Les militaires sont des gens qui vont et viennent ; leur statut leur impose d’être mobiles et disponibles pour effectuer des missions plus ou moins lointaines. Certaines sont programmées, comme celles menées à bord d’un sous-marin lance-engins, dont le programme est établi à l’avance. D’autres surgissent sans qu’elles aient pu véritablement être anticipées. D’autres s’effectuent dans la routine. D’autres encore, confrontent à l’inconnu, au stress et comportent des risques. C’est le cas notamment des opérations extérieures, comme celles qui se sont déroulées en Afghanistan.
On n’a pas suffisamment souligné jusqu’ici la complexité des enjeux psychologiques liés à ces missions. Bien sûr, on a mis au point des dispositifs d’aide pour pallier les souffrances qui peuvent surgir. Ainsi, des psychiatres sont présents sur le terrain, prêts à apporter écoute et soutien dans la confrontation aux blessures, à la mort parfois, à un stress majeur, au désarroi1. On pense le retour comme un soulagement, la possibilité de retrouver une « vie normale » dans le confort d’une existence qui se poursuit entouré des siens. Or les choses ne sont pas toujours ainsi. Car celui qui revient n’est pas celui qui est parti. Il a vécu des expériences qui ont profondément changé sa vie, même s’il s’en défend ; il a vécu dans un monde « hors du commun ». Et ceux qui sont restés ont de leur côté avancé sans lui sur le chemin de la vie « ordinaire », continué à expérimenter les « banalités du quotidien ». Peuvent-ils se reconnaître ? C’est ce à quoi je vous invite à réfléchir.
- Du côté de celui qui est parti
Le temps de la mission, celui qui est parti a développé des stratégies particulières pour s’adapter, pour faire face. Il a pu risquer sa vie, redouter le pire. Il a pu voir mourir des camarades. Il a pu éprouver l’insensé, l’impuissance, la détresse des populations. Il a vécu l’intensité de certaines actions en les partageant étroitement avec ceux qui étaient à ses côtés, tous mobilisés vers les mêmes objectifs. Mais que deviennent ces stratégies mises en place pour supporter l’inhabituel lorsque l’inhabituel disparaît et qu’il s’agit de retourner à une vie « ordinaire » ? Au retour de sa mission, le militaire peut-il « oublier » ce qu’il a fait et ce qu’il a vu, retrouver le cours de son existence d’avant comme si de rien n’était ?
Les armées occidentales se sont préoccupé les unes après les autres de mettre en place des sas de décompression pour que le retour de leurs soldats ne soit pas trop brutal, inspiré par l’idée du nécessaire palier de décompression qui suit une plongée plus ou moins longue et profonde. La France a développé un tel sas à Chypre2. Le bien-fondé de cet effet amortisseur est indéniable. Mais c’est un effet de surface. On ne peut viser de cette manière le traitement de la souffrance intime de chacun, la culpabilité, la colère, les doutes, la tristesse peut-être, un ensemble d’émotions complexes, intenses, contradictoires et envahissantes. Ce n’est qu’auprès des proches que celles-ci peuvent être traitées et régulées.
On sait en effet aujourd’hui que c’est en les partageant que nous régulons nos émotions, que nous pouvons les intégrer dans des significations, dans des rapports de sens nécessaires à notre existence. C’est ici que surviennent des difficultés, dans les relations avec les proches. Ces derniers sont de trois sortes.
Tout d’abord, il y a les proches avec lesquels on a vécu les mêmes choses, partagé les mêmes souffrances, les mêmes intenses conditions d’existence. Nous sommes à l’unisson avec eux. Mais, du même coup, nous risquons des effets de contagion émotionnelle qui nous empêchent de nous désengager de ce qui a été vécu par un travail de mise en pensée et d’élaboration psychique. Le lien avec les autres enferme ceux qui ont partagé les mêmes épreuves et risque de les maintenir à l’écart de la communauté.
