En complément et réponse à l’article du colonel Houdet (inflexions n0 4) sur le contrôle des foules, je tenais à livrer ici quelques réflexions succinctes sur le triptyque « opérations en zone urbanisée », « contrôle des foules », « armes non-létales ». Le contrôle des foules n’est pas en soi un enjeu opérationnel déterminant, en revanche s’il fait l’objet d’une manipulation médiatique, il peut avoir des répercussions notoires au niveau stratégique, comme l’a démontré de façon manifeste l’affaire de l’hôtel Ivoire.
Il est donc impératif que l’armée de terre se prémunisse au mieux contre ce genre d’instrumentalisation. Symptôme et symbole de l’entropie asymétrique, décrite dans le témoignage, remarquable de lucidité, du colonel Destremau (Inflexions n° 2), le contrôle des foules cristallise l’ensemble des mutations que fait peser sur les modes opératoires des forces terrestres, le déséquilibre des logiques de force propre aux conflits en zone urbanisée.
Face à ce défi, la pertinence tactique du concept d’armes à létalité réduite ne fait guère de doute. Comme je l’évoquai dans un article consacré à ce sujet dans Défense Nationale1, l’arme non-létale ne peut pas être un substitut à l’emploi de la force létale. Pas plus qu’il ne définit un horizon stratégique, il ne peut constituer un concept opérationnel autonome. En revanche, dans des situations aussi critiques que des émeutes urbaines de grande ampleur, en particulier quand celles-ci font l’objet d’une instrumentalisation politique et médiatique, les armes à létalité réduite (alr) peuvent s’avérer, en offrant des options additionnelles de combat, des adjuvants décisifs en même temps que des multiplicateurs de force.
Croisant questionnements juridiques, éthiques et techniques, le concept de non-létalité projette deux transitions polémologiques majeures, voire deux écueils : d’une part il tend à substituer la « paralysie » à la « destruction » de l’ennemi ; d’autre part il amoindrit, voire abolit progressivement, la démarcation symbolique traditionnelle entre sécurité intérieure et extérieure. En effet, en s’appuyant sur deux postulats fondamentaux, la graduabilité de la réponse armée et la réversibilité du mode tactique, le non-létal, dans la genèse conceptuelle dont il a fait l’objet au sein du Marines Corps, tend à s’intégrer à une stratégie globale de contournement des obstacles juridico-politiques caractéristiques des conflits de quatrième génération et se pose comme une réponse spécifique au défi psychologique et médiatique posé par la présence des populations civiles. Les expériences désastreuses (massacres de civils à Mossoul et Falloudja) vécues par l’armée américaine en Irak n’ont fait qu’accroître l’importance du concept. De surcroît, par sa nature duale – arme de guerre et de maintien de l’ordre – le non-létal traduit un changement de la sociologie des forces, soulignant la convergence entre les méthodes policières de maintien de l’ordre et les interventions militaires non directement guerrières. Il conduit, suivant un chiasme désormais coutumier, à une « policiarisation » de la fonction militaire et à une militarisation du policier. Le programme américain de développement des alr est ainsi mené de concert par le département de la Défense et par celui de la Justice. La capacité de modulation (rheostatic) de l’alr – c’est-à-dire sa faculté à permuter fonction létale et non-létale – siège au cœur de la vision américaine. De par sa capacité « rhéostatique », l’alr constitue dans cette approche théorique le point d’achoppement et de bascule entre « contrôle des foules » et « maintien de l’ordre », entre « coercition de force » et « maîtrise de la violence », promouvant l’idée d’un continuum sécuritaire interne/externe.
Cette tendance explique sans doute la rétivité française en la matière2, justifiée surtout par le souci d’éviter d’accoucher d’un fatras qui noierait le concept dans la multiplicité de ses virtualités technologiques et de ses domaines d’application. Elle est aussi et surtout motivée par des crispations corporatistes internes aux armées, notamment entre la gendarmerie et l’infanterie, la première refusant de se voir contester le monopole du contrôle et rétablissement de l’ordre (cro), alors que la seconde craint une délégitimation progressive de l’usage de la force brute et une « policiarisation » excessive de ses modes d’action ; le maintien d’une frontière stricte entre maintien de l’ordre et contrôle des foules restant un des principaux obstacles à une pleine acceptation du non-létal dans la doctrine des forces terrestres et à l’émergence d’une stratégie prospective adaptée.
