L’histoire de la pin-up est intimement liée aux événements du xxe siècle. Cette image, en raison de son omniprésence, de son succès et de sa capacité d’adaptation, constitue un chapitre riche et significatif de la culture populaire occidentale. Littéralement « image punaisée », la pin-up naît aux États-Unis dans les années 1920-1930 durant l’âge d’or de la presse. Dans la continuité d’une tradition française de dessins érotiques légers, elle suit les traces de la Gibson Girl, première représentation féminine à paraître sous forme de poster. C’est la Seconde Guerre mondiale qui transforme la production d’images de pin-up en une industrie florissante. Les confidences de Hugh Hefner, créateur de Playboy, sont révélatrices de leur omniprésence : « Après l’école, mon diplôme en poche, je me suis engagé dans l’armée. Comme n’importe quel garçon faisant son service, j’avais tout le minimum vital dans ma cantine : un uniforme, un casque et une pin-up. »
La guerre met particulièrement en évidence l’emploi stratégique de cet archétype érotique. Le pouvoir de cette image réside dans sa capacité à paraître innocente tout en se rattachant aux codes classiques de la séduction : c’est l’érotisme de la « fille d’à côté ». À l’inverse des vamps des années 1930, la pin-up est une fille simple, saine, au visage presque enfantin, mais aux attributs sexuels très marqués : seins en obus, jambes interminables, taille de guêpe, fesses hautes. Beauté occidentale aux poses suggestives, elle est sexy mais reste chaste, surprise à son insu dans des situations qui découvrent ses dessous et son anatomie. Elle ne dévoile pas son corps volontairement. Et le voyeur l’est par hasard, sans intention de sa part. Ces mises en scène, qui se caractérisent par l’humour et l’improbabilité des situations, permettent d’érotiser la femme sans en faire un sujet sexuel actif, en lui conservant fraîcheur et naïveté. La fonction de pin-up comme lien, soupape et garantie d’un ordre social durant cette période de crise apparaît donc très clairement. Par son utilisation massive sur les différents fronts mais aussi à l’arrière, la pin-up joue un rôle non négligeable dans la propagande militaire.
Ainsi, au cours de la Seconde Guerre mondiale, différentes missions lui sont confiées. Très rapidement en effet, les autorités vont user et abuser de cette iconographie pour canaliser la sexualité des hommes. En parallèle, à l’arrière du front, la circulation de ces images est tout aussi importante et la pin-up acquiert une fonction symbolique dans l’effort de guerre. Enfin l’appropriation et la déclinaison de ces pin-up par les soldats permettent de mesurer cette influence.
- Gérer la sexualité, l’érotisme officiel de la pin-up
Dès l’entrée en guerre des États-Unis le 8 décembre 1941, les stéréotypes sexués et sexuels sont réactivés : virilité des engagés et dévouement féminin. L’affirmation de la virilité s’accomplit notamment au travers de la sexualité. Le contrôle de la morale sexuelle devient un facteur stratégique déterminant. Les besoins sexuels du personnel sous les armes demeurent une des préoccupations principales des autorités militaires, qui utilisent très rapidement ces pin-up, plus que jamais nécessaires à la gestion de la frustration collective des hommes partis au front. L’intérêt tactique de cette gestion réside, du point de vue militaire, dans le contrôle sanitaire régulier du personnel, censé limiter la propagation des maladies vénériennes, lutter contre l’homosexualité (la guerre est l’affaire de « vrais hommes »), mais aussi éviter que les troupes puissent commettre des exactions sexuelles sur les populations autochtones.
Les pin-up permettent de rassurer sur la virilité et l’hétérosexualité des soldats sans exacerber leurs angoisses tout en leur offrant un sujet virtuel de fixation érotique. Ce rôle nécessaire d’apaisement explique l’air de vierges débordantes de santé que présentent ces images féminines. Les hommes ont plus que jamais besoin d’évasion et du réconfort apporté par le sexe, mais il faut éviter de leur rappeler que leurs épouses et leurs petites amies esseulées ont les mêmes besoins. Certains magazines féminins proposent aussi des images de pin-up et des conseils pour mieux leur ressembler. Ceci s’inscrit dans une stratégie censée rassurer les protagonistes en donnant aux femmes des modèles charmants, certes, mais chastes et passifs. L’image à la fois drôle et doucement érotique de la cheesecake, autre dénomination de la pin-up, correspond à la mise en place d’une double morale sexuelle et sexuée.