Ensuite, il y a les proches moins proches, les militaires qui n’ont pas partagé la mission, qui n’ont pas vécu les mêmes choses, mais qui constituent le groupe d’appartenance professionnelle. Il est difficile de leur dire qu’on a pu se sentir mal, qu’on a eu peur, qu’on souffre, par crainte d’être jugé, à plus forte raison par ceux qui occupent un rang supérieur dans la hiérarchie. Dans ce groupe, quand on est soucieux de conserver les appartenances liées aux valeurs militaires de courage et d’obéissance, il vaut souvent mieux réprimer qu’exprimer. Pour conserver ce lien au groupe, le soldat risque de se sentir paradoxalement isolé, abandonné au milieu des siens.
Enfin, il est des proches plus proches, ceux qui constituent la famille, ceux avec qui se développe et s’entretient l’intime. Or ceux-là ont des difficultés à comprendre, encore plus s’ils n’adhèrent pas aux mythes collectifs propres à l’institution militaire. Aujourd’hui, le sentiment d’appartenance au groupe social militaire est fragile du côté des familles. Les valeurs collectives qui mettent en avant l’ordre, le devoir, la notion de service sont fortement contrebalancées par des valeurs individualistes qui privilégient la réalisation de soi, l’autonomie et la liberté. Et parallèlement, il est important pour le militaire de préserver ceux qui comptent pour lui. En évitant de leur faire mal avec des souvenirs pénibles, il se préserve lui-même. De cette manière, il peut en effet bénéficier d’un espace non contaminé par les émotions négatives liées à la mission effectuée.
Alors, si au lieu de pouvoir partager, le militaire qui revient de mission est isolé, comment peut-il parvenir à se dégager de ce qu’il a vécu ? Il a peut-être échappé au traumatisme psychique et à ses conséquences, mais il risque fort de demeurer dans un entre-deux spécialement difficile à vivre : il n’est plus sur le théâtre d’opérations, mais il n’a pas non plus « atterri ». S’il ne retrouve pas pleinement ses appartenances habituelles, il peut ne pas vraiment se sentir soi. C’est alors qu’il se montre instable, irritable, de mauvaise humeur, anormalement fatigué, au risque de souffrir de différents problèmes de santé. Il vit un climat général de malaise, qui conduit à une vie relationnelle difficile, tandis que surgissent parfois des souvenirs, des images, des sensations. Tout cela est gardé pour soi. Le militaire ne cherche pas à s’appesantir sur ce qui désormais doit rester derrière lui, dans le non-dit, l’inabordable.
Au bout du compte, le retour expose à des blessures lorsqu’il est confronté à des expériences pénibles de non partage, lorsque ce qui a été vécu n’est plus en continuité avec ce que l’on vit, lorsque, au sein de la famille, l’intime se déchire parce qu’on ne parvient plus à retrouver la complicité d’avant. Alors, comment faire ?
- Du côté de ceux qui sont restés
Pour ceux qui sont restés aussi les choses sont difficiles. Si le militaire de retour de mission risque d’éprouver un sentiment de rupture dans la continuité de soi, ceux qui sont restés peuvent vivre douloureusement des liens désormais endommagés. Mais en même temps, c’est à eux qu’il appartient d’opérer le ré-accordage avec celui qui revient. Cette opération demande du temps. Elle demande aussi une congruence entre les appartenances au collectif militaire et les appartenances familiales.
Dans la famille, en effet, on a vécu plus ou moins douloureusement l’éloignement du compagnon, du mari, du père. On a craint pour sa vie. On a été stressé par certaines nouvelles, par certaines informations transmises par les médias. On n’a pas pu être soutenu lors des petits et plus grands stress de la vie quotidienne qu’on a dû gérer seul. Ou alors, on s’est habitué à l’absence, on s’est organisé, on a développé des stratégies pour faire face. Mais celles-ci sont mises en tension quand celui qui revient veut retrouver sa place. Les enfants ont grandi sans lui ; une naissance a pu avoir lieu, sans lui également.
Par conséquent, si la famille doit aider le militaire à se ré-accorder, elle doit aussi pouvoir compter sur des aides extérieures. Ce sont ces aides, par la sécurité psychologique qu’elles procurent, qui rendent possible l’utilisation par la famille de ressources permettant les retrouvailles. Accueillir signifie ici connaître quelqu’un comme faisant partie des siens. Cela suppose de pouvoir faire preuve de sollicitude, de reconnaître les mérites pour les missions accomplies, de réintégrer celui qui a été absent dans ses appartenances de base.
