Aristote distingue trois domaines qui, à eux seuls, couvrent l’entièreté de notre expérience du monde : la théoria (la connaissance), la poièsis (la production) et la praxis (l’action). Comment leur différence permet-elle de mieux comprendre l’engagement et de cerner ce qui en fait la beauté et la difficulté ?
- Connaissance, production, action
La théoria diffère à la fois de la poièsis et de la praxis en ce que connaître, c’est chercher à atteindre le monde tel qu’il est, tandis que produire et agir changent le monde alentour. Il y a certes de la poièsis dans la science – il faut construire des hypothèses, élaborer des protocoles expérimentaux, produire des instruments d’observation et de mesure… –, mais cette création de nouveaux objets a pour but de révéler le réel. Quant à la praxis et à la poièsis, elles se distinguent l’une de l’autre par la présence ou non, au terme de leur processus, de ce qu’Aristote appelle un ergon : un produit fini. Ce dernier est le but de la poièsis : l’artisan, nous dit Platon1, est « poète » en ce qu’il met au monde un nouvel être. Et l’enfant, fier, peut déclarer aux invités : « Ce gâteau, c’est moi qui l’ai fait. »
La praxis serait donc, à l’inverse, une transformation du réel qui n’aboutit pas à un produit. Mais comment est-ce possible ? Quand j’aide à se relever le passant qui vient de tomber, ma transformation du monde s’épuise dans ce geste. Elle ne laisse certes pas rien derrière elle : la personne récupère grâce à mon bras la station verticale. Mais le geste accompli se suffit. Création d’un nouvel état du monde (l’homme tombé est à nouveau debout), il n’est pas création d’un nouvel objet. Ainsi, je ne ramène pas la personne chez moi en m’exclamant : « C’est moi qui l’ai relevée ! » Mon action vaut par ce qu’elle est, non par ce qu’elle fait. On comprend pourquoi une action peut être négative (s’abstenir d’humilier, ne pas commettre l’adultère…), tandis que la production, posant un nouvel être dans le monde, est par nature positive2.
Agir, ce n’est donc ni connaître ni produire. Est-ce à dire qu’agir, c’est ignorer ce que l’on fait ? Si l’action est sans œuvre, elle est en effet sans science. Il faut certes des connaissances pour transformer le monde extérieur. Mais cela est vrai surtout de la poièsis, en tant qu’elle vise un produit fini. Il y a des méthodes pour fabriquer le pain. Il y a même des modes d’emploi qu’il suffira de suivre, sans se poser de question : la production n’est ici que le déploiement d’un savoir préalable, par exemple celui de l’ingénieur qui a conçu le meuble que je suis en train de monter.
Aussi est-il possible, dans la poièsis, de connaître la valeur du travail accompli : la présence de l’ergon, du produit fini, permet de mesurer l’écart entre ce qu’il fallait faire et ce qui fut fait. Au contraire, en l’absence de produit fini, la praxis ignore comment faire et, une fois cela fait, si nous avons bien fait. Quand on décide de convaincre un ami de ne pas quitter sa femme, on ne sait ce que cela donnera. On essaie. Et si l’on réussit, non seulement on ne peut s’attribuer à soi seul ce succès, mais on ignore d’une part si l’on parviendra toujours à être ainsi un artisan de paix et d’autre part combien de temps cela durera ; enfin, surtout, on ne sait pas si l’on a bien fait : la douleur sera peut-être plus mordante pour ce couple d’avoir été ainsi prolongée…
- Il n’y a d’engagement qu’absolu
C’est ici précisément que se situe l’engagement : dans la conscience aiguë de l’indépassable carence théorique propre à toute action, dans l’ignorance de ce que l’on fait quand on agit. On s’engage afin de rendre certain ce dont nous avons un instant perçu à la fois l’évidence et la précarité. L’homme s’agenouille devant elle : est-il sûr qu’elle est la femme de sa vie ? Non, mais s’il n’ose cette demande en mariage, il ne le saura jamais. De son côté, est-elle assurée qu’il est l’homme de sa vie ? Non, mais si elle attend que toutes les conditions soient réunies pour faire le pas, jamais elle n’entrera dans aucune histoire. La jeune femme doit être prudente, certes, et ne pas épouser n’importe qui. Mais il est aussi prudent de ne l’être pas trop. D’oser, afin de saisir l’occasion qui, peut-être, est la bonne. De toute façon, la plupart du temps, nous n’avons, avant de nous décider, qu’un pressentiment. C’est à cause de lui, en raison de son caractère évanescent, qu’il faut nous engager.
On s’engage donc, non parce que nous savons exactement quoi faire, mais afin de le savoir. Ce n’est que rétrospectivement que l’on dira qu’ils sont « entrés dans la Résistance ». C’est l’Histoire qui affuble cet engagement d’une majuscule, comme s’il y avait toujours eu, au bout de ce saut dans le vide, le général de Gaulle et son entrée triomphale dans Paris. Mais à l’heure où l’on brûle ses papiers pour entrer dans la clandestinité, que fait-on ? Que prend-on quand on prend le maquis ? Pour l’État, on est des terroristes. Pour soi-même, on espère être bien davantage.
