« There is only one thing worse than fighting with allies, and that is fighting without them »
Winston Churchill1
Choix souverain, lié à l’exercice de la raison d’État, passer une alliance suppose, pour l’État concerné, de procéder à un raisonnement stratégique, liant moyens militaires et finalité politique. Lors de la guerre de Trente Ans, le cardinal de Richelieu choisit, au nom de la raison d’État, d’allier la France catholique aux protestants contre l’influence grandissante de la dynastie des Habsbourg2. Le mot Alliance, avec une majuscule, renvoie également aux conflits qui ont déchiré et façonné le système international contemporain, à l’image de la Première Guerre mondiale. Ainsi, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie forment la Triple Alliance à la veille de ce conflit.
Pour répondre à la question « Qu’est-ce qu’un allié ? », il convient donc d’abord de définir ce que l’on entend par alliance. Pour Stephen M. Walt, celle-ci est « une relation formelle ou informelle de coopération sécuritaire entre un minimum de deux États souverains »3. Cette définition est éclairante, mais sans doute trop large4. Elle ne distingue pas suffisamment l’alliance, qui suppose un accord permanent entre États, et la coalition, ponctuelle, qui est « établie afin de contrer une menace précise et [qui] disparaît après l’élimination de la menace ». En ce sens, l’alliance peut être définie comme « une association formelle ou informelle d’États s’arrangeant sur les conditions d’usage de la force (ou de menace d’usage de la force) contre des acteurs extérieurs à l’association »5.
Toutefois, comme le rappelle Olivier Schmitt, ces distinctions ont tendance à s’éroder, comme, par exemple, dans l’intervention en Libye où une alliance, l’otan, sous mandat de l’onu, a soutenu une coalition6. De plus, l’alliance est toujours définie sur le plan interétatique, alors que le paysage stratégique de l’après-guerre froide se caractérise par une diversification des acteurs agissant sur la scène internationale. Or les acteurs non étatiques peuvent être considérés comme les membres d’une alliance dès lors qu’ils expriment une volonté politique traduite sur le plan militaire. Ainsi, l’alliance peut être définie non seulement comme une « association formelle ou informelle d’États », mais elle peut aussi intégrer des acteurs non étatiques. À cet égard, notre définition de l’allié est appuyée sur cette conception élargie de l’alliance : l’allié est un acteur politique, étatique ou non, ayant fait le choix stratégique de s’engager, avec un ou plusieurs acteurs politiques, dans une alliance au sein de laquelle ont été définies « les conditions d’usage de la force (ou de menace d’usage de la force) contre des acteurs extérieurs à l’association ».
Les recherches en science politique sur les alliances s’orientent principalement dans deux directions : d’un côté, le questionnement porte sur l’origine des alliances et, plus précisément, sur les mécanismes qui président à leur formation7 ; d’un autre côté, on étudie les conséquences des alliances sur la conduite de la guerre et sur la constitution d’un ordre international stable8. Nous nous focaliserons sur le premier aspect, en assimilant les choix stratégiques des acteurs politiques, étatiques et non étatiques, aux « coups » effectués lors d’une partie de cartes. Choisir un allié revient, pour l’acteur qui fait ce choix, à trouver la combinaison gagnante en fonction des cartes présentes sur la table et des puissances déjà engagées. Dans les pages qui suivent, nous dresserons d’abord une typologie des différents alliés possibles, puis nous examinerons les combinaisons gagnantes permettant de définir ce qu’est un bon allié.
- Quels sont les alliés possibles ?
Dans l’approche classique sur les alliances, trois motivations principales président à leur formation : le balancing consiste à aller contre la puissance menaçante afin de rééquilibrer les puissances au sein de l’ordre international ; le bandwagoning implique de s’allier avec la puissance concurrente, voire hostile, afin de la tenir à distance ; enfin, le tethering constitue l’alliance au sens institutionnel, encadrée par un ensemble de normes visant à accroître la transparence et l’interdépendance entre les alliés9.
Comme l’explique Stephen Walt, le phénomène de bandwagoning est très rare dans les configurations stratégiques contemporaines : les États préfèrent s’opposer à un État qui les menace plutôt que de s’associer à lui10. L’Espagne de Philippe II, la France de Louis XIV et celle de Napoléon ainsi que l’Allemagne sous Guillaume II puis sous Hitler témoignent de cette tendance soulignée par les théoriciens réalistes classiques. Les partisans du bandwagoning estiment que les puissances dominantes auraient dû attirer les autres États à mesure qu’ils s’étendaient géographiquement et accroissaient leurs capacités. Cependant, c’est le contraire qui s’est produit, avec la formation d’alliances destinées à les contrer. De plus, Walt regrette à juste titre que ne soit pas davantage mesurée l’influence de l’idéologie, c’est-à-dire le critère de proximité idéologique entre les acteurs désirant s’associer.
En tenant compte de ces travaux et en tâchant de les enrichir, nous élaborons une nouvelle typologie comportant quatre types d’alliés : l’allié de pique (où l’alliance est fondée sur la peur), l’allié de trèfle (le besoin), l’allié de cœur (les valeurs partagées) et enfin l’allié de carreau (le cadre normatif). Bien entendu, ces quatre types ne sont pas exclusifs les uns des autres, les motivations d’une alliance pouvant se combiner.
- Allié de pique : une alliance fondée sur la peur
Le premier type d’allié envisageable pour un acteur politique est celui avec qui il partage un ennemi commun. Walt le rappelait, « les États s’allient principalement pour contrer des menaces, […] plus un État apparaît agressif ou expansionniste et plus il a de chances de déclencher la formation d’une alliance contre lui ». L’allié de pique s’illustre dans une alliance « contre ». Ce type d’alliance est fondé sur des intérêts communs et sur une peur commune. Il relève d’une conception réaliste liée à l’équilibre des puissances. Cette conception de l’allié semble être la plus répandue dans la littérature sur la formation des alliances. D’ailleurs, l’un des premiers travaux sur la question, l’étude de George Liska Nations in Alliance11, se concentre exclusivement sur la menace comme motivation à la formation d’alliance.