Dans la continuité des magazines diffusant déjà des images de pin-up avant le conflit, se développe alors une presse nouvelle dédiée aux soldats : Yank (hebdomadaire) et Stars and Stripes (quotidien). La décision de publier des images de femmes dans ces revues est prise au plus haut niveau, par les chefs d’états-majors et par le secrétaire d’État à la Guerre. Les états-majors les considèrent comme des instruments essentiels au maintien du moral des troupes. Ces publications sont gratuites et acheminées par courrier. Dans chaque rédaction, la sélection des dessins ou clichés est soumise à des critères précis de pudeur et de bon goût imposés par l’encadrement militaire : des images érotiques certes, mais non pornographiques. Elles doivent faire naître la nostalgie et le rêve, non la frustration trop forte ou le manque déstabilisateur et désespérant. Les images de pin-up sont un bon stimulus sexuel et salutaire pour l’autoérotisme – l’allusion à leur utilisation comme support masturbatoire apparaît en filigrane dans les lettres des soldats.
- La pin-up aux couleurs de l’Amérique
Pour le soldat, les pin-up symbolisent donc à la fois les femmes restées au pays et un certain « éternel féminin » qu’il faut protéger et défendre. Au fil des années de guerre, les éditeurs de magazines, de revues et de calendriers augmentent leur production de pin-up, qui deviennent de plus en plus patriotiques. Ils exploitent toutes les formes et supports imaginables afin de remonter le moral des troupes tout autant que celui des citoyens qui les soutiennent. Alberto Vargas, dessinateur très célèbre de pin-up, alimente ce besoin de patriotisme en donnant à ses créatures un aspect américain stéréotypé et en les habillant souvent d’éléments de costumes militaires, rarement complets. Ce qui leur permet d’être à la fois érotiques et patriotiques.
Tout comme durant la Première Guerre mondiale, ces représentations féminines vont alors incarner la patrie à défendre. Certaines images de pin-up sont utilisées pour les campagnes de recrutement et de mobilisation des hommes. D’autres dessinateurs choisissent de mettre en avant la mobilisation des femmes en rendant hommage aux différents corps militaires féminins : auxiliaires féminines de l’infanterie (wave), auxiliaires féminines de la Marine (wac), infirmières... En parallèle, la figure de Rosie the Riveteuse, représentation féminine aux codes virils (bras musclés et bleu de travail) créée par Norman Rockwell en 1943, enjoint les femmes à occuper les postes laissés vacants par les hommes dans les usines.
Les pin-up participent également à l’effort économique de guerre : une de celles créées par Earl Moran est ainsi vêtue d’un justaucorps blanc et d’une cape rouge, coiffée du haut-de-forme de l’oncle Sam aux couleurs des États-Unis, et montre du doigt une affiche sur laquelle on peut lire « Buy War Bonds ».
Conjointement à ces dessins, de très nombreuses femmes, actrices, starlettes ou chorus girls vont s’investir dans l’effort de guerre. Recrutées par centaines pour des missions les plus diverses, elles sont sollicitées aussi bien par des organismes de propagande, des œuvres de bienfaisance, des organisateurs de spectacles destinés à soutenir le moral des civils et des soldats, que par les responsables de campagnes orchestrées pour obtenir le soutien matériel et aider financièrement les populations. L’actrice Betty Grable devient la pin-up la plus populaire auprès des soldats américains grâce à une photo en maillot de bain jaune prise en 1943. Ce cliché connaît un succès phénoménal et annonce l’arrivée de pin-up de chair.
