Dès la fin du xixe siècle, en Europe occidentale, les enfants ne sont plus avant tout une force de travail utile dans un univers dominé par l’agriculture. Désormais, ils sont l’objet d’une plus grande attention à la faveur de l’éducation (école gratuite, obligatoire et publique), des découvertes médicales (mouvement de santé publique en faveur de la petite enfance par exemple) et de la protection de l’enfance (lois sur le travail des enfants).
En 1914, dès les premières semaines de guerre, ils ne sont pas épargnés, ce qui n’a rien de nouveau. Pendant la phase de la guerre de mouvement, ils sont victimes directement des combats, de la répression, et de violences physiques et psychiques (mauvais traitements, évacuations, déportations, bombardements). Des violences à l’égard des populations civiles, et en particulier des plus jeunes, qui se poursuivront jusqu’à la fin de la guerre, notamment dans les territoires envahis. En revanche, et pour la première fois à une telle échelle en Occident, ils deviennent des acteurs et des témoins du conflit, en travaillant, en résistant, en combattant, en servant la propagande... À tout le moins sont-ils des victimes indirectes de la guerre : tous les enfants européens ont en commun d’avoir eu un parent proche combattant (grand-père, père, frère, oncle), dont beaucoup sont tombés au combat. Une fois la paix revenue, rien qu’en France, l’État doit secourir près d’un million d’orphelins, véritables incarnations du sacrifice collectif1. Au fur et à mesure que le conflit s’est installé, les enfants se sont donc imposés comme l’un des grands enjeux de la guerre, activement exploités par la propagande, instruments parmi d’autres de la mobilisation générale dans tous les pays belligérants2.
L’enfance dans la Grande Guerre restait un domaine inexploré dans l’historiographie jusqu’à la publication ces dernières années de plusieurs études novatrices. Les recherches ont porté sur le discours adressé aux enfants par le biais de sources diverses telles que la littérature, les manuels scolaires, les jouets et les jeux... On s’intéresse aujourd’hui à leurs productions : journaux intimes, dessins, correspondances ou encore témoignages, qui permettent de pénétrer dans l’intimité enfantine et de contribuer à écrire l’histoire de l’enfance durant cette période. Parmi toutes ces sources, la carte postale occupe une place à part puisqu’elle allie une image, une correspondance personnelle et un message idéologique. Présente partout entre 1914 et 1918, elle relève de l’intime, elle est le trait d’union qui relie les combattants aux familles et à l’arrière3. Or, pendant toute la durée du conflit, l’image de l’enfant a été abondamment utilisée pour illustrer le verso de ces cartes.
- La populaire carte postale
À la veille de la guerre, la carte postale, pourtant de création récente, est un medium populaire. Apparue en Autriche-Hongrie en 1869, elle se diffuse rapidement dans toute l’Europe puis dans le monde entier. Elle arrive en France pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, mais est officiellement créée par une loi de finances de 18724. Elle connaît dès lors un essor extraordinaire et les spécialistes s’accordent à dire que la période comprise entre 1900 et 1930 correspond à son âge d’or. Dans les années qui précèdent la déclaration de guerre, près de huit cent millions de cartes sont produites chaque année en France et un milliard en Allemagne, le pays leader mondial de la production. Plusieurs raisons expliquent l’engouement pour ce petit bout de carton de 126 cm² (9 × 14 cm) : la carte postale permet de communiquer agréablement avec des correspondants éloignés, elle est facile à acquérir puisqu’elle est disponible partout sur le territoire, y compris dans les campagnes les plus isolées, et que ses prix d’achat et d’envoi sont peu élevés ; elle peut donc être utilisée massivement à une époque où les mobilités sont de plus en plus nombreuses et lointaines (travail, mutation, service militaire…).
