Bien qu’êthos1 et éthique partagent la même racine, il ne faut pas les confondre. L’éthique est la science de la morale et sert à distinguer le bien du mal2. L’ethos d’un groupe est l’ensemble des valeurs dans lesquelles il se reconnaît, sans préjuger de leur valeur morale, « éthique ». Nous traiterons donc de l’ethos de certaines armées, en admettant qu’elles se conforment à l’éthique mais sans se réduire à elle, dans la mesure où elles revendiquent des valeurs fonctionnelles – d’efficacité, par exemple – qui ont des implications morales mais relèvent d’autres considérants.
Chaque institution humaine développe un ethos professionnel, dont l’exigence est en relation directe avec les responsabilités exercées. Le métier militaire, qui est celui des armes, et donc, de l’emploi de la force, nécessite un ethos accordé au besoin d’en maîtriser l’application et les conséquences.
Pour autant, une étude rapide de quelques textes de référence relevés en France et dans d’autres nations proches (étude que nous restreindrons aux États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et, à titre de comparaison, Union soviétique) fait ressortir des différences considérables, à tel point qu’on pourrait se demander si ces armées pratiquent le même métier.
L’ethos militaire et ses représentations officielles offrent ainsi un éclairage saisissant sur le mental et la culture de ces armées, et notamment, leur rapport à la violence. Si l’on admet qu’une troupe reflète, peu ou prou, son éducation, alors un regard critique sur les valeurs dont elle se réclame met en exergue des différences extrêmement révélatrices.
La façon dont l’ethos est formalisé et enseigné est extrêmement différenciée : un bref regard sur la forme constitue donc une entrée en matière fertile. Les valeurs affichées font apparaître des constantes démontrant une certaine universalité du métier des armes, mais aussi des approches spécifiques. Surtout, l’exception américaine justifie un regard approfondi, notamment en raison des implications éthiques d’un ethos outrancièrement « guerrier ».
La formalisation de l’ethos : des différences majeures
L’ethos est un concept mais, pour être opérant à travers toute l’institution, ce concept doit être rendu concret et compréhensible jusqu’aux plus bas échelons. La façon dont les armées étudiées concrétisent cet enchaînement est riche d’enseignements.
Trois niveaux de documents
Cet enseignement peut se décliner en trois niveaux :
une approche philosophique, intellectuellement satisfaisante, mais inopérante aux bas échelons ou dans un contexte opérationnel réel, soumis à la friction et à l’ambiguïté de la guerre ;
une approche réglementaire, prescriptive ou « proscriptive », qui fait l’économie de la philosophie sous-jacente (ou la prolonge) mais offre une ligne de conduite claire, directement applicable ;
une approche symbolique, voire rituelle, directement intelligible à celui qui, in fine, est confronté à la complexité de l’action, mais au risque de la caricature.
Toutes les armées considérées disposent d’un arsenal réglementaire définissant et encadrant clairement le licite et l’illicite au profit de leurs membres. Nous l’admettrons sans chercher à le démontrer. En France, c’est le « Règlement de discipline générale », régulièrement refondu (la dernière édition remonte à 2005 et intègre la professionnalisation des forces armées françaises) qui reprend, pour l’essentiel, ce qui est autorisé ou interdit, et dans quelles circonstances ces contingences s’appliquent. Il intègre dans l’arsenal réglementaire français les lois, us et coutumes de la guerre, manifestations juridiquement contraignantes de l’éthique du métier des armes.
Retenons toutefois que ce genre d’ouvrage ne se préoccupe pas uniquement des aspects éthiques du métier, et qu’au contraire, le fonctionnel y tient une grande place. En d’autres termes, une lecture attentive permet d’inventorier toutes les prescriptions et proscriptions de nature éthique, mais elles sont noyées au milieu d’autres prescriptions et proscriptions dont la justification n’est pas éthique, ou lointainement éthique. L’ethos est un concept englobant, entre autres, l’éthique.
Sous réserve d’inventaire, les armées considérées ne se sont pas toutes investies dans la production de textes de portée philosophique qui coifferaient l’arsenal réglementaire. La France et l’Allemagne se distinguent par une production spécifique à cet égard, le Royaume-Uni offrant un exemple plus restrictif, sous la forme d’un long chapitre du adp5, intitulé Soldiering – The Military Covenant3, qui identifie et commente les « valeurs et standards de l’armée » de manière discursive, alors que le texte français est délibérément dialectique. Toujours chez les Britanniques, le corps des Royal Marines livre lui aussi un texte discursif, comparable à celui de l’armée de terre britannique, encore qu’il soit plus court.
À l’autre extrémité de l’échelle, les discordances sont d’autant plus manifestes que les productions sont accessibles – puisqu’elles sont destinées au plus grand nombre – et divergentes dans l’esprit comme dans la lettre – puisque la nécessité de simplifier les arguments, de les réduire (au sens chimique du terme), conduit à une vision parfois caricaturale de l’ethos.
Le document le plus symbolique tient sur une feuille : code d’honneur du légionnaire, code du soldat de France, serment du soldat soviétique, credo du soldat américain. Nous reviendrons sur ces documents extrêmement typés.
La France, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union soviétique proposent des textes de cet ordre. En revanche, l’Allemagne ne semble pas s’être livrée à cet exercice.
Toujours sous réserve d’inventaire, il semble bien que, des armées étudiées, seule l’armée française s’est préoccupée de compléter l’architecture éthique, vers le haut, par un document de portée philosophique, tout autant que vers le bas, par ses « codes ».
Comment s’adresser au soldat
Dans les textes destinés au soldat, pris individuellement, un autre aspect de forme mérite examen : c’est la personne employée.
Le serment du soldat soviétique, ainsi que celui du soldat britannique, s’énoncent évidemment à la première personne du singulier : « Moi, citoyen soviétique… », « I swear by almighty God… ». Il en est de même pour le soldier’s creed de l’US Army : « I am an American soldier. »
La Légion étrangère, dans son Code d’honneur, s’adresse directement au légionnaire et donc, à la deuxième personne du singulier : « Légionnaire, tu es un volontaire… ».
En revanche, notre armée de terre emploie la troisième personne du singulier : « Au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué… Il agit avec honneur… ».
Le US Marine Corps emploie le « nous », parce qu’il associe étroitement l’homme à son fusil : « This is my rifle… My rifle and I are the defenders of my country. We are the masters of our enemy. »
Ethos et éthique : un lien incertain
Le texte fondateur français4 n’offre pas de définition directe de l’ethos, même s’il en offre un traitement complet et rigoureux. Pour l’éthique, il adopte une approche indirecte, dialectique. Ainsi, dans « L’exercice du métier des armes, fondement et principes », le texte est présenté comme constituant la « référence éthique », dès le préambule. C’est donc une lecture attentive et réfléchie des « fondements et principes » qui mènera à la compréhension et à l’intériorisation de l’éthique du métier des armes.
En revanche, le texte comparable dans l’armée britannique5 donne une définition plus large de l’éthique (ethos) « l’esprit caractéristique de l’armée, qui peut se définir comme : l’esprit qui inspire le soldat pour le combat. Il procède de, et dépend, du haut degré d’engagement (commitment), d’abnégation et de confiance mutuelle qui, ensemble, sont essentiels à la préservation du moral ». Ce que nous appellerions « l’éthique » reste implicite, sous-jacent aux valeurs qu’il promeut, dont certaines valeurs « professionnelles » (d’efficacité, notamment) ne sont pas intrinsèquement « éthiques ».
Un trait significatif est l’emploi du mot « honneur » : les textes français l’utilisent et le mettent en valeur, mais il est absent du serment soviétique, du texte explicatif allemand sur l’Innere Führung, des deux credo américains ainsi que du serment britannique. En France, il figure sur les emblèmes des régiments et bases aériennes : honneur et patrie, ainsi que sur les passerelles des bâtiments de la Marine nationale : honneur, patrie, valeur, discipline.
Les valeurs fondamentales
Si nous raisonnons sur le fond : les valeurs elles-mêmes, nous pouvons, à l’instar des publications britanniques, distinguer les valeurs individuelles des valeurs collectives. Nous en viendrons au passage à constater des différences assez sensibles sur le lien moral implicite du soldat à l’institution de référence (groupe humain immédiat, corps, armée, État ou gouvernement, patrie).
Nous nous appuierons pour cela sur l’ensemble des textes étudiés, sans référence à leur positionnement dans la hiérarchie des textes (de la philosophie au code du soldat en passant par le niveau réglementaire).
Les valeurs individuelles
L’esprit de discipline
Il est évidemment mis à l’honneur, mais de façon parfois oblique, voire implicite. Le rapport entre la discipline et la hiérarchie est plus ou moins explicite.
L’armée française est très explicite. L’article 4 du « code du soldat » se lit ainsi : « Il obéit aux ordres, dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales ». Le « code d’honneur du légionnaire » dit dans son article 3 : « Respectueux des traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camaraderie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus. » On se souvient évidemment du célèbre article d’un ancien règlement de discipline générale des armées qui disait : « la discipline faisant la force principale des armées… ». Le texte de référence, « L’Exercice du métier des armes », expose longuement le lien entre discipline et légitimité6.
Le « credo du soldat » (soldier’s creed) de l’US Army énonce : « Je suis discipliné, endurci physiquement et mentalement, entraîné et compétent dans mes tâches et exercices de guerrier7. »
Le soldat soviétique, dès la première phrase de son serment, « jure solennellement d’être honnête, courageux, discipliné et vigilant… d’obéir aux règlements, aux ordres des supérieurs ».
Trois armées ou unités sont curieusement oublieuses d’une expression aussi formelle. La Bundeswehr ne semble pas utiliser le mot, le concept de base de l’Innere Führung étant celui du « citoyen en uniforme, c’est-à-dire la personne libre, le citoyen responsable et le militaire prêt à l’engagement ». Il appelle par ailleurs à l’exemplarité du chef. On peut donc considérer que la discipline est une résultante d’une attitude responsable, librement consentie – sans pour autant être ouvertement posée.