Du moins aura-t-on un jour la certitude que cet engagement était bien le bon, que l’on était du bon côté de l’Histoire… Rien n’est moins sûr. Au moment-même où elle donne son consentement, la jeune fille devient responsable de ce choix. A-t-elle pris la bonne décision ? La question n’est déjà plus celle-ci puisque, engagée, il lui revient de faire que la décision prise devienne la bonne. Il n’est plus question, comme il en va dans la théoria, d’attendre patiemment, en observateur, une éventuelle confirmation. En s’engageant, on prend parti pour la pertinence de son engagement, de sorte que l’on ne peut savoir si le succès sera dû à une première bonne décision ou bien à la décision de la tenir fermement pour bonne malgré les démentis et les épreuves. Ainsi donc, plus je m’approche de la vérité de mon engagement (« tout compte fait, j’ai bien fait ! »), plus celle-ci est en réalité recouverte par cet engagement même. Et ceci est vrai même si l’engagement se révélait n’être pas le bon. Car était-ce la cause épousée qui n’était pas la bonne ? Ou bien moi qui, la croyant telle, l’ai abandonnée trop tôt ?
On s’engage non en l’absence de doutes, mais pour les faire mentir. Aussi se met-on soi-même en gage. La personne qui pense pouvoir s’engager « en gardant ses billes », sans mourir à la possibilité de revenir en arrière, aura dans l’échec beau jeu de déclarer qu’elle le savait dès le début et que ceci (l’échec) confirme finalement cela (son engagement seulement partiel). Car elle oublie simplement que quand on ne joue pas le jeu, on le perd3.
- Certitude négative
L’engagement relève en ceci moins du courage, vertu de celle ou de celui qui surmonte sa peur en vue d’un bien clairement perçu, que de l’audace : on tranche dans le vif de son incertitude, mais sans avoir l’absolue certitude que le bien visé en est un ni qu’il est atteignable. Aussi l’engagement a-t-il souvent pour point de départ une certitude seulement négative. Après avoir accepté bien des aménagements, après s’être pliés à la dure loi romaine, les chrétiens de Bithynie se sont encore vu imposer par Dioclétien de renoncer au dimanche, jour de leur rassemblement. Ils ne purent consentir à cette dernière exigence. Cela aurait été renoncer à eux-mêmes. La sentence de leur refus est demeurée célèbre : « Non possumus (nous ne pouvons pas). » Plus exactement : « Sine dominico non possumus (nous ne pouvons pas vivre sans dimanche). » Ce « non » les mènera au martyre. En vue de quoi s’engageaient-ils ? Luttaient-ils déjà pour la liberté de culte ? Quelle cause les portait à la mort ? Ils ne le savaient pas. Ils savaient seulement ce qu’ils ne pouvaient être. En amour également : je ne sais si tu es la femme de ma vie, car je ne puis aujourd’hui savoir si nous nous conviendrons toujours ; ce que je sais seulement, c’est que vivre sans toi, désormais, je ne le peux. Non possum.
Ce non possumus fut celui des Résistants. Dans Feuillets d’Hypnos, son très poétique carnet de guerre, René Char montre bien que non seulement il lui fallut agir sans savoir (« Agir en primitif et prévoir en stratège »), mais aussi en ignorant, finalement, si la France à qui ses compagnons et lui donnaient leur vie voulait bien de cette liberté (« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament »)4. Il savait ce qu’il refusait, mais non exactement ce pour quoi il mettait sa vie en gage5.
- Le saut
Mais si l’engagement repose sur une certitude seulement négative, qu’est-ce qui nous donne de faire le pas, d’oser le saut ? Qu’est-ce qui fait de l’impossibilité où certains se sont trouvés de consentir à l’Occupation une cause positive ? On peut s’embourber dans son dégoût et sa tristesse, et ce non possumus dit d’abord une impuissance. Qu’est-ce donc qui enclenche l’action ?
L’auteur du Silence de la mer, officier français dont le nom de plume et de Résistant était Vercors, écrit, dans la préface de ce livre publié clandestinement en 1942, quel fut d’abord son désespoir : « Il y a trente mois je désirais la mort. Nous étions quelques-uns à la désirer. Nous ne parvenions à voir devant nous rien qu’un abîme fétide. Comment y vivre ? Pourquoi attendre une asphyxie immonde ? » Lui et d’autres officiers, après l’horrible capitulation, tuaient le temps et se laissaient tuer par lui. Parmi eux, il y a un homme que Vercors nomme Randois et qu’il n’apprécie guère. C’est un maurrassien, qui se réjouit sans doute de voir sombrer la République. Mais cet homme, au moins, se tait. Des repas partagés, Vercors écrit : « Ce mess était à l’image de ce pays, où seuls les lâches, les malins et les méchants allaient continuer de pérorer ; où les autres n’auraient, pour protester, que leur silence. » Un autre officier, que Vercors nomme Despérados, non seulement se tait, mais a carrément arrêté de sourire. Leur non possumus n’est pour l’heure qu’implicite et l’action, qui n’est rien tant qu’elle n’est pas osée, est aussi loin de ces trois hommes que leur est proche la désespérance.