- L’appropriation des pin-up par les soldats
La Seconde Guerre mondiale voit se multiplier les supports sur lesquels apparaissent les pin-up. Elles ornent bientôt le nez des avions. Avec le Nose Art, les combattants s’inscrivent dans une ancienne symbolique : le besoin des hommes de personnaliser des objets de destruction ou de défense, d’y investir leur confiance et leur attachement en les parant de représentations féminines. Tour à tour habitat, prolongement corporel, arme défensive et agressive, cercueil, l’avion constitue pour l’aviateur et son équipage un enjeu primordial. C’est pourquoi la pin-up est peinte systématiquement du côté du pilote, près de sa cabine.
Dans leur dénomination et leur graphisme, les pin-up se personnalisent, prennent corps. En effet, elles partagent le dur quotidien des mobilisés et accompagnent l’aviateur dans ses missions les plus risquées. L’allusion érotique ou sexuelle est très visible dans le choix de leur dénomination ainsi que l’humour, inhérent à toute cette imagerie : Never Satisfied, Vicky the Vicious Virgin. Il est intéressant de noter que plus le conflit s’éternise et plus les dessins sont osés. La tension, l’isolement entraînent, chez les appelés, le besoin de plus en plus visible d’être rassurés, de garder un lien avec le pays et le manque de plus en plus prégnant de présence féminine. Ainsi, l’éloignement joue un rôle important dans l’abandon de la retenue des artistes du Nose Art.
Les avions dont les fuselages ont été le plus souvent peints sont soit des bombardiers comme les b-17 « Forteresses volantes », les b-24 « Liberator » ou les hp-57 « Halifax », soit des chasseurs comme les p-47 « Jug ». Plus que jamais, les hommes ressentent la nécessité de marquer les engins de mort du sceau de Vénus, comme pour féminiser le pouvoir destructeur de leurs machines. À travers l’arme, notamment lorsque celle-ci est « décorée », identifiable, personnalisée, et donc potentiellement maîtrisée, le soldat exprime sa virilité, ce sentiment de domination et de puissance physique qu’elle lui confère. Puissance de feu et puissance sexuelle sont ainsi intimement mêlées dans l’imaginaire militaire. L’association femme sexy et objet de guerre trouve son apogée avec la présence de pin-up sur les bombes larguées par les avions. Rita Hayworth aurait été dessinée sur la bombe atomique lâchée le 6 juin 1945 sur Hiroshima.
Les soldats perpétuent également la pratique du tatouage de représentations féminines, traditionnelle chez les marins. Se faire tatouer, en temps de guerre, relève de plusieurs motivations : marquer dans sa chair son appartenance au groupe et lier cette épreuve initiatique à toutes celles qui sont supportées au cours de cette période très particulière. Le tatouage devient alors un défi qui fait appel à des qualités dites viriles. Les pin-up tatouées, tout comme les images de femmes que l’on trouve dans les baraquements des soldats, pallient elles aussi une absence affective. Elles rappellent aux soldats les motifs de leurs combats. Elles symbolisent la fiancée, la « fille d’à côté », celle qui patiente jusqu’au retour des jeunes hommes. Le soldat accorde en plus à ces pin-up une valeur de fétiche, de talisman porte-bonheur. Elles sont à la fois féminité apaisante et protection du soldat. Le tatouage permet aussi au soldat d’avoir sa pin-up gravée dans la chair, de « l’avoir dans la peau ». Il affirme son hétérosexualité grâce au tatouage d’une femme sur son corps.
Le tatouage se conçoit alors comme une extériorisation des valeurs masculines traditionnelles dont le monde militaire ne cesse de faire l’éloge : fermeté et résistance face à la douleur, puissance sexuelle et guerrière. Il contribue à endurcir et à viriliser l’apparence de ces hommes qui ont été habitués à traduire sur leurs corps les qualités morales exigées d’eux. Le soldat tatoué s’affirme ainsi dans le monde des hommes hétérosexuels en tant qu’homme à femmes, séducteur à succès, playboy et coureur de jupons. La pin-up tatouée autorise alors l’avènement du soldat héros et participe à la confirmation d’une masculinité triomphante.