Le corps britannique des Royal Marines semble lui aussi considérer que la discipline va de soi dès lors que le marine est imprégné de l’esprit maison. Quant au marine américain de l’us Marine Corps, son credo est tellement focalisé sur le lien mystique entre l’homme et son fusil que la question de la discipline ne semble pas se poser… peut-être par mécanisation de l’individu, pratiquement assimilé à son arme.
On pourrait donc dire que la discipline est posée comme explicite et absolue (France, armée britannique, urss, US Army), relative (Allemagne), allusive (Royal Marines, US Marine Corps).
La loyauté
La vertu cardinale de tout serviteur de l’État est la loyauté (du point de vue de l’État, évidemment). Néanmoins, la première question qui se pose est : à l’égard de qui le soldat affirme-t-il sa loyauté ?
Pour éviter une lecture commentée de tous les textes, nous proposons le tableau suivant, où se lit le lien de loyauté explicitement affirmé (extraits de textes entre guillements). Les cases vides sont aussi éclairantes que les citations…
Curieusement, seuls les textes français sont explicites sur l’objet de la loyauté et distinguent le corps, l’armée et la nation.
Le courage
Le courage est de tout temps une vertu militaire. Tous les textes étudiés exaltent le courage… sauf les deux textes américains, qui se contentent de préparer l’impétrant à la dureté du combat.
Une variante édifiante est proposée par le corps des Royal Marines, sous la forme de la « fortitude », c’est-à-dire la capacité à dominer la situation la plus extrême, longuement travaillée – c’est ainsi que le sens de l’humour en devient une caractéristique majeure du corps, récupération assez surprenante d’une qualité britannique par excellence.
Le professionnalisme
Nous rangeons sous ce vocable toutes les qualités conduisant à l’efficacité dans l’action (pas forcément restreinte au combat). Presque tous les textes sont extrêmement diserts sur l’impératif d’efficacité professionnelle – dont nous notons qu’elle n’est pas une valeur « éthique ». Seul l’Innere Führung n’érige pas le professionnalisme en valeur distincte de la compétence attendue de tout serviteur responsable de l’État. Les deux textes britanniques sont les plus prolixes, les textes français et soviétique les plus modestes, les textes américains les plus exaltés dans leur brièveté.
Le professionnalisme se manifeste par le souci du perfectionnement physique, moral, intellectuel. L’adaptabilité, l’esprit d’initiative, semblent plutôt relever d’une préoccupation d’Europe occidentale, à moins qu’ils importent plus aux institutions militaires de taille moyenne qu’aux armées de masse. Le service de l’arme symbolise nettement l’état de militaire et est souvent évoqué, voire ritualisé chez les marines américains. Tous les textes énoncent ces obligations, ce qui rendrait leur énumération fastidieuse – nous renvoyons donc aux extraits commentés en fin de texte.
L’intégrité, l’honnêteté
Le soldat est membre d’une institution, son service est désintéressé : l’honnêteté sous toutes ses formes (morale, matérielle) est évidemment une vertu reconnue. Pour autant, cette valeur individuelle n’est pas toujours singularisée, peut-être parce qu’elle peut être considérée comme une conséquence naturelle de la loyauté et de la discipline, ardemment exposées par ailleurs. C’est le cas des deux textes français, assez allusifs sur ce critère. Il en est de même de l’Innere Führung allemand. Les deux textes britanniques (Army et Royal Marines) sont très explicites, de même que le serment du soldat soviétique. Les deux textes américains (Army et Marine Corps) n’en font pas mention. On sait toutefois que l’application des règlements, aux États-Unis, est particulièrement féroce sur ce critère : c’est peut-être parce que l’intégrité est mise en exergue dans un autre contexte qu’elle n’est pas mentionnée dans les textes sur l’ethos du combattant.
Le respect pour l’autre
Nous considérons qu’il s’agit du respect pour l’autre « extérieur à l’institution considérée », puisque la loyauté couvre le cas du respect en interne. L’exposition de cette valeur n’est pas dénuée d’intérêt dans la mesure où l’autre, c’est souvent l’ennemi. Derrière cette valeur de respect intervient donc, de façon plus ou moins explicite, le respect de l’ennemi. Nous touchons au cœur de l’éthique.
L’Innere Führung, qui présente une version extrêmement exigeante de la responsabilité, qui place les valeurs démocratiques et la dignité humaine comme fondements de l’action, précise notamment que le soldat allemand protège « la dignité de l’être humain », sans faire de distinguo sur son appartenance. Une lecture intériorisée du concept ne risque guère de conduire à la barbarie…
Les deux textes français, dans leur brièveté, prêtent une grande importance à cette notion de respect. Ainsi de l’article 3 du code du soldat de France : « Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations » et de l’article 9 : « Il est ouvert sur le monde et la société, et en respecte les différences. » Le code d’honneur du légionnaire, encore plus bref (sept articles) n’évoque que l’ennemi : « Au combat, tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vaincus… ».
Le serment du soldat soviétique ne se préoccupe guère du bien de l’ennemi, mais garantit « les biens de l’armée et de la communauté », ce qui pourrait se lire comme préservant, à tout le moins, la population (amie).
Le texte de l’armée britannique commente longuement l’importance du respect, pour tout être humain, incluant explicitement, l’ennemi. Il le présente non seulement comme une obligation morale mais comme un impératif justifié au plan opérationnel. Toujours surprenant, le texte des Royal Marines présente le respect de l’ennemi et du non-combattant comme découlant naturellement de « l’humilité » inhérente au corps.
Quant aux deux textes américains, ils n’en font aucune mention. L’ennemi, s’il est mentionné, est un opposant à détruire, pas une valeur en soi. Nous y reviendrons.
Le sens de la mission
La mission est sacrée, c’est bien connu. La mission est érigée presque partout en absolu – la justification première du combattant – et souvent accolée au prix à payer : le sens du sacrifice, l’abnégation. L’Innere Führung, plutôt allusif sur ce critère, tendrait sans doute à fondre le sens de la mission – au sens français du terme – dans la responsabilité du citoyen en uniforme, toujours comptable de ses actes. En ce sens, « la mission » est sans doute perçue comme relative et subordonnée à la responsabilité ultime du soldat.
Les deux textes français sont clairs : « La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout, et s’il le faut, en opération, au péril de ta vie » (Légion), « Il accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre, et si nécessaire au péril de sa vie » (Code du soldat). À noter que le texte « L’exercice du métier des armes, Fondements et principes », très prégnant dans l’éducation des chefs et des soldats, revient avec force sur le respect des lois, des us et coutumes de la guerre. En d’autres termes, le soldat français est explicitement averti sur la différence entre « la mission est sacrée » et « la mission justifie tout et n’importe quoi ».
Le serment du soldat soviétique n’utilise pas le mot de mission, mais est très explicite sur le sens du sacrifice – ce que l’histoire glorieuse de l’armée rouge illustre amplement.
Les deux textes britanniques emploient plutôt les termes de « devoir » (duty) et, tout comme le soviétique, d’abnégation totale (selfless commitment) dont on peut déduire… qu’ils conduiront au succès de la mission.
Le soldier’s creed de l’US Army est très clair : « I will always place the mission first. » En cela il est très proche des formulations françaises. Le credo du marine, là encore, se singularise : le marine étant une arme n’a peut-être pas besoin de se préoccuper de la mission. En revanche il affirme qu’il « fera mouche » (« We will hit »).
Les valeurs collectives
La camaraderie, l’esprit de corps, la tradition
Les deux textes britanniques se préoccupent beaucoup de ces vertus, ce qui correspond parfaitement à l’image que nous nous en faisons.
Le serment du soldat soviétique est silencieux sur ce point, puisque seuls comptent la patrie, l’État, les forces armées. Au demeurant la culture militaire soviétique ne semble guère avoir encouragé le particularisme, l’esprit de corps – sauf pendant la grande guerre patriotique, lorsque Staline rétablit la distinction d’armées « de la garde », en reconnaissance d’actes d’héroïsme collectif. Néanmoins on ne saurait dire que l’ethos soviétique promeut un échelon de loyauté intermédiaire entre le soldat et la patrie.
Il est intéressant de constater que l’Innere Führung procède de la même logique, qui est celle du citoyen en uniforme, dont nous notons qu’il ne s’agit pas de la même chose que du soldat citoyen. La prééminence de la responsabilité individuelle est réaffirmée.
Nos deux textes français illustrent bien tout le prix que notre institution attache à l’esprit de corps (il y a d’ailleurs un texte spécifique consacré à ce sujet, de même niveau que « L’exercice du métier des armes »). Le code du soldat mentionne le régiment et l’armée de terre, le code d’honneur du légionnaire assimile la Légion à une famille.
Le credo du soldat de l’US Army revient sur ce thème à deux reprises, présentant le soldat comme « membre d’une équipe » et exigeant de lui qu’il n’abandonne jamais un camarade. On reconnaît là une allusion au groupe primaire, notion en vogue chez les sociologues américains, mais déconnectée de l’esprit de corps tel que nous le connaissons en France.
Quant au credo du marine, il semble avoir tellement intériorisé l’esprit de corps qu’il se dispense de l’évoquer. La sublimation du Corps opère dans la formation de base du marine, dont nous savons combien elle exalte l’appartenance à ce corps prestigieux, mais ne figure pas explicitement dans le credo.
La hiérarchie, le commandement
Ce sont les deux textes britanniques qui accordent le plus d’attention à la hiérarchie, et surtout, au style de commandement (mission command), présenté comme une valeur en soi.