Un jour, toutefois, arrivés en avance devant le mess, les trois hommes assistent à un spectacle, banal et décisif : « C’est alors que nous vîmes venir les quatre petits canetons. […] Le dernier était plus jeune, plus petit, plus jaune, plus poussin. Mais bien décidé à n’être pas traité comme tel. Il couinait plus fort que les autres, s’aidait des pattes et des ailerons pour se tenir à la distance réglementaire. Mais les cailloux que ses aînés franchissaient avec maladresse mais fermeté formaient, pour lui, autant d’embûches où son empressement venait buter. En vérité, rien d’autre ne peut peindre fidèlement ce qui lui arrivait, sinon de dire qu’il se cassait la gueule. Tous les six pas, il se cassait ainsi la gueule et il se relevait et repartait, et s’empressait d’un air martial et angoissé, couinant avec une profusion et une ponctualité sans faiblesse, et se retrouvait le bec dans la poussière. […] Et les canetons, toujours couinant, tournèrent au coin de la ruelle, et nous vîmes le petit, une dernière fois, se casser la gueule avant de disparaître. Et alors, voilà, Randois nous mit ses mains aux épaules, et il s’appuya sur nous pour se lever, et ce faisant il serra les doigts, affectueusement, et nous fit un peu mal. Et il dit : “À la soupe ! Venez. Nous en sortirons.”6. »
Pour décider d’agir, il faut faire confiance au moins trois fois : confiance dans le fait que la décision prise est la bonne ; confiance en ce qu’il existe un ordre du monde plutôt stable, sans quoi l’intention de départ aboutira à des conséquences autres que celles escomptées ou espérées et tout engagement serait vain ; confiance, enfin, en ce que ceux qui suivront ajouteront à l’action tout ce que l’on n’a su y mettre et corrigeront ses effets délétères. La marche obstinée du quatrième caneton est un fragment de monde qui inspire aux trois officiers cette triple confiance.
- Quatre aspects d’une crise
À ce prix d’audace et d’incertitude, on comprend mieux la crise actuelle de l’engagement et les tentatives pour diminuer ce qu’il y a en lui de tragique. Cette crise a plusieurs visages. Je voudrais ici en indiquer quatre.
– Le recours au protocole. Celui-ci serait une sorte de mode d’emploi de l’agir, dont on a vu l’impossibilité. Il est la tentative, aussi vaine qu’inquiétante, de reconduire l’agir à une production via la connaissance. On crée un protocole pour s’assurer que le minimum aura été fait. Mais, parce qu’il offre l’illusion d’une action reconduite à la production, il soulage l’agent d’avoir à répondre de ses décisions. Aussi ce minimum tend-il à devenir une fin. Les protocoles de prise en charge des patients en milieu hospitalier se multiplient. Les pédiatres ont beau opposer que chaque enfant nécessite une attention très particulière, il leur sera répondu que de telles mesures visent la protection non tant du patient que, en contexte de judiciarisation croissante, de l’institution hospitalière. Le fait d’avoir coché toutes les cases nous dégage-t-il de notre responsabilité vis-à-vis du malade7 ?
– L’aide à la décision. Là encore, il s’agit d’accroître le champ de la théoria en vue de réduire d’autant celui de la praxis, et ce afin d’évacuer le risque de l’engagement. Cela aussi est vain, car une fois que les experts, aidés par l’intelligence artificielle, éclairés par des prédictions mathématiques, se seront exprimés, il leur faudra encore trancher, choisir, bref : décider. Le souverain, disait Carl Schmitt en une sentence célèbre, décide de l’état d’exception, ou de nécessité, et il n’est jamais de situation si exceptionnelle qu’il ne faille toutefois quelqu’un pour la désigner comme telle. Le rêve d’une « gouvernance par le nombre »8, dispensant le chef de prendre des décisions ou le dégageant de la responsabilité de celles qu’il aura prises, était celui d’un Victor Hugo. « La tribune politique, écrit-il dans Le Droit et la Loi, se transformera en tribune scientifique ; […] ce sera le règne paisible de l’incontestable ; on ne fera plus les lois, on les constatera ; les lois seront des axiomes ; on ne met pas aux voix deux et deux font quatre ; le binôme de Newton ne dépend pas d’une majorité ; il y a une géométrie sociale ; on sera gouverné par l’évidence. »
Ce rêve, dont la réalisation confine au cauchemar, était aussi celui de Lénine : « C’est le départ d’une époque très heureuse où l’on pratiquera de moins en moins de politique, […] où ce sont les ingénieurs et les agronomes qui auront la parole9. » Mais, comme le demande Jacques Le Goff, « cette hégémonie des nombres dans leur impassible froideur ne serait-elle pas aussi une manière pour nos sociétés contemporaines d’évacuer la question de la mort, de faire comme si le risque lié au choix politique pouvait être presque éliminé ?10 »
– Le « risque zéro ». Évacuer la question de la mort… Car choisir, c’est mourir. C’est tuer dans l’œuf des milliers de possibilités. C’est prendre le risque aussi d’être violemment corrigé par le réel, par l’histoire. Il est donc une autre manière de ne pas s’engager : faire systématiquement primer la « précaution », c’est-à-dire la conservation, l’inertie, non tant sur le risque, mais, plus fondamentalement, sur l’accomplissement de la chose dont on a la responsabilité. À un directeur de collège dit « responsable », il apparaît aujourd’hui plus essentiel qu’aucun de ses élèves n’attrape la Covid-19 qu’ils n’apprennent les langues étrangères dans de bonnes conditions.
