N°53 | Humour

Michel Bernard
Hiver 1812
Retraite de Russie
Paris, Perrin, 2022
Michel Bernard, Hiver 1812, Perrin

Haletant ! La lecture de cet ouvrage est glaçante et ne peut se poursuivre qu’au chaud, emmitouflée dans une peau de mouton. Le froid glacial n’épargne pas le lecteur qui ne se lasse pourtant pas de découvrir les mille et un événements de cette retraite, sans doute la plus célèbre de l’histoire de France et peut-être du monde. Notre vie contemporaine en a gardé les traces. Chacun de ses maréchaux, généraux, colonels, morts ou ayant survécu, ont leur nom sur une rue, un bâtiment, une place. Le miracle fut que Napoléon lui-même ne fut pas prisonnier d’une armée russe qui n’a pas su profiter du désastre. Mais paradoxalement, jamais l’héroïsme de cette armée napoléonienne n’a été plus grand. Tant les petites victoires au sein d’épisodes plus dramatiques les uns que les autres ont été arrachées avec une énergie, une intelligence aiguë. La responsabilité de l’Empereur est immense, accablante, mais il est vrai que sa retraite tragique est plus due à l’hiver terrible de 1812 qu’à la sagacité de l’armée de Koutouzov qu’il n’a en fait quasiment jamais affrontée. Michel Bernard, dont on connaît le talent, a cette capacité rare de faire vivre quasi quotidiennement les affres d’une armée hissant ses canons en haut de congères sous la mitraille de cosaques disparaissant après le coup de feu. Il faut lire ce livre que l’on ne peut abandonner et qui est peut-être la révélation de l’essence même du mythe glorieux autant que pathétique de l’épopée napoléonienne.


Les Survivants | Martin Schoups et Antoon Vrints
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