C’est aussi le cas de l’armée américaine, qui a publié depuis longtemps sa vision dans un Field Manual (règlement) sur le leadership. L’Innere Führung allemand, à l’instar des textes britanniques, se réclame du « commandement par objectif ».
Des deux codes français, seul le code d’honneur du légionnaire est très explicite sur le chef : « attaché à tes chefs… ». Le code du soldat reste implicite sur la hiérarchie. Ceci étant, le texte de référence (« L’Exercice du métier des armes ») y consacre un chapitre. Un opuscule distinct traite du style de commandement dans l’armée de terre.
Le serment du soldat soviétique l’engage à la discipline, comme cela a été noté, sans émettre d’opinion particulière sur le style de commandement. En revanche, il se préoccupe beaucoup de « garder les secrets militaires et les secrets d’État », idée qui ne semble pas avoir effleuré les rédacteurs des documents occidentaux équivalents.
L’attitude, l’image de l’institution
Dans l’apparente sècheresse des textes, ce sont les deux codes français qui affichent le plus visiblement l’attitude souhaitée du soldat. Le code du soldat l’évoque sous plusieurs angles : « Membre d’une équipe solidaire et fraternelle », « attentif aux autres », « ouvert sur le monde et la société, [il] en respecte les différences », « il s’exprime avec réserve pour ne pas porter atteinte à la neutralité des armées en matière philosophique, politique et religieuse », « il est, toujours et partout, un ambassadeur ». Ainsi, dans quatre articles sur onze, le code du soldat est aussi un manuel de savoir-vivre.
Le code d’honneur du légionnaire, encore plus court (sept articles) est encore plus moralisateur : « Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue toujours élégante, ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net ». Il n’y a qu’en France qu’on érige l’élégance en vertu militaire, apparemment.
Les textes britanniques, étant beaucoup plus longs que les codes français, peuvent se permettre de développer le thème. Les Royal Marines doivent faire preuve d’humilité, non pour sa vertu morale, mais pour l’impératif professionnel qu’elle représente : sans humilité, on n’apprend rien, donc on ne s’adapte pas, donc on est professionnellement défaillant. Le contre-pied dialectique est décidément la marque de fabrique des « commandos ». Nous avons déjà noté le retournement de l’humour – autre vertu affichée – au bénéfice de la fortitude… Dans le texte de l’Army, le terme employé est très fort : decency, indiquant qu’on attend du soldat une attitude « convenable », en pratique : irréprochable.
La Bundeswehr, à travers le concept d’Innere Führung, attache une grande importance aux valeurs du citoyen en uniforme, à sa neutralité politique, mais aussi, à sa capacité à opérer en contexte multinational et donc, à développer sa compréhension d’autres cultures.
Le serment du soldat soviétique, ainsi que les deux credo américains, n’émettent aucune opinion sur le comportement du soldat, hors du combat évidemment.
Le rapport à la victoire
La victoire n’est pas, en soi, une valeur. Toutefois, dans la mesure où le soldat est recruté pour combattre et, autant que possible, pour vaincre, son ethos ne peut faire abstraction de cette notion.
Le serment du soldat soviétique ne mentionne même pas le mot : le soldat « préserve de toutes [ses] forces les biens de l’armée et de la communauté » et jure de défendre sa patrie.
Il en est de même dans les deux textes britanniques, où seul le serment du soldat l’engage à « défendre » sa patrie. Nulle part il n’est exigé de lui qu’il vainque. Dans la même veine, l’Innere Führung ne postule pas la victoire comme intrinsèque à l’état militaire. Ni même la défense, d’ailleurs – ce qui tendrait à faire ressortir le fait que le concept est de nature sociale bien plus que de nature militaire.
Les deux codes français sont bien plus engageants à cet égard : le « soldat de France » « accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre » – en d’autres termes, il a une obligation de moyens mais non de fin. Le légionnaire, lui, n’est pas non plus tenu de vaincre (néanmoins, nous avons noté qu’il était prié de respecter les ennemis vaincus).
Ce sont les deux textes américains qui se singularisent nettement en postulant que l’objet premier du militaire est la victoire, mieux encore, la destruction de l’ennemi. Le contraste est d’autant plus frappant. Ainsi, le credo du soldat l’engage à « se déployer, affronter et détruire les ennemis des États-Unis d’Amérique au corps à corps » — notons au passage que cet alinéa contredit directement et massivement une doctrine fondée sur le combat stand-off.
Quant au marine, lui aussi « défend » son pays, mais il s’engage surtout à faire mouche avec son fusil (« We will hit ») et même, à s’y employer sans relâche, jusqu’à ce que « la victoire soit à l’Amérique et qu’il n’y ait plus d’ennemi ». Une lecture tendancieuse d’un tel article de foi pourrait donner à croire que le Marine Corps adhère à une doctrine de l’extermination.
Qui combat ?
Le mot utilisé pour caractériser le combattant est, en définitive, la donnée de loin la plus parlante. Dans certains cas elle est délibérée, dans d’autres, presque fortuite.
En France, les textes, selon le cas, s’adressent au soldat ou au légionnaire. Dans les deux cas, la désignation de l’homme s’accompagne d’une référence au groupe : on est soldat parce qu’on est soldé, « à la solde de », on est légionnaire parce qu’on appartient à la Légion. Ces deux termes sont fusionnels en ce sens qu’ils décrivent l’individu vu du groupe.
En Allemagne, au citoyen en uniforme : sémantiquement, le citoyen prime le militaire (plus exactement, le serviteur de l’État).
Au Royaume-Uni, au soldier ou au commando (Royal Marine) – notions exactement comparables à celles retenues dans les discours français.
En Union soviétique, c’était le soldat soviétique qui prêtait serment – notons la connotation politique.
Aux États-Unis, le soldier’s creed désigne son sujet comme étant un warrior, et même, un Warrior par excellence puisqu’il emploie la majuscule. Dans la mesure où sa finalité est la destruction des ennemis des États-Unis, il n’en faudrait peut-être pas beaucoup pour transformer le Warrior en Terminator.
La logique ultime de cette tendance se trouve dans le US Marine Corps, dont le credo fait du marine – le mot n’est même pas employé ! – un seul être avec son fusil. En d’autres termes, sans même abuser du texte, le marine se considère comme une arme, et tout son ethos est orienté « sur » le perfectionnement de cette arme, faisant abstraction de toute autre considération, éthique notamment.
Une caractérisation par pays
Pour conclure, nous allons revenir sur les textes comparés, pays par pays, en tentant d’y découvrir une empreinte culturelle significative.
Les textes courts sont cités in extenso, les textes plus longs par le biais d’extraits jugés significatifs.
France
Armée de terre : le code du soldat, soldat de France
Au service de la France, le soldat lui est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu.
Il accomplit sa mission avec la volonté de gagner et de vaincre, si nécessaire au péril de sa vie.
Maître de sa force, il respecte l’adversaire et veille à épargner les populations.
Il obéit aux ordres, dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.
Il fait preuve d’initiative et s’adapte en toutes circonstances.
Soldat professionnel, il entretient ses capacités intellectuelles et physiques, et développe sa compétence et sa force morale.
Membre d’une équipe solidaire et fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyauté.
Attentif aux autres et déterminé à surmonter les difficultés, il œuvre pour la cohésion et le dynamisme de son unité.
Il est ouvert sur le monde et la société, et en respecte les différences.
Il s’exprime avec réserve pour ne pas porter atteinte à la neutralité des armées en matière philosophique, politique et religieuse.
Fier de son engagement, il est, toujours et partout, un ambassadeur de son régiment, de l’armée de terre et de la France.
Légion étrangère : code d’honneur du légionnaire
Noter l’emploi du mot « honneur ».
Article 1. Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité.
Article 2. Chaque légionnaire est ton frère d’arme quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille.
Article 3. Respectueux des traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camaraderie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus.
Article 4. Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue toujours élégante, ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net.
Article 5. Soldat d’élite, tu t’entraînes avec rigueur, tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique.
Article 6. La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout, et s’il le faut, en opération, au péril de ta vie.
(Ancienne version : La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales et, si besoin, au péril de ta vie.)
Article 7. Au combat, tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vaincus, tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes.
Les deux textes – c’est heureux – font référence aux mêmes valeurs, l’un s’adressant au soldat (en l’occurrence, au légionnaire), l’autre le décrivant. La différence dans la personnalisation est intéressante et reflète bien une différence culturelle dans le rapport de l’homme à l’institution.
Allemagne
Innere Führung, texte explicatif, extraits. Le citoyen en uniforme
Liberté et responsabilité
La liberté et la responsabilité restent les critères politiques et moraux de l’Innere Führung. L’élément clé du concept est le modèle du « citoyen en uniforme », qui résume les objectifs de l’Innere Führung. Le « citoyen en uniforme », c’est la personne libre, le citoyen responsable et le militaire prêt à l’engagement. L’Innere Führung est l’image de marque de la Bundeswehr et le cœur de sa tradition.
Les exigences et principes de l’Innere Führung s’appliquent à la totalité des militaires. Ses directives et objectifs doivent être mis en œuvre dans le cadre du service quotidien, les supérieurs hiérarchiques donnant l’exemple en conduisant les hommes selon des critères modernes, ce qui signifie tenir compte de la situation sociale et politique au moment de l’accomplissement de la mission militaire.
Les militaires continueront d’avoir besoin de valeurs et de points de repère qui leur servent de soutien moral dans leur service difficile. Ils savent qu’ils protègent la dignité de l’être humain, le droit et la liberté, valeurs qu’ils devront défendre, le cas échéant, par des moyens militaires. Les valeurs ancrées dans notre constitution leur donnent une assise solide, notamment pour les nouvelles tâches que sont la prévention des conflits et la gestion des crises. L’expérience d’une maîtrise non-violente d’un conflit, comme elle est vécue dans un État de droit démocratique, constitue un soutien précieux lors d’actions de médiation entre des parties en conflit et lors d’opérations de maintien de la paix. Pour accomplir ces tâches difficiles, le militaire doit avoir des convictions assurées et disposer d’un grand pouvoir de persuasion.
