« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », selon la formule attribuée à Héraclite. Le temps passe. Son cours conduit inexorablement chacun vers l’événement commun à tous : la mort. L’entrée en matière est sans doute abrupte, le lecteur me le pardonnera, mais la mort n’est-elle pas le probable horizon de tout soldat qui s’engage ? Est-il nécessaire de rappeler que le Statut général des militaires précise que « l’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité »1 ? Ou que le Code du soldat mentionne à l’article 9 : « La mission est sacrée, je l’accomplis jusqu’au bout avec détermination et esprit d’initiative » ?
Dès le premier numéro d’Inflexions, intitulé « L’action militaire a-t-elle un sens aujourd’hui ? » (2005), Jean-René Bachelet livrait un texte qui souhaitait « inspirer le moment redoutable, […] il s’agit bien sûr du temps militaire2, […] celui, par définition, de situations d’exception qui sollicitent toutes les ressources de l’être puisque la vie même y est en jeu ; celui, ainsi, d’une certaine “heure de vérité” de la condition humaine »3.
Le trente-cinquième numéro de la revue était, quant à lui, entièrement consacré au sujet. La mort est un lieu commun pour le soldat, certes. Toutefois, il n’en demeure pas moins délicat de l’aborder, notre société la recouvrant a minima d’un voile pudique et cherchant le plus souvent à l’évacuer. Le constat ne date pas d’aujourd’hui. En 1975, dans Essais sur l’histoire de la mort en Occident, Philippe Ariès proposait quatre exposés intitulés « La mort apprivoisée », « La mort de toi », « La mort de soi » et « La mort interdite ». En conclusion de sa première partie, il ramassait de manière éclairante son propos sur l’évolution du rapport à la mort de l’homme occidental : « Au xixe siècle, elle paraissait partout présente : convois d’enterrement, vêtements de deuil, extension des cimetières et de leur surface, visites et pèlerinages aux tombeaux, culte du souvenir. Mais cette pompe ne cachait-elle pas le relâchement des anciennes familiarités, les seules vraiment enracinées ? En tout cas, cet éloquent décor de la mort a basculé à notre époque, et la mort est devenue l’innommable. Tout se passe désormais comme si, ni moi ni ceux qui me sont chers, nous n’étions plus mortels. Techniquement, nous admettons que nous pouvons mourir, nous prenons des assurances sur la vie pour préserver les nôtres de la misère. Mais, vraiment, au fond de nous-mêmes, nous nous sentons non mortels4. »
La mort est devenue « innommable » dans un pays qui connaît un épisode de paix durable, voire inédit. La grande majorité de nos concitoyens – et c’est heureux ! – n’a pas connu de temps de guerre. Nous appartenons certainement à l’une des générations les plus prospères de l’Histoire ; l’Europe est l’un des espaces les plus riches du globe. La mort au combat est devenue un événement moins fréquent. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que durant les quatre années de la Grande Guerre, neuf cents soldats français en moyenne ont perdu la vie chaque jour. Mais le soldat le sait : la mort reste plus qu’une « hypothèse de travail »5. Au combat, « elle est une réalité palpable qui fait effraction permanente par tous les orifices », pour reprendre les mots du « Vol du frelon »6 d’Hervé Pierre.
- Douleur intime
Si la mort est un sujet tabou, que dire du deuil ? Pour l’historien ou le journaliste, qui cherche à aller au-delà du tabou et en faire son objet, il y a une réelle difficulté à le saisir quelle que soit son échelle. Stéphane Audoin-Rouzeau le concède dans l’introduction de son étude consacrée au deuil personnel durant la Grande Guerre, synonyme d’un phénomène de « mort de masse » dès les premières semaines du conflit puisque vingt-cinq mille soldats français sont tués la seule journée du 22 août 1914 : « Sachant l’irréductible singularité de chacune de ces vies, je n’essaierai pas, pour dissimuler le peu de cas que – contraint et forcé – j’ai fait des exigences historiennes de représentativité, de m’abriter derrière l’élégant bouclier de la micro-histoire. Au moins ce travail m’aura-t-il appris que tout deuil est unique, unique au point qu’il n’est pas exagéré de dire qu’il y a autant de deuils de guerre – tous irréductiblement différents – que d’hommes, de femmes et d’enfants en deuil au sortir du conflit. Je n’oserais donc affirmer que chacun de ces récits parvient à exprimer un “singulier normal”. […] Qu’on me pardonne enfin une ultime entorse aux règles académiques les mieux fondées. À l’issue de ces récits, il ne m’a paru ni utile, ni même décent peut-être, d’ajouter plus de mots : c’est pourquoi j’ai préféré laisser ce livre sans conclusion7. »
L’enquête 1929 jours menée par Nicolas Mingasson auprès des proches endeuillés par la perte d’un soldat en Afghanistan révèle la même pluralité des cas et une impossibilité similaire à généraliser sur l’expérience d’une douleur profonde : « Au terme de ce long voyage, après tant de rencontres, je pensais conclure – ou devoir conclure – sur le deuil et la mort. En dire quelque chose de personnel, en tirer des conclusions nées de ce que j’ai pu absorber de l’expérience de ceux qui l’avaient rencontrée. Mais impossible ! Chaque tentative se soldait par un échec. N’avais-je pas, pourtant, entendu tant de fois des parents, des veuves, me dire qu’aucune lecture sur le deuil n’avait su les convaincre. J’allais, sans m’en rendre compte, tomber dans le même travers. Tout était pourtant tellement simple ! Mais il fallut l’ultime relecture des dernières épreuves, quand le temps me filait entre les doigts, face à l’urgence, pour que je réalise que parler de la mort, c’est surtout parler d’amour et de la fragilité du temps8. »
Impossible littérature du deuil ? Peut-être… Chaque deuil est intime, chaque deuil est singulièrement vécu. L’attitude adaptée n’est jamais aisée à adopter. Chef d’état-major de l’armée de terre, amené à prononcer l’éloge funèbre de soldats, je peux en témoigner ; les accidents fatals en service ou hors service sont malheureusement réguliers et les lettres de condoléances adressées aux familles de nos anciens fréquemment signées. L’armée de terre porte le deuil plus souvent qu’il n’y paraît.