Un exemple significatif de ce type d’alliance est l’association entre le Pakistan et les États-Unis contre Al-Qaïda après le 11 septembre 2001. Foncièrement méfiants l’un envers l’autre, les États-Unis de George W. Bush et le Pakistan de Pervez Musharraf ont pourtant coordonné leurs politiques antiterroristes dans le cadre de la traque contre les leaders d’Al-Qaïda, suite à l’attentat contre le World Trade Center12. De même, le comportement jugé destructeur de la Libye de Kadhafi a-t-il poussé des États aussi différents que l’Égypte, Israël, la France, les États-Unis, le Tchad et le Soudan à coordonner leurs réponses politique et militaire pour lutter contre les activités du dictateur13.
L’allié de pique n’est pas issu d’une relation de confiance, il est au contraire un allié suscité par la défiance. Il résulte de l’adage populaire : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami. » Cette relation, définie négativement, n’est généralement pas perçue comme un vecteur de stabilisation de l’ordre international. Les alliances « contre » peuvent se retourner à la faveur de peurs et d’intérêts changeants.
- Allié de trèfle : une alliance fondée sur le besoin
L’allié de trèfle s’inscrit dans une alliance que l’on pourrait qualifier de situationnelle, fondée sur une complémentarité technique, stratégique ou opérationnelle. L’allié de trèfle est celui dont on a besoin, au regard de la complémentarité des acteurs réunis dans l’alliance. Il apporte quelque chose par le biais d’un équipement, d’une position tenue ou encore d’une réputation.
Ainsi, en 2004, Abou Moussab al-Zarqaoui et Oussama Ben Laden ont fait le choix de s’allier en raison de besoins réciproques14. Pour Ben Laden, il s’agissait d’obtenir un accès privilégié au territoire irakien afin de « gagner les cœurs et les esprits », pour al-Zarqaoui, un accès à des circuits de financement ainsi que des gains « réputationnels » associés à la marque Al-Qaïda dans les milieux djihadistes.
Les besoins associés à l’allié de trèfle peuvent être de nature très diverse : technique (équipement, technologie), politique (réputation, légitimité), stratégique (géographique), ou encore économique (financier). Trois de ces besoins seront ici développés.
Le premier est géographique. Les écrits de Kautilya15 le rappelaient dès le ive siècle : « Les voisins de mes voisins sont mes amis. » Celui-ci remarque en effet la tendance des États « encercleurs » à s’allier contre un pouvoir central. Seul, chacun est vulnérable. L’alliance entre États géographiquement complémentaires permet d’envisager une stratégie d’encerclement.
Le gain peut également être d’ordre « réputationnel ». Pour un État, « la réputation de tenir ses engagements améliore de façon significative sa probabilité d’être sollicité afin de prendre part à des alliances futures »16. Bâtissant un modèle statistique à partir de l’histoire des engagements passés des États, Crescenzi et ses coauteurs établissent une corrélation entre la réputation de fiabilité en situation d’alliance et l’intérêt stratégique de l’État au sein d’une alliance. Ainsi, plus un État a tenu ses engagements passés, plus il sera « désirable » au sein d’une alliance. Examinant les situations plus ponctuelles de coalitions, Olivier Schmitt note également l’influence du standing (la « réputation », le « prestige ») dans les stratégies de coalition des petits États dotés de capacités militaires jugées faibles17.
Enfin, le besoin conduisant à la formation d’une alliance peut être financier. Par exemple, les chercheurs s’interrogent sur les liens entre la formation d’alliances et l’aide au développement, et concluent qu’« au cours de l’histoire, les États ont souvent offert des incitations financières pour attirer des alliés ». Walt rappelle que les transferts d’armes soviétiques aux régimes cubain et nicaraguayen menaçaient de transformer l’Amérique centrale en un nouveau pré-carré soviétique aux portes des États-Unis, conduisant le sous-secrétaire d’État James Buckley à augmenter lui aussi les transferts d’armes afin de « revitaliser les alliances interaméricaines »18.
- Allié de cœur : une alliance fondée sur les valeurs partagées
Le troisième allié, l’allié de cœur, entretient une relation fondée sur la proximité idéologique. Les alliés de cœur se ressemblent, ils appartiennent tous les deux à la « société internationale », telle que définie par les penseurs de l’école anglaise. Ils se reconnaissent mutuellement19.
S’appuyant sur la notion de « solidarité idéologique » de Hans Morgenthau, Walt a longuement discuté le rôle joué par l’idéologie dans la formation des alliances. La ressemblance est souvent perçue comme secondaire par les théoriciens réalistes classiques, sauf pour Raymond Aron. Elle est pourtant, rappelle Walt, l’une des premières motivations exposées par les décideurs politiques dans leurs communications officielles. Ainsi, au Mozambique, Somar Machel a-t-il justifié son alliance avec l’Union soviétique en qualifiant les deux États d’« alliés socialistes naturels ». De même, John Foster Dulles légitimait le soutien américain à Tchang Kaï-Chek et à Synghman Rhee en expliquant que ces décideurs étaient des « gentilshommes chrétiens […] ayant souffert en raison de leur foi »20.
Walt identifie quatre intérêts stratégiques principaux offerts par un allié de cœur. Premièrement, un tel allié s’avère utile dès lors qu’il s’agit de défendre ses principes. Deuxièmement, les États partageant des caractéristiques idéologiques se craignent moins et imaginent difficilement qu’un État perçu comme fondamentalement « bon » puisse les attaquer. Troisièmement, l’association avec des États semblables peut renforcer la légitimité d’un régime faible en démontrant qu’il fait en réalité partie d’un mouvement plus large. Quatrièmement enfin, l’idéologie en elle-même peut prescrire l’alignement et l’association, à l’instar de l’internationale communiste ou du panarabisme par exemple21.
