« Les bonnes armées sont propres et élégantes »
Alexandre Sanguinetti (Histoire du soldat. De la violence et du pouvoir, 1979)
Si l’uniforme est aujourd’hui un attribut de l’état militaire communément convenu1, cela n’a pas toujours été le cas. Certes, Mésopotamiens, Romains ou encore soldats du roi Qin Shi Huang, pour ne citer qu’eux, portèrent très tôt une tenue qui distinguait le soldat, chargé de maintenir l’ordre, des autres, que ce fût ceux qui assuraient la fonction sacerdotale ou ceux qui travaillaient à la prospérité matérielle, mais en Europe, il fallut attendre la guerre de Trente Ans (1618-1648) pour que l’uniforme se généralise, en particulier sous l’impulsion de Gustave-Adolphe de Suède, qui souhaitait mieux distinguer ses troupes sur le champ de bataille. Le soldat français, quant à lui, dut patienter jusqu’à la fin du xviie siècle. Sous l’action de Louvois l’uniforme s’impose alors, symbolisant l’affirmation de l’autorité régalienne de Louis XIV, désormais unique détenteur de la violence légitime, et témoignant du rôle central du fait militaire dans la fondation de l’État – à cette époque, les monarques n’hésitent pas à s’afficher en uniforme.
Longtemps le faste et l’apparat prévalurent sur les exigences de la vie en campagne. L’uniforme affichait avant tout le prestige du service du monarque ou de l’État2 et participait au rôle dissuasif d’une esthétique de la puissance traduite par l’apparence, la discipline, la chorégraphie et la synchronisation des troupes à la parade. Cette propension n’était pas propre au vêtement militaire : l’histoire nous enseigne qu’au xixe siècle l’uniforme des sapeurs-pompiers fut parfois perfectionné, mais surtout enjolivé au préjudice de l’exécution du service d’incendie.
Peu à peu, cependant, l’hygiène ainsi que la nécessité d’échapper à la vue et aux coups de l’ennemi s’imposèrent au détriment de la fonction de prestige. Les évolutions de l’uniforme français se succédèrent ainsi au gré des guerres, des mœurs ambiantes ou de choix de nature politique et conduisirent finalement à l’uniforme pluriel. La garde-robe militaire s’élargit alors à la tenue de combat conjuguant dissimulation, protection et confort sur le champ de bataille, à celle de parade à la fonction symbolique forte, ou à celle de sortie ou d’état-major, au vêtement de sport et à d’autres encore.
Parce que sa capacité opérationnelle repose d’abord sur la qualité de ses soldats, l’armée de terre attache une grande importance à l’adaptation de l’équipement individuel, en particulier des tenues de combat3, aux exigences des conflits contemporains. Rusticité, ergonomie, protection, camouflage en sont les maîtres mots aujourd’hui ; textiles intelligents et tissus connectés en sont l’avenir. Parallèlement, son chef d’état-major a décidé de plusieurs mesures afin de remédier au constat globalement partagé du déficit d’esthétisme, d’uniformité et de fonctionnalité des tenues actuellement en dotation. Une telle entreprise ne relève pas d’une forme de course à l’élégance fantaisiste ou de coquetterie nostalgique, mais s’inscrit dans la dynamique générale de la transformation de l’armée de terre et de sa pleine entrée dans une ère nouvelle. Nous y reviendrons plus loin. De la même façon, l’us Army devrait bientôt adopter une nouvelle tenue de service courant inspirée de la fameuse pink and green portée dans les années 19404.
Notons que l’uniforme, qui conserve une forte résonnance dans l’imaginaire collectif, est un sujet à la mode au-delà de la seule communauté militaire. Vecteur d’égalité, qui aplanit symboliquement les différences sociales, ou encore de laïcité, qui s’oppose aux manifestations communautaristes, il est parfois brandi comme une solution aux difficultés de l’école. Au sein de l’entreprise, il est vanté comme preuve d’engagement, emblème de compétence et promesse d’une relation commerciale réussie. Dans la fonction publique, il reste un élément de prestige hiérarchisant la société ainsi qu’un signe de statut et d’autorité qui sacralise le pouvoir de ceux qui le portent. Chez les jeunes mêmes, il bénéficie d’un engouement nouveau à l’instar des expériences relevées au sein des dispositifs des armées s’adressant à la jeunesse5.