- Être frère d’armes, c’est être responsable
Dans ces moments d’épreuve, le mot responsabilité prend tout son sens pour les chefs et les frères d’armes : « Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous9. » Une leçon de la guerre, « l’acceptation pure et simple de la mort »10, qu’Antoine de Saint-Exupéry partage dans Pilote de guerre : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : “J’ai été battu.” Il ne dit pas : “Mes soldats ont été battus.” L’homme véritable parle ainsi. Hochedé dirait : “Je suis responsable.” Je comprends le sens de l’humilité. Elle n’est pas dénigrement de soi. Elle est le principe même de l’action. Si, sans l’intention de m’absoudre, j’excuse mes malheurs par la fatalité, je me soumets à la fatalité. Si je les excuse par la trahison, je me soumets à la trahison. Mais si je prends la faute en charge, je revendique mon pouvoir d’homme. Je puis agir sur ce dont je suis. Je suis part constituante de la communauté des hommes. Il est donc quelqu’un en moi que je combats pour me grandir11. »
En somme, la responsabilité envers un camarade et sa famille est le fondement de la fraternité d’armes qui réunit dans la joie comme dans la peine, dans la plénitude des temps forts de cohésion comme dans les tourments du vide laissé par un camarade parti trop tôt. Au moment de saluer une dernière fois le disparu lors d’une cérémonie militaire, ses frères d’armes s’engagent pudiquement à accompagner et à veiller sur les proches. Soldats, nous savons qu’un parent, un frère, une sœur, une compagne est inconsolable. Pour tenter de l’apaiser notre compassion est offerte. L’expérience du deuil forge donc la fraternité d’armes, qui est le lien le plus précieux pour un soldat, ce lien qui unit du jeune engagé à l’officier général, englobant les familles. La pièce de Shakespeare Henry V en donne l’une des plus belles formulations, le dramaturge prêtant ces mots au roi d’Angleterre le jour de la bataille d’Azincourt : « Ce jour ne reviendra jamais, d’aujourd’hui à la fin du monde, sans qu’on se souvienne de nous, de notre petit groupe, nous les frères d’armes. Car celui qui aujourd’hui versera son sang avec moi sera mon frère ; quelle que soit sa condition, ce jour l’anoblira12. » Une tirade dont l’Histoire a retenu le fameux : “We Few, we Happy Few, we Band of Brothers.”
- « On ne meurt qu’à demi » dans une lignée militaire
Après les temps du combat et du deuil, vient celui du souvenir. Commémorer pour éviter que le temps qui passe fasse tomber dans l’oubli ceux parvenus à l’extrême limite du devoir ; commémorer pour perpétuer la fraternité d’armes. La vie reprend son cours et le cérémonial aide à commémorer année après année au sein du régiment en particulier dans la logique paysanne de Terre des hommes : « Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix, car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort. Elle est si douée quand elle est dans l’ordre des choses, quand le vieux paysan de Provence, au terme de son règne, remet en dépôt à ses fils son lot de chèvres et d’oliviers, afin qu’ils le transmettent, à leur tour, aux fils de leurs fils. On ne meurt qu’à demi dans une lignée paysanne. Chaque existence craque à son tour comme une cosse et livre ses graines13. »
« On ne meurt qu’à demi » dans une lignée militaire. Chaque carrière lègue un héritage pour ceux qui restent et ceux qui viendront. Les cérémonies constituent les moments propices à sa transmission : évocation de l’ordre du jour, minute de silence, sonnerie aux morts. Elles marquent « une rupture dans la temporalité ordinaire des unités »14, comme l’écrit André Thiéblemont dans Cultures et Logiques militaires. Le temps d’une cérémonie, la place d’armes devient un lieu sacré où se rencontrent l’ordre guerrier, ou plutôt le désordre guerrier – celui du bruit des détonations et du vacarme qui rend difficile la seule compréhension des ordres, de la peur, des fumigènes, de la dispersion des soldats postés, de l’incertitude de la durée du combat – et l’ordre serré – celui d’une hiérarchie clairement visible, le toit est organisé, les commandements y sont précis, le timing est chronométré, le silence solennel.