Walt interroge néanmoins la force explicatrice d’un tel critère, en étudiant notamment les idéologies fondées sur la séparation et la distinction. Deux nationalistes pourront-ils s’allier par idéologie ? Il note de même que l’importance de l’idéologie peut être surestimée par les discours des chefs d’État. Le discours de « solidarité idéologique » comporte en effet une force légitimatrice le rendant appréciable pour un décideur politique, qui le préfèrera, dans ses communications officielles, à l’argument plus controversé des intérêts économiques jugés égoïstes. Avec l’étude des principales alliances contractées depuis 1815, Walt conclut que l’idéologie mérite d’être étudiée dans la formation des alliances, bien que son rôle soit faible ou difficile à mesurer.
- Allié de carreau : une alliance fondée sur le cadre normatif
Le dernier type d’allié « disponible » pour un État est l’allié de carreau. Celui-ci correspond à l’acteur s’illustrant dans un cadre normatif, fondé sur le droit. Ces alliances ont pu être originellement fondées sur l’une des raisons précédemment mentionnées, mais dans le temps, elles sont devenues un mécanisme de droit contraignant les États dans leur usage de la force.
L’article 5 de la Charte atlantique constitue l’exemple le plus éclairant. Ainsi, comment expliquer l’implication d’un pays comme le Danemark en Libye ? Le comportement du colonel Kadhafi ne constituait pas une menace directe pour le Danemark ; l’alliance n’apportait pas fondamentalement d’avantage stratégique à celui-ci ; et la similitude idéologique, si elle peut être invoquée vis-à-vis des acteurs majeurs de la coalition, ne semble pas suffisante pour expliquer l’implication militaire des forces danoises. Leur intervention s’est déclenchée dans le cadre de l’otan, constituant pour l’État danois un cadre normatif de référence.
Certains alliés sont donc présents dans le jeu en raison de traités contraignants passés préalablement, qui engagent les États. Aujourd’hui, la Chine est le seul État au monde à disposer d’un traité de défense avec la Corée du Nord. De même, les États-Unis sont engagés par le droit vis-à-vis de la Corée du Sud. Par ailleurs, au sein de l’otan, les États devront intervenir en cas d’attaque contre l’allié turc, en dépit du manque de relations de confiance, d’intérêts communs ou de besoins stratégiques. L’argument ici développé reprend, par certains aspects, celui du tethering régulièrement employé pour qualifier les alliances.
À travers cette typologie, nous avons présenté, dans un cadre volontairement simplifié, les différents types d’alliés présents dans le jeu des alliances à l’échelle internationale. Bien entendu, l’ordre international contemporain pourra difficilement se résumer à un jeu de cartes uniscalaire. Aujourd’hui, ces quatre profils et motivations se recoupent largement au sein de chaque acteur et de chaque alliance.
- Qu’est-ce qu’un bon allié ? Les combinaisons gagnantes
Si plusieurs types d’alliances existent, comment un acteur politique peut-il opérer le bon choix stratégique ? Comment identifier la combinaison gagnante ?
- Avoir des têtes : l’ambivalence de la puissance au sein des alliances
Il semble naturel pour un État de rechercher l’association avec un allié jugé puissant et disposant de capacités militaires importantes. Pour autant, la puissance joue un rôle ambivalent dans le mécanisme d’alliances. Si la puissance militaire peut contribuer à renforcer ses alliés, elle peut néanmoins contrevenir au bon fonctionnement de l’association et s’avérer largement inutile.
Premièrement, la puissance fait peur. Le terme anglais de balancing l’illustre bien : la formation des alliances repose sur une volonté de rétablissement d’un équilibre des puissances. En cela, l’association avec un allié jugé fort peut contrarier et déclencher la constitution d’une coalition contre la nouvelle alliance formée, jugée menaçante par les autres États. Pour Walt, le comportement d’un État vis-à-vis d’un autre État jugé fort dépendra de la perception qu’en ont les autres joueurs de l’ordre international. Quatre indicateurs permettent d’évaluer si la puissance est hostile ou non : la puissance agrégée, la proximité, les capacités offensives et, enfin, les intentions offensives22.
L’alliance avec un État fort et hostile pourra avoir des effets délétères si elle peut être perçue comme un déséquilibre de la puissance et contribue à la création d’une alliance contre lui. Dans le cas où la théorie du bandwagoning serait à l’œuvre, l’association avec une puissance pourra au contraire favoriser de nouvelles alliances. De ce point de vue, il faut noter le caractère exceptionnel de l’otan : nul n’imagine par exemple que les États-Unis puissent envahir l’Italie s’ils jugent que cette dernière devient trop puissante. La dynamique de peur intra-alliance décrite par Weitsman ne s’applique pas a priori à cette organisation23, même si l’évolution actuelle de l’alliance n’est pas exempte de surprises et de menaces.
Deuxièmement, la puissance crée des mécanismes de concurrence. Elle peut engendrer des formes de compétition et de contestation des hiérarchies au sein de l’association. Ainsi, pour un État, s’associer avec un « roi » ou un « as » pourra comporter des avantages stratégiques ou opérationnels. Cependant, si nous filons la métaphore du jeu de cartes, s’associer avec un « roi », c’est pour un acteur « reine » prendre le risque de ne devenir qu’un valet. La formation des alliances est fondamentalement liée à l’équilibre des puissances, ceci au sein même des associations entre États. De ce point de vue, si les États-Unis et l’Union soviétique appartenaient à la même alliance lors de la Seconde Guerre mondiale, c’est à la fois parce qu’ils avaient besoin l’un de l’autre (trèfle), mais aussi parce qu’ils se faisaient peur mutuellement (pique). Mais durant la guerre froide, cette alliance vole en éclats. Les deux États ont toujours besoin l’un de l’autre dans le contexte bipolaire de la dissuasion, mais ce sont désormais des opposants. De plus, ils ont toujours peur l’un de l’autre, mais cette peur se recompose dans la logique de dissuasion introduite par l’arme atomique.
Troisièmement, la puissance peut s’avérer opérationnellement inefficace, ou moins efficace que la somme théorique de ses composantes24, dès lors qu’elle agit au sein d’un collectif. En effet, la conduite des opérations à plusieurs pose un certain nombre de difficultés linguistiques, doctrinales, d’entraînements communs, ou encore d’équipements. Quand l’alliance implique de combattre conjointement, une puissance pourra faire la différence, à condition que des exercices aient été mis en place avec ses alliés pour développer des apprentissages communs.
