N°28 | L'ennemi

Jean Quellien
La Bataille de Normandie
6  juin-25  août 1944. 80  jours en enfer
Paris, Tallandier, 2014
Jean Quellien, La Bataille de Normandie, Tallandier

Ce livre aisé à parcourir présente la bataille de Normandie sous un angle original car peu traité jusqu’à présent. Son intérêt réside en ce qu’il aborde le vécu des Normands, leur exode, leurs souffrances dans un contexte de violence qui leur avait globalement été épargné jusque-là. Malgré tout cela, il décrit dans un style simple l’accueil chaleureux qu’ils réservent à leurs libérateurs (avec la réserve normande de mise !) alors qu’ils viennent de subir les effets de nombreux bombardements dont l’ampleur (des villes entières ont été rasées) et l’opportunité ne semblent pas avoir toujours été justifiées. L’aspect humain est aussi bien rendu dans la description des combats menés lors du débarquement, puis dans ceux livrés autour de Caen pour les Britanniques et dans le bocage pour les Américains. L’ouvrage témoigne aussi des comportements de certains Français envers leurs concitoyens en exode : quand certains hébergent et nourrissent des dizaines de personnes dans leur ferme, d’autres veulent faire payer un verre d’eau ou refusent un abri à des femmes avec des nouveau-nés. Et ce sont des soldats de la Wehrmacht qui leur fourniront un abri et de quoi se nourrir ! Le comportement des Allemands est également abordé, soulignant les comportements globalement humains des soldats de la heer (armée allemande) et les exactions commises par un certain nombre de ss, essentiellement : la 1re division Leibstandarte, qui avait une expérience acquise sur le front de l’Est, la 2e Das Reich qui s’est heurtée à de nombreux sabotages et est déjà passée par Tulle et Oradour, la 17e, éprouvée par l’aviation alliée lors de son avance, la 12e Hitlerjugend, qui ajoutera à cela l’assassinat de nombreux prisonniers de guerre (ce dont les Britanniques et Canadiens se vengeront par ailleurs). La partie relatant les faits historiques est juste mais reprend parfois quelques lieux communs comme l’idée qu’Overlord était la plus importante opération amphibie de l’histoire (voir les effectifs des flottes engagées simultanément du côté d’Iwo Jima et des îles environnantes à des milliers de kilomètres de toute base terrestre), mais cela n’a pas d’incidence fondamentale sur la teneur générale du livre.

Philippe Mignotte

Histoire du terrorisme | Gilles Ferragu
Bruno Cabanes | Août 14