N°54 | Le temps

Emmanuel Desclèves

Un temps incarné

Dans cette époque lointaine… allais-je écrire par habitude. Mais en réalité, les habitants du Grand Océan Moana Nui n’avaient aucune idée d’un temps linéaire mesurable et régulier, un temps chronologique qui s’écoulerait inexorablement en s’éloignant indéfiniment d’une origine d’ailleurs indéterminée, sans revenir jamais sur ses pas. Il n’y avait pas de mot pour exprimer cela dans leurs nombreuses langues.

Leur conception du cours des choses était cyclique, comme une roue qui avance tout en tournant sur elle-même, avec des effets de concentration, d’accumulation, de compression, de retour parfois, mais aussi de détente ou d’étalement diffus. Intégré à la nature, l’homme y tenait une place essentielle. Il pouvait influer pour structurer le cours fluctuant de la vie, pour l’adapter en fonction des événements et de l’environnement des acteurs, pour mettre en exergue tel fait ou telle action, en dehors même de toute référence temporelle1.

Pour tout dire, les choses n’ont pas tellement changé depuis, même avec l’arrivée des étrangers popa’ et de leurs horloges accordées à l’unisson, qui se veulent universelles et lisibles par tous. Ils voudraient faire battre inexorablement une unique et implacable mesure sur toute l’étendue des mers, et imposer ainsi au peuple de l’Océan une perpétuelle fuite en avant, sans possibilité de bouclage ni même de respiration, introduisant en outre un sujet d’angoisse permanent et bien artificiel au regard du « temps qui passe » ou encore du « temps perdu ».

Les dieux marchaient-ils tous d’un pas égal et dans une direction constante ? Une pirogue parcourait-elle toujours la même distance d’une nuit sur l’autre ? N’était-elle pas soumise aux aléas du vent et de la mer, qui l’obligeaient bien souvent à tirer des bords, de sorte que deux traversées vers la même destination n’étaient jamais identiques ? Le temps du nourrisson était-il celui du vieillard ? N’était-il pas en réalité sujet à des contractions ou à des dilatations variées suivant les circonstances ? « Ô temps, suspends ton vol. Instant, tu es si beau2 ! »

Qui pouvait croire que toutes les créatures de la planète vivaient au même rythme, au même tempo ? L’indicible Ta’aroa lui-même avait-il hésité avant de décider de créer un monde incroyablement diversifié qui récusait fermement l’uniformité, avec des espèces innombrables et des cycles de vie très variés ? Lui, la Source qui préexiste naturellement à tout écoulement, avait-il imposé à toute la Création en devenir la dictature d’une quelconque chronologie universelle ? Quelle était donc cette machine étrange et désincarnée à laquelle les marins popa’ concédaient les pouvoirs d’un dieu ?

« Terii ne cherchait point à dénombrer les saisons depuis lors écoulées ; ni combien de fois on avait crié les adieux au Soleil fécondateur. Les hommes blêmes ont seuls cette manie de compter, avec grand soin, les années enfuies depuis leur naissance, et d’estimer à chaque lune ce qu’ils appellent leur “âge présent” ! Autant mesurer des milliers de pas sur la peau changeante de la mer.3 »

Les langues océaniennes4 figurent parmi les rares langages où la valeur aspectuelle est privilégiée et l’emporte encore sur les informations temporelles qui situent chronologiquement l’énoncé d’un point de vue extérieur à ce dernier. L’action est donc exprimée non pas en fonction du moment (le « quand ») mais de la manière (le « comment »), c’est-à-dire sous l’angle de son déroulement interne. Passé, présent et futur se rejoignent et sont indissociables.

Très précis, le calendrier océanien est à la fois solaire et lunaire. Les grandes périodes de l’année sont globalement déterminées par les solstices et les équinoxes, mais également affectées par les mouvements d’autres astres, les Pléiades notamment, dont les apparitions ou les disparitions sur l’horizon marquent les saisons agraires. À Tahiti, ces périodes astrales sont liées à la fructification de l’arbre à pain uru ; à Aotearoa (Nouvelle-Zélande), il s’agit de la patate douce kumara ; en Nouvelle-Calédonie, on observe la floraison rouge de l’érythrine à la mi-novembre.