Comme l’avait auguré l’opération onusom ii en Somalie, comme l’ont confirmé les expériences des Balkans, puis celle du Kosovo, le cro est devenu un enjeu psychomédiatique prépondérant dans les conflits de basse intensité. Ce pour plusieurs raisons : il se situe dans un milieu urbanisé, il mêle combattants et non-combattants, il entrecroise action guerrière et maintien de l’ordre, enfin il est souvent médiatisé et en conséquence instrumentalisé à des fins politiques. William S. Lind, à l’origine du concept de « conflit de quatrième génération » qui formalisait pour la première fois la dimension systémique de la mutation asymétrique des cultures de guerre3, prédisait dès 1989 la montée en puissance du paradigme « informationnel » dans la représentation symbolique des conflits et dans la perception des « succès » opérationnels. Il décrivait ainsi l’influence subversive de ces processus conjoints de judiciarisation et de médiatisation sur la nature même de l’engagement des troupes et de la posture de l’ennemi, anticipant l’effacement progressif des frontières et des schémas structurels (civil/militaire, sécurité intérieure/sécurité extérieure, ami/ennemi) inhérents à la guerre dite symétrique. « Les informations télévisées peuvent devenir une arme opératoire plus puissante que des divisions blindées. La distinction entre guerre et paix pourrait se brouiller au point de s’évanouir. Le conflit futur sera non-linéaire, peut-être jusqu’au point de ne plus avoir de champ de bataille ou de front définis. À terme, c’est la distinction même entre civil et militaire qui pourrait disparaître. » Le colonel Houdet citait l’exemple des forces françaises engagées en ex-Yougoslavie et de ce chef de convoi condamné à observer, impuissant, le saccage de son matériel, sous l’œil d’une caméra locale. Ce phénomène de mise en abyme de l’action militaire est crucial dans la mesure où la perception médiatique de l’action militaire prend le pas sur la réalité – irréductible – de cette action. De ce point de vue, l’affaire de l’hôtel Ivoire de novembre 2004 a constitué un paroxysme, montrant d’une part l’inadaptation des forces terrestres aux contraintes spécifiques des émeutes urbaines, d’autre part l’absence de réponse au niveau stratégique à une manipulation médiatique d’ampleur. Le récit du colonel Destremau4, qui dirigeait alors un groupement blindé chargé d’évacuer les ressortissants français regroupés dans l’hôtel, est édifiant et fournit un modèle opératoire sur lequel la réflexion vis-à-vis de l’armement non-létal en contrôle de foule peut s’appuyer. On notera qu’à l’exception des éléments du Commandement des opérations spéciales (cos) venus en renfort, les unités du Bataillon d’infanterie de marine (bima) ne disposaient d’aucun armement non-létal.
« Un millier de manifestants, 20 ans en moyenne, apparemment sans armes, essaie de submerger nos blindés. La manifestation recule, se disperse puis revient. Face à une foule de ce type où la pression est constante, les sommations classiques n’ont aucun sens et nous pratiquons des tirs d’intimidation en l’air ou au-dessus de la foule. Le bruit, les flammes, la proximité des manifestants : c’est un cauchemar. J’aurais préféré affronter des roquettes anti-char plutôt que de demander à mes hommes de sortir des blindés à découvert face à la foule pour dégager les obstacles. […] Tous mes marsouins tirent en l’air en même temps. Un groupe de dix hommes des forces spéciales, arrivé une heure plus tôt en renfort, dispose d’armes non-létales, des balles gomme cogne et des grenades de « désencerclement » qui projettent des éclats de gomme dure. Tout le monde est imbriqué : les gendarmes (ivoiriens) à l’intérieur, mes hommes et les manifestants qui poussent physiquement. La fusillade dure entre trente secondes et une minute. Seules les forces spéciales ont tiré à tir tendu avec leurs balles gomme cogne. Mes hommes, eux, tiraient à balles réelles mais en l’air. Tirer dans une foule compacte avec des armes de guerre ? Vous n’y pensez pas ! Il y aurait eu des dizaines de morts ! »
Quel meilleur témoignage, quasi archétypique, pour prouver la pertinence du concept de non-létalité comprise dans l’optique de la réversibilité et de la gradation ? L’absence d’une panoplie adaptée réduit l’horizon tactique des unités engagées en contrôle de foule à un choix binaire pouvant s’avérer particulièrement dommageable : soit se laisser déborder, soit riposter et donc faire des morts parmi les civils. Combinée à des règles d’engagement complexes, à une infériorité numérique notoire, priver la force de moyens de neutralisation non-létaux la contraint à la paralysie et lui interdit une réponse graduée. En pareille situation, seul le sang-froid redoutable des troupes de marine a pu éviter le pire. Le problème de l’efficacité de la manœuvre en cro renvoie évidemment à la question primordiale de la légitime défense, en termes juridiques de la riposte « proportionnée ». Comment répondre à ce défi ? Tout l’enjeu, le colonel Richet le soulignait dans Héraclès5, consiste à gérer le plus efficacement possible la rétroaction, le basculement réciproque et constant de la haute à la basse intensité, de la coercition de force à la maîtrise de la violence, même si ce séquençage entre haute, moyenne et basse intensité, peut paraître illusoire au regard du témoignage du colonel Destremau. Pouvoir intimider, briser ou dissoudre la foule, protéger la force, neutraliser des éléments hostiles noyés au sein d’une émeute, maîtriser le comportement d’une foule en réduisant les effets collatéraux, maintenir une zone tampon entre la force et la foule, permettre un dégagement rapide de la force en cas de changement de posture, voilà en somme les fonctions essentielles requises d’une panoplie adaptée au cro.