– La disparition des chefs. Un reportage paru dans La Croix11 montrait que la violence policière était proportionnelle à l’absence d’ordres clairs émanant des chefs. « Les ordres flous, ça a l’air de rien, mais c’est l’un des problèmes principaux dans la police, explique Maxime. Et les gens le savent peu… » Un policier parisien prend l’exemple d’une course-poursuite : « C’est récent, ça s’est passé hier. Je voulais contrôler un véhicule, je mets le gyro et, au lieu de se ranger sur le côté, le chauffeur accélère. Alors je prends la radio et je demande la priorité sur les ondes. Ça veut dire qu’il n’y a plus que moi qui peux émettre ; les autres sont censés la fermer. Et là j’annonce : “Prenons en chasse un véhicule… délit de fuite…” Réponse du commandement : “Ne prenez pas de risques.” Traduction : décidez seuls de poursuivre ou non la chasse. Si ça s’était mal passé, on nous aurait ressorti la bande. “On vous avait dit de ne pas prendre de risques et patati et patata…” C’est tout le temps comme ça. Tout le monde se couvre et à tous les niveaux. »
Un chef, c’est celui qui assume. Qui assume même, et surtout, ce qu’il n’a pas voulu qu’il arrive. C’est là le paradoxe de la responsabilité : répondre non tant de ce qui fut notre œuvre que de tout le reste. Si je trouve, dans le plat du jour, un bout de plastique et en avertis le serveur, celui-ci peut me dire qu’il n’y peut rien, il peut accuser le cuistot, lequel accusera son fournisseur… S’il n’y a pas de responsable, ce ne sont pas des bouts de plastique, mais de la salmonelle qu’on trouvera dans les assiettes. « Sur la passerelle du navire, si ce n’est pas le capitaine qui dirige la manœuvre, ce sont les rats », écrivait René Char. Le responsable est cet homme qui s’annoncera comme tel, qui tient à nous présenter ses excuses, à nous offrir les cafés… Un tel homme ne souhaitait pas ce bout de plastique dans le plat du jour. Il n’y peut peut-être rien. Selon la célèbre et profonde remarque de Georgina Dufoix, « responsable » n’est pas « coupable ». Au contraire même, puisqu’être responsable, c’est prendre sur soi, à l’avance, non seulement ce que l’on n’a pas prévu, mais ce qu’on aura cherché à éviter, et qui arrive parfois.
Si l’engagement est en crise, c’est parce que, ne sachant quel sera son résultat, il faudra en répondre, et répondre de cela même que l’on voulait éviter. Répondant par avance d’un mal qu’ils travaillent pourtant à conjurer, les chefs sont ainsi garants de l’ordre. On comprend alors pourquoi ils sont mieux payés que les autres et pourquoi ils n’ont pas le droit d’abuser de leur situation pour se couvrir.
- Envoi
Parce que nous refusons la part d’inconnu inhérente à la praxis, nous vivons une crise de l’engagement. Notre société, en ce qu’elle a de pusillanime, de ratiocinant et de protocolaire, peine à produire des hommes vertueux. Mais parce que l’action n’est rien avant d’être tentée, il suffit qu’ici ou là un homme ose et c’est toute une tradition de l’engagement responsable (tradition par ailleurs encore cultivée dans l’armée) qui se réveillera. Crise de l’engagement ? Comme le dit l’officier Randois : « Nous en sortirons. »
1 Platon, Le Banquet, 205 b.
2 La production-limite, qui tendrait, par son désœuvrement, à se confondre avec l’agir, c’est le ménage. Car dans le ménage on produit un parfait retour au même. Mieux le ménage est fait, moins cela se voit. Si je peux montrer fièrement où j’ai lavé la vitre, c’est que le travail est à refaire. Une fois les vitres lavées, ce ne sont plus elles que l’on regarde, mais le paysage à travers elles.