Les différentes phases tai’o-p de la révolution de la Lune autour de la Terre servent à déterminer les trente nuits p différentes du cycle synodique. Elles correspondent à des années taumatetai’o de douze ou treize lunaisons marama, de vingt-neuf ou trente p, divisées en deux saisons tau majeures : tau’auhune période d’abondance et tau o’e période de pénurie. « Le génie du Polynésien se situe au niveau de l’attribution d’un nom à chaque phase lunaire pour permettre d’identifier chaque nuit. Il n’avait donc aucune raison, dans ces conditions, de regrouper les jours en semaine pour faciliter leur décompte, comme l’ont fait d’autres peuples5. »

La correction périodique nécessaire pour recaler le calendrier lunaire sur le solaire (ou agraire) était effectuée à la période des équinoxes et des solstices. On retirait parfois simplement du calendrier tai’o-p
la première nuit treo, où la Lune est pratiquement invisible. « Trois astres entraient successivement en jeu à divers moments de l’année pour synchroniser les lunaisons avec les saisons : le Soleil R aux solstices et aux équinoxes, les Pléiades Matari’i à leur lever héliaque du soir avant le début de l’été austral et à leur coucher héliaque du soir avant le début de l’hiver austral, et enfin l’étoile Pollux Rehua, à son coucher héliaque du soir. Ce qui laisse supposer un raisonnement très élaboré à propos du temps et des mouvements astraux. De ce savoir, seul est resté en usage chez les pêcheurs et les agriculteurs le calendrier lunaire6. »

Groupées par décades selon un système décimal très ancien, ces nuits portent donc chacune un nom particulier lié à l’apparence de la Lune et figurent dans un ordre de succession bien établi. On peut apprécier ainsi très directement le niveau atteint par la civilisation océanienne, par la précision et la richesse de son vocabulaire touchant notamment l’astronomie et l’océan7. « Ces peuples employaient la numération décimale : ils comptaient par vingtaines et par quarantaines. Ils estimaient le temps par lunes ; douze lunes formaient l’année ; mais les véritables périodes étaient dans les saisons. Chaque lune comme chaque nuit de lune avait son nom spécial ; car ils employaient les nuits et non les jours pour estimer les fractions d’un mois8. » « Ils ont un nom pour chaque jour des phases de la Lune, et peuvent indiquer son âge avec certitude et à première vue, sans se servir de chiffres9. » Ces différentes phases sont utilisées pour la connaissance des cycles des marées, de la pêche10, des plantations ou encore les prévisions météorologiques : on sait par exemple que les poissons sont gras en période de pleine lune et maigres après son dernier quartier.

À titre d’illustration, la première nuit après la nouvelle lune treo est appelée à Uvea vakai temonio (« seul le démon perçoit le rayon lumineux »), la deuxième vakai tautai (« seul le navigateur perçoit le rayon lumineux »), la troisième est celle où le commun des mortels peut enfin contempler le « sourire » du premier croissant tuu afiafi. La grande difficulté à déterminer a priori la date du premier jour de la nouvelle lune est d’ailleurs commune à tous les systèmes de calendriers lunaires.

Durant la quinzième nuit hotu, la lune qui se lève peu avant le coucher du soleil est pleine et la matinée qui suit est la plus appropriée pour mettre en terre des plantes comestibles ; les poissons courent, il faut utiliser le filet, mais en tournant son ouverture vers le large. Quiconque naît ce jour-là sera prospère, affectueux et aimé de tous.

La vingt-septième nuit de la lunaison tne était réservée aux prières. Ce jour-là et le suivant roonui étaient propices pour la pêche à la ligne et les femmes en profitaient pour plonger à la recherche des oursins. C’est la dernière fois où la Lune est visible. Cette nuit est fructueuse à bien des égards, en particulier pour concevoir des enfants. Et ainsi de suite…

