiques, a quelque chose en elle de sublime14. » Si on venait à renier cette beauté induite, on renierait également l’éthique associée, justifiant ainsi les pires exactions.
Enfin, la beauté donne du sens à la vie, du sens à l’individu et donc du sens à l’engagement militaire. Dans ses méditations sur la beauté, François Cheng complète : « Il faut racheter le monde par la beauté : beauté du geste, de l’innocence, du sacrifice, de l’idéal15. » Sans la beauté, il n’y a pas de gratuité du don au combat, pas d’héroïsme, pas de dépassement de soi. « La beauté sauvera le monde »16, car « la beauté porte à aimer » tant ses camarades que ses ennemis. Elle permet au soldat de conserver sa dignité, sa générosité et sa noblesse d’âme.
Et Apollinaire de conclure, en montrant que la beauté demeure l’accomplissement du devoir :
« C’est pourquoi faut au moins penser à la Beauté,
Seule chose ici-bas qui jamais n’est mauvaise,
Elle porte cent noms dans la langue française,
Grâce Vertu Courage Honneur et ce n’est là,
Que la même Beauté17. »
À la suite d’Alessandro Baricco, il semble possible de conclure que « dire et enseigner que la guerre est un enfer et s’arrêter là est un mensonge dangereux. Aussi atroce que cela paraisse, il est nécessaire de rappeler que la guerre est un enfer, oui : mais beau »18. Face à la sensiblerie contemporaine, il ne faut pas laisser le pouvoir grandiose d’évocation du phénomène guerrier aux extrémistes et aux bellicistes, qui semblent l’avoir confisqué. S’il faut craindre l’esthétique puissante de la guerre, il ne faut pas nier la beauté dans la guerre, source d’éthique et de sens.
De la capacité de la société contemporaine à comprendre ce constat dépendra sa capacité à lutter contre une forme de radicalité qu’embrasse une partie de la population, avide de sens et de beau dans un monde désenchanté.
1 G. Apollinaire, « L’adieu du cavalier », Calligrammes, Paris, Gallimard, 1918.
2 H. Barbusse, Le Feu, Paris, Flammarion, 1916, p. 437.
3 A. de Saint-Exupéry, Écrits de guerre. La morale de la pente, Collection, estimé à fin 1939-début 1940.
4 Voir F. Foch, Les Principes de la guerre, Paris, rééd. Economica, 2007, ou le TTA 106 qui définit les trois principes retenus par l’armée de terre : liberté d’action, concentration des efforts, économie des moyens.
5. C. von Clausewitz, De la guerre, Livre I, rééd. Rivages poche, « Petite Bibliothèque », 2006, p. 90.
6 J. Glenn Gray, Au combat. Réflexions sur les hommes à la guerre, rééd. Paris, Tallandier, « Texto », 1959, p. 77.
7 P. Teilhard de Chardin, La Nostalgie du front, 1917.
8 C. von Clausewitz, op. cit., titre du chapitre 2.
9 J. Glenn Gray, op. cit., p. 90.
10 Voir M. Barrès, L’Âme française et la guerre, 1916.
11 J.-Fr. Muracciole, Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2015.
12 P. de Villiers, Qu’est-ce qu’un chef ?, Paris, Fayard, 2018.
13 Ibid.
14 E. Kant, Critique de la faculté de juger, § 28, trad. Alexis Philonenko, Paris, Vrin, 1993, p. 144.
15 F. Cheng, Cinq Méditations sur la beauté, Paris, Albin Michel, 2006.
16 P. de Villiers, op. cit..
17 G. Apollinaire, Calligrammes, Paris, Gallimard, 1918.
18 A. Baricco, postface à Homère, Iliade, Paris, Gallimard, « Folio », 2007, p. 242.
Wilhelm Apollinaris de Kostrowicki, better known as Guillaume Apollinaire, a Russian aristocrat of Polish origin, attempted to enlist in the Foreign Legion before being posted as an artilleryman-driver for the 38th artillery regiment based in Nimes. Sent to the Champagne front in 1915, he left us the following lines
“Good God! Isn’t war a lovely thing.
