Ce n’est pas qu’une impression. Les spécialistes du langage politique l’affirment : « Depuis une vingtaine d’années, le mot et la notion de “valeurs” ont acquis en France une place remarquable tant dans les discours publics que dans les conversations privées. Se référer à des “valeurs” semble constituer pour beaucoup un moyen commode de se situer (et d’identifier les autres) en tant qu’individu et en tant que membre de divers collectifs (nation, culture, parti, religion...). Il y a là une ressource discursive dont se sont emparés les politiques, mais aussi les juristes, les sociologues, les psychologues, les pédagogues, les praticiens de l’action sociale et du soin, des journalistes, bref, tous ceux qui sont amenés à justifier publiquement leurs décisions et leurs prises de position ou à rendre compte des comportements et des opinions de leurs contemporains1. »
Cet enthousiasme pour le mot n’épargne pas les armées. Au fil des décennies, les fameuses « valeurs militaires » ont remporté un succès croissant au point d’envahir le débat public bien au-delà des seuls cercles et milieux proches des armées. Brandie comme un étendard ou comme une solution à tous les dysfonctionnements de la société, l’expression appelle pourtant un examen critique : alors que la société française se perçoit comme une société en crise aiguë de cohésion et que les armées occupent une place renouvelée en son sein, il semble bien que ce succès repose sur un malentendu tenace dont le corollaire est l’absence, dans ces mêmes débats, du mot « vertu ».
- Crise de cohésion et débat sur les valeurs
Dire que la société française traverse une crise de cohésion est devenue une banalité. L’Archipel français de Jérôme Fourquet, publié au Seuil en 2019, a connu un tel succès que son titre et son dérivé (l’« archipellisation ») sont devenus des expressions ordinaires du débat public. Tout récemment encore, analysant le baromètre de la confiance politique du Centre de recherches politiques de Sciences Po (cevipof), Luc Rouban a quant à lui évoqué une « république désintégrée »2 et un scénario « pire » que celui de l’archipellisation : « L’archipel a toujours existé : la société s’organise en groupes différents, avec des pratiques et des valeurs différentes. […] Ce que nous décelons est plus grave : c’est l’anomie, l’absence de normes ou de valeurs communes. La République va mal, mais les communautés aussi. Près de la moitié des Français enquêtés (45 %) ne se sentent pas appartenir à la communauté nationale, ni à aucune autre communauté de langue, de religion, de valeurs… La France n’est plus un archipel, c’est un pays de naufragés3. »
Ces constats s’inscrivent dans une tendance longue. Dès les années 1990, la question de la cohésion sociale surgit avant de se muer en une large préoccupation pour la cohésion nationale dans un pays où la nation constitue, selon les mots de Caroline Guibert-Lafaye et Annick Kieffer4, « l’espace social privilégié de définition de l’identité, de la culture et des droits ». Les émeutes urbaines de 2005 contribuent à cette mutation : elles ouvrent une période d’interrogation explicite sur ce qui constitue le lien commun entre les Français.
Après les attentats de novembre 2015, l’hypothèse de la refondation d’un consensus autour de valeurs communes face à l’adversité a brièvement été envisagée. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé (drees) conduisait une enquête sur la cohésion sociale lorsque sont survenues les attaques terroristes. Elle a ainsi pu mesurer que la culture et les valeurs comme vecteurs d’intégration étaient davantage citées après le 13 novembre5. Les mois et les années qui ont suivi ont eu cependant plutôt tendance à donner raison aux Disasters Studies qui « inclinent à penser qu’un attentat, au même titre qu’une catastrophe naturelle, est de nature à affaiblir la collectivité qui en est victime et à révéler ses failles »6.