La Seconde Guerre mondiale est un moment charnière de l’histoire des pin-up et met en évidence l’utilisation stratégique de ces « femmes de papier ». Encourager, soutenir et canaliser, telles ont été les fonctions militaires de ces girls. Pourtant, malgré cette immense popularité, des femmes et des hommes engagés dans ce conflit dénoncent l’instrumentalisation de ces images en soulignant par exemple le fait qu’il n’existe pas d’équivalent masculin ou en préférant idolâtrer les bénévoles de la Croix-Rouge. Mais incarnant la patrie à défendre, ces représentations féminines, figures d’optimisme et d’espoir, acquièrent peu à peu le rôle de symbole national des États-Unis.
En 1950, les pin-up se trouvent au seuil d’une nouvelle ère pleine de promesses. Et leur rôle suit cette mutation. Désormais parfaitement intégrées dans la culture populaire de la nation américaine, elles deviennent alors un excellent moyen de promotion. Icônes de la publicité, elles servent la société de consommation en présentant une image positive de vie, d’abondance, de jeunesse et de beauté. Elles symbolisent une économie florissante, un avenir radieux, et matérialisent les valeurs d’une société américaine victorieuse et en pleine expansion.
Hugh Hefner a bien retenu les leçons de cet érotisme de la « fille d’à-côté ». En 1953, le premier numéro de Playboy paraît avec, en page centrale, la première playmate d’une longue série : Marilyn Monroe. Dans les pages du magazine, on trouve aussi quelques Vargas Girls jusqu’en 1978. Mais les mentalités changent, les mœurs évoluent, la photographie remplace le dessin... C’est la playmate, beaucoup moins chaste que ses aînées, qui partira au front lors de la guerre du Vietnam.
The history of the pin-up is intimately linked to the events of the 20th century. Due to its omnipresence, success and adaptability, the pin-up constitutes a rich and significant chapter in Western popular culture. As an image to be literally pinned up (on a wall or locker door etc.), the pin-up was born in the United States in the years 1920—1930, during the golden age of the press. Continuing a French tradition of soft erotic drawings, the pin-up followed in the footsteps of the Gibson Girl, the first illustration of a woman to be published in the form of a poster. During the Second World War, the production of pin-up pictures became a flourishing industry. The reminiscences of Hugh Hefner, creator of Playboy, reveal their ubiquity: “After school, armed with my diploma, I joined the army. Just like any boy doing his military service, I had the minimum essentials in my case—a uniform, a helmet and a pin-up.”
The strategic utility of this erotic archetype became particularly evident during wartime. The power of this image comes from its ability to appear innocent while conjuring up the classic codes of seduction: it is the eroticism of the “girl next door”. Unlike the vamps of the 1930s, the pin-up is a simple and wholesome girl, with an almost childlike face but with very marked sexual attributes—bombshell breasts, interminably long legs, wasp waist and high buttocks. A western beauty posing suggestively, she is sexy but remains chaste, caught by surprise in situations that reveal her undergarments and anatomy. She is not willingly showing her body. And the voyeur is only seeing her by chance, without any deliberate intention on his part. These staged poses are characterized by the humour and improbability of the situation, which allows the woman to be eroticized without transforming her into an active sexual subject, preserving her freshness and innocence. So, the function of the pin-up is very clear, as connection, safety-valve and guarantee of social order during this time of crisis. By its massive use on the various fronts of war but also back home, the role of the pin-up in military propaganda was by no means negligible.
For example, during the Second World War, different missions were assigned to the pin-up. Very rapidly, the authorities began to use and abuse this iconography to channel the sexuality of the men. At the same time, back home, the circulation of these images was just as large, and the pin-up acquired a symbolic function in the war effort. Finally, the appropriation and classing of these pin-ups by the soldiers also provide a measure of their influence.
- The management of sexuality:
the official eroticism of the pin-up
With the entry of the United States into the war on December 8th, 1941, the sexualized and sexual stereotypes—the masculine virility of the enlisted men and the feminine devotion of the American woman—were reactivated. The affirmation of virility is expressed in particular by sexuality. The control of sexual morality became a decisive factor in strategy. The sexual needs of the personnel remained one of the main preoccupations of the military authorities, which very soon took to using these pin-ups, who were more necessary than ever in managing the collective frustration of the men who had left for the front. From the military point of view, the tactical merits of this management included regular health inspections of the personnel, with the intention of limiting the spread of venereal diseases, combating homosexuality (war is for “real men”) and also preventing the troops from committing sexual exactions on the local populations.