With its songs its killing time,
I’ve been polishing this ring
Your sighs mingle with the wind.
Good bye! The bugle call! He saddled up
And disappeared some place to die
While she, she remained
To laugh at life’s surprises”1
These lines from the poet-soldier are as famous as they are misunderstood. The tone is not ironic: for Apollinaire, war was like a fascinating painting, unsettling the senses and provoking the most intense emotions.
By contrast, Henri Barbusse, for his part, affirmed that it would be a crime to show the beautiful sides of war, even if it had any2. This opposition between two possible presentations of the fact of war is a perfect illustration of the complexity inherent in any attempt to mix war and aesthetics: is it possible to find a form of beauty in war? Or would even the attempt be a shameful enterprise? By presenting a positive vision of war, is there not a risk of justifying all its horrors? Should novelists or poets not be content with reminding us only of the ugliness of the phenomenon of war?
Writers are not the only people to ask themselves these questions: the veteran who has known theatres of operation, the theoretician and the strategist all believe that they can perceive a form of greatness in the midst of deformity. However, given contemporary sensibility, they find it difficult, and even inconceivable, to express it. On the hand, we might legitimately ask if it would not be dangerous to leave these contradictory feelings only in the hands of warmongers and other extremists?
- Aesthetics and war
“There is beauty in the sense of conquest,” affirms Antoine de Saint Exupéry3, who was certainly no warmonger. What could be the source of this contradictory sensation? It would seem that the beauty of war comes from the fact that warfare is an art, with epic works, in which the warriors are magnified.
In the dialectic between war as art or science, one argument is accepted by all: the phenomenon of war gives rise to unique works. While certain principles are discernible4, there are no “recipes” that the military commander can follow without prior reflection, regardless of the level concerned—strategic, operational or tactical. Each confrontation differs from the previous one, depending on the context, the protagonists or the geographical location of the encounter. The aesthetic dimension springs from the inspiration of the commanders and their “genius” of adaptation. Clausewitz speaks of “that mental faculty which we call imagination”5 made possible because “War is not an activity of the will applied, like the mechanical arts, to inert matter, or, as in the fine arts, to a live but passive subject that abandons itself to the human mind and to human sensibility; it is applied to a living object that reacts”. \Masterpieces of military strategy can be found in abundance in history, over many centuries of conflict: the battles of Cannes (216 BC.), Marathon (90 BC.), Poitiers (732), Crécy (1346) and Austerlitz (1805) are just a very few famous examples in the long litany of feats of war that have inspired universal admiration.
Caught up in these eruptions of violence, man seems to be absorbed, mesmerized. The grand scale of the battlefield has its own aesthetics. As philosopher Jesse Glenn Gray writes: “Some scenes of battle, much like storms over the ocean or sunsets on the desert or the night sky seen through a telescope, are able to overawe the single individual and hold him in a spell”6. Literature has often attempted to capture the aesthetic power of these violent scenes of war. For example, in his novel Normance, which is less well known than Voyage au Bout de la Nuit (Journey to the End of Night), French novelist Céline manages to describe, in more than five hundred pages, the spectacle of the bombardment of the Renault factories, as observed from the hill of Montmartre.
Confronted with the paradoxical beauty of war, man feels “a sense of plenitude and of the superhuman”7. He feels enlarged, magnified, perhaps because war is what “what is most suited to the human mind”8. One reason for this is that conflicts offer the possibility of surpassing yourself in the struggle for a cause greater than your own person. Hélie de Saint Marc said simply that “war strips you of self-concern”. The “I” imperceptibly changes to “we”. Brotherhood attains its high point in combat, concludes Glenn Gray9
However. this aesthetic of war can also lead to the most monstrous abuses. In his Soirées de Saint-Pétersbourg (St Petersburg Dialogues) Joseph de Maistre affirms that “war is of divine essence. It is the bloodletting that restores the health of the world, when it is congested by decadent desires. It is the drain that rebalances the overproduction of the species in healthy races”. So, in glorifying war, there is also a great risk of justifying its horrors and excesses.