Dès le cérémonial s’entretiennent les forces morales et la fraternité d’armes, car ce « moindre des moyens », comme l’avait constaté Charles Ardant du Picq, structure à sa manière l’organisation des régiments et leur temps : « C’est une naïveté que de dire qu’il n’y a pas d’armée digne de ce nom sans discipline. Il n’y a pas d’armée sans organisation, et toute organisation est défectueuse qui néglige le moindre des moyens pouvant rendre plus réelle et plus forte la solidarité entre les combattants. […] La discipline ne se commande, ne se crée pas du jour au lendemain : c’est une affaire d’institution, de tradition. […] Plus se perfectionnent les engins de guerre, plus effrayante devient cette lutte avec la fatalité qui est le combat moderne, plus difficile est la discipline15. »
Inflexions a pris l’habitude d’organiser des journées d’études dédiées à la relation et au combat. En 2022, la deuxième journée du cycle « Combat et cérémonial » avait retenu pour titre « Reconnaissances ». Le pluriel était pleinement justifié, car le terme possède trois acceptions : l’action d’admettre, la reconnaissance d’une qualité, d’une erreur ; l’action d’identifier, reconnaître un visage, une position ennemie au sens militaire ; l’action de reconnaître au sens de gratitude, témoigner de la reconnaissance.
Dans les lignes qui suivent, il est proposé au lecteur trois détours dans trois lieux du temple pour faire saisir au profane le sens du cérémonial en trois temps, pour « reconnaître » cette part de sacré qui pourrait lui échapper. En effet, le profane est « celui qui est hors du temple » ; le mot est une analogie du latin fanum « le lieu du rituel », le lieu où se passent les cultes. Le temple découpe l’espace, ce qui est à l’intérieur est sacré. Plus on avance dans le temple, plus l’espace est sacré, à l’image de la structure concentrique du Temple de Jérusalem, qui comprend notamment le parvis des gentils, le sanctuaire puis le Saint des Saints. Trois lieux pour trois temps.
- Le parvis des gentils : le Marchfeld
À Coëtquidan, le Marchfeld est une place d’armes immense, peut-être parmi les plus grandes de l’armée de terre. Le cadre est unique, à la lisière des bois. La majestueuse statue équestre de Kléber est surplombée par le mât des couleurs. Telle est la scène du Triomphe, point d’orgue de l’année, qui a toutefois bien évolué depuis ses origines16. Là se perpétue un rite de passage : « À genoux les hommes, debout les officiers » et la promotion nouvelle est baptisée, entourée des anciens, sous les yeux des autorités civiles et militaires, des familles. À ce moment précis, chaque élève prend l’engagement individuel de servir comme officier ; il rend témoignage au « monde » de cette volonté de servir la France. C’est une reconnaissance au sens d’admettre et de reconnaître une qualité. L’élève officier accepte son statut d’officier des armes et simultanément lui est reconnue sa qualité d’officier, même si tout reste à démontrer. Le soldat se prépare à être un chef et à combattre. Le païen aspire à devenir pratiquant.
Par ailleurs, en recevant un nom de promotion, les élèves prennent l’engagement collectif de faire fructifier un héritage, souvent celui d’un ancien exemplaire. Le chant de promotion entonné sur le Marchfeld énonce presque systématiquement ce serment, celui de la « Tom Morel » ne fait pas exception : « Fier lieutenant Tom Morel/ Officier dont le nom rappelle/ Ce pourquoi nous avons choisi/ De servir notre patrie/ Pour l’amour de notre pays/ Nous voulons raviver l’esprit/ Auquel vous êtes resté fidèle/ Il nous servira de modèle/ Tom Morel fier lieutenant/ Nos casoars rouges et blancs/ Jamais ne veulent s’abaisser/ Ils marquent notre volonté/ De servir comme officier/ Même si la vie il faut donner. »
- Le sanctuaire : le quartier Foch
La place d’armes du 3e régiment d’infanterie de marine est plus modeste que sa voisine. Selon certains, elle rassemblerait les marsouins de l’un des plus beaux régiments de France. Nous sommes à Vannes, au quartier Foch. Le général commandant la 9e bima passe en revue le piquet d’honneur. Le cérémonial est très sobre, sans mise en scène, comprenant peu de commandements, pas de mouvement. Son intérêt réside dans le dialogue direct entre un chef et son subordonné. Sur les rangs, un marsouin d’une vingtaine d’années, récemment rentré de Kapisa où il a été déployé durant six mois avec sa compagnie comme tireur Milan, se présente. Le mandat a été difficile, le régiment a perdu cinq des siens en Afghanistan et neuf y ont été sérieusement blessés. Ce jeune caporal a connu, dès sa première opération extérieure, l’expérience apocalyptique – au sens premier de révélation – pour un militaire : l’épreuve du feu. Il a donné la mort et l’a côtoyée de près. Ce face-à-face entre le général et le marsouin donne lieu à une reconnaissance : l’identification d’un nom et d’un visage. Le jeune guerrier est reconnu par un autre guerrier. L’expérience combattante est évoquée à l’occasion d’une modeste discussion. Le pratiquant est devenu un initié, un guerrier s’inscrivant dans la lignée de ses anciens de Bazeilles, de Champagne, de Daguet, de Vrbanja, de ses camarades tombés en Afghanistan. Il transmettra son expérience aux nouvelles recrues.