Sur le plan doctrinal, le concept souffre d’une évidente hypertrophie. Pris dans une perspective large, le non-létal recouvre un spectre tous azimuts : armes antipersonnel, armes anti-infrastructure, armes anti-système d’arme, voire opérations psychologiques. Pour épurer et clarifier le concept plusieurs démarches peuvent être entreprises : d’abord substituer au terme d’arme non-létale (anl) celui d’arme à létalité réduite (alr) ; restreindre le champ d’application du concept aux seules armes antipersonnel (c’est en effet un non-sens que d’appliquer une notion biologique, la létalité, aux armes anti-matériel, qui doivent alors constituer une catégorie parallèle, rassemblant les armes anti-infrastructure et anti-système d’arme) ; étayer substantiellement la doctrine d’emploi des armes non-létales6, non dépourvue d’intuitions mais encore à l’état de document de travail.
Sur le plan de la politique de dotation, celle-ci répond à des impératifs simples : choisir la solution la moins onéreuse, la plus viable tactiquement et la moins encombrante en termes de logistique. Parce que la menace est spontanée et ubiquitaire, cette dotation doit être étendue à tous les Groupements tactiques interarmes (gtia).
Considérant ces divers paramètres, l’adoption du fn-303 et du hk69 qui ont fait l’objet d’une évaluation tactique positive au sein du 7e bataillon de chasseurs alpins représentent la solution la plus pragmatique. Le primat doit être donné à la modularité du système d’alr, de même qu’il faut insister sur la disparité visuelle du système alr qui doit être immédiatement identifiable par sa couleur pour l’adversaire et la presse. Les armes combinées (fusil pneumatique fn-303 monté sur M16 par exemple) représentent la solution la plus à même de remédier à court terme aux difficultés que posent, en opérations extérieures comme sur le sol national, les opérations de contrôle et de rétablissement de l’ordre. L’élargissement de la panoplie non-létale et la dotation globale aux gtia de tels moyens permettraient aux forces engagées de s’abstraire du carcan de la gestion passive des émeutes, tout en les préservant d’éventuelles poursuites judiciaires. La généralisation des cinétiques marqueurs, invisibles à l’œil nu, pour repérer un meneur d’émeute, est une autre étape, tout comme le développement de moyens de brouillage et de distracteurs optiques pour détruire les caméras. De plus, et sans verser dans la fantasmatique science-fictionnelle propre à l’art prospectif américain, il importe de ne pas mépriser des solutions pouvant être disqualifiées a priori comme futuristes, comme le canon électromagnétique (Active Denial System-2) ou le canon hyperacoustique (Long Range Acoustic Device), actuellement déployés en Irak, qui peuvent constituer des solutions tout à fait innovantes. Ces armes à énergie dirigée me semblent constituer un bon exemple de cette vision d’un armement modulable, combinant dans un même système d’armes – ce qui constitue une petite révolution en terme de capacité technologique – fonctions non-létale et létale. Certes ces systèmes soulèvent des interrogations éthiques majeures, mais ils offrent sans conteste sur le plan tactique des possibilités d’action élargies, notamment pour la protection des postes de garde. L’enfermement dans un irénisme éthique ne peut que conduire à une déconnexion progressive entre l’idéalité de l’action militaire voulue par l’opinion médiacratique et la réalité, guerrière et létale par nature, de cette action. De ce point de vue, l’article 17.2 du dernier statut général constitue un progrès notable en ce qui concerne la protection pénale des forces en opérations extérieures. Reste à savoir comment il sera pris en compte par les juges.