Le mot même de valeur est devenu objet de débat. Le 19 novembre 2015, les philosophes Pascal Engel et Claudine Tiercelin signaient une tribune dans Le Monde intitulée « Non, les valeurs de la démocratie ne sont pas vides », s’insurgeant contre l’idée que « la liberté, l’égalité et la fraternité » seraient des « formules creuses, abstraites, formelles » dont le décalage avec « les aspirations individuelles et concrètes d’une partie de la jeunesse serait la source même de sa révolte, voire la cause indirecte du terrorisme ». Quelques mois plus tard, le 14 janvier 2016, Michaël Foessel (auteur d’un article dans ce numéro) publiait quant à lui un texte au titre évocateur : « Oublier les valeurs. » Il y concluait : « La République n’est […] pas faite de valeurs mais de normes. Le débat philosophique ancien sur l’opposition entre le bien et le juste retrouve ici son actualité : les valeurs désignent l’ordre du bien, mais comme (en démocratie) celui-ci est relatif à chaque évaluation subjective, mieux vaut s’en remettre à des règles générales de justice. Les normes ont justement pour fonction de réguler les valeurs que les vivants humains portent inévitablement avec eux. […] Il est vrai que l’on “ s’égare au nom des grandes valeurs ”. Le meilleur moyen de retourner au bercail républicain est de s’en tenir à des normes qui valent pour tous. »
Cette difficulté à trouver ce qui unit les Français semble finalement donner raison aux conclusions de la Société d’étude des langages du politique, appuyées sur les travaux de Claude Lefort : « « Le concept de valeur, pris dans son acception philosophique, relève d’un mode de pensée moderne. On en chercherait en vain la trace dans la philosophie avant le siècle dernier. Elle implique la référence à un sujet qui, en l’absence d’un garant extrinsèque, tire de lui-même le principe de la discrimination entre le désirable et l’indésirable, le bon et le mauvais, le juste et l’injuste, le beau et le laid. […] Le mot valeur est l’indice d’une impossibilité à s’en remettre désormais à un garant connu de tous : la nature, la raison, Dieu, l’Histoire. Il est l’indice d’une situation dans laquelle toutes les figures de la transcendance sont brouillées7. » Les valeurs peuvent donc être considérées comme des garants précaires du jugement dans un monde privé de la certitude de l’absolu, ce qui n’empêche pas certains de croire en l’absolu des valeurs, d’exiger le retour aux « vraies valeurs », d’affirmer l’objectivité des valeurs. En confondant la légitimité et la permanence de certaines valeurs avec leur « vérité », on croit pouvoir échapper au vertige de la responsabilité et du choix8. »
Dans cette quête douloureuse des « garants précaires » de l’unité, les enquêtes d’opinion se succèdent pour tenter de dessiner ce que les Français considèrent comme étant le fondement de leurs liens communs. Les questions des sondeurs, comme souvent, en disent autant voire plus que les réponses fluctuantes et conjoncturelles des sondés. Beaucoup de leurs résultats, cependant, ne sont pas fondamentalement contradictoires avec ce que montrent les travaux au long cours des sociologues qui se penchent sur la question. Les enquêtes European Values Studies (evs), menées en France par le programme de l’Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs (arval), confirment en effet qu’a émergé progressivement à partir des années 1960 une société du choix et de la combinaison personnelle des systèmes de références permettant à Pierre Bréchon et Jean-François Tchernia9 d’évoquer sans guère d’hésitation un long processus d’individualisation des valeurs.
- Demande d’autorité et mise
au centre du jeu des « valeurs militaires »
Pourtant, les mêmes travaux du groupe arval mettent en lumière que le sentiment de fierté nationale ne cesse de se renforcer : en 1981, 35 % des sondés se disaient « très fiers » d’être français et 47 % « assez fiers », pour un total de 82 % ; en 2018, les premiers sont 51 % et les seconds 41 %, pour un total de 92 %10. Pour ceux-là, être un bon Français, c’est respecter la loi et les institutions françaises (97 %), être capable de parler français (96 %), partager la culture française (90 %), être né en France (47 %), avoir des origines françaises (41 %). Enfin, ces enquêtes11 confirment une tendance déjà perceptible au début des années 2000 : sans remise en cause du long mouvement d’individualisation, l’appel à la présence de l’État et à sa manifestation se renforce. Les Français ne basculent pas dans une quête d’autoritarisme (car les résultats demeurent situés pour l’essentiel dans une zone médiane), mais ils sont de plus en plus nombreux à réclamer ordre et autorité parce que ceux d’entre eux dont les mœurs sont les plus libéralisées n’ont cessé, depuis 1981, de s’éloigner du rejet de ces deux notions.
Dans ce contexte apparemment paradoxal où coexistent individualisation des valeurs, fierté nationale et demande d’autorité, la manière dont les armées ont peu à peu acquis une réputation positive dans la société mérite alors un examen attentif. En matière de bonne image des armées, la France ne fait pas exception en Europe occidentale. Bernard Boëne le souligne12 : « La période écoulée depuis le milieu des années 1980 est marquée par un fort soutien des populations à leurs armées. Toutes les enquêtes les montrent dans le peloton de tête des institutions suscitant de bonnes opinions, respect ou confiance, où elles rivalisent avec les professions axées sur le soin (care) et la protection : seuls font mieux les pompiers avec, partout, des scores supérieurs à 90 %. »
Il est cependant possible d’envisager dans cette vaste aire géographique des dynamiques aux ressorts différenciés. En France, une histoire particulière explique cette bonne image construite d’abord sur un effacement net de la finalité combattante de l’engagement militaire à partir des années 1960 et des souvenirs de la fin de la guerre d’Algérie. Le militaire français devient ensuite progressivement, au fil des années 1980, une figure lisse, compétente et porteuse d’un idéal d’engagement humanitaire et de paix. L’idée qu’il doive combattre au nom de ses concitoyens ne surgit que fugacement et dans des processus de médiatisation qui ne lui permettent pas de s’installer de manière cohérente dans les représentations collectives.