- Le nombre : accumulation des forces ou aliénation des capacités ?
Comment évaluer le nombre idéal d’alliés au sein d’une association ? Sur les six cent quarante-huit alliances créées depuis 1815, les associations comportaient en moyenne trois membres25. Qu’en est-il exactement ?
Certains auteurs ont cherché à modéliser la longévité et l’efficacité des alliances en fonction du nombre d’acteurs y prenant part26. Mancur Olson, qui, en 1965, s’interroge sur l’action collective, s’appuie notamment sur le « paradoxe de la formation des alliances », à savoir qu’au sein d’une alliance, les agents auront moins intérêt à faire des efforts et adopteront donc un comportement de « passager clandestin » (free rider). Il montre ainsi que les plus petits groupes d’alliance apparaissent plus efficaces et gagneront plus facilement des conflits dans la mesure où ce phénomène du « passager clandestin » y sera moins apparent. Chacun des États produira donc des efforts importants qui permettront de vaincre27. John Chamberlin28 (1974) ou encore Todd Sandler29 (1992), quant à eux, ont montré que les petits groupes ne prouvaient leur efficacité que dans certaines circonstances spécifiques, à savoir quand le conflit produit des bénéfices « rivaux » source de tensions entre les alliés. Pour Sandler, au moment des décolonisations, les bénéfices issus de la protection coloniale ont créé une rivalité entre les alliés. Cette dernière se révèle d’autant plus forte que ceux-ci étaient nombreux à se partager les gains au sein de l’association. Dans ces circonstances de rivalité, une alliance plus restreinte sera plus efficace. Au contraire, les groupes d’alliance plus larges apparaîtront plus efficaces quand les alliés s’organisent autour d’un bien public non rival, notamment la dissuasion.
- Conclusion : du bon allié
Au terme de ce bref panorama, on peut s’interroger sur l’efficacité des alliances et la définition du « bon » allié. Pour Sten Rynning et Olivier Schmitt30, l’efficacité réside notamment dans la capacité de l’alliance à créer des « récits » (narratives) stratégiques cohérents destinés non seulement à leurs adversaires, mais également à leurs propres publics. Pour les deux auteurs, ces récits doivent permettent d’établir une cohérence entre les membres de l’alliance, mais aussi vis-à-vis des opinions publiques de chacun des pays engagés. Ainsi, un nombre trop important d’alliés pourra entraver cette cohérence narrative et nuire au fonctionnement opérationnel de l’alliance, comme on l’a vu lors de l’intervention en Afghanistan.
Revenons à notre métaphore des cartes : même si la main est gagnante, le résultat dépend toujours de la combinaison de l’autre. Les relations internationales sont fondées sur l’intersubjectivité, comme toute relation humaine. Toute formation d’alliance est déterminée par le comportement changeant des acteurs qui y participent ou qui s’y opposent. Le bon allié, c’est d’abord celui que l’on perçoit comme tel, quand bien même il ne répond pas toujours pleinement aux attentes.
1 Les auteurs remercient Olivier Schmitt pour ses suggestions et sa relecture attentive de cet article, qui doit beaucoup à ses travaux.
Cité par Mark A. Stoler, Allies in War. Britain and American against the Axis Power. 1940–1945, 2007
2 H. Kissinger, Diplomatie, Paris, Fayard, 1994.
3 S. M. Walt, The Origins of Alliances, Ithaca, Cornell University Press, 1987, p. 1.
4 O. Schmitt, « Alliances », in B. Durieux, J.-B. Jeangène Vilmer et F. Ramel, Dictionnaire de la guerre et de la paix, Paris, puf, 2017, p. 57.
5 Ibid., p. 58
6 O. Schmitt, Allies that Count. Junior Partners in Coalition Warfare, Washington DC, Georgetown University Press, 2018.
7 Les écrits de S. M. Walt semblent faire autorité sur ces questions. On pourra ainsi se référer à The Origins of Alliances, op. cit.. Voir aussi D. Tierney, « Does Chain-Ganging Cause the Outbreak of War? », International Studies Quarterly, vol. 55, n° 2, 2011, pp. 285-304.
8 Voir notamment J. S. Levy, « Alliance Formation and War Behavior: An Analysis of the Great Powers, 1495–1975 », Journal of Conflict Resolution,vol.25, n° 4, 1981, pp. 581-613, pour qui l’alliance constitue, généralement, un facteur de stabilisation de l’ordre international. Voir aussi S. J. Cimbala et P. K. Forster, Multinational Military Intervention. nato Policy, Strategy and Burden Sharing, Farnham, Ashgate Publishing, 2010, pour une analyse du partage des charges et contraintes au sein de l’otan. Pour une perspective axée sur la théorie des jeux de la portée d’une alliance sur le comportement d’un État, voir A. Smith, « Alliance Formation and War », International Studies Quarterly, vol. 39, n° 4, décembre 1995, pp. 405-425.
9 Pour une explication plus complète de cette distinction, voir, entre autres, O. Schmitt, « Alliances », op. cit.. Voir aussi S. M. Walt, « Alliance Formation and the Balance of World Power », International Security, vol. 9, n° 4, 1985.
10 S. M. Walt, « Alliance Formation and the Balance of World Power », op. cit., p. 33 : « Balance of power theorists from Ranke forward have persistently and persuasively shown that states facing an external threat overwhelmingly prefer to balance against the threat rather than bandwagon with it » (notre traduction : « States form alliances to balance against threats rather than bandwagon with them »).
11 G. Liska, Nations in Alliance. The limits of Interdependence, Baltimore, 1968.
12 Sur cette perspective, voir The 9/11 Commission Report : Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States, W.W. Norton & Company, 2004 ; J.-P. Filiu, Les Neuf Vies d’Al-Qaïda, Paris, Fayard, 2009 ; A. Gerges, The Rise and Fall of Al-Qaeda, Oxford, University Press, 2011.