Je conclurai cette brève analyse, dont le lecteur me pardonnera le caractère ramassé, sur le rôle éventuel que pourraient jouer les alr sur le sol national, dans un cadre juridico-médiatique encore plus resserré. À l’aune des violences urbaines qui ont éclaté sur l’ensemble du territoire début novembre 2005, la militarisation de la sécurité intérieure, débat souvent frappé de tabou, apparaît, si un cas aussi exceptionnel venait à se réitérer, sinon inéluctable, tout du moins comme très vraisemblable. Il est plus que probable qu’un jour ou l’autre nous assisterons au déploiement conjoint de policiers et de fantassins dans des missions de sécurité intérieure. Les savoir-faire acquis par l’infanterie en opérations extérieures pourraient alors se révéler déterminants dans une gestion de crise de plus grande ampleur, pour peu qu’on lui fournisse un armement adéquat. La création à Sissonne d’un centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (cenzub) semble signer l’amorce d’une prise de conscience. La poursuite de cet effort est fondamentale. À cet égard l’idée d’une garde nationale ne doit pas être méprisée. Une telle structure, fondée sur une assise civilo-militaire, regroupant et articulant des forces de la gendarmerie, des compagnies républicaines de sécurité, et des unités d’infanterie de la réserve opérationnelle, aguerries aux techniques de combat en zone urbanisée et dotées d’une panoplie réversible, pourrait bien être en mesure de répondre aux défis que nous posent les multiples facettes du « rétablissement de l’ordre ».
As an addition and a response to colonel houdet’s article (inflexions nº 4) on crowd control, i wish to offer some succinct thoughts on three central issues: “operations in urban areas”, “crowd control” and “non-lethal weapons”. crowd control in itself is not a determinant operational issue. on the other hand, if it is subject to media manipulation, it can have well-known repercussions on the strategic level, as the hotel ivoire incident has clearly demonstrated.
It is, therefore, imperative that the army at best guard against this type of exploitation. Symptom and symbol of asymmetrical entropy as described in Colonel Destremau’s remarkably lucid account (Inflexions nº 2), crowd control crystallizes all of the changes that so critically affect the operational modes of the ground forces and the imbalance in the logics of force specific to conflicts in urban areas.
Faced with this challenge, the tactical relevance of the concept of non-lethal weapons is hardly in doubt. As I pointed out in an article dedicated to this subject in Défense Nationale1, non-lethal weapons cannot be a substitute for the use of lethal force. No more than it defines a strategic horizon can it be an autonomous operational concept. On the other hand, in situations as critical as large-scale urban riots, in particular when they are subject to political and media exploitation, non-lethal weapons can, by offering additional combat options, prove to be decisive adjuncts at the same time that they are force multipliers.
Combining legal, ethical and technical questions, the concept of non-lethalness illustrates two major polemological transitions, even two pitfalls: on the one hand, it tends to substitute “paralysis” of the enemy for “destruction”; on the other hand, it weakens, even gradually abolishes, the traditional symbolic demarcation between internal and external security. In fact, by basing itself on two fundamental postulates, the gradualness of the armed response and the reversibility of the tactical mode, the non-lethal, as conceptually elaborated in the Marine Corps, tends to be integrated into a comprehensive strategy of circumventing the characteristic legal-political obstacles of fourth generation conflicts and arises as a specific response to the psychological and media challenge posed by the presence of civilian populations. The disastrous experiences (massacres of civilians in Mosul and Fallujah) of the American army in Iraq have only increased the importance of the concept. What is more, by its dual nature – weapon for war and for maintaining order – the non-lethal weapon expresses a change in the sociology of forces, underlining the convergence between police methods of maintaining order and military interventions that are not direct engagements in war. Following a now common fusion of functions, it leads to a “policization” of military functions and a militarization of the police. The American non-lethal/less-lethal weapons development program is thus carried out by the Departments of Defense and Justice together. The modulation capability (rheostatic) of a less-lethal weapon – i.e., its ability to switch between lethal and non-lethal functions – lies at the center of the American vision. Because of its “rheostatic” capability, the less-lethal weapon is, in this theoretical approach, both the weak point and the pivot between “crowd control” and “maintaining order”, between “coercive force” and “controlled violence”, which promotes the idea of a continuum between internal and external security.