À partir de la seconde partie de l’engagement en Afghanistan, entre 2008 et 2012, l’hypothèse du combat redevient plus visible et assumée, d’abord par les chefs militaires puis, par tâtonnements successifs, par les autorités politiques. À l’image lisse et sympathique qui avait précédé s’ajoute alors une strate nouvelle de représentations : dans une époque bavarde et marquée par une forte défiance envers les responsables politiques, l’écho donné au sacrifice consenti par ceux qui ont perdu la vie sur ces théâtres d’opérations ou qui en sont revenus blessés dans leur chair ou dans leur esprit met en lumière la cohérence en actes de ce qui vivent les militaires. Les armées sont en outre capables de faire face à des circonstances qui apparaissent comme hors normes aux yeux d’une société démilitarisée et heureusement épargnée depuis plusieurs décennies par les tragédies de la guerre.
Pour le politique, la figure militaire peut alors revêtir une dimension nouvelle, différente de celle des décennies précédentes. Alors que les « valeurs » divisent en même temps que les Français réclament de l’ordre et de l’autorité, déployer et afficher le militaire comme une réponse déterminante à des crises variées, c’est affirmer l’existence de la nation et la force régalienne de l’État. La solution apparaît comme d’autant plus efficace que les militaires ne discutent pas les ordres reçus et agissent aussi efficacement qu’ils le peuvent. Au débat permanent sur les « valeurs » répondent ainsi des actes dont la portée visuelle pèse dans la médiatisation de la décision politique.
Peu importe que les crises successives qui justifient le recours aux armées sur le territoire national ne soient pas de nature militaire. Elles apparaissent comme suffisamment déstabilisantes pour que les autorités politiques et la plupart des Français trouvent un réconfort dans ces déploiements. L’opération Sentinelle comme réponse pérenne à la menace du terrorisme islamiste ou la communication abondante autour de l’opération Résilience au printemps 2020 dans le contexte de la crise sanitaire peuvent entrer dans ce registre. Mais ce sont sans doute les propositions variées de rétablissement d’une forme de service national obligatoire à coloration militaire mais n’ayant pas pour finalité l’apprentissage du métier des armes qui sont les plus emblématiques : l’invocation d’un rôle social des armées totalement détaché de la finalité combattante et qui, par la transmission de « valeurs », pourrait résoudre les causes profondes de la crise de cohésion que la société française traverse est un symptôme manifeste du malentendu sur le lien entre vie militaire et « valeurs ».
- Valeurs et vertus : le grand malentendu
Par une sorte d’écrasement de la hiérarchie entre les fins recherchées et les moyens mis en œuvre pour les atteindre, s’est en effet installée l’idée que des « valeurs militaires » pouvaient permettre de réparer ce qui, dans la société, apparaîtrait comme cassé ou dysfonctionnant. Cette expression de « valeurs militaires » s’est déployée dans le débat public comme un niveleur sémantique aux effets redoutables : elle a fait oublier que si, plus qu’ailleurs, certaines règles de vie sont cultivées au sein des armées, c’est parce qu’elles demeurent les garantes de l’efficacité lorsque la mort est l’«hypothèse de travail », selon les mots de Michel Goya13. Elle a contribué à brouiller voire à effacer les articulations entre les finalités politiques communément admises que se donne la nation, la mission qui est celle des armées et qui consiste à porter les armes au nom de cette nation sur ordre du politique, et les moyens que se donnent les armées pour remplir efficacement leur rôle.
La communication militaire elle-même a sans doute contribué par le passé à faire émerger ce grand malentendu. L’effacement de la finalité combattante, qui a longtemps présidé aux destinées de cette communication, a pu laisser penser aux Français que les armées étaient devenues une sorte de conservatoire de valeurs. Dans cette acception presque uniquement communicationnelle, le mot de « valeurs » est venu gommer la nature ontologiquement clivante de la vocation des armées au sein de la société : le déploiement de la force armée, parce qu’il implique la possibilité d’une action violente, ne peut être absolument consensuel. En des temps où ce clivage apparaissait comme impossible à assumer, les « valeurs » ont été, pour les armées, un moyen commode de se raconter.