Il s’agit là de la partie centrale du texte, qui explique bien sa philosophie. Il est difficile de croire que le soldat allemand se prépare au combat – en tout cas, ce n’est pas dans ce texte qu’il trouvera l’exaltation nécessaire pour dominer l’ennemi. La prudence du texte révèle une préoccupation autre que préparer le lâcher du fauve : il s’agit clairement d’affirmer le contrôle politique sur la force armée, bien plus que d’endoctriner le soldat en vue de la guerre.
Union soviétique
Serment du soldat soviétique
Moi, citoyen de l’Union des républiques socialistes soviétiques, entrant dans les rangs des forces armées, je prête serment et jure solennellement d’être honnête, courageux, discipliné et vigilant, de toujours garder les secrets militaires et les secrets d’État, d’obéir aux règlements, aux ordres des supérieurs. Je jure d’apprendre avec application l’art militaire, de préserver de toutes mes forces les biens de l’armée et de la communauté, d’être fidèle jusqu’au dernier souffle à mon peuple, à ma patrie et au gouvernement soviétique. Je serai toujours prêt à défendre ma patrie et je jure, en tant que combattant des forces armées, de la défendre avec courage, adresse, dignité et fierté contre l’ennemi.
La tonalité d’ensemble est étonnamment défensive, contredisant les intentions offensives longtemps prêtées au système soviétique. Évidemment, il est courant de se présenter en victime d’une agression, limitant ses intentions à la seule défense de la patrie. La défunte urss n’a pas le monopole de la doctrine de la défense « préemptive », hélas.
Un aspect culturellement amusant, déjà noté, est cette référence presque maniaque au secret. Dans l’ensemble, le texte reflète une mentalité d’assiégé, toujours sur la brèche (notez la « vigilance »), assez en phase avec la doxa soviétique.
Royaume-Uni
« I swear by Almighty God that I will be faithful and bear true allegiance to Her Majesty Queen Elizabeth ii, her heirs and successors and that I will as in duty bound honestly and faithfully defend Her Majesty, her heirs and successors in person, crown and dignity against all enemies and will observe and obey all orders of Her Majesty, her heirs and successors and of the generals and officers set over me. »
Note : « those who do not believe in God « solemnly, sincerely and truly declare and affirm ». »
Je jure devant Dieu Tout-puissant que je serai loyal et porterai allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth ii, ses héritiers et successeurs et qu’y étant par là obligé, défendrai honnêtement et loyalement Sa Majesté, ses héritiers et successeurs dans leur personne, royaume et dignité contre tout ennemi, que j’observerai et obéirai à tout ordre de Sa Majesté, de ses héritiers et successeurs ainsi que des généraux et officiers auxquels elle m’aura confié ».
Nota : Pour les non-croyants, la formule « Je jure devant Dieu Tout-puissant » est remplacée par « Solennellement, sincèrement et de bonne foi je déclare et affirme… »
Armée de terre : le soldier
Extraits du document adp5. Compte tenu du volume des extraits, il n’en sera pas proposé de traduction.
Selfless commitment
On joining the Army soldiers accept an open-ended commitment to serve whenever and wherever they are needed, whatever the difficulties or dangers may be.
Courage
Courage – both physical and moral – creates the strength upon which fighting spirit and success on operations depend.
Discipline
Commanders must be certain that their orders will be carried out, and everybody must be confident that they will not be let down by their comrades.
Integrity
Personal integrity is essential to mutual trust, and thus to both leadership and comradeship.
Loyalty
Loyalty binds all ranks of the Army. It ties the leader and the led with mutual respect and trust. It goes both up and down. It transforms individuals into teams. It creates and nourishes the formations, units and sub-units of which the Army is composed.
Respect for others
The responsibility of bearing arms and using lethal force makes it vital that all soldiers act properly under the law and maintain the highest standards of decency and a sense of justice at all times, and to all people, even in the most difficult of conditions.
Volunteer professionalism
(long exposé sur la différence morale entre une armée de conscription et une armée professionnelle).
So the British Army is not a citizen army, and therefore it does not directly reflect national society like a citizen or conscript army. It concentrates rather on military effectiveness, but must understand the society on whose behalf it goes to war.
Corps and regiment spirit
Its key characteristics are Comradeship, Example, Pride and Flexibility.
Leadership
The thing that sets a good army or a good soldier apart from an effective one is its ethos, its ethical basis ; and in achieving this as in all else, leadership is the key.… the best leadership is leadership by example.
Ce texte est assez proche dans l’esprit du document de référence français, « L’Exercice du métier des armes », tout au moins dans ses conclusions. En revanche il n’est pas dialectique mais didactique. Les valeurs sont clairement exprimées, au premier degré. La clarté des principes énoncés explique sans doute l’économie d’un « code du soldat ».
Royal Marines : le commando
Royal Marines Ethos = Individual Commando Spirit Collective Group Values
Courage
Unity
Determination
Adaptability
Unselfishness
Humility
Cheerfulness
Professional Standards
Fortitude
Commando Humour
Unity
There is a unity within the Corps that crosses all ranks and is unique to our organisation, and its outward sign is the Green Beret.
Le béret vert est quasiment érigé en valeur, ce qui n’est pas sans rappeler la sublimation du fusil chez son alter ego américain.
Adaptability
Our emphasis on adaptability is a product of our maritime heritage ; when the Royal Navy deploys it must achieve its mission with whatever resources are immediately available as additional support may well be weeks away. Adaptability is thus as much a part of our parent organisation’s ethos as it is of our own.
Humility
In order to adapt and innovate it is essential that the Corps, while proud of its standards, remains sufficiently self critical – humble enough – to recognise and adopt the good practices of other institutions.
Professional Standards
It is only by the fierce adherence to the Royal Marines’professional standards that we will retain our operational utility as a Commando force.
Fortitude
Commando training is all about enduring. It is the mental stamina to continue, when everything is telling you to stop, coupled with physical fitness, that results in fortitude.
Commando Humour
How better to « endure » than with humour ?
Sustaining Ethos – « Dit » Culture
Telling stories or « spinning dits », so fundamental to life in the Corps, has become an important way of sustaining our ethos.
Ce texte des Royal Marines est original à plus d’un titre, comme cela a été noté en cours d’exposé. Il hésite entre la symbolique presque outrancière (le béret vert présenté quasiment comme une valeur en soi), la description des valeurs essentielles, et le renvoi pédagogique au vécu individuel du commando en formation. Hésitant entre l’anecdote et le principe supérieur, il est d’un emploi assez malaisé comme texte de référence, et semble plutôt orienté vers l’outil pédagogique.
États-Unis
Army : the soldier’s creed, qui décrit le soldat comme un Warrior
Le texte remonte à 2001 et a été révisé en 2003.
The soldier’s creed
I am an American Soldier.
I am a Warrior and a member of a team. I serve the people of the United States and live the Army Values.
I will always place the mission first.
I will never accept defeat.
I will never quit.
I will never leave a fallen comrade.
I am disciplined, physically and mentally tough, trained and proficient in my warrior tasks and drills. I always maintain my arms, my equipment and myself.
I am an expert and I am a professional.
I stand ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States of America in close combat.
I am a guardian of freedom and the American way of life.
I am an American Soldier.
Je suis un soldat de l’Amérique.
Je suis un guerrier et un membre d’une équipe. Je sers le peuple des États-Unis et je vis les valeurs de l’armée.
Je placerai toujours la mission en premier.
Jamais je n’accepterai la défaite.
Jamais je ne laisserai tomber.
Jamais je n’abandonnerai un camarade blessé.
Je suis discipliné, endurci physiquement et mentalement, entraîné et compétent dans mes tâches et exercices guerriers. J’entretiendrai toujours mes armes, mon équipement et moi-même.
Je suis un expert et un professionnel.
Je suis toujours prêt à être déployé, à affronter et à détruire les ennemis des États-Unis d’Amérique au corps à corps.
Je suis un gardien de la liberté et de l’American way of life.
Je suis un soldat de l’Amérique.
US Marine Corps
Le marine assimilé à son fusil. Le texte est dû au major-général (général de corps d’armée) Rupertus, héros de la campagne du Pacifique, décédé en 1945.
This is my rifle. There are many like it, but this one is mine. It is my life. I must master it as I must master my life. Without me my rifle is useless. Without my rifle, I am useless. I must fire my rifle true. I must shoot straighter than the enemy who is trying to kill me. I must shoot him before he shoots me. I will. My rifle and I know that what counts in war is not the rounds we fire, the noise of our burst, or the smoke we make. We know that it is the hits that count. We will hit.
My rifle is human, even as I am human, because it is my life. Thus, I will learn it as a brother. I will learn its weaknesses, its strengths, its parts, its accessories, its sights and its barrel. I will keep my rifle clean and ready, even as I am clean and ready. We will become part of each other.
Before God I swear this creed. My rifle and I are the defenders of my country. We are the masters of our enemy. We are the saviors of my life.
So be it, until victory is America’s and there is no enemy, but Peace.
Voici mon fusil. Il y en a bien d’autres comme lui, mais celui-ci, c’est le mien.
Mon fusil est mon meilleur ami. Il est ma vie. Je dois en être le maître comme je le suis de ma propre vie.
Mon fusil, sans moi, ne sert à rien. Et sans lui, moi non plus je ne sers à rien. Je dois tirer droit, plus droit que l’ennemi qui cherche à me tuer. Il faut que je le tue avant que lui ne me tue. Et c’est ce que je ferai.