Cependant, même s’il n’est pas l’apanage des seules armées, l’uniforme reste avant tout l’expression de l’état militaire, un signe d’altérité marquant la différence entre le soldat et le civil, ce dernier entendu comme celui qui relève du citoyen, de son statut en tant que membre d’une communauté nationale, par opposition à militaire ou à religieux6. Le sens des expressions « endosser l’uniforme » ou « quitter l’uniforme » témoigne combien celui-ci singularise le soldat du monde extérieur en le faisant accéder à un collectif unique. Signal pour les autres, signe d’un statut social particulier, il symbolise et matérialise l’acte d’engagement de l’individu, manifestation d’un dépouillement conscient et consenti, et, en contrepartie, exprime l’inclusion de celui-ci dans une communauté de destin fondée sur les exigences qu’impose l’exercice de la force au combat. Producteur d’identité collective, il incarne donc le tragique de la singularité du soldat amené à donner la mort sur ordre de façon délibérée au prix de sa propre existence ou de son intégrité physique si nécessaire et illustre l’image du corps exceptionnellement disponible décrit dans nos lois7. Même si la ligne de démarcation entre civils et militaires, autrefois si nette, est devenue plus floue, l’uniforme rappelle la différence fondamentale qui subsiste entre eux en raison de la finalité guerrière des seconds. Les débats autour des aspects symboliques de l’uniforme n’ont donc rien d’anodins dans la mesure où ils concourent aux efforts des armées pour dénoncer et refuser l’inclinaison à la banalisation du militaire au sein des démocraties libérales que le sociologue américain Morris Janowitz avait identifiée dès la fin des années 1960.
Revêtir l’uniforme, c’est donc changer de statut et le signifier de façon visible à la société. Selon la formule de Napoléon, « on devient l’homme de son uniforme ». Alors que s’imposent dans la société le culte de l’authenticité et la revendication d’être soi incarnée notamment par l’inventivité vestimentaire, le port de l’uniforme implique de souscrire aux sujétions de l’état militaire, de « faire corps » autour de valeurs partagées et d’adopter l’éthique de l’institution que l’on rejoint. Bien plus qu’une tenue de travail, c’est donc un marqueur d’identité fort porteur de sens. Et le langage vestimentaire est rarement équivoque : le béret vert n’est pas le béret rouge, la tunique bleue pas la tunique rouge... Chaque pays, chaque armée, chaque arme, chaque régiment a ainsi son uniforme propre, témoin d’une culture unique forgée grâce à une histoire singulière et aidant à développer un sentiment d’identité particulier. Servir sous un uniforme étranger, à l’exemple de nos coopérants militaires, n’est pas une survivance surannée héritée du passé, mais bien une concession politique et un signe militaire lourds de sens. Encore aujourd’hui, les coopérants français revêtus de l’uniforme de l’armée qui les accueille sont perçus comme des « frères d’armes » par les soldats du pays hôte, qui sont fiers que ceux-là acceptent de porter leur tenue8.
L’uniforme est aussi un élément de discipline. Comme son nom l’indique, il unit entre eux tous ses porteurs, en même temps d’ailleurs qu’il les différencie de tous les autres. « Entourés de personnes habillées comme nous, nous développons un double sentiment : à l’interne, celui de l’appartenance et de la puissance du groupe ; vis-à-vis de l’extérieur, celui de la différence9. » Gommant les caractéristiques individuelles par son sens premier d’uniformisation, il assure une homogénéité physique et morale10, et concourt à la création d’une identité qui transcende les origines particulières. Le dernier rapport du Haut Conseil d’évaluation de la condition militaire (hcecm) mentionne expressément ce puissant facteur d’intégration et de cohérence : « Par son uniformité, la tenue militaire concourt à la création d’une identité qui transcende les origines et catégories sociales. […] la capacité qu’a l’uniforme de les [les jeunes issus de l’immigration] dé-stigmatiser et de les ré-identifier. » L’uniforme produit une économie corporelle qui engendre la rigueur individuelle et collective. Il relève du domaine de la discipline.
Déjà au xviiie siècle, il est noté que, chaque matin, au retour des exercices, les effets doivent être dépoussiérés, raccommodés, nettoyés..., et les contraintes vestimentaires sont, quant à elles, strictement codifiées : une journée ordinaire comporte souvent plusieurs changements complets de tenue faisant l’objet de revues détaillées. Le général de Gaulle rappelle les obligations de ce soldat qui ne s’appartient plus complètement lorsqu’il écrit que « des hommes ont adopté la loi de perpétuelle contrainte. Les droits de vivre où il leur plaît, de dire ce qu’ils pensent, de se vêtir à leur guise, ils les ont bénévolement perdus ». Le vêtement militaire devient à la fois gage d’unité et de distinction à travers les signes d’une différenciation hiérarchique responsable de la discipline et traduit la manifestation visible d’une organisation sociale11. C’est cette discipline et l’organisation hiérarchique sur laquelle elle repose qui permettent à la fois de fédérer les volontés dans l’adversité et de faire qu’un collectif puisse agir efficacement et avec cohérence dans les épreuves guerrières.
