N°53 | Humour

Martin Schoups et Antoon Vrints
Les Survivants
Les anciens combattants belges dans l’entre-deux-guerres
Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2022
Martin Schoups et Antoon Vrints, Les Survivants, Presses universitaires du Septentrion

Voici le premier ouvrage exclusivement consacré aux anciens combattants belges de la Grande Guerre dans les années 1920-1930, avec une masse d’informations qui fait apparaître d’importantes différences avec la plupart des autres pays belligérants. Le volume est organisé en chapitres thématiques (« Les survivants », « Libérateurs », « Justiciers », « Créanciers », « Défenseurs de la paix » et « Protecteurs de la patrie »). Les auteurs constatent initialement l’importance du mouvement – l’effectif cumulé dans les associations passe d’un peu plus de quarante mille anciens combattants en 1921 à deux cent quatre-vingt-onze mille à la veille de la Seconde Guerre mondiale – tout en soulignant que si 45 % de la population belge est francophone, c’est le cas de 37 % des soldats morts au combat contre 63 % de néerlandophones qui représentent 55 % de la population. Ils soulignent également le rôle discret mais essentiel des deux souverains belges de la période. Ce différentiel pèsera lourdement durant l’entre-deux-guerres. Bien qu’accueillis à leur retour en libérateurs, les soldats belges sont à partir de 1919, à l’instar de leurs homologues des autres nations européennes, demandeurs de reconnaissance (financière et politique), mais le phénomène n’atteint pas les extrêmes allemand (le « coup de poignard dans le dos ») et italien (la « victoire mutilée »). Ils observent aussi une hostilité à l’égard des officiers que l’on ne retrouve pas dans les autres pays européens. Dans un premier temps d’ailleurs, les revendications sont essentiellement sociales (la dotation de deux mille francs par année de guerre pour tous), puis apparaissent les rancœurs contre ceux qui ont collaboré avec l’occupant, notamment des activistes flamands, même si dans l’ensemble un voile pudique sera jeté sur ces actions. Comme en France, un fort courant hostile à tout risque de nouvelle guerre et opposé à toute politique militariste se développe au sein des associations, notamment du vos flamand, qui va jusqu’à interdire le port des décorations militaires lors des manifestations et à imposer le port de l’insigne de la fédération. Cela n’empêche pas l’existence de quelques groupuscules nationalistes plus radicaux, dont les effectifs restent marginaux, au moins jusqu’à la fin des années 1920. La « militarisation » est initialement plus nette chez les Flamingants que chez les Wallons, mais dans la seconde moitié des années 1930 les manifestations de rue, parfois violentes, accompagnent les crises politiques dans tout le pays, parallèlement à l’émergence du parti rexiste. Désormais, « la présence des anciens combattants sur la place publique belge est tellement forte qu’elle en prend pour ainsi dire un caractère rituel. […] [À leurs] yeux, descendre dans la rue semble parfois plus important que l’objectif final de l’action. » Un livre très riche, dont les très nombreuses informations précises combleront les amateurs.

PTE

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