3 Voir P. Dulau, G. Morano et M. Steffens, Dictionnaire paradoxal de la philosophie, Bruxelles, Éditions Lessius, 2019, article « Engagement », pp. 190-194.
4 Sur l’analyse de ces « paroles », voir H. Arendt, La Crise de la culture, préface « La brèche entre le passé et le futur », Paris, Gallimard, « Folio essais », 1989, pp. 11 sqq.
5 Ce non possumus est aujourd’hui celui de Géraldine Carlier, cette maîtresse de petite section en école maternelle qui, en larmes, partageait dans une vidéo postée quelques semaines après la rentrée 2020 son impossibilité d’accueillir les enfants de sa classe tout en étant masquée. Elle dit comprendre les parents qui l’ont dénoncée, ainsi que la jeune directrice qui a fait remonter l’information au rectorat afin de se couvrir…. Mais être un « golgoth », comme elle le dit, au lieu d’une institutrice, elle ne le peut pas : ce n’est pas son métier. À quoi s’engage-t-elle ? À ceci seulement que j’exprimerais ainsi : Sine facie non possumus (nous ne pouvons pas vivre sans visage).
6 Vercors, Le Silence de la mer suivi de La Marche à l’étoile, « En guise de préface », Paris, Le Livre de poche, 1994, p. 13.
7 Voir Ph. Cloarec, « Protocoles, référentiels de soins, démarche qualité : autonomie collective et dépendance personnelle », Recherche en soins infirmiers, vol. 93, n° 2, 2008, pp. 28-31.
8 A. Supiot La Gouvernance par les nombres. Cours au Collège de France (2012-2014), Paris, Fayard, 2015.
9 Cité in J. Le Goff, Revue Projet, vol. 349, n° 6, 2015, p. 90.
10 Ibid., p. 91.
11 M. Corre, « Violences, bavures : des policiers racontent », La Croix Hebdo, 19 novembre 2019.
Aristotle identified three domains that encompass the entire human experience of the world: la theoria (thinking, knowledge), poiesis (making, production) and praxis (doing, action). How does the difference between these three domains help us to better understand commitment and to identify its beauty and difficulty?
- Knowledge, production and action
Theoria differs from both poiesis and praxis, in that knowledge (thinking) consists in attempting to understand the world as it is, whereas production (making) and action (doing) change the world around us. It is true that there is poiesis in science—you have to construct hypotheses, work out experimental procedures and produce instruments for observation and measuring etc. —, but the aim of creating these new objects is to reveal the real. The difference between praxis and poiesis, according to Aristotle, is determined by whether their process culminates in an ergon: a finished product. This finished product is the aim of poiesis: the artisan, Plato tells us1, is a “poet” in that he brings a new being into the world. And the child can proudly say to his guests: “I made this cake.”
By contrast, praxis, is a transformation of the real that does not result in a product. But how is this possible? When I help someone who has fallen down to get back on their feet, my transformation of the world ends with this action. Although this action leaves nothing behind it, the person has recovered the upright position with the aid of my arm. But the action is sufficient in itself. The creation of a new state of the world (the person is again standing) is not the creation of a new object. In other words, I do not bring the person home exclaiming: “I raised this person!” My action has value for what it is, not for what it makes. We can understand how an action can also be negative (to refrain from humiliating, to refrain from committing adultery etc.), whereas production, by bringing a new being into the world, is by nature positive2.
So, doing (action) is neither thinking (knowledge) nor making (production). Does that mean that doing means not thinking about what you are making? If an action does not produce a work, it is without measurable knowledge, science. Admittedly, you need knowledge to transform the outside world. However, this is especially true of poiesis because it aims to produce an end-product. There are methods to make bread. There are even instructions to follow, without having to ask any questions: production in this case is only the deployment of prior knowledge, for example the knowledge of the engineer who designed the piece of furniture that I am assembling.
So, with poiesis, it is possible to know the value of the work done: the presence of the ergon, the finished product, provides a measure of the difference between what had to be done and what was done. On the other hand, in the absence of an end product praxis does not know how to do something, and, once done, whether the action has been well done. When we decide to convince a friend not to leave his wife, we do not know what the end-result will be. We try. And, if we succeed, not only are we unable to attribute this success to our action alone but we do not know if we will always manage to be a peacemaker, or even how much time it will last; finally, above all, we do not know if we have done the right thing: perhaps the pain of this couple will be all the worse for because it has been prolonged by our action…
- Commitment is not commitment if it is not absolute
This is exactly where commitment—and therefore enlistment—takes place, in the acute consciousness of the inevitable lack of theory in any action and our ignorance of what we are doing when we do it. We commit ourselves in order to make a certainty of something that we momentarily perceived as both self-evident and fragile. The man kneels before his beloved, but is he certain that she is really the love of his life? No, but if he does not dare to ask her hand in marriage, he will never know. For her part, is she sure that he is the love of her life?. No, but if she waits until all the right conditions are met before taking the plunge, she will never have a part in a love story. The young woman must of course take care, and she cannot marry just anyone. But it is also wise not to be too careful. It is wise to dare, to seize the chance of what might turn out to be the right choice. In any case, most of the time, before deciding, we only have an intuitive “feeling”. It is because of this “feeling” and its evanescent nature that we commit ourselves.