This tendency undoubtedly explains the French unease in this matter2, justified above all by a concern to avoid giving birth to a jumble that would entangle the concept in the multiplicity of its technological potentials and areas of application. It is also and above all motivated by organizational tensions internal to the armed forces, notably between the gendarmerie and the infantry, the first refusing to countenance any challenge to its monopoly over control and restoration of order (cro), while the second fears a gradual delegitimization of the use of brute force and an excessive “policization” of its modes of action. Preserving a strict boundary between maintaining order and crowd control remains one of the principal obstacles to a full acceptance of the concept of the non-lethal into ground forces doctrine and the emergence of an appropriate prospective strategy.
As was presaged by the unosom II operation in Somalia, and confirmed by the Balkans experience, then Kosovo, the cro has become a preponderant psychological-media issue in low-intensity conflicts. This is for several reasons: it is situated in an urban environment, it mixes combatants and non-combatants, it intertwines acts of war with maintenance of order and, finally, it is often given media coverage and, consequently, exploited for political ends. William S. Lind, who originated the concept of “fourth generation conflict” and formalized, for the first time, the systemic dimension of the asymmetrical change in the cultures of war3, predicted in 1989 the rising power of the “informational” paradigm in the symbolic representation of conflicts and in the perception of operational “success”. He described the subversive influence of the conjoint processes of legalization and mediatization on the very nature of troop engagement and the posture of the enemy, anticipating the progressive effacement of boundaries and structural organizations (civilian/military, internal security/external security, friend/enemy) inherent to so-called symmetrical war. “Televised information can become a more powerful operational weapon than armored divisions. The distinction between war and peace could become blurred to the point of disappearing. Future conflict will be non-linear, maybe up to the point of no longer having a battlefield or defined fronts. In the end, it is the very distinction between civilian and military that could disappear.” Colonel Houdet cited the example of the French forces engaged in ex-Yugoslavia and the head of a convoy condemned to observe, powerless, the pillaging of his equipment under the eye of a local camera. This phenomenon of the mise en abyme of military action is crucial in so far as the media perception of military action overrides the – irreducible – reality of this action. From this perspective, the Hotel Ivoire affair of November 2004 was a crisis point, showing, on the one hand, the inability of the ground forces to adapt to the specific constraints of urban rioting and, on the other hand, the absence of a response at the strategic level to sizeable media manipulation. The account of Colonel Destremau4, who then led an armored group charged with evacuating French citizens gathered in the hotel, is enlightening and provides an operational model upon which consideration of non-lethal weapons for crowd control can be based. It will be noted that, with the exception of elements of the Special Operations Command (Commandement des operations spéciales [COS]) who came as reinforcements, the units of the Navy Infantry Battalion (Bataillon d’infanterie de marine [BIMA]) had no non-lethal weapons.
“A thousand demonstrators, 20 years of age on average, apparently without weapons, try to submerge our tanks. The demonstration withdraws, disperses then returns. Faced with a crowd of this kind where the pressure is constant, standard warnings have no meaning and we fire warning shots in the air or above the crowd. The noise, the flames, the proximity of the demonstrators: it is a nightmare. I would have preferred to confront anti-tank rockets than to ask my men to leave the cover of the tanks to face a crowd in order to clear obstacles. […] All my marines fire into the air at the same time. A group of ten special forces men, who arrived one hour earlier as reinforcements, have non-lethal weapons, rubber bullets and stinger grenades that eject pellets of hard rubber. Everyone is involved: the internal police (Ivoirians), my men and the demonstrators, who are physically pushing. The shooting lasts between thirty seconds and one minute. Only the special forces fired straight shots with their rubber bullets. My men fired real bullets, but in the air. To fire into a compact crowd with weapons of war? Do not think it! There would have been dozens of deaths!”
What better testimony, almost archetypical, to prove the relevance of the concept of non-lethalness understood in the sense of reversibility and gradation? The absence of an appropriate range of choices reduces the tactical horizon of units engaged in crowd control to an either-or choice that can turn out to be particularly harmful: either allow things to get out of control or respond and then cause deaths among the civilians. Combined with complex rules of engagement and an acknowledged numerical inferiority, to deprive a force of non-lethal means of neutralization forces it into paralysis and prevents it from making a graduated response. In a similar situation, only the formidable cool-headedness of the navy troops could avoid the worst. The problem of the effectiveness of maneuver in cro obviously relates to the essential question of legitimate defense, in legal terms, of the “proportionate” response. How to respond to this challenge? The whole issue, Colonel Richet emphasized in Héracles5, consists in managing as effectively as possible the retroactive effect, the reciprocal and constant swing from high to low intensity, from coercive force to controlled violence, even if this sequence between high, medium and low intensity might appear illusory with regard to Colonel Destremau’s account. To be able to intimidate, subdue or disperse the crowd, protect the force, neutralize hostile elements within a riot, control the behavior of a crowd by reducing the collateral effects, maintain a buffer zone between the force and the crowd, allow for a rapid disengagement of the force in case of a change of posture: there, in sum, are the essential functions required of an appropriate range of options for a cro.
