N°23 | En revenir ?

Manon Pignot
Allons enfants de la patrie
Génération Grande Guerre
Paris, Le Seuil, 2012
Manon Pignot, Allons enfants de la patrie, Le Seuil

Toute guerre singularise une génération par sa participation au conflit. Pour le vérifier une fois encore, Manon Pignot ne reprend pas l’attestation des combattants eux-mêmes, si indispensable pour lester tout travail de mémoire et nourrir tout travail d’histoire. Non, son Allons enfants de la patrie. Génération Grande Guerre tente de retrouver et de caractériser le regard et la parole des enfants sur la Grande Guerre des pères, des oncles ou des grands cousins. Elle le fait à coups de dessins, de lettres, de mémoires et de témoignages oraux et, joli trésor d’archive, mille cent quarante cahiers d’écoliers de la butte Montmartre, tous enfants de Poulbot et de Clemenceau. Outre l’habituelle disparité des situations qui sépare petits citadins et jeunes ruraux, garçons et filles, de familles pauvres ou aisées, outre l’analyse des privations de tout ordre et de la féminisation et le vieillissement de l’environnement quotidien, outre le terrible tribut du sang versé (plus d’un million d’orphelins de père), son livre sait résister à la tentation de ne faire de ces gosses que des victimes. Autrement dit, celle qui consisterait à dire qu’il n’y aurait eu aucune revanche de la vie au fil du drame. Eh bien, si ! Ces gosses ont eu le courage d’apprendre à vivre cette guerre en saute-ruisseau, ils l’ont prise aussi comme une occasion d’école buissonnière et un moment inespéré de liberté.

Écrivains dans la Grande Guerr... | France Marie Frémeaux
Odette Hardy-Hémery | Fusillé vivant