- Le saint des saints : la cour d’honneur des Invalides
La cour d’honneur des Invalides est un lieu emblématique pour tout soldat, accueillant les blessés, les plus âgés ; y sont décorés les plus méritants et y sont rendus les hommages nationaux. Le 24 septembre 2021, le sergent Blasco, commando du 7e bataillon de chasseurs alpins en mission au Sahel, était mortellement touché par un djihadiste. Il s’était notamment illustré le 14 juin 2019, au Mali. L’hélicoptère Gazelle dans lequel il avait pris place avait été atteint par les tirs d’un groupe armé de terroristes et tombait au sol en zone ennemie. Éjecté de l’habitacle, dans un élan de courage et faisant fi de la douleur causée par ses blessures, il réussissait l’impossible ; il sauvait la vie des deux membres de l’équipage, dans des circonstances « extra » ordinaires, en les fixant à l’extérieur de l’appareil Tigre venu en urgence les secourir, près du train d’atterrissage. En neuf années de service, six citations et la médaille militaire lui ont été décernées. Il a été directement fait officier de la Légion d’honneur. Le 29 septembre, l’hommage national lui est rendu selon un cérémonial sobre mais très solennel. Sont présents le président de la République et ses deux familles « personnelle et militaire ». Ses frères d’armes du groupement commando montagne, en tenue de combat, portent sa photographie, ses décorations et le cercueil recouvert du drapeau. La nation reconnaît le sacrifice du sergent. Ce jour-là, le président de la République ne s’exprime pas. Il est des silences qui en disent long. La douleur des proches, l’émotion font qu’aucune prise de parole n’est nécessaire pour « décrypter » le sens du cérémonial. Le guerrier devient un héros.
Temps du combat, du deuil et des commémorations… Et demain ? Il m’est souvent posé la question : « Mon général, la jeune génération et celle à venir seront-elles à la hauteur de leurs anciens ? » À l’issue d’une cérémonie, j’observe qu’au cours des échanges qui s’instaurent entre vétérans et plus jeunes, la relève constate, le temps d’un instant, qu’elle partage la même volonté de servir la France. Le 12 octobre 2021, le dernier compagnon de la Libération, Hubert Germain, s’éteignait. Dans son ouvrage Espérer pour la France, lauréat du prix littéraire de l’armée de terre Erwan Bergot en 2020, il écrit : « Oui, les Compagnons ont brûlé leur meilleur charbon et, quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes17 ! » Je peux également en témoigner, les jeunes soldats rencontrés lors de mes déplacements sont animés par le même feu que leurs anciens. Au Sahel, chaque fois qu’un soldat embarque dans son blindé pour partir en patrouille, il prend un risque, celui d’être la cible d’une attaque par mine ou d’une embuscade. Sur le flanc est de l’Europe, ils s’entraînent, prêts à tout. Notre pays et l’armée de terre s’enorgueillissent de pouvoir compter sur une jeunesse désireuse de servir.
Restons avec Saint-Exupéry pour conclure : « Il en était quelques-uns, semblables à des sentinelles, face à la nuit comme face à la mer. “Les voilà, me disais-je, témoins de la vie face à l’impénétrable mer. En avant-garde. Nous sommes quelques-uns à veiller sur les hommes, auxquels les étoiles doivent leur réponse. […] Portant la charge de la ville, nous sommes quelques-uns parmi les sédentaires, que durement flagelle le vent glacé qui tombe comme un manteau froid des étoiles”18. » Oui, il en est encore des sentinelles prêtes à porter la charge de la ville, prêtes à traverser les temps militaires.
1Code de la défense, partie 4, « Le personnel militaire », livre Ier « Statut général des militaires », article 4111.
2C’est nous qui soulignons.
3J.-R. Bachelet, « L’action militaire : sens et contresens », Inflexions n° 1, 2005, p. 47.
4P. Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, Le Seuil, 1975, pp. 74-75.
5Je reprends ici le sous-titre de l’ouvrage de Michel Goya, Sous le feu, Paris, Tallandier, 2014.
6H. Pierre, « Le vol du frelon », Inflexions n° 35, 2017, pp. 71-72.
7S. Audoin-Rouzeau, Cinq Deuils de guerre. 1914-1918, Paris, Tallandier, 2013, pp. 10-11.
8N. Mingasson, 1929 Jours, Paris, Les Belles Lettres, 2016, p. 307.
9A. Saint-Exupéry (de), Pilote de guerre, in Œuvres complètes, tome II, Paris, Gallimard, 1999, p. 212.
10Ibid., p. 179.
11Ibid., p. 213.
12W. Shakespeare, Henry V [1599], Paris, Gallimard, « Folio », 1999, p. 265.