Mon fusil et moi-même nous savons que ce qui compte dans cette guerre, ce ne sont pas les coups que nous tirons, ni le bruit de nos rafales ni la fumée que nous dégageons. Nous savons que ce qui compte ce sont les coups au but… lui et moi, on fera mouche…
Mon fusil est humain, tout comme moi, puisqu’il est ma vie même. C’est pour ça que je veux apprendre à le connaître comme un frère. Je connaîtrai ses faiblesses, sa puissance, ses pièces, ses accessoires, son système de visée et son canon. Je le garderai toujours propre et prêt à servir comme moi-même je suis propre et prêt à servir. Nous ne ferons plus qu’un. C’est comme ça qu’on fera…
Devant Dieu, j’affirme ce serment. Mon fusil et moi nous sommes là pour défendre mon pays. Nous sommes maîtres de l’ennemi. Nous sommes les garants de mon existence.
Ainsi soit-il jusqu’à ce que l’Amérique remporte la victoire, et qu’il n’y ait plus d’ennemi, mais seulement la paix !
Les considérations « professionnelles », d’efficacité notamment, l’emportent nettement sur les préoccupations d’ordre éthique. Manifestement, ces deux textes sont ceux faisant le plus apparaître la différence entre ethos et « éthique ». Celui des marines est quasiment caricatural.
On peut légitimement s’inquiéter de l’impact d’un tel endoctrinement sur la jeune recrue : si la victoire est la seule mesure des choses – victoire, rappelons-le, assurée par la destruction de l’ennemi, jusqu’au dernier – quelle limite morale le Warrior reconnaît-il à son action ?
De surcroît, pour l’essentiel, les valeurs présentées sont soit professionnelles (liées à la compétence) soit liées à la dynamique interne du groupe (le team). Il est frappant que les seuls êtres humains peuplant ces deux textes sont, soit le peuple américain, soit son camarade de combat, soit l’ennemi.
Ethos du combattant : l’exception américaine
Ainsi, par le biais de cette étude comparative nécessairement incomplète, c’est tout le style américain en guerre – the American way of war – qui apparaît : exaltation de la compétence personnelle et professionnelle individuelle, « absolutisation » de la victoire, absence de toute notion de mesure dans l’action.
Les textes français et britanniques adoptent un ton modéré, voire sentencieux, insistant beaucoup sur les notions de mesure, de respect d’autrui, et surtout, ils n’érigent pas la victoire en valeur absolue. On peut dire qu’il en est de même du serment du soldat soviétique. L’Innere Führung est le texte qui va le plus loin en ce sens, puisqu’à l’extrême, on pourrait considérer qu’il fait abstraction du combat. Aucun de ces textes n’appelle ouvertement, et presque joyeusement, à détruire ou à tuer – ce que les deux credo américains font sans vergogne.
Ce qui est frappant aussi, c’est l’individualisme sous-jacent à ces deux textes américains. Certes, celui de l’Army fait clairement référence à l’équipe, à l’armée elle-même, au pays. Mais lorsqu’on lit ces textes tout de suite après les deux codes français, par exemple, la différence apparaît manifeste : qui juge, en définitive, de l’adhésion aux règles énoncées ? Dans les deux credo américains, c’est le soldat qui doit être un warrior ou un fusil, le meilleur qui soit. Dans les deux codes français, la règle est extérieure au sujet, c’est au soldat ou au légionnaire de s’y conformer. Notons en appui de cette idée que le credo, étymologiquement, c’est « je crois », un acte individuel, intime même, alors que le code est quelque chose d’extérieur.
Est-il pertinent de s’appuyer sur deux textes extrêmement condensés pour juger de l’ethos et de l’éthique d’une armée ?
Nous pensons que oui, sans restriction.
En effet, la rédaction et la diffusion de tels textes résultent d’un choix délibéré, décidé au plus haut niveau. Condenser toute l’éducation du soldat en un texte facile à mémoriser, en faire un rite, quasiment un texte mystique, c’est exprimer clairement ce qu’on attend de lui.
Un officier général britannique qui a servi en Irak au sein de la coalition menée par les Américains, le brigadier Aylwin-Foster, a causé un véritable scandale aux États-Unis lors de la publication d’une analyse de la performance américaine sur ce théâtre8. Il impute ouvertement l’inadaptation de l’outil militaire américain au conflit en cours à une vision outrancièrement guerrière du métier de soldat. L’armée américaine est génétiquement programmée pour l’opération offensive et massive (ce qu’il appelle « go kinetic »). Citant nommément le soldier’s creed, il relève que ce texte n’envisage qu’une seule forme d’interaction avec l’ennemi : sa destruction. Il déplore que le terme visé ne soit pas la défaite, « qui ouvrirait le champ à d’autres options, plus pertinentes politiquement ». Il note aussi « l’insularité » caractéristique de l’institution militaire américaine, repliée dans ses bases (et sur le théâtre, dans ses compounds).
Ce qui est frappant, en définitive, c’est la vision de la guerre que portent ces documents : une vision absolutiste, que l’on ne retrouve qu’aux États-Unis, et une vision relative, voire elliptique, partagée par quatre armées européennes, dont la défunte armée rouge, de sinistre mémoire pourtant. Autant les textes français, britanniques et allemand sont obsédés par la maîtrise de la violence, autant on n’en trouve pas « une trace » dans les deux textes américains considérés. Il y a clairement un style de guerre « à l’américaine » : un ethos sans référence éthique.
En conclusion
L’objet du présent texte ne se réduit nullement au dénigrement facile de la culture militaire américaine. Pour autant, nous adhérons à la thèse du brigadier Aylwin-Foster, selon laquelle la nécessaire adaptation de l’outil militaire américain, s’il prétend l’emporter dans les nouveaux conflits, ne pourra faire l’économie d’une réappropriation de l’éthique.
À l’instar de ce que préconise Aylwin-Foster, au bénéfice de ses camarades de combat d’Irak, l’armée française, depuis Galliéni, Lyautey, et plus récemment, Bachelet et la génération récente de nos grands chefs, a renouvelé notre arsenal doctrinal et surtout moral. Ce n’est ni un luxe, ni une distraction, mais la clé du succès.
Il n’y a pas deux options, entre un ethos purement professionnel et une éthique éthérée qui garantirait la paix de l’âme au prix de l’acceptation de la défaite. L’éthique du combattant est au cœur de son efficacité. Les succès de court terme peuvent faire oublier ce fait, mais la caractéristique majeure du succès à court terme, c’est qu’il est généralement sans lendemain. À long terme, la victoire ne peut se construire sans base éthique.
Synthèse Michel yakovleff
Toutes les armées éprouvent le besoin de disposer de textes susceptibles d’inspirer et d’orienter les comportements ; il en est ainsi des puissances majeures que sont l’Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et même en son temps l’Union soviétique.
Une étude comparative des textes de chacune de ces armées est particulièrement éclairante.
Au-delà des diversités de forme, elle révèle une véritable exception américaine dans la prééminence de la victoire absolue, au détriment d’une notion récurrente chez les Européens, celle de la maîtrise de la violence.
Traduit en allemand et en anglais.
Ethos and ethics, though they share the same root, are not the same. “ethics” may be defined as the science of morals and their object is to distinguish good from evil. the ethos of a group is that set of values which it claims as its own, without prejudging their ethical value. we intend to discuss ethos as defined by some armies, acknowledging they generally conform to ethics but without being subsumed in ethics, insofar as they also pursue functional values–such as efficiency–which have moral implications but derive from other considerations.
Every human institution develops a professional ethos. The military profession depends on a specific ethos responding to the exigencies of force and, in particular, the “mastery” of force. A quick glance at a number of reference texts in France, Great Britain, Germany, the United States and the former Soviet Union does point to significant variations, to the degree one wonders if these military institutions actually do the same job.
Thus ethos and its official representations provide us with exceptional insight into the mentality and culture of these armies and, more specifically, their attitude to violence. Based on the presumption that a unit will reflect its education, then a critical assessment of the values it claims does point to most revealing differences.
We intend to discuss the point thus:
to start with, the way ethos is defined and taught happens to be very different from one institution to the other – therefore a quick glance at form, before substance, will shed an early light on the topic
turning then to substance, it appears the values as expounded point to a degree of universality, although here again the angle can be quite different
but most of all, there is an American exception, especially when considering the ethical implications of an extreme “warrior” ethos.
The discussion will focus on land forces, irrelevant of service. When available, we have taken into account the most basic documents available to the soldier. Otherwise, we have used regulation or descriptive texts, trying to cite them in context.
Thus, for the French Army, the focus will be on the Soldier’s Code (code du soldat de France) and, given its different recruitment necessitating a specific body of ethical education, the Legionnaire “Code of Honour” (hereafter “code du soldat” and “code Légion”)1. For the United States, the reference texts are the us Army “Soldier’s Creed” and the us Marine Corps “Marine Creed” (hereafter “Soldier’s Creed” and “Marine Creed”). The Soviet Union had an Oath of the Soviet Soldier (hereafter “Soviet Oath”).
These texts are offered in full in section “A Characterisation by Country”.
For the United Kingdom we have turned to adp5 The Military Covenant (Army – hereafter “Covenant”)2 and “the Royal Marines Ethos” (hereafter “RM Ethos”). For Germany, an explanatory text on Innere Führung (hereafter Innere Führung).
Extracts are offered and discussed in section “A Characterisation by Country”.
The author does not disregard other existing documents nor does he consider that the full body of ethos and ethics considered relevant by each nation or service is made available through the texts analysed. Yet he does contend that the most symbolic and readily available publications presumably embody the main topics deemed essential in the eyes of promulgating authorities.
The formalisation of ethos: major variations
Ethos is a concept that needs to be understood throughout the organisation. The way the military institutions we will look at actually educate their soldiers provides us with a first series of conclusions.