Pendant la Première Guerre mondiale, l’écriture reste la principale activité des combattants, qu’ils soient militaires du rang, sous-officiers ou officiers. L’impression de correspondance militaire distribuée gratuitement et la franchise militaire permettent aux soldats de maintenir le lien avec les proches, ce qui contribue à soutenir leur moral ainsi que celui des familles5. En moyenne, près de quatre millions de lettres sont envoyées au front chaque jour et deux millions en repartent. La poste militaire achemine quotidiennement entre un et deux millions de cartes qui s’imposent bientôt comme le principal moyen d’échange. Au total, il existe près de quatre-vingt mille modèles différents. Quatre à cinq milliards de cartes sont produites et diffusées en France pendant la guerre et « plusieurs dizaines de milliards supplémentaires si l’on prend en compte l’ensemble des pays belligérants »6.
Ainsi, la carte postale permet de communiquer et d’être informé. Destinée à circuler et à être vue, elle s’impose également comme un exceptionnel support de la propagande. Cependant, elle n’est pas instrumentalisée par les pouvoirs publics au même titre que les illustrations des affiches ou les photographies de presse. Les illustrateurs et les industriels disposent ainsi d’une relative autonomie dans le choix des images. Les cartes sont commercialisées et doivent séduire le consommateur, refléter ses sentiments et pourquoi pas « illustrer » un échange privé. Guillaume Doizy rappelle que « ce support omniprésent pendant la guerre et diffusé à des centaines de millions d’exemplaires a été investi par la population non pas dans le sens d’une adhésion profonde à la “culture de guerre”, mais finalement pour des raisons d’ordre pratique et sociologique, que l’on peut résumer ainsi : nécessité de maintenir le lien tout en n’affichant aucune défiance à l’égard des institutions et de la guerre. Ces cartes – et leurs illustrations – constituent néanmoins un formidable témoignage d’imaginaires guerriers qui traversent une société démocratique soumise à d’importantes contradictions. L’État qui engage l’ensemble d’une population dans un conflit sans précédent favorise l’émergence d’un imaginaire de guerre au travers de ses institutions, de ses relais médiatiques et idéologiques. Un imaginaire certes facile à diffuser sous la forme d’images imprimées, mais pour lequel il est sans doute plus compliqué de susciter l’adhésion générale »7.
Avant de parvenir à leur destinataire, les images sont rigoureusement choisies à plusieurs niveaux : d’abord par les auteurs, les illustrateurs et les photographes, puis par les éditeurs, par la censure et, enfin, par l’acheteur. Les thématiques sont diversifiées et de tous genres. Pierre Brouland et Guillaume Doizy, auteurs de La Grande Guerre des cartes postales, proposent de les classer selon trois types d’illustrations : les cartes-vues, en noir et blanc, qui représentent des lieux (paysages, ruines…), du matériel militaire et des troupes au repos ou mises en scène dans des reconstitutions de combat ; les images de type patriotique et sentimental qui reposent principalement sur des dessins ou des photomontages appelées également « fantaisies patriotiques » ; et, enfin, les caricatures ou les dessins humoristiques8. Messages pacifistes ou images violentes sont exclus. Celles qui mettent en scène des enfants sont de plus en plus nombreuses au fil de la guerre et présentes dans les trois types, mais tout particulièrement dans les deux derniers, afin d’illustrer les destructions et les atrocités commises par les Allemands à l’égard de la population civile, dans les représentations caricaturales et stéréotypées d’une épouse et des enfants qui attendent le retour du poilu, ou encore dans les dessins humoristiques tels ceux de Francisque Poulbot.