Parce que la guerre est et restera le jeu des forces morales, la symbolique et les traditions militaires constituent un accompagnement indispensable comme facteurs de cohésion. Celle-ci, fondée sur la fraternité d’armes, que l’on sait si indispensable à la victoire au combat, requiert que les identités particulières s’articulent et composent avec l’identité collective afin, au final, de se fondre et de nier la consécration du « je » et l’effritement du « nous », pour reprendre les propos de Norbert Elias12. Au-delà du caractère uniformisant précédemment évoqué, des variantes vestimentaires de détail subsistent. Elles permettent au soldat de s’inscrire dans un ou plusieurs « nous » composés de cercles d’appartenance reposant sur la culture d’arme et l’esprit de corps régimentaire, au-delà sur la patrie, qui fortifient le soldat autant qu’ils l’obligent. Huit marquants identitaires réglementaires différents sont ainsi portés sur l’uniforme des soldats de l’armée de terre : nation, armée, arme, subdivision d’arme, grande unité, corps, unité élémentaire et attache territoriale. Autorisé à revêtir des attributs identitaires propres à ces cercles particuliers et désormais admis dans des intimités collectives puissantes, le jeune soldat hérite alors du prestige guerrier et de la gloire de ses anciens. Il s’engage en retour à s’inscrire dans la lignée de ceux qui en ont écrit la légende13, à la mesure des confidences d’Alain : « Il y a un esprit de corps, une imitation des anciens, une crainte de ne pas faire ce qu’il faut, qui sont plus forts que la peur dans les moments critiques. »
Le soldat entretient un rapport à l’apparence qui est aussi d’ordre psychologique. À la guerre, avant même tout contact, l’image et la réputation de l’ennemi peuvent miner l’assurance du soldat et décider de l’issue du combat. Pour mieux impressionner grâce à sa stature, l’uniforme du grenadier des troupes napoléoniennes était rehaussé d’épaulettes rouges et le shako de cuir était remplacé par un haut bonnet de fourrure. Dans le même ordre d’idées, l’uniforme permet de participer à la production de confiance au sein même de sa propre collectivité. Qui ne se souvient de l’enthousiasme dans les unités lorsqu’au lendemain de la guerre du Golfe le treillis au camouflage bariolé, qui renvoie traditionnellement à l’image de troupe d’élite et qui avait été abandonné à l’issue de la guerre d’Algérie, remplaça son prédécesseur monocolore « vert-otan », marquant ainsi la rupture avec l’armée de la guerre froide ?
Roland Barthes enseignait que les valeurs du vêtement « témoignent du pouvoir créateur [d’une] société sur elle-même »14. Sachant combien l’uniforme a un effet psychologique immense et reste un puissant vecteur d’attractivité, la culture militaire a toujours pris soin de l’esthétique et de l’allure du soldat15. Prestance et prestige sont des révélateurs de la qualité d’une armée. Ils sont attendus du soldat, représentant d’une société organisée et au sein de laquelle le citoyen lui a délégué le pouvoir des armes et sa sécurité. « Il n’y a que les gens superficiels qui ne jugent pas sur l’apparence »16 : l’image raconte et révèle, autant parfois que les mots ou les actes, tandis que l’aspect désigne et définit. Nombre d’enquêtes montrent combien les personnes les plus belles sont celles qui sont jugées, à tort ou à raison, socialement compétentes, perçues positivement, estimées intelligentes et intègres. S’inscrivant dans le rapport armées-communauté nationale, reflétant le statut social et politique, l’habit peut ainsi représenter à la fois l’identité, la victoire, l’esprit guerrier, le patriotisme, la discipline, la tradition ou la modernité… Outil soumis aux variations du contexte politique, économique ou social, jamais neutre ni secondaire, il peut influencer les opinions, servir les hiérarchies et aider à la réalisation des ambitions de la collectivité qui le porte. C’est aussi pour cela que mode et armée, deux mondes que tout semble opposer, s’inspirent mutuellement depuis des décennies. Les couturiers ont beaucoup emprunté au vestiaire militaire – saharienne, épaulettes, boutons dorés… –, tandis que l’armée ne perd pas de vue les innovations de la mode civile dans la perspective de tenues toujours plus pratiques, confortables et seyantes17.