In other words, we commit ourselves, not because we know exactly what to do but in order to find out. It is only in retrospect that people were said to have “joined the French Resistance”. It is history that decided that this commitment merited a capital letter, as if this leap into the void was always destined to end with General de Gaulle and his triumphant entry into Paris. But at the instant when you burn your papers to go underground, what are you doing? What are you joining when you join the Resistance? According to the State, you are terrorists. For yourself, you hope to be much more.
At least, one day, you will have the certainty that this commitment was the right choice and that you were on the right side of history. But at the moment you take the step, nothing is less certain. At the instant she gives her consent, the young woman assumes responsibility for her choice. Did she make the right decision? This is no longer the right question, because, once she has committed herself, it is up to her to make sure that the choice was the right one. There is no longer any question, as in the case of theoria, of waiting patiently, as an observer, for possible confirmation. By committing yourself, you are deciding that the commitment is right, and so you will not know if the success of your commitment will be due to getting the initial decision right or to your decision to persist firmly in holding it to be correct despite all the denials and trials. So, the closer I get to the correctness of my commitment (“all things considered, I was right!”), the more this correctness is in reality coloured by the commitment itself. And this is the case even if the commitment turns out to be wrong. After all, was it the espoused cause that was wrong? Or did I, believing it to be so, abandon it too soon?
We do not commit ourselves in the absence of doubts but in order to turn our doubts into liars. So, we pledge our own selves as collateral. The person who believes that he or she can make a commitment while “holding something in reserve”, without dying at the possibility of turning back, will not honestly be able to say, when faced with failure, that he or she knew it from the start that, and that the ultimate failure only confirms this fact (the only partial nature of the commitment) This attitude is equivalent to forgetting that if you do not play by the rules, you inevitably lose the game3.
- Negative certainty
In this respect, commitment depends less on courage, which is the virtue of those who overcome their fear in the aim of obtaining a clearly perceived benefit, than on boldness (audacity), which decisively slices through uncertainty, but without any absolute certainty that the desired benefit is genuinely good or that it can be attained. So, commitment often has only a negative certainty as its starting point. After accepting many compromises, after bending to strict Roman law, the Christians of Abitinae were ordered by Diocletian to renounce Sunday as their day of worship. They could not agree to this final demand. It would have been equivalent to renouncing their own selves. The proclamation of their refusal has remained famous: “Non possumus (we cannot)”. Or, more exactly: “Sine dominico non possumus (without Sunday we cannot live). This “no” led to their martyrdom. What was the object of their commitment? Were they already fighting for freedom of religion? What was the cause that was leading them to their death? They did not know. They only knew that they could not be. In love too, I cannot know if you are the love of my life, because I cannot know today if we will always be right for each other. All that I do know is that, from now on, I cannot live without you. I just can’t. Non possum.
This non possumus was the same for the members of the French Resistance. René Char, in Feuillets d’Hypnos, his very poetic war journal, clearly shows not only that he had to act without knowing (“Take action as a primitive and anticipate as a strategist”), but also that he had to do so without knowing whether France, for which he and his companions were giving their lives, actually wanted this freedom (“Notre héritage n’est précédé d’aucun testament”—Our heritage was left to us without a testament) 4. He knew what he was refusing but not exactly what he was risking his life for5.
- The leap
But, if commitment is based on a purely negative certainty, what is it that enables us to take the step and make the leap? What was it that transformed the impossibility for some people to accept the Nazi Occupation of France into a positive cause? We can easily get stuck in our own disgust and misery, and this non possumus initially expresses a sense of powerlessness.. So, what is it that triggers action?
The author of Silence de la Mer (Silence of the Sea), a French officer who wrote under the pseudonym of Vercors, which was his nom de guerre in the French Resistance, begins this novella, in the preface. by describing the depth of his despair. “Thirty months ago, I wished for death. Quite a few of us shared the same wish. All we could see in front of us was a foetid abyss. How could anyone live in that? Why wait for its foul suffocation?” He and other officers, after the horrible capitulation, were killing time and letting time kill them. Among their number was a man that Vercors who Vercors did not like very much. Vercors calls him Randois. Randois was a “Maurassien”, a follower of the French far-right author and politician, Charles Maurras, and so he was doubtless glad to see the demise of the Third Republic. But this man, at least, stayed silent. Vercors writes of their shared meals: “ The officer’s mess was in the image of the nation, where only the cowards, the cunning and the downright evil would continue speechifying, and where the others were left with no other form of protest than their silence.” Another officer, to whom Vercors gives the name Desperados, is not only silent but has also entirely given up smiling. Their non possumus at that moment was only implicit, and action, which is nothing until it is dared, was as remote from these three men as despair was close.