- De l’enfant victime à l’enfant héros
Les cartes postales illustrées par des images représentant des enfants sont rares au début de la guerre. Au cours de ces premiers mois, les utilisateurs écoulent les stocks du temps de paix composés principalement de vues et de paysages. Puis la demande est telle que la production s’organise, sous l’œil de la censure, pour satisfaire les consommateurs. Ainsi, de nouveaux modèles, marqués par la guerre, apparaissent sur le marché. Ils offrent une vision idéalisée du conflit au travers de scènes de combat glorieuses par exemple, et de son issue inéluctablement victorieuse grâce au courage des soldats français et alliés et aux prodiges du haut commandement. Néanmoins, les illustrateurs emploient déjà l’image de l’enfant, un choix approuvé par les autorités, comme dans « Le drapeau » de la « Collection des petits patriotes et bons enfants » et probablement daté de 1914 : deux enfants de la Belle Époque saluent une troupe défilant dans une tenue antérieure à la guerre (pantalon garance, capote bleue et képi surmonté d’un pompon). L’illustration est accompagnée d’une légende : « Louis voyant passer un régiment, drapeau en tête, dit à sa sœur : “Vois-tu ce drapeau ? Il nous représente la France ; Saluons-le.” Il se découvrit et Maria envoya un baiser » (illustration 1).
Toutefois, à la fin de l’année 1914, cet optimisme marque le pas. Guillaume Doizy constate une première rupture dans l’évolution de l’iconographie quand sort du lot le motif des atrocités commises par l’armée allemande sur les populations civiles, en particulier contre les femmes et les enfants, notamment lors de l’invasion. Les massacres de Tamines (du 21 au 23 août, trois cent quatre-vingt-quatre civils sont tués, parmi lesquels de nombreux jeunes de moins de vingt ans) et plus encore de Dinant (six cent soixante-quatre hommes, femmes et enfants périssent le 23 août) sont ainsi abondamment repris (illustration 2). Il s’agit de décrédibiliser l’armée ennemie sur la scène internationale, de prendre un ascendant moral sur l’Allemagne et d’imposer au monde l’idée d’une guerre juste, pour le droit et la civilisation contre la barbarie. Ce thème des atrocités commises par l’armée allemande, incarné notamment dans l’épisode des « mains coupées » des enfants, sans aucun fondement, sera régulièrement repris et développé pour illustrer les cartes postales à des fins de propagande jusqu’au terme du conflit9.
La carte « Le courage allemand » (illustration 3) est un exemple de la transition qui s’opère au tournant des années 1914 et 1915. Elle montre un jeune enfant face à un peloton d’exécution et est accompagnée de la légende suivante : « À Magny, un enfant de sept ans, s’amusant à mettre en joue une patrouille avec son fusil de bois, a été fusillé sur place. » L’enfant français, démesuré face aux soldats allemands, n’est plus ici seulement une victime de l’arbitraire et de la barbarie ; il est déjà dans une posture de Résistant : il est fusillé pour avoir joué à la guerre et est présenté les mains dans les poches, désinvolte et défiant, au moment de son exécution.
Autorités et illustrateurs exploitent largement l’image de l’enfant qui lutte et résiste face à l’envahisseur, souvent jusqu’au sacrifice ultime. Ce phénomène des enfants héros n’est pas nouveau et serait caractéristique de la France. Il suffit de rappeler les cas de Joseph Agricol Viala (1780-1793) ou encore Joseph Bara (1779-1793), héros de la Révolution française, dont la mort au combat a été abondamment illustrée (illustration 4). Il est difficile de savoir véritablement ce qui relève de la fiction et de la réalité dans ces exploits réalisés par des enfants et des adolescents face à l’ennemi. Si cette bravoure enfantine naît parfois d’un fait, elle est souvent le fruit de l’imaginaire de la population repris voire créé de toute pièce par la propagande pour en faire des mythes et des figures identificatrices. Le jeune Émile Desprez ou Despres est sans doute l’un des enfants-héros les plus connus de la Première Guerre mondiale. En septembre 1914, ce galibot de Lourches, dans le Nord, abat un officier allemand10. Cette affaire a fait l’objet de plusieurs récits plus ou moins convergents et de différentes cartes illustrées (illustration 4). La popularisation de ces histoires par le biais, entre autres, des cartes postales permet d’offrir à la société civile des modèles d’héroïsme, de patriotisme et de résistance à l’ennemi. Ce message s’adresse à la population et aux combattants, et touche particulièrement les hommes et les femmes natifs des « pays envahis » en exil ou aux armées.