Parallèlement à cette division temporelle régulière en mois, nuits et heures lunaires, les saisons de l’année – naturellement variables selon les archipels dans les immensités océaniennes – se réfèrent essentiellement aux mouvements apparents des Pléiades Matari’i ou éventuellement d’autres étoiles, comme Antarès ou Pollux. Ainsi, par exemple, le début de la saison des pluies dans telle île est-il marqué par l’apparition des Pléiades sur l’horizon après le coucher du soleil, ce qui correspond telle année à la deuxième nuit (hirohiti) du septième mois lunaire (anakena, à Rapa Nui). « À l’intérieur de la journée, les extrêmes, c’est-à-dire l’apparition et la disparition du jour, et la nuit où tournent planètes et constellations, font l’objet d’une computation minutieuse, qualitative, pleine de nuances, non divisée en unités de temps égales, mais qui permet de s’y retrouver parfaitement bien11. »

Sur toute l’étendue du Grand Océan, et sans doute bien plus largement encore, l’Histoire au sens popa’ du terme est en réalité semblable à une coupe de terrain avec des strates superposées d’épaisseur et de textures variables selon les circonstances et l’importance mythique des récits. Cette vision n’est pas celle de l’historien, mais plutôt celle du poète : comme l’écrit Victor Hugo, il s’agit de « peindre dans l’homme momentané, l’homme éternel ».

L’âge archéologique et l’ancienneté relative n’avaient donc pas de signification propre. En outre, on ne se préoccupait nullement de savoir si le récit pouvait être étayé par des « preuves » matérielles, en l’absence d’écrits dans cette civilisation de tradition orale. En revanche, il était incontestablement basé sur des éléments culturels pérennes et largement fondateurs, d’autant plus qu’ils étaient en quelque sorte intemporels. Les événements étaient ordonnés dans le passé essentiellement en fonction de leur importance pour la communauté et du lieu où ils s’étaient déroulés. Ce qui comptait avant tout, c’étaient l’empreinte laissée par les Ancêtres – y compris dans le dire – ainsi que le geste de la Création, dont pouvaient témoigner les événements passés.

Si l’Homme n’avait pas de place dans le récit, alors l’Histoire n’avait pas de consistance, ni même de raison d’être. Ce qui concernait fondamentalement ces peuples était le jeu des acteurs humains ou divins, notamment au travers du récit de leurs exploits. Car ils ne pensaient pas que quelque chose puisse subvenir qui ne fût la conséquence de la volonté des dieux ou des hommes.

Tout ce qui se manifestait venait ajouter à la Création, donner un éclairage inédit et faire naître de nouvelles visions encore insoupçonnées, comme le navigateur suit une route jamais figée et pousse devant lui un horizon qu’il ne peut atteindre. « Comme le navire traverse une mer agitée sans qu’on puisse retrouver la trace de son passage, ni le sillage de sa coque sur les vagues12… »

Ils n’étaient pas enfermés dans une étroite machine à mesurer un temps qui serait universel pour tous et partout ; une machine prévisible et par conséquent à jamais inanimée, qui scandait inexorablement la même mesure et finissait par lasser, comme un pas de danse répétitif et ininterrompu, ou comme un disque rayé. « Vos yeux pressés sont rivés sur des montres, nous vivons ensemble la durée » disaient-ils aux popa’. Leur monde à eux ne fonctionnait pas de façon déterminée, car le mouvement perpétuel des choses empêche paradoxalement qu’on leur attribue une valeur absolue. Oui, décidément, « l’ennui naquit un jour de l’uniformité »13.

Les déplacements quotidiens des astres, les mouvements incessants de la mer, la succession des saisons, le souffle puissant des grands vents marins, les différents cycles de la vie animale ou végétale, mais surtout l’égrènement ininterrompu des événements ponctuant les généalogies u’i scandaient naturellement leurs vies. Dans ce contexte de repères à la fois cycliques et linéaires s’incarnaient les actions des hommes et des dieux, et cela seul importait in fine.

Nous avons oublié l’importance de la mémoire et de la transmission orale dans les sociétés traditionnelles, y compris celles qui pratiquent l’écriture depuis des millénaires. De génération en génération, d’immenses récits étaient ainsi appris et transmis fidèlement. De nos jours encore, des sagas de plusieurs milliers de vers sont apprises par cœur en Inde. Les capacités de la mémoire, l’une des facultés les plus fondamentales de l’intelligence humaine, étaient développées à un point qui nous paraît aujourd’hui inimaginable, notre mémoire étant le plus souvent consignée sur papier et désormais sur ordinateur, ce qui nous exonère de bien des efforts intellectuels.

