N°23 | En revenir ?

Jean Tulard
Napoléon chef de guerre
Paris, Tallandier, 2012
Jean Tulard, Napoléon chef de guerre, Tallandier

La Russie a commémoré en 2012 les deux cents ans de l’invasion de son territoire par la Grande Armée et, la même année, les éditions Tallandier ont publié cet ouvrage de l’historien Jean Tulard. Spécialiste de l’Empereur, celui-ci revisite tous les aspects guerriers de l’épopée napoléonienne dans un livre relativement court, limpide et écrit dans un style agréable. Les ouvrages sur Napoléon, scrutant dans le détail sa vie, son œuvre, ses campagnes militaires et les batailles qu’il a livrées, sont si nombreux qu’ils sont quasiment indénombrables pour le profane et le néophyte. Aussi, l’originalité de l’approche de Jean Tulard réside dans son caractère synthétique exprimé à travers un plan en forme de triptyque : la préparation de la guerre, la guerre, la défaite. Il montre que la guerre napoléonienne est l’héritière des évolutions techniques de la seconde moitié du xviiie siècle (fusil et matériels d’artillerie). Elle se situe également dans le prolongement des réflexions tactiques du xviiie siècle ainsi que des enseignements tirés de la guerre de Sept Ans (1756-1763). Napoléon avait étudié ces idées de son temps avant de les rassembler, de les enrichir de son talent et de les mettre en œuvre avec le génie que l’on connaît.

Jean Tulard montre aussi l’existence de problèmes insurmontables pour le système de guerre napoléonien, aussi sophistiqué et efficace puisse-t-il être. Conçu pour l’emporter dans des affrontements classiques entre armées étatiques, il se révèle largement démuni face à la guérilla espagnole. Construit pour manœuvrer dans l’espace géographique somme toute limité de l’Europe occidentale et centrale, il est éprouvé par l’immensité de l’espace russe en 1812. Organisé pour l’action militaire sur terre, il se montre impuissant contre la Grande-Bretagne. Déterminée à abattre la prépondérance française en Europe, irréductible en raison de son insularité et de la faiblesse de la marine française, la force de celle-ci repose sur de puissantes assises commerciales, financières et navales qui résistent au blocus. Elle suscite les multiples alliances anti françaises, finance les adversaires et, au final, débarque son armée sur les côtes de la péninsule ibérique sous le commandement de Wellington. L’auteur souligne enfin l’absence de tout progrès technologique dans le domaine des armements, faute de temps, de moyens financiers, mais aussi en raison des succès de l’armée impériale.

Éric Lalangue

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