Plus largement, les cas d’enfants-soldats et militarisés se multiplient dès 1915. Qu’ils soient natifs des régions envahies ou originaires des départements de l’arrière, ces jeunes ont la ferme volonté de se battre au front. Difficile de quantifier le phénomène qui varie en fonction de paramètres spatiaux et temporels. Yann Lagadec a montré qu’en Bretagne il semble ne pas être marginal sans toutefois concerner des centaines d’individus11. Évidemment, la propagande exploite l’engagement aux armées de ces enfants, amalgamant leur volonté de se battre avec le combat mené par le pays. Abondamment exploités par la presse par exemple, les enfants-soldats sont peu présents dans les cartes postales et seuls quelques cas sont représentés à l’instar de celui de Jean-Corentin Carré, « Le petit poilu du Faouët », engagé volontaire en 1915 et mort pour la France en combat aérien en 191812 (illustration 5). La propagande cherche à valoriser le courage physique et moral ainsi que le patriotisme exemplaire de ces jeunes dans le but de susciter l’admiration des civils et des militaires, tout en culpabilisant ceux qui ne s’engagent pas.
Au cours de l’année 1915, les illustrations des cartes postales connaissent une nouvelle évolution. L’impasse du front contraignant les armées à livrer un combat dans la durée, c’est désormais la vie quotidienne des poilus au front qui illustre un grand nombre d’entre elles. Dans cet univers militaire, les enfants occupent une place à part, comme cherche à le montrer cette scène reconstituée où des soldats font l’école dans une cour de ferme en Alsace (illustration 6). Ici, ce sont les relations uniques de fraternité voire de connivence entre les poilus et les enfants qui sont mises en scène. En effet, nombreuses sont les cartes qui représentent un enfant pensant ou écrivant à « l’absent » qui mène un combat glorieux pour protéger ses enfants et, indirectement, tous ceux du pays (illustration 7). Les industriels de la carte postale et les autorités se retrouvent à propos de cette exaltation de la relation père/enfant. Le thème de l’enfance est vendeur, et la propagande peut œuvrer aisément et sans risque sur un terrain acquis en entretenant l’amour paternel parmi les soldats et l’amour filial chez les plus jeunes.
Depuis le début de la guerre, des dizaines d’entreprises se sont organisées pour alimenter le marché sur lequel plusieurs grandes marques comme, par exemple, La Revanche ou Patriotic, s’imposent. Les caricatures, les dessins humoristiques, les images de type patriotique et sentimental, reposant principalement sur des dessins ou des photomontages (les « fantaisies patriotiques »), se multiplient à partir de 1915. Les enfants sont abondamment mis en scène. Le thème de l’enfant jouant à la guerre est le plus répandu. Celui-ci est paré de tous les attributs du combattant (arme, uniforme, képi) ou du chef victorieux (cartes d’état-major par exemple), le tout nappé de patriotisme. L’image est accompagnée d’une légende, souvent la parole de l’enfant, qui délivre un message : « Je veux rejoindre mon père au combat, étendard en main, en vaillant soldat », « Ils ne crânent pas, les sales Boches, quand avec mon 75 je les amoche ». Grandement utilisé, le thème de la « graine de poilu » met en scène des nourrissons afin de suggérer que la relève et l’avenir sont assurés. Plus forte encore est cette série de cartes sur lesquelles Marianne est entourée de plusieurs enfants en uniforme et en armes, qui, tour à tour et dans une mise en scène théâtrale, prient, se battent, meurent et sont honorés par la République. Les légendes reprennent des vers de l’hymne national. L’une des cartes est légendée ainsi : « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus » (illustrations 8, 9, 10, 11 et 12).