En réalité, le pouvoir des chefs polynésiens reposait amplement sur leur capacité à comprendre les événements et à replacer leurs actions dans un contexte historique et singulièrement généalogique. Force vive du verbe et de la parole, énergie immanente : le chef est celui qui incarne le mana des anciens. On récitait (vanana) tous les noms de famille sur trente ou quarante générations, voire plus. Les jeunes futurs princes ari’i14 et autres tahu’a faisaient les cent pas dans les marae de leurs familles, nuit après nuit, en scandant ces récitations pleines de détails pour les apprendre par cœur. La seule dynastie de la famille royale de Tahiti comprenait déjà quarante-deux noms jusqu’à T, père de Pmare Ier (né vers 1774), répertoriés dans Tahiti aux temps anciens15. En 1828, les capitaines de vaisseau britanniques John Rodolphus Kent et Samuel Pinder Henry confirment ces remarquables capacités : « They know the Bible and Testament off by heart, from beginning to end. »

Outre la navigation au sens le plus exhaustif, on enseignait également aux futurs dirigeants la généalogie et l’histoire des ancêtres. Ces récits relataient les exploits des premiers navigateurs, passés au rang des divinités tutélaires sur leurs grands catamarans célestes. Ils avaient aussi pour vocation de légitimer les droits fonciers de l’aristocratie locale.

Lorsque le régime de la propriété foncière fut instauré dans les années 1880 par le gouvernement français, des actes de notoriété furent dressés devant les fonctionnaires républicains en l’absence de pièces écrites. À Taha’a par exemple, la propriété de la terre de Muri fenua fut établie sur la base d’une généalogie récitée sans interruption sur près de cinq cents ans : « Imagine-t-on en France des gens revendiquant des terres et se faisant des procès dont les droits de propriété remonteraient à l’époque de Louis XI16 ? »

En 1903 encore, Victor Segalen raconte une soirée à Hiva-Oa (Marquises)17 : « Scandant son dire monotone, une vieille femme […] nous récite les Origines, et comment furent peuplées les îles et les soixante et onze générations qui s’affilièrent depuis. […] Tioka, l’ami de Gauguin18, commente les vieux dires, et la récitante […], balançant d’un rythme égal sa main sèche, scande d’une oscillation chaque nom de sa longue dynastie. » On lit dans les Mémoires de la reine Marau Ta’aroa : « dans l’assemblée que réunit Pomare [en 1780], Eimo refusa de l’aider, déclarant qu’ils étaient liés par une alliance avec Vaiari par le traité proposé par Marama à Tetunae il y avait quarante-deux générations passées, qui fut accepté par Tetunae, ratifié par son conseil royal des Trois et consacré par le Marae i Farepua. Cette alliance était si sacrée que même la mère de Pomare n’osait la rompre. »

Leurs facultés de mémorisation étaient en outre sollicitées et même exacerbées par les méthodes de navigation traditionnelles, sans cartes ni instruments : on apprenait et on chantait par cœur des litanies de routes maritimes, avec leurs chemins d’étoiles et mille autres références indispensables à la navigation océanique.

La longue litanie chantée mere des innombrables généalogies, matérialisées par des « cordelettes-à-enfiler-les-générations », marquait une succession de nœuds diversement espacés. Le premier nœud tupuna représentait le fondateur de la lignée, parfois élevé au statut de divinité tutélaire atua-tupuna ; à partir de lui, des bras ramifiés de longueurs inégales se prolongeraient indéfiniment ‘a-muri, jusqu’aux futurs derniers-nés. Le récitant généalogiste ‘aihua’a égrenait cette tresse-chapelet de cordelettes à nœuds ‘aha tui hana, qui ressemblait un peu à un poulpe, en commençant par la tête qu’il plaçait devant lui. Il découvrait ensuite chaque génération u’i nœud après nœud.