13A. Saint-Exupéry (de), Terre des hommes, in Œuvres complètes, tome I, Paris, Gallimard, 1994, p. 281.
14A. Thiéblemont (dir.), Cultures et Logiques militaires, Paris, puf, 1999, p. 188.
15C. Ardant du Picq, Études sur le combat [1880], Paris, Economica, 2004, p. 88.
16Voir A. Thiéblemont, op. cit, p. 204 : « Avant le Triomphe, une soirée théâtrale dite turne vorace, le terme de voraces désignant les officiers d’encadrement, montée par les élèves et strictement réservée aux officiers et à leur famille, condensait les expressions critiques que comportait l’ancien rituel carnavalesque. […] La seconde ligne de transformation réside dans une conceptualisation croissante du rituel festif. Des séquences rituelles, autrefois confondues, ont été raisonnées et organisées séparément. L’ordre du sacré, lui-même mis en spectacle, a été séparé de l’ordre du profane, jusqu’à construire une architecture religieuse, au propre comme au figuré. À l’intérieur du profane, l’ordre de la dérision et du ludique, qui antan tramait l’ensemble du rituel, a été soit résorbé au profit de démonstrations de savoir-faire, soit cantonné (les bals en soirée). »
17H. Germain, Espérer pour la France, Paris, Les belles lettres, 2020, pp. 69-70.
18A. de Saint-Exupéry, Citadelle, in Œuvres complètes, tome II, Paris, Gallimard, 1999, p. 449.
There is a saying, attributed to Heraclitus, according to which “no man ever steps in the same river twice.” Time passes by and its course inexorably leads each of us towards a universal event: death. As abrupt as this introduction may be, the reader will surely forgive me; for is death not the foreseeable fate of all enlisted soldiers? Must we recall that France’s General Military Status (the by-laws of French military personnel) specifies that “military life requires, in all circumstances, a spirit of sacrifice, which may extend as far as the ultimate sacrifice, discipline, availability, loyalty and neutrality1”? Or that Article 9 of the Code of the French Soldier mentions that “the mission is sacred, I carry it out until completion with determination and initiative”?
For the very first issue of Inflexions, titled “Does military action have meaning today?” (2005), Jean-René Bachelet wrote an article that aimed to “inspire the dreaded moment, [...] [t]he topic at hand is of course military action2, […] one that, by definition, entails exceptional situations that draw upon all of one’s resources, since life itself is at stake; one that, therefore, points to a certain “moment of truth” in the human condition3.”
The thirty-fifth issue of the magazine was entirely devoted to this subject. Death, of course, is commonplace among soldiers. However, this topic remains no less delicate to broach, as society tends to cover it – a minima – in a veil of modesty and often seeks to discard it. This observation is nothing new. In 1975, in Western Attitudes Toward Death from the Middle Ages to the Present, Philippe Ariès presented four approaches toward death titled “Tamed Death”, “One’s Own Death”, “Thy Death” and “Forbidden Death”. In the conclusion of the book’s first section, the author summarizes his remarks on the evolution of the relationship of Western man toward death in a truly enlightening way: “In the nineteenth century death appeared omnipresent: funeral processions, mourning clothes, the spread of cemeteries and of their surface area, visits and pilgrimages to tombs, the cult of memory. But did this pomp not hide the weakening of old familiarities, which alone were really deeply rooted? In any case, this eloquent decor of death toppled in our day, and death has become unnamable. Everything henceforth goes on as if neither I nor those who are dear to me are any longer mortal. Technically, we admit that we might die; we take out insurance on our lives to protect our families from poverty. But really, at heart we feel we are nonmortals4.”
Death has thus become “unnamable” in a country that is experiencing a long-lasting, even unprecedented period of peace. The vast majority of our fellow citizens have not experienced times of war – which is rather fortunate! We certainly belong to one of the most prosperous generations in history; Europe is one of the richest places on earth. Death in battle, however, has become a less frequent event. Let us remember that during the four-year period of the Great War, an average of nine hundred French soldiers lost their lives every day. However, every soldier knows that death is more than a “working hypothesis5”. In combat, “it is a palpable reality that permanently breaks through every orifice,” to quote Hervé Pierre’s article “The Hornet’s flight6”.
- Intimate pain
If death is a taboo subject, what about mourning? For historians and journalists seeking to go beyond the taboo and study this topic, the latter remains very difficult to grasp, regardless of its scale. Stéphane Audoin-Rouzeau concedes this point in the introduction to his study on personal mourning during the Great War. Mere weeks into the conflict, the latter was already synonymous with “mass death”, since twenty-five thousand French soldiers were killed on August 22, 1914 alone: “Well aware of the irreducible singularity of each of these lives, I shall not attempt to hide behind the elegant shield of micro-history, which would otherwise allow me to conceal my – unavoidable – shortcomings with regard to the representativeness that history requires. This undertaking will at least have taught me that all mourning is unique, to the point that it would be no exaggeration to say that there are as many – irreducibly different – types of wartime mourning as there are men, women and children left to mourn at the end of a conflict. I shall therefore not dare to assert that any of these accounts are able to express a “singular norm”. [...] Forgive me as I neglect the most well founded of academic rules one last time. In view of these accounts, it seemed neither useful, nor even decent, to add anything else: this is why I have chosen to end this book without a conclusion7.”