Avec la « guerre des gosses », le dessinateur Francisque Poulbot (1876-1946), contribue à révéler une autre forme d’investissement des enfants dans la guerre13. Réformé en 1915, Poulbot est employé au Journal, pour lequel il publie chaque semaine un dessin légendé. Ses dessins, simples et bienveillants, représentent souvent des groupes d’enfants commentant ou jouant à la guerre. Au talent artistique s’ajoute l’humour des textes des légendes : « Alors les gars, on joue à la guerre ? On peut pas, personne veut faire le Boche » (illustration 13). Le travail de Poulbot n’est pas un « regard de l’adulte posé sur l’enfant, vu d’en haut en quelque sorte ; [il] montre plutôt une observation fine, vue “d’en bas”, effectuée au niveau et avec des enfants »14. Les dessins et les légendes de Poulbot destinés à la presse sont repris pour illustrer les cartes postales. Ils montrent combien la guerre a envahi le monde de l’enfance.
Dans les dernières années de la guerre, et alors que les cartes postales illustrées sont plus rares, les cartes sentimentales et patriotiques à base de photomontages inondent le marché. Les enfants y sont toujours mis en scène sous différentes formes. Ils sont également utilisés dans les cartes illustrées créées et produites pour promouvoir les grands emprunts nationaux et dénoncer les initiatives de paix. Dessinateurs, illustrateurs, graveurs et peintres créent des visuels pour affiches transposés ensuite à la carte postale. Les enfants sont la cible privilégiée des autorités afin d’inciter les adultes à investir et à s’engager dans la guerre. Cette mobilisation économique de l’enfance est indissociable de la mobilisation sociale qui s’observe par le biais des journées patriotiques (la journée du poilu, la journée nationale des orphelins de la guerre) qui font l’objet de publication de cartes illustrées avec des enfants dont la plupart sont vendues au profit d’œuvres tels les orphelinats des armées15.
- Conclusion
La carte postale n’est pas l’unique support sur lequel l’image des enfants est exploitée pendant la guerre. Toutefois, elle se caractérise par la richesse de l’exploitation de l’iconographie enfantine. Elle permet en effet d’illustrer toutes les situations (les atrocités allemandes, les emprunts de guerre, les combats, les sentiments entre le père et l’enfant...), toutes les formes de combat ainsi que de nombreuses valeurs (la résistance, le sacrifice, le patriotisme, la mobilisation économique et sociale...) grâce à des moyens diversifiés (photographies, illustrations, photomontages) et en mobilisant les sentiments (humour, tendresse, amour filial...). La carte s’est donc imposée comme un excellent medium pour les organismes de propagande séduits par la possibilité de diffuser ainsi des messages en douceur. L’évolution de l’iconographie adoptée par les cartes postales montre combien le regard sur ses enfants d’une société plongée dans le chaos est différent : de victimes ils deviennent témoins et acteurs à qui il est demandé de participer à l’effort de guerre.
Aujourd’hui, la France dénonce sur la scène internationale la mobilisation des enfants contraints de se battre dans de nombreux conflits dans le monde. En Occident, l’image des enfants ne sert plus l’effort de guerre, mais permet de dénoncer celle-ci, à l’instar des campagnes menées par exemple par l’unicef ou Amnesty International. Pour autant, l’Occident en a-t-il terminé avec les enfants-soldats ? Les images sont rares. Un documentaire danois de 2016 montre qu’ils grossissent les rangs de plusieurs armées, parmi lesquelles celle des États-Unis, qui sous-traitent à des sociétés militaires privées le recrutement de combattants bon marché, en particulier des enfants, employés en qualité de mercenaires au Moyen-Orient notamment16.
1 Les enfants de soldats tués au combat ont d’abord été reconnus comme orphelins de guerre avant d’obtenir la reconnaissance de la nation en qualité de pupilles. L’État remplace le père. Ce statut est unique au monde (loi de 1917). Voir O. Faron, Les Enfants du deuil. Orphelins et pupilles de la nation de la Première Guerre mondiale (1914-1941), Paris, La Découverte, 2001.
