N°53 | Humour

Fabien Théofilakis
Les prisonniers de guerre français en 40
Paris, Fayard, 2022
Fabien Théofilakis, Les prisonniers de guerre français en 40, Fayard <

Ces points positifs font d’autant plus regretter certains aspects du livre, à commencer par l’absence d’introduction. Ce n’est qu’au fil de la lecture que l’on comprend l’idée du projet – « constituer une première approche » (p. 208) – et les pistes évoquées plus haut sont disséminées au fil des chapitres, alors qu’une introduction annonçant ces différents axes, même à l’état de suppositions, de projets de recherche, aurait permis une meilleure mise en valeur de l’ouvrage qui apparaît longtemps comme une présentation seulement descriptive des Fronstalags. De même, pas de conclusion ! En réalité, elle existe et elle ouvre de très riches perspectives, envisageant la captivité de 1940 comme une interface entre la drôle de guerre et la défaite et la période qui va suivre : naissance du régime de Vichy, Occupation et collaboration. Malheureusement, elle se confond avec la fin du chapitre xii, intitulé « Captivité et mémoire », ce qui est d’autant plus dommageable que ce chapitre, qui ne concerne pas la captivité de 1940 en France mais la captivité en Allemagne de 1940 (pour les premiers Français transférés) à 1945, apparaît comme hors sujet par rapport au projet général. De même le chapitre viii rompt l’unité du livre en n’offrant pas de renouvellement historiographique et en couvrant une période (1940-1945) hors délai pour étudier la captivité des Fronstalags en 1940. Enfin quelques répétitions apparaissent entre chapitres (le chapitre iv, et les x et xi par exemple).

Au final, cet ouvrage s’adresse à une multitude de lecteurs : « À ceux qui ne soupçonnaient pas l’ampleur de cette captivité, […] aux descendants de prisonniers, […] aux historiens locaux […] comme aux historiens professionnels » (p. 302). Avec pour objectif « que, tous ensemble, nous menions l'enquête en lien avec les institutions culturelles (archives, musées, mémoriaux) sur cette captivité au temps présent » (p. 302). Mais en ne mettant pas suffisamment en valeur les axes de recherche et les nouveautés historiographiques, il affaiblit son propos.

Alexandre Jubelin | Par le fer et par le feu