N°23 | En revenir ?

Odette Hardy-Hémery
Fusillé vivant
Paris, Gallimard, 2012
Odette Hardy-Hémery, Fusillé vivant, Gallimard

Surprise d’archive que ce terrible dossier militaire et ces deux-cent-cinquante lettres de François Waterlot, un Ch’ti ouvrier d’entretien aux mines entre Courrières et Hénin-Liétard, fusillé pour l’exemple le 7 septembre 1914, à l’heure même du sursaut sur la Marne qui mettait fin à toutes les débandades et à tous les affolements chez les pantalons rouges en retraite depuis plusieurs semaines. Épargné miraculeusement par la première salve puis par le coup de grâce, puis gracié et réintégré dans son régiment, puis mort au front le 10 juin 1915, puis réhabilité à titre posthume en 1926 : cette aventure avait fait de Waterlot un infatigable épistolier. Ses lettres sont tombées sous les yeux d’Odette Hardy-Hémery, grande spécialiste de l’histoire contemporaine de nos régions du Nord : elle en a fait ce Fusillé vivant. On peut discuter l’habillage contextuel qu’elle fait de cette singulière aventure, unique en son genre à notre connaissance. On peut ne pas suivre toutes les conclusions qu’elle en tire, tant cette question des fusillés pour l’exemple est aujourd’hui débattue entre les historiens, car elle leur pose de redoutables questions sur la solidarité entre les combattants et sur l’impunité du commandement ; et elle reste nationalement très disputée depuis le discours de Lionel Jospin en 1998 à Craonne. Mais quel livre ! Je n’en dis pas plus : lisez ce drame, heure par heure ! Dire qu’il est prenant est un mot faible.


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