2 Voir « L’enfant et la guerre », Le Télémaque, Presses universitaires de Caen, 2012/2, 174 p., en ligne cairn.info/revue-le-telemaque-2012-2.htm et « Enfances de guerre », Vingtième Siècle. Revue d’histoire n° 89, 2006/1, en ligne cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-1.htm. Au sujet de la Première Guerre mondiale, voir S. Audoin-Rouzeau, La Guerre des enfants 1914-1918. Essai d’histoire culturelle, Paris, Armand Colin, rééd. 2004, et L’Enfant de l’ennemi 1914-1918 : viol, avortement, infanticide pendant la Grande Guerre, Paris, Aubier, 2009 ; M. Pignot, Allons enfants de la patrie. Génération Grande Guerre, Paris, Le Seuil, 2012 ; « Les enfants », in S. Audoin-Rouzeau et J.-J. Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, Bayard, 2004, pp. 627-640.
3 G. Doizy, « Les cartes postales “de guerre”, reflet des imaginaires collectifs ? », site Internet de la mission du Centenaire, mars 2014, en ligne centenaire.org/fr/espace-scientifique/arts/les-cartes-postales-de-guerre-reflet-des-imaginaires-collectifs.
4 G. Diwo, « La carte postale », in Ph. Nivet, C. Coutant-Daydé et M. Stoll (dir.), Archives de la Grande Guerre. Des sources pour l’histoire, Archives de France/Presses universitaires de Rennes, 2014, pp. 331-332.
5 L. Albaret, La Poste pendant la Première Guerre mondiale, Paris, Yvert et Tellier, 2016.
6 G. Doizy, op.cit.
7 Ibid.
8 P. Brouland et G. Doizy, La Grande Guerre des cartes postales, Paris, Hugo Image, 2013.
9 S. Delaporte, « Les enfants dans la guerre de 1914-1918 », L’Histoire par l’image, consultable sur histoire-image.org/etudes/enfants-guerre-1914-1918
10 En août 1914, dans un coron de Lourches, un sous-officier français blessé aurait abattu un officier allemand. Conduit au peloton d’exécution, le militaire français aurait supplié un jeune garçon, Émile Desprez, âgé de quatorze ans, de lui apporter de l’eau, ce qu’aurait fait le garçonnet. Alors, l’officier allemand chargé de commander le peloton d’exécution aurait frappé l’enfant et annoncé qu’il serait également fusillé. Pourtant, au moment de l’exécution, il aurait promis la vie sauve à Desprez s’il tuait le sous-officier français. Desprez aurait pris le fusil et, au lieu de tirer sur le militaire français, aurait tué l’officier allemand. Il aurait ensuite été martyrisé par les fantassins allemands.
11 Y. Lagadec, « “J’ai tué deux boches”. La figure héroïque d’un enfant soldat morlaisien », En Envor, sans date (consulté en mai 2016).
12 Les propagandes nationales, en France tout particulièrement, font largement usage de la figure de l’enfant-héros, sorte d’enfant-soldat héroïque et sacrificiel. S’il y a bien, en 1914-1915, un phénomène indéniable d’enrôlement volontaire précoce, il s’agit en réalité d’adolescents qui profitent justement de leur apparente virilité pour surmonter les obstacles du recrutement. Nous renvoyons à une première synthèse récente : M. Pignot, « Entrer en guerre, sortir de l’enfance ? Les “ado-combattants” de la Grande Guerre », in M. Pignot (dir.), L’Enfant soldat. xixe-xxie siècle. Une approche critique, Paris, Armand Colin, 2012, pp. 69-89.
13 Voir F. Robichon, Poulbot, le père des gosses, Paris, Hoïbeke, 1994.
14 S. Delaporte, op.cit..
15 Voir A. Sumpf, « 1914-1918 : L’effort de guerre mobilise toute la société », L’Histoire par l’image, juin 2006, consultable sur histoire-image.org/etudes/1914-1918-effort-guerre-mobilise-toute-societe.
16 À ce sujet, Enfants soldats hier, mercenaires aujourd’hui, documentaire de Mette Heide, Danemark, 2016, 55 minutes.