Le sentiment de soi est tributaire du regard de l’autre. Il se décline en confiance en soi, estime de soi, respect de soi ; confiance, estime et respect conférés par autrui, dans le jeu en miroir de la reconnaissance. Chacun a ainsi besoin de se sentir reconnu par autrui, à qui il reconnaît lui-même la capacité à le reconnaître. L’accueil doit donc être marqué par des cérémonies du retour, des rituels d’appartenance au collectif militaire d’origine, mais aussi par une attention, un intérêt particulier pour ce qui a été vécu par ceux qui sont partis. Il est indispensable que ceux-ci puissent raconter aux autres, à ceux qui sont restés, qu’ils puissent mettre leur expérience en récit, de différentes manières, qu’ils puissent opérer une mise en partage d’expérience. L’accueil doit également être marqué par l’attention portée aux familles, elles-mêmes participantes à la mission par le soutien moral apporté, par l’effort consenti de vivre un temps sans le compagnon, le mari ou le père. Il est ainsi nécessaire que les familles soient honorées, invitées à se joindre à différents rituels de réappartenance. Enfin, l’accueil est dans les retrouvailles, ce qui signifie la possibilité d’être à nouveau réunis dans l’espace intime de la famille, de retrouver ce que l’on avait perdu, pendant un temps. Cela ne va pas sans appréhension, sans impatience et sans excitation.
Il faut donc que le retour soit organisé. Cela suppose une activité de ritualisation au sein de la famille, susceptible de marquer ce retour, de signifier le ré-accordage. Ensuite, il va s’agir de rétablir l’intimité. Cela ne va pas sans tâtonnements. Mais ceux-ci trouvent finalement leur issue quand il est possible dans un couple de communiquer de manière claire et ouverte, quand on peut reconnaître les mérites de chacun, quand les rôles se rééquilibrent, qu’une suffisante collaboration parvient à se mettre en place dans la réalisation des tâches quotidiennes, quand s’instaurent des temps de discussion et de réflexion au cours desquels on parvient à se faire mutuellement des récits de ce que l’on a vécu chacun de son côté, avec l’assurance de disposer d’une écoute empathique de la part de l’autre. Une attention toute particulière mérite d’être accordée aux enfants dont les besoins propres dans les retrouvailles avec le parent qui a été absent doivent être particularisés en fonction de l’âge3. Un dialogue entre les parents sur leurs rôles respectifs est ici spécialement nécessaire.
Retenons finalement du retour qu’il constitue une épreuve, à des titres différents, pour tous ceux qui, après avoir été séparés, doivent apprendre à se ré-accorder en étant chargés d’expériences nouvelles, mais très différentes pour chacun. C’est à ceux qui sont restés qu’incombe la tâche d’accueillir au mieux ceux qui sont partis. Car si ceux qui sont restés ont vécu l’épreuve de l’absence, ceux qui sont partis risquent d’avoir vécu plus qu’une épreuve : un traumatisme. Mais il leur est possible de réparer leurs blessures, ou d’éviter qu’elles s’enkystent, s’ils peuvent être pleinement réintégrés dans la collectivité et retrouver leur place auprès des leurs. Cela suppose la possibilité de récits collectifs, d’histoires partagées dans lesquelles chacun apporte la part de son expérience personnelle, en toute liberté, en même temps qu’il peut s’enrichir du récit des autres. Seul le partage narratif peut alimenter des représentations flexibles et historiser des expériences pouvant prendre sens dans la trajectoire existentielle de chacun.
1 Lire Patrick Clervoy, Dix semaines à Kaboul, Steinkis, 2012.
2 Virginie Vautier, « Le sas de décompression. Descriptions, critiques et perspectives », Médecine & Armées n° 40.4, pp. 315-319 et ce numéro d’Inflexions, pp. 63-66.
3 Michel Delage, « Enfants de marins et absences du père : un problème ? », Médecine & Armées n° 29.2, 2001, pp. 171-178.
Armed-forces personnel are people who come and go – or perhaps who go and come back! Their status requires them to be highly mobile, and available to undertake missions at various distances. Some of the missions, such as those on board a missile-launching submarine, occur in accordance with a programme scheduled in advance, while others arise suddenly, with no real possibility of their being anticipated. Yet others are routine operations. Still others are a response to the unknown, involving stress and a risk of confronting dangers. This is, in particular, the case for external operations, such as those that occurred in Afghanistan.
