N°51 | La confiance

Lucie Malbos
Harald à la dent bleue
Viking, roi, chrétien
Paris, Passés Composés, 2022
Lucie Malbos, Harald à la dent bleue, Passés Composés

Suivons Lucie Malbos dans les contrées septentrionales de l’Europe au tournant de l’An Mil à la recherche d’Harald, « conquérant du Danemark tout entier et de la Norvège », qui convertit les fiers Vikings au christianisme et intégra son pays au concert des puissances européennes de l’époque. L’auteure présente modestement son livre comme étant « loin d’être un ambitieux ouvrage de recherche, […] une modeste synthèse, accessible à un lectorat d’intéressés, de curieux, voire de rêveurs, malgré tout prêts à suivre une démarche rigoureuse ». On ne peut que souhaiter voir publier, sur tous les sujets, de très nombreuses aussi modestes synthèses, tant le résultat est excellent. Sur la base des anciennes sagas, des récits ultérieurs plus ou moins enjolivés, de l’analyse des pierres runiques, des apports de l’archéologie, elle s’efforce de reconstituer la vie et le règne de ce souverain si mal connu en France. Elle présente bien sûr le Danemark avant Harald, sous le règne de son père Gorm, et consacre de longs développements au « long et sinueux cheminement des Danois vers le christianisme » et au baptême d’Harald, « un événement à l’échelle européenne », ainsi que l’intégration progressive d’anciennes pratiques païennes dans cette nouvelle croyance. Elle accorde une importance particulière au site de Jelling, « capitale » qui affiche dans le paysage le nouveau pouvoir royal, et présente les importants travaux de fortification entrepris pour contrôler le pays et assurer la sécurité de sa frontière méridionale. Dans une deuxième partie, elle recherche quelle pouvait être la place d’Harald dans l’Europe de l’époque, au nord de l’Empire romain germanique, et précise ce que furent les campagnes menées pour s’imposer sur les actuels territoires norvégien, suédois comme en Baltique. Il en résulte, dans les domaines économiques, financiers, mais aussi culturels et cultuels, une intégration progressive au monde occidental chrétien et l’émergence d’une culture scandinave originale. La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à la fin du règne, marquée par une profonde opposition entre Harald et son fils Sven, qui, avec l’aide des grands du royaume, contraint finalement son père à l’exil. « Mort en un lieu indéterminé, à une date incertaine, Harald est ensuite inhumé en un lieu tout aussi indéfini » ; triste fin pour le souverain dont, rapidement, les principales réalisations sont abandonnées. L’ultime chapitre est consacré à la mémoire d’Harald et à sa postérité, des récits médiévaux à sa redécouverte par les auteurs romantiques au xixe siècle, et à sa place dans l’histoire officielle du Danemark d’aujourd’hui. Une belle histoire, agréable à lire, où l’on en apprend beaucoup sur ces territoires, tordant le cou au passage aux images d’Épinal héritées du xixe siècle.

PTE

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