However, one day, having arrived early at the mess, the three men witnessed a banal and decisive spectacle: “That was when we saw the four little ducklings arriving. […] The last in the line was younger, smaller and less adept. But it was determined not to be treated as such. It cheeped louder than the others and used its feet and wings to keep the regulatory distance. But the pebbles that its elders managed to step over clumsily but firmly represented major obstacles to the charge of the youngest. In truth, the only way to describe what was happening to it would be to say that it kept falling flat on its face. Every six steps, it would tumble over and land, as I said, flat on its face, then pick itself up and rush onward again with a martial yet anguished air, cheeping with unwavering profusion and punctuality before landing again with its beak in the dust. [..] And the ducklings went on cheeping, turned the corner of the street, and we saw the little one fall flat on its face once again before disappearing. And then, that was it. Randois put his hands on our shoulders and leaned on us to stand up, and in doing so squeezed his fingers, affectionately, hurting us slightly. And he said: “Food’s ready. Come on. We can beat this.”6..
To decide to act, you need a triple leap of faith to trust in at least three things - first that the decision taken is the right one; second that there exists a more or less stable order to the world, without which the initial intention would end in consequences other than those expected or hoped for, which would render any commitment vain, and, finally, trust that the people who come after you will add to your own action everything that you were unable to do and will correct any deleterious effects your action may have. The obstinate march of the fourth duckling was a fragment of the world that inspired the three officers to make this triple leap of faith.
- Four aspects of a crisis
Given this price of boldness and uncertainty, we can fully understand the current crisis of commitment, with the attempts to reduce whatever is tragic in it. This crisis has many aspects. Here, I wish to indicate only four.
—Recourse to protocol. In this context, protocol is seen as a kind of operating manual for action, even though we know that it is impossible for any such manual to exist. Resorting to procedural protocol is the attempt to reduce action to production-via-knowledge, making-via-thinking. This attempt is both vain and worrying. We establish a procedure to make sure that the minimum will have been done. However, since the procedure offers the illusion of an action reduced to production, it relieves the agent from having to assume responsibility for his/her actions. So, the minimum tends to become an end in itself. For example, there are an increasing number of procedural rules for admitting patients to hospital. Paediatricians may protest that every child requires individual attention, but the answer - in a context of increasing litigation - will be that these measures are aimed less at protecting the patient than protecting the hospital institution But does the fact that we have ticked all the boxes release us from our responsibility to the patient7?
—Decision-making aid Here too, the aim is to increase the scope of theoria and thereby proportionately reduce the extent of praxis, with the aim of emptying commitment of any element of risk.. This too is vain, because once the experts, aided by artificial intelligence and guided by mathematical predictions have expressed their expert opinions, they will still have to choose between alternatives - in other words to decide. Carl Schmitt famously said that sovereign is he who decides on the state of exception or necessity, and there is never a situation so exceptional that you do not need someone to designate it as such.. French author and politician Victor Hugo had the dream of “governance by numbers”8, relieving leaders from the burden of taking decisions or releasing them from responsibility for the decisions they have taken. “The tribunal of politics, he wrote in Le Droit et la Loi, will be transformed into the tribunal of science; […] it will be the peaceful rule of the indisputable; we will no longer make laws but discover them; the laws will be axioms; we do not put the sum of two plus two to the vote; Newton’s binomial does not depend on a majority; there is a precise social geometry; we will be governed by evidence“.
This dream, which becomes a nightmare when realized, was also that of Lenin: “It will be the beginning of a very happy period, where politics and politicians take a back seat […] and engineers and agronomists have the floor9”. » However, as Jacques Le Goff asks, “Could this hegemony of numbers, in their impassive coldness, not also be a way for our contemporary societies to remove the question of death, to pretend that the risks inherent in political choice can be almost eliminated?” “10.
—“Zero risk” To remove the question of death… Because to choose is to die. To choose means killing thousands of possibilities before they are hatched. It also means taking the risk of being violently corrected by reality and history. So, there is another way of not committing yourself: it is to systematically prioritize “precaution” - in other words conservation, and inertia - not so much in opposition to risk but, more fundamentally, in opposition to the fulfilment of what you are responsible for. A “responsible” school head today will consider that it is more essential that none of his or her pupils catch COVID-19 than that they learn foreign languages under favourable conditions.