Pin-ups reassured the soldiers of their virility and heterosexuality, without exacerbating their anxieties, while giving them a virtual focus for erotic fixation. This need for pacification explains the air of wholesome, virginal health conveyed by these illustrations of women. More than ever, the men needed the escape and solace provided by sex, but the authorities also had to avoid reminding them that their wives and girlfriends also had the same needs. So, some women’s magazines also offered images of pin-ups and advice on how to look more like them. These developments were part of a strategy designed to reassure the male protagonists while also giving the women models that, although charming and seductive, were also chaste and passive. The mixture of humour and soft eroticism of the Cheesecake (another name for the pin-up) corresponded to the establishment of a double-edged sexual and sexualized morality.
In continuity with magazines that already published illustrations of pin-ups before the war, a new type of press was developed especially for the soldiers, with Yank (weekly) and Stars and Stripes (daily). The decision to publish pictures of women in these magazines was taken at the highest level by the military commanders and by the Secretary of War. The chiefs of staff of the armed forces considered pin-ups to be essential to maintaining the morale of the troops. These publications were free and delivered by post. In each editor’s office, the selection of drawings or photos was subject to the precise criteria of chastity and good taste imposed by the military authorities: the pictures had to be erotic, yes, but not pornographic. They should evoke nostalgia and dreams without awakening excessive frustration or a destabilizing and desperate sense of lack. Pictures of pin-ups were a good sexual stimulus and were healthy for auto-eroticism—allusions to their use as a masturbatory support can be read between the lines of soldiers’ letters.
- Pin-ups in the colours of America
So, for the soldiers, pin-ups symbolized both the women who had stayed at home an ideal of the “eternal feminine”—a young woman who had to be protected and defended. Over the years of the war, the publishers of magazines, reviews and calendars increased their production of pin-ups, which became more and more patriotic. Publishers used every form and media imaginable to raise the morale of the troops and the citizens supporting them. Alberto Vargas, a very famous pin-up illustrator, fed this need for patriotism by giving his creatures a stereotypically American aspect and often dressing them in items of military attire, which were rarely complete. This enabled them to be both erotic and patriotic.
As in the First World War, these representations of the feminine would come to incarnate the country to be defended. Pictures of pin-ups were also used for recruitment and mobilization campaigns. Other artists chose to highlight the mobilization of women in their illustrations, paying tribute to the various women’s military corps—the women’s auxiliaries for the navy (wave) and army corps (wac), nurses etc. At the same time, the image of Rosie the Riveter created by Norman Rockwell in 1943, depicting a woman while adopting virile codes (muscular arms and working clothes), encouraged women to occupy the posts vacated by the men in the factories.
Pin-ups also played a part in the economic effort of the war: for example, one of the pin-ups created by Earl Moran was dressed simply in tight and scanty white beach-wear and a red cape, with the top hat of Uncle Sam in the colours of the US flag on her head, pointing to a poster that reads “Buy War Bonds”.
At the same time as these illustrations, many women—actresses, starlets or chorus girls—committed themselves to the war effort. Recruited in their hundreds for a vast variety of missions, they were in high demand from propaganda organizations, charities, organizers of shows designed to sustain the morale of civilians and soldiers, as well as from the managers of orchestrated campaigns intended to obtain ministerial support and provide financial aid to the public. Actress Betty Grable became the most popular pin-up with the American soldiers, thanks to a photo of her in a yellow swimsuit taken in 1943. This photo achieved phenomenal success and announced the arrival of the real-life pin-up.
- Appropriation of pin-ups by the soldiers
With the Second World War, pin-ups started appearing on a wider variety of surfaces. They soon adorned the noses of aeroplanes. With Nose Art, air crews were echoing an ancient symbolism—the need for men to personalize objects of destruction or defence and to accord them their trust and attachment by decorating them with images of women. Given the aeroplane’s successive roles as habitat, extension of the body, weapon of defence and attack, and coffin, it took on primordial importance for pilot and crew. That is why the pin-up was systematically painted on the pilot’s side of the plane, next to his cabin.