Following the death of French soldiers in Afghanistan, Nicolas Mingasson conducted a study, titled 1929 Jours (1929 Days), among their bereaved relatives. It too reveals that grieving takes on a plurality of forms, as well as the fact that generalizations on the experience of deep pain are impossible: “At the end of this long journey, after so many encounters, I thought I would conclude – or should conclude – on grief and death; to say something personal about it, to draw conclusions from what I was able to glean from those who had encountered it. Yet this proved impossible! Each attempt resulted in failure. Had parents and widows not repeatedly told me that they hadn’t been convinced by any texts on mourning? Without realizing it, I was heading into this exact same trap. Everything seemed so simple! Only during the final rereading of the very last proofs, when time was slipping through my fingers in the face of emergency, did I realize that to talk about death is, above all, to talk about love and the fragility of time8.”
Is it truly impossible to convey grief through writing? Maybe so. Each form of mourning is intimate and is experienced in a singular way. It is never easy to adopt the right attitude. As a Chief of Staff of the French Army, I can attest to that fact, as I have been called to deliver soldiers’ eulogies in the past. Unfortunately, fatal accidents, whether on or off duty, are a regular occurrence. We are also brought to write letters of condolence to our veterans’ families. The Army mourns more often than it may appear.
- Being brothers in arms means being responsible
In these trying times, the word responsibility takes on its full meaning, for leaders and brothers in arms alike: “Each is responsible for all. Each is by himself responsible. Each by himself is responsible for all9.” This is the lesson of war, “the pure and simple acceptance of death10”, that Antoine de Saint-Exupéry shares in Flight to Arras: “A chief is a man who assumes responsibility. He says “I was beaten”, he does not say “My men were beaten.” Thus speaks a real man. Hochede would say, “I was responsible.” I know the meaning of humility. It is not self-disparagement. It is the motive power of action. If, intending to absolve myself, I plead fate as the excuse for my misfortunes, I subject myself to fate. If I plead treason as their excuse, I subject myself to treason. But if I accept responsibility, I affirm my strength as a man. I am able to influence that of which I form part. I declare myself a constituent part of the community of mankind. Thus there is a creature within me against whom I struggle in order that I may rise superior to myself11.”
In short, responsibility towards one’s comrade and their family constitutes the foundation of all “brotherhoods in arms”; in joy and in sorrow, in triumphant unity and in the heart-wrenching void left by a comrade’s untimely demise. During a military funeral, when comes the time to give the deceased their final salute, their brothers in arms decorously pledge to support and watch over their loved ones. As soldiers, we know that parents, brothers, sisters and companions are inconsolable. In an attempt to soothe their pain, we offer compassion. Through the experience of bereavement, brotherhoods in arms are set in stone. This bond is the most precious form of connection for a soldier, as it unites the young recruit to the general officer, and even encompasses their respective families. In The life of Henry the fifth, Shakespeare formulates this idea most elegantly. On the day of the battle of Agincourt, the King of England utters these words: “And Crispin Crispian shall ne’er go by, From this day to the ending of the world, But we in it shall be remembered; We few, we happy few, we band of brothers. For he to-day that sheds his blood with me Shall be my brother; be he ne’er so vile, This day shall gentle his condition12.” And so, this monologue gave us the now-historic phrase: “We Few, we happy few, we band of brothers.”
- “One’s death is only half a death” in a military lineage
After the time of combat and the time of mourning, comes the time of remembrance. Commemoration helps us prevent those who have reached the ultimate confines of their duty from falling into the oblivion of time; commemoration is the perpetuation of brotherhoods in arms. Life resumes its course and ceremonies help the regiment to commemorate, year after year. This recalls the vision of peasantry expressed in Wind, Sand and Stars: “It is only when we become conscious of our part in life, however modest, that we shall be happy. Only then will we be able to live in peace and die in peace, for only this lends meaning to life and to death. Death is sweet when it comes in its time and in its place, when it is part of the order of things, when the old peasant of Provence, at the end of his reign, remits into the hands of his sons his parcel of goats and olive-trees in order that they in their turn transmit them to their sons. When one is part of a peasant lineage, one’s death is only half a death. Each life in turn bursts like a pod and sends forth its seed13.”
“One’s death is only half a death” in a military lineage. Each career leaves a legacy for those who remain and those who will come. Ceremonies constitute appropriate moments for passing on this legacy: evoking the order of the day, observing a minute’s silence and ringing the bell for the dead. According to André Thiéblemont in Cultures et Logiques militaires (Military cultures and logics), they mark “a break in units’ ordinary temporality14.” For the duration of the ceremony, the parade ground becomes a sacred place in which warlike order, or rather warlike disorder – characterized by deafening detonations, by fear, by smoke bombs, by the dispersal of soldiers in the field, by a commotion that renders orders difficult to comprehend and by the uncertain duration of the battle – meets regimented order – defined by a clearly visible hierarchy, by organized ranks, by precise commands, by perfect timing… and by solemn silence.
