N°36 | L’action militaire, quel sens aujourd’hui ?

Dominique Lormier
Le Mythe du sauveur américain
1917-1918, Essai sur une imposture historique
Dominique Lormier, Le Mythe du sauveur américain, Éditions Pierre de Taillac

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, l’année 2017 tient une place particulière avec l’évocation de quelques événements comme les mutineries et l’entrée en guerre des États-Unis. La mobilisation, l’entraînement et la participation des soldats de l’Oncle Sam, aux derniers combats de la guerre, restent particulièrement marqués dans l’esprit des Français. Dominique Lormier, auteur d’une centaine d’ouvrages historiques et militaires, tente d’expliquer comment la participation américaine à la victoire tient plus lieu d’une légende que d’une réalité historique. Sans remettre en cause le courage et le sacrifice humain des Sammies, il met notamment en exergue la qualité des soldats et la tactique des états-majors européens dans la victoire finale du 11 novembre. En mars 1918, sur les cent quatre-vingts divisions alliées déployées sur le front occidental, la France en aligne plus d’une centaine, les Britanniques une cinquantaine, les Belges plus d’une dizaine, tandis que les Américains n’en ont que deux et n’en auront que seize lors de l’armistice. Face à l’armée allemande exsangue en matériel, le char de combat Renault FT 17 tient une place particulière dans la défaite des empires centraux. Le général allemand Von Boehn, commandant d’armée en 1917, le reconnaît amèrement dans ses mémoires de guerre. Cherchant à rétablir une vérité historique oubliée, l’auteur détaille également le sacrifice de l’armée italienne sur le front oriental, qui fit progressivement ployer les Autrichiens en 1917 jusqu’à leur chute inéluctable d’octobre 1918. Psychologiquement conditionnés par la propagande officielle de l’époque, les Français gardent une image surdimensionnée de l’intervention de l’armée du général Pershing, parfois au détriment du sacrifice des soldats français et de leurs alliés. Le tragique bilan de la guerre reste particulièrement évocateur. Sur les quarante-huit millions d’alliés mobilisés, la France compte un million quatre cent mille morts, la Grande-Bretagne neuf cent mille, l’Italie cinq cent quatre-vingt mille et les États-Unis cent seize mille, parmi lesquels plus de la moitié a perdu la vie lors d’accidents et de maladies. Sans esprit partisan, Dominique Lormier après quarante ans de vie universitaire, confirme sa volonté de défendre l’histoire de l’armée française quitte à remettre en cause quelques idées reçues, trop souvent reprises dans la plupart des manuels scolaires.


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