By their names and graphic style, pin-ups were becoming personalized and real. They were sharing the daily life of the mobilized soldiers and accompanying the airmen on their most dangerous missions. The erotic or sexual allusion is very visible in the choice of names for these nose art pin-ups and in the humour inherent to this imagery, including, for example Never Satisfied, Vicky the Vicious Virgin etc. It is interesting to note that the longer the conflict continued, the more explicit the illustrations became. Tension and isolation were engendering an increasingly visible need for the conscripts to be reassured and to maintain a link with the home nation, while also revealing an increasingly acute sense of the lack of feminine presence. In other words, distance played a major role in the abandoning of restraint by nose art artists.
The planes with the most frequently painted fuselages were bombers such as the B17 “flying fortresses”, the B24 “liberators” or HP57 “Halifaxes” of fighter planes such as the P47 “Jug”. More than ever, the men felt the need to mark these engines of death with the seal of Venus, as if to feminize the destructive power of their machines. Through his weapon, especially if it is “decorated”, identifiable, personalized and therefore, potentially, mastered, the warrior expresses his virility and the sense of dominance and physical power that it confers on him. The power of fire and sexual potency are intimately linked in military imagery. The ultimate association of the sexy woman and the object of war came with the presence of pin-ups on the bombs dropped from these planes. Rita Hayworth was reportedly drawn on the atom bomb dropped on Hiroshima on June 6th, 1945.
Soldiers also perpetuated the traditional sailor’s practice of having themselves tattooed with images of women. There are several reasons why men get tattoos in wartime: tattoos indelibly mark the flesh with their membership of a group, and they associate this ordeal of initiation with all the other ordeals endured during this very special period. The tattoo therefore became a challenge, appealing to so-called “virile” qualities. Tattoos of pin-ups, like the pictures of women found in soldiers’ barracks, also served to alleviate the absence of feminine affection. They reminded soldiers why they were fighting. They symbolized the fiancée, the “girl next door” and the girl waiting patiently until the young men came home. Moreover, soldiers endowed these pin-ups with the powers of a fetish or good-luck charm. They represented both soothing femininity and the protection of the soldier. Tattoos also enabled the soldier to have his pin-up engraved in his flesh and to have her “under his skin”. The tattoo of a woman on a soldier’s body affirmed his heterosexuality.
So, tattoos were conceived as an outward sign of the traditional masculine values that are constantly eulogized by the military world—steadfastness and resistance in the face of pain, sexual potency and the power of the warrior. The tattoo contributed to giving a harder and more virile appearance to these men who were accustomed to reflecting the moral qualities demanded of them on their bodies. So, in the world of heterosexual males, the tattooed soldier affirmed himself as a ladies’ man, a successful seducer, a playboy and a womanizer. The tattoo of a pin-up therefore heralded the arrival of the soldier-hero and helped to confirm a triumphant masculinity.
The Second World War marked a turning point in the history of the pin-up and highlighted the strategic utilization of these “paper women”. The military functions of these girls were to provide a source of encouragement, support and sexual canalization. However, despite this immense popularity, some women and men enlisted in this conflict denounced the instrumentalization of these images, by emphasizing, for example, that there was no masculine equivalent or by preferring to idolize the volunteers of the Red Cross. Nevertheless, as incarnations of the country to be defended, these images of women, as figures of optimism and hope, gradually acquired the role of national symbol of the United States.
In 1950, pin-ups stood at the threshold of a new era that was full of promise. And their role shifted with this transformation. By now perfectly integrated in the popular culture of the American nation, they became an excellent means of promotion. As advertising icons, they served the consumer society by presenting a positive image of life, abundance, youth and beauty. They symbolized a flourishing economy and radiant future, and they materialized the values of a victorious American society in full expansion.
Hugh Hefner perfectly understood the lessons of this eroticism of the “girl next door”. In 1953, the first issue of Playboy appeared with the first in a long series of “playmates” as centrefold— she was none other than Marilyn Monroe. The pages of the magazine, up to 1978, also included a number of Vargas Girls. But mentalities change, customs evolve, and photography replaced the artist’s illustration… For the Vietnam War, it was the playmate who accompanied the men on the front, and she was much less chaste than her forebears.