—The disappearance of the people in charge. A report in French newspaper La Croix11 showed that police violence was proportional to the lack of clear orders from senior officers. “Vague orders - that may not seem important, but it is one of the main problems in the police,” explains Maxime. And people don’t really know that…” A Paris policeman cites the example of a car chase: “It was recent. It happened yesterday. I wanted to check a vehicle, and so I switched on the flashing lights, but, instead of pulling over, the driver accelerated. So, I called into the police radio and requested priority. That means that I was the only one who could speak; the others are meant to shut up. And then I announced to everyone: “We’re chasing a vehicle ... failure to stop...”. The answer from command was: “Don’t take any risks.” Translation: decide for yourself whether to continue the chase or not. If anything went wrong, they would have given us the same old speech: ‘We told you not to take any risk and blah blah the blah blah.’ That’s always the way. All of them, at every level, are just covering their own asses“
A real leader is someone who assumes responsibility. The leader does this, even, and especially, when what he or she did not want to happen does happen. This is the paradox of responsibility - to be answerable not so much for what you yourself do but for all the rest. If I find a piece of plastic in the soup of the day at the restaurant, I tell the waiter, who might say that it is not his fault, that he cannot do anything about it, and he might blame the chef, who in turn blames the supplier, etc. If no-one is responsible, it is not a piece of plastic but salmonella that will eventually be found in people’s plates. “On the bridge, if the captain of the ship is not the one directing the manoeuvre it will be the rats,” wrote René Char. The person in charge is the one who says so and who makes a point of apologizing in person, offering us coffee etc. This person did not want that piece of plastic to be in the soup of the day. There was possibly nothing he or she could have done about it. As Georgina Dufoix famously and profoundly remarked, “responsible” does not mean “guilty”. Quite the reverse in fact: to be responsible is to accept in advance to be answerable, not only for what you have not anticipated but also for what you have tried to prevent but that sometimes happens.
If commitment is in crisis, the man reason is that, not knowing what its result will be, you will have to accept responsibility for exactly the thing you wanted to prevent. The people in command, being the people responsible in advance for anything that goes wrong, even if they are trying to prevent it happening, are the guarantors of order. So, it is easy to understand why they are better paid than the others and why they do not have the right to abuse their position to “cover their own asses”:.
- Conclusion
By refusing the element of the unknown, which is always inherent in praxis, we now find ourselves experiencing a crisis of commitment and enlistment. Our society, with its elements of cowardice, hair-splitting sophistry and excessively procedural approach to responsibility, is having difficulty producing virtuous men and women. However, because action is nothing before it is attempted, all we need is for someone, here or there, to dare to take the first step, and an entire tradition of commitment will be reawakened (this tradition is still in fact cultivated in the French Army) A crisis of commitment and enlistment? As officer Randois said: “We can beat this”.
1 Plato, The Banquet, 205 b.
2 At the limits, one type of making that can be confused with pure doing, due to its lack of new product, is housework. This is because housework recreates a perfect return to the same condition. The better the housework is done, the less it is seen. If I can proudly show exactly where I cleaned the window, this means that the work has to be redone. Once the windows are clean, you no longer see the windows themselves but the landscape behind them.
3 See P. Dulau, G. Morano, M. Steffens, Dictionnaire Paradoxal de la Philosophie (Paradoxical Dictionary of Philosophy), Brussels, Éditions Lessius, 2019, article « Engagement » (Commitment), pp. 190-194.
4 On the analysis of his “words”, see H. Arendt, The Crisis in Culture, with its preface “The Gap Between Past and Future”.
5 Today, this non possumus can be found in Géraldine Carlier, a preschool teacher of 2 and 3-year olds at a kindergarten, who, in tears, shared a video posted a few weeks after the start of the new school year in September 2020, saying that it was impossible for her to welcome the children to her classes while wearing a mask.. She says she understands the parents who denounced her and the young headmistress who passed the information on to the local Education Authority in order to cover herself. She has recently received the date for her disciplinary hearing. But, she says, greeting infants while looking like a sinister robot monster, (a “giru giru” Golgoth), as she puts it, instead of a preschool teacher is simply not her job. What is she committing herself to? Simply to what I would express as: “Sine facie non possumus (without a face we cannot live).
6 Vercors, Le Silence de la mer followed by La Marche à l’étoile (“Guiding Star”, the second novel by Vercors, “By way of preface”, Paris, Le Livre de poche, 1994, p. 13.
7 See Ph. Cloarec, « Protocoles, référentiels de soins, démarche qualité : autonomie collective et dépendance personnelle » (Protocols, treatment guides, quality procedures: collective autonomy and personal dependence”, Recherche en soins infirmiers, vol. 93, No. 2, 2008, pp. 28-31.
8 A. Supiot. La Gouvernance par les Nombres :. Cours au Collège de France (2012-2014), Paris, Fayard, 2015.
9 Quoted in J. Le Goff, Revue Projet, vol. 349, n° 6, 2015, p. 90.
10 Ibid., p. 91.
11 M. Corre, “Violences, bavures : des policiers racontent” (Violence, blunders, brutality: accounts by police in their own words, La Croix Hebdo, 19 November 2019.