On the doctrinal level, the concept suffers from an obvious hypertrophy. Viewed in a larger perspective, the concept of the non-lethal covers a wide-ranging spectrum: anti-personnel weapons, anti-infrastructure weapons, anti-weapon system weapons, even psychological operations. To refine and clarify the concept, several approaches can be undertaken. First, substitute for the term non-lethal weapon (nlw) the term less lethal weapon (llw). Then, restrict the field of application of the concept only to anti-personnel weapons (it is, in fact, meaningless to apply a biological notion, lethalness, to anti-materials weapons, which ought to then constitute a parallel category, resembling anti-infrastructure and anti-weapon system weapons). Finally, back up the doctrine of use for non-lethal weapons6 substantively by creating a real working document, while respecting the role of intuition.
As far as equipment policy is concerned, this should respond to simple requirements: choose the least onerous solution, the one that is the most viable tactically and the least cumbersome in terms of logistics. Because threats are spontaneous and ubiquitous, this equipment should be provided to all Joint-Service Tactical Groups (Groupements tactiques interarmes [GTLA]).
Considering these diverse parameters, the adoption of the fn-303 and the hk69, which were the subject of a tactical evaluation in the 7th battalion of the mountain infantry, represent the most pragmatic solution. Primacy should be given to the modularity of the llw system, just as it is necessary to insist that the llw system be visually disparate from other weapons systems by having a color that is immediately identifiable for the opponent and the press. Combined weapons (the fn303 pneumatic rifle mounted on an M16, for example) represent the best solution in the short run to deal with the difficulties posed by operations to control and restore order, both in overseas and on national territory. Widening the range of non-lethal options and comprehensively providing the equipment to the gtla would allow engaged forces to avoid being straight-jacketed into passive management of riots, while saving rioters for possible legal prosecution. The spreading use of marker-dye rounds, invisible to the naked eye, to tag riot leaders, is another step, as is the development of means for optical interference and distraction to destroy cameras. What is more, without falling into the science fiction fantasies of American futurists, it is important not to spurn solutions that could be a priori considered to be futuristic, such as the electromagnetic cannon (Active Denial system-2) or the hyperacoustic cannon (Long Range Acoustic Device), currently used in Iraq, which could be completely innovative solutions. These directed energy weapons seem to me to be a good example of adjustable weapons, combining in the same weapon system both lethal and non-lethal functions, which is a small revolution in technological capability. Certainly these systems raise major ethical questions, but they incontestably offer possibilities on the tactical level for a wider field of action, notably for protecting guard posts. Being imprisoned in an ethics of peacekeeping can only lead to a gradual dissociation between the ideal military action desired by mediacratic opinion and the reality of this action, which is warlike and lethal by nature. From this point of view, Article 17.2 of the latest general statute makes notable progress in providing criminal protection to forces engaged in foreign operations. It remains to be seen how it will be taken into account by judges.
I trust the reader will pardon the condensed character of this brief analysis. I will conclude with some comments on the possible role that llw could play on national territory, within an even more constrictive legal-media context. In light of the urban violence that broke out throughout France at the beginning of November 2005, the militarization of internal security, a subject often surrounded by taboos, appears, if not inevitable, at least very likely, if a situation as exceptional were to recur. It is more than probable that, one day or another, we will witness the joint deployment of police and infantry for internal security missions. The expertise acquired by the infantry in foreign operations could turn out to be determinant in managing a large-scale crisis, if they are provided with proper weapons. The creation of a training center for operations in urban areas at Sissonne (cenzub) seems to signal the beginning of an awareness of such a need. Pursuing this effort is essential. In this regard, the idea of a national guard should not be ignored. Such a structure, based on a civilian-military foundation, would bring together and link the gendarmerie, state security police and infantry units from the operational reserve, who would be trained in combat techniques for urban areas and equipped with a range of adjustable weapons. This structure could well be able to meet the challenges posed by the multiple facets of “restoring order”.