13 S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”, op. cit., p. 12.
14 Les relations entre les deux hommes existaient bien avant 2004. Nous signalons ici cette date puisque c’est le 19 octobre 2004 que le leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, a formellement reconnu l’organisation d’Abou Moussab al-Zarqaoui, Tawhid wal djihad, comme « le relais d’Al-Qaïda en Mésopotamie ». Voir A. Gerges, isis, a history, Princeton University Press, 2017 ; M. Weiss et H. Hassan, isis : Inside the Army of Terror, Regan Arts, 2015 ; G. Kepel, Al-Qaida dans le texte. Écrits d’Oussama ben Laden, Abdallah Azzam, Ayman al-Zawahiri et Abou Moussab al-Zarqawi, Paris, puf, 2005.
15 Kautilya, Premier ministre indien du ive siècle, serait l’auteur du traité Arthashâstra, un ensemble de règles de bonne gouvernance politique comprenant des considérations stratégiques liées à l’utilisation de la ruse en temps de guerre et à la déstabilisation de l’adversaire. Sur ce traité, voir O. Patrick, King, Governance, and Law in Ancient India: Kautilya’s Arthasastra, Oxford University Press, 2013.
16 Crescenzi et al., “Reliability, Reputation and Alliance Formation”, International Studies Quarterly, vol.56, n° 2, 2012, pp. 259–274.
17 O. Schmitt, Allies that Count. Junior Partners in Coalition Warfare, op. cit.
18 S. M. Walt, “Alliance Formation and War Behavior: An Analysis of the Great Powers, 1495–1975”, op. cit.
19 Voir B. Buzan Barry, An Introduction to the English School of International Relations. The Societal Approach, Polity Press, 2014.
20 S. M. Walt, “Alliance Formation and War Behavior: An Analysis of the Great Powers, 1495–1975”, op. cit.
21 Ibid., p. 20
22 Ibid., p. 9.
23 W. J. Thies, Why Nato Endures, Cambridge university press, 2009.
24 O. Schmitt, L’Union ou la force ?, https://www.ifri.org/fr/publications/enotes/focus-strategique/lunion-defis-operations-multinationales-contemporaines
25 O. Schmitt, « Alliances », op. cit., p. 57.
26. F. Bloch, « Endogenous Formation of Alliances in Conflicts », Cahier de recherche n° 46, 2009.
27 M. Olson, The Logic of Collective Action, Harvard University Press, 1965 ; M. Olson et R. Zeckhauser, “An Economic Theory of Alliances”, Review of Economics and Statistics 47, 1966, pp. 266–279.
28 J. Chamberlin, “Provision of Collective Goods as a Function of Groups Size”, American Political Science Review, vol.68, n° 2, 1974, pp. 707–716.
29 T. Sandler, Collective Action: Theory and Applications, University of Michigan Press, 1992.
30 S. Rynning et O. Schmitt, « Alliances », p. 12, in A. Gheciu et W.C. Wohlforth, The Oxford Handbook of International Security, Oxford University Press, 2018.
“There is only one thing worse than fighting with allies, and that is fighting without them”
Winston Churchill, quoted by Mark A. Stoler,
Allies in War. Britain and America against Axis Power. 1940–1945, 2007
As a sovereign choice based on reason of state, the decision to form an alliance is one of strategic rationality, uniting military means and political ends. During the Thirty Years’ War, Cardinal Richelieu, in the name of reason of state, chose to ally Roman Catholic France with the Protestants in order to negate the growing influence of the Habsburg dynasty1. The word Alliance, with a capital “A”, also refers to the conflicts, such as the First World War, that ripped apart and refashioned the contemporary international system. For example, Germany, Austria-Hungary and Italy formed the Triple Alliance on the eve of the conflict, in 1914.
To answer the question “What is any ally?”, we must first define what we mean by the term “alliance”. For Stephen M. Walt, an alliance is “a formal or informal relationship of security cooperation between two or more sovereign states”2. This definition is enlightening but is doubtless too broad3. It does not distinguish clearly enough between an alliance, which implies a permanent accord between states, and an ad-hoc coalition “which is established to counter a precise threat and disappears after the elimination of this threat”. In this sense, an alliance can be defined as “a formal or informal association of states, agreeing on the conditions for the use of force (or threat of the use of force) against states and organizations outside the association”4.
However, as Olivier Schmidt reminds us, these distinctions tend to erode, as for example in the case of the intervention in Libya, where an alliance, nato, under mandate of the un, supported a coalition5. Moreover, an alliance is always defined as being formed between states, whereas the strategic landscape after the end of the Cold War is marked by the diversification of players on the international stage. In this context, non-state entities can be considered to be members of an alliance if they express a political will that is reflected at military level. So, an alliance can not only be defined as a “formal or informal association of states” but can now also integrate non-state entities. In this respect, our definition of an “ally” is supported by this broader concept of the alliance: the ally is a state or non-state political entity that has made the strategic choice to commit itself, in unity with one or more other political entities, to an alliance in which “the conditions for the use of force (or threat of the use of force) against states and organizations outside the association” are defined.
Political science research into alliances follows two main paths: one group of studies investigates the origin of alliances and, more precisely, the mechanisms governing their formation6, while the other group focuses on the impact of alliances on the conduct of war and the constitution of a stable world order7. In this article, we will concentrate on the first aspect, using the analogy of a card game to describe the strategic choices of the various state and non-state players and the “hands” played during a game. Choosing an ally, for the player making the choice, is equivalent to building up a winning hand from the cards available on the table and the powers already in play. Over the next few pages, we will first provide a typology describing the various possible types of ally and will then examine the winning combinations that can help to define what constitutes a “good” ally.
- What types of ally are possible?
In the classic approach to alliances, three main motivations govern their formation: balancing consists in forming an alliance against the threatening power, in order to readjust the balance of power in the international order; bandwagoning implies an alliance with a competing, or even hostile, power to keep it at a safe distance; finally, tethering constitutes an alliance in the institutional sense, governed by a set of rules intended to increase transparency and interdependence between allies8.