- Misappropriating the beauty of war
The aesthetics of war therefore appear to lead into dangerous paths. In other words, by proposing classical and beautifying representations of war, a positive vision of the fact of war can be perpetually cultivated, ultimately leading people horribly astray.
History shows that writing has a share of responsibility in triggering conflicts, especially through the bellicose imaginary and the positive portrayals of war that it continues to perpetuate. Maurice Barrès counts on this heritage: “The mind, in particular, will be enlarged, ennobled and uplifted. We will have books emanating from the most serious human experiences, and poems filled with the virtues of battles. I can foresee a high culture that will be virile, rich in knowledge and plain to all”10. Here, the task of literature and poetry is to call to mind the beauty of war, as the unique beauty that is able to magnify a people and give it vitality and unity.
The search for beauty in war can also stir up an exaggeration of warrior passion, to the point of self-destruction. The Battle of Berlin in mid-April 1945 is one example, as is emphasized by Jean-François Muracciole11: in the face of three hundred and fifty thousand men of the Red Army, ninety thousand Germans defended their capital in a battle that was “militarily useless, but politically and symbolically decisive” for Moscow. The generals of the Reich wanted to abandon the defensive positions and declare Berlin an open city, but Hitler, in his quest for an “apocalyptic and aesthetic end” that would seal his place as a “Wagnerian hero”, imposed one last titanic and devastatingly bloody battle. This quest for a grandiose finale prolonged the suffering of the German people for purely aesthetic ends.
Ultimately, in fact, this quest for the beauty of war might be the main driver of war. The philosopher Alain, in the third chapter of Mars, or the Truth About War, simply titled “Of Beauty”, demonstrates that the Führer is not alone in this, and that nobody is immune to the aestheticism of war: “No-one is sheltered from this prodigious enthusiasm that makes us desire to march behind a well-disciplined and resolute troop, with no idea where all this is leading”. This enthusiasm cannot be halted, because it is “inherently aesthetic”, “neither reinforced nor even modified by the pale ideas of duty and sacrifice that accompany it”. He insists: “By these words, I mean to say that the military, as collective institution and profession, is an inherently aesthetic phenomenon. And I would add that no other popular art, at the present time, and even no other art at all is comparable to the military in power and perfection. Everyone is drawn into it. Everyone will be caught by it. Yes, the dead will be forgotten, as will be the mistakes, and the lies, and the cold and sad reflections that were born in solitude.”
So, it seems that the promotion of an aesthetics of war can lead to the most hideous atrocities, culminating in a paradoxical situation; either we have to deny reality—the reality that there is indisputably a form of beauty in war—to avoid contributing to the promotion and propagation of war, or we have to admit this reality and thereby risk normalizing the horrors it entails. With that in mind, how do we respond to our duty to the truth?
- What aesthetic of war should we adopt today?
The dangers of the misappropriation of the beauty of war for evil purposes force us either to refuse to admit that there can be aesthetic of war or to justify it. However, to overcome this deadlock, perhaps the answer is that we should recognize not a beauty of war but a beauty in war, with this beauty as a source of effectiveness and ethics, and even of limitation of the horrors spawned by conflicts.
In the armed forces, aesthetics are a sign of effectiveness, because beauty plays a part in transforming the citizen into a warrior, in particular by giving an awareness of the deeper sense of military commitment. Military ceremony, with its specific aesthetics, contributes to this understanding. For example, the former French Chief of Defence, General Pierre de Villiers, argues that the military parade “as a manifestation of cohesion, aesthetics and rigour is a powerful moment, essential for the members of the armed forces, where, by means of a ceremony orchestrated with millimetric precision, a sense of brotherhood and common belonging is generated. […]When the flag advances in front the troops, or when La Marseillaise rings out in the night, these are indispensable moments for the genuine effectiveness of our armed forces”12. In other words, effectiveness is a direct consequence of the military aesthetic.