La tenue de sortie en dotation actuellement dans l’armée de terre date du début des années 1990. Celles-ci étaient marquées par la perspective de la disparition de la guerre au prétexte de son absurdité et de son illégitimité. Dans une société où l’on revendiquait les dividendes de la paix, il était demandé au soldat de s’estomper de l’espace public et de se fondre davantage dans le monde civil. Il lui fallait se faire discret, voire se rendre invisible, lui le témoin d’un monde dépassé qu’on avait bien trop vu et dont le coût devenait injustifiable. L’uniforme retrouva certes un meilleur accès à l’espace public que lors des décennies précédentes, mais au prix du « camouflage », sous un manteau, un imperméable, de sa copie du vêtement civil. Le changement de la tenue de sortie au profit d’un modèle dit « terre de France », dessiné par Pierre Balmain, discret, élégant et pouvant être porté en tout lieu et en toute circonstance, y contribua au-delà des espérances initiales, au point que les sondages révèlent que nombre des militaires du rang la considèrent comme l’apanage d’officiers parisiens partisans d’une tenue facilement dissimulable dans les transports en commun. Certains signes catégoriels distinctifs, comme les bandes de commandement, d’autres associés à des traditions d’armes, comme la généralisation du port de la cravate noire jusqu’alors réservé aux troupes de marine, disparurent dans le mouvement général de standardisation visant à gommer des différences identitaires et des particularismes traditionnels jugés alors désuets. Et pour la première fois dans l’armée française, le même tissu était utilisé pour la confection des tenues de sortie de toutes les catégories de personnels, indépendamment de leur grade et de leur sexe.
Depuis, les événements ont montré que la guerre n’avait pas disparu et que le déni de violence professé dans les sociétés occidentales à la fin de la guerre froide relevait de l’utopie. La préservation, voire la restauration de l’identité militaire s’avère plus nécessaire que jamais pour y faire face. Devenue professionnelle, l’armée de terre est aujourd’hui parvenue à sa pleine maturité et finalise son processus de transformation à travers l’organisation « Au contact » et sa transition capacitaire « Scorpion »18.
À l’aube de ce changement de cycle d’ampleur, elle a pour ambition d’accorder l’image qu’elle renvoie à travers ses uniformes avec la réalité de son identité contemporaine qui est fondée sur un équilibre entre, d’une part, modernité, adaptabilité et innovation, et, d’autre part, stabilité identitaire et attachement aux vertus immanentes du soldat. La décision de son chef d’état-major de réinstaurer le port du traditionnel bonnet de police, familièrement appelé calot et délaissé au profit du béret au début des années 1960, comme coiffure de service courant vise ainsi à redonner à l’armée de terre le lustre de ses uniformes et affirmer l’esprit de corps. L’adoption du treillis comme tenue de service courant dans les corps de troupe comme dans les états-majors relève, quant à elle, de sa volonté d’assumer pleinement sa militarité et s’inscrit dans la dynamique actuelle visant à renforcer l’« esprit guerrier », c’est-à-dire à consolider l’aptitude à combattre de l’ensemble de ses soldats. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique contemporaine du soldat dans la Cité. Quel citoyen aujourd’hui s’élève contre la présence de soldats patrouillant en tenue de combat dans ses rues ? Qui s’étonne encore de la présence de militaires en treillis dans une réunion interministérielle visant à sécuriser un événement public ? Le treillis dans la ville comme dans les bureaux ne fait que traduire le changement de paradigme sécuritaire qui s’est imposé depuis quelques années et la réponse que l’armée de terre y apporte. Il témoigne de la confiance constante des concitoyens à l’endroit de ceux qui détiennent la force et qui les protègent de la violence.
