N°30 | Territoire

François Cochet
Expériences combattantes
xixe-xxie siècle. IV. L’Expérience traumatique
Paris, Riveneuve, 2015
François Cochet, Expériences combattantes, Riveneuve

Après Former des soldats au feu, Obéir et Commander au feu et Les Environnements du combattant, voici le dernier volume de la série Expériences combattantes, actes de colloques tenus à Metz. Seize contributeurs dans cet ultime opus, consacré aux blessures physiques et psychologiques, dont les textes sont rassemblés en deux grandes parties : « L’expérience traumatique » et « Soins, prises en compte et gestions des traumatismes ». Des exemples nombreux et des cas concrets variés de traumatismes « empruntés à différents conflits du xixe au xxie siècle » sont ici analysés par les historiens, « mais sont constamment mis en perspective d’analyses juridiques, médicales, sociologiques et ethnologiques ». Le volume s’ouvre sur un texte de Rémy Porte, « La difficile évaluation des pertes », et se poursuit par une évocation « Des multitraumatisés : les prisonniers de guerre » (François Cochet), puis Julie d’Andurain s’intéresse au « Soldat colonial : gibier d’hôpital ? ». Au fil des contributions, Christophe Bechet revient sur « Les traumatisés de Sedan (1870) et la Belgique », Jean-Noël Grandhomme sur « Quelques cas relevant de la psychiatrie parmi les officiers généraux de la Grande Guerre », Francis Balace nous parle avec brio et humour de « La “parachutite” de mai 1940 en Belgique : hallucination collective ou dérive de précautions ? » et Hervé Tremblay des « Mutilations volontaires dans l’armée canadienne en Europe, 1940-1945 ». Parmi les contributions originales, relevons également celle d’Anastasios Zografos sur « Les volontaires grecs de la guerre gréco-turque en Asie mineure : des prisonniers de guerre de Mustapha Kemal », celle de Philippe Frin sur « La construction juridique du statut du blessé à partir de 1863 » ainsi que celles de Yann Andruétan, « Les opérations extérieures vues par un psychiatre » et la très intéressante « Raconter la guerre à l’âge de YouTube, les nouveaux récits des combattants ». « Reliant à la fois le temps long aux événements récents (de 1870 à la dernière guerre d’Afghanistan), les espaces (le front et l’arrière) et la nature des blessures (de l’âme et du corps) », comme le souligne Julie d’Andurain dans sa conclusion, ce dernier volume clôture en beauté quatre années de travaux particulièrement riches. À lire et à conserver.

PTE

Bénédicte Vergez-Cha... | Pétain