Following the ceremony, moral fortitude and brotherly bonds are maintained; for this “most basic tool” – as Charles Ardant du Picq points out – has its own way of structuring the regiment and the time it has at its disposal: “It is self-evident that there is no army worthy of the name without discipline. There is no army without organization, and organization is defective when it neglects the most basic tools that allow for solidarity between soldiers to be made stronger and more real. [...] Discipline cannot be commanded or created overnight: it is the fruit of institution, of tradition. [...] The greater the improvement of weapons, the more terrifying modern combat becomes, and the more difficult it is to preserve discipline15.”
Inflexions has held a number of workshops on relationships and combat. In 2022, the second session devoted to the theme “Combat and Ceremony” covered the topic of “Recognitions”. The use of the plural is entirely justified here, as this term boasts three meanings: the action of admitting, recognizing a quality or an error; the act of identifying, recognizing a familiar face or an enemy position in the military sense; and the action of giving recognition in the sense of expressing gratitude.
Throughout the following lines, the reader will be taken to three places, to three locations within the “temple”. This will allow the layman to grasp the meaning of a ceremony in three steps, to “recognize” the portion of sacredness that may have escaped them. Indeed, someone who is “profane” is “outside the temple”; this word is an analogy of the Latin fanum, i.e. “the place of ritual”, the place where worship takes place. The temple creates a division in space, and what is inside is sacred. The further one goes into the temple, the more sacred the space becomes. This is reminiscent of the concentric structure of the Temple of Jerusalem, which includes the Court of the Gentiles, the Sanctuary and the Holy of Holies. Three places, three times.
- The Court of the Gentiles: the Marchfeld
At Coëtquidan Military Academy, the Marchfeld is a huge parade ground, perhaps one of the French Army’s largest. The setting, at the edge of the woods, is truly unique. The flagpole hangs above a majestic equestrian statue of Kléber. This is where the Triumph is held: it is the highlight of the year, despite the event having evolved since its origins16. It is a rite of passage: students “kneel as men, rise as officers”, and thus a new class is baptized, surrounded by elders, beneath the gaze of family and civil and military authorities. At this precise moment, each student makes an individual commitment to serve as an officer; they prove their desire to serve France to the “world”. This is a form of recognition, in the sense of admitting and acknowledging a quality. The cadet accepts their status as an officer and, at the same time, is recognized as such, even though their worth remains to be proven. The soldier prepares to become a leader and to fight. The pagan aspires to become a practicing devotee.
Moreover, as they graduate with their class, students make a collective commitment to carry on a legacy, mainly that of their predecessors. The graduation songs that resound on the Marchfeld almost systematically state this oath. Tom Morel is no exception: “Proud Lieutenant Tom Morel, Officer whose name reminds us, Why we chose, To serve our fatherland, For the love of our country, We wish to revive the spirit, To which you remained faithful, It will serve as a model, Proud Lieutenant Tom Morel, Our red and white shakos, Never shall stoop, They mark our willingness, To serve as an officer, Even if our life we must give.”
- The Sanctuary: the Foch district
The parade ground of the 3rd Marine Infantry Regiment is more modest than its neighbor. According to some, the former is home to one of the finest regiments of France’s marine infantry. Here we are in Vannes, in the Foch district. The general in command of the 9th BIMA (Marine Infantry Brigade) is inspecting the guard of honor. The ceremony is very sober, straightforward, with few commands and no movement. Its importance lies within the direct exchange of words between a leader and their subordinate. In the ranks stands a member of the marine infantry. He is in his twenties and recently returned from Kapisa, where he was deployed as a Milan operator for six months alongside his company. He introduces himself. It was a difficult tour, as the regiment lost five of its own in Afghanistan, with another nine seriously wounded. During his first overseas operation, this young corporal experienced the soldier’s apocalypse in its original, Revelation-inspired sense: a trial by fire. He came into close contact with death and brought it upon others. This face-to-face encounter between general and soldier gives rise to a form of recognition: the identification of a face, of a name. The young warrior is recognized by another warrior. His experience in combat is broached during a brief discussion. Thus, the devotee has become an initiate, a warrior following in the footsteps of his elders from Bazeilles, Champagne, Daguet, Vrbanja and his comrades who fell in Afghanistan. He will pass on his experience to new recruits.
- The Holy of Holies: Cour d’Honneur of Les Invalides
The Cour d’Honneur (Court of Honor) of Les Invalides in Paris is a tribute to the wounded and the elderly. It is an emblematic location for all soldiers, as it is also the place where the most deserving members of the army are decorated and where national tributes are paid. On September 24, 2021, Sergeant Blasco of France’s 7th Chasseurs Alpins (Alpine Hunters) Battalion was shot and killed by a jihadist during a mission in the Sahel region. Maxime Blasco had previously distinguished himself in Mali on June 14, 2019: his Gazelle helicopter was shot down by a group of armed terrorists and plummeted to the ground in enemy territory. After being ejected from the cockpit, in a burst of courage and ignoring the pain caused by his injuries, he managed an impossible feat: he saved the lives of the aircraft’s two crewmembers in truly extraordinary circumstances, by securing them to the outside of the Tigre aircraft that had come to save them, near its landing gear. During his nine years of service, he was awarded six commendations and the Military Medal. Upon his death, he was immediately made an Officer of the Legion of Honor. On September 29, a solemn national tribute was paid to him. In attendance were the President of the Republic and the soldier’s “personal and military” families. His brothers in arms from the Chasseurs Alpins Battalion, dressed in combat gear, carried his photograph, decorations and flag-adorned coffin. The Nation recognizes the Sergeant’s sacrifice: that day, the President of the Republic did not speak. There are silences that speak volumes; amid the grief of his loved ones and the sheer emotion that the event inspired, no words were needed to “decipher” the meaning of this ceremony. Thus, the warrior became a hero.
