Un témoignage d’un général pris dans les arcanes du pouvoir est toujours intéressant, surtout lorsqu’il évoque l’intensité des relations personnelles avec les deux présidents dont il a été successivement le chef d’état-major particulier : François Mitterrand et Jacques Chirac. Les portraits de ceux-ci, en particulier celui de Jacques Chirac, avec lequel il a noué une affection réciproque, révèlent ce tressage de familiarité et de décisions historiques. L’histoire semble se faire par la relation personnelle entre deux personnes qui tiennent ou ne tiennent pas compte des avis de leur entourage. Le général Bentégeat a su faire respecter son statut tout en ne s’offusquant pas de certaines situations parfois embarrassantes. Le lecteur s’étonne parfois de ces questions d’étiquette, de préséance dignes du Grand Siècle qui s’infiltrent dans des décisions toujours lourdes de conséquences. La réflexion concernant le Rwanda surprend ainsi un peu par son détachement. Un détachement qui tranche avec les moments d’émotion que le lecteur ressent à la lecture de cet ouvrage écrit par un grand serviteur de l’État, qui enrichit l’histoire de la Ve République.