Moreover, obedience to the law of armed conflict leads to the idea of a certain aesthetics of war. ‘There are […] times in life when aesthetics unite with ethics,’13 observes General de Villiers. War conducted in compliance with this law has something admirable, where each member of the fighting force is transcended and rises beyond the status of simple warrior: “Hence, whatever disputes there may be, in the comparison of a statesman and a general, concerning the superiority of the respect which is to be accorded them, aesthetic judgement decides for the latter. War itself, if it is conducted with order and with a sacred respect for the rights of citizens, has something sublime in it”14. If we were to deny this resultant beauty, we would also be denying its associated ethics, thereby justifying the most brutal exactions.
Finally, beauty gives meaning to life, to the individual and therefore to the military vocation. In his meditations on beauty, François Cheng adds: “The world must be redeemed by beauty: the beauty of the gesture, of innocence, of sacrifice and of the ideal”15. Without beauty, there is no true altruism in the gift of self in combat, no heroism and no surpassing of the self. “Beauty will save the world,”16, because “beauty moves us to love” not only our comrades but also our enemies. Beauty enables the soldier to preserve his or her dignity, generosity and nobility of soul. For the closing words, we can return to Apollinaire, who shows that beauty remains in the fulfilment of duty:
“That’s why we must still consider Beauty,
The one thing on earth which is never evil,
She bears a hundred names in the French language,
Grace Virtue Courage Honour and she’s always
The same Beauty”17.
Echoing Alessandro Baricco, we might conclude that “to say and teach that war is hell and to stop there is a dangerous lie. As terrible as this may seem, we must recall that war is a hell, yes—but also beautiful”18. In the light of contemporary sensibility, we cannot afford to leave the epic, evocative power of the phenomenon of war to extremists and warmongers, who currently seem to have confiscated it. While we would be wise to beware of any powerful aesthetic of war, we must not deny the beauty in war, as a source of ethics and meaning.
The ability of contemporary society to understand this fact will be decisive in determining society’s ability to combat a form of radicalism that is embracing a part of the population, crying out for meaning and beauty in a disillusioned world.
1 G. Apollinaire, “L’adieu du cavalier” (The Cavalryman’s Farewell), original in French: Calligrammes, Paris, Gallimard, 1918.
2 H. Barbusse, Le Feu (Under Fire), Paris, Flammarion, 1916, p. 437.
3 A. de Saint Exupéry, Écrits de guerre. La morale de la pente, Collection, estimated from late 1939 to early 1940.
4 See F. Foch, Les Principes de la Guerre, (On the Principles of War) Paris, republished by Economica, 2007, or TTA 106 which defines the three principles required for an army: freedom of action, concentration of efforts and economy of means.
5 C. von Clausewitz, De la guerre (On War) Book I (French edition: Rivages poche, « Petite Bibliothèque », 2006, p. 90
6 J. Glenn Gray, The Warriors, Reflections on Men in Battle.
7 P. Teilhard de Chardin, La Nostalgie du front, 1917.
8 C. von Clausewitz, op. cit., Title of Chapter 2.
9 J. Glenn Gray, op. cit.,
10 See M. Barrès, L’Âme Française et la Guerre (The French Soul and the War) 1916.
11 J.-Fr. Muracciole, Encyclopédie de la Seconde Guerre Mondiale (Encyclopaedia of the Second World War) Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2015.
12 P. de Villiers, Qu’est-ce qu’un Chef, (What is a Leader?) Paris, Fayard, 2018.
13 Ibid..
14 E. Kant, Critique of Judgment, § 28.
15 Fr. Cheng, Cinq Méditations sur la Beauté, (Five Meditations on Beauty) Paris, Albin Michel, 2006.
16 P. de Villiers, op. cit..
17 Guillaume Apollinaire, Calligrammes, Paris, Gallimard, 1915.
18 Alessandro Baricco, Postface to Homer, The Iliad, ,Paris, Gallimard, collection Folio, 2007, p. 242.