À partir de la fin des années 2000, la réaffirmation progressive de la spécificité militaire comprise comme « le fait de devoir, si l’ordre en est donné, combattre collectivement et violemment au nom de la communauté souveraine »14 a clarifié les usages sémantiques parfois aléatoires des « valeurs militaires ». Cette évolution nette de la communication des armées a permis de souligner, comme le faisait Monique Castillo dans les pages de cette revue en 2015, que « les valeurs militaires ne sont pas des intentions mais des actions ; elles ne sont pas simplement des idéaux mais des vertus »15. Dans un opuscule traitant des « valeurs de l’armée de terre » en 2018, celui qui était alors chef d’état-major de l’armée de terre, le général Jean-Pierre Bosser, rappelait également que « l’armée ne revendique pas l’exclusivité de valeurs qui lui soient propres, mais cultive et pratique au quotidien les valeurs qu’elle a fonction de défendre, c’est-à-dire celles qui fondent la communauté nationale ». Il précisait : « Elles représentent ce qui n’a pas de prix, ou plutôt ce pour quoi on est prêt à payer le prix le plus élevé, c’est-à-dire le prix du sang. S’interroger sur les valeurs, c’est donc se demander ce pour quoi nous sommes prêts à mourir, et c’est sans doute pour cela que l’armée est parfois regardée lorsqu’on aborde ce thème16. »
Si l’armée « pratique au quotidien les valeurs qu’elle a fonction de défendre », elle ne peut être la source de la définition de ces valeurs, ne serait-ce que parce que, sous peine de ne plus pouvoir combattre efficacement, elle n’est pas le lieu où peut s’épanouir l’échange d’où émergerait le consensus national. À la question de savoir ce pour quoi il est prêt à mourir, chaque militaire répond en son for intérieur avec plus ou moins de certitude, mais en revêtant l’uniforme il accepte de taire ce débat intime et de mettre en œuvre des vertus destinées à rendre possible son action au service d’une fin collectivement admise dans l’institution qu’il rejoint : servir les Français par les armes.
Il n’est pas illégitime que les Français regardent vers leurs armées lorsqu’ils réfléchissent à ce qui les unit, parce qu’en leur sein s’engagent des concitoyens qui acceptent l’éventualité du sacrifice suprême au nom des finalités supérieures que la nation se donne. Il est vain en revanche de penser que l’armée, en tant qu’institution, peut répondre au défi politique de la définition de ces finalités supérieures. Plus qu’une solution, les espoirs que certains placent dans des militaires qui n’en demandent pas tant apparaissent comme le symptôme d’un contexte paradoxal et critique où se conjuguent une individualisation forte des « garants précaires du jugement » et une demande d’ordre et d’autorité.
Les Français et leurs élus le savent plus ou moins confusément. Et pourtant, par une sorte d’effet de panique, alors que la crise apparaît permanente et multiforme, ils semblent peiner à ne pas regarder ces fameuses « valeurs militaires » comme un roc auquel se raccrocher pour construire du commun dans une course à l’issue incertaine.
1 « Valeurs » in Société d’étude des langages du politique, Lexique, https://selp.eu/lexique/valeurs/
2 L. Rouban, La France : une république désintégrée, note de recherche, le Baromètre de la confiance politique/vague 12, cevipof, février 2021.
3 Interview de L. Rouban par I. Trippenbach, « La France n’est plus un archipel, c’est un pays de naufragés », L’Opinion, 24 février 2021, lopinion.fr.
4 C. Guibert-Lafaye, A. Kieffer, « Interprétations de la cohésion sociale et perceptions du rôle des institutions de l’État social », L’Année sociologique, vol. 62, n° 1, 2012, pp. 195-241.
5 « Les attentats nous terrorisent-ils ? L’impact des attentats du 13 novembre 2015 sur l’opinion publique », drees, janvier 2018.
6 G. Truc, « Ce que les attentats font aux sociétés : enquêtes de terrain et études de cas », Ethnologie française, vol. 173, n° 1, 2019, p. 5.
7 Cl. Lefort, Écrire. À l’épreuve du politique, Paris, Calmann-Lévy, 1992, pp. 227-230.
8 « Valeurs » in Société d’étude des langages du politique, Lexique, https://selp.eu/lexique/valeurs/
9 P. Bréchon et J.-F. Tchernia, La France à travers ses valeurs, Paris, Armand Colin, 2009.
10 C. Belot, « Toujours plus fiers d’être français ! Un sentiment partagé mais différencié », in P. Bréchon, F. Gonthier, S. Astor (dir.), La France des valeurs, quarante ans d’évolution, Presses universitaires de Grenoble, 2019, pp. 54-59.
11 O. Galland, « Autorité et ordre social », iibid., pp. 124-130.
12 B. Boëne, « Les sociétés occidentales contemporaines face à la guerre et aux armées », Les Armées, Paris, Hermann, 2018, pp. 161-187.
13 M. Goya, Sous le feu. La mort comme hypothèse de travail, Paris, Tallandier, 2014.
14 L. Bardiès, « Du concept de la spécificité militaire », L’Année sociologique vol. 61, 2011/2, pp. 273-295.
15 M. Castillo, « Existe-t-il des valeurs propres aux militaires ? », Inflexions n° 30 , 2015, pp. 151-158.
16 J.-P. Bosser, Les Valeurs de l’armée de terre, octobre 2018, p. 4.