As Stephen Walt explains, the phenomenon of bandwagoning is very rare in contemporary strategic configurations: states prefer to oppose a state that threatens them rather than to join forces with it9. The Spain of Philip II, the France of Louis XIV and, later, of Napoleon, and Germany under Wilhelm II and then under Hitler are examples of this tendency, which is emphasized by proponents of classic realist theory. The partisans of bandwagoning argue that the dominant powers should have attracted the other states into alliance as they expanded geographically and enlarged their capacity. However, what actually happened was the opposite, with the formation of alliances to counter the dominant powers. In addition, Walt rightly regrets that the influence of ideology is underestimated. In other words, insufficient attention is paid to the criterion of ideological proximity between the players wishing to join forces.
In full acknowledgement of these works and in an attempt to expand on them, we will describe a new typology, comprising four types of allies, based on the analogy of a pack of cards—the ally of spades (or an alliance founded on fear), the ally of clubs (need), the ally of hearts (shared values) and, finally, the ally of diamonds (regulatory framework). Of course, these four types are not mutually exclusive, since the motives for entering an alliance can be mixed.
- Ally of spades: an alliance founded on fear
The first type of ally that can be envisaged by a political entity is the ally with which it shares a common enemy. As Walt said, “Alliances are most commonly viewed as a response to threats […], the more aggressive or expansionist a state appears, the more likely it is to trigger an opposing coalition” The ally of spades is a key part of an alliance “against”. This type of alliance is based on shared interests and a shared fear. It derives from a realist perspective of the balance of power. This view of the ally seems to be the most common in the literature on alliance formation. Also, one of the first works on the question, the study by George Liska Nations in Alliance10, concentrates exclusively on threat as the motive for forming an alliance.
One significant example of this type of alliance is the alliance between Pakistan and the United States against Al-Qaida after 9/11. Although inevitably mistrustful of each other, the United States of George W. Bush and the Pakistan of Pervez Musharraf coordinated their anti-terror policies to hunt down the leaders of Al-Qaida following the attack on the World Trade Center11. Similarly, the perception that the Libya of Gaddafi was acting destructively induced states as different as Egypt, Israel, France, the United States, Chad and Sudan to coordinate their political and military responses in order to defend against the activities of the dictator12.
The ally of spades does not arise from a relationship of trust. On the contrary, this form of alliance is prompted by mistrust. It results from the popular adage “The enemy of my enemy is my friend”. This relationship, defined negatively, is generally not perceived as a vector of stabilization of the world order. Alliances “against” may turn into the opposite due to fears and changing interests.
- Ally of clubs: an alliance founded on need
The ally of clubs is part of an alliance that can be described as situational, founded on technical, strategic or operational complementarity. The ally of clubs is the ally that meets the need of the moment, given the complementarity between the players in the alliance. The ally of clubs adds something, in terms of equipment, a held position or a reputation.
For example, in 2004, Abu Musab al-Zarqawi and Osama Bin Laden chose to form an alliance due to their mutual needs13. For Bin Laden, the aim was to open a privileged access to Iraqi territory, in order to “win over hearts and minds”. For al-Zarqawi, the need was for access to financial circuits and the “reputational” gains associated with the Al-Qaida brand in jihadi circuits.
The exact needs associated with the ally of clubs can be very diverse and include the technical (equipment, technology), political (reputation, legitimacy), strategic (geographical) or economic (financial) domains. Three of these needs will be examined here.
The first is geographical. As long ago as the 4th century, the writings of Kautilya14 already made the point: “The neighbours of my neighbours are my friends”. With this comment, Kautilya notes the tendency of the “encircling” states to ally against a central power. Alone, each state is vulnerable. An alliance between geographically complementary states enables them to envisage a strategy of encirclement.
The advantage can also be “reputational”. “A state’s reputation for honouring or violating its prior alliance commitments is an important predictor of that state’s ability to attract alliance partners in the future”15. Building a statistical model from the history of prior commitments of states, Crescenzi and his co-authors establish a correlation between the reputation for reliability in a situation of alliance and the strategic interest of the state within the alliance. So, the more a state has honoured its past commitments, the more “desirable” it will be in an alliance. Examining the more short-term situations of coalitions, Olivier Schmitt also notes the influence of standing (a combination of “reputation” and “prestige”) in the coalition strategies of small states with military capacities that are considered weak16.
Finally, the need prompting the formation of an alliance can be financial. For example, researchers study the links between alliance formation and development aid, concluding that “over history, states have offered financial incentives to attract allies” Walt reminds us that Soviet arms assistance to the Cuban and Nicaraguan regimes threatened to transform Central America into a new Soviet sphere of influence, or “another Eastern Europe”, in America’s own back yard, leading the US Secretary of State, James Buckley, to increase American arms transfers to help “revitalize American alliances”.17
- Ally of hearts: an alliance founded on shared values
The third type of ally, the ally of hearts, has a relationship based on ideological proximity. Allies of hearts come together because the they each belong to “international society”, as defined by the thinkers of the English School. They mutually recognize each other18.
Drawing on Hans Morgenthau’s notion of “ideological solidarity”, Walt has written at length on the role played by ideology in the formation of alliances. Similarity is often perceived as a secondary factor by adherents of classic realist theory, except in the case of Raymond Aron. However, as Walt reminds us, it is one of the first motives publicly announced by political decision-makers in their official communications. For example, in Mozambique, Somar Machel justified his alliance with the Soviet Union by qualifying the two states as “natural socialist allies”. Similarly, John Foster Dulles justified American support for Chiang Kai-shek and Synghman Rhee by proclaiming that these leaders “were Christian gentlemen … who have suffered for their faith”19.
