N°54 | Le temps

Michaël Bourlet
Verdun 1916
Paris, Perrin, 2023
Michaël Bourlet, Verdun 1916, Perrin

Après Kharkov 1942 et Crécy 1346, Verdun 1916 est le troisième ouvrage de la jeune collection « Champs de bataille ». Comme le souligne Michaël Bourlet, Verdun, c’est l’« hyperbataille ». Elle est dotée d’une puissante charge mémorielle en France, à remettre toutefois en perspective avec celle existant en Allemagne. On ne peut donc que saluer la publication de cet ouvrage synthétique, dont l’objet est de porter auprès du grand public une bataille majeure, ses causes, ses enjeux, ses conséquences, ses perspectives. La lecture est aisée. Le récit des opérations ne s’appesantit pas sur des détails micro tactiques et ne les évoque que pour souligner l’intensité de la bataille et l’enfer dans lequel étaient plongés les combattants. Il est ponctué de pauses didactiques sur les évolutions tactiques (infanterie, artillerie notamment) des deux belligérants. Le sous-titre du livre, « La guerre de mouvement dans un mouchoir de poche », a particulièrement accroché mon attention. Verdun, considérée comme la bataille d’usure par excellence, pourrait être également l’archétype de la guerre de position. Pour quelques kilomètres carrés, ce sont des bouts de tranchées dévastées, des bois anéantis par les obus où se battent et meurent des centaines de milliers d’hommes. Sur le plan stratégique, cet affrontement n’a guère eu d’incidence sur le tracé global de la ligne de front ou sur l’issue du conflit. En réalité, le champ de bataille est très dynamique. De taille restreinte, il est le théâtre de mouvements défensifs et offensifs permanents. Loin d’être un choc de masses aveugles, la bataille n’est pas dénuée d’une certaine finesse tactique : la mise en action d’autant d’hommes et de matériels sur un terrain difficile (dévasté par l’artillerie, alternant ravins, points hauts et points fortifiés) et défavorable à la manœuvre est une chose complexe. Elle requiert de la part des états-majors un important travail de coordination et de planification. Cette mécanique bien huilée peut toutefois buter sur de multiples grains de sable comme ces combattants qui prennent l’initiative de tenir sur place ou d’avancer audacieusement. À l’échelle de la bataille, la machine avance pesamment, tiraillée de toutes parts par ces multiples initiatives locales. Michaël Bourlet le montre bien : la guerre des tranchées n’est pas une bataille figée, tout particulièrement à Verdun. L’ouvrage est synthétique tout en ayant un angle d’approche élargi. Cela permet au lecteur désireux d’approfondir tel ou tel sujet en lien avec la bataille (mémoire, récit d’ancien combattant, approche tactico-opérative…) de pouvoir aller chercher la référence qui l’intéresse. Écrit par un ancien militaire, donc doté d’une compréhension des questions tactiques, il possède une indéniable plus-value pour enrichir sa culture militaire.


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