N°53 | Humour

David Fiasson
Crécy 1346
Paris, Perrin, 2022
David Fiasson, Crécy 1346, Perrin

Voici un ouvrage consacré à l’apparemment incompréhensible défaite de Crécy, première défaite française majeure de la guerre de Cent Ans. En trois grandes parties, « La route de Crécy », « Le triomphe d’Edouard III » et « Postérité de la bataille », le jeune médiéviste David Fiasson revient sur les nombreuses questions en suspens sur cette bataille. Pour cela, il utilise, et critique, les travaux anglo-saxons les plus récents, remet les événements dans leur contexte avec précision et brio, et illustre son propos par de nombreuses cartes. Il présente par exemple les alliés du roi d’Angleterre et ceux du roi de France (d’où le sous-titre), et rappelle le coût et les difficultés de financement des campagnes militaires. La première partie raconte par le menu le déroulement des faits à partir du débarquement inattendu du roi d’Angleterre en Normandie à l’été 1346 et les combats qui se succèdent vers la Somme puis vers la Seine. Les deux armées en présence pour ce qui va rester la bataille de Crécy sont scrupuleusement décrites, fière et puissante chevalerie française face aux habiles archers gallois commandés par le Prince Noir, l’héritier anglais. La deuxième partie commence par une belle description de la bataille elle-même, mais aussi par une analyse tactique et un bilan en demi-teinte : « Une bataille meurtrière pour les Français […] définie par ses morts. » Elle se poursuit par le récit de la fin de la campagne de 1346 et un très intéressant chapitre qui s’efforce de répondre à la question posée au fil des siècles par les historiens successifs : la bataille de Crécy est-elle le tombeau de la chevalerie ? La dernière partie revient sur les conséquences politiques de la défaite (« Une dynastie sur la sellette ? »), sur les enseignements militaires qui en furent rapidement tirés par le roi de France et ses conseillers, avec les changements qui suivirent et, enfin, par l’historiographie de la bataille, sur son évolution au fil des siècles et sa place dans les mémoires nationales française, anglaise… et luxembourgeoise. Tout en reconnaissant que le roi de France a été « lourdement battu », l’auteur souligne que son cousin d’Angleterre « n’a pas obtenu la victoire décisive qu’il espérait ». Il ajoute : « Il entre une grande part d’injustice dans le procès intenté aux chevaliers français, au moins depuis Michelet », remettant très justement en cause la réécriture de notre histoire nationale par les historiens du xixe siècle. Quelques utiles annexes et un excellent lexique terminent le livre, dont les amateurs apprécieront la bibliographie. Un volume qui devrait être rapidement considéré comme une référence, voire un « classique ».

PTE

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