Walt identifies four main strategic interests that are served by an ally of the heart. First, this type of ally proves valuable when defending principles. Second, states that share ideological characteristics are less fearful of each other and cannot easily imagine that a state perceived as “good” could attack them. Third, an alliance with similar states can reinforce the legitimacy of a weak regime by demonstrating that it is in fact part of a broader movement. Finally, fourth, the ideology in itself can prescribe alignment and association, as was the case of the Communist International or Pan-Arabism, for example.20
Walt nevertheless examines the explanatory force of this criterion, in particular by studying ideologies based on separation and distinction. Can two nationalists become allies through ideology? He also notes that the importance of ideology can be overestimated in the speeches of heads of state. The argument of “ideological solidarity” does carry with it a legitimizing force that makes it attractive to a political leader, who will always prefer to cite it, in official communications, rather than to explain the more controversial argument of economic interests, which are considered selfish. In the study of the main alliances contracted since 1815, Walt concludes that ideology deserves to be studied in the formation of alliances, ever if its role is weak or difficult to measure.
- Ally of diamonds: an alliance founded on the regulatory framework
The last type of ally “available” to a state is the ally of diamonds. This category of ally corresponds to a power that acts within a regulatory framework, founded on law. These alliances may have originally been founded on one of the other reasons mentioned above, but, over time, they have become a mechanism of law that constrains states in their use of force.
Article 5 of the North Atlantic Treaty is the clearest example. Otherwise, how do we explain the implication of a country like Denmark in Libya? The behaviour of Colonel Gaddafi did not constitute a direct threat to Denmark: the alliance did not provide any fundamental advantage to the country, and “ideological similarity”, while it could be invoked in the case of the major players in the coalition, did not seem sufficient to explain the military implication of the Danish forces. Their intervention was triggered in the framework of nato, which constitutes a fundamental legal framework for the Danish state.
Some allies are therefore present in the field due to their binding commitment to treaties signed by the state in the past. Today, China is the only state in the world that has a defence treaty with North Korea. Similarly, the United States is committed by law to South Korea. Additionally, in nato, states are obliged to intervene in the event of an attack against their Turkish ally, despite the lack of relations of trust, common interests or strategic needs. In some respects, the argument developed here echoes the doctrine of tethering, which is regularly used to qualify alliances.
With the above typology, we have provided a deliberately simplified framework to describe the various types of ally present in the interplay of alliances at the global level. Of course, the current world order cannot simply be resumed in terms of a card game played at the single scale of inter-state relations. Today, these four profiles and motives frequently intersect in each player and each alliance.
- What is a good ally? The winning combinations
If several types of alliance exist, how can a political entity make a good strategic choice? How do you identify the winning hand?
- Having leaders: the ambivalence of power in alliances
It seems only natural for a state to seek association with an ally that is considered powerful and has significant military capabilities. However, power plays an ambivalent role in the mechanism of alliances. Although military power can contribute to strengthening a state’s allies, it can also impede the smooth workings of the alliance and can prove to be largely useless.
In the first place, power arouses fear. The term balancing is a good illustration of this point: the formation of alliances is based on the desire to restore a balance of power. In that sense, an alliance with an ally judged to be powerful can generate hostility and trigger the constitution of a coalition against the newly formed alliance, which is judged threatening by the other states. For Walt, the behaviour of one state towards another state that is considered strong will depend on the perception of the stronger state by the other players in the world order. Four indicators can help to identify whether a state is hostile or not: these indicators are aggregate power, proximate power, offensive power and, finally, offensive intentions21.
An alliance with a strong and hostile state can have deleterious effects if the alliance can be perceived as creating an imbalance of power and contributes to the creation of an alliance against it. By contrast, if bandwagoning theory is in operation, alliance with a strong power will have the effect of stimulating new alliances. From this point of view, the exceptional character of nato should be noted: for example, no-one imagines that the United States could invade Italy if the us were to consider that Italy was becoming too powerful. Evidently, the dynamic of intra-alliance fear described by Weitsman does not apply to this organization22, even if the current evolution of the alliance is not exempt from surprises and threats.
Secondly, power creates mechanisms of competition. Power can engender forms of rivalry and the challenging of hierarchies within the alliance. For example, allying with a “king” or “ace” may bring strategic or operational benefits to a state. However, remaining with the metaphor of the card game, if a “queen” allies with a “king”, she runs the risk of being devalued to no more than a “jack”. The formation of alliances is fundamentally linked to the balance of power, including within the inter-state alliances themselves. From this point of view, although the United States and the Soviet Union belonged to the same alliance during the Second World War, the reasons were not only that they needed each other (clubs) but also that they had a reciprocal fear of each other (spades). However, during the Cold War, this alliance was shattered. The two states continued to need each other in the bipolar context of deterrence, but they became adversaries. Moreover, they have always been afraid of each other, but this fear is reshaped by the logic of mutual deterrence introduced by nuclear weapons.
Thirdly, power can be operationally ineffective, or less effective than the theoretical sum of its parts23, when this power is wielded in a collective. The conduct of operations by a combination of different forces can lead to linguistic and doctrinal problems and to difficulties of joint training and shared equipment. If the alliance implies combined combat by joint forces, one power can make all the difference, provided that joint exercises have been established with its allies to develop shared learning.
- Quantity: accumulation of forces or alienation of capabilities?
How should we evaluate the ideal number of allies in an alliance? Of the six hundred and forty-eight alliances formed since 1815, the average number of allies in each alliance is three. 24. What exactly does this mean?
Some authors have attempted to model the endurance and effectiveness of alliances as a function of the number of allies taking part25. Mancur Olson, who in 1965, investigated the question of collective action, focused mainly on the “paradox of alliance formation”, namely, that the members of an alliance will have less interest in contributing their own efforts and will therefore adopt a position of “free riders”. He shows that small allied groups, to the extent that this free-rider problem is less apparent, seem to be more efficient and will more easily win conflicts. Each of the states in these smaller groups will therefore make significant efforts that will ensure victory26. In their turn, J. Chamberlin27 (1974) and T. Sandler28 (1992) have shown that small groups only demonstrated their efficiency in certain specific circumstances, namely when the conflict produces “rivalrous” benefits that are a source of tension between allies. For Sandler, in the era of decolonization, the benefits of colonial protection created a rivalry between allies. This rivalry is found to grow stronger in proportion to the number of allies sharing the gains in the alliance. In circumstances of rivalry, a more limited alliance will be more effective. By contrast, an alliance between large groups appears more effective when the allies are organized to provide a non-rivalrous public good, in particular deterrence.