Three layers of documents
It appears ethos is defined in three layers of doctrinal material:
a philosophical approach, which may be intellectually rewarding but has little impact on lower echelons or in a real operational environment, subject to the friction and ambiguity of war
an approach by regulation, either prescriptive or proscriptive, which eschews the underlying philosophy but offers a clear and applicable line of conduct
a symbolic approach – not to say ritualistic – which may be directly applicable to those who are immersed in action but sometimes falls victim to caricature.
All the armies and organisations we will study have developed a body of regulations that define and clearly delineate what is expected from their members. Let us take this for fact which does not require further evidence. These regulations incorporate the laws of armed warfare which may be construed as legally binding manifestations of the ethics relevant to the profession of arms.
As an observation, let us state that these regulations are not solely interested in the ethical aspects of the profession but tend to expand on other functional considerations. Thus all prescriptions and proscriptions based on ethical considerations are available in writing, but they are intermingled with a variety of other values whose core justification is not ethical, or only remotely so. Ethos is an overarching concept subsuming ethics.
Though this study does not claim to be exhaustive, it appears that not all the organisations we are dealing with here have produced reading material of a philosophical nature underpinning the regulatory framework. France and Germany definitely have. The British Army provides us with a more restrictive document, a long chapter of adp5, “Soldiering–The Military” Covenant, which identifies and elaborates on the “values and standards of the Army” in discursive form, whereas the comparable French document tends to be dialectic. The same applies to the Royal Marines with a shorter text.
At the other end of the scale, differences are very visible because the necessity to provide the average trooper with a condensed discourse tends to simplify the argument, sometimes to the point of caricature.
The most symbolic documents are the Legion Code of Honour, the French Soldier’s Code, the Oath of the Soviet Soldier, the American Soldier’s Creed. We will have a closer look later. Of the organisations studied, only the German Army appears not to have a boiled-down code or equivalent one-sheet paper.
It seems only the French Army has endeavoured to cover the whole range of products, with a philosophical capstone document, a full set of regulations and, at the lower end, a “Soldier’s Code”.
Addressing the Soldier
When considering the texts written for the soldier, forms also differ in the address.
Both the Soviet and the British Oath start with “I”: “I, as a citizen of the Soviet Union…”, or (for the uk) “I swear by almighty God…”. The same applies to the Soldier’s Creed of the us Army: “I am an American soldier.”
In its Code of Honour, the Foreign Legion speaks directly to the legionnaire: “Legionnaire, you are a volunteer…”
The French Army uses the third person: “In the service of France, the soldier is fully committed… He acts with honour…”
The us Marine Corps uses “we” because of the close association of man and rifle: “This is my rifle… My rifle and I are the defenders of my country. We are the masters of our enemy.”
Ethos and ethics: an uncertain link
The French Army capstone text3 does not even try a precise definition of ethos, although it is discussed at length. As for ethics, the angle is dialectic more than didactic. Understanding the ethics of the profession of arms is expected as a result of a thorough reading and meditation of the “fundamentals and principles of the profession of arms”.
The comparable British Army text does define “the ethos of the Army—its characteristic spirit—which can be defined as: “That spirit which inspires soldiers to fight. It derives from, and depends upon the high degrees of commitment, self-sacrifice and mutual trust which together are essential to the maintenance of morale” (Covenant). What we would call “ethics” remains implicit, underlying other “professional” values such as efficiency and competence which are not intrinsically ethical.
Another significant finding is the use of the word “honour”: both French texts (“code Légion” and “code du soldat”) use it, but it is not to be found in the Soviet Soldier’s Oath, in both American “Creeds” (Army and Marine Corps), in the British Oath, nor in the lengthy explanation of the German concept of Innere Führung. Incidentally, the word is displayed on all French regimental standards: honneur et patrie, as well as on all ships of the Marine nationale: honneur, patrie, valeur, discipline.
Fundamental Values
Turning now to substance: the values themselves, we will distinguish individual values from collective values, a classification borrowed from British publications. In passing we will note significant variations in the implicit moral link between the soldier and his institution of reference (the core group, the corps, the service, the state or government, the fatherland…).
We will use a plurality of documents, ranging from the philosophical level down to the creed.
Individual values
Discipline
Discipline is obviously important, but references are sometimes oblique, or even implicit. The relationship between discipline and hierarchy is more or less explicit.
The French Army is very explicit. Article 4 of the “code du soldat” reads thus: “He obeys orders, in full compliance with the laws and customs of armed warfare and international conventions.” The Legionnaire Code of Honour says, in article 3: “Respectful of the Legion’s traditions, honouring your superiors, discipline and comradeship are your strength, courage and loyalty your virtues.” We are also reminded of the famous words of a previous version of military regulations which started with: “Discipline being the source of the strength of an army…”. The philosophical text of reference, “L’Exercice du métier des armes”, exposes at length the link between discipline and legitimacy.
The Soldier’s Creed of the us Army says: “I am disciplined, physically and mentally tough, trained and proficient in my warrior tasks and drills.”
Thus the (now extinct) Soviet soldier, in the opening words of his Oath: “I solemnly pledge to be honest, courageous, disciplined and vigilant… to obey regulations and orders from superiors”.
Three services are curiously reluctant to provide such a formal expression of discipline. The Bundeswehr appears not even to use the word, as the core concept of Innere Führung addresses the “citizen in uniform, that is to say, a free person, a responsible citizen and a ready military”. The same text also demands exemplarity from its leaders. We are thus led to consider discipline as resulting from a sense of freely obtained responsibility, without the word itself being stated.
The British Royal Marines seem to consider that discipline need not be expounded as soon as the commando has bought into the corps spirit. As for the American Marine, his Creed is so imbued with a mystical link between man and rifle that the matter of discipline need not be raised… Maybe discipline is taken for granted when man is virtually embodied in his weapon.
We may say that discipline is explicit and self-standing (France, British Army, ussr, US Army), relative (Germany), allusive (Royal Marines, us Marine Corps).
Loyalty
Obviously a cardinal virtue in the eyes of the employer. Yet things are not that simple: who is the object of the soldier’s loyalty ?
All texts mention the State, Nation, Crown. At a subordinate level, not all are explicit about the service (no direct mention in Innere Führung and Marine Creed). The closest ring of loyalty is very differently characterised: “the team” (us and French Armies), “brotherhood/family” (Foreign Legion), “formations, units and sub-units” (British Army), “the corps” (Royal Marines), with no mention whatsoever found in the Marine Creed, Innere Führung or the Soviet Oath.
Courage
Courage is obviously a military virtue. All the texts we have studied exalt courage… except for both American texts which content themselves with preparing their charge to the hardships of battle.
An edifying variant is offered by the Royal Marines, who promote “fortitude”, the ability to endure adversity – and even enlist humour as a required characteristic within the Corps, which may be mildly surprising until we remember this is in a British context.
Professional Values
These are values conducive to effectiveness in action (not necessarily in battle). Almost all texts under consideration are extremely vocal when it comes to upholding professional efficiency – although we may note this has nothing to do with ethics. Innere Führung stands alone in not singling out professionalism per se from the overall competency expected from any servant of the State.
Both British texts are prolific in this respect, the French and Soviet texts appear relatively subdued, and both American texts are almost exalted in their brevity.
Professionalism is manifested in the general preoccupation with physical, moral and intellectual development. “Adaptability” and “initiative” are considered worthy of mention only in the Western European institutions, which may reflect on their relative size when compared with more massive organisations. The weapon as such is often mentionned, presumably because it is a distinct military attribute – to the point of being the object of a ritual in the us Marine Corps.
Given the overall consensus on professional values we will refer the reader to the extracts for further consideration.
Integrity, Honesty
Since the essence of military duty is disinterested service, honesty in all its guises (moral, material) obviously stands out. Yet this individual value is not always singled out, possibly because it can be considered a natural consequence of loyalty and discipline, values which elicit forceful mention in their own right. Thus both French texts remain allusive on this count, like Innere Führung. Both British texts (Covenant and rm Ethos) are very explicit, as well as the Soviet Oath. None of the American creeds (Army and Marine Corps) even mention the topic. Yet we all know how fierce are the regulatory environment and practice in the United States military: it may be integrity is so prevalent in another context that it need not be mentioned in the combatant ethos.
Respect
We take the word as addressing respect for someone “exterior to the institution”, since loyalty will effectively deal with this concern internally. The way this value is exposed is very relevant because the outsider is often the enemy. Respect for the enemy has clear ethical implications.
Innere Führung is most demanding when dealing with responsibility. Democratic values and human dignity are fundamental and the German soldier is expected to protect “the dignity of the human being” with no distinction whatsoever. There is scant chance of serious reading opening the gates of barbarity…
Although they are short, both French Codes delve extensively on this notion of respect. Thus article 3 of the “code du soldat”: “Master of his force, he respects the adversary and is very careful to spare the population.” Also article 9: “He is open to the world and society at large and respects differences”. The “Legion Code” is even shorter (seven articles) and focuses on the enemy: “In battle you fight without passion or hatred, you respect the defeated enemy…”.
The Soviet Oath does not worry about the well-being of the enemy, but covers “the belongings of the army and the community”, which may be construed as preserving the population (if friendly).
The British Army text (Covenant) provides extensive comments on the importance of respect, due to all human beings, including, quite explicitly, the enemy. This is not only considered a moral obligation but an operational imperative in its own right. Yet again the Royal Marines stand out in presenting respect for the enemy and non-combatants as natural consequences of the “humility” inherent to the corps.
None of the American Creeds mention respect for the enemy. When mentioned, he is an opponent to be destroyed, period. We will come back to this later.
Mission
The mission is sacred, as everyone will admit. “The mission” is generally presented as an absolute – the primary justification of any fighting force – and often paired with its attendant cost: “sacrifice”, “selfless service”. Innere Führung is quite allusive in this respect, probably because it subsumes commitment to the mission in the inclusive notion of responsibility of the citizen in uniform.