« Le temps n’est pas un fluide qui s’écoule, du “passé” jusqu’au “futur” en passant par le “présent”, mais des grains que l’on compte. Le premier apparaît à un instant donné, à l’avant, et le reste se succède à l’arrière, à l’infini. Le passé comme le futur ne sont donc plus des éléments pertinents, seule compte la succession des moments. Chaque grain agit donc comme une succession de moments ou d’unités de temps19. » Ainsi, le nouveau-né viendrait de derrière et serait placé devant, comme une sorte d’anticipation de l’avenir qu’il incarnait, dans un temps qui n’était pas encore donné. De sorte que le passé mua, connu grâce à la mémoire et donc visible, était mis devant les yeux de tous, alors que l’avenir encore inconnu et invisible muri resterait logiquement caché « jusqu’à ce qu’il advienne », en d’autres termes « jusqu’à ce qu’il vienne devant ». Il s’agit donc de l’inverse de la représentation chronologique occidentale, qui place l’avenir devant soi.

À l’instar de l’apparition successive des étoiles visées par le navigateur, émergeant de (sous) l’horizon, cette suite continue et ponctuée d’événements généalogiques de durées et de densités variées transmettait la mémoire des générations précédentes. Certes, elle conférait à leur histoire sa richesse et sa profondeur temporelle, mais elle n’imposait nullement ce qui allait advenir muri. L’avenir anticipé s’écoulait vers l’imprévisible mais se conjuguait toujours au présent, seule réalité sensible et même tangible, dont le parfait épanouissement révélait en quelque sorte les prémices du futur, à l’image du bourgeon qui s’ouvre en fleur.

Ainsi, la succession exhaustive des noms, des événements et des lieux apprise par cœur n’était-elle pas à prendre dans un sens chronologique, mais selon une perspective hiérarchique marquant en quelque sorte une « densité humaine » variable, fondée sur la richesse d’une longue lignée généalogique avec toutes ses ramifications réticulaires, mais toujours inscrite dans son contexte aspectuel et spatial. Seul le devenir des naissances nouvelles pourrait en effet lui donner un sens, mais a posteriori. C’est ce qui générait une communauté libre et jamais figée, dans la continuité d’une lignée familiale omniprésente dans les mémoires. Ainsi s’exprimait la Création dans le Grand Océan Moana Nui, en toute liberté.


1L’anthropologue Epeli Hau’ofa parle de « temps écologique ».

2Selon Lamartine (poème Le Lac) et Goethe (Faust).

3V. Segalen (sous le pseudonyme de Max-Anély), Les Immémoriaux, Paris, Le Mercure de France, 1907.

4La famille linguistique austronésienne compte environ 4,5 % de la population mondiale, soit près de quatre cents millions de locuteurs répartis sur plus de mille deux cents langues, c’est-à-dire plus de 20 % des langues parlées dans le monde, élément fondamental de notre biodiversité.

5Cl. Teriierooiterai, « Mythes, astronomie, découpage du temps et navigation traditionnelle : l’héritage océanien contenu dans les mots de la langue tahitienne », thèse de doctorat, université de la Polynésie française, 2013.

6Ibid.

7Nos langues occidentales sont à cet égard beaucoup plus pauvres. Imagine-t-on plus de trente noms différents pour la seule lune ?

8J. Dumont d’Urville, Voyage pittoresque autour du monde, 1834.

9The journal of James Morrison, boatswain’s mate of the Bounty.

10Le calendrier lunaire est toujours utilisé localement.

11J.-A. Moerenhout, Voyages aux Îles du Grand Océan, Paris, Adrien Maisonneuve éditeur, 1837.

12Pour l’exprimer en langage scientifique d’aujourd’hui, le milieu maritime est globalement probabiliste alors que celui des terriens est plutôt déterministe.

13A. Houdar de La Motte, « Les amis trop d’accord », Fables, 1719.

14On observera que le titre d’ari’i, qui désigne les chefs les plus importants, ressemble étrangement au terme indo-iranien airiya qui a une signification très proche (noble/excellent/honorable).

15Op. cit., p. 273.

16A. Gerbault, Un paradis se meurt, Paris, Éditions Self, 1949.

17Cité par J.-J. Scemla, Le Voyage en Polynésie, Paris, Robert Laffont, 1994.

18Gauguin est enterré depuis 1903 dans le somptueux cimetière fleuri qui surplombe la baie.

19Cl. Teriierooiterai, op.  cit.

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