En parallèle, le projet d’une nouvelle tenue de cérémonie pour l’armée de terre prend en considération la demande des soldats de disposer d’un uniforme producteur de sens, répondant à leur désir de reconnaissance et de prestige, témoignant de leur engagement opérationnel et leur offrant l’opportunité d’affirmer leur légitime fierté d’appartenir à une histoire glorieuse. Il participe aussi de l’amélioration de la condition militaire visant à l’épanouissement professionnel et veille à prendre davantage en considération la féminisation. Outil de communication identitaire, le costume représente plus que l’individu qui le porte. Le nouveau paquetage symbolisera l’entrée pleine et entière de l’armée de terre dans une nouvelle ère et marquera les profondes évolutions qu’elle conduit afin de répondre à l’ambition d’armée européenne de référence du chef de l’État. Préserver l’identité militaire, consolider la cohésion de l’armée de terre, renforcer l’« esprit guerrier », améliorer la condition militaire, participer à l’ambition d’armée de référence en Europe… : l’uniforme est au cœur de chacun de ces défis.
1 Le droit des conflits armés établit l’obligation de port d’un signe distinctif visible pour tous les combattants.
2 « Dès 1780, l’uniforme militaire domine dans les réceptions d’hommes, dans les cours de Londres et de Saint-Pétersbourg comme à celles de Berlin et de Vienne » (Ph. Mansel, « Le pouvoir de l’habit ou l’habit du pouvoir », Apparence(s) n° 6, 2015).
3 Dès 2019, tous les soldats déployés en opération extérieure seront progressivement dotés du treillis de nouvelle génération f3. Fabriqué avec un tissu possédant une résistance accrue au feu, il offre une coupe mieux adaptée au combat. En complément, ils seront aussi équipés de gants de combat renforcés et de nouvelles chaussures « temps chaud ».
4 Le Pink and green Uniform était la tenue de service des officiers de l’us Army pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est considéré comme le meilleur uniforme jamais porté et symbolise l’« âge d’or » militaire américain. Cette initiative vise à revenir à une tradition porteuse de sens aux yeux du public et des soldats, qui procure fierté et prestige à ceux qui portent l’uniforme, et qui rapproche davantage l’institution militaire de ses concitoyens.
5 Chaque année, plus de vingt mille jeunes revêtent l’uniforme de l’armée de terre à l’occasion de stages de découverte ou de services militaires courts (service militaire adapté, service militaire volontaire, préparations militaires, cadets de la défense, lycées militaires…).
6 Dictionnaire Larousse.
7 « L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. […] Les militaires peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu » (Code de la défense).
8 Rapport d’information par la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale sur la réforme de la coopération militaire déposé le 20 novembre 2001.
9 F. Thibaut, « De l’uniforme », 2014. http://www.asso-minerve.fr/wp-content/uploads/2011/02/De-luniforme-de-F.-Thibaut.pdf
10 Dans Corps combattant, la production du soldat (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2017), l’ethnologue J. Teboul souligne la fonction et le rôle essentiels du vêtement militaire au sein du « sas de modification de l’apparence » homogénéisant les apparences et les pratiques corporelles.
11 Les compagnies aériennes ont ainsi conservé certains repères militaires comme les galons pour distinguer commandants de bord, pilotes, chefs de cabine, hôtesses et stewards.
12 N. Elias, La Société des individus, Paris, Fayard, 1991.
13 « Our uniforms have a purpose and meaning sewn into them. Both uniforms are a reminder of who we defend as well
as pay homage to those Marines who fought before them » (United States Marine Corps).
14 R. Barthes, « Histoire et sociologie du vêtement », Annales, 12-3, 1957.
15 « La surface n’est pas toujours ce qui cache la profondeur, mais souvent le lieu où elle s’exprime » (É. Fiat, « Quand l’habit fait le moine. Réflexion sur la surface et la profondeur », Enfances et psy n° 32, « Les marques du corps », 2006).
16 O. Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1891.
17 J. Teboul note l’antagonisme entre l’impératif d’esthétique et l’activité guerrière du soldat à travers le « corps parade » et le « corps combattant ».
18 Depuis 2015, l’armée de terre s’appuie sur une nouvelle organisation baptisée « Au contact » en vue de faire face
aux engagements nouveaux. Cette organisation définit une nouvelle architecture d’armée plus dynamique organisée autour de treize commandements et développant quatre principes majeurs : une offre opérationnelle rééquilibrée et plus visible ; des équilibres capacitaires ajustés, cohérents avec les menaces ; un fonctionnement fluidifié en interne et vers l’extérieur ; un commandement rénové qui combine verticalité et clarté des responsabilités. Elle s’appuie sur l’arrivée du programme « Scorpion », qui lui permettra de changer de génération capacitaire, d’absorber les évolutions profondes du champ de bataille et d’amplifier l’intégration interarmes du combat moderne, collaboratif et réellement infovalorisé.