Up to now, insufficient emphasis has been put on the complexity of the psychological commitments associated with these missions. Assistance arrangements have, of course, been developed to minimise the suffering that can occur with, for instance, psychiatrists present, on the ground, ready to listen to and provide support in dealing with wounds, sometimes death, major stress and feelings of helplessness. People think of returning as comforting, with the possibility of getting back to normal life and the reassurance of living surrounded by friends and family. It doesn’t always work like that, because the person who returns is not the one who went away. The person has experienced things that were profoundly life-changing, even if he or she denies it. Such a person has lived in a literally “extraordinary” world. Meanwhile, those who stayed have moved on without the absentee, pursuing their “ordinary” lives and continuing to experience thebanalities of everyday life. Can people who have had such different experiences recognise each other? That is what I am inviting you to think about.
- For those who left
During the mission, the people who left developed coping strategies to help adapt to and deal with the situation. They were able to put their lives at risk and fear the worst, while seeing their comrades die. They were able to experience madness, powerlessness and the distress of a population. They experienced the intensity of certain situations while sharing them intimately with those alongside, all of whom were pursuing the same aims. But what happens to the coping strategies established to put up with the unusual when the unusual disappears and a return is made to “ordinary” life? When returning from a mission, can a soldier simply forget what that person has done and seen, simply picking up his or her previous existence as if nothing had happened?
Western armed forces have been concerned, one after another, to set up “decompression chambers” so that their soldiers’ return is not too dramatic. The concept arose from the decompression chambers needed by divers following their dives of various durations and to various depths. France’s decompression chamber for the military was developed in Cyprus, and there is no denying the benefit of having such a shock-absorber. The effect is, nevertheless, on the surface. It is not possible in this way to treat each person’s intimate suffering, feelings of guilt and anger, doubts and possibly sadness: a welter of complex, intense, contradictory and invasive emotions. These can be treated and controlled only among one’s friends and family.
We now know that, by sharing these emotions, we can control them; that we can absorb them into what they really mean and into relationships that make sense in the ways necessary for our existence. This is where difficulties arise in relationships with our companions. The problems are of three sorts.
First of all, there are people with whom we have experienced the same things, shared suffering and gone through the same intense situations. We are at one with them but, at the same time, there is a risk of emotional-contagion effects, preventing us from disengaging from what we experienced through an effort of thought and psychological construction. The link with others imprisons those who shared the same hardships, and produces a risk of keeping those who are being treated apart from the community.
Then, there are the companions who are less close, military personnel who were not part of the mission and who therefore did not experience the same things, but who are the group to which we belong occupationally and professionally. It is difficult to tell them that we felt bad, that we were afraid and that we suffered, for fear of being judged, especially when they are higher up in the hierarchy. With this group, when we are concerned to remain attached to the military virtues of courage and obedience, it is often better to repress feelings than to express them. Paradoxically, this concern to preserve the link to the group can make a soldier feel isolated and abandoned, even when surrounded by his peers.
Lastly, there are the companions who are closer: family members and those with whom intimacy develops and is maintained. Such people have difficulty in understanding, especially if they have not themselves adopted the collective myths intrinsic to the military. The feeling of belonging to a military group of people is now fragile among family members. The collective values, which put the emphasis on order, duty and the idea of service, are strongly offset by individualist values, which give preference to self-realisation, autonomy and freedom. At the same time, it is important for a soldier to protect those who are most important for him. When a soldier avoids causing pain to family and friends by communicating painful memories, the feelings remain bottled up inside him or her. The soldier can therefore benefit from having a limited area that is not contaminated by negative emotions associated with the mission that was carried out.
So, if, instead of being able to share feelings, a soldier returning from a mission is isolated, how can he or she disengage from what has been experienced? Perhaps the person has escaped psychological trauma and its consequences, but there is a strong risk of remaining in an in-between state that is particularly difficult to cope with. The soldier is no longer in the theatre of operations, and yet has not come back down to earth. If such people do not get completely back into their usual relationships and activities, they may not really feel they are themselves. In such circumstances, they prove unstable, irritable, bad-tempered and abnormally tired, at risk of suffering from a variety of health problems. Their lives are dominated by a general despondency, leading to relationships being difficult. In some cases, memories, images and feelings can suddenly well up. All of this the person keeps to him- or herself. A soldier does not now wish to be weighed down by what should have been left behind, unsaid and not to be tackled.