Times of combat, mourning and remembrance... But what about tomorrow? I am often asked the question: “General, will the younger generation, and those to come, live up to their elders’ legacy?” I have noted that, during the exchanges that take place between veterans and the younger generation at the end of ceremonies, the up-and-comers realize – even if just for an instant – that they too share the same desire to serve France. On October 12, 2021, Hubert Germain, the last Companion of the Liberation, passed away. In his book Espérer pour la France (Hoping for France) – which won the Erwan Bergot Army Literary Award in 2020 – he wrote: “Yes, the Companions have had a good run tending the fire, and when the last of us has died, the flame will be extinguished. Yet, there will still be embers. And we need burning embers in France today17!” I can also attest to the fact that the young soldiers I meet on my travels are driven by the same fire as their elders. In the Sahel, every time a soldier goes on patrol in their armored vehicle, they are taking a risk – the risk of being targeted by a mine or an ambush. In Europe’s eastern territories, soldiers train, readying themselves for all eventualities. Our country and the French Army are proud to be able to count on young people that are eager to serve. To conclude, we return to the words of Saint-Exupéry: “Thus, like sentries, some were keeping watch, confronting the night as men who watch a darkling sea. These men, I thought, are sponsoring life, confronted by the ocean of the unknown. Like outposts in a forward line. Thus it falls to a few of us to watch over the sleep of men, to whom the fateful stars owe their answer, [...] While the sedentaries sleep, we, a chosen few, guardians of the city, feel the night wind billowing down like a cold mantle let down from the stars, and lashing our cheeks18.” Yes, today still, there are sentinels who are prepared to carry the city’s burden, ready to endure military times.
1France’s Code of Defense, Part 4, “Le personnel militaire” [Military personnel], Book I “Statut général des militaires” [General Military Status], Article 4111.
2Or, in the present context, military time.
3J.R. Bachelet, “L’action militaire : sens et contresens” [Military action: meaning and contradiction], Inflexions No. 1, 2005, p. 47.
4Ph. Ariès, Western Attitudes Toward Death from the Middle Ages to the Present, Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1974, p. 106.
5Taken from the subhead of Michel Goya’s book: Michel Goya, Sous le feu [Under fire], Paris, Tallandier, 2014.
6H. Pierre, “The Hornet’s flight”, Inflexions No. 35, 2017, pp. 71-72.
7S. Audoin-Rouzeau, Cinq Deuils de guerre. 1914-1918 [Five Forms of War Grief: 1914-1918], Paris, Tallandier, 2013, pp. 10-11.
8N. Mingasson, 1929 Jours [1929 Days], Paris, Les Belles Lettres, 2016, p. 307.
9A. de Saint-Exupéry, Flight to Arras, United States: Houghton Mifflin Harcourt, 1969, p. 134.
10Ibid., p. 89.
11Ibid., pp. 134-135.
12W. Shakespeare, The life of Henry the fifth, The Yale Shakespeare, ed. by R.D. French, New Haven: Yale University Press, 1918, pp. 83-84.
13A. de Saint-Exupéry, Wind, Sand and Stars, United States: HarperCollins, 2010, p. 158.
14A. Thiéblemont (dir.), Cultures et Logiques militaires [Military cultures and logics], Paris, puf, 1999, p. 188.
15C. Ardant du Picq, Études sur le combat [Battle Studies], Paris, Economica, 2004, p. 88.
16See A. Thiéblemont, op. cit, p. 204: “Before the Triumph, a theatrical evening known as the “turne des voraces” (literally, the “quarters of the voracious”) – the term “voraces” being the nickname of the Academy’s supervising officers – once took place. It was organized by the students and was strictly reserved for officers and their families. It constituted a condensed version of the main expressions of this age-old, carnival-like ritual. [...] The second wave of transformation consisted in an increasing conceptualization of this festive ritual. Ritual sequences, which were formerly held together, were reined in and organized separately: the sacred order, which is part of the spectacle, was separated from the profane order, giving rise to a form of religious architecture – both literal and figurative. The profane order, i.e. the order of derision and playfulness, which once formed the basis of the entire ritual, was either replaced by demonstrations of skill, or restrained (to evening balls).”
17H. Germain, Espérer pour la France [Hoping for France], Paris, Les belles lettres, 2020, pp. 69-70.
18A. de Saint-Exupéry, The Wisdom of The Sands, New York: Harcourt, Brace, 1950, pp. 100-101.
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