- Conclusion: the good ally
On concluding this brief panorama, the question of the effectiveness of alliances and of the definition of a “good” ally remains. For Sten Rynning and Olivier Schmitt29, effectiveness resides in the ability of the alliance to create coherent strategic “narratives”, not only aimed at their adversaries but also for their own public. For these two authors, the narratives must establish cohesiveness not only between the members of the alliance but also in the public opinion of each of the countries in the alliance. So, an excessive number of allies could impede this narrative consistency and impair the operational effectiveness of the alliance, as has been seen, for example, in the intervention in Afghanistan.
Returning to our analogy of the card game: even if you have a winning hand, the result will always depend on the hand of the other player(s). International relations, like all human relations, are founded on inter-subjectivity, Every alliance formation is determined by the changing behaviour of the players joining or opposing it. The good ally is first and foremost the ally perceived as such, even when not always fully meeting expectations.
1 H. Kissinger, Diplomacy, Simon & Schuster, 1994.
2 S. M. Walt, The Origins of Alliance, Ithaca, Cornell University Press, 1987, p. 1.
3 O. Schmitt, « Alliances », in B. Durieux, J.-B. Jeangène Vilmer and F. Ramel, Dictionnaire de la guerre et de la paix, Paris, puf, 2017, p. 57.
4 Ibid., p. 58
5 O. Schmitt, Allies that count. Junior Partners in Coalition Warfare, Georgetown University Press, 2018.
6 The writings of S. M. Walt seem to be the accepted authority on these questions. So, we can refer readers to The Origins of Alliance, op. cit. See also D. Tierney, “Does chain-ganging cause the outbreak of War?”, International Studies Quarterly, vol. 5, No. 2, 2011, pp. 285–304.
7 See especially J. S. Levy, “Alliance Formation and War Behavior: An Analysis of the Great Powers, 1495–1975”, Journal of Conflict Resolution, 25(4), 1981, pp. 581–613, which sees alliances, generally, as a factor of stabilization of the international order. See also S. J Cimbala et P. K. Forster, Multinational Military Intervention. nato Policy, Strategy and Burden Sharing, Ashgate Publishing, 2010, for an analysis of the sharing of burdens and constraints within nato. For a perspective based on game theory and the impact of an alliance on the behaviour of a state, see A. Smith, “Alliance Formation and War”, International Studies Quarterly, vol. 39, No. 4, 1995, pp. 405–425.
8 For a more complete analysis of this distinction, see, among other works, O. Schmitt, “Alliances”, op. cit. See also S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”, International Security, vol. 9, n° 4, 1985.
9 S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”, op. cit., p. 33: “Balance of power theorists from Ranke forward have persistently and persuasively shown that states facing an external threat overwhelmingly prefer to balance against the threat rather than bandwagon with it” (or in our own paraphrase: “States form alliances to balance against threats rather than bandwagon with them”).
10 G. Liska, Nations in Alliance. The limits of Interdependence, Baltimore, 1968.
11 Concerning this perspective, see The 9/11 Commission Report: Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States, W. W. Norton & Company, 2004; J.-P. Filiu, Les Neuf Vies d’Al-Qaïda, Paris, Fayard, 2009 ; A. Gerges Fawaz, The Rise and Fall of Al-Qaeda, Oxford University Press, 2011.
12 S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”, op. cit., p. 12:
13 Relations between the two men existed well before 2004. We give 2004 as the date here, because it was on October 19th, 2004 that the leader of Al-Qaida, Osama Bin Laden, formally recognized the organization of Abu Musab al-Zarqawi, Tawhid-wal-Jihad, as “the branch of Al-Qaida in Mesopotamia”. See A. Gerges Fawaz A., isis, a history, Princeton University Press, 2017; M. Weiss and H. Hassan, isis: Inside the Army of Terror, Regan Arts, 2015; G. Kepel, Al-Qaïda dans le texte. Écrits d’Oussama ben Ladan, Abdallah Azzam, Ayman al-Zawahiri et Abou Moussab al-Zarqawi, Paris, puf, 2005.
14 Kautilya, traditionally identified as Chanakya, the chief advisor to successive Indian emperors during the 4th century, is the author of the political treatise Arthashastra, a set of rules of good political governance, including strategic considerations concerning the use of subterfuge in time of war and the destabilization of the adversary. For more on this treatise, see O. Patrick, King, Governance, and Law in Ancient India: Kautilya’s Arthasastra, Oxford University Press, 2013.
15 Crescenzi et al., “Reliability, Reputation and Alliance Formation”, International Studies Quarterly, 56(2), 2012, pp. 259–274.
16 O. Schmitt, Allies that count. Junior Partners in Coalition Warfare, Georgetown University Press, 2018.
17 S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”: op.cit.
18 See B. Buzan Barry, An introduction to the English School of International Relations. The Societal Approach, Polity Press, 2014.
19 S. M. Walt, “Alliance Formation and the Balance of World Power”: op.cit.
20 Ibid., p. 20
21 Ibid., p. 9
22 W. J. Thies, Why Nato Endures, Cambridge up, 2009.
23 O. Schmitt, L’Union ou la force, https://www.ifri.org/fr/publications/enotes/focus-strategique/lunion-defis-operations-multinationales-contemporaines
24 O. Schmitt, « Alliances », op.cit., p. 57.
25 F. Bloch, « Endogenous formation of alliances in conflicts », Cahier de recherche 2009-46, 2009.
26 M. Olson, The Logic of Collective Action, Harvard University Press, 1965; M. Olson and R. Zeckhauser, “An economic theory of alliances”, Review of Economics and Statistics 47, 1966, pp. 266–279.
27 J. Chamberlin, “Provision of collective goods as a function of groups size”, American Political Science Review 68, 1974, pp. 707–716.
28 T. Sandler, Collective Action: Theory and Applications, University of Michigan Press, 1992.
29 R. Sten et O. Schmitt, “Alliances”, p. 12, in Gheciu Alexandra and William C. Wohlforth, The Oxford Handbook of International Security, 2018.