N°27 | L'honneur

Ariane Charton
Alain-Fournier
Paris, Gallimard, 2014
Ariane Charton, Alain-Fournier, Gallimard

Après un récent Petit éloge de l’héroïsme remarqué, Ariane Charton nous propose une biographie attachante de l’auteur du Grand Meaulnes. Dans une dense succession d’une vingtaine de brefs chapitres, elle retrace l’enfance en Sologne, une jeunesse heureuse bien que parfois torturée, l’adolescence, les amitiés fidèles, les amours impossibles ou déçues, la longue scolarité. Les premiers écrits publiés dès 1907. Le séjour à Paris, dans l’espoir d’intégrer l’École normale supérieure d’Ulm, qui lui ouvre de nombreuses portes d’artistes avant l’incorporation au 23e dragons de Vincennes puis dans l’infanterie à Latour-Maubourg pour le service militaire, une période qui ne leur laisse pas que des bons souvenirs... Alain-Fournier n’en réussit pas moins le peloton d’élèves officiers de réserve, tout en continuant à écrire, et devient sous-lieutenant au 88e ri de Mirande. Son séjour de six mois dans le Gers est, comme sa perception de l’armée, tout d’ambiguïtés entre attrait et répulsion. À partir de l’automne 1909, dégagé des obligations militaires, il se lance dans l’écriture et le journalisme dans le domaine des arts et de la littérature, mais il reste torturé, atteint de mélancolie et de mal de vivre. Il croise alors, et souvent entretient ensuite avec eux une correspondance plus ou moins régulière, la plupart des grands auteurs du début du xxe siècle, tout en travaillant à la rédaction du Grand Meaulnes dont la parution fait de lui un auteur désormais reconnu. Mais, dans le même temps, sa vie sentimentale reste compliquée et insatisfaite... À l’été 1914, c’est la guerre (« Belle et grande et juste guerre. Je ne sais pourquoi je sens profondément que nous serons vainqueurs »). Au milieu du mois d’août, la mobilisation terminée, le 288ème ri, issu du 88ème ri, quitte le Gers pour Troyes. La suite est mieux connue et le 22 septembre la mort le fauche dans le bois de Saint-Rémy-la-Calonne, patrouillant en tête de ses hommes, comme tous les officiers subalternes. L’auteur n’insiste d’ailleurs pas sur l’attaque d’un poste de secours allemand, action peu glorieuse. Un livre solide, qui s’appuie sur de très nombreuses citations extraites des œuvres d’Alain-Fournier ou de ses proches aussi bien que des correspondances privées échangées avec les siens. Le portrait rédigé avec finesse d’un jeune et talentueux auteur « mal dans sa peau ».

PTE

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