At the end of the day, returning exposes the person to wounding when faced with painful experiences that are not shared; when what has been experienced is no longer compatible with the person’s current life; or when, within the family, intimacy is destroyed because the previous life of shared experiences cannot be continued. So, what can be done?
- For those who remained
For those who were left behind, things are also difficult. While military personnel returning from a mission may experience a feeling of discontinuity in their personal lives, those who remained may also find the damage to the relationships with their companions to be painful. At the same time, however, it is they that have to re-establish a normal relationship with the returnee. This process requires time. It also requires compatibility between membership of the military organisation and membership of the family.
Within the family, the pain produced by separation from the companion, husband or father can vary. You can fear for the threat to the person’s life and find certain news or information communicated by the media stressful. There was no support when encountering small or larger stressful events of everyday life, and had to manage the situation unaided. Or you may have got used to the absence and got things organised, developing ways of dealing with them. Those ways are themselves put under strain when the returning companion wants to get back to his normal role. The children will have grown up while he was away, and there may even have been another birth during his absence.
Consequently, while the family has to help the soldier re-establish connections, it must also be able to rely on assistance from outside. It is these forms of assistance that, through the psychological safety they provide, give the family the resources it needs to renew the ties. Here, welcoming means recognising someone as a member of one’s own circle, and this necessitates showing concern, recognising the good points about the missions accomplished and assisting the returnee in re-establishing his fundamental relationships.
“Self-sentiment” feelings depend on how others see us, and they are expressed in self-confidence, self-esteem and self-respect, recognising and mirroring the confidence, esteem and respect of others. Everyone needs to feel recognised by others and to recognise other people’s recognition. Welcoming home should therefore be marked by return ceremonies and rituals related to membership of the original military organisation. It should, however, also be marked by particular interest being shown in what was experienced by those who left. It is essential that the returnees can tell others – those who stayed behind – and communicate their experiences in various forms of account, sharing the overall experience. The welcome home should also be marked by attention being given to the families, which themselves participated in the mission through the moral support provided by its members to the soldier and through those members’ agreeing for a time to live without their companion, husband or father. It is thus necessary for the families to be honoured and invited to participate in the various rituals marking resumed membership of the military organisation. Lastly, the homecoming welcome involves the renewal of ties, meaning an ability to find one’s place, once again, within the intimacy of the family; getting back to what, for a time, the returnee had lost. This cannot happen without fears, impatience and stimulation.
The return must therefore be organised, which implies some ritualistic activity within the family that can mark the soldier’s return and that person’s re-establishment of connections. It will then involve re-establishing intimacy, inevitably by tentative steps. These will, however, finally succeed when a couple can communicate clearly and openly, with each member recognising the virtues of the other; when a balance is re-established between the participants’ roles; when appropriate co-operation can be established in carrying out everyday chores; when the members find time to discuss and reflect on things, succeeding in a two-way dialogue on what each member has experienced, confident of being listened to with empathy. Especial attention should be given to the children, whose own needs from the absent parent need to be met when the links are re-established, those needs varying with the child’s age. There is particular need for communication between the parents about each one’s role in this.
Finally, we should recognise that the return will be an ordeal, in various respects, for all those who were separated and have to learn to re-connect while being subjected to new experiences, which differ greatly. Those who remained behind have to welcome those who left, to the best of their ability. While the former have faced the hardship of the companion being absent, the latter may have experienced more than just hardship: for them it may have been traumatic. It is, however, possible for the wounds to heal and not remain an open sore, always provided that the returnee can be fully reintegrated into the community and resume a role with those around him or her. This requires collective accounts being possible: shared stories in which each person contributes his or her own experience in complete freedom, at the same time as benefiting from hearing other people’s accounts. Only a shared account can serve as a background to flexible descriptions that make it possible for each person to recount what he or she personally experienced, in a way that makes sense in each individual case.