Both French codes formulate the point unambiguously: “The mission is sacred; you carry it out, if necessary, at risk of your own life” (Legion Code). “He executes his mission with the will to win and prevail, if necessary, at risk of his own life” (code du soldat). The capstone educational text, “L’exercice du métier des armes, Fondements et principes”, delves at length with the laws and customs of armed warfare. The French soldier is explicitly warned about the difference between “the mission is sacred” and “the mission justifies anything”.
The Soviet Oath does not even mention the word but clearly demands sacrifice, which the glorious history of the Red Army vindicates convincingly.
Both British texts prefer the word “duty” and, just like the Soviet Oath, “selfless commitment”, which seemingly imply that the mission will be pursued to the end.
The Soldier’s Creed is very clear: “I will always place the mission first”. This wording is very similar to the French. Here again the Marine Creed stands out – probably because being considered a weapon, the mission is taken for granted. However the Marine states that “We will hit”, which may be a close substitute to “I will carry out my mission”.
Collective Values
Camaraderie, Esprit de corps4, Tradition
Both British texts talk extensively about these values, which will not unduly surprise us.
The Soviet Oath is silent on this point and only recognises higher collectives such a fatherland, State, armed forces. Soviet military culture never promoted specific identities conducive to esprit de corps, even when Stalin re-instated the distinction of “Guard” unit in recognition of acts of collective heroism. Soviet ethos definitely eschewed an intermediate level of loyalty between soldier and state.
Innere Führung abides by a similar logic, the citizen in uniform, which, incidentally, is not the same thing as the soldier citizen. Individual responsibility comes first and foremost.
Both French texts highlight the importance of esprit de corps (there is a specific textbook of same ranking as “L’exercice du métier des armes”. The “code du soldat” mentions the regiment and the Army, the Legion Code treats the Legion as a family.
The Soldier’s Creed broaches the subject twice, depicting the soldier as “member of a team” and making him pledge “never [to] leave a fallen comrade”. This alludes to the “primary group”, a notion in vogue with American sociologists, but quite disconnected from esprit de corps as the French see it.
The Marine Creed seems to have interiorised esprit de corps to such a point no further mention is necessary. Exaltation of the Corps spirit is such an obsession during boot camp that the Creed can do without.
Hierarchy, Command
Both British texts deal extensively with hierarchy and, most of all, with style of command (mission command), presented as a value in itself.
The us Army has long expounded its vision in a specific Field Manual about “Leadership”. Innere Führung also promotes “mission command”.
Of both French codes, only the Legion Code is very explicit about the leader (the chief), whereas the “code du soldat” remains implicit. That said, the reference text (L’Exercice du métier des armes) devotes a whole chapter to the matter and “style of command” is addressed in a specific reference publication.
The Soviet Oath, as noted earlier, demands discipline but has no option about style of leadership. On the other hand it is quite preoccupied with the preservation of “State and military secrets”, a concern which does not appear to fire the imagination of the Western doctrinal community.
Attitude, Image of the Institution
Both French codes are short and yet spare time to talk about the attitude expected from the soldier. The “code du soldat” takes various angles on the matter: “member of a tight and fraternal team”, “considerate to others”, “open to the world and society at large, he is respectful of differences”, “he expresses himself cautiously so as not to undermine the neutrality of the services in matters of philosophy, politics and religion”, “he is, always and everywhere, an ambassador”. In four articles out of eleven, the “code du soldat” is also a treatise on savoir-vivre.
The Legion Code is even shorter (seven articles) yet it is even more moralising: “Proud of your status as a legionnaire, you will display this pride, by your turnout, always impeccable, your behaviour, ever worthy, though modest, your living-quarters, always tidy.” Only in France would elegance be considered a military virtue, apparently…
The British texts are longer and can afford to develop the theme. Royal Marines must display “humility”, not for its moral virtue but as an operational imperative: “In order to adapt and innovate it is essential that the Corps, while proud of its standards, remains sufficiently self, critical – humble enough – to recognise and adopt the good practices of other institutions”.
The Army Covenant uses the very strong word of “decency”, which sets a very high standard of behaviour for the soldier.
The Bundeswehr, via Innere Führung, also places great emphasis on the values pertaining to the citizen in uniform, his political neutrality, and also his ability to operate in a multinational environment and hence his understanding of other cultures.
The Soviet Oath and both American Creeds have nothing to say about how the soldier behaves, out of combat.
Victory
Victory is not a value of its own but the soldier’s ethos is incomprehensible without some reference to the notion.
The Soviet Oath does not use the word. The soldier pledges to “spare no effort to preserve army and community” and swears to defend the motherland.
In both British texts the soldier pledges to “defend” his country (the Crown). But nowhere is he required to prevail. In the same vein, Innere Führung does not consider victory to be an integral part of military status. Not even defence, actually, which may indicate that the nature of Innere Führung is social rather than military.
Both French codes are more demanding in that respect: the French soldier “carries out his mission with the will to win and prevail”. In essence, an obligation of means more than ends. Neither is the Legionnaire committed to victory (though we already noted that he was expected to respect the vanquished enemy).
Both American texts stand out in postulating that the object of military activity is victory and even more, the utter destruction of the enemy. Thus the Soldier’s Creed “[stands] ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States of America in close combat”. We may note, in passing, that this creed contradicts directly and massively a doctrine based on stand-off warfare.
As for the Marine, he also “defends” his country, but with the foremost preoccupation of being on target (“We will hit”) and to be so indefinitely until such time as “victory is America’s and there is no enemy”. A tendentious reading of such an article of faith could credit the Marine Corps with abiding by a doctrine of extermination.
Who Fights?
The word used to characterise the combatant is by far the most revealing information.
In France, texts refer to the soldier or the legionnaire. In both cases, designating the man also designates the group: one is a “soldier” because he is “à la solde de”, i.e., “in the pay of”, and the other is a legionnaire by virtue of being part of the Legion. Both words amalgamate individual and group.
In Germany, Innere Führung addresses the citizen in uniform. Semantically, the citizen prevails over the military.
In the United Kingdom, the words used – soldier and commando – are exact counterparts to French terms.
In the Soviet Union, it was the Soviet soldier who took the oath – in this case the term has a political underpinning.
In the United States of America, the Soldier’s Creed defines him as a Warrior (note the upper case). Insofar as his sole activity seems to be the destruction of the enemies of the United States, there is not much of a step to take to turn him into a Terminator.
The ultimate logic behind this inclination is to be found with the Marine Corps, whose Creed considers the Marine (the word itself is not even used) to be one with his rifle (used eight times). In other words, and without abusing the text, the Marine sees himself as a weapon and his ethos deals exclusively with perfecting this weapon, in utter abstraction of any other consideration, ethical in particular.
A Characterisation by Country
A full reading of the texts provides some insight into different cultures.
The shorter texts (creeds, codes, oaths etc) may be read in extenso. For the longer ones (British and German) we have selected the most significant extracts.
France
Army: the soldier of France
In the service of France, the soldier is fully committed at all times and places.
He carries out the mission with the will to win and prevail, if necessary, at risk of his own life.
He is master of his force, respects the opponent and makes sure to spare the population.
He obeys orders in due respect of law, the rules of armed warfare and international conventions.
He uses his initiative and adapts to all circumstances.
As a professional soldier, he keeps himself fit intellectually and physically and develops his competence and moral stamina.
As a member of a tight and fraternal team, he acts with honour, openness and loyalty.
Considerate for others and determined to overcome, he works for a cohesive and dynamic unit.
He is open to the world and the larger society and is respectful of differences.
He expresses himself cautiously so as not to undermine the neutrality of the services in matters of philosophy, politics and religion.
Being proud of his commitment, he is, always and everywhere, an ambassador of his regiment, of the Army and of France.
Foreign Legion: the legionnaire
Note the word “honour” in the Code of Honour
Legionnaire: you are a volunteer serving France faithfully and with honour.
Every Legionnaire is your brother-at-arms, irrespective of his nationality, race or creed. You always show the tight solidarity that binds members of the same family.
Respectful of the Legion’s traditions, attached to your superiors, discipline and comradeship are your strength, courage and loyalty your virtues.
Proud of your status as a legionnaire, you will display this pride, by your dress, always impeccable, your behaviour, ever worthy, though modest, your living-quarters, always tidy.
As an elite soldier, you will train with rigour, you will maintain your weapons as your most precious possession, you will keep your body fit and trim.
The mission is sacred, you will accomplish it to the end and, in operations, at risk of life.
In combat, you will act without passion or hatred; you will respect the vanquished enemy and will never abandon neither your wounded nor your dead, nor will you under any circumstances surrender your arms.
Both texts, as could be expected, refer to the same values. There is a difference though, in that one addresses the soldier (the Legionnaire), the other describes him.
Germany
Innere Führung, excerpts
The citizen in uniform.
Liberty and Responsibility
Liberty and responsibility remain the political and moral criteria underpinning Innere Führung. The key concept is the model of a “citizen in uniform” which sums up the objective of Innere Führung. The “citizen in uniform” is a free person, a responsible citizen and a military ready to fight. Innere Führung is the trademark of the Bundeswehr and the heart of its tradition.
The exigencies and principles of Innere Führung apply to all military personnel. Its directives and objectives must be pursued in the course of daily service, with higher ranks setting the example by leading their men in accordance with modern criteria, which implies taking into account the social and political situation prevailing at the time of the military mission.
All military personnel will continue to require values and bearings to provide moral support in their difficult service. They know they protect the dignity of the human being, the rule of law and freedom, values which they will have to defend, if necessary, by military means. The values set in our constitution will provide them with a firm foundation, especially when addressing the new tasks of conflict resolution and prevention of crises. Having first-hand experience of non-violent resolution of a conflict, as occurs daily in a democratic State, is of precious support when mediating between parties in conflict and during peace keeping operations. In order to carry out these demanding tasks, the military must rely on strong beliefs and have great power of persuasion.
This excerpt is the central part of the text and the most explicit in terms of its philosophy. It may be difficult to imagine the German soldier preparing for a fight – at any rate, this is not the text to provide him with the degree of exaltation necessary to prevail. In its caution, the text reveals a preoccupation quite apart from unleashing the dogs of war: clearly its aim is to affirm political control over the military, much more than indoctrinating the soldier in view of war.
Soviet Union
Soviet Soldier Oath
I, a citizen of the Union of Soviet Socialist Republics, as I join the ranks of the armed forces, take this oath and solemnly pledge to be honest, courageous, disciplined and vigilant, always to keep the State and military secrets, to obey regulations and orders from my superiors. I pledge to learn military art in earnest, to do my very best to preserve the belongings of the army and community, to be true, up to my last breath, to my people, my motherland and the Soviet government. I will always stand ready to defend my motherland and I pledge, as a combatant of the armed forces, to defend it with courage, skill, dignity and pride against the enemy.
The overall tone is surprisingly defensive, despite the offensive intentions long attributed to the Soviet system. Granted, there is nothing new in presenting oneself as a victim of aggression whose sole intent is the preservation of the motherland. The former Soviet Union had no monopoly on the doctrine of pre-emptive defence.
One cultural aspect, already noted, is the obsessive reference to “secrets”. It dovetails with a siege mentality (also note the call to “vigilance”) which is in line with Soviet doxa.
United-Kingdom
“I swear by Almighty God that I will be faithful and bear true allegiance to Her Majesty Queen Elizabeth ii, her heirs and successors and that I will as in duty bound honestly and faithfully defend Her Majesty, her heirs and successors in person, crown and dignity against all enemies and will observe and obey all orders of Her Majesty, her heirs and successors and of the generals and officers set over me.”
Note: those who do not believe in God “solemnly, sincerely and truly declare and affirm”.
Army: the soldier
Excerpts from adp5.
“Selfless commitment”
On joining the Army soldiers accept an open-ended commitment to serve whenever and wherever they are needed, whatever the difficulties or dangers may be.
“Courage”
Courage – both physical and moral – creates the strength upon which fighting spirit and success on operations depend.
“Discipline”
Commanders must be certain that their orders will be carried out, and everybody must be confident that they will not be let down by their comrades.
“Integrity”
Personal integrity is essential to mutual trust, and thus to both leadership and comradeship.
“Loyalty”
Loyalty binds all ranks of the Army. It ties the leader and the led with mutual respect and trust. It goes both up and down. It transforms individuals into teams. It creates and nourishes the formations, units and sub-units of which the Army is composed.
“Respect for others”
The responsibility of bearing arms and using lethal force makes it vital that all soldiers act properly under the law and maintain the highest standards of decency and a sense of justice at all times, and to all people, even in the most difficult of conditions.
“Volunteer professionalism”
So the British Army is not a citizen army, and therefore it does not directly reflect national society like a citizen or conscript army. It concentrates rather on military effectiveness, but must understand the society on whose behalf it goes to war.
“Corps and regiment spirit”
Its key characteristics are Comradeship, Example, Pride and Flexibility.
“Leadership”
The thing that sets a good army or a good soldier apart from an effective one is its ethos, its ethical basis; and in achieving this as in all else, leadership is the key.… the best leadership is leadership by example.
The text (in full) is quite similar to comparable French publications, although it is descriptive when the French one adopts a dialectical approach.
Royal Marines: the commando
Royal Marines Ethos = Individual Commando Spirit Collective Group Values
Courage
Unity
Determination
Adaptability
Unselfishness
Humility
Cheerfulness
Professional Standards
Fortitude
Commando Humour
“Unity”
There is a unity within the Corps that crosses all ranks and is unique to our organisation, and its outward sign is the Green Beret.
“Adaptability”
Our emphasis on adaptability is a product of our maritime heritage; when the Royal Navy deploys it must achieve its mission with whatever resources are immediately available as additional support may well be weeks away. Adaptability is thus as much a part of our parent organisation’s ethos as it is of our own.
“Humility”
In order to adapt and innovate it is essential that the Corps, while proud of its standards, remains sufficiently self critical – humble enough – to recognise and adopt the good practices of other institutions.
“Professional Standards”
It is only by the fierce adherence to the Royal Marines’professional standards that we will retain our operational utility as a Commando force.
“Fortitude”
Commando training is all about enduring. It is the mental stamina to continue, when everything is telling you to stop, coupled with physical fitness, that results in fortitude.
“Commando Humour”
How better to ‘endure’than with humour ?
“Sustaining Ethos” – “Dit” Culture
Telling stories or “spinning dits”, so fundamental to life in the Corps, has become an important way of sustaining our ethos.
The Royal Marines seem to enjoy wrong-footing readers who would be looking for straightforward explanations, whenever it has an opportunity for paradox.
United States of America
Army: the Warrior
The Soldier’s Creed
I am an American Soldier.
I am a Warrior and a member of a team. I serve the people of the United States and live the Army Values.
I will always place the mission first.
I will never accept defeat.
I will never quit.
I will never leave a fallen comrade.
I am disciplined, physically and mentally tough, trained and proficient in my warrior tasks and drills. I always maintain my arms, my equipment and myself.
I am an expert and I am a professional.
I stand ready to deploy, engage, and destroy the enemies of the United States of America in close combat.
I am a guardian of freedom and the American way of life.
I am an American Soldier.
US Marine Corps: the rifle
Marine Corps Creed
This is my rifle. There are many like it, but this one is mine. It is my life. I must master it as I must master my life. Without me my rifle is useless. Without my rifle, I am useless. I must fire my rifle true. I must shoot straighter than the enemy who is trying to kill me. I must shoot him before he shoots me. I will. My rifle and I know that what counts in war is not the rounds we fire, the noise of our burst, or the smoke we make. We know that it is the hits that count. We will hit.
My rifle is human, even as I am human, because it is my life. Thus, I will learn it as a brother. I will learn its weaknesses, its strengths, its parts, its accessories, its sights and its barrel. I will keep my rifle clean and ready, even as I am clean and ready. We will become part of each other.
Before God I swear this creed. My rifle and I are the defenders of my country. We are the masters of our enemy. We are the saviors of my life.
So be it, until victory is America’s and there is no enemy, but Peace.
Professional considerations – of efficiency in particular—clearly override ethical preoccupations. Here are two texts that underscore most tellingly the difference between “ethos” and “ethics”. In that respect, the Marine Creed verges on caricature.
One can honestly express some concern about the impact of such indoctrination of young recruits: if victory is the only measure of things – and victory is portrayed as the destruction of the last enemy – then what kind of moral limitation will the Warrior acknowledge ?
Moreover, for the most part, the values here are either professional (in relation with proficiency) or pertain to the inner dynamics of the group (the team). The only human beings mentioned in both texts are, either the American people, or the comrade, or the enemy.
The Combatant Ethos and an American Exception
Having started with a comparative study – admittedly far from exhaustive – we have come to assess styles in war. It appears that the American way of war is quite apart from the others, in its exaltation of “individual” professional competence, the absolute concept of victory, and the absence of any reference to restraint in action.
The British and French texts are more moderate, not to say sentencious, as they insist on notions such as restraint, respect, and most of all, they do not glorify victory as the ultimate value. The same can be said of the Soviet oath. Innere Führung is the text that goes furthest in that direction, to the point of forgetting about battle. None of these texts openly calls for destruction or killing of the enemy, whereas both American creeds are quite forthcoming in that respect.
What is also surprising is the underlying individualism of both American texts. Granted, the Soldier’s Creed makes clear reference to the team, to the Army itself, to the country. Yet when one reads these texts immediately after the French ones, for example, the difference in tone is manifest: who will bear judgment ? In both American creeds, the soldier is called upon to become the best Warrior or rifle. In both French codes, the rules are external to the object, it is up to the soldier or the legionnaire to act in conformity. We may also note that, etymologically speaking, “creed” means “credo”, “I believe”, an individual and intimate act, whereas a “code” is outside its object.
Is it relevant to use extremely condensed texts to bear judgment on the ethos and ethics of an army ?
We believe so, unreservedly.
Writing and promulgating such texts are results of deliberate decisions at the highest level of command. If that level has decided to condense the essence of its soldier’s education into such a text, to the point of making a ritual out of it, then that is a clear statement of what the command expects of its charge.
A British officer, Brigadier Aylkwin-Foster, caused quite a stir in publishing his assessment of American performance in Iraq, in 20055. He saw a link between inadaptation of the American military tool in that conflict and an extreme warrior vision of the military profession. He considered the American military to be genetically programmed for massive offensive operations (what he called “to go kinetic”). Citing the Soldier’s Creed, he noted that the only interaction with the enemy is his destruction. He deplored that the word chosen was not “defeat”, which would have allowed for other options, more relevant politically.
A surprising conclusion of this comparative study is that the “absolute” vision of war exists only within the American military, whereas all European armies considered share a more “relative” vision – even the much unregretted Red Army. All British, French and German texts are obsessed with restraining the use of force. There is no single trace element in both American texts. It appears there is a clear “American way of war”, with a strong professional ethos but no ethical reference.
In conclusion
We did not start this comparative study with the intent of aiming easy shots at American military culture. Yet we agree with Brigadier Aylwin-Foster when he suggests that the American military institution will have to rediscover some ethical foundations.
The French military establishment has a long tradition since Gallieni, Lyautey and the more recent generation of generals who have reinvigorated the doctrinal and ethical arsenal. This is neither luxury nor distraction, but the key to success.
There is no alternative, between a purely professional ethos on the one side, and lofty ethical considerations that will bring comfort to the soul but at the cost of defeat on the other. The ethical foundation of a combatant is at the core of his military efficiency. Short term success can not brush away this fact, simply because a major characteristic of short term success is that it generally has no tomorrow.
In the long run, victory can not prevail without sound ethical foundations.