N°18 | Partir

Annette Becker
Les Cicatrices rouges
14/18, France et Belgique occupées
Paris, Fayard, 2010
Annette Becker, Les Cicatrices rouges, Fayard

La mémoire collective de la Grande Guerre a éclipsé ou censuré la tragédie éprouvée par les civils des zones occupées par les Allemands. On se souvient en effet qu’après l’offensive-éclair de l’été 1914, dix départements français ont subi le joug d’une occupation allemande particulièrement dure : viols, exécutions, otages, déportations…

Les Français « libres » se méfiaient de ceux qui fuyaient les régions occupées en les nommant souvent « Boches du Nord ». Le célèbre Albert Schweitzer, alsacien-lorrain, a été arrêté en 1917 et incarcéré jusqu’en 1918.

Le mot génocide (barbarisme linguistique associant grec et latin) n’existait pas encore. Raphaël Lemkin, qui inventera le mot en 1943, parlait de « crime de barbarie et de vandalisme ». Cette occupation allemande constitue, d’après l’auteur, le laboratoire de ce qui deviendra la barbarie du xxe siècle. Cet ouvrage rédigé à partir de témoignages oubliés ou inédits a le mérite de mettre en lumière une histoire volontiers passée sous silence. Mais ces « cicatrices rouges » que sont les terres bouleversées par la Grande Guerre finissent par lasser le lecteur par la surabondance des situations particulières.

Une histoire faite de témoignages ainsi mise en puzzle ne permet pas toujours de saisir l’essentiel, c’est-à-dire les raisons de